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Citations de Pierre Jourde (330)


Vous l'aviez su par un coup de téléphone d'Adreienne à ta mère, et puis par les multiples appels de la tante, dont l'organe puissant détaillait les progrès du drame, et vous l'imaginiez dans sa petite salle arpentée de mouches, sous les poutres noircies et les fromages qui séchaient dans les hauteurs obscures, tout excitée par l'agitation environnante. (p. 14)
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En outre, refuser le cliché condamne en général à adopter les postures déjà stéréotypées du poète hérmétique, ou du prophète, ou du peintre de l'évanescent à la délicate sensibilité, etc. Il est vain de chercher à échapper à la culture. Reste à travailler le cliché. Puisqu'il est déjà là, puisqu'on l'assume consciemment, mélancoliquement, c'est déjà qu'on le domine, mais en toute modestie, sans se croire assez fort pour lui échapper.
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Il faudrait d'ailleurs consacrer une étude spéciale à l'usage de Rimbaud, du malheureux Rimbaud, comme figure tutélaire du confort intellectuel moderne, icône industrialisée de la révolte, grigri chargé d'exorciser chez le poète la pensée taraudante qu'il n'est, au fond, qu'un ordinaire raseur.
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On tombe alors souvent dans ce travers très français : le goût du joli, de la formule, marque du littéraire entendu comme art décoratif du langage.
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"... Un pays sans culture est un pays mort, dépourvu d'âme..."
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Que reverrons-nous au juste? On voudrait l'éternité avec le temps. Il nous faut ce qui passe et nous redoutons que cela passe.
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Dans la faculté qu'a le village de féconder des légendes, depuis les vacances de notre petite enfance jusqu'aux jours présents, la route ne compte pas pour rien.
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Les Particules élémentaires reprennent également un thème d’Extension du domaine de la lutte, la compétition sexuelle sans espoir d'un petit Blanc frustré avec le mythique «nègre» bien membré de service. Plus explicitement encore, l'intrigue de Plateforme repose en partie sur la violence des jeunes issus de l'immigration ou l'intolérance de l'islam. Le père du narrateur est tué par un Maghrébin parce qu'il avait couché avec sa sœur. On croise le parcours d'une jeune femme ignoblement violée dans un train de banlieue par quatre individus «de type antillais». Les banlieues sont en état de guerre civile:

Au cours des semaines suivantes la psychose ne diminua pas, elle eut même tendance à augmenter. Sans cesse maintenant dans les journaux c'étaient des profs poignardés, des institutrices violées, des camions de pompiers attaqués au cocktail Molotov, des handicapés jetés par la fenêtre d'un train parce qu'ils avaient «mal regardé» le chef d'une bande.

Un Égyptien cultivé regrette en des termes vigoureux l'islamisation de
son pays:

Plus une religion s'approche du monothéisme […] plus elle est inhumaine et cruelle; et l'islam est, de toutes les religions, celle qui impose le monothéisme le plus radical.

Enfin et surtout, la femme aimée par Michel, le narrateur, son unique chance de bonheur, est massacrée par un commando de musulmans puritains dans un centre de vacances consacré au tourisme sexuel. Michel est un moment obsédé par la vengeance:

Chaque fois que j'apprenais qu'un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j'éprouvais un tressaillement d'enthousiasme à la pensée qu'il y avait un musulman de moins.

Sa haine cesse à la suite d'une conversation avec un banquier jordanien selon lequel «les jeunes Arabes ne rêvaient que de consommation et de sexe. Ils avaient beau parfois prétendre le contraire, leur rêve secret était de s'agréger au modèle américain: l'agressivité de certains n'était qu'une marque de jalousie impuissante». L'islam étant condamné, il n'y a plus de raison de le haïr.

Eugénisme, plus racisme, plus référence à la pensée new âge semblent faire des Particules élémentaires et de Plateforme les bibles romanesques de l'extrême droite. Quand on y ajoute une apologie de la prostitution dans le tiers monde, c'est-à-dire d'une exploitation de la misère qui constitue une forme moderne de l'esclavage, le tout semble franchement répugnant. Abdel-Illah Salhi en tire les conséquences logiques dans Libération en parlant nettement de racisme, et d'«attitude honteuse et dégradante». D'ailleurs, tout cela mériterait des coups plus encore que des réfutations.
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Si tout est positif, plus rien ne l'est. Les opinions se résorbent dans une neutralité grisâtre. Toute passion a ses fureurs. Faut-il parler de la littérature en se gardant de la fureur ?
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Le grand écrivain est celui qui transcende les fonctions basses dans un lyrisme échevelé.
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Tentation, immédiate, de s y rencogner, comme on se love sur soi même, contre le monde, y trouver une amère délectation. Accepter le plaisir, c'est accepter de vivre, donc accepter la douleur que réveille la joie, accepter que la vie ranime de temps à autre la mort. Etre pleinement à la mort pour ne plus avoir à subir ce permanent écartèlement.
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Arriver en Auvergne, c'est assister au spectacle de la terre saisie par une progressive ivresse de courbes. On les voit naître, se déployer devant soi, arriver à leur épanouissement et puis se replier lorsque d'autres surgissent à leur tour, comme des vagues. Et ce mouvement éveille une inflexion intérieure, l'épouse, l'attire à lui, la prolonge vers le monde qui semble alors lui promettre se s'étendre jusqu’à la plénitude.
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C'est vrai que je ne peux pas m'empêcher d'assortir l'expression de ma tendresse, de mon admiration ou de mon amour d'un peu de rudesse, ou d'ironie, pour éviter ce qu'il peut y avoir pour soi, mais aussi pour l'autre, d'un peu gênant dans le pathos. Asséner son amour en bloc et sans le casser un peu, c'est coincer l'autre dans un coin, lui rendre la réplique très difficile. j'ai fini par comprendre qu'il fallait aider l'autre à recevoir l'amour.
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Mais il n'y a plus de morts, plus de peur des fantômes. La grande population des morts a quasiment cessé de se mêler à nous. L'apartheid est désormais un fait accompli. Les morts n'ont plus le droit de résidence dans nos villes, ils ne peuvent pas emprunter nos routes, monter dans nos bus. On les maintient dans des ghettos d'où ils ne sortent jamais, et où nous n'entrons plus. Et, à mesure que les morts nous quittent, et leur silence, nous nous déréalisons.
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De même, si on s'avise de sortir son trousseau de clés au moment où l'ascenseur va arriver sur le palier, et si le trousseau nous échappe des mains, il n'y a rigoureusement aucune chance pour qu'il tombe sur le plancher de l'ascenseur. Les clés ont bien calculé leur coup, elles savent ce qu'il faut faire, et tac, elles se glissent directement dans l'interstice entre la plate-forme de l'ascenseur et la porte palière, elles chutent d'étage en étage, et atterrissent au fond de la fosse. Pour récupérer les clés, il faudra s'adresser au concierge, mais il est quatorze heures et la loge ne rouvre pas avant dix-huit heures. A dix-huit heures, le concierge écoute votre histoire de l'air de celui qui vous prend ostensiblement pour un maladroit, un con et un emmerdeur. Il appelle de mauvaise grâce la société d'entretien de l'ascenseur, laquelle n'a personne de disponible, il est vendredi, ils passeront le lundi à une heure indéterminée, ça tombe bien, lundi vous êtes pris toute la journée, il faudra qu'ils remettent les clés au concierge. Au fond de la fosse, les clés ricanent, vous pouvez presque percevoir leur petit rire grelottant.
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Est-ce notre faute si,dans une pièce de 60 m2 absolument vide, à l'exception d'un vieux buffet,dès qu'on fait tomber une pièce de 2 euros, elle ira systématiquement sous le buffet, c'est inéluctable, c'est quasiment scientifique.
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Où en étais-je déjà ? Je ne sais même plus de quoi je parle, ni même quel est le sujet exact de ce récit.
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Envers ma mère, ma grand-mère s'était montrée, toute sa vie, notamment à la fin, d'une patiente, d'une inventive, d'une impavide méchanceté. Ce qui rendait d'autant plus nécessaire la piété filiale. Ma mère agissait comme si ma grand-mère avait vraiment été une bonne mère. C'était sa manière à elle de s'imaginer qu'on l'avait aimée quand même, je suppose.
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Nous nous enfonçons dans le simulacre. Les gens qui vivent dans cette société font de leur vie une fiction, et ils y assistent, de l'intérieur, comme devant leur écran. Quand ils font l'amour, quand ils jouent au football, ça n'a plus de réalité, c'est encore la télé. (p. 201)
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Dans le double living-salle à manger, des photographies de mes hôtes hilares, de part et d'autre de leur fils impassible, colonisaient les cheminées et les étagères. Ils avaient l'air si fiers de figurer sur la photo en même temps que leur vedette favorite que je me suis surpris à me demander pourquoi il ne les leur avait pas dédicacées. (p. 178)
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