Le roman épistolaire. Un style auquel beaucoup ont du mal à s’habituer, à s’adapter. Parfois, on entend dire que le roman épistolaire est sans rythme, que l’intrigue semble artificielle mais je répondrais à ces personnes de lire ou de relire les Liaisons Dangereuses car cette œuvre est la preuve formelle que le roman épistolaire offre plusieurs possibles. Laclos joue habilement des possibilités de ce genre et les exploite au meilleur moment. Un même événement est raconté par différents personnages, ou une même lettre arrive dans les mains de plusieurs destinataires. Laclos joue avec les lettres et nous montre alors la psychologie de chacun de ces personnages. En effet, les lettres sont le moteur de l’intrigue pour ne pas dire qu’elles sont au cœur même de l’intrigue.
Intéressons nous davantage à ces lettres et au style que Laclos confère à chacun de ces personnages. Car, c’est la manière dont nous écrivons qui peut dire qui nous sommes ! Je m’explique :
- Cécile de Volanges, tout juste sorti du couvent, possède un style naïf. Elle ne maitrise pas vraiment l’art de l’écriture et ne sait pas mentir. Elle écrit tout ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent sans avoir peur de trop se montrer. C’est la personnalité du personnage encore naïf, qui n’a pas encore conscience de la cruauté des hommes.
- Danceny, tout aussi jeune, s’en sort un peu mieux que son amante mais on est bien loin de la maitrise de la langue. On aurait pu le croire naïf mais le fait qu’il ait davantage conscience du monde qui l’entoure l’aidera sans aucun doute à se révéler à la fin du roman.
- La présidente de Tourvel respecte les convenances. C’est la femme de bonne famille, aux bonnes mœurs. Elle ne se dévoile pas trop, reste courtoise et éconduit poliment quand il le faut.
- Valmont. Mon personnage préféré. Le roi de l’écriture. Il maitrise l’art des sous entendus, des double sens qui mettent mal à l’aise. Si on ne le connaissait pas, on pourrait le prendre pour un poète amoureux mais quand on lit entre les lignes … ce sont des choses bien plus « physiques » dont il est question. J’ai adoré lire l’échange qu’il entretient avec la Marquise de Merteuil où il se révèle être lui-même …
- La Marquise de Merteuil. Celle qui maitrise le langage à la perfection, celle qui détient les ficelles de ce manège, celle qui maitrise l’art de la manipulation à la perfection. Bien qu’on puisse la voir jalouse et craquer son masque dans la quatrième partie du roman, la Marquise n’en perd pas son intérêt. C’est l’observatrice, la marionnettiste qui dirige tel un chef d’orchestre l’intrigue.
Je me suis plongée dans la lecture de ces lettres, les yeux fermés. Je dévorais chacune de ces lettres en me pinçant les lèvres d’inquiétude en voyant les mauvaises nouvelles arriver, en voyant la Marquise prendre du terrain. Je soupirais de soulagement lorsque les choses se passaient mieux pour certains et certaines. Bref, captivée, j’ai dévoré les Liaisons dangereuses comme ces dites liaisons ont dévoré les personnages. Eh oui … ne vous attendez pas à une fin manichéenne comme on peut en lire – trop souvent ! Ici, Laclos nous montre des personnages brisés. Tous sont touchés par les événements et nul ne sort indemne. La fin que Laclos réserve à ses personnages est à mes yeux plus que réussie et convaincante.
Un chef d’œuvre de la littérature classique que je conseille à tout le monde ! Ce fut un plaisir de redécouvrir les liaisons dangereuses et je me suis souvenue en les reparcourant à quel point j’avais apprécié les étudier !
Nota bene : Je vous conseille également de regarder quelques adaptations cinématographiques des Liaisons dangereuses. Adaptations modernes ou plus anciennes. Toutes m’ont plus ou moins convaincues même si certaines s’éloignaient davantage du roman … le principe est là : la manipulation !
Bonne lecture à vous.
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