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Critiques de Philip K. Dick (1673)
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Docteur futur

Au début du 21 ème siècle le Docteur Jim Parsons est emporté vers le futur (25ème siècle). Il y découvre une société bâtie sur la mort, hyper contrôlée. À peine le temps d'en faire le tour, que Jim est expédié sur Mars qui sert de colonie pénitentiaire. Il n'y arrivera jamais.



La « seconde » partie de l'histoire nous entraîne dans d'autres voyages dans le temps, des paradoxes temporels et ce que j'adore en SF : un jeu de piste où le passé, le présent et le futur s'entrecroisent et finissent par reconstituer la chronologie des événements.



C'était franchement pas mal du tout. Je m'attendais à une intrigue un peu tordue à la sauce PKD mais c'était somme toute assez classique. Je n'ai pas eu l'impression de lire du Dick. Mais il semblerait (merci @Millencolin pour l'info) que pour écrire ce roman, Dick se serait inspiré du style d'A.E. van Vogt (dont je n'ai encore rien lu).



Cette lecture me permet donc de mettre en pause (pour cette année) mon exploration de l'univers de l'auteur sur une note positive.







Challenge défis de l'imaginaire 2019

Challenge Jack Vance / Philip K. Dick [LC Team Futur]
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Dr. Bloodmoney

Après une guerre nucléaire , on suit quelques personnages dans une communauté près de San Francisco , où la vie s'est reconstruite . Certains ont développé des pouvoirs ou sont né avec ,et vont les mettre au service (ou non) de la communauté. C'est difficile de résumer parce qu'il ne se passe pas non plus énormément de choses ,que souvent le récit s'attarde plus sur des moments de vie que sur le nouvel univers sorti de la catastrophe. J'ai eu aussi un peu de mal au début à me situer au niveau chronologique ( on est avant/après la catastrophe ou il y a un deuxième lâché de bombes ? Je ne comprenais pas bien) . Mais j'ai beaucoup aimé ce monde post apocalyptique, les animaux qui se transforment ,les communautés qui se forment, les nouveaux moyens de transports et l'évolution humaine également avec des pouvoirs plutôt sympas. Mais l'intrigue n'est pas fascinante et les personnages pas toujours attachants. N'empêche que les pages se tournent toutes seules et qu'il y a beaucoup de choses intéressantes (qui mériterait d'être développées).



LC commune K Dick

Challenge auteur K.Dick et Vance.

Challenge Mauvais genre

Multi-défis 2019

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Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouto..

Ouf! Il nous emmène loin K.Dick, plus loin que les ténèbres mortifères de la Terre désolée dans laquelle il a jeté son anti-héros, assez loin en tout cas pour me permettre ce petit plaisir masochiste de lecteur de dépasser la zone d'inconfort dans laquelle m'emmène souvent son écriture singulière pour plonger dans l'eau lourde d'une lecture dérangeante, car elle donne le vertige.



C'est abyssal en effet ce qu'on voit dans les yeux d'un mouton électrique, quand on est un flic en charge de "retirer" (douce protection de novlangue pour ne pas dire tuer) les androïdes rentrés clandestinement de Mars, nécessairement inhumains, nécessairement dangereux. La prime en vaut la peine, mais si elle peut lui permettre d'acquérir le rare et cher animal vivant qu'il convoite, le prix à payer est lourd quand la mission se révèle être une confrontation avec ce que ce chasseur de prime a, ou pas, de réellement humain.

Comme souvent avec K.Dick, on bascule sans crier gare d'une perception de la réalité à une autre, au point que les frontières se brouillent entre l'humanité du chasseur et celle des androïdes, humanité que la seule empathie se révèle insuffisante à définir.

Le roman est lourd, noir et le propos désespérant, à l'image de ce personnage en déliquescence qui se retrouve comme un Sisyphe absurde à recevoir ses pierres dans un désert sans vie. Et sa portée, dans le contexte actuel ou la technologie brouille les sensations cognitives et envisage la digitalisation de l'homme-dieu, n'en a que plus de poids aujourd'hui.
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Ubik

Je me réveille d’un cauchemar. J’ai vu le passé ressurgir quand la porte de l’ascenseur s’est ouverte. Un ascenseur pour l’échafaud. Je savais que si je montais dedans, c’était fini de mes tripes, de mon corps, de mes sensations. Alors j’ai préféré souffrir, à genou, grimpant jusqu’à la dernière marche, celle qui me permettra d’atteindre une chambre au fond du couloir de cet hôtel de Des Moines. Que m’arrive-t-il ? J’ai beau lire les indices que Runciter, mon patron, a laissé dans les chiottes ou sur une contravention, je n’y comprends rien. Et Ubik... qu’est-ce que c’est que cette fichue pommade ? Je viens du 21ème siècle et aujourd’hui, je lis un journal de 1939. Pat ? Est-ce toi qui manigance tout ce merdier ? Je sais que tu es capable de modifier le passé. Si seulement je pouvais lui parler à Runciter. Mais il est dans une capsule, gelé comme un glaçon et rien n’y fait. Même en semi-vie il n’arrive pas à communiquer avec moi. Et mince... J’oubliais qu’il est mort dans cette explosion sur la Lune. Ou bien est-ce nous ? Mais pourtant, il m’adresse ces messages. Il doit bien y avoir un lien entre ce qui est arrivé sur la Lune, quand toute l’équipe, dont j’assurai la direction, pourchassait Melipone. Melipone... encore un qui nous échappe tout le temps. Bref, tout a explosé. Et mes certitudes aussi. J’écris encore quelques lignes sur le papier fourni par cette machine mais dans quelques secondes tout s’arrêtera.. 25 cents. Il me faut 25 cents pour maintenir la communication. M.er...credi ! Je n’ai plus un radis et la seule pièce qui me reste ne pourra intéresser qu’un numismate. A bien la regarder, sur le verso ..mais c’est la tête de Runciter qui est dessus ?! j’envoie ce message à l’avenir. Lisez Ubik, vous le trouverez partout.
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Aux pays de Milton Lumky

Il semble que, par pure feignasserie intellectuelle, "on" sous-estime encore gravement aujourd'hui, disons "ici et là", la valeur artistique intrinsèque de la douzaine de romans "généralistes" et "réalistes", autrement dit non "s-f", de Philip K. DICK (1928-1982), tous écrits dans les années cinquante jusqu'en 1960...



Un seul aura été publié de son vivant (tardivement : en 1975) : "Confessions of a Crap artist" / "Portrait de l'artiste en jeune fou" [... connement, putassièrement et — là encore — paresseusement re-titré en "Confessions d'un barjo" [!!!] par les franchouilles, mais passons...].



Tous les autres l'auront été à titre posthume.



- (1°) "The Earthshaker" (["Le monde ébranlé"]) : écrit de 1948 à 1950, manuscrit inédit...



- (2°) "Gather Yourselves Together" (["Entraidez-vous"]) / "Ô nation sans pudeur" : écrit en 1949-1950, publié pour la 1ère fois en 1994.



- (3°) "Mary and the Giant" (["Mary et le géant"]) / "Pacific Park" : écrit de 1953 à 1955, publié pour la 1ère fois en 1987.



- (4°) "A Time for George Stavros" (["Au tour de Georges Stavros"]) : écrit vers 1955, manuscrit perdu...



- (5°) "Pilgrim on the Hill" (["Le Pélerin sur la colline"]) : écrit en 1956, manuscrit perdu...



- (6°) "Nicholas and the Higs" (["Nicholas et les Higs"]) : écrit en 1957, remanié en 1958, manuscrit perdu...



- (7°) "Voices from the Street" / ("Les Voix de la rue"]) /"Les Voix de l'asphalte" : écrit vers 1952-53, publié pour la 1ère fois en 2007.



- (8°) "The Broken Bubble" / "La Bulle cassée" : écrit en 1956, publié pour la 1ère fois en 1988.



- (9°) "Puttering about a Small Land" (["Une petite vie tranquille dans un petit coin tranquille")] / "Mon royaume pour un mouchoir" / "Bricoler dans un mouchoir de poche" : écrit en 1957, publié pour la 1ère fois en 1985.



- (10°) "In Milton Lumky Territory" / "Aux Pays de Milton Lumky" / "Sur le territoire de Milton Lumky" : écrit en 1958, remanié l'année suivante, publié pour la 1ère fois en 1985.



- (11°) "Confessions of a Crap artist" / "Portrait de l'artiste en jeune fou" : écrit en 1959, publié pour la 1ère fois en 1975.



- (12°) "The man Whose Teeth Were All Exactly Alike" / "L'Homme dont les dents étaient toutes exactement semblables" : écrit en 1960, publié pour la 1ère fois en 1984.



- (13°) "Humpty Dumpty in Oakland" / "Humpty Dumpty à Oakland" : commencé vers 1953, terminé en 1960, publié pour la 1ère fois en 1987.



Tiens, prenons... "In Milton Lumky Territory" "Sur le territoire de Milton Lumky" / "Aux Pays de Milton Lumky" : écrit en 1958, peaufiné l'année suivante puis ayant rejoint la pile des manuscrits refusés chez son auteur...



Imaginons le désespoir de notre encore juvénile "Crap artist" [textuellement : "artiste de merde"], confronté à ces retours incessants d'épais manuscrits, déjà coincé entre "ses" nouvelles de s-f. "payant" si faiblement (75 dollars l'unité, du moins pour sa première, "Beyond Lies the Wub" / "L'Heure du wub" en 1952) qu'il produira bientôt frénétiquement et ses désormais familières boîtes de métamphétamine & autres joyeusetés "speed" (disponibles "sur ordonnance" dans tous les bons drugstores) pour bien tenir la cadence infernale mais nourricière... puisqu'il venait de quitter son paternaliste employeur Hollis, et qu'il fallait manger !



Comme dans ses fascinants romans de "s-f", Philip K. Dick ne triche jamais : il met tout son coeur à créer pour nous le "décor" puis y faire évoluer ses personnages, lentement, comme dans l'aquarium géant d'un bar perdu au milieu du désert : tel ce Bruce ("Skip" car ex-rouquin) Stevens qui a grandi dans le bled perdu de Montario dans l'Idaho [Signalons ici que seule la bourgade d' "Ontario" existe pour-de-vrai : "ville du comté de Malheur en Oregon [...] située en bordure de la rivière Snake, à la frontière de l'Idaho"] ; gamin, il venait zyeuter les "pulps" —"Tip Top Comics" et autres "King Comics" — avec ses copains de l'école, squattant le drugstore du vieux Hagopian sans évidemment jamais rien acheter, avant de se faire virer... Il pense d'ailleurs que "le vieux lui en veut" toujours quand il repasse dans sa bourgade natale au volant de sa Mercury qu'on imagine rutilante (sans doute semblable à la "Christine" [1983], cette Plymouth Fury du film de John CARPENTER, adapté du roman de Stephen KING) après avoir décroché un job de prospecteur pour chaines de magasins discount à Reno, toujours navigant entre Boise et Reno où il crèche enfin indépendamment de ses darons, en se baladant avec en poche une boîte de préservatifs de marque "Troyens", achetée au drugstore Hagopian (dûment enveloppée dans un exemplaire du magazine "Time")...



Luxe de détails, comme dans la prose de Marcel PROUST dans "A la recherche du temps perdu" [1906-1922] : chaque "pixel" de réalité s'avère touchant et juste.



Nommons là notre ressenti : "grand art du récit".



On y découvre encore le goût inattendu de Dick pour le bric-à-brac foisonnant et poétique des magasins de détails, pouvoir d'évocation digne des pages prolixes de "La Peau de Chagrin" [1831] d'Honoré de BALZAC, des odeurs régnant dans "Les Boutiques de Cannelle" et dans "La rue des Crocodiles" [1933] du regretté Bruno SCHULZ ou encore du fameux Bazar de Vouziers de ce merveilleux André DHÔTEL dans "Un Jour viendra" [1970].



Le sens du paysage et la musique des noms de lieux qui fascinaient dans l' "On the Road" [1957] de l'ami Jack KEROUAC... ou dans chacun des plans élargis ou des frémissements de la guitare de Ry Cooder dans le "Paris, Texas" [1984] de Wim WENDERS... Soit toute l'Amérique bouseuse du "Chuck's Cafe" du désert californien de "Duel" [1971] de Steven SPIELBERG et Richard MATHESON...



C'est qu'on s'attache immédiatement à chaque point focal du récit, interagissant immédiatement avec tous les autres. On s'intéresse donc simultanément aux lieux, aux gens, au vent, aux carrosseries de voitures, aux intérieurs, aux ambiances, à l'odeur de la peau de sa bien-aimée au petit matin, aux insectes qui constellent le pare-brise, aux animaux écrasés sur la route...



Comme cette "Peg" qui accueille ce revenant de Bruce "Skip" chez elle : décrite avec un luxe de détails vestimentaires, habillée comme les filles du génial "Walk the Line" [2005] de James MANGOLD, du temps de la splendeur sixties de Johnny Cash et Jerry Lee Lewis, ou la petite femme de Tony Lipp dans le fascinant "Green Book. Sur les routes du Sud" [2018] de Peter FARRELLY...



Puis la belle Susan Faine, son invitée d'un soir : cet oiseau de passage, mystérieuse trentenaire "qui arrive du Mexique où elle vient de divorcer", déjà deux mariages derrière elle... Elle se révèle l'ancienne institutrice de [l'équivalent de notre] CM2 de Bruce "Skip", immédiatement attiré par elle...



Enfin, l'homme énigmatique qu'est ce Milton Lumky, homme "d'âge mûr" (38 ans), voyageur de commerce, sorte de raté et frustré magnifique se révélant lui aussi amoureux de Susan... "Milt" parcourt donc SON territoire ("In Milton Lumky Territory") pour écouler ses ramettes de papier dans sa Mercedes désuète mais impeccable aux sièges cuir...



Et l'on repense à cet excellent film de NARUSE Mikio : "Une femme dans la tourmente" (乱れる, "Midareru"), film prophétique de 1964 (interprété par Takamine Hideko et Kazama Yûzô) annonçant l'arrivée tonitruante des supermarchés dans un quartier populaire de grande Cité (Tokyo ?) : invasion capitalistique massive qui finira par tuer tout un petit commerce se révélant très vite désemparé, "dépassé" avec son univers passéiste resté "à ras d'humains", s'accrochant à ses vieux jeux de rôles devenus soudain dérisoires...



Histoire d'un échec flamboyant, patiemment et âprement construit... Tout à fait l'esprit grandiose du chef d'oeuvre de John HUSTON [1948] "The Treasure of the Sierra Madre"... mais ne puis vous en dire beaucoup plus !



Comme ce couple aurait dû se méfier de batifoler "sur les terres de Milt" : ce si vaste territoire que ce jeune-vieux frustré de Milton Lumky, supposé "brave" VRP de la paperasserie, parcourt depuis toujours en sa vénérable "Oldsmobile/Mercedes" de cartoon... et voici Bruce et Susan piétinant allègrement et impunément ses plates bandes ! Ce Territoire-là n'inclurait-il pas cette femme de 34 ans vivant à Boise (Idaho) et qu'il convoite depuis toujours ?



Et je constate qu'on fait la fine bouche [comme lire ci-dessous : "Globalement, l'ambiance est un peu glauque, le rythme est assez lent et les personnages manquent cruellement de personnalité." (!!!) Tu parles, Charles...], qu'on ignore (par formatage de cervelles-toujours-pressées) ce type de productions intellectuelles et sensorielles restées sagement à la marge, toujours invisibles, "grands crus" d'entre Rocky Mountains et California ayant déjà pourtant leurs soixante années d'âge, en robe pourpre & goûtue...



Revenons, par exemple, à cette entière page que "Le Monde des Livres" consacre ces jours-ci au "Pas dormir", le nouveau "roman" d'une agrégée de Lettres nommée Marie Darrieussecq... Voilà un ouvrage centré sur le brillant sujet des troubles du sommeil d'une Auteure auxquels se mêle la découverte de la très consécutive (méchante et imprévue) perte de contrôle de sa (charmante) consommation d'alcool : passionnantes et complaisantes tribulations de son nombril, évidemment détaillées quasi-heure par heure (pour le voyeurisme du lecteur ?) jusqu'à la nausée... Et tout ce foin pour éviter d'aller ENFIN consulter un bon addictologue et nous f...tre ENFIN une paix des plus royales ! Avoir vidé de sa délicate substance l'étrange nouvelle "La Truie" (1970) de Thomas OWEN pour la recycler et la délayer en vulgaires "Truismes" n'aura donc pas suffi... :-)



Et allez, la pauvre Marie (contre le Géant Dick) en prend pour son grade et paye pour tous les autres !!! Bref, je fais un exemple, mais j'aurais pu vous en trouver 100.000 autres... L'oeil du cyclone de cette mauvaise humeur ? Nous râlons furieusement de nous apercevoir que depuis sa première traduction en 1992 (coll. 10/18) puis sa réédition en 2012 aux éditions J'ai Lu, "In Milton Lumky Territory" n'a eu droit (sous ses deux titres français successifs) qu'à TROIS critiques ici (Notre soi-disant Territoire des Super-Z-intellos) : exténuant constat et énervante anomalie à corriger d'urgence, selon nous !!!



APPEL à court-circuiter (un peu ou intégralement) la prose narcissique de tous ces blaireaux/blairottes (évidemment soutenue à bout de bras par des critiques & médias aux conflits d'intérêts voyants comme l'Everest par temps clair) pour aller explorer toutes les galeries du Terrier aux Merveilles de l'humble Philip K. DICK "qui y croyait", lui : même s'il n'est pas un chef d'oeuvre, ce roman-là est un monde heureusement VIVANT merveilleusement authentique, altruiste et enchanteur... Et comme on dit : "Ne boudons pas notre plaisir" (clicheton, mais bon !).



Bref, découvrons très vite ce passionnant et incroyable "Sur le territoire de Milton Lumky", encore tout frais de ses soixante-deux années de maturation et accessible à nous du haut de son prix dérisoire de... 6,20 € !



[NOTE ultime : le même roman était paru en France en 1992 sous le titre "Aux pays de Milton Lumky" : on peut aussi le chercher à ce titre... et y retrouver notamment la critique si documentée et, à vrai dire, fabuleuse de notre ami SZRAMOWO du 24 septembre 2015 sur cet ouvrage réellement indispensable à notre connaissance de l'Oeuvre "dickienne" ET cet excellent roman tout court...]
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La Trilogie divine, Tome 1 : SIVA

Entre paranoïa, schizophrénie et délire religieux (et sans doute délicieux sous opiacé). Il faut s'accrocher pour suivre ce récit du grand Philip K.Dick. La zone de confort est largement dépassée parce que ma compréhension se limitait à une page sur deux. Autant le dire tout de suite: je ne lirai pas la suite qui s'inscrit dans "la trilogie divine".

Et pourtant, il y a du bon et même du très bon parmi les vestiges de la raison. Elles permettent de mesurer l'imagination, l'érudition et surtout l'état d'esprit très torturé de l'auteur. Les formes de détresses que traversent le personnage principal Horselover Fat sont éloquentes.



Cela le pousse à écrire une exégèse sur la Bible qui m'a interpellé. Mais le produit de cette réflexion exige beaucoup du lecteur parce que la raison n'est pas l'outil adéquat à cette élévation mystico-religieuse.
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L'homme variable

Trois nouvelles dans ce recueil, la première, la plus longue et la plus fouillée, donne son titre à l'ouvrage.



1) L'homme variable.

Terra est en guerre contre les Centauriens. Par hasards ils découvrent une arme redoutable capable de pulvériser Alpha du Centaure mais ils ont ramené aussi un homme du passé, un homme du début du XXème siècle : l'homme variable, capable de réparer tout et n'importe quoi. Adepte de statistique, l'homme variable va modifier les données.



2) Deuxième variété.

La guerre entre Russe et Américain est totale, la planète est décimée. Les Russes proposent l'armistice, les Américains sont OK pour négocier mais les robots armés ont évolué traquant tous les humains.



3) Rapport minoritaire.

Anderton a créé et dirige Précrime, une société capable de détecter les crimes avant qu'ils ne soient commis, et emprisonne leurs auteurs avant l'irréparable. Anderton a vieilli, ce matin il accueille une jeune recrue capable à terme de le remplacer.



Trois thèmes complètement différents mais ces trois nouvelles sont toutes de bonnes factures. Elles vous prennent aux tripes et vous emportent vers un ailleurs un peu plus froid.

A noter qu'elles ont toutes été écrites au début de la carrière de l'auteur.

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Ubik







Ça y est, j’ai lu Ubik.

Mes ami.e.s babeliotes, qui ont fait sur ce site des analyses absolument remarquables m’avaient informé que c’était le meilleur roman de Philip K. Dick, mais je ne pensais pas que c’était à ce point là!

Parce que, là, vraiment, j’ai eu le sentiment d'être en présence d'un sommet, un Everest de la littérature de SF, et de la littérature tout court.



Et il a fallu que je laisse mes neurones tourner un certain temps, je dirais même un temps certain, pour essayer de faire un commentaire acceptable de ce roman absolument ébouriffant, bluffant, stupéfiant, hallucinant, les adjectifs qualificatifs me manquent.

Un roman fascinant aux multiples facettes, aux multiples interprétations et aux multiples mystères.



J’avais certes déjà perçu, dans mes précédentes lectures de l’auteur, à quel point Dick utilise le mode de la SF pour aborder des questions métaphysiques, questionner la notion de réel dans le Maître du Haut Château, questionner ce qui fait d’être un humain dans Blade Runner.

Mais ici, c’est vertigineux, j’ai trouvé tant de grilles de lecture, et sans doute beaucoup m’ont échappé.



Quelques mots tout d’abord du récit.



Il débute de la façon assez classique d’un roman d’anticipation. L’auteur, qui publie ce roman en 1966, place l’intrigue dans un monde futur, en 1992!!!. Bon, nous savons que ce n’est pas comme cela, ce futur qui est pour nous un passé (encore que, j’y reviendrai), mais cela n’a aucune importance.



Dans ce monde où l’on se déplace sans problème de la Terre à la Lune (dénommée Luna), des Agences dites prudentielles sont chargées de contrecarrer d’autres Sociétés (dont celle d’un certain Ron Hollis) qui cherchent à influencer le cours du monde, à s’introduire dans d’autres entreprises, grâce à des télépathes ou psis ou precogs.



L’une de ces Agences prudentielles, dirigée par Glen Runciter qui se fait assister de temps en temps par son épouse Ella (maintenue en « demi-vie » dans un état cryogénisé!), est sollicitée par un gros client pour venir sécuriser ses installations lunaires contre une intrusion psychique. Runciter rassemble ses meilleurs «inertiels », capables de contrecarrer les pouvoirs des psis, dont son chef d’équipe Joe Chip, un anti-héros, toujours fauché, et Pat Conley, récemment embauchée, dont les autres se méfient, et qui est capable de changer le passé.

Mais ce déplacement sur la Lune se révèle être un piège. Un attentat à la bombe atteint (semble atteindre?) mortellement Runciter, alors que, curieusement, l’équipe des inertiels s’en sort sans trop de dégâts. L'équipe le rapatrie en catastrophe sur Terre pour le placer en demi-vie, mais sans succès, Runciter est décédé.

A partir de là, le roman bascule d’une façon extraordinaire, et je ne voudrais pas la « divulgacher » pour vous laisser la laisser découvrir, et, j’espère, éprouver l’émerveillement qui m’a pris au fil de la progression de cette intrigante intrigue. Disons que parmi les ingrédients, on trouve, un retour progressif dans le passé avec un arrêt à l’année 1939, des apparitions de Runciter déclarant, entre autres «Je suis vivant et vous êtes morts », des interrogations sur la réalité, sur qui est vivant et qui est mort, et enfin, se révèle le spray magique Ubik!, aux super-pouvoirs, et dont l’incipit de chaque chapitre nous parlait déjà.

Dick nous balade vraiment, entre plusieurs mondes qui semblent parallèles, ou plutôt plusieurs branches indécises de ce que pourrait être la réalité, avec des interrogations, des soupçons qui se résolvent plus ou moins au fil des pages, jusqu’à une fin abrupte et énigmatique. Et cela écrit dans un récit virtuose, avec de nombreux rebondissements.



Mais en plus d’une intrigue bien menée, Ubik est habité par de nombreux thèmes sous-jacents, en fait difficiles à dénombrer.



Il y a, d’abord, de toute évidence, une critique acerbe et ironique du monde capitaliste, (qui est plus que jamais actuelle, je trouve). La Terre est aux mains de magnats tout puissants (Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerber, ça ne vous dit rien?) les dirigeants politiques sont absents ou inexistants (c’est ce qui nous attend, peut-être). Tout se monnaye, il faut même payer pour ouvrir une porte, (mais nos « héros », dont surtout Joe Chip, ont de nombreuses astuces pour contourner ce problème!).



Il y a, de plus, une réflexion extraordinaire sur la réalité, sur la vie et sur la mort.

Sur ce que sont réellement les êtres humains, d’abord. Ainsi, Pat Conley nous apparaîtra de différentes manières au cours du récit, de même Glen Runciter et Ella son épouse.

Et puis, sur la notion de l’existence de plusieurs niveaux de réalité:

D’abord, la réalité de tous les jours, avec ses composantes sociales et politiques.

Et puis une autre réalité: est elle virtuelle, hallucinée, ou un après la mort au sens religieux? On ne sait.

On pourrait ainsi être à la fois vivant et mort, une situation qui m’a fait penser à ce chat de Schroedinger, je ne sais si Dick connaissait cette expérience de pensée du physicien.



Dans Ubik, aussi, plusieurs univers parallèles coexistent.

Mais ici, aucun univers n’est idéal. Il n’y a pas de paradis, puisque dans le monde des morts, ou plutôt celui des semi-vivants, certains sont des êtres maléfiques, tel ce Jory aux allures d’adolescent (j’ai pensé immédiatement, allez savoir pourquoi, à Mark Zuckerberg) qui se maintient en forme en mangeant ses congénères.



Mais aussi, il y a cette notion de régression dans le temps qui m’a donné beaucoup d’interrogations.

En effet, au fur et à mesure que les protagonistes retournent dans le passé, les objets vieillissent anormalement, les forces physiques déclinent, au contraire d’un rajeunissement. Comme si la flèche du temps avait changé de sens.

Mais grâce au spray Ubik, on se maintient, on ne vieillit plus! Il y a là, avec cet humour déjanté qui est toujours présent (il faut lire par exemple la description des accoutrements loufoques des personnages!) cette critique de l’espoir de rajeunir avec un élixir de jouvence, une obsession fondamentalement américaine.



Et puis, il y a, je trouve, une dimension quasi religieuse dans Ubik. Glen Runciter, après sa «mort », se comporte comme un dieu qui vient au secours des humains; il y a un combat entre le bien incarné par Ella Runciter et le mal incarné par Jory Miller.



Et enfin, ou presque, parce que ce livre me semble inépuisable, j’ai aussi ressenti, peut-être me trompe-je, que ce roman a quelque chose de « camusien », se faisant description de l’être humain confronté à un monde absurde, incompréhensible, dans lequel la solidarité humaine (les inertiels doivent rester proches les uns des autres pour se maintenir en vie) est essentielle, et le fait de penser, de prendre conscience de ce qui est, en est la clé pour continuer à exister. (L’homme est un roseau, le plus faible de la nature…., mais c’est un roseau pensant, disait un certain Blaise Pascal).



Et puis, et puis,…., Ubik fait partie de ces romans qui ne livrent pas tout d’un coup, dont l’intrigue et ce qui la sous-tend se dévoilent peu à peu, et dont on a l’impression que l’on n’en fera jamais le tour. Bref, tout ce que j’aime et que nous sommes un certain nombre à aimer, je crois.









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A rebrousse-temps

Attention, ce billet se lit en rebrousse-mode. le dernier paragraphe, puis le précédent, etc.



Car malgré le temps parti à rebours, le livre se lit dans l'ordre normal. Dick a eu pitié.



Evidemment il ne faut pas se poser trop de questions . Il faut se laisser porter et voir où ça nous mène.



Je l'ai donc lu avec un certain plaisir, malgré des passages juridico-religieux un peu longuets et un agacement croissant en voyant Seb agir (ou pas). L'absence de véritable chute m'a déçu aussi.



Les rôles féminins sont intéressants : ça va de la fille un peu bête mais désirable qu'il faut protéger à la directrice de la Bibliothèque dont le sang froid me fait penser à Susan Calvin (les Robots d'Asimov).



Les personnages principaux font assez anti-héros, surtout Seb qui se laisse manipuler par tout le monde, promet d'agir dans le sens de quelqu'un pour changer d'avis immédiatement, semble complètement perdu quand sa femme qu'il adore couche avec un flic mais couche avec une nana super séduisante (et manipulatrice en diable) juste après. Plutôt pathétique, le gars.



Son histoire est – étonnamment oserais-je dire – bien construite et d'un seul tenant. Ça ne part pas dans tous les sens (je m'attends toujours à ça).



Les conflits raciaux aux USA de l'époque (livre écrit en 1967), surtout les émeutes de Watts de 1965, ont un énorme rôle dans la géopolitique du roman.



Philip K. Dick joue avec cette idée. Comme d'habitude son univers est rempli d'autres thèmes de SF en fond d'écran : une troisième Guerre Mondiale qui ne semble pas avoir changé quoi que ce soit, des colonies sur Mars et vénus, des robots, du matos technologique de pointe (chapeau pour l'imagination de l'auteur). Ça décore mais ça ne trouble pas la trame du récit.



Qui était ce Peake ? Un fanatique religieux ou un nouveau Ghandi ? Et pourquoi veut-on son corps vieux renouveau-né ? Est-il une menace ? Gêne-t-il ?



Mais voilà que la petite société de Seb Hermès – ancien mort – déterre quelqu'un d'important : le fondateur de la religion de l'Unification Divine, ou Udit, Thomas Peake. Et plusieurs groupes sont prêts à tout pour s'en emparer : le Vatican, les Udit eux-mêmes, et les Oblits de la Bibliothèque qui semblent être là pour « accompagner » l'inversion de la flèche du temps en faisant disparaître les connaissances.



Déterrer les ressuscités qui se manifestent dans les cimetières (tiens, on ne cause pas des incinérés) est devenu un business lucratif, car celui qui le réalise acquiert une sorte de droit sur l'ancien mort, et peut le revendre.



L'élément central est que tous les êtres vivants (les humains en tout cas) sont devenus des Benjamin Button. Ils rajeunissent au lieu de vieillir jusqu'à devoir trouver un ventre où « mourir ». Et bien sûr, les morts renaissent.



Mais il ne va pas au bout de son application – le livre serait illisible s'il fallait inverser tout le texte, par exemple –, il se contente de phénomènes qui frappent l'imagination : on « fume » un mégot qui se reconstitue en cigarette ; on « dévictualise » au lieu de manger – c'est-à-dire qu'on rejette par la bouche des aliments qui se reconstituent en plats cuisinés (du coup on avale ce qu'on nomme du sogum, et je ne veux pas savoir de quoi il s'agit) ; on insulte en traitant de « mangeaille ».



C'est carrément l'entropie, la deuxième loi de la thermodynamique, qui part en sens contraire. Dick appelle ça l'effet Hobart.



Une fois de plus l'imagination fertile de Philip K. Dick s'exprime. Il développe une idée qui peut paraître farfelue au premier abord : et si le monde voyait la flèche du temps s'inverser ?



Il fallait bien que je trouve quelque chose d'original pour parler de ce roman. J'aurais pu écrire en mode Yoda, mais j'ai pas la patience.

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Le maître du haut château

Roman récupéré dans un lot sur Facebook en 2018. J'ai découvert le style de cet auteur seulement cette année avec A rebrousse-temps, que j'ai beaucoup apprécié. Il aura fallu l'aide de la pioche de Sallyrose pour Septembre pour sortir celui-ci de ma pal. J'espère donc continuer à découvrir cet auteur dans le bon sens.



Le début est étrange et perturbant, je ne me souvenais plus qu'il s'agissait d'une uchronie où le vainqueur de la 2nde Guerre Mondiale avait changé. Il y a peu d'explications et c'est assez vague du coup. On découvre plusieurs narrateurs sans forcément de lien entre eux, ils nous donnent leur propre vision de ce monde d'après-guerre. Je suis un peu perdue par cette histoire car le titre ne correspond pas à l'histoire mais au résumé. En le relisant, il semblait intéressant mais du peu que j'ai lu, je n'ai rien retenu car je n'en voyais pas l'intérêt par rapport au reste. J’ai laissé malgré tout une chance à ce roman mais l'incohérence de l'ensemble me donnait surtout envie de l'abandonner. En 50 pages, on a déjà rencontré 5 ou 6 personnages différents, je commençais déjà à m'y perdre car l'auteur saute trop du coq à l'âne. Entre ça et les idées de chacun concernant l'Allemagne victorieuse, je n'arrivais pas à comprendre la logique de l'auteur. Malheureusement, il ne se passe pas grand-chose et les réflexions de certains, Mr Baynes ou Juliana, me dépitent complètement. Même en lisant des passages en diagonale, je n'ai pas réussi à me remettre dans l'histoire. Trop de différences entre le résumé et celle-ci, c'est dommage qu'elle soit amenée de cette façon car le synopsis m'intéressait bien. Mais plus rien ne retenait mon attention, contrairement à d'autres romans.



Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une grosse déception pour ma part, c'est pourtant un classique de la SF. Je l’ai même abandonné au 4e chapitre tant je n'ai pas réussi à aller plus loin. Mais ça ne m'empêchera pas de continuer à découvrir son œuvre mais pas grâce à son roman primé. Si vous êtes amateur de SF, je vous conseille de le découvrir, ne serait-ce que pour vous faire votre propre avis.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Immunité et autres mirages futurs

Mon premier livre de l'année 2018 et mon premier coup de cœur.

Immunité est un recueil de onze nouvelles de science-fiction. Ce sont toutes des nouvelles d'un excellent niveau. J'ai particulièrement apprécié les six premières qui m'ont embarqué dans l'univers sombre et froid que Philip K. Dick place sur une terre ravagée.

Dans la plupart de ces nouvelles les robots ont pris le contrôle de la planète, l'Homme s'y est bien employé d'ailleurs se concentrant sur la destruction de celle-ci. Les robots ont progressivement occupé l'espace, relarguant l'homme a des tâches subalternes ou à faire la guerre à ses congénères.

Toutes n'ont pas comme sujet les robots. Dans "le crâne" par exemple un prisonnier à qui l'on propose un marché doit retourner dans les années 1960 pour éliminer le fondateur d'une nouvelle religion.

Dans "le tour de roue" il s'en prend à ses concitoyens racistes et imbus de pouvoir.

Ces nouvelles écrites dans les années 50 sont, la plupart du temps, très visionnaires en ce qui concernent la politique, la publicité, le pouvoir, l'arrogance de l'homme, l'impact de la technologie …

Enfin, j'ai appris à lire un recueil de nouvelles, au lieu de me précipiter et de les enchaîner les unes après les autres : j'espace le temps entre chaque, laissant le temps dissiper les bribes de souvenirs des précédentes. Faut dire qu’aujourd’hui premier janvier y a de quoi faire dans la maisonnée encore endormie : laver les verres, ranger les flonflons, balayer les notes de musique … Bonne année.

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Le dieu venu du Centaure

D-liss contre K-priss, guerre commerciale pour le contrôle du trafic de drogue ou offensive religieuse pour le contrôle des esprits…



Avec le réchauffement climatique, la Terre est devenue invivable : sortir en plein midi condamne à rôtir, une mort pas très agréable. Des colonies sont implantées sur les autres planètes, mais la vie y est tellement difficile qu’on a besoin d’une drogue qui apporte des moments de bonheur grâce à une « translation » dans des poupées d’un monde miniaturisé.



Mais la translation, moment où les esprits quittent les corps et ne font qu’un, n’est-ce pas une forme de transsubstantiation, un élément clé d’une religion néochrétienne? Et le K-Priss qui promet la vie éternelle!



Et que vient faire Palmer Eldrich dans tout ça? Est-ce bien un homme ou une créature venue de l’espace? Un Proxien qui veut détruire la Terre?



Un roman de SF bien touffu, c’est sa qualité et son défaut, il faut bien se plonger dans l’histoire si on ne veut pas s’égarer. Une littérature qui demeure crédible, mais un peu comme les trous noirs en science, on n’en comprend pas toujours la complexité.



Et si le cœur vous en dit, une incursion dans un univers qui offre une occasion de s’interroger sur la spiritualité et le sens de la vie…

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Ubik

C’est le premier roman que je lis de cet auteur et je n’imaginais pas un tel page-turner.

Ubik c’est une expérience de lecture : on se cogne aux cadres, on tâtonne, on recule, on se perd, on pense tenir enfin le fil d’Ariane et… Retour en arrière, littéralement. Mais une chose est sûre, on ne peut pas décrocher de ces pages.

Joe Chip, le personnage principal de ce récit halluciné, est un peu le Monsieur tout le monde dans une société qui nous ressemble en dépit de personnes dotées de pouvoirs psychiques. Loin d’être un héros, ce recruteur de talents particuliers est complètement dépassé par les évènements. Il subit tout ce qui arrive, à commencer par sa porte d’entrée récalcitrante. Que ce soit l’accès au frigo, à la cafetière ou entrer et sortir de chez soi, tout, absolument tout est payant dans ce New-York proche, jusqu’à la mort elle-même. Moyennant une somme d’argent, vous aurez en effet la possibilité de discuter avec vos proches défunts, dont les corps conservés dans des endroits spéciaux peuvent encore dialoguer par la pensée grâce à une technologie particulière.

De nouveaux métiers ont émergé dont les télépathes, très utiles pour espionner votre concurrent et lui dérober sa formule ou ses dernières avancées technologiques. Heureusement Glen Runciter a la solution pour vous. Son agence a les personnes pour vous aider à lutter contre les intrusions psychiques. Et c’est sur la Lune que lui donne rendez-vous son prochain client.

Sauf que… Le retournement de situation qui s’ensuit, aucun de ses psi ne l’a vu venir…

Philip K. Dick nous entraîne dans un récit aux frontières de la psychose.

J’ai été bluffée et subjuguée par son roman.

Il livre une critique particulièrement cynique sur la société de consommation et le capitalisme forcené.

C’est brillant, addictif et dépaysant.

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Le maître du haut château

Les Allemands et les Japonais ont gagné la Seconde Guerre mondiale. La solution finale a été étendue au « problème africain », décimant ce continent. La Méditerranée a été asséchée, embouteillée, transformée en terres arables grâce à l’énergie atomique.

(...)

L’intérêt réflexif des uchronies n’est plus à démontrer. La puissance narrative de Philipp K.Dick laisse loin derrière tous les modèles du genre.



Article complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Souvenir

DES UNIVERS D’APPARENCES.



L'auteur des romans Substance mort, Ubik, de Confessions d'un barjo ou encore le célèbre Maître du Haut-Château n'est sans doute, malgré ces quelques exemples notoires, jamais aussi efficace et concluant que dans la forme ramassée et directe de la nouvelle. C'est ce que ce recueil intitulé Souvenir, dans lequel sont rassemblées sept courts textes publiés en revues au cours de l'année 1954, auxquels ont été ajoutés deux essais postérieurs.



Des deux essais, datant d'une décennies de plus que les nouvelles, nous ne dirons pas grand'chose sinon qu'ils semblent terriblement datés et peu concluant.



Le premier est une tentative très alambiquée et même souvent aussi dérangeante que gênante d'excuser - à tout le moins - non seulement le peuple allemand pour sa collaboration, certes majoritairement passive - au nazisme et au génocide juif et tzigane, déniant toute forme de puissance - ici néfaste - à la notion et à l'effectivité de la Nation (un peuple ne serait ainsi que l'addition sans grande relation ni interférence collective d'un nombre X d'individus sans lien ni causalité particulière) mais aussi d'essayer de "comprendre" les purs nazis relativement à leur haine des juif qui, selon Philipp K. Dick, serait rien moins qu'une phobie du même acabit que celle qui atteint tel ou tel envers les chats, les tramways ou les chèvres à tête rousse (je cite K. Dick !). En bref, même les pires des nazis ne furent que, résumons, les victimes de leurs peurs et que l'horreur absolue qui en découla n'a donc pas grand'chose à voir avec une construction mentale aussi délirante que délibérée... Ce n'est décidément pas sur ce terrain que l'auteur des moutons électrique nous semble pertinent.

Pas tellement plus que dans l'essai suivant consacré à la schizophrénie et à l'utilisation profitable que les malades pourraient faire du "Livre des changements", le fameux Yi-king, afin de mieux s'en sortir dans leur existence. Le texte n'est pas dénué d'un certain humour grinçant et le lecteur avisé ne pourra s'abstenir de songer aux dernières années de vie -très douloureuses - de l'auteur. Il n'empêche que le texte paraît fort peu convaincant et assez vite poussif.



En revanche, le lecteur retrouvera donc avec plaisir le grand nouvelliste que fut Philippe K. Dick. Qu'on se souvienne de Souvenirs à vendre, Rapport minoritaire, Nouveau modèle et autres Le Voyage gelé ou bien d'autres encore.



Chaque fois, on retrouve l'une ou l'autre des facettes de ces univers jamais aussi certains qu'ils paraissent d'abord (Rajustement, Étrange Eden, La terre sans joie), les futurs et passés se composent et se recomposent au gré des expériences maladroites, incertaines et dangereuses de concepteurs de machines à voyager dans le temps toujours plein de bonnes intentions mais inévitablement dépassés par leurs prévisions (Interférence, Le monde de Jon), quant aux robots, aux androïdes et d'une manière plus générale, les machines sophistiquées et autres rêves d'I.A que notre époque contemporaine formule avec tant d'empressement, il serait faible de noter que Philipp K. Dick les perçoit plus comme engins de destruction et de négation de l'humanité que comme des progrès (Progéniture, Le monde de Jon). Quant à nos mythologies, nos rêves, nos projections idéalistes, ils semblent demeurer souvent préférables à la réalité crue, inattendue et dérangeante, quitte à détruire celle-ci afin de mieux conserver les fantasmes de celle-là (Souvenirs).



Les cinéphiles apprécieront aussi de découvrir la nouvelle ayant été la source d'inspiration pour le film "L'Agence" (The Adjustment Bureau en V.O.) de George Nolfi avec Matt Damon et Emily Blunt (2011), à savoir "Rajustement" dans le présent ouvrage. Notons que Philippe K. Dick ne rentre pas du tout dans le détail de ce qu'est cette puissance supérieure "coupable" de modifier le réel à sa convenance dans le but d'aboutir à la conclusion de son plan pour l'être humain. La déification de cette puissance est plus nette dans le film. En revanche, la thématique très dickienne de la folie qui n'est pas si folle qu'il paraît au "commun des mortel", cette paranoïa quasi permanente de nombre de ses personnages principaux, y est plus vive dans le texte que dans la version filmée.



Par ailleurs, les lecteurs ayant été marqués par cette autre grande nouvelle qu'est "Nouveau modèle" (repris dans le volume "Total Recall" aux éditions Folio SF) verront à nouveau apparaître ces incroyables mais effrayants androïdes, sur terre, cette fois. Ainsi dans l'ultime texte "Le monde de Jon" les Intelligences Artificielles vont même en arriver à se battre entre elles ("modèles" contre "modèles") après avoir détruit toute vie sur terre ! (Bien que cette nouvelle n'en soit pas l'inspiration, on ne pourra s'empêcher de penser par ailleurs à la série des Terminator). Ce texte pose aussi la question de la folie, de la capacité à "voir" ce que les humains normaux ne peuvent pas deviner, de la "sainteté" (par rapport aux délires mystiques) et des univers parallèles, l'ensemble essayant de résoudre, non sans intelligence, certains des classiques paradoxes liés à toute idée de voyage spatio-temporel. Du grand art !



Sans doute un peu inégal, ne serait-ce que par la présence de ces deux essais préliminaires, n'y ayant aucunement leur place et d'un intérêt plus que douteux, sauf pour comprendre le développement et les enjeux de la pensée dickienne, mais en en donnant qu'un aperçu très limité et incomplet, ce volume de Souvenir saura très certainement enchanter le fan sans doute un peu plus que le lecteur méconnaissant cette œuvre essentielle du monde de la SF américaine et, n'hésitons pas à l'affirmer, mondiale.



On en retiendra tout particulièrement les textes dénommés "Rajustement", "Interférence" (plus "classique" mais mené de main de maître), "Progéniture" (qui pose la question cruciale de l'éducation des individus, de leurs rapports à leurs "géniteurs" dès lors que ces derniers sont ramenés à cette seule considération biologique de reproduction, du but de l'existence dans un monde rationalisé à l'extrême par des machines, etc) et le stratosphérique "Monde de Jon". Les autres nouvelles ayant toutes leur intérêt, sans nul doute, mais dont les thématiques et les développements auront semblé moindrement aboutis. Toutes demeurant très agréables à lire pour peu que l'on goûte cette SF conquérante - mais terriblement inquiète et critique, chez K. Dick, avec vingt ans d'avance sur l'histoire littéraire de ce genre - des années 50 étasuniennes, il va sans dire !
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Ubik

Un classique de la science-fiction, sur la liste des incontournables…



L’histoire se passe à une époque où fleurissent des pouvoirs psys : lire dans l’esprit de l’autre, prédire l’avenir, etc. Imaginez si une personne pouvait lire les pensées d’un politicien lorsque, tout souriant, il est interrogé par des citoyens! Et puis, s’il y a des pouvoirs psys, il y se développe des anti-psys, des gens qui neutralisent les psys dangereux. C’est une guerre entre les deux clans, une guerre de pouvoirs…



La manipulation de l’esprit ne s’arrête pas là. La science a trouvé le moyen de prolonger la vie de l’esprit humain, même après la mort du corps physique. Immédiatement après la mort, les cadavres sont placés dans des caissons spéciaux pour les préserver pendant un certain temps, pendant lequel l’esprit continue à « vivre ». Il peut même communiquer avec les proches qui lui rendent visite.



Écrit dans les années 60, le roman n’est pas démodé. La seule chose qui nous semble un peu archaïque, c’est l’utilisation systématique de pièces de monnaie. L’auteur n’a pas imaginé la carte à puce…



Même si l’intrigue à plusieurs niveaux peut être déroutante, le texte n’est pas une lecture ardue. La prose est agréable et même teintée d’humour.



Un roman, où la réalité n’est pas toujours ce qu’on croit.

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Ubik

Mazette ! Par où commencer...

Pas simple pour moi de dire tout ce qui m’a enthousiasmé dans ce livre sans trop en dire pour préserver la surprise aux futurs lecteurs. Et pourtant, il y en a des choses...



Si vous aimez perdre pied, ne plus savoir sur quelle réalité s’appuyer, être dérouté par des rebondissements qui se succèdent à la pelle et remettent à chaque fois en cause vos suppositions sur l’histoire... ce livre est fait pour vous !



Mais commençons par le début...

1992. Joe Chip travaille pour une société de protection particulière. En effet, certains individus étant télépathes ou ayant la capacité de lire l’avenir (on les appelle les psy), ils peuvent constituer une menace pour les entreprises ou les particuliers. Aussi, lorsque un client contacte cette société, la mission de Joe est de déterminer la nature du danger et de constituer l’équipe d’anti-psy adéquate capable de «nullifier» ces pouvoirs intrusifs.

C’est ce qu’il fait lorsqu’un client demande ses services sur un site lunaire. Mais l’expédition ne se passe pas comme prévu et à leur retour sur Terre, des phénomènes étranges et angoissants se produisent...



Pour Joe, c’est le début d’une course contre la montre pour comprendre ce qui se passe et sauver sa vie...



«Gardez le moral, Joe !»



Pour le lecteur, c’est partager les interrogations, tourments et souffrances de Joe. Oh que oui ! Je félicite l’auteur pour la narration de son récit, il ne nous laisse pas souffler une minute et nous emporte dans un tourbillon de folie avec une angoisse croissante. On ne cesse de spéculer sur les évènements, on bascule d’une réalité à une autre, c’est déroutant et addictif, un vrai ascenseur émotionnel.



Dans ce livre, l’auteur nous confronte à notre perception de la réalité, alors...



«Sortez de votre routine en essayant Ubik ! Sans danger si l’on se conforme au mode d’emploi.»



Lu dans le cadre des challenges :

«2019, l'année Jack Vance - Philip K. Dick»

«Défi de l’imaginaire (SFFF) 2019»
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Le temps désarticulé

L'amérique de la fin des années 50, Une famille qui vit tranquillement, Vic Nielson, le père travaille au rayon primeur d'un supermarché, Sammy le garçon joue dans les ruines avec ses amis, Margo la mère, femme au foyer, son frère Ragle Gumm qui gagne sa vie en participant à des concours de journaux, et les voisins, les Black, lui cadre de la Société des eaux et Junie, un peu allumeuse, délurée... Bref, les années 50 avec tous ses stéréotypes.? Et puis, il y a ces phénomènes étranges, est-ce vraiment la réalité. Philip K Dick fait monter la tension, le suspense, le doute des protagonistes comme ceux du lecteur. J'ai été totalement scotché, la paranoïa envahit le récit, nous submerge, c'est de ce point de vue, une grande réussite, qui en fait un roman totalement addictif. Je l'ai lu presque d'une seule traite. Et même si le dénouement est très connoté SF des années 50 avec quelques défauts d'incohérences et quelques visions futuristes désuètes, c'est vraiment une lecture où j'ai pris beaucoup de plaisir. Ce que j'aime dans ce genre de romans, c'est ce jeu de conflit entre la perception et la réalité.
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Confessions d'un barjo

Un très bon roman du maître de la science-fiction et pourtant celui-ci n'est pas du tout porté sur ce genre. L'auteur nous emmène dans l'Amérique rurale des années 50 dans laquelle se trouve des personnages névrosés et psychotiques mais très réalistes!

La structure narrative est très riche: selon les chapitres, on a les points de vue de différents personnages qui donnent un rythme particulier à la lecture. Un livre très plaisant à lire.
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Nouvelles complètes - Gallimard, tome 2 : 195..

On ne saura jamais assez remercier les éditions Gallimard pour cette édition des nouvelles complètes de Philip K. Dick en deux volumes. le lecteur compulsif de Dick abandonnera avec soulagement ses multiples bouquins à la reliure défaite et aux pages détachées pour à nouveau sentir l'odeur incomparable du papier fraîchement imprimé et celle de la colle.

Ces recueil montrent s'il en était besoin le talent de Dick et son imagination sans limites.

Le titre de la préface, "Le doigt sur le pouls de l'Amérique", insiste sur le fait que chez Dick, la réalité n'est jamais très loin de la fiction. Ou l'inverse.

Voyage en Buick 57 dans un paysage post apocalypse avec Allen Fergesson, aventures de Edna Berthelson gérante d'un petit bazar de campagne, états d'âme du policier Caleb Myers, réunion de copropriété surréaliste du grand immeuble communautaire Abraham Lincoln dont Bruce Corley est le sergent à titre permanent, on peut multiplier les exemples de personnages censés représenter un ordre ou une institution et qui la plupart du temps se retrouvent livrés à eux mêmes avec pour seul bagage leur perception souvent déformée de la réalité et de leur rôle.

Quelque soit le contexte, invasion de Martiens, guerre contre les Gélates, conflit entre Prox et Terra, inversion de temps de "Rendez-vous hier matin" ou de "La sortie mène à l'intérieur" , les personnages de Dick sont seuls face à eux-mêmes et à un environnement hostile.

Une conclusion s'impose :



"Merci, Mr Bibleman, dit le robot. Je suis très fier de vous."


Lien : https://camalonga.wordpress...
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