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Citations de Pierrette Fleutiaux (68)


Page 178
« You saved my life », dit enfin Destiny.

Vous avez sauvé ma vie.

Anne va protester, mais, les yeux au loin, tranquillement, Destiny répète : « you saved my life ». Et Anne comprend qu’en effet il est question de vie et de mort, de mort et de vie, et que le respect lui impose de se taire. Un instant de silence, en hommage à ces choses mystérieuses qui les dépassent, elle Destiny, elle, Anne.

On entend les cris et rires des enfants, le soleil leur chauffe les bras, Victor au loin joue au ballon avec ses fils. La réalité revient autour d’elle.

Glory est toujours sur son cheval à ressort, à le secouer de ses petites mains. Anne lui adresse un petit sourire, Glory fait de même en retour. Et comme Destiny et elles ont quitté leurs manteaux et lainages, tant il fait chaud maintenant sur le banc, et que leurs bras nus sont côte à côte, elles observent ces bras, comparent leur couleur, vraiment blanche pour l’une, sombre et luisante pour l’autre.
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Les pompiers sont arrivés, de très jeunes gens, extrêmement dévoués et efficaces. Mais : "Allez, papy, on va vous emmener à l'hôpital"; mon ami les a pris à part : "Nous sommes en état de faiblesse momentanée, ce n'est pas une raison pour nous traiter comme des déficients mentaux."
J'imagine sa voix posée, son autorité naturelle. Les gamins se sont excusés. Ce n'est pas "papy" qu'ils ont emmené à l'hôpital, mais M. Claude J.
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« Je suis à l’ordinaire plutôt réservée, je n’aime pas parler qu’à bon escient et redoute toujours les situations où il faut exprimer des émotions. » (p. 35)
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Pierrette Fleutiaux
Phil est ainsi. L'ouragan passe près de lui, mais il n'entend qu'un froissement léger, et l'ouragan, ignoré, méprisé, devient ce froissement léger.
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Les migrants sont capables d’exploits qui relèvent du miracle. C’est dans le grand livre des migrants que se trouvent les miracles d’aujourd’hui.
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On ne peut vivre sans les autres, ils font partie de ce qui rend votre paysage vivant, chaleureux parfois, et parfois irritant à vous briser les nerfs. (p. 171)
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Je suis une fille rebelle et je suis une fille soumise. J'ai confiance en moi parce qu'une mère a veillé sur moi, je n'ai aucune confiance en moi parce que je suis veillée par une mère. Je suis solide parce qu'elle tient à moi, je suis friable parce que je tiens à elle.
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C'est la nuit,et comme chaque nuit,je me lève, me hisse sur une chaise,ouvre ma fenêtre, puis m'accoude à la pierre,et contemple le dehors.Il fait froid et on m'a recommandé de ne pas ouvrir les fenêtres la nuit.
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Page 151-152
Il y a beaucoup de choses qu’Anne pourrait faire pour Destiny, beaucoup de choses qu’elle ne fait pas. Elle pourrait la prendre comme femme de ménage à la place de la jeune Roumaine qu’elle emploie quelques heures par semaine. Clandestine, elle ne pourrait être déclarée. La jeune Roumaine, elle, est européenne et a les papiers nécessaires. Il faudrait la congédier pour que Destiny puisse prendre sa place. Sa situation est bien meilleure que celle de Destiny, néanmoins précaire : elle attend que son jeune fils soit inscrit dans une classe spécialisée, qui accueille des enfants ne parlant pas encore le français, pour le faire venir. Elle ne se plaint jamais mais parfois Anne voit combien ses traits sont tirés, ses yeux inquiets. Elle ne voit son fils que de loin en loin, il habite chez la grand-mère en Roumaine. S’il part, la grand-mère sera seule.

Anne n’a pas proposé quelques heures de ménage à Destiny.

Son appartement lui paraît trop étroit pour la contenir. Pour contenir Destiny et son énorme cargaison de malheurs.

Il lui semble que si Destiny entrait dans son appartement, celui-ci, tel un bateau surchargé, pourrait sombrer. Elle voit littéralement Destiny posant le pied dans l’entrée et aussitôt les murs tanguer, le parquet s’incliner.

Elle craint de les trouver un jour devant sa porte, elle et toute sa famille : cinq personnes. Et d’avoir à les héberger, à les faire vivre. Cinq personnes.

Ce mot « fraternité » dans la devise nationale. Il l’intimide, l’embrouille. Elle ne le comprend pas. Ce mot est sans limite définie, c’est un gaz volatil qui peut se répandre indéfiniment dans l’espace, il donne le vertige, comme lorsqu’on se penche sur le bord de la nuit étoilée.

Anne aurait pu acheter un ordinateur à Destiny, un vélo, l’emmener en vacances ave elle. Elle aurait pu aller la voir en chacun de ses centres d’hébergement, mieux, elle aurait plu la prendre chez elle.

Chez elle, elle n’est pas seule. Il y a des enfants qui y ont leur chambre, leurs jouets, il y a un homme surtout. Anne ne peut imaginer Destiny de l’autre côté de la cloison de leur chambre.

Ses rêveries, dans la rue, en attendant le métro ou le bus, vont comme suit : elle gagne une très grosse somme au loto, elle lui achète un appartement, qui sera à elle quoi qu’il arrive, et voilà, elle est débarrassée d’un gros souci, elle a le cœur léger, c’est magique.

En réalité, elle ne joue pas au loto. Une ou deux fois, elle a acheté un billet en pensant à Destiny. Rien. Des rognures grisâtres pour les billets à gratter, ou un numéro aberrant pour les billets à numéros. Et une sourde colère. Voilà tout ce que le hasard consentait à Destiny : ces miettes de papier, ces chiffres idiots.

Devant la porte du bar-tabac, un mendiant. Pensant à Destiny toujours, elle ne donnera rien à ce mendiant inconnu, ce mendiant anonyme. Mieux vaut garder ses pièces pour Destiny. Donner à cet homme, c’est voler Destiny. Même raisonnement avec tous les mendiants.

Destiny : son excuse. Sa belle excuse.
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Je suis allée courir au parc.Il faisait chaud . À peine au milieu de la rue Legendre, j'ai regretté de n'avoir
pas pris une bouteille d'eau.Mais où la mettre quand on court? La rue Legendre descend tout droit à travers le quartier commerçant. Au carrefour de la rue de Lévis, sur la placette, s' est installé un nouveau kiosque à journaux , et j'ai regretté de ne pouvoir prendre une revue.
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Quant aux violettes, c'est son coeur secret qu'il a confié à leurs modestes pétales. Il a toujours été un peu fleur bleue.
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Le malade peut à peine parler mais la voix de la maladie est triomphante, elle étale avec une impudeur effroyable ses enflures et ses crevasses, de lionnes mendiants de Bosch sont pitoyables, mais grossis par la loupe, les hommes disparaissent. il ne reste plus que la maladie, la radieuse, exubérante maladie.
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On ne devine pas ce que c'est ce hissement perpétuel, chez ceux qui portent au coeur de leur chair une langue d'enfance qui est une langue méprisée. Chez certains, il a pour effet secondaire la violence. Chez ma mère, c'était l'épuisement.
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Pierrette Fleutiaux
Je le sentais au bas de l'escalier avant même de l'entendre. Un nuage d'énergie rayonnait vers le haut, alertait toutes les marches, les rendait sensibles, dans l'attente, comme les notes d'un clavier sur lequel va venir le joueur.
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Pierrette Fleutiaux
Sa peau me répondait, je posais ma tête sur son ventre et il me semblait me coucher sur un sol ravagé par les obus et exhalant des années après la même intolérable détresse
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La multitude d'Anne : toutes les entités qu'elle abrite, floues, trouées, se déformant au moindre choc, la personne qu'elle n'est pas, qu'elle pourrait être, voudrait être, ne voudrait pas être, ne sait être, croît être, et d'autres venues du dehors, une foule vaguante, pas plus sans doute que chez quiconque. ou plus peut-être, comment savoir.
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« La toile m’avait emprisonnée. […] Elle m’étouffait, elle était gigantesque, j’étais noyée dans ses couleurs, prise jusqu’au cou. » (p. 86)
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Le bonheur est dangereux, le bonheur trop vif attire le malheur il faut être prudent avec le bonheur. Les gens de la campagne le savent.Ils ont des tactiques , des parades.On ne dit jamais "ça va bien" , mais "ça ne va pas trop mal, ma pauvre".Cela, ma mère veut bien le reconnaître, elle en rit.Elle est devenue une femme de la ville, elle aussi, elle a pris ses distances et elle s' amuse à me décrire ces comportements anciens.Mais jamais, jamais, elle ne veut en retourner l'enseignement sur elle - même.
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Dan surgit partout dans l'espace de ma mémoire, pour conjurer l'angoisse et m'aider à y échapper
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On fait avec le vieux parent comme on a fait avec ses enfants : on voudrait qu'il mène une vie saine, fasse du sport, ait de bon amis, se porte bien et ne colle pas aux basques. On fait ce qu'on sait faire. On devient tyrannique.
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