AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Choderlos de Laclos (451)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Liaisons dangereuses

J'ai découvert cette oeuvre au début de mes années lycée, c'est-à-dire en seconde. Travaillant sur l'implicite et essayant de nous donner goût à cette oeuvre majeure du roman de libertinage, nous avons étudier la lettre dans laquelle Valmont écrit sur le "bureau" d'Emilie. J'ai toujours aimé rechercher le sens caché des œuvres. Alors, l'ayant étudier de nouveau en première littéraire, je m'y suis lancé après avoir passé mon bac. Je ne pouvais pas continuer à parler de ce roman sans en avoir lu les lignes.



Je m'y suis lancé, je dois avouer avec beaucoup de mal. En effet, l'aspect épistolaire, dont le style est réalisé avec brio, m'a rendu la lecture saccadée et je me sentais éloignée des personnages. Cependant, malgré cet aspect négatif, j'ai beaucoup apprécier découvrir cet univers tant critiqué à l'époque. Et la fin ! Cette fin est tout simplement sublimement exécutée, le "retour du bâton" comme on dit ...

Je ne souhaite pas développer sur l'intrigue, chacun se fera son idée, détestera les personnages ou adorera leur jeu.

Je suis une lectrice qui a besoin d'une seconde lecture concernant les classiques, peut-être que la prochaine me permettra de découvrir des implicites qui me sont encore aujourd'hui inconnus, peut-être me permettra-t-elle de voir les personnages autrement.

Bonne lecture à tous !



N'hésitez pas à laisser un commentaire si vous voulez élargir le débat, je serai ravie de vous répondre.



Commenter  J’apprécie          242
Les Liaisons dangereuses

Ce roman, plusieurs fois relu, a cela d’extraordinaire qu’il reste lisible, malgré toutes les différences entre l’époque de son écriture et la nôtre. Son écriture n’a pas trop pris de rides, elle est simple, c’est la structure qui est complexe, avec la forme épistolaire qui permet de transformer le jeu entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont en une partie d’échec où chaque coup, est mûrement réfléchi. L’intrigue avance de lettre en lettre, avec une précision millimétrique. La forme épistolaire permet aussi des ellipses et des surprises avec beaucoup de naturel. Au passage le lecteur est contraint de se sentir un peu voyeur, comme s’il lisait cette correspondance à la dérobée, ou un peu complice, selon les moments. Il est maintenu en haleine par ces jeux cruels. C’est plus machiavélique que libertin, tant l’essentiel est le jeu des dominations entre les personnages.

Commenter  J’apprécie          220
Les Liaisons dangereuses

Les perfides et manipulateurs que sont la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont nous emmènent, au grès de 175 lettres, dans leurs jeux de l'amour et basses vengeances.



Le ton commence badin et la cruauté monte crescendo pour finir en apothéose de l'ignominie.

Pas une lettre, pas un mot ne sont de trop. Chaque missive est un nouveau rebondissement ou une nouvelle pirouette pour arriver à ses fins du côté des bourreaux, pour ne pas se noyer du côté des victimes.

Mais personne n'en sortira indemne. Pas de parti pris chez Laclos!



La langue est d'une modernité incroyable. Comment un texte écrit en 1782 peut-il être aussi accessible aujourd'hui? Chaque personnage à son style bien reconnaissable: hautain, bienveillant, sarcastique, prude, sévère… impossible de se perdre ou de les confondre. C'est la perfection du roman épistolaire.



S'ajoute dans la version audio l'immense talent des acteurs: Karin Viard traduit merveilleusement l'odieuse Marquise avec un son ton mi-moqueur, mi-nasillard, et comment ne pas tomber amoureuse de Valmont incarné par le géant du théâtre qu'est Thibault de Montalembert?



Les autres acteurs (Béatrice Agenin, Françoise Gillard, François Feroleto, Micheline Boudet et Florence Viala) sont excellents aussi.



S'ajoute dans cette version audio, comme dans tous les enregistrements Écoutez-Lire, des intermèdes musicaux du XVIIIe siècle. Délicieux!


Lien : https://carpentersracontent...
Commenter  J’apprécie          222
Les Liaisons dangereuses

"Les liaisons dangereuses" est un splendide livre très sordide où tous les enjeux de pouvoir sont démontés jusqu'à la nausée.

.......



Ce roman épistolaire serait né d'une idée de vengeance De Laclos : la marquise de Montmaur, un peu bancale à la suite d'une chute de cheval, aurait servi de modèle à l'auteur pour son personnage de la marquise de Merteuil ; l'origine de la vindicte en est vieille comme le monde : elle aurait simplement repoussé ses avances. Elle n'aurait pas eu l'âme noire que lui prête Laclos et semble au contraire avoir joui de l'estime de ses contemporains qui la trouvaient gaie et intelligente. Stendhal la surnomma « la boiteuse » dans sa "Vie de Henri Brulard" : voisine déjà âgée, elle fournissait le petit garçon en noix confites.

......



Ce livre n'est pas uniquement le réalisation d'une vengeance : il décrit une noblesse en pleine décadence, oisive, en perte d'idéal et de religion. Les femmes sont en danger intense, voire mortel dès qu'elles s'écartent du rôle qui leur est attribué (épouses ou religieuses, à moins qu'elles n'aient la trempe de devenir des demi-mondaines, ce qui n'est pas à la portée de toutes, le piège à éviter absolument étant celui de la basse prostitution.)

........



Les jeunes nobles eux, n'ayant pas la possibilité de travailler sans « déchoir de noblesse » se contentent d'attendre l'héritage ou le mariage décidé par leur famille et qui leur permettra de mener grand train. Ils sont futiles, arrogants et creux. Dans leur société, la grande affaire, pour dorer son image et être admiré de leurs pairs est de faire « tomber » le plus grand nombre possible de femmes ; plus la proie est difficile à séduire, plus la considération est grande.

...



Les femmes sont élevées comme des oies blanches et les hommes comme des godelureaux : toutes les cruautés sont possibles dès lors que les unes ont les yeux bandés et les autres des museaux de loups, pour ne pas dire des groins.

.....



Une femme sort du lot : la marquise de Merteuil, qui cherche à prendre sa revanche sur les hommes et surtout sur la place assignée à son sexe. Son alliance avec le vicomte De Valmont brisera la vie de huit personnes.

......



Le but poursuivi par l'auteur est ambiguë : il décrit minutieusement une société libertine sans paraître blâmer ses excès. Il trace un portrait remarquable de femme libre, chose nouvelle dans la littérature. Conscient du pourrissement sur pieds de la noblesse, c'est le mauvais côté des lumières qu'il nous montre : celui de la perte des valeurs et du sens moral. L'ancien monde est en déliquescence : "les liaisons dangereuses" seront d'ailleurs publiées en 1782, sept ans avant le début de la Révolution française, c'est la chronique de la mort annoncée de toute une classe sociale en voie d'effondrement.



.....



Cette lecture démontre magistralement que tout rapport humain est avant tout un rapport politique, non au sens du gouvernement des Etats mais au sens de lutte pour la prise de pouvoir.

.....



Je l'ai ressentie comme profondément pessimiste, elle n'est pas de nature à élever l'âme.



Le style est un chef d'oeuvre.







Commenter  J’apprécie          225
Les Liaisons dangereuses

Selon la théorie de Pierre Bayard il est facile de parler des livres que l'on a pas lu.

Les liaisons dangereuses en sont un exemple parfait : A force de l'entendre citer et servir de référence à tout propos, chacun connaît les grandes lignes de l'histoire et ses personnages sont devenus des archétypes.



Faut il donc lire ce roman, est ce encore utile ?



Et bien oui sans l'ombre d'un doute, c'est un chef d'oeuvre définitif par sa construction, sa richesse psychologique et surtout sa langue.

Ce français du XVIII ème siècle bien proche d'une langue morte et qui nous demande parfois des efforts. D'aucun diront que c'est suranné voire ampoulé , mais quelle richesse dans la phrase, le vocabulaire et le rythme. L'adéquation entre cette phrase souvent labyrinthique et l'esprit retors des personnages et des situations est idéal. Les mots sont caressants, le style onctueux mais le coup de griffe n'est jamais loin et le poison est distillé sournoisement.



On peut noter qu'à la fin, si la morale est sauve, le récit ne laisse que des perdants, que le roman donne une vision sombre d'une société aristocratique occupé à ses plaisirs, les épiçant de perversité et qui trouvera sa sanction en 1789.

Lisons les liaisons dangereuses car si nous en connaissons la silhouette la chair en est savoureuse.
Commenter  J’apprécie          225
Les Liaisons dangereuses

Roman épistolaire fin et brillant. Les personnages sont magnifiquement dessinés au fil des courriers. Le combat de la perversité contre l'innocence est celui de l'adolescence. Les manipulations sont si raffinées qu'on se prend d'affection pour Meurteuil et Valmont malgré leurs combinaisons diaboliques. Gardez espoir, au terme de cette histoire, le mal sera puni.
Commenter  J’apprécie          220
Les Liaisons dangereuses

Quel chef-d'oeuvre, je suis ravie d'avoir pu découvrir un aussi bon livre ! Je l'ai lu principalement pour le bac de français de fin d'année, mais cette lecture s'est avérée, au fil des pages, plus agréable que ce que je pensais.



La Marquise de Merteuil, voulant se venger de Mr de Gercourt, envoie son vieil ami et ancien amant le Vicomte de Valmont séduire la préposée future fiancée de Mr de Gercourt, la jeune Cécile Volanges. Mais cette dernière va rapidement tomber sous le charme du chevalier Danceny. De son côté, le Vicomte de Valmont va profiter de son séjour chez sa tant madame de Rosemonde pour établir sa "mission", et va s’amouracher d'une nouvelle conquête : La présidente de Tourvel.



Ce roman épistolaire, composait de 175 lettres au total, peut paraître volumineux aux premiers abords, mais les lettres présentées sont toutes très courtes (elles n'excellent pas 10 pages pour la plus longue), et on se prend très rapidement au jeu de l'échange. Le style d'écriture de Pierre Choderlos de Laclos n'est pas compliqué, il peut être à la portée de tous.



Dans ce roman, le libertinage et l'amour sont au centre de tout, présents à chaque page. Le lecteur, étant omniscient, semble découvrir, intimement, la vie de chacun.



Les personnages du roman sont séparés en deux groupes bien distincts ; les libertins, composés de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont, ainsi que les victimes, qui sont toutes les autres personnes piégées et manipulées par les deux personnages sus-mentionnés.



Comme il n'y a pas de réel protagoniste, le lecteur est libre de se forger sa propre opinion sur les caractères de chacun.

Dans un premier temps, nous pouvons prétendre que les libertin sont des "méchants", méchanceté due à l'abus de la confiance des victimes. Ils s'amusent donc des mensonges qu'ils leurs livrent, et entretiennent une certaine complicité entre eux ; ils se révèlent tout, se raconte librement leurs mensonges et leurs mauvais agissements.

La facilité que les libertins ont à berner les victimes, montrent que ces dernières sont très naïves. On pourrait même penser qu'elles sont bêtes... ou trop gentilles. De là, naît un certain attachement à ces pauvres personnes.

Mais après-coup, les stratégies de ces deux compères pour arriver à leur fin nous amuse. Ils font preuve de beaucoup de persuasion, ils inspirent confiance aux victimes, de façon à se qu'elles se confient à eux, sans imaginer la supercherie qui se joue à l'arrière.



Subjuguée par les pages et par les intrigues amoureuses, je n'arrivais pas à lâcher ne serait-ce qu'un instant ce livre.



La fin du récit est très inattendue, c'est l'apothéose, une fin bouleversante, qui montre bien les limites de l'amour.



Si vous n'avez pas lu ce livre, je vous le recommande ardemment. Il est à lire absolument ! Après avoir traversé tant de siècles, il est toujours d'actualité, et apprécié à sa juste valeur. J'espère que des millions d'autres gens pourront, comme moi, avoir le plaisir de le lire...












Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
Commenter  J’apprécie          220
Les Liaisons dangereuses

En cette période où la littérature érotique est semble-t-il tendance et où les relations se nouent et se dénouent à la vitesse de la lumière par échanges de mots ultra compressés, un retour sur cette oeuvre ne manque pas de piquant.

Cetes, on ne trouvera pas dans ce livre des positions inédites du kamasutra mais le désir, l'érotisme ne sont-ils pas sublimés et plus intenses par ce qui suggéré habilement que par la crudité sans détour? Le vertige de l'émotion n'est-elle pas à son zénith dans ce que l'on désigne par un racourci "les préliminaires"?

C'est ainsi que dans cette oeuvre, l'auteur décrypte précisément tout ce mécanisme subtil qui lie, malgré eux, un homme sulfureux (le vicomte de Valmont séducteur sans foi ni loi) et la douce présidente de Tourvel (femme vertueuse). Petit à petit l'Amour, le désir s'embrasent malgré la volonté des protagonistes. Cette alchimie est magistralement exprimée, pas à pas, sous forme épistolaire. Laclos a placé des intrigues périphériques (Cécile de Volanges..) mais cette péripétie participe à la mise en valeur de cette explosion des vrais sentiments entre Valmont et la présidente deTourvel.

La fin, expédiiée et moralisatrice, n'est pas tout à fait à la hauteur, sans doute dans un souci pour le créateur de ne pas avoir trop de soucis avec les différents pouvoirs de l'époque

Magistral
Commenter  J’apprécie          222
Les Liaisons dangereuses

Lettres compromettantes,lettres innocentes,lettres perverses,lettres à double sens,lettres d'amour,lettres cruelles Les liaisons dangereuses ont fait couler beaucoup d'encre à la veille de la Révolution dans un XVIII° siècle des Lumières où les écrivains s'émancipent de toute hypocrisie pudibonde, elles font encore de nos jours plancher les bacheliers et ont été adaptées (sur scène théatrale ou cinématographique) de nombreuses fois.

Rien pourtant ne prédestinait Choderlos de Laclos, essayiste virulent,époux fidèle et général d'artillerie à écrire une telle oeuvre épistolaire libertine, véritable chassé croisé manichéen.

Un couple machiavélique de bourreaux règle ses comptes et avance ses pions sur l'échiquier de l'amour au gré de ses envies:la Marquise de Mertheuil mondaine ,calculatrice, perverse et le Vicomte de Valmont séducteur cruel débauché et bon comédien vont créer un méli mélo de sentiments ambigus chez leurs victimes.

Cécile Volanges,oie blanche sortie du couvent (promise au comte de Gercourt) ne voit que du feu dans les subterfuges vengeurs de la Marquise pour la jeter dans les bras de Valmont qui lui même la précipite dans les bras de son maître de musique Danceny avant de la lui reprendre en même temps que la dévote et pathétique Madame de Tourvel sacrifiée sur l'autel de sa propre vertu.

Ruse,sensualité,emprise,manipulation,ironie,mépris,souffrance, mensonges,outrage,pardon, c'est tout le désordre amoureux, l'ambivalence des sentiments,la confidence des secrets d'alcove qui nous sont donnés à voir.

Un ouvrage toujours d'actualité de nos jours où l'immoralité des machinations perverses, virtuelles ou non, visant à pousser à bout une victime, banderille par banderille sous les yeux d'un public égrillard, dans le seul but de la détruire est à déplorer et à dénoncer.
Commenter  J’apprécie          220
Les Liaisons dangereuses

Un livre laborieux quoique intéressant à lire, de manière grossière, j'aime le fond mais pas la forme. Un jeu de masque grandeur nature par lettre interposée, entre deux séducteurs professionnels: la marquise de Merteuil et le vicomte De Valmont et leurs pauvres victimes: Cécile Volanges, la présidente de Tourvel et Danceny. Des lettres longues, alambiquées de tournures lourdes et pompeuses, avec des intentions peu claires, ou chaque mot est un champ de bataille sur lequel on peut surinterpréter à volonté sont le quotidien de ces personnages.



Le problème ici, c'est que les romans épistolaires se sont développés pour ne pas être que des journaux intimes ou des lettres mais un mélange savant des deux, mais ici, il n'y a que des lettres. Ainsi, au lieu d'être extrêmement intimes, ce que fait un roman épistolaire à succès, nous laissant entrer dans les pensées les plus intimes du personnage, les lettres De Laclos brouillent volontairement les pistes par des lettres retorses.



Les personnages disent une chose à une personne et l'exact opposé à une autre, mais ils sont tous les deux écrits de la même voix. Cela signifie que vous prenez les personnages pour argent comptant ce qu'ils disent, ce qui a rendu ma lecture confuse. Et ce qui conduit le lecteur à être éloigné des personnages en raison de la façon elliptique de raconter l'histoire. Et puis, certains personnages reviennent aux mêmes choses, aux mêmes arguments, aux mêmes platitudes d'amour, encore et encore. Si vous avez lu une lettre De Valmont à Madame de Tourvel, vous les avez littéralement toutes lues. Valmont : Je t'aime ! Madame de Tourvel : S'il vous plaît, ne dites pas cela. Encore et encore et encore.



La progression du récit est si infinitésimale qu'après un certain temps, on pense que rien ne va se passer. Au total, il y a 175 lettres sur cinq mois et presque toute l'action se passe à la toute fin. En fait les grands moments sont presque balayés sous le tapis ! le destin De Valmont et de la marquise de Merteuil est au fond presque un post-scriptum !



Mais c'est un constat qui ne vaut que pour les victimes de nos deux séducteurs car eux, ils sont très intéressants à suivre. Malsains et machiavéliques, voulant jouir à tout prix et surtout au mépris des autres, de vrais aristocrates décadents et immoraux qu'on a envie de décapiter avec plaisir. C'est bien la manipulation du tissu relationnel par nos deux fieffés coquins qui est un délice à voir même si elle est bien longue l'attente. de manière plus large, c'est une étude grandeur nature du vice au sein de la noblesse française ainsi que de l'érosion de celle ci. Mais il me faut tout de même conclure comme j'ai commencé cette critique, une intrigue succulente mais une forme qui est un supplice. Mais un supplice plaisant...
Commenter  J’apprécie          210
Les Liaisons dangereuses

J'ai lu pour la première fois ce roman quand j'étais au lycée. Depuis, j'ai eu l'occasion de m'y replonger à plusieurs reprises car il est devenu l'un de mes romans préférés.

Nous suivons ici les aventures de deux personnages, le Vicomte de Valmont et Madame de Merteuil, deux libertins en rivalité permanente. L'auteur a fait le pari de la forme épistolaire. Le récit avance donc par les échanges de lettres entre ces deux personnages mais pas seulement. Car qui dit libertins, dit conquêtes. Et ces conquêtes vont apparaître davantage comme des victimes que comme des amants pleinement épanouis.



En effet, Madame de Merteuil apparaît comme une femme passionnée, désireuse de se venger de l'un de ses anciens amants tout en ayant réussi à garder les apparences. Elle demande alors au Vicomte de Valmont, libertin notoire connu pour ses frasques, de séduire la jeune et ingénue Cécile de Volanges, tout droit sortie de son couvent pour épouser ce fameux ancien amant. Mais face au peu d'empressement de Valmont, Merteuil va mettre en oeuvre tous les stratagèmes possibles pour la pousser dans les bras de son professeur de musique, le chevalier Danceny.



De son côté, le Valmont vise un projet plus ambitieux : séduire la présidente de Tourvel, une jeune femme mariée, réputée pour sa vertu. Epris de la marquise, celle-ci le met en effet au défi de séduire Madame de Tourvel. S'il réussit, Merteuil cessera de se refuser à lui. Mais sa tâche sera d'autant plus ardue que sa réputation ne joue pas en sa faveur, Madame de Volanges ayant écrit à son amie pour la prévenir de s'en méfier. Pour se venger, il décide donc de séduire Cécile.

Le vicomte va finalement se laisser prendre au jeu de l'amour et tomber éperdument amoureux de la présidente, provocant alors la rage de Madame de Merteuil. D'allié et ancien amant, le vicomte devient à ses yeux un homme agaçant, aveuglé par ses sentiments.



La forme épistolaire sert très bien le récit en nous permettant de découvrir les pensées et émotions de chacun des personnages. La fourberie, la méchanceté et l'égoïsme des deux libertins sont d'autant plus visibles face à l'innocence et la pureté des autres personnages. Leurs actions auront des conséquences dramatiques. Au fur et à mesure du récit, le vicomte et la marquise vont prendre des chemins différents : le premier cherchant la rédemption, l'autre s'enfonçant dans sa vengeance. Mais le vicomte peut-il vraiment trouver le salut ? Et la passion de la marquise trouvera-t-elle une limite ? La raison n'a guère sa place ici, tout n'est qu'histoire de sentiments et de passion. Or, celle-ci semble dangereuse et même destructrice.



Au-delà d'une simple histoire d'amour, Les liaisons dangereuses nous montre la condition difficile des femmes de l'époque. Si le vicomte peut afficher ouvertement ses conquêtes, il n'en va pas de même pour la marquise, qui doit mener la vie qu'elle souhaite sous de fausses apparences. Il n'était pas bon d'être libertine au XVIIIème siècle et Madame de Merteuil va en éprouver du ressentiment à l'encontre de Valmont. Laclos nous pousse donc à nous interroger sur la condition des femmes à une époque où seule la réputation importait.



Laclos nous livre dans une écriture sublime une histoire d'amours passionnées. Le réalisme et la profondeur de ses personnages réussissent même à nous faire douter qu'il s'agit d'une simple fiction tellement ça en est troublant. Je pourrais parler pendant des heures encore de ce livre tellement il regorge de détails. Si la forme épistolaire peut en rebuter certains (de même que sa longueur), personnellement, l'histoire était tellement prenante et les personnages tellement impitoyables que je me suis laissée emportée.



A tous ceux et celles qui aiment les histoires d'amour où vengeances et manipulations sont les maîtres-mots, n'hésitez pas !


Lien : http://drunkennessbooks.blog..
Commenter  J’apprécie          210
Les Liaisons dangereuses

Tant d'encre a coulé pour parler des "Liaisons Dangereuses" depuis sa publication en 1782... Tant d'admirateurs, de détracteurs, tant de débats et de controverses pour ce véritable bijou littéraire dont à la lecture on comprend bien pourquoi il suscite tant de passions!

J'ai rencontré Choderlos de Laclos et son roman sulfureux pour la première fois en classe de 1ère et je ne l'ai plus vraiment quitté. Il m'arrive fréquemment de relire les "Liaisons Dangereuses". Si ces (re)lectures sont toujours d'exquis moments, elles ont également cette incroyable faculté de me donner à voir à chaque fois quelque chose qui m'avait échappé auparavant. Ainsi, se délecter de la correspondance de la marquise de Merteuil, du Vicomte de Valmont et consort c'est autant un plaisir qu'une promesse de découverte et de finesse.

La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont se sont aimés autrefois. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'amis -du moins le croient-ils- et outre qu'ils se racontent mutuellement leurs nombreuses conquêtes, ils n'hésitent pas à s'entraider pour les obtenir. Pour se venger d'une humiliation, l'implacable Marquise défie son complice de séduire une oie blanche -Cécile- promise à l'indélicat qui lui fit subir un échec cuisant. Valmont accepte le pari -quoi de plus aisé que de perdre une oie blanche de réputation et d'y goûter?- tout en menant une intrigue parallèle: séduire la belle mais trop vertueuse Présidente de Tourvel... Oui mais rien ne se passe comme prévu: le chasseur tombe véritablement amoureux de sa proie, déclenchant au passage la colère de sa complice qui n'a pas hésité à sacrifier, entre autre, un candide professeur de musique sur l'autel de sa vengeance... Toutefois, l'issue de toutes ces galantes intrigues aura un gout bien amer, celui du déshonneur et de la mort...

Et ce ne sont que de gros traits pour brosser brièvement une intrigue complexe, cruelle, diabolique et diablement construite. Une intrigue profondément romanesque et subtile qui veut aller au delà du parfum de soufre et de scandale pour dire beaucoup plus. Elle y parvient, non sans brio, grâce à bien des éléments, grâce aussi à des personnages tout simplement fascinants, profonds, très bien écrits. Naturellement, en tête, comment ne pas citer la froide, implacable Marquise de Merteuil, marionnettiste de talent et femme de tête séduisante où le beau et luciférien Vicomte de Valmont, troublant à se pâmer, dangereusement clairvoyant, terriblement audacieux? Ces personnages, mon dieu, ces personnages!

On a beaucoup glosé sur le propos scandaleux, immoral de cet ouvrage. Certes, certes, il est parfois scabreux, libertin (au sens philosophique et charnel) mais sous cet aspect-là, se cache finalement l'idée que toutes les galanteries possibles, que toutes les conquêtes, que toutes les nuits torrides et les jours de fièvre sont bien peu de chose face à l'amour véritable. Au fond, Valmont (presque un romantique avant l'heure!) trouve sa rédemption dans son amour sincère mais malheureux pour sa douce Présidente. Au fond, la marquise ne l'admet pas, mais sa soif de vengeance, c'est un chagrin d'amour qui ne dit pas son nom... C'est là l'un des aspects du roman qui me touche et qui d'après moi fait sa complexité et son intelligence.

Mais bien entendu, ces "Liaisons Dangereuses" ne se bornent pas à ce combat perdu d'avance entre galanteries et amour vrai, ce combat qui fait de ses héros des personnages déchus, un peu byronnien ou qui évoquent les tourments métaphysiques d'un Dom Juan. Il y a tellement plus!

"Les Liaisons Dangereuses" sont aussi le roman de l'alcôve et de la soie, du désir et des excès. le roman de la manipulation: Laclos était un militaire et cela transparaît dans la stratégie que Valmont met en place pour conquérir la présidente de Tourvel. Il y a les assauts directs et agressifs, les retraits "je fais trois pas en arrière pour te pousser vers moi par un pas en avant", les dépêches écrites à son état-major, les diversions... La marquise n'agit pas différemment et chaque acte, chaque parole est pesé, calculé pour porter au mieux le coup fatal à l'ennemi victime non pas des armes mais des mots de ses assaillants. Ces mots utilisés en maître, en virtuose pour séduire, convaincre, persuader, mentir, faire frémir... Tuer. Les mots sont meurtriers chez Laclos et réduisent à merci plus sûrement que l'épée ou le pistolet. De la manipulation le roman glisse même vers la corruption des êtres et la corruption tout court. Ainsi pour parvenir à leurs fins, Merteuil et Valmont ne reculent devant rien ni personne. Quand bien même ils le voudraient, ils ne le peuvent plus tant ils sont aux prises avec le système qu'ils ont eux-même créé. La corruption et le sentiment de puissance sont des engrenages qui finissent par les piéger... et les corrompre... Quand on sait que le roman fut écrit en 1782, soit sept ans avant le déclenchement de la Révolution Française, difficile de ne pas voir dans ce portrait décadent d'une certaine noblesse, les prémices des griefs et des changements à venir...

Enfin, difficile pour moi de ne pas percevoir une certaine forme de féminisme dans le personnage de Merteuil et dans sa lettre LXXXI où elle explique clairement et avec autant de lucidité que de modernité que si elle est ce qu'elle est, c'est dû à son sexe, son éducation. Laclos, ici avec ce qui sonne comme un manifeste féministe avant l'heure, se fait le chantre des Lumières et c'est grandiose!

Plusieurs aspects, donc, dans ce merveilleux roman qui se croisent autour du thème -universel s'il en est- de la passion amoureuse et des rapports humains. Peu d'auteurs peuvent de vanter de l'avoir explorer avec tant de lucidité et de finesse que le fait Laclos ici. C'est autant un travail d'orfèvre et de romancier que de sociologue... Si l'intrigue fonctionne aussi bien, si les personnages sont si profonds, si la réflexion est si fine, c'est en grande partie dû au choix narratif de l'épistolaire, qui induit de fait l'emploi de premières personnes et de focalisation interne. Parlons-en donc de l'épistolaire! Je dis souvent que c'est une forme que je n'affectionne pas ou que je trouve mal exploitée ou surfaite. En réalité, elle n'est nulle part à la hauteur des Liaisons Dangereuses, ce qui explique mon désamour. Ce que je reproche souvent aux romanciers qui se lancent dans cette forme, c'est l'absence de virtuosité dans l'écriture qui fait que chaque personnage écrit comme son comparse. Rien de comparable ici: chaque épistolier a un style qui lui est propre et c'est un délice. Enfin, ce format, quand il est ouvragé comme chez Laclos, est un merveilleux procédé dramatique: les lettres permettent de ménager des ellipses, de montrer la duplicité de certains personnages (ah cette lettre XLVII!), de créer des surprises, de faire monter le suspense et de rendre l'intrigue d'autant plus vivante, palpitante!

Qu'ajouter d'autre enfin? Si, parler de la langue De Laclos qui frôle la perfection formelle, qui sublime notre bon vieux français. C'est aussi cela "Les Liaisons Dangereuses": une beauté qui aime à se faire dire à voix haute mais qui conserve une grâce puissante à l'écrit...

Il ne manque vraiment rien à ce roman pétri d'éclats et d'intelligence, peuplé d'inoubliables personnages. Si je salue et admire la froide intelligence de la Marquise de Merteuil -une des premières femmes puissantes de la littérature-, j'ai une pensée émue pour la douceur de la présidente de Tourvel et un sourire un peu tarte pour le Vicomte de Valmont dont je suis toujours (à mon grand malheur) amoureuse! Et ce n'est Stephen Frears et son excellente adaptation du roman (c'était un pari audacieux et difficile et il l'a gagné haut la main!) qui pourrait me faire changer d'avis. John Malkovitch y est aussi bon que Glenn Close et diablement plus séduisant!



Commenter  J’apprécie          202
Les Liaisons dangereuses

Existe-t-il plus remarquable que les liaisons dangereuses ? Style sulfureux, personnages retors, ce chef d'oeuvre de la littérature libertine est un objet fascinant.



Tout d'abord, les personnages sont croqués avec finesse et précision. Difficile de ne pas résister à la redoutable Marquise de Merteuil, manipulatrice à souhait mais aussi intelligente et d'une grande finesse d'esprit. Avec son compagnon Valmont, elle eclypse facilement les niais Danceny et Cécile, les deux oies blanches qui seront les victimes de leurs manipulations.



Les liaisons dangereuses est à lire aussi bien pour la qualité de son style, l'originalité du choix de l'épistolaire qui apporte un jeu avec le temps et les faux semblants bien maîtrisé ainsi que pour les histoires de manipulation.
Lien : https://lageekosophe.com/
Commenter  J’apprécie          200
Les Liaisons dangereuses

Petite discussion entre deux membres de Babelio, Nadou38 (N) et Jeeves_Wilt (JW), qui ont décidé de faire une critique ensemble, suite à la lecture commune de ce chef-d’œuvre épistolaire.



N: Quelles sont tes premières impressions sur «Les liaisons dangereuses» ?



JW: Le style épistolaire est assez ardu, je pense, du côté de l'auteur. Le style est sans particularité, sauf le langage de l'époque, facile à lire et oblige la mémoire à retenir les 4-5 dernières lettres car les réponses sont souvent espacées, pour laisser place à la compréhension de l'histoire, il y a les correspondances et le roman.

Évidemment le sujet est axé sur les relations libertines, ce qui est fort intéressant du point de vue éthologique, bourré de références et d’éclaircissements sur les mœurs de l'époque. C'est une manière fort agréable de s'informer sur une partie du gratin de l'époque (quoi qu'un livre épistolaire sur les lettres de M. Le président de la rose est sorti récemment). On est en droit de se poser la question de l'actualité d'une telle œuvre, ce me semble... Et toi ?



N: Et bien, pour moi c’est une lecture qui est loin de m’avoir laissée indifférente. Je crois être passée par toutes les émotions avec ce livre : j’ai tour à tour été attendrie, charmée, amusée, écoeurée, émue... des émotions différentes suivants les personnages et qui ont évolué pour chacun d’eux. Mme de Tourvel, par exemple, un personnage qui m’indifférait totalement au départ. Je n’arrivais pas à percevoir sa lutte et son désespoir dans ses lettres adressées à Valmont. Je ne la voyais pas amoureuse...



JW: La Tourvel est une femme bien qui lutte contre l'empire de M. Valmont qui lui écrit des lettres enflammées à faire passer M. Iglésias Julio pour un chanteur de boys band...



N: Oui, je suis d’accord. Dès l’instant où elle se confie à son amie, Mme de Rosemonde, je me suis attachée à elle et je partageais ses émotions. Elle m’a même émue aux larmes dans sa dernière prière... C’est au final mon personnage préféré car même si elle lutte pour rester fidèle à la vertu, elle n’en est pas moins fidèle à son coeur, pour son plus grand malheur... Par contre, la Marquise de Merteuil est un personnage très charismatique, mais que je l’ai détestée ! Du début à la fin ! Cette femme est méchante, oui méchante je trouve, en voyant avec quel plaisir et gratuité elle manipule tout le monde et leur apporte du malheur.



JW: Pour la Marquise, j'ai de l'affection, dû certainement à ma condition d'homme : elle est revendicatrice, insoumise, une guerrière, un peu comme Oscar Wilde. Je l’ai trouvée splendide lorsqu’elle joue les justicières à l'encontre de M. Prévan, duquel je m'étais attaché et qui va prendre une leçon tel un écolier, lui qui pourtant avait l'air expérimenté. Comme quoi, en tout art il ne faut jamais baisser la garde. On bascule entre volupté, effroi et candeur de la part des protagonistes, c'est un régal et ça nous tient en haleine.



N: A la moitié du livre, elle m’a fait pitié lorsqu’elle a raconté son parcours. C’est une femme bien seule en fait, elle est à plaindre bien qu’elle soit odieuse...



JW: Nos avis divergent sur la vision de la Marquise de Merteuil. Elle est géniale cette femme ! Ce qu'elle fait pour améliorer la condition féminine ! Je m'explique : Pour moi M Laclos fait un réquisitoire à l'égalité des sexes. Il faut se replacer dans le contexte ; un homme qui découchait ne pouvait être poursuivi par sa femme, tandis que l'inverse était puni sévèrement, les femmes allaient au couvent comme Cécile et ne bénéficiaient d'aucune éducation amoureuse. Par exemple, Prévan a fait le malheur de trois femmes de plein gré. La Marquise de Merteuil lui a donné une leçon bien méritée, qui malheureusement a tourné à son avantage à lui à la fin du récit, alors qu’il est le plus mauvais des personnages. Autre exemple avec Danceny qui est un piètre chevalier ; il a ou aurait bien voulu tromper Cécile avec la Marquise, mais n'a pas accepté la "faute" de Cécile, comme un lâche...



N: Et pourtant, dans la lettre LXIV, Danceny rédige une réponse magnifique à la mère de Cécile de Volanges, il était trop choupinou, un vrai chevalier :-) J’aurais bien mis sa lettre en citation, mais c’était trop long...



JW: Peut-être oui, mais il l'abandonne, alors que la mère de Cécile était prête à lui accorder le mariage. La Marquise s'explique très bien envers Valmont, elle lui dit que sa lettre ressemble à celle d'un mari et qu'elle n'en veut pas. Pour moi, elle est constante. L’auteur dit aussi, et c'est pas le seul, que la constance est une qualité, tandis que Valmont ne l'est pas!



N: Parlons-en de Valmont ! Quand j’ai lu le célèbre passage où il utilise les courbes d’une maîtresse comme pupitre pour écrire à Mme de Tourvel, je n’ai pas trop su quoi penser de lui sur le moment : il se la jouait manipulateur, mais il se piégeait lui-même.



JW: Je m'inscris en vrai de ce que tu dis. Tu relèves un passage qui plaît aux hommes. Et oui ! Notre côté animal... Une note en bas de page nous explique que déjà en son temps, Voltaire avait écrit quelque chose du même genre.



N: Par contre, je ne comprends pas Valmont qui «lèche les bottes» de la Marquise alors que celle-ci est plutôt moqueuse et cassante avec lui. Tu ne trouves pas ?



JW: Valmont est amoureux d’elle, il est son élève et son amant. Il veut lui prouver qu'il peut être digne d'elle en manipulant Cécile et Danceny, et en séduisant La Tourvel, la femme d'un juge. Force m'est d'avouer que tu as raison, on ressent cela en lisant.



N: Finalement, Valmont me fait plus de peine qu’autre chose. Il a sacrifié, par vanité, le bonheur qui lui tendait la main. Pour ma part, ce que Laclos semble dénoncer à travers son roman épistolaire, ce sont les dangers et conséquences inévitablement tragiques auxquelles on s’expose si l’on s’écarte de la morale, et d’une conduite irréprochable. J’ai bien aimé et je suis vraiment contente de cette lecture !



JW: Excellent bouquin en effet qui, comme pour les grands livres, passe les siècles sans prendre une ride, preuve que l'humain change peu, pas assez... J’ai lu que par la suite, Laclos a participé à un concours académique dont le sujet était « Quels seraient les meilleurs moyens de perfectionner l’éducation des femmes ? », ce qui lui a permis de développer des vues plutôt féministes sur l’égalité des sexes et l’éducation des jeunes filles. Dans son traité «De l'éducation des femmes» resté inachevé, il dénonce l’éducation donnée aux jeunes filles qui ne vise, selon lui, « qu’à les accoutumer à la servitude, et à les y maintenir ». Le thème de l’émancipation féminine avait déjà dans Les Liaisons dangereuses un rôle important…

Commenter  J’apprécie          203
Les Liaisons dangereuses

Je ne regrette pas de découvrir ce chef d'oeuvre sur le tard : l'aurais-je autant apprécié avec quelques années de moins, absorbé par la seule provocation à la morale de ce récit ? Chaque soir, je me suis retiré dans ma chambre avec hâte et plaisir pour retrouver les personnages de cet incroyable roman. Tant pis pour les cernes le lendemain matin!



Tout y surprend : le style, avec ses longues phrases élégantes; l'histoire, amorale, piquante, excitante ; la construction surtout. J'avais toujours reculé jusqu'alors devant ce roman épistolaire, que je craignais froid et distant par le choix même de la description par lettres interposées. Or, en réalité, l'auteur parvient de manière stupéfiante, lettre après lettre, à faire rebondir son récit, à ménager le suspense, à décrire finement ses personnages. Les ellipses donnent un rôle majeur au lecteur, qui devient quasiment un des protagonistes du récit. Connaître déjà l'histoire, cette fin tragique, pour avoir vus les superbes films de Frears ou Vadim ne m'a étonnamment pas empêché de tourner les pages une à une, fiévreusement.



Incroyable que Laclos n'ait laissé à la postérité que ce seul et unique chef d'oeuvre. Je l'ai lu dans une édition récente de la Pleïade qui décrit les multiples variations autour de ce thème libertin, à travers les siècles : cet univers souligne encore l'aspect unique et frappant de l'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          200
Les Liaisons dangereuses

Ce qui fait toute la différence entre cette histoire et les amours – ou désamours ! – croisés qu’on rencontre sur le papier ou l’écran, c’est le raffinement extrême qu’elle manifeste à longueur de lettres, puisqu’il s’agit d’un roman épistolaire.

« Mariage » parfait entre le style et l’intrigue, le premier servant le second avec une hauteur littéraire classique et non moins limpide, Les Liaisons dangereuses sont une perfection narrative.

Le pire peut y être commis et proféré, le texte n’en demeure pas moins une œuvre purement esthétique en soi, qu'on déguste malgré le drame qui s'y déroule.

Les personnages de Valmont et la marquise de Merteuil ne cèdent ainsi jamais à la trivialité, tandis qu’ils manifestent une cruauté sans limite dans un jeu dangereux : entre eux d’abord, ensuite avec leurs proies. Parce qu’ici c’est l’innocence, la vérité des sentiments sans expérience passées au fer rouge de la duplicité. Mais les plus roués calculateurs tomberont eux aussi, à cause d’obstacles souvent insoupçonnés.

Tout s’imbrique suivant une stratégie militaire, ce qui n’est guère étonnant au regard de la biographie de l’auteur, lui-même officier de l’armée royale.

Et dans ces heures d’étalage sans relief des intimités célèbres – qui relèvent plutôt de lésions dangereuses intellectuellement ! –, le livre de Laclos nous toise encore et toujours : quitte à jouer cruellement, autant le faire avec une certaine élégance !

Commenter  J’apprécie          200
Les Liaisons dangereuses

Pour ceux qui ne l'ont pas lu: qu'attendez-vous???

Ce roman épistolaire est un des chefs-d'oeuvre de la littérature française. Il est magnifiquement écrit, à l'époque de l'apogée de la langue française; les relations entre les personnages sont retorses à souhait.

Sa seule faiblesse? son épilogue. Le personnage de Mme de Merteuil est tellement puissant que l'auteur n'a pu s'en défaire que grâce à l'intervention de la justice divine sous forme de petite vérole...

Il y a certains personnages qui sont plus forts que leur créateur...
Commenter  J’apprécie          200
Les Liaisons dangereuses

J’avais aimé le film, Glenn Close est sensationnelle dans le rôle de la marquise de Merteuil !

J’avoue que de me lancer dans cette suite de plus de 170 lettres m’a longtemps refroidie, ayant peur de ne pas retrouver l’enjouement ressenti avec le film, mais cela n’a pas été le cas.



Pour autant, une question subsiste : pourquoi ce recueil reste classé parmi les romans libertins ? En effet, l’auteur prouve la bêtise de la vanité et de la recherche du pouvoir sur autrui rencontrée dans les relations libertines. Il démontre l’insignifiance du plaisir d’écorner une réputation respectable face au poids de l’amour véritable lorsqu’il est mis dans la balance. Ce petit jeu, empli de manigances et de tactiques, va ruiner l’existence des deux principaux personnages que sont la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont. Ici, les bonnes mœurs vont remplacer la débauche, la justice des hommes reprend le devant de la scène, tel un chat qui retombe sur ses pattes.



Le machiavélisme, la ruse et l’orgueil n’apporte qu’une possibilité : la perte dans tous les sens du terme.



C’est un roman remarquable, une écriture riche et agréable à déguster. Un vrai plaisir de lecture !
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
Commenter  J’apprécie          201
Les Liaisons dangereuses

S’il y a parmi vous quelques incultes de mon espèce pour n’avoir pas encore ouvert ce recueil de lettres signé De Laclos, je suppose que bien peu ont raté l’une des nombreuses adaptations au théâtre ou au cinéma. Pour ma part, je reste sur la très favorable impression produite par Stephen Frears à une époque où on l’attentait plus dans le quotidien maussade d’une banlieue anglaise que parmi l’aristocratie française du dix-huitième (le siècle, pas l’arrondissement).

Hé bien voilà, c’est fait!

Et ce fut un régal.

Cette langue d’avant que l’on ne coupe les têtes poudrées et perruquées, quel bonheur! (entendons-nous bien : l’éditeur a permis une actualisation de certains termes ou l’orthographe pour une meilleure compréhension). Il n’en reste pas moins que ces tournures d’un autre âge me ravissent jusqu’à l’émotion la plus pure. Je suis encore tout bouleversé de mes transports (il n’est pas question de déplacement ni de voyage mais bien son acceptation dix-huitième : ardeur, allégresse, joie, enthousiasme, ivresse, délire).

Donc chacun, chacune connait l’histoire, un peu moins le dénouement sur lequel j’aurai la décence de me taire.

Les salons de l’aristocratie étaient de fabuleux terrains de jeux pour qui avait l’âme cancanière et ceux ou celles qui avaient de l’esprit, lorsqu’ils finissaient par s’ennuyer à colporter et partager des ragots à la mode, se divertissaient à jouer avec leurs sentiments.

C’est à croire que ce siècle dépravé (nous étions à la fin d’un monde, un peu comme lors des derniers jours de l’Empire Romain ou ce que nous sommes en train de vivre, mes amis) a inventé l’amour. Plus exactement le jeu de l’amour. Tous les coups, au propre comme au figuré, sont permis. C’est jubilatoire comme lorsqu’on entend une plaisanterie qui ne nous concerne pas. Dans la guerre des mots et des sentiments que se livrent la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, il y aura des victimes collatérales, en particulier la présidente de Tourvel dont j’ai eu du mal à effacer de ma mémoire les traits harmonieux de Michelle Pfeiffer pendant toute ma lecture.

Bref, ces « Liaisons » sont un monument de la littérature épistolaire, à lire (ou relire) absolument. Et puisque une lettre est « le portrait de l’âme », si l’on se remettait à écrire des lettres de papier?

Commenter  J’apprécie          190
Les Liaisons dangereuses

Peut-être le plus célèbre roman épistolaire de la littérature française et , pour moi, le plus beau. Le carrousel des sentiments auxquels se livrent les protagonistes , la marquise de Merteuil ,le vicomte de Valmont, la présidente de Tourvel et Cécile de Volanges, est d’un cruauté extrême et met en lumière ( c’est le mot juste !) des problèmes importants de l’époque , le XVIIIème , comme la condition des femmes . Mais ce qui me ravit à chaque relecture c’est la merveilleuse langue utilisée , sans doute le plus haut sommet du français. A noter que le film « Les Liaisons dangereuses » n’est pas du tout négligeable par la grâce d’acteurs exceptionnels (Alors que le « Valmont » de Forman me paraît à contresens)
Commenter  J’apprécie          190




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Choderlos de Laclos Voir plus

Quiz Voir plus

Les Liaisons dangereuses

Durant quel siècle "Les liaisons dangereuses" furent-elles publiées ?

XXème siècle
XIXème siècle
XVIIIème siècle
XVIIème siècle

12 questions
1191 lecteurs ont répondu
Thème : Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de LaclosCréer un quiz sur cet auteur

{* *}