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Critiques de Philip K. Dick (1673)
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Ubik

Le message Ubik et orbik de Philip K. Dick m'est parvenu. J'ai enfin pu goûter et savourer des pages qui, avant, m'étaient hermétiques.

Après avoir sombré d'ennui dans "Le Maître du haut château", ( mais peut-être que, par glissement temporel, je vais le trouver excellent?) Ubik me faisait de l'oeil. Souvent cité comme un indispensable dans bien des commentaires sur notre site, je l'ai consommé rubis sur l'ongle, d'un trait.



Très dynamique d'ailleurs.



Le personnage principal est Joe Chip, un looser, il n'a jamais un rond sur lui pour ouvrir une porte automatique. C'est un obscur tâcheron de la compagnie Runciter chargé d'empêcher les intrusions mentales au coeur des entreprises sensibles.

Les précogs, vous les avez peut-être déjà rencontrés dans "Minority report". Ils prévoient l'avenir. Ils sont ici toujours aussi peu appréciés mais, s'ils ont la beauté du diable de Pat Conley, cela fait oublier le terrible pouvoir aux différent interlocuteurs. La belle Pat Conley peut aussi changer le passé ce qui augmente les pistes quand il faudra démêler le vrai du faux.



Toujours est-il que la mission lunaire va mal tourner. Et que l'on ne saura vraiment ce qu'il s'y est vraiment passé que vers la fin.



Car le groupe Runciter va subir une épreuve qui va les déposer au delà du réel.



Le scénario a tout du thriller actuel mais en mieux. Parfois en huis clos, le suspense est à son comble pour savoir qui manipule qui et ce qu'est la réalité.



On se sent bien dans cet univers car les intentions du héros sont louables: nous aider à comprendre.



Mais sur la substance Ubik, m'est avis qu'il ne faudrait ne pas trop en dire, peut-être est-elle une métaphore de la vie.



Passé ou à venir, c'est un livre à tout point de vue remarquable.

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Minority Report

Quand l'idée surpasse les personnages.

Celle de "précrime".

Qui est à la fois, une idée fameuse et le nom de l'agence gouvernementale chargée d'arrêter de futurs meurtriers avant même qu'il n'y ait l'émergence d'une préméditation dans leur esprit.

Un peu comme si on lavait le linge propre avant qu'il ne se salisse. Comme si on criait avant d'avoir mal.

C'est un paradoxe temporel que l'on connaît pourtant assez bien: le système choisit ceux qui vont en baver avant qu'ils naissent (je crois que c'est le déterminisme social mais je m'écarte peut-être un peu du sujet du livre).



De fait, la justice ne juge plus des meurtriers mais des personnes innocentes, parce qu'elles n'ont même pas imaginé passer à l'acte.

Philip K. Dick a imaginé une nouvelle société totalitaire. Elle permet d'obtenir un taux d'homicide égal à zéro mais aussi des prisons pleines.



Les personnages sont pour moi secondaires. Même si un acteur célèbre est en couverture.

Dans cette nouvelle, on trouve les précogs (justement à venir dans Ubik). Ces mutants sont les sources d'informations des policiers. Ils anticipent les meurtres avant que l'idée ne germe dans l'esprit du tueur.



Cette nouvelle date de 1964. Je suis épaté par l'univers de cet auteur.
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Le maître du haut château

Un livre à tiroirs. Pas commode. C'est aussi une mise en abîme et un puits sans fond.

Comme le serait d'ailleurs le Yi King ou livre des transformations qui se compose de pensées chinoises vieilles de 3000 ans décrivant les états du monde et leurs évolutions. Quand on le sollicite, comme un tirage du loto, il en ressort une solution malgré les multiples combinaisons.

K. Dick a réellement utilisé ce livre ancestral pour commettre ce récit hors norme: une uchronie basée sur le fait qu'Hitler a gagné la guerre en 1948. 17 ans plus tard, la côte Ouest est occupée par les Japonais et les nazis sont sur la côte Est avec, près de New-York, un immense camp de concentration. Le cauchemar. Pas seulement pour les Américains.



Pourtant un livre, au nom distrayant, "Le poids de la sauterelle", nie cette évidence et prétend que les forces de l'Axe ont perdu en 1945.



Les discussions vont bon train entre des initiés à San Francisco. Où Chidan vit modestement de vente d'objets anciens du pays, où Tagomi, un riche Japonais lui commande ces objets pour les offrir à ses invités de marque dont un Suédois: Baynes.

Même si les Japonais ne sont pas nazis, Frank Frink fabrique des bijoux sans grande valeur et rase les murs car il est juif. Sa femme Juliana est partie voir ailleurs dans les grands espaces, dans une zone neutre seulement survolée par les fusées de transport de passagers Messerschmitt.



Le récit comporte bien des trous d'air. Tous les artefacts de brocanteurs ont failli me décourager mais, comme le dit si bien le Yi King, il s'agit de franchir l'obstacle, de cheminer malgré l'incertitude, de trouver le lien entre son cheminement et son but. Il vous en coûtera 200 à 250 pages à ce rythme de sénateur atteint de rhumatismes. Quand tout arrive enfin.

Comme une explosion à retardement. Incrédule d'abord, tout ça pour ça, puis, en rouvrant ces fameux tiroirs, je me suis dit que ce K. Dick a bien mérité son prix!
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Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouto..

Roman assez sensiblement différent du film (excellent) qu’il a inspiré. Cela dit, le roman est excellent. Sans doute est-il moins travaillé et moins abouti qu’Ubik, ce qui n’empêche que pourtant, pour moi il le supplante comme coup de coeur ! Après avoir envoyé aux oubliettes les lois de la robotique d’Asimov, il met en scène des robots androïdes presque parfaits, les Nexus-6, que des blade runners sont chargés de repérer et de désactiver. Tout cela n’est bien sûr que prétexte à s’interroger sur le propre de l’homme, le sens de la vie, la place et le rôle de l’empathie, …, bref rien que des questions intemporelles, et même plutôt assez d’actualité. C’est un roman peut-être un peu brouillon mais d’une très grande richesse thématique.
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Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouto..

Je suis fan du film de Ridley Scott et je suis fan de Dick et pourtant je n’avais pas encore lu « Blade runner » ou plutôt « les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ». C’est maintenant chose faite et je ressors ravie de cette lecture. J’ai adoré ce roman et il n’enlève en rien l’admiration que j’ai pour le film, et ce, même s’il s’avère très dissemblable. C’est peut-être même pour ça d’ailleurs. Le plaisir que l’on prend à l’un et à l’autre est très différent.



Bien sûr, au long de ma lecture, j’ai joué au jeu des comparaisons avec le film. Mais, très vite, les deux œuvres apparaissent comme totalement différentes. Si le déroulé de l’intrigue est quasiment similaire jusqu’à l’élimination de Zhora / Luba, par la suite les intrigues prennent des chemins très différents. Avant tout, ce qui différencie les deux œuvres, ce sont leur tonalité et même le registre auquel ils appartiennent. Le roman de Dick est à classer dans le registre de la science-fiction métaphysique alors que le film de Scott relève du tech-noir. Ce choix narratif très pertinent permet à Scott d’installer une ambiance réussie, visuellement forte. Pour créer cette atmosphère noire futuriste, le film prend le parti de se placer dans un univers dystopique où Los Angeles apparait encore comme une mégalopole grouillante malgré la colonisation d’autres planètes. Au contraire, le roman ressemble plutôt à un post-apo où San-Francisco a des allures de quasi ville-fantôme. Là où « Blade runner » propose une intrigue de film noir teinté d’un certain romantisme pour être avant tout un récit d’ambiance, « les androïdes rêvent-ils… » s’attache à se questionner sur ce qui fait l’humain. Ainsi Deckard sera amené à s’interroger sur l’humanité des protagonistes qu’il rencontre mais aussi sur sa propre humanité. Dès lors, on retrouve ici une variation sur un thème Dickien récurrent : la réalité est-elle réelle. Mais dans « les androïdes rêvent-ils… » l’interrogation ne porte pas sur le monde extérieur mais sur l’essence même des personnages.



Cette richesse thématique est exploitée dans un récit très addictif. Le récit est plus linéaire que beaucoup d’autres romans de l’auteur, il fait sans doute partie de ses œuvres les plus accessibles. Du coup, ce n’est pas le plus dickien des romans de Dick. Je préfère ses récits plus vertigineux, plus alambiqués mais « les androïdes rêvent-ils… » est un roman riche et profond qui se lit tout seul, un vrai page-turner.

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Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouto..

J'avoue, avec un peu de honte, que je n'ai pas vu le film culte Blade runner, ni Minority report, ni Total recall, ni d'ailleurs aucun des films tirés de romans ou de nouvelles du génial Philip K. Dick.

Mais, peut-être, en définitive, est-ce ce un avantage, je ne pouvais avoir d'idées à priori sur ce livre.

C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur, après le Maître du Haut-Chateau.

Je ne sais si tous ses romans et nouvelles sont de la même trempe, mais, à nouveau, je suis émerveillé par la richesse et la profondeur de ce roman, et par la façon dont l'auteur a de nous mener dans un monde de l'incertitude et de l'énigme.



Alors que le Maître du Haut Château nous interrogeait avec intelligence sur la question de la réalité et de la fiction, plus précisément sur le fait que ce que nous raconte la fiction pourrait être plus vrai que la réalité, ici c'est la question de ce qui constitue l'humanité qui est le thème sous-jacent à toute l'histoire. Et c'est fascinant.



Le récit se déroule un monde « post-apocalyptique », après une guerre nucléaire qui a laissé une Terre dévastée, dont l'atmosphère est envahie de poussière radioactive, dont les effets ont été délétères pour la vie, au point que la majorité de la vie animale a disparu, que les humains rescapés ont émigré sur Mars, ne laissant sur notre planète que ceux qui sont trop déficients ou trop pauvres pour partir. Il y a aussi sur Terre quelques individus chargés de maintenir l'ordre, chargés, au moment où commence le récit, de «retirer » des androïdes de dernière génération, échappés de Mars après avoir tué celles et ceux pour lesquels ils travaillaient.

Parmi ces « justiciers », il y a Rick Deckard, un chasseur de primes, en réalité un tueur professionnel qui espère gagner suffisamment d'argent pour pouvoir s'acheter un vrai animal, alors qu'il ne possède qu'un mouton électrique.

En même temps que de suivre le destin de Rick Deckard, le lecteur suit le parcours d'un « spécial », encore surnommé « tête de piaf », J.R. Isidore, un homme trop atteint par les radiations pour pouvoir se reproduire ou émigrer sur Mars, qui fera la rencontre de quelque uns des androïdes.

Et puis intervient Mercer, une sorte de personnage christique, aux pouvoirs étonnants, auquel les humains humains cherchent à se connecter via une « boîte à empathie ».



Sans entrer dans les détails d'une intrigue qui démarre lentement, puis se dévoile et s'accélère, ce qui m'a beaucoup plu, c'est d'abord le doute et l'incertitude qu'elle installe sur les événements qui se passent, mais surtout les interrogations sur ce qui distingue les androïdes des humains.



Et ce que j'ai trouvé étonnant, et en cela Dick a ce génie qu'ont aussi d'autres auteurs d'anticipation ou de science-fiction (par exemple Jules Verne), c'est l'importance accordée à l'empathie: les humains et les androïdes sont distingués par un test qui permet de définir leur niveau d'empathie; une boîte à empathie permet de fusionner avec le médiateur «divin » Mercer.

Or, nous savons maintenant que l'empathie s'est développée au cours de l'évolution des êtres vivants, considérablement chez les grands primates, et encore plus chez les humains. Et que cette capacité à se mettre à la place de l'autre est liée à l'existence de neurones miroirs, neurones à la base des processus d'imitation, qui s'activent lorsque l'on observe l'autre effectuer une action, comme si on la réalisait soi-même, mais qui aussi, par le biais d'interactions complexes avec d'autres aires de notre cerveau, permettent de ressentir toutes les émotions d'un autre, bref de faire sienne la joie ou la souffrance d'un.e autre.

Mais ici, comme nous sommes dans un roman de Philip K. Dick, un doute apparaît dans la réponse d'une androïde au test d'empathie, et aussi, Rick Deckard se demande s'il n'est pas un androïde auquel on aurait greffé des souvenirs.

Deckard, c'est d'ailleurs l'homme qui doute, qui s'interroge sur sa mission, et qui finira par trouver la paix intérieure, d'accepter sa condition, d'accepter de ne pas tout comprendre, à l'issue d'une expérience quasi mystique. Bref, un anti- héros bien loin des Super-men musclés et invincibles.



Beaucoup d'autres thèmes traversent ce roman, la captation de notre «temps de cerveau disponible » par une télé abrutissante, l'émotion suscitée par l'oeuvre d'art, la question du bien et du mal, et bien d'autres que vous découvrirez en lisant ce beau et subtil récit. J'espère ne vous en avoir pas trop dit.



A noter qu'il y a une postface passionnante d'Etienne Barillier, un spécialiste de l'oeuvre de Philip K. Dick.
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Dr. Bloodmoney

Avis très mitigé.

Un bouquin assez étrange sur le choix de l'intrigue, des personnages et de l'enchainement des événements. Je n'ai pas trouvé de longueurs à proprement parlé mais je n'ai pas non plus trouvé un intérêt particulier à suivre ces divers destins.



K. Dick nous offre une plongée dans la psychologie de toute une gallerie de personnes ayant survécu à une catastrophe dont on suppose l'origine, bien que celle-ci demeure à juste titre assez floue. Chacun voit dans cette tragédie une occasion rêvée, mais forcée, d'un nouveau départ, une seconde chance, continuer à être ce qu'on était pour certains, mais devenir quelqu'un de plus intéressant et important pour d'autres.

Il y en a qui cherchent à garder un lien avec leur passé et d'autres qui désirent ardemment tirer un trait définitif. Les cartes sont redistribuées.



Mais finalement, jusqu'au bout, l'attente d'un retournement de scénario, d'un dénouement fantastique, persiste et, pour ma part, s'achève d'une façon, non pas décevante car le ton permanent du livre nous y prépare un peu, mais un peu timidement.

Et au-delà de l'absence de surprises dignes de ce nom, il y a également un côté immoral et illogique dans quelques attitudes, comportements, réflexions de certains acteurs, qui m'a un peu dérangé.

De plus, l'aspect très égoïste et égocentrique de tous est drôle mais profondément déprimant en même temps.



Comme pour Glissement de temps sur Mars, j'ai trouvé cette lecture fluide et bien construite, il y a d'excellentes idées comme dans tout bon K. Dick, mais l'histoire est restée, pour moi, à un niveau d'intérêt légèrement en-dessous du seuil de tolérance.

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L'Oeil dans le ciel

Dans ce livre Philip K. Dick se propose de nous faire découvrir les méandres de la conscience et la façon dont chacun d'entre nous interprète l'univers qui nous entoure et la façon d'interagir avec lui, des choix que nous faisons et de l’impact que ceci ont.

Un accident est survenu et, si les huit personnes sont physiquement sur le sol du bévatron, leurs consciences se trouvent projeter dans l'esprit d'un seul, ils sont alors soumis à la manière dont il pense. Prison impitoyable dont il est bien difficile de sortir.

Soyons franc, au milieu du livre j'ai voulu arrêter ne trouvant que peu d'intérêt à ce bouquin mais en l'enregistrant sur babelio je suis tombé sur la critique de Masa qui avait traversé la même phase que moi et vu son enthousiasme sur la fin, je me suis remis à l'ouvrage.

C'est décidément complètement barré mais je dois reconnaitre que ça tient bien la route. Mais c'est surtout sur son interprétation de la réalité que nous pensons percevoir qui a retenu le plus mon attention. Au passage K. Dick, en profite lors d'explorations de consciences pour dénoncer les concepts dont sont affublés ses compatriotes.

De un j'ai donc remonté la note à quatre. Amis lecteur si vous lâchez en cours de route : laissez-lui encore une chance.

Merci à Masa, Foxfire et Luniver.

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Le dieu venu du Centaure

"Le Dieu Venu du Centaure"...un des romans les plus réputés de Dick.



Il y décrit un monde mélancolique : la Terre est en proie à un réchauffement spectaculaire (80°C à New York à midi) mais les hommes s'y accrochent, même si l'ONU organise la colonisation d'autres mondes habitables, dont la lune et Mars...Ainsi, dans ce monde on n'essaye pas d'échapper au service militaire mais à l'affectation sur Mars. Car dans les colonies, la vie est inepte et monotone et les colons sont plus ou moins abandonnés à eux-même. Ils s'adonnent donc massivement à la drogue...



L'histoire de la confrontation entre Léo Buléro et Palmer Eldritch (le Dieu venu du Centaure, donc), pour le contrôle du marché de la drogue, n'est qu'un prétexte pour l'auteur...C'est assez souvent ce que je ressens à la lecture de Dick : une histoire qui n'est qu'un prétexte à mettre en forme ses obsessions, ses visions...Et je trouve que ce manque d'attention portée au "romanesque" même, se traduit dans son style (dialogues peu crédibles, personnages qui sont souvent un peu les mêmes)...mais c'est ce qui fait son charme.



Ici, on retrouve les sempiternelles questions sur la réalité (qu'est-elle ?) ainsi que le reflet des préoccupations religieuses de l'auteur, notamment sur l'existence d'un "dieu du mal", sur la réincarnation etc... On pourra également goûter la critique au vitriol de la société de consommation, et de la jouissance inepte qui l'accompagne...Dans cet univers, même l'évolution (au sens darwinien du terme) s'achète^^



On passe donc un bon moment avec ce roman, pour peu qu'on aime Dick, et si on ne le connait pas, on peut tout à fait le découvrir à travers ce Dieu venu du Centaure...
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Substance mort

Pas de SF dans ce roman sombre mais curieusement drôle parfois, et écrit vraiment comme un polar. Le flic des Stup file le Dealer mais les deux ne font … qu’un! Suprême délire schizo, un peu la marque de fabrique de l’auteur. De nombreuses trouvailles comme le fameux « complet brouillé », des dialogues surréalistes entre dealers drogués policiers, et puis l’horreur de la drogue - La Substance M- à laquelle il est impossible d’échapper… On devine tous les amis de Dick emportés par la drogue dans la vraie vie cette fois, après avoir perdu leur identité et leur liberté - autres thèmes chers à l’auteur. Un livre fort et triste aussi.
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Glissement de temps sur Mars

Il y a des auteurs vers qui on aime revenir régulièrement pour se plonger encore et encore dans leur univers singulier. Philip K. Dick est de ceux-là. De roman en roman, on retrouve les mêmes thématiques obsessionnelles, les mêmes préoccupations, à chaque fois traitées de façon intéressante au cœur d'histoires prenantes. "Glissement de temps sur Mars" ne déroge pas à cette habitude. On est ici dans du pur Dick de très haut niveau.



La première partie du roman est assez linéaire, l'auteur prenant son temps pour installer son contexte, ses personnages, ses enjeux. Cette longue mise en place est passionnante. Le contexte de la colonie martienne, reflet de la société américaine de l'époque, est parfaitement défini et permet une immersion totale dans le quotidien de cette communauté. Les personnages sont très finement dessinés, psychologiquement fouillés. Ce début au rythme lent n'est jamais ennuyeux. Au contraire, Dick parvient à créer un récit au tempo lent mais addictif et dans lequel on retrouve ses thèmes de prédilection : la perception de la réalité, les questionnements sur ce qu'est un humain, les défaillances de communication entre les hommes, la notion de normalité...



Après cette première partie, l'intrigue va se complexifier, va voir sa linéarité éclater, jusqu'à atteindre son paroxysme dans un enchaînement d'une cinquantaine de pages dans lesquelles un même événement sera tracé et retracé en multipliant les points de vue et les allers-retours dans le temps. Le lecteur est alors entraîné dans une distorsion temporelle menée de main de maître. Une expérience sensorielle vertigineuse.

L'intrigue, très complexe, est parfaitement menée. Dick en maîtrise tous les rouages, les différents éléments s'imbriquant habilement les uns aux autres de façon très fluide.



La richesse thématique et la précision de la construction narrative ne font pas pour autant de "glissement..." un récit froid et désincarné. Dick compose ici un roman profondément humaniste, peuplé de personnages denses et, pour certains, très attachants.

De plus, "glissement..." a une dimension intime très forte. Jack Bohlen est un peu le double de Dick lui-même et lui permet d'aborder le thème de la schizophrénie sous l'angle d'une réflexion pertinente sans être dénuée de sentiments. On perçoit, dans le portrait de cet homme sur le point de basculer dans la psychose, toute la souffrance de l'auteur lui-même face à cet abîme qui l'habite.



Toutes ces qualités font de "glissement..." un chef d’œuvre. Encore un de la part de cet auteur qui sait à chaque récit créer un univers dans lequel j'aime décidément me plonger encore et encore, cet univers pourtant si inconfortable mais si riche.



Challenge Variété 24 (catégorie "un livre écrit par un auteur que vous adorez mais que vous n'avez pas encore lu")
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Les Chaînes de l'avenir

Mouais....

Un roman de K. Dick qui va, pour moi, rejoindre la pile de ceux qui foisonnent d'excellentes idées, de trucs un peu barrés mais qui ne constituent pas un ensemble, une globalité intéressante et donc prenante. C'est même parfois assez fouilli. Des thèmes sont par moments assez bien développés, et d'autres sont souvent vite expédiés.

Tout au long de la lecture, on se demande vraiment où l'auteur souhaite nous emmener, que veut-il exactement nous montrer ou nous dénoncer au juste ?



On dirait même qu'il se trompe de poulain, qu'il s'acharne à suivre un personnage alors qu'il aurait dû suivre l'autre.

L'idée de l'homme qui voit l'avenir à un horizon de 1 an mais ne peut le modifier est la clé de voute de tout le roman, mais finalement il n'est exploité que comme un personnage secondaire.

Le système politique basé sur le Relativisme est aussi le sujet central et commun des événements mais n'aura pas le traitement mérité, ni suffisant pour emporter le lecteur comme il se doit.



Enfin, en sortant de ce bouquin, j'ai seulement une vague impression de désordre dans les idées, d'avoir effleuré uniquement des sujets captivants, et cette sensation de gâchis.

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A rebrousse-temps

Joli délire qui ne bénéficie pas, hélas, de l'intensité, du suspense, de l'émotion et de l'inventivité des récits les plus connus de Philip K.Dick. Pourtant le thème de l'après-mort, récurent chez l'artiste (avec la semi-mort, les morts sont conservés au froid et remis en semi-vie pour permettre un contact avec les vivants), est habituellement traité avec plus de mystère et, selon moi, plus d'intérêt.

Avec la nouvelle loi (la loi d'Hobbart), le processus de décomposition s'inverse et les morts reviennent à la vie et toquent à leur cercueil quand ils sont prêts à sortir. le travail de récupération est assuré par des entreprises privées. Le lecteur suit l'une d'entre elles, laquelle devra gérer le retour à la vie d'un grand prédicateur. Ce retour suscite un vif émoi dans les communautés religieuses qui vont oeuvrer pour prendre possession du personnage. L'intrigue repose sur la petite guéguerre entre toutes ces confréries.

L'inversion du temps dans ce roman n'est pas une inversion de la chronologie. Les cellules se régénèrent et c'est tout. Pas de paradoxe temporel ou je ne sais quel événement. C'est bien cela qui m'a manqué dans ce roman: être surpris.

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Glissement de temps sur Mars

Tout comme pour Le maitre du haut château, me voilà déçu par un autre roman de Dick qui me paraissait pourtant fort intéressant. Et intéressant, il l'est pour ceux qui veulent mieux comprendre les problèmes psychologiques que l'auteur a lui-même connu de son vivant, tout en préférant la SF quand celle-ci s'approche beaucoup de la littérature générale.

Pour ma part, je me suis ennuyé.



Dick prend son temps pour construire son décor, pour présenter ses personnages et le contexte, et il le fait bien, là-dessus je n'ai rien à redire. Mais voilà, je ne me suis jamais attaché à aucun de ces personnages, je les ai trouvé froids, peu charismatiques, limite énervants. Les enjeux ne m'ont pas franchement captivé non plus. Le bouquin tourne essentiellement autour d'un événement majeur, clé de voute de l'intrigue générale, qui n'a éveillé en moi aucun intérêt, aucune excitation.

Je ne vais pas m'étendre sur le sujet, mais j'ai trouvé que tout était trop long et trop lent, que Dick se concentrait davantage à nous narrer des tranches de vie de colons sur Mars.

Et encore une fois, il le fait bien, mais je dois avouer que ce n'est pas du tout cet aspect que j'aime chez cet auteur. Je trouve qu'il y avait tous les ingrédients pour justement partir dans les délires réél / irréel dans lesquels il excelle comme dans Le Dieu venu du Centaure ou Ubik.



En tout cas, j'ai pu découvrir un peu mieux Philip K. Dick, et confirmer l'idée que j'avais déjà de lui, à savoir qu'il était un très grand écrivain.
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Ubik

J'avoue tout : en lisant les 20 premières pages, c'était tellement bizarre que je me suis dit :"m'enfin, c'est quoi ce livre si bien noté sur Babelio, avec des avis dithyrambiques ?" (semble-t-il, je ne les ai pas lus avant, vous pensez bien, tout comme je n'ai même pas lu le 4ème de couverture).



Et pourtant, j'aime Dick, hein, de base... C'est pas pour rien que j'ai fait un club auteur dédié sur notre forum des trolls de Babel.

Mais là, le début est tellement étrange (voire barré) que j'en suis restée un peu médusée. (sans parler des "encarts Ubik" à chaque début de chapitre).



Notre héros malgré lui (comme souvent avec Dick), Joe Chip (Cheap, héhé, qui n'a jamais un cent sur lui dans un monde où même votre porte vous demande de payer pour sortir (et entrer) de chez vous !), est embarqué dans une histoire à dormir debout, alors que sa vie, est déjà, de mon point de vue, un cauchemar permanent.

Pour la lectrice que je suis, me voilà entraînée à sa suite dans un monde ultra-capitaliste horrible. On ne sait pas trop d'ailleurs à qui profite cet ultra-capitalisme, on ne peut qu'imaginer. Car Dick ne s'embarrasse pas de fioritures, ni de descriptions laborieuses. On est balancé à coups de pieds au c** dans ce monde affreux, et accroche-toi poulette !



Passées ces 40 pages de prise de contact avec un monde difficile, me voilà happée dans le tourbillon des événements opposant Runciter, le patron de Joe, à Hollis, son ennemi juré. Pouvoirs psioniques (pour Hollis) et contre-pouvoirs "nullifiants"(pour Runciter), et que le meilleur gagne.



Et c'est à partir du voyage sur la Lune, que tout s'accélère... Et qu'on s'enfonce dans une folie de plus en plus dense, opaque, on n'y comprend strictement rien... C'est assez délirant, complètement addictif, et je suis pas arrivée à m'en sortir avant d'avoir tourné la dernière page.

Qui, entre nous soit dit, ne m'a pour une fois pas déçue ! Ce bouquin c'est juste... Halluciné et hallucinant ! On en ressort tout désorienté.

Et je vous parie que dans 50 ans, il aura pas pris une ride. Voire il sera totalement d'actualité...



Dans ma déjà longue vie de lectrice de SFFF, il y avait un "avant Ubik", et il y aura un "après Ubik"...

Normal, Ubik est partout !

Et Ubik est tournegiboulifiant !

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Total Recall et autres récits

IRRÉELLE RÉALITÉ.



À travers ce recueil de neuf nouvelles, les amateurs de l'oeuvre de Philip K. Dick retrouveront, avec un bonheur un peu inégal mais presque toujours enthousiasmant ou, à tout le moins, surprenant l'imagination débordante ainsi que les thématiques souvent pénétrantes et métaphysiques qui traversent toutes les créations de l'auteur américain.



Intitulé "Total Recall et autres récits", ce volume peut encore être trouvé chez les bouquinistes sous un autre intitulé dans des éditions antérieures : «Minority Report», du nom de la nouvelle débutant l'ensemble des textes ici présents et qui fut, à l'instar de quelques autres, le prétexte très librement interprété d'un film du même nom avec Tom Cruise comme acteur principal.



Neufs nouvelles composent donc cet ouvrage :



- Rapport minoritaire (1956) où le fait d'avoir une connaissance même imparfaite de l'avenir est susceptible de le changer, à travers les dons divinatoires de trois êtres monstrueux, les précogs, et les mésaventures déroutantes du chef de l'agence "Précrim" qui les emploie,



- Un jeu guerrier (1959), récit très subtil et d'un humour assez grinçant prenant prétexte de jeux pour enfants fabriqués par un consortium extra-terrestre en attente de validation pour démonter certains aspects du fonctionnement de la propagande, de la psyché humaine, etc. Une des meilleures découvertes de ce recueil,



- Ce que disent les morts (1964), une quasi novella au cours de laquelle les renversements de situation sont légions et nous font réfléchir sur l'idée de dieu, sur la folie des hommes, sur leur désir d'éternité, sur la trompeuse réalité, etc, où l'on retrouve en germe (la nouvelle lui est antérieure) grand nombre de thématiques et d'astuces (encore très maladroitement exploitées ici : l'ensemble manque de rythme, est souvent laborieux et se perd dans des détails que le style blanc, essentiellement efficace et sans recherche esthétique particulière de l'auteur, ne permet guère de mettre en valeur) qui feront le succès retentissant et mérité du chef d'oeuvre de Philip K. Dick, Ubick,



- Ah, être un Gélate... (1964) où l'on retrouve les interrogations dickienne sur l'identité, l'intimité, la psyché de l'individu ; sur la propension des êtres à s'avérer doubles (n'oublions pas qu'une schizophrénie fut, un temps, diagnostiquée chez Philip K. Dick. Bien que faux, ce diagnostique marqua son auteur). La nouvelle peut tout aussi bien être lue comme un diatribe ironique contre le racisme. En filigrane enfin, à l'instar de plusieurs nouvelles de ce livre, la guerre froide, les affrontements possibles ou imaginaires entre deux mondes qui refusent de se côtoyer et de ce comprendre, les USA capitalistes et la Russie soviétique, ainsi que les interpénétrations insolubles que cet affrontement ne fut pas sans provoquer. Un petit texte mineur mais très plaisant du fait de cette drôlerie mordante et à contre-pied dont l'auteur de Blade Runner était friand, lorsqu'il n'était pas seulement sombre et angoissant,



- Souvenirs à vendre (1966) dont le titre exact est «we can remember it for your wholesale» et qui fut abrégé au cinéma sous son intitulé le plus connu aujourd'hui de "Total Recall". On y retrouve le thème préféré de l'auteur, à savoir l'impossibilité de savoir avec certitude ce qu'est la réalité, à travers l'expérience d'un monsieur tout le monde, du moins en apparence, mais qui s'avère, bien malgré lui et en dépit de son absence de souvenir, détenteur d'un premier puis d'un second (très inattendu) secrets susceptibles, d'abord, de changer le cours de son existence personnelle puis, dans un second temps, celui de la terre toute entière ! Comme souvent, la nouvelle n'a qu'un rapport lointain avec le film qui s'en inspira mais elle est d'une efficacité infernale et d'un réel bonheur de lecture,



- La foi de nos pères (1967) pourra, en partie, évoquer certains aspects du grand roman uchronique de K. Dick, Le maître du haut château, elle rappellera la fascination de l'auteur pour les sociétés d'extrême-Asie (ici, la Chine), nous parlera, une fois encore, de l'affrontement est-ouest, remporté ici, semble-t-il, par le monde communiste, évoquera l'idée de dieu (avec, semble-t-il, un hommage à peine déguisé aux monstrueuses divinité d'H.P. Lovecraft que notre auteur admirait), l'ensemble étant vu à travers le(s) regard(s) d'un apparatchik de la génération montante de ce pouvoir universel nouveau. On y lira avec beaucoup d'intérêt le démontage de la propagande soviétique de l'époque, des discours aussi interminables qu'obligatoires du meneur (on a ici un subtil mélange du Fidel Castro de la "grande époque", pour la longueurs des interventions publiques, et du "grand timonier" Mao Tsé Toung comme figure du dictateur rouge venu de Chine) et du caractère kafkaïen de l'ensemble. N'était la fin, assez déroutante tout autant que décevante, cette nouvelle est un véritable régal à placer dans la lignée d'un 1984 de Georges Orwell, mais avec une tonalité décidément très dickienne, oppressante et noire. Dommage que K. Dick n'ait pas persisté pour faire de cette thématique un roman dystopique un peu plus vaste et roboratif à sa manière si personnelle. Peut-être y en a-t-il un peu dans "La Vérité avant-dernière" ?



- La fourmi électrique (1969) reprend, à travers la découverte fortuite (un simple accident de la circulation) faite par un robot de son inhumanité, la thématique hautement dickienne de la perception de chaque individu par lui-même et, parallèlement, de sa perception platonicienne du monde qui l'entoure (celle "découverte" et explicitée par Platon dans La République et son mythe de la caverne) ou, devrait-on dire, de l'invention perpétuelle qu'il peut en faire... Jusqu'à la folie et même la mort lorsqu'on s'aperçoit que tout n'est qu'illusion. Ici, les robots n'ont pas grand chose à voir avec ceux d'Asimov et se situent essentiellement dans une perspective tournée vers ses aspects métaphysiques plutôt que vers les répercussions scientifiques et étiques de cette thématique qui traverse, depuis presque un siècle et leur "invention" par un auteur tchèque, Karel Čapek, les littératures de l'imaginaire,



- Nouveau modèle (1953) inspira le film de SF des années 90' "Planète hurlante" (lui aussi "très librement inspiré" de cette nouvelle). Il s'agit encore ici de l'affrontement est-ouest, un temps sur le point d'être remporté par les russes (bien que les destructions de part et d'autre n'en fasse guère qu'une victoire à la Pyrrhus) mais qu'une invention terrible des américains, les "griffes" va totalement retourner... Jusqu'à un point de non retour horrifique où il semble que tout le monde finisse par perdre, en définitive, à l'exception de ces fameuses griffes... Encore que, peut-être même pas toutes d'entre elles ! Rondement mené malgré une conclusion décevante parce que trop attendue, Philip K. Dick fait une fois oeuvre ici de cet humour acide et noir qui rend nombre de ses textes même un peu secondaire non seulement convainquant mais franchement au-dessus du lot habituel,



- L'imposteur (1953) est une autre nouvelle consacrée à l'affrontement de deux mondes que tout oppose et n'ayant de désir que la destruction définitive de l'adversaire. Texte lui aussi un peu secondaire, Philip K. Dick y déroule tout de même ses thèmes préférés : l'impossibilité de se connaître vraiment (le personnage principal est un robot tueur ayant pris la place d'un humain à des fins destructrices... mais qui n'en a lui-même pas le moindre souvenir et est absolument persuadé être l’authentique !), la dualité des êtres, le caractère belliqueux de l'individu, etc.



Il n'y a jamais directement de dénonciation politique chez K. Dick (de ce point de vue, il n'est en aucun cas un Georges Orwell américain), pour autant l'auteur nous fait part de ses angoisses d'un monde autoritaire, privé des libertés élémentaires, de la liberté de parole, d'information et de communication, de sa préoccupation profonde et anxieuse à l'égard des manipulations, d'où qu'elles viennent, (ce que l'on retrouve dans La foi de nos pères, Jeu de guerre ainsi que Ce que disent les morts,) et qu'il relie sans cesse à notre propre propension intime à manipuler la réalité pour nous-mêmes, à imaginer le monde à notre image ou selon nos besoins, nos désirs.

Ainsi se rejoignent, pour le plaisir du lecteur tout autant que comme questionnements faisant appel à son intelligence, deux concepts fondamentaux qui traverseront toute son oeuvre : qu'est-ce que le réel (ou, pourrait-on préciser : le réel est-il réel ?) et qui sommes-nous vraiment ?

Deux interrogations profondément philosophiques que Philip K. Dick tentera d'illustrer, à sa manière, à travers un style sans doute pas des plus éloquents ni poétiques mais d'une efficacité inouïe et, surtout, via une mise en forme d'une incroyable richesse imaginative et narrative qui portera haut ces rivages de la Science-Fiction des - pour résumer - trente glorieuses, jusqu'à en faire l'un des phares inimitables et quasi indépassable de ce genre si souvent galvaudé et injustement méprisé. Il suffit pourtant de relire, pour n'en prendre qu'un seul, Ubik afin de comprendre comme cet homme-là n'est pas le premier écrivain venu...



Alors, sans doute ce recueil ne rassemble-t-il pas que des chef d'oeuvres du maître - avec tout de même pas moins de trois motifs à films hollywoodiens ! -mais c'est cependant une excellente porte d'accès à son imaginaire et à ses thème récurrents. Qui s'en plaindrait ?
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Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de mouto..

« Le livre culte qui a inspiré les films » dit le bandeau, mais aussi plaisir de lecture dit la critique babeliote!



Nul besoin d’un « orgue d’humeur » pour soigner notre dépression lorsqu’on a de bons livres à sa disposition, mais comme pour les « notes » de l’orgue de Philip K. DIck, on choisit ses livres en fonction des besoins du moment. Après une éprouvante lecture portant sur la vieillesse, j’avais bien besoin d’une évasion dans un monde imaginaire…



Non pas que ce livre soit joyeux, loin de là, dans ce monde post-apocalyptique, les personnages sont aux prises avec leurs tourments intérieurs. Ils s’interrogent sur le bien et du mal, sur l’éthique et l’essence de la vie et de l’humanité (sans compter les androïdes et les moutons électriques…)



Ce qui rassure et apporte un peu de confiance en l’humanité, c’est la capacité d’empathie. Cette qualité qui permet de ressentir un peu ce que ressent l’autre, n’est-ce pas la faculté que nous exerçons en tant que lecteur? Si la magie de la littérature qui nous permet de vivre d’autres vie, n’est-ce pas grâce à une sorte d’empathie?



L’autre qualité humaine essentielle, c’est l’irrationnel, cette capacité de faire des erreurs et de recommencer. Et malgré mes erreurs humaines, je recommencerai demain une nouvelle critique…

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Un vaisseau fabuleux et autres voyages gala..

Un air de fierté dans le regard, le capitaine voyait la plateforme orbitale s’éloigner depuis la passerelle de commandement du plus puissant vaisseau intergalactique d’exploration de la Fédération. « Son » vaisseau.



La porte d’accès à la passerelle glissa dans son logement. Le lieutenant pénétra à l’intérieur.

« Tout se passe bien ? demanda le capitaine.

-- Oui monsieur. Le dégagement orbital est en bonne voie et nous pourrons activer les moteurs ultraluminiques dans quelques minutes.

-- Très bien. » Le capitaine jeta un œil sur son second. Ce dernier tenait à la main un livre dont il put déchiffrer le titre en se tordant le cou. « Manuel d’introduction aux contacts extraterrestres, par James T. Kirk. Vous espérez apprendre quelque chose d’utile là-dedans ?

-- Eh bien, répondit le lieutenant avec hésitation, il est inscrit parmi les incontournables manuels de la Fédération. Tout explorateur spatial se doit de l’avoir lu. Vous n’êtes pas d’accord ?

-- Hmmf ! Tout ce que vous apprendrez, ce sont les mille et une façons de séduire les belles extraterrestres. Non, si vous voulez vous instruire sérieusement pour notre mission, lisez plutôt ceci. » Le capitaine sortit de sa poche un petit livre jauni par le temps et le donna à son second.

« Un vaisseau fabuleux et autres voyages galactiques, par Philip K. Dick, énonça ce dernier. Jamais entendu parler. Il ne fait pas partie des recommandations de la Fédération il me semble.

-- Vous avez raison. La raison en est qu’il a été écrit avant que la physique ultraluminique ne soit comprise, avant même le premier alunissage en fait. Mais ce Dick était un visionnaire. On en apprend plus sur les dangers de l’exploration spatiale en lisant ces histoires qu’en s’abîmant les yeux sur milles manuels indigestes. »

Le lieutenant feuilletait l’ouvrage. « Ah, je vois ; les leçons sont insérées dans de petites histoires. Cela ne dilue-t-il pas trop le message principal ?

-- Au contraire ! Il s’agit d’imprimer fortement les leçons dans l’esprit du lecteur en les présentant à travers des exemples décrivant ce qu’il ne faut pas faire. Ainsi, le premier chapitre, « L’heure du Wub », prouve qu’il vaut mieux éviter de manger n’importe quoi sur une autre planète, en particulier si ce n’importe quoi parle notre langue. Le deuxième, « Le canon », prévient qu’une civilisation qui s’est autodétruite peut encore receler des dangers pour l’explorateur.

-- Et celui-ci, « Colonie » ?

-- Ah, l’un des meilleurs. Il rappelle qu’en exploration on ne peut se fier à ses sens. Certains objets communs comme un tapis ou une voiture peuvent se révéler être des organismes vivants au haut potentiel mimétique. Je vous conseille aussi « L’ancien combattant » qui montre que des extraterrestres peuvent avoir des capacités de manipulation et de conjuration aussi aiguisées que les nôtres ; et « Mission d’exploration » qui rappelle la leçon essentielle : le plus grand ennemi de l’humanité, c’est l’humanité elle-même.

-- Je vois cependant que l’on parle beaucoup de Martiens, de Vénusiens ou d’habitants des satellites de Jupiter. Aucun de ces peuples n’existe. De telles âneries risquent de dégrader la portée du message, ne pensez-vous pas ?

-- Non. Il suffit de présenter ces chapitres comme des contes ou des fables. Avez-vous oublié la force d’éducation des contes lieutenant ? Il n’y a rien de mieux pour éduquer un homme. Et je vous rappelle l’ancienneté de l’ouvrage. A l’époque, personne n’avait prouvé que les Martiens n’existent pas. »



Le silence s’abattit tandis que le lieutenant parcourait l’ouvrage et que le capitaine contemplait la Terre qui rapetissait à une vitesse de plus en plus élevée.

« Ce monsieur… Dick a-t-il écrit d’autres manuels dans le même genre ? demanda le lieutenant.

-- Pas à ma connaissance, répondit le capitaine avec amertume. Il s’agit d’un de ses premiers écrits. Si vous lisez le quatrième de couverture, vous découvrirez qu’il décida de se consacrer à d’autres sujets tels que la distinction entre réalité et illusion et autres sottises schizophrènes qui ne sont d’aucun intérêt pour notre mission. C’est vraiment dommage.

-- Aucun intérêt ? Je ne sais pas… Imaginez par exemple que nous ne soyons que des personnages inventés par un lecteur enthousiaste de cet ouvrage qui aurait décidé d’en faire la critique sous une forme romancée afin de lui donner plus de caractère. Réalité et illusion seraient alors fortement intriquées, ne pensez-vous pas ? »

Le capitaine jeta un œil inquiet à son second. « Un lecteur tel que vous le décrivez serait particulièrement aliéné à mon avis. Vous vous laissez emporter par votre lyrisme lieutenant. Il est temps de vous concentrer sur votre travail. Ordonnez aux machines d’activer les moteurs ultraluminiques. Les galaxies nous attendent. »

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Total Recall et autres récits

Neuf nouvelles de l’américain Philip K. Dick dont:

Minority Report, 1956 - adapté au cinéma en 2002 par Steven Spielberg avec Tom Cruise

We can remember it for you wholesale, 1966 - adapté au cinéma sous le titre « Total Recall » en 1990 avec Schwarzenegger et en 2012 avec Colin Farrell.

Neuf récits brefs et concis, saisissants et étranges, à la problématique récurrente: la réalité n’est qu’une illusion où l’homme à la perception limitée se noie.

Ce très grand écrivain- prix Hugo pour « Le Maître du Haut Château » en 1962-est mort à 53 ans après une grande consommation de drogue, plusieurs tentatives de suicide et une vie familiale par suite assez chaotique. Il nous lègue une vision schizophrénique et paranoïaque du monde où le réel peut basculer à tout instant emportant notre fragile équilibre psychique - cf son fabuleux livre: Ubik- dans un univers de SF peint avec un énorme talent, univers qui fut celui de toute sa courte vie depuis l’enfance. Un très très bon livre pour démarrer la lecture de Dick.
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La Trilogie divine, Tome 2 : L'invasion div..

Encore un Dick bien barré.



D’abord, l’histoire n’est pas racontée de façon linéaire, loin s'en faut, et cela ne nuit pourtant en rien à sa clarté. Une fois acceptés les sauts de paradigme qui sont la marque des grands récits de cet auteur, on se retrouve avec un début, un milieu et une fin, une progression plutôt aisée à suivre.



Le futur dans lequel il situe l’action n’est pas trop éloigné. On y croit, à ce monde dans lequel un gouvernement mondial pousse les gens soit à l'exil sur des planètes lointaines, soit à aller se faire tuer dans une guerre qui n’a même plus besoin de justification. On ajoute à cela quelques autres travers bien perçus de notre monde, et on a une critique féroce quoique plaisante parce que souvent pleine d’humour, de la société contemporaine.



Et puis le titre, L’invasion divine, n’est pas galvaudé : le monde va devenir un champ de bataille eschatologique, avec Dieu qui s’incarne dans un enfant pour bouter le mal hors de la Terre. Parce que la fois précédente, avec la Nazaréen, ça a foiré et c’est le mal qui, depuis, régit le monde. (Si on y réfléchit deux minutes, c’est assez crédible comme postulat). Heureusement, Dieu se trouve une alliée de poids, et même une seconde. Les femmes sont l’avenir de ce monde.



Du coup, et c’est un peu la limite du livre, il n’y a pas beaucoup d’humains dans cette histoire, mis à part le protagoniste principal Herb Asher. Les enjeux sont théologiques et si on n’est pas féru de kabbale, il y a quelques passages un peu indigestes. Mais pas trop longs, l’histoire reprend vite le dessus et c’est tant mieux.



Ce qui ne déçoit pas, c’est la puissance de l’imagination de l’auteur et l’étendue des références culturelles qui la nourrissent. Que ce soit pour décrire ce futur ou pour mener à bien son intrigue divine, il a toujours cette maestria à nous faire voyager, loin, loin de notre petit quotidien.



Et donc, même si cette Invasion divine ne détrônera pas Ubik ou Substance mort dans mon panthéon Dickien, elle a du souffle.



N.B. : c’est le second volet d’une trilogie, constituée de romans qui ont l’air assez indépendants. Je n’ai lu que ce second volet (je n’ai pas les autres). Ça ne m’a pas gêné, mais peut-être ai-je raté quelque chose…
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