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Critiques de Rachel Khan (91)
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Racée

Je ne me doutais pas qu'un jour, je pouvais être jugé non sur ce que j'ai fait dans mon existence, mais sur ce que je suis : un mâle blanc hétérosexuel (vade retro satana). Cadre supérieur au cœur d'une grande agglomération urbaine ou paysan creusois crève-la-faim, peu importe, ces mâles blancs doivent rendre compte des « crimes » commis par leurs aïeux, mettre un genou à terre en signe d'éternelle repentance, supporter stoïquement l'injure parce qu'elle est justifiée, quand bien même il faudrait pour cela remonter jusqu'aux croisades…

J'ai lu « Racée » pour essayer de comprendre ce radicalisme identitaire des minorités dites « visibles », ethniques ou d'origine sexuelle. Ces minorités qui exigent que « deux clans s'opposent. Ceux qui seraient strictement identiques, « nos frères », et les autres, la cause de tous les drames. »

Essayer de comprendre cette recherche absolue d'homogénéité, ces revendications victimaires et souvent outrancières qui inondent les réseaux sociaux, la signification de mots à la connotation vaguement stalinienne, émasculateurs, comme « intersectionnalité » ou « déconstruction » …

Mais ce livre écrit par la très courageuse Rachel Khan (les haineux victimaires lui en ont mise plein la figure) m'a apporté bien plus. Beaucoup plus. D'une certaine manière, il m'a réconcilié avec moi-même.

Avec comme fil conducteur les propos sages et provocateurs de Romain Gary ou d'Émile Ajar ou d'autres identités prises par ce personnage flamboyant, avec beaucoup de poésie et de drôlerie, Rachel Khan démonte ces mots qui enferment, qui rétrécissent, qui accusent, qui rejettent pour en promouvoir avec vitalité et sans haine d'autres : intimité, création, désir. Des « mots qui réparent », des mots qui recousent, des mots qui ont des bras grands ouverts, des mots qui apaisent, qui additionnent, qui font sourire, qui aiment…

Rachel Khan a parlé avec beaucoup de tendresse de ses origines, cette mosaïque de religions, de langues, de pays, de couleurs. Moi, je suis le fruit improbable de paysans corses madrés et de grands bourgeois bordelais. Par quel hasard, par quel chemin tortueux ces gens-là se sont-ils rencontrés ? C'est cette histoire que j'aimerais lui raconter, avec son lot de drames, de défaites, de mystères et de jours heureux.

En chacun de nous, il y a une grande Comédie Humaine.



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Noire n'est pas mon métier

Découverte imprévue de cette comédienne- documentariste, Aïssa Maïga, samedi dernier, à l'émission matinale, "Thé ou Café" , où cette pétulante

quarantenaire défendait son parcours, ses convictions et engagements artistiques et féministes.... et simplement universellement humaines...dont

cet ouvrage de rencontres avec 16 autres artistes, de couleur, - comédiennes , de théâtre ou de cinéma, etc...ouvrage prolongeant le documentaire également réalisé

par Aïssa Maïga...!



J'ai acquis ce petit livre très dense, séance tenante; lu en quelques heures...

Que de boulot, que de boulot partout... pour lutter, freiner tous les ostracismes, les exclusions, les racismes ordinaires, sournois, perfides, s'infiltrant dans le moindre interstice !....



Les témoignages vigoureux de ces seize artistes déterminées et de talent est un ouvrage salutaire, pour se dire qu'en ce monde dit-moderne, où les frontières se sont ouvertes, élargies, la réalité des réseaux sociaux développer, il faut poursuivre les batailles contre les racismes et les ségrégations de toutes sortes.....



Dans ce recueil de rencontres, seize femmes dans le monde du cinéma et du spectacle raconte des anecdotes qu'elles ont vécues comme des

humiliations, ou vexations déplaisantes envers la couleur de leur peau ...

sans tenir compte le moins du monde de leurs compétences et de leur personnalité propre !....



"Sabine Pakora - "L'imaginaire colonial "



Je ne m'étais jamais définie par ma couleur de peau. (...) Une fois, après un casting sans suite, on m'avait rétorqué qu'on ne cherchait pas de "Noire"; j'objectais que je candidatais en tant que comédienne, pas en tant que "Noire". (p. 77)



Un formidable réservoir de courage, d'amour de la Vie, des Arts, et de richesses individuelles métissées, qui nous enrichissent tout un chacun....au quotidien, si on y est attentif et réceptif !....



"Sonia Rolland - " Pas assez africaine" ou "trop foncée"...



je suis le fruit d'un amour qui provient de deux cultures, de deux horizons lointains. Celui d'un père français, blanc, et d'une mère rwandaise noire : ces deux-là ont décidé un jour envers et contre tous qu'ils s'uniraient et auraient des enfants dans un monde pas encore tout à fait prêt à comprendre cette singularité." (p. 87)

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Noire n'est pas mon métier

16 actrices noires, d'origine africaine, des DOM TOM ou métisses, témoignent de leur quotidien en tant que professionnelles voulant vivre de leur profession. Certaines ont eu des 1° prix de conservatoire, d'autres ont fait des écoles réputées , mais toutes confirment combien c'est dur d'évoluer dans ce milieu. Qu'elles soient victimes d'humiliations, de racisme, de clichés, de préjugés, ce qu'elles racontent est édifiant de la part d'un milieu qu'on pensait ouvert et tolérant ,

116 pages qui m'ont mise en colère…

Je connaissais seulement trois noms et six visages sur les 16 .

Alors qu'aux USA , séries et films cartonnent avec un casting 100% black (Black panther") ou 100 % asiatique (Crazy Rich Asians"), en France, on n'"ouvre pas la porte"...

Je croyais que le cinéma était aussi une industrie ? Car il y a de l'argent à se faire, des emplois qui se perdent…

Quels cons !

Connaissez- vous , un(e) acteur/actrice: tahitien(ne)? Guyanais(e), de Nouvelle- Calédonie ? etc...

A l'heure , où la France est black/blanc/beur/asiatique,

à l'heure où, de plus en plus d'enfants venus d'ailleurs, sont adoptés, à l'heure du métissage , le cinéma français, n'ose pas . Le cinéma français met les gens de couleurs dans des cases ( les actrices noires jouent des femmes de ménage, des dealeuses, des putes etc... , ) , elle est pas belle la vie, sous le soleil français ? Pour les directeurs de casting, une actrice noire ne peut pas jouer une avocate . ( Comble de l'ironie, cette actrice ( noire ), Rachel Khan, EST Diplômée en droit.. )

Ailleurs, l'herbe est plus verte , on décroche des premiers rôles, des rôles intéressants . Ailleurs " noire n'est pas un métier" ; on peut devenir : Viola Davis, Marianne Jean-Baptiste, Kerry Washington. pour ne citer qu'elles …

" La seule chose qui différencie la femme de couleur de toute autre personne, c'est l'opportunité." Viola Davis

Elles sont solides et courageuses, ces 16 actrices françaises .

Et elles sont belles aussi , bien plus charismatiques que pleins d'actrices blanches auxquelles, je suis sensée m'identifier et dont je tairais les noms parce que je suis gentille .

( Et que je ne vais pas voir leurs films , vu que je ne dois pas m'identifier assez fort … )
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Noire n'est pas mon métier

"Je n'appartiens pas à la diversité, c'est la diversité qui est en moi puisque je suis comédienne. Noire n'est pas un rôle. Noire n'est pas un métier non plus"



Voici l'une des citations marquantes qui émaillent ce court recueil de témoignages. Noires, métisses, elles ne se définissaient pas ainsi, ne se voyaient pas ainsi, quand elles ont fait de la danse classique, pris des cours de théâtre, fréquenté un conservatoire de musique … Leurs ambitions se heurtent souvent, trop souvent, à un mur de clichés, de préjugés. Elles sont comédiennes, actrices, sportives, humoristes … Un livre qui interpelle
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Noire n'est pas mon métier

Noire n’est pas mon métier est un très court ouvrage regroupant 16 témoignages de 16 actrices françaises de couleur. Alors que l’on parle très régulièrement du racisme aux Etats-Unis, il est important de rappeler que le racisme existe également en France. Ces 16 femmes ont pris leurs courages à deux mains pour nous parler d’un tout petit instant de leur vie où le racisme ordinaire leur a fait du mal. Petits instants où ces femmes ont perdu leurs identités pour n’être plus que des « noires », des « renoirs » des « blacks » ou encore des « bamboulas ». J’ai trouvé cet ouvrage d’autant plus fort qu’ils parlent de choses du quotidien, de racismes ordinaire. Racisme que l’on voit tous les jours, sans violence apparente mais qui fait mal. Racisme que j’ai moi-même surement utilisé sans vraiment le considérer comme tels et sans vouloir offenser qui que ce soit. Cet ouvrage a été un choc car les clichés sont, encore aujourd’hui, beaucoup trop ancré et qu’il est important de les combattre. Merci à ces femmes qui nous rappellent qu’il y a encore des choses à changer, à améliorer et qu’il est important que les médias, notamment le cinéma, prennent enfin en compte ce qu’est la France d’aujourd’hui.
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Racée

Un essai dont j'espérais beaucoup mais qui, en dehors des nombreuses citations et des bribes de poèmes sur lesquelles s'appuie l'auteur, ne m'a pas apporté grand-chose sinon l'impression que m'inspirerait un saumon remontant à contre-courant un torrent pour me démontrer qu'on peut nager tout à aise autrement qu'en suivant le cours de l'eau.

Rachel Khan est plurielle.

Noire par son père.

Blanche par sa mère.

Sénégalaise et Gambienne par son père.

Polonaise par sa mère.

Musulmane et animiste par son père.

Juive par sa mère.

Ex-athlète de haut niveau.

Juriste.

Essayiste.

Comédienne.

Consultante sur LCI.

Etc etc etc

Ah... j'oubliais l'essentiel : elle est femme ; une femme féministe qui ne l'est pas vraiment... une femme antiféministe... sans aller jusque-là.

Et de tous ces petits morceaux de mosaïque, Rachel Khan fait de sa personne ( humour... oui et non ) une femme "racée".

Son essai tend donc à démontrer qu'on peut être racée sans être racisée, que le racisme ce n'est évidemment pas bien... mais que l'antiracisme dévoie la cause qu'il est supposé défendre... par ses prises de positions, certaines de ses postures, sa dialectique... son verbe.

"Les mots doivent normalement servir nos échanges. J'ai remarqué que depuis quelques années, certains mots nous séparent alors qu'ils devraient nous recoudre."

Ainsi part-elle en guerre contre ces mots qui divisent : "souchien", "afro-descendant", intersectionnalité", "diversité", "mixité et non-mixité", "vivre-ensemble"

"Toute une série de mots nous font – c'est mon intuition – aller vers un drame, vers une séparation. Et au lieu de nous soulager, ces mots ravivent nos blessures et nos souffrances."

Telle est la thèse qu'elle déploie tout au long de cet essai, avec pour credo : "Les discriminations se combattent toujours dans l'ouverture et vers la lumière et non pas en pointant les anciens bourreaux comme c'est le cas aujourd'hui".

Et pour ne pas être uniquement dans l'indexation, dans la dénonciation, Rachel Khan tempère sa démonstration en terminant sur un éloge du silence :"Aujourd'hui, on vit dans le vacarme, dans un monde où il faut beaucoup parler. Il y a une libération de la parole, ce qui est une bonne chose dans certains cas, mais lorsque l'on est dans une succession de monologues, on ne s'écoute plus. Il faut pourtant beaucoup de silence pour échanger car on ne peut pas tous parler en même temps".

Une lecture où il m'a semblé alterner des réflexions intéressantes avec du verbiage dans lequel notre pauvre saumon boit quelquefois la tasse.

Nuances et complexité ont du mal à se faire une place dans cette époque bousculée et chaotique ; Rachel Khan s'y essaye... sans que j'accroche totalement à sa démonstration dans laquelle il y a ou trop de saumons ou pas assez d'eau.
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Les grandes et les petites choses

Difficile de rentrer dans le moule quand on est fille, noire, juive, issue d'une mère blanche et d'un père noir musulman, et un grand-père maternel rescapé de la Shoah. Allez-vous intégrer avec ça !

Passionnée de danse Nina se fera jeter du cours parce que noire, dans la danse classique ça fait désordre. Heureusement elle est d'un optimisme débordant doublée d'une boute en train, la nature lui a offert un don : celui de courir comme une gazelle. Lors des entrainements, elle tombe amoureuse de Jackson, mais Jackson ne la voit pas. Pire il tombe dans les bras de sa rivale de compétition : Nadia.

Les écueils sont de tailles lorsqu'il s'agit de se confronter au quotidien. La populace vit de ses préjugés et de ses schémas depuis trop longtemps implantés. Si certains sont tolérants, d'autres ont encore des efforts à faire. Rachel Khan nous décrit les brimades et le rejet permanent, la seule issue est de devenir une star pour que cesse enfin ce vent de haine.

Un roman qui se boit comme du petit lait, les chapitres s'enchainent les uns après les autres. L'écriture est simple avec les mots de la rue, les mots de tous les jours. Ceux qui vous frappent de plein fouet et qui pénètrent en vous comme des dards empoisonnés.

J'ai hésité entre quatre et cinq, j'ai mis cinq car j'y ai été de ma petite larmichette vers la fin du bouquin.

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Racée

Quel courage d'affronter ainsi les "identitaires " à la Rokhaya Diallo, ou les "indigènes de la République" en affirmant son refus de se faire assigner à la place que ces gens là veulent imposer à ceux qui partagent sa couleur de peau! Elle savait bien qu'elle n'aurait que des injures à y gagner, comme tous ceux que ces nouveaux racistes qui se prétendent antiracistes considèrent comme des traitres à la "cause".



"La cause" fait d'ailleurs partie des "mots qui séparent" (avec "souchien", "racisé" et d'autres) qu'elle analyse avant de passer aux "mots qui ne mènent nulle part" ("vivre-ensemble", diversité", etc), en faisant passer dans cette réflexion sur les mots, toute la profondeur d'une pensée que la richesse de son parcours de sportive de haut niveau, juriste de haut vol, collaboratrice d'hommes politiques d'ampleur nationale, directrice d'association, écrivain, actrice, ... lui a permis de développer.



Quel dommage qu'elle se laisse aller (le résultat d'un attachement immodéré et difficile à comprendre à la lecture de Derrida et d'autres philosophes également impénétrables?) à écrire, de temps à autre, quelques phrases incompréhensibles.



Que le lecteur se rassure, cela n'arrive pas si souvent que cela, même si la densité de ces passages abscons augmente vers la fin de l'ouvage, dans les "mots qui réparent" et dans la conclusion.



Mais il est toujours plus difficile de donner les directions à suivre pour remédier aux défauts que l'on analyse que de les décortiquer, et il reste que c'est déjà, vue de la manière originale qu'a Madame Khan de voir cela, une excellente matière à réflexion dont il serait dommage de se priver.



C'est donc une lecture que je conseille vivement.
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Les grandes et les petites choses

Pas facile de trouver qui l'on est en général... alors quand on est le fruit d'identités multiples et d'histoires dramatiques, c'est encore plus compliqué. C'est ce que raconte Rachel Kahn / Nina Gary en exposant le long chemin entrepris à peine sortie de l'adolescence pour tenter de se connaître. Issue d'une famille réunie par l'amour, elle porte en elle la mémoire de la Shoah du côté maternel et celle de l'esclavage du côté de son père africain. Métisse, Nina cherche sa place entre l'affection de son grand-père avec lequel elle partage sa foi et les visites à la synagogue, et sa couleur de peau transmise par son père. Cette couleur de peau qui la désigne aux autres mais qui ne donne d'elle qu'une image incomplète. Qui lui interdit par exemple d'envisager une carrière dans la danse classique... La narratrice se heurte à l'image qu'on lui renvoie et qui nie une partie de sa personnalité. Elle finira par trouver son chemin grâce à l'athlétisme, sur le sprint, et à accepter cette prédisposition génétique comme une chance.

Un témoignage sincère qui a certainement fait beaucoup de bien à l'auteure. Un thème toujours intéressant à aborder dans une société de plus en plus multiculturelle, confrontée aux préjugés et aux rejets des uns et des autres. Mais je pense avoir lu sur le sujet des livres qui m'ont beaucoup plus touchée. Peut-être parce que l'auteure n'arrive pas à transformer ce récit personnel en un roman qui toucherait à l'universel.
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Racée

Rachel Kahn écrit avec "Racée" un essai à la façon d'un roman.Elle se fait aider par de nombreuses citations.Bien que n'ayant pas accroché à certains chapitres, qui s'enfilent parfaitement, j'ai trouvé sa démonstration séduisante.Il me faudrait certainement relire le livre et "les mots qui réparent"pour bien assimiler cette position courageuse que Rachel Kahn a choisi de défendre avec brio.
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Racée



Une saine et intelligente réflexion particulièrement bien construite sur l'imposture de la posture des identitaires généralement mélanodermes, qui se prétendent victimes de tout et de n'importe quoi.



Ceux-là usent de mots violents qui séparent et piègent les éternels culpabilisés qui usent, quant à eux, de mots prudents ou creux qui ne mènent nulle part.



Convoquant les plus grands esprits de notre culture (Glissant, Garry/Ajar, et bien d'autres), Rachel Khan trouve plus constructif, plus humain, d'user plutôt de mots qui réparent et qui, en définitive, affirment notre humanité commune...



Bravo Madame Khan ! J'ai aimé, comme j'ai apprécié votre "soeur" Madame Mabrouk.



Pat.
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Noire n'est pas mon métier

Je me suis précipité sur ce livre quand j'ai vu que des actrices que j'aimais beaucoup (Nadège Beausson-Diagne et Firmine Richard en tête) apportaient leurs témoignages...et ce que j'ai lu m'a sidéré.



Certes, je savais qu'il pouvait y avoir du racisme et du sexisme dans les milieux artistiques...mais je n'aurais jamais imaginé que ce fût à ce point-là. Ce livre est, purement et simplement, un constat alarmant de certaines pratiques dans les milieux artistiques, notamment lors des castings où certaines de ces actrices sont reléguées dans les rôles de "Noires de service", sans oublier l'accent exagéré et stéréotypé qui va avec...



Ce cri d'alarme était donc nécessaire pour nous rendre compte de tout le progrès qu'il y a encore à accomplir pour intégrer réellement ces actrices noires, en dehors des stéréotypes dans lesquels on souhaite parfois les enfermer.



Un conseil : si vous aimez ces actrices, lisez ce livre !
Lien : http://leslecturesduprofesse..
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Racée

C'est un livre qui va un peu contre-courant. "Noire, gambienne, d'origine musulmane et catholique par son père, blanche, juive et française par sa mère". Rachek Kahn a tout pour faire partie des mouvements militants, à elle de choisir lequel ou lesquels. Mais non, elle a choisie être comme tout le monde, égale à tout le monde.



Et pour dire sa pensée, elle fait appel aux mots du militantisme : les mots qui séparent, les mots qui ne veulent rien dire et les mots qui réparent (ou qui pourraient le faire).



C'est un livre contre les excès des militantismes, où elle montre les défauts. C'est un livre écrit avec un certain humour caustique que certains peuvent trouver agressif, mais qui ne l'est pas plus que ceux des militants.



J'ai entendu une phrase un de ces jours : "L'exagération dans les arguments peut tuer la cause". Et je pense que c'est bien ce dont elle parle.



Elle n'a sûrement pas fait des ami(e)s avec ce livre mais elle montre sa liberté de parole et je trouve bien d'avoir ce courage de ne pas se soumettre au "politiquement correct".
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Noire n'est pas mon métier

"stéréotypes, racisme et diversité : 16 actrices témoignent" dit le quatrième de couverture. Chacune avec son style raconte une anecdote ou une tranche de vie en 4 à 10 pages pour expliquer ce qu'est leur vie en tant que femme noire pratiquant le métier d'actrice. Chacune de ces composantes compte à un moment ou à un autre dans leur expérience.

J'ai évidemment été révulsée par les actes sexistes voire les agressions sexuelles évoquées, qui ne m'ont malheureusement pas surprise.

J'ai été frappée et consternée de constater à quel point l'industrie du cinéma français, à tous les échelons, à toutes les étapes, s'obstine pour beaucoup à reproduire des stéréotypes de genre, de classe, de "race" (plus ou moins ensemble et pas forcément dans cet ordre), à quelle point elle est fermée et aveugle à la société multicolore et multiculturelle dans laquelle elle évolue.



Pourquoi est-il si difficile de prendre une personne pour ce qu'elle est : un être humain à qui on doit le respect - qu'elle soit femme, qu'elle soit noire, qu'elle soit actrice, ou n'importe quoi d'autre - ?!



Un livre à mettre entre toutes les mains.

Notamment intéressant pour des enseignants avec des adolescents (je dirais à partir de la 4ème).
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Noire n'est pas mon métier

Les refus de la boite à clichés



Le propre des comédiennes, comme des chanteuses ou chanteurs d’opéra, est d’incarner des personnages qui ne sont pas elles/eux. Des rôles pour des capacités dramatique ou comique, des tessitures vocales… Il est possible de jouer une jeune femme ou un jeune homme malgré les années marquant le corps, incarner Othello en grimant son visage – car semble-t-il un « maure » ne saurait être imaginé autrement. Sans oublier ces rôles de jeunes hommes – Chérubin, le Chevalier à la rose – joués par des femmes, pour des raisons d’ambiguïté littéraire. Mais qu’en est-il de Wotan, Lady Macbeth, Juliette, Marianne, Andromaque et autres ?



Pourquoi la pigmentation de la peau est-elle un prétexte pour exclure certaines « de l’immense majorité des opportunités artistiques d’un pays pour tant doté d’une véritable industrie culturelle » ?



Dans le prologue, Aïssa Maïga parle des actrices noires ou métisses. Elle aborde, entre autres, « un regard à la fois sexiste et raciste posé sur son corps, sa culture d’origine, son appartenance réelle ou supposée à un groupe ethnique », le racisme nébuleux, la myriade de mots méprisants ou d’observations condescendantes, la discrimination avec largesse du cinéma français, « Discrimination à l’embauche, invisibilité, plafond de verre, déficit de crédibilité lorsqu’elles ou ils accèdent à des postes à responsabilité, quand ils ne sont pas tout simplement exposés de façon stratégique, trophées d’entreprises qui veulent apparaître vertueuses en termes de diversité », le vide retentissant en termes de représentation « de la réalité sociale, démographique, ethnique française », les terribles impensés, « l’imaginaire social, miroir tendu à la nation, est une source qui nourrit ou détruit le lien social »…



Seize comédiennes, leur art et leur rêve, « Femmes, noires, actrices. Françaises à part entière et entièrement issues d’une autre histoire. Nous ne sommes pas seules ».



Quelques éléments et analyses, choisies subjectivement.



Les assignations, la focalisation sur les cheveux ou les accents – réels ou fantasmés -, la sexualisation raciste des corps, l’inculture et la bêtise, les mots blessants, (« Je suis attentive aux mots, aux textes que je joue »), la présomption de non-appartenance à la France, les gestes violeurs, les « bouchers obsessionnels qui sévissent et qui écorchent ton être pour se sentir beaux et forts », l’érotisation du corps et la réduction de la personne à un objet silencieux, les barrières contre le jeu, « Je veux juste qu’on arrête de nous regarder et de faire comme si on avait déjà parlé alors qu’on a pas ouvert la bouche »…



Les films intérieurs, le désir d’expression et de jeu, « Aucune pièce de théâtre, aucun scénario de film ne détermine que certains rôles sont pour les Blancs », la pigmentation trop noire pour certains et pas assez pour d’autres, ne pas être à sa place dans les lieux « où les parures et les fragrances jouent pleinement leur partition », être cette ombre inqualifiable « qui écrase mon travail d’actrice circonscrit à des rôles tristement attendus », les clichés délétères, l’écran blanc de mes nuits noires… « Je n’appartient pas à la diversité, c’est la diversité qui est en moi puisque je suis comédienne. Noire n’est pas un rôle. Noire n’est pas un métier non plus »…



Vouloir être comédienne sans les limites que d’autres ont tracées sur soi, le fantasme du corps de la femme noire, la soi-disant pénurie de rôles, ces accents imités ou créés contre nous, les castings et les images et la découverte de soi comme noire, la relégation vers des « personnages périphériques et toujours en situation de subalternes », les constructions de l’exotique, l’imaginaire occidental qui stigmatise ou récupère, la couleur de la peau et les constructions sociales, l’ethnicisation des relations dans le monde du travail, le métissage, ce « blanc·he » qui semble interdit à prononcer, ces adultes en enfants fatigué·es…



Quelques films, quelques rôles, ce qui n’est plus un horizon inaccessible.



Ecoutez les paroles de ces femmes, celles qui s’auto-définissent comme Afro-Armoricaine, Afro-Yiddish tourangelle, « poto-mitan » ou autrement – ou qui ne font pas – « la filiation s’invente et se tricote, on peut faire ça, oui, devenir l’enfant de quelqu’un sans que le sang s’en mêle ».



Les mots de comédiennes aspirant à jouer parce qu’elles en ont le talent, l’envie, le désir… Elles ne se tairont pas.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Les grandes et les petites choses

Avoir dix-huit ans ce n'est pas si facile. Avoir dix-huit ans, être une fille à la peau teintée de sombre et aux fesses qui débordent, c'est encore plus difficile. Mais être fille, avoir dix-huit ans, un père gambien, musulman, anglophone, une mère "couleur chair", libraire, et un grand-père juif polonais, c'est une mosaïque très compliquée à accorder. Nina, la narratrice de ce très joli premier roman, se heurte à toutes les histoires et toutes les couleurs dont elle est composée : colonisation, esclavage, extermination, religions, langues... Dépositaire de récits et de silences, elle erre dans un labyrinthe de contradictions, d'oppositions et de paradoxes qui se matérialisent dans sa relation aux autres que ce soit à la fac de droit d'Assas, au cours de danse ou dans les vestiaires d'un club d'athlétisme. Comment se construire une identité propre dans ce maelström d'origines et d'histoires ? Comment savoir qui elle veut être et quelle place elle veut occuper ?

Et si c'était justement toutes les tragédies dont elle est issue qui lui donnaient sa force, sa conscience et son être ? La maîtrise de sa vie passe par celle de son propre corps, accepté tel qu'il est, soumis aux impératifs de la course, de la rapidité pour échapper mais aussi pour rattraper et, enfin, réintégrer joyeusement ses diverses filiations.

Grandes choses ? Petites choses ? Comment faire la part des choses ? Peut-être en refusant de trier et en accueillant le tout ensemble comme une richesse et non plus comme une malédiction ?



C'est un beau personnage que cette Nina pleine d'énergie pétillante et tout sonne juste dans le roman de Rachel Khan. Les jeux sur les mots, les torsions de la langue reflètent pleinement les dissonances voire les incohérences de ce que Nina affronte. De la mosaïque disloquée des débuts elle parvient à créer une harmonie apaisée et c'est un beau message d'optimisme lucide. Une très agréable lecture !
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Racée

Ouvrage intéressant mais dans le fond difficile à apprécier car basé sur un nombre trop important de citations.



Bien que je ne sois pas d’accord à 100 % avec ce qu’explique Rachel Khan, je comprends avec aisance ses pensées et son ressenti à l’égard d’une certaine frange des « communautés dites minoritaires ».



Au fond de moi, j’espérais que ce sujet ne soit qu’un lointain souvenir dans notre histoire.



Chaque être est complexe et possède sa propre histoire. Pourquoi rester figé dans un passé qui nous emprisonne dans une case !



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Noire n'est pas mon métier

Une série de témoignages d'actrices noires, évoluant dans le milieu du cinéma français. Comment elles sont cantonnées à des rôles stéréotypés de femmes noires, souvent pauvres... Comment elles sont victimes de sexisme... comment elles sont moins payées que les autres... comment elles doivent parler avec un accent africain... Comment elles sont trop noires ou au contraire trop claires... Victimes d'une double discrimination, elles racontent. C'est édifiant !
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Les grandes et les petites choses

Lu dans le cadre des 68 premières fois.



Lecture touchante.

J’ai été émue et emportée par Nina, véritable boule d’énergie qui se débat pour s’en sortir entre les grandes et les petites choses ou l’Histoire avec un grand H et son histoire.

Prisonnière du passé de ses aïeux, elle souffre du poids de l’héritage de ses parents, d’autant plus que ces derniers restent silencieux sur leur douloureux parcours. C’est donc dans les livres qu’elle va chercher les clés pour réussir à s’intégrer dans une société qui se dit ouverte à la mixité sociale mais qui, en réalité, lui ferme toutes les portes. Grâce à sa fougue, à une volonté farouche de s’en sortir, elle finira par se trouver, à forger sa propre identité.

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Racée

Quel livre! Mais quel livre!!!

Quand Rachel Kahn déconstruit les constructions creuses, le vocabulaire galvaudé des "déconstruits", intersectionnelles et autres "racisés"... quand Rachel Kahn dénonce l'utilisation abusive de mots, vidés de leur substance, qui masquent les pensées creuses, l'incompétence et/ou l'arrivisme... quand Rachel Kahn pointe l'abus "DU vivre-ensemble" prononcé à toutes les sauces, qui, dans les faits, interdit de vivre ensemble... quand Rachel Kahn témoigne de sa condition de Métis, issue d'un mariage mixte qui ne serait qu'une stratégie des Blancs pour diluer la cause des "racisés"...

A lire! à lire pour résister à ces semeurs de haine... résister de toutes nos forces!
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