AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Raphaël Meyssan (62)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Raphaël Meyssan découvre qu'un dénommé Lavalette, membre du

Comité central de la garde nationale pendant la Commune de Paris, vécut dans la rue où lui-même réside. Il part à la recherche de ce voisin communard et nous livre une enquête passionnante dans les différentes archives nationales.Il croise Victorine et, de la même façon, tente de reconstituer son histoire. Un jeune crieur de journaux, futur logo de la maison d'édition de François Maspero, surgit aussi dans le détail d'une gravure.

(...)

Cette démarche originale permet une appréhension de la grande Histoire par les destins individuels. Une histoire populaire en somme. Époustouflant !



Article complet sur le blog.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          140
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

La commune de Paris, avec ses espoirs de plus d'égalité et de justice, vit ses dernières heures. Encerclée de toute part, en infériorité numérique, en carence de vivre et de munitions, petit à petit ses combattants doivent reculer devant l'armée de Versailles.



Terrible jours que ceux-là... La semaine sanglante qu'on l'appelle, et cela lui va bien.

Pour Lavalette et Victorine, les combats se poursuivent jusqu'au bout. Ils défendent leur idéaux avec convictions et passions mais cela de suffit pas. On s'est attachés à ses combattants, à cette femme forte qui porte fièrement ses rêves et ses espoirs malgré une vie émaillée de peine et de douleur.

On ressent toute l'horreur, toute la cruauté de la répression. Elle est terrible, les morts sont des milliers, les exécutions sommaires. Hommes, femmes, enfants... On extermine ceux qui ont osés défendre la commune. Terrible période, tragique rêve que la Commune de Paris...

Merci à Raphaël Meyssan qui a su retranscrire et faire vivre cette période trop méconnue. Trop peu glorieuse pour la France certainement. Je salue son énorme travail de recherche et d'archivage de toutes ses gravures qui composent les illustration de la bande dessinée. Un témoignage du passé qui ne laissera personne insensible.
Commenter  J’apprécie          130
Les damnés de la Commune, tome 2 : Ceux qui n..

Raphaël Meyssan a réalisé une bande dessinée en trois tomes consacrée à la Commune de Paris en recourant exclusivement aux gravures d’époques. L’objet livre est donc unique et original.

Voici le deuxième volume « Les damnés de la commune 2. Ceux qui n'étaient rien » qui relate un épisode de l’insurrection porteuse d’un idéal de démocratie et d’égalité. Entre le 19 mars et le 9 mai 1871 les insurgés vont tenter une république démocratique et sociale alors que la Commune de Paris vient d’être proclamée.

Comme Raphaël Meyssan, le narrateur, on sait que la Commune ne durera que soixante-douze jours mais les insurgés l’ignorent et espèrent une société plus juste. Pour que ça marche aurait-il fallu utiliser la violence en marchant sur Versailles comme Marx le suggérait ?

Très vite Paris est encerclé, d'une part par l'armée allemande et d'autre part par les versaillais.

Les fédérés se battent mais vont devoir céder du terrain jusqu'à la prise du fort d'Issy qui sonnera la défaite.

L’auteur nous fait suivre les traces de Lavalette et de Victorine Brocher. Il illustre par le vécu de ces deux personnes ayant réellement existés les combats violents qui vont être menés par les damnés de la Commune. Il met aussi en avant le courage des femmes et donne l'exemple d’André Léo, Louise Michel ou Madame de Rochebrune et bien d'autres femmes du peuple dont l'histoire n'a pas toujours retenu le nom.

J’ai également appris que d'autres villes se sont rebellées et ont proclamé leur Commune notamment Marseille.

Si les témoignages des communards sont privilégiés par Raphaël Meyssan, la documentation référencée à la fin de l’album est très abondante, ce qui donne un grand intérêt historique à cette bande dessinée.





Challenge Riquiqui 2021

Commenter  J’apprécie          120
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

Je termine cette trilogie avec le coeur lourd.

Nos ancêtres ont rêvé la liberté, l'égalité, la fraternité, ont souhaité renverser les puissants pour se diriger eux-mêmes, et avec quelle barbarie ces puissants les ont abattus !

On en apprend de belles sur certains écrivains ou politiques... bref...

Grâce aux dessins de l'époque, on est plongés dans cette partie de notre histoire sanglante, qui est si mal abordée dans nos écoles.

Merci à Raphaël Meyssan !
Commenter  J’apprécie          120
Les damnés de la Commune, tome 2 : Ceux qui n..

J'ai toujours été fascinée par l'histoire de la Commune, et ce second tome continue à raconter cette partie de notre histoire avec brio !

Et comment l'on s'aperçoit que parfois rien ne change et que tout est un éternel recommencement, que ceux qui ne sont rien parfois se rebellent face à ceux qui ont tout....
Commenter  J’apprécie          110
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Ce roman graphique, premier d’une série, ou au minimum d’un diptyque, est sous-titré « A la recherche de Lavalette ». Son point de départ est en effet la découverte faite par Raphaël Meyssan à la Bibliothèque Historique de la ville de Paris de la présence d’un communard, un certain Charles Lavalette, en 1870, précisément dans la rue où il habite. Il est donc son voisin, en quelque sorte, et cela lui donne envie d’en savoir plus. La deuxième idée consiste à ne rien dessiner, mais à numériser des gravures du XIXème siècle, extraites de journaux ou de livres illustrés, à les agrandir, les découper, les juxtaposer, en y ajoutant des bulles, pour leur faire raconter l’histoire du Sieur Lavalette.



L’auteur découvre aussi le récit autobiographique de Victorine B., une parisienne d’un milieu populaire, femme d’un garde national, qui relate les aléas de sa vie de jeune femme, et les malheurs qui l’atteignent. Il est touché par ce témoignage et va en faire alterner le récit avec ses recherches sur Lavalette et la narration des événements politiques qui marquent les années de 1867 à 1871 (pour cette première partie).

J’ai trouvé formidablement réussis le découpage, la mise en page et l’utilisation de documents illustrés d’époque, ainsi que l’insertion de textes d’archives variés, et tout à fait passionnantes les recherches autour de son « voisin » et le récit de Victorine, qui mérite une compassion toute particulière.

Sans doute un historien ou un lecteur passionné par cette période n’y découvrira-t-il rien de vraiment nouveau, mais l’ensemble est cohérent, les illustrations donnent une idée de la vision des éditorialistes de ces années-là, et le texte contemporain réajuste cette vision à nos critères. Un très beau travail, dont je lirai volontiers la suite quand elle paraîtra.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          110
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

En ce qui concerne les commémorations actuelles, je préfère sans hésitation La commune de Paris à Napoléon. Comme j'associe ces événements à la lecture, je me suis fait plaisir avec ce roman graphique "Les damnés de la Commune" de Raphaël Meyssan dont les illustrations sont réalisées uniquement à partir de gravures d'époque.

C'est le documentaire proposé par Arte qui m'a donné envie de lire la bande dessinée en trois volumes.

Pour le premier album "A la recherche de Lavalette" on se retrouve immergé dans un Paris qui gronde à la fin des années 1860. Alors que le préfet Haussmann modernise la ville pour les bourgeois, la misère et les loyers augmentent. Face à la contestation populaire qui prend de l’ampleur pour une République sociale, Napoléon III tente de détourner la colère contre un ennemi extérieur et déclare la guerre à la Prusse.

Raphaël Meyssan raconte ce qui s'est passé avec beaucoup de précisions historiques en faisant une enquête et en utilisant des documents d'époque. On assiste donc aux prémices de la Commune à travers des personnages ayant réellement existés. C'est en cherchant un dénommé Lavalette qui a habité son immeuble et qui fût membre du comité central de la garde nationale sous la Commune de Paris en 1871 qu'il va découvrir l'existence de Victorine Brocher sur laquelle il concentre toute son attention. Elle devient un témoin essentiel grâce au récit qu'elle a écrit et surtout, elle montre l'engagement des femmes durant l'insurrection.

Passionnant et à suivre...





Challenge Riquiqui 2021
Commenter  J’apprécie          100
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Les Damnés de la Commune - 1 - A la recherche de Lavalette - Raphaël Meyssan



Roman graphique ou bande dessinée.

Cette BD est entièrement élaborée avec des illustrations issues de journaux ou de livres de l‘époque.

Le narrateur, qui vit au Xxème siècle, part à la recherche, à travers les archives, d’un communard nommé Lavalette et qui a vécu dans l’immeuble ou lui-même vit aujourd’hui. Au cours de ces recherches, il découvre les écrits de Victorine, jeune femme qui vécut la révolution de 1871 et qui a laissé un témoignage écrit de cette période. Et l’on suit les événements de la Commune de Paris à travers la vie de ces deux protagonistes.



Une magnifique BD, originale, intéressante et instructive sur la Commune.

La numérisation et le travail sur les illustrations d’époque à du être une tâche colossale. Mais le résultat est impressionnant. Chapeau à l’auteur et j’attends la suite avec impatience.
Commenter  J’apprécie          100
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Il aura fallu six ans à Raphaël Meyssan pour réaliser cette BD dans laquelle il n’a fait aucun dessin. Chaque case est en effet issue de gravures parues dans des livres et journaux du 19ème siècle. Un travail colossal de numérisation et d’organisation pour faire des décors et des personnages de ces gravures des éléments concrets de l’histoire. Une histoire qui débute de nos jours à la bibliothèque historique de la ville de Paris. Meyssan tombe sur un document qui parle d’un communard du nom de Lavalette ayant vécu à l’adresse de l’immeuble où il habite, à Belleville. A partir de cette information, l’auteur va chercher à retracer le parcours de son lointain voisin et découvrir sous un jour nouveau les événements ayant conduit à la révolution de 1871.



Un album passionnant. J’ai trouvé cet album passionnant. Certes, le lecteur ne peut qu’être désarçonné par la forme au départ. Mais très vite on constate qu'il n'y a rien d'artificiel dans l’utilisation des gravures. Leur agencement donne le rythme de la narration, narration qui respecte pour le coup tous les codes de la bande dessinée.



L’enquête, riche de centaines d’heures passées aux archives, riche de déconvenues, de fausses pistes et d’un brin de chance, montre que Lavalette est catalogué comme activiste fauteur de trouble par les forces de l’ordre. Cependant, bien peu de traces de lui subsistent suite à la destruction des archives de la police durant la Commune. Difficile d’établir son véritable état civil, difficile de connaître son métier et son rôle dans la révolution.



ais à force d’abnégation, Meyssan parvient à dresser le portrait pas toujours reluisant d’un homme qui n’aura cessé de le fasciner. En parallèle les gravures illustrent le témoignage bouleversant de Victorine B., une parisienne vivant avec mari et enfants dans la misère la plus totale au cœur de Montmarte au moment où les barricades sont dressées par la population. Le chevauchement des histoires de Lavalette et de Victorine offre à la fois de la puissance et une véritable cohérence à l’enquête menée par l’auteur.



Rien n’est inventé, ni dans les faits relatés, ni dans la chronologie des événements. Évidemment le propos souligne une prise de position engagée en faveur des rêves de justice sociale portés par les acteurs de la Commune, ces hommes, femmes et enfants morts pour défendre un idéal auquel ils ont cru jusqu’au bout. Mais la réalité historique n’est à aucun moment déformée dans le sens de cet engagement. Et au final, l’utilisation des gravures permet de remettre la Commune dans son contexte, avec les matériaux graphiques de l’époque, révélant ainsi la vision que cette époque avait d’elle-même.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          100
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

Raphaël Meyssan nous donne un nouveau rendez-vous avec Victorine et Lavalette dans ce troisième et dernier album de son roman graphique sur la Commune de Paris "Les damnés de la commune : Les orphelins de l'histoire". Il est le narrateur et commence par nous montrer les persécutions anticléricales commises par certains communards. Heureusement, Lavalette n'en est pas et encore moins Victorine qui continue à se battre sur les barricades face aux versaillais. Ces derniers avancent dans Paris et exécutent des survivants au Père-Lachaise près d'un mur qui deviendra un lieu symbolique : le mur des Fédérés.

Seul, le quartier de Belleville résiste et devient l'ultime refuge des communards car l'armée occupe Paris et fusille massivement. Les rafles commencent et les militaires arrêtent les gardes nationaux et tous les suspects, y compris femmes et enfants.

C'est la Semaine sanglante. Entre le 21 et le 28 mai 1871 les massacres ne s'arrêtent que lorsque le choléra menace. Les historiens estiment qu'ils sont peut-être vingt mille hommes, femmes et enfants à avoir été assassinés.

Les partisans de l'ordre on gagné. En 1879, les républicains de l'ordre qui étaient à Versailles pendant la Commune arrivent au pouvoir. Mais le nouveau régime n'est pas la République sociale dont rêvaient les communards, mais une République de l'ordre social.



Album passionnant dont la particularité est d'être conçu uniquement avec des images du 19e siècle et qui met bien en lumière la complexité des enjeux politiques de l'époque.





Challenge Riquiqui 2021
Commenter  J’apprécie          90
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

Dernier opus d’une aventure graphique originale : raconter la Commune à partir des dessins parus dans la presse du XIXème, revus et mis en scène par un graphiste du XXIème siècle. Le résultat est à la hauteur des précédents volumes : puissant dans son propos, brillant sur la forme, bien qu’ici la tonalité générale s’assombrisse. Les espoirs soulevés par les journées révolutionnaires s’achèvent par les massacres de la semaine sanglante. Adolphe Thiers tient fermement les rênes du pouvoir alors que le sang du petit peuple de Paris s’étale sur les pavés. Une grande leçon d’histoire, une tragédie humaine et une réussite romanesque.
Commenter  J’apprécie          90
Les damnés de la Commune, tome 2 : Ceux qui n..

Sur un parti pris graphique identique, Raphaël Meyssan poursuit son histoire de la Commune de Paris racontée à partir des gravures parues dans la presse de l’époque.

Ce deuxième tome se concentre sur son épisode le plus sanglant. Après sa proclamation en mars 1871, la Commune de Paris bascule dans une révolution qui ne dit pas son nom. Elle sera anéantie dans un bain de sang peu de temps plus tard. Resserrée sur les faits historiques et ses principaux acteurs, l’histoire suit pas à pas l’évolution de l’action. La gravure y tient presque le rôle de la caméra des chaînes télé tout info d’aujourd’hui. L’effet est bluffant ! Cependant l’absence d’une figure contemporaine pourtant présente dans le premier tome affaiblit l’entreprise. Sans ce jeu d’interrogation entre les périodes, la narration presque linéaire perd parfois de son originalité et de sa force.

Commenter  J’apprécie          90
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

Le temps a passé avant que je vienne clôturer cette trilogie sur la commune de Paris.

Rappelons nous le tome 1,

...

Une démarche innovante, un lieu, un nom, des événements marquants de notre histoire, des archives, des recherches et une imagination débordante s'appuyant sur des gravures d'époque en compagnie d’un certain Lavalette et d'une certaine Victorine ...

....

Rappelons nous le tome 2,



Quand des gravures de l'époque nous permettent de vivre ces événements de l'intérieur dans ce Paris des années soixante dix....1870 !

Instructif ... je vous disais !



Maintenant le tome 3,

Le 16 mai 1871, la colonne érigée par Napoléon Place Vendôme va être renversée, on croit croiser Jacques Tardi qui pourrait être sur les lieux pour préparer ses albums sur la même période de l’histoire,

Le 17 mai, pillage de l’église notre dame des victoires,

Le 20 mai, la commune se divise mais l’assemblée du 4e arrondissement oblige ses représentants à rester solidaire de la commune,

Les jours s’enchaînent, le 21, Passy tombe, le 22 Montmartre est le lieu des luttes, le 23, les Tuileries brûlent …

Ainsi se réduit le théâtre des opérations,

Jules Ferry, Émile Zola en prennent pour leurs grades,

Sans pour autant taire les dérapages des insurgés, certains en profitant pour se laisser aller à de basses manœuvres.



Le scénario nous accompagne jusqu’à la semaine sanglante, puis les départs des uns et des autres pour l’exil.

C’est judicieusement fait, nous nous passionnons page après page.

Que dire de l’illustration … comme nous sommes dans le recyclage des gravures d’époque, nous pouvons louer la mise en page remarquable, admirer la mise en valeur de celles ci et la cohérence entre le texte et l’image.



Pour finir, juste quelques lignes adressées à Raphaël Meyssan …

Je vous rassure

Vous avez fait plus que correctement votre taf

Victorine vous a confié son histoire, vous avez pris le soin de la mettre en texte et en image sans en dénaturer le propos, et comme elle vous l’avait demandé, vous l’avez partager, vous nous l’avez transmis,

À nous d’être aussi maintenant des vecteurs … que les communards n’aient pas perdus inutilement la vie pour nous transmettre les valeurs universelles qui étaient les leurs … un peu de liberté… d’égalité… et surtout de fraternité !
Commenter  J’apprécie          70
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

A Paris, un immeuble sur la colline de Belleville. A la recherche d'un voisin communard qui vivait là un siècle et demi plus tôt, Raphaël Meyssan signe un incroyable roman graphique. Sur les traces de Lavalette à travers des archives, des journaux ou des livres, en utilisant des illustrations d'époque ingénieusement découpées et en suivant le fil de ce destin particulier, il parvient à faire revivre la Commune. Impressionnant !
Commenter  J’apprécie          70
Les damnés de la Commune, tome 2 : Ceux qui n..

Rappelons nous le tome 1,

...

Une démarche innovante, un lieu, un nom, des événements marquants de notre histoire, des archives, des recherches et une imagination débordante s'appuyant sur des gravures d'époque.

....

Que dire du tome 2,

Le travail que représente cette BD est remarquable de précision, de détails tous plus vrais que nature, les gravures sont parsemées de textes qui nous permettent de remonter l'histoire, de comprendre la succession des événements qui ont fait que Paris est devenu la Commune, la ville qui a tenté de faire vivre une démocratie représentative du peuple, du petit peuple.

Le point fort de l'illustration des événements historiques est justement l'utilisation à juste raison des gravures de l'époque qui nous permettent de vivre ces événements de l'intérieur dans ce Paris des années soixante dix....1870 !

Préparez vous à un grand spectacle... quand sur les deux pages s'inscrit une magnifique gravure de Paris .... quand la précision de ces tableaux est si remarquable, tous les petits détails y sont exposés ... quand le découpage des images renvoit à une belle vision de ce qui se passe ou de ce qui va arriver ... on reste pantois, admiratif devant un tel travail de recomposition ... remarquable je vous dit.

L'histoire est racontée en la resituant dans le contexte de l'époque, les autres solutions sont imagées et montrent les impasses devant lesquelles se trouvaient les décideurs de l'époque.

Le livre est découpé en période retraçant les différentes étapes .. le 19 mars ... gagner du temps ... les proclamations des communards ... ils ne tireront pas ... toutes avec tous ...au grand soleil d'amour chargé... la bataille du fort d'Issy.

Certains noms sont mis en avant, notre mémoire les a parfois oubliés ... Auguste Blanqui ... Flourens et bien sûr Lavalette.

Une inconnue pour moi, André Léo ... ( me Wikipedia vient à mon secours :

Victoire Léodile Béra, dite André Léo, romancière, journaliste militante féministe entre socialisme et anarchisme, membre de la Première Internationale ).

Pour clore cette deuxième partie, un plan de Paris restitue les lieux des différents événements avec un rapide résumé des faits et une carte de France pour nous éclairer rapidement sur ces villes qui ont tenté elles aussi de suivre ou de précéder la capitale !

Instructif ... je vous dis !
Commenter  J’apprécie          70
Les damnés de la Commune, tome 3 : Les orphel..

Ce tome est le dernier d'une histoire complète en 3 tomes. Il faut avoir lu les deux premiers avant. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par Raphaël Meyssan. C'est une bande dessinée en noir & blanc, qui compte 165 planches, construites en 8 chapitres. Il se termine avec une carte en double page situant les différents affrontements de la Semaine Sanglante. le tome se termine avec 3 pages en petits caractères listant les références pour chacun des 8 chapitres.



En première page, l'auteur évoque le fait qu'il ait vu brûler Notre Dame la veille : la disparition d'un repère, comme tous les repères disparaîtront. le temps passe, les amis s'éloignent, mais parfois on peut les retrouver, et l'auteur s'apprête à retrouver Victorine et Lavalette. Eux, bien sûr, ne le connaissent pas car il vivait il y a un siècle et demi en 1871, dans un Paris que l'auteur n'a pas connu, sans Tour Eiffel, sans Sacré Coeur, avec le palais des Tuileries qui clôt le Louvre, Notre Dame intacte. Au-delà des fortifications de Paris, deux armées encerclent la ville, allemande d'un côté, versaillaise de l'autre. En ce 16 mai 1871, tout Paris ne parle que de la colonne érigée par Napoléon qu'on s'apprête à renverser place Vendôme. L'auteur se retrouve projeté place Vendôme et il demande autour de lui si quelqu'un sait où se trouve Victorine. En réponse à une question, il explique qu'il vient du vingt-et-unième siècle. Un gamin le tire par la manche lui disant qu'il sait où se trouve Victorine. Un soldat qui supervise l'opération de mise à bas de la colonne lui conseille de vivre dans l'instant présent car il s'agit d'un moment historique. Il ajoute qu'il y a un dessinateur de presse dans la foule. L'auteur l'identifie comme étant Jacques Tardi, le dessinateur de le Cri du peuple, tome 1 : Les Canons du 18 mars écrit par Jean Vautrin. L'autre nie farouchement mais finit par se couper. Enfin la colonne s'écroule et l'autre se plaint d'avoir raté le moment à cause de la distraction occasionné par les questions insistantes de l'auteur.



L'autre s'emporte : l'auteur lui a fait rater un grand moment : c'est le symbole des guerres que la Commune vient de mettre à terre. Au lieu de lancer des conquêtes, la Commune jette les bases de l'école laïque, gratuite et obligatoire. Édouard Vaillant crée des écoles professionnelles pour les filles et impose l'égalité des salaires entre institutrices et instituteurs. Gustave Courbet (le peintre qui a lancé l'idée de déboulonner cette colonne) protège les oeuvres du Louvre et crée une fédération des artistes. Finalement il conseille à l'auteur de se rendre aux Archives de Paris pour y retrouver les traces de Lavalette, ce que fait l'auteur. Lavalette a été condamné par le troisième conseil de guerre pour avoir fait la révolution avec le Comité Central de la garde nationale, mais aussi pour s'être rendu complice le 17 mai 1871 de l'arrestation et de la séquestration illégales de plusieurs personnes à l'église Notre-Dame des Victoires, et s'être rendu complice le même jour et au même lieu de pillage en bande et à force ouverte. L'image du voisin communard s'effrite : il est un pilleur d'église et un tortionnaire, ayant participé aux persécutions anticléricales. Raoul Rigault, le plus anticlérical, était un jeune homme de 24 ans. Dans un autre document d'archive, il apparaît que Lavalette s'est opposé au pillage de Notre-Dame le 7 avril 1871. du coup il devient improbable qu'il ait participé à celui du 17 mai. 20 mai 1871, Versailles commence à bombarder Paris.



En entamant ce dernier tome de la trilogie, le lecteur sait à quoi s'attendre : une reconstitution de la dernière phase de la Commune de Paris, racontée à partir du point de vue d'une femme et d'un homme, sur la base de gravures d'époque réappropriées par l'auteur pour raconter son histoire sous forme de bande dessinée. Raphaël Meyssan semble déjà un peu nostalgique d'achever son oeuvre : il évoque la distance qui le sépare de ses personnages en ouverture, et il les quitte avec émotion à la fin. Les deux dernières pages évoquent les 8 ans qu'il a passé à réaliser cet ouvrage, huit ans pendant lesquels il a marché dans Paris avec Victorine à ses côtés. Elle l'a tenu par la main, lui a montré où regarder, lui a raconté son histoire, lui a dit l'histoire des communards. Il entendait littéralement sa voix. le lecteur ressent tout l'investissement de l'auteur, à quel point faire exister Victorine et Lavalette les ont rendus réels pour lui. Son immersion dans le récit a été totale, et le lecteur le ressent au fil des pages, ce qui génère une formidable immersion pour lui aussi. La vie de ces deux individus, reconstituée des décennies plus tard, ainsi que leurs engagements et leurs pérégrinations dans Paris ont fait s'incarner le peuple, dans sa misère, dans ses élans du coeur, dans ses convictions politiques très pragmatiques. le lecteur mesure à quel point évoquer les jours juste avant la semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871) et le devenir des communards après la semaine sanglante apporte du sens, pas qu'au contexte, mais aussi à la manière dont les historiens et l'État a choisi d'inscrire cette période dans L Histoire officielle, ou plutôt de la minimiser.



Comme dans les deux tomes précédents, le lecteur est impressionné et subjugué par la narration visuelle. Raphaël Meyssan réalise des pages et des séquences qui vont bien au-delà d'une simple opération de récupération et de collage : il compose ses pages comme une vraie bande dessinée. En fonction de la séquence, il utilise des cases rectangulaires sagement alignées en bande, des dessins en pleine page ou en double page (cette magnifique vue de Paris vue du ciel pages 8 & 9), des cases de la largeur de la page, des cases de la hauteur de la page (p. 138), des incrustations, des surimpressions, l'intégration de textes extraits de documents d'époque. Il utilise majoritairement de courts cartouches de texte, plutôt que des phylactères, même si ceux-ci sont régulièrement présents. Il découpe régulièrement des images de grande taille avec des traits de contour de case, et des lignes et colonnes blanches pour séparer lesdites cases ainsi créées. Il utilise ce procédé en pages 16 & 17 pour émietter un dessin et créer un effet de dislocation des plus réussis. Il l'utilise également pour guider l'oeil du lecteur de cartouche de texte en cellule de texte. Il l'utilise aussi pour créer un effet de mouvement ou d'impact, en particulier l'impact des obus lors des bombardements, par exemple en pages 88 & 89. Il peut également renforcer l'impression de chaos généré par la bataille avec des cases taillées en biais pour former des trapèzes. Il s'agit donc d'une narration séquentielle à base d'images, très vivante, malgré sa nature de récupération de dessins déjà existants.



Les gravures utilisées sont d'une finesse et d'une précision qui en imposent, avec une forte texture donnant de la consistance à chaque élément, chaque personnage tout en restant lisible. le lecteur éprouve la sensation de pouvoir laisser ses mains toucher la pierre des murs de Notre Dame, et des autres bâtiments tout du long du récit. Il se dit qu'il est en train de regarder un ciel nuageux tel que représenté par Gustave Doré en page 6. Il détaille les bâtiments de l'île de la Cité, de la Rive Droite et de la Rive Gauche dans la double page 8 & 9. Il voit le fracas de la colonne de la place Vendôme se briser en trois parties. Il sourit en voyant Quasimodo sur la cloche de Notre Dame, avec les fortes poutres qui s'entrecroisent pour la soutenir. Il admire la nef de Notre-Dame des Victoires. Il détaille la foule assistant à une allocution politique dans le Théâtre Lyrique, puis aux Tuileries pour un concert. Il ressent un malaise à voir les citoyens tomber sous les balles, à observer les cadavres mis en tas, à assister impuissant aux fusillades massives (avec un terrible commentaire d'un témoin sur celui de la caserne Lobau), ou encore à découvrir des citoyens déterrant les cadavres dans les jardins de Paris. L'auteur a également récupéré des gravures s'apparentant à des portraits de figures historiques. le lecteur peut ainsi voir Raoul Rigault (1846-1871), le général Jarosław Dombrowski (1836-1871), Adolphe Thiers (1797-1877), Auguste Blanqui (1805-1881), Jules Favre (1809-1880), Jules Ferry (1832-1893), Émile Zola (1840-1902), et bien sûr Louise Michel (1830-1905).



À nouveau, l'auteur se montre très habile et très élégant dans sa manière d'insuffler de la vie au récit, d'éviter l'effet livre d'histoire académique. Il continue de suivre ses principaux personnages, et il introduit d'autres témoins, comme Malvina Blanchecotte qui observe les événements se déroulant à Paris avec un autre regard que celui de Victorine et Lavalette. Il développe également l'histoire personnelle de ces deux derniers, à la fois leur avenir pour la première et leur passé pour le second. Ils sont bien les personnages principaux du récit, des acteurs d'une tragédie horrifiante, sans être parfaits pour autant. le lecteur est frappé par le fait que Meyssan ne se contente pas que de leurs deux points de vue pour raconter le récit. Il ne vire pas de bord pour se lancer dans une narration chorale, mais il intègre d'autres points de vue, élargissant le contexte historique, éclairant certaines prises de décision et certaines prises de position. Il est par exemple édifiant de découvrir l'avis d'Émile Zola ou de Victor Hugo sur la Commune de Paris. En intégrant des témoignages provenant d'autres individus ayant assisté à une partie de la Semaine Sanglante, la description de celle-ci gagne en épaisseur et en complexité. le lecteur est sous le choc des affrontements, de la répression puis de l'extermination. Quelles que soient ses opinions politiques, il voit les forces armées à l'oeuvre, que ce soit du côté des Communards, ou du côté des versaillais. L'auteur sait faire passer la réalité des blessures, des morts, des cadavres. Les gravures ne sont pas gore, mais elles provoquent l'imagination du lecteur, et les textes font office de reportage macabre. L'auteur fait plaisir au lecteur en accompagnant ses deux principaux personnages pendant une trentaine d'années après la Commune, en quelques pages : les deux lois d'amnistie de 1879 et 1880, et au-delà. La construction du récit sait allier des points de vue à hauteur d'individu (Victorine, Lavalette, Blanchecotte), avec des éclairages différents donnant une vue d'ensemble du mouvement insurrectionnel.



Ce troisième tome vient conclure l'histoire de la Commune de Paris, avec le même niveau de qualité que les 2 autres, sans facilité, ni raccourci. Raphaël Meyssan se montre aussi bon bédéaste qu'historien, un conteur rigoureux et sensible. Même s'il n'a pas côtoyé Lavalette et Victorine pendant huit comme l'auteur, le lecteur n'est pas près de les oublier, ni ces visions de Paris détruites, baignée par des flots de sang.
Commenter  J’apprécie          60
Les damnés de la Commune, tome 2 : Ceux qui n..

Ce tome est le second d'une histoire complète en 3 tomes. Il fait suite à Les damnés de la Commune, tome 1 : A la recherche de Lavalette (2017) qu'il faut avoir lu avant. La première édition date de 2019. Il a été réalisé par Raphaël Meyssan. C'est une bande dessinée en noir & blanc, qui compte 132 planches, construites en 7 chapitres. Il se termine avec une double page consacrée aux principaux lieux de la Commune parisienne, évoqués dans le présent tome : Courbevoie, Neuilly, Asnières, Porte Maillot, Place de la Concorde, Place Vendôme, Hôtel de Ville, Fort d'Issy, Champ de Mars, Versailles, Rueil et le Fort du Mont Valérien. Suit une autre double page consacrée aux autres Communes : la Commune de Limoges (4 avril 1871), la Commune de Narbonne (24 au 31 mars 1871), la Commune de Toulouse (25 au 27 mars 1871), la Commune du Creusot (26 au 28 mars 1871), la Commune de Lyon (du 05 au 15 septembre 1870, puis du 23 au 25 mars 1871), la Commune de Saint Étienne (du 24 au 28 mars 1871), la Commune de Marseille (le premier novembre 1870, puis du 23 mars au 04 avril 1871). Le tome se termine avec 2 pages en petits caractères listant les références pour chacun des 7 chapitres.



L'auteur a gravi les marches de la Butte Montmartre afin de voir l'armée fraterniser avec le Peuple de Paris. À ses côtés, les touristes n'ont d'yeux que pour la basilique du Sacré Cœur, sans chercher à imaginer le lieu un siècle et demi plutôt, avant qu'elle n'ait été construite. L'auteur imagine le peuple français à s'agiter de toutes parts, à investir l'Hôtel de Ville, les administrations, les ministères, tandis que l'ancien monde décampe à Versailles, en ce samedi 18 mars 1871. Avec le recul des décennies passées, il sait que cette période insurrectionnelle ne durera que 72 jours, et que tout sera fini le 28 mai 1871, à l'issue de la semaine sanglante. Le 19 mars 1871, l'insurrection a triomphé. Victorine B. a enterré son enfant il y a cinq jours et elle vit cloîtrée dans son appartement. En entendant les nouvelles criées par les marchands de journaux, elle décide d'aller voir par elle-même dans la rue avec son mari. Ils passent par la place de l'Hôtel de Ville et constatent que les vendeurs de journaux ont dit vrai : le Comité Central est réuni. Charles Lavalette est sorti de son appartement de Belleville pour siéger avec le Comité Central de la garde nationale. La première décision du Comité est de rendre le pouvoir, d'organiser des élections.



Paris s'apprête à prendre un nouveau cap : celui d'une grande et belle révolution, bâtie non sur la violence mais sur les élections. En se promenant, Victorine se demande comment le nouveau gouvernement de Paris va pouvoir conserver le territoire conquis. Finalement l'auteur retrouve des notes prises par Lissagaray, un journaliste communard. Les débats portent sur la nécessité de rendre démocratiquement le pouvoir aux parisiens, de réaliser une grande révolution pacifique, de ne pas marcher sur Versailles, de ne pas imposer la démarche à la province qui n'a qu'à se prendre en main. À Londres, Karl Marx écrit son analyse le 30 mai 1871 : le Comité Central aurait dû marcher sur Versailles pour éliminer le gouvernement de l'ancien monde. Plus tard, Friedrich Engels estime que le parti victorieux doit continuer à dominer avec la terreur que ses armes inspirent aux réactionnaires, s'il ne veut pas avoir combattu en vain. Des années plus tard, Léon Trotski reprend l'analyse de Marx pour justifier la Terreur rouge qu'il applique en Russie. Vladimir Ilitch Lénine estime que le rôle de la dictature des soviets est d'user de la violence organisée pour combattre la contre-révolution. L'auteur se prend à rêver d'un autre déroulement de la Commune de Paris, avec les communards écrasant Versailles et se débarrassant de Thiers et de ses généraux. Clac !



Le premier tome avait fait une forte impression : une véritable bande dessinée, entremêlant la vie d'une femme du peuple (Victorine B.), l'enquête sur l'histoire personnelle d'un membre du Comité central de la Garde Nationale (Gilbert Lavalette), et les événements qui conduisent à la création de la Commune de Paris, sous une forme postmoderne (c’est-à-dire l'utilisation de gravures d'époque pour composer des planches de BD). Le lecteur n'a aucun doute sur la qualité du deuxième tome. Raphaël Meyssan utilise la même technique de collage pour aboutir à une narration visuelle sous forme de bande dessinée. Dès l'illustration en pleine page choisie pour la première planche, le lecteur est frappé par la qualité du dessin, ou plutôt de la gravure. Il s'agit d'une vue globale de Montmartre avec les escaliers entourés de jardins et la Basilique dominant le paysage. Pour un lecteur contemporain, il est même difficile de croire à un tel niveau de détails : chaque marche soigneusement tracée, la centaine de petits personnages en train de se promener, le réalisme quasi photographique de l'architecture de la basilique, la texture du feuillage des arbres, et même la trajectoire des jets d'eau en premier plan. Tout du long de ce deuxième tome, le lecteur peut ainsi contempler et admirer de magnifiques vues de Paris, et de quelques endroits de banlieue : la façade de l'Hôtel de Ville de Paris et son parvis, une vue du ciel de Paris dans une gravure en double page, le foyer de l'Opéra Royal de Versailles, la place Vendôme et sa colonne, le hall de l'Hôtel de Ville de Paris, l'entrée du passage Jouffroy boulevard Montmartre, des vues aériennes bluffantes de Lyon, du Creusot, de Saint Étienne, de Marseille, Notre Dame de la Garde à Marseille, une vue du ciel de la place de la Concorde allant jusqu'à l'église de la Madeleine, etc. Le lecteur amoureux de Paris se délecte en identifiant chaque endroit représenté avec une minutie et une exactitude épatantes.



Comme dans le premier tome, Raphaël Meyssan sait compenser la problématique de la représentation des personnages principaux. À l'évidence, l'utilisation de gravures d'époque ne permet pas d'avoir une apparence spécifique et continue pour les 2 personnages principaux. L'artiste s'en tire très bien en compensant cette contrainte par des indications dans les cellules de texte, et en citant les écrits des personnages : le lecteur assimile ce qu'il voit dans la case, soit à la vision du personnage qui raconte, soit à sa silhouette. Même s'il ne peut pas à proprement parler mettre un visage sur un nom (celui de Charles Lavalette, ou celui de Victorine), le lecteur se rend compte qu'il s'agit de personnages bien présents à son esprit, avec une réelle consistance, ne serait-ce que par leur histoire personnelle. Comme dans le premier tome, il constate régulièrement la maitrise de l'auteur des techniques de bande dessinée. Il y a donc des dessins en pleine page ou en double page. La majeure partie des pages est construite sur la base de cases disposées en bande. En fonction de la séquence, l'artiste peut construire une page sur la base de cases de la largeur de la page, pour ouvrir l'horizon. Il utilise également à bon escient les cases de la hauteur de la page, par exemple en page 33, exercice plus délicat que les cases de la largeur de la page. Il peut aussi utiliser une case sans bordure, comme pour le rappel du corbeau en page 15, déjà présent sur un toit en page 7. Toujours en page 15, il coupe en deux les cases supérieures pour simuler le coupage de la tête des personnes représentées en plan poitrine. Page 73, il fait littéralement voler une case en éclats, en la découpant et en dispersant les morceaux, pour montrer l'impact destructeur des tirs de canons depuis le fort du Mont Valérien. Le lecteur n'éprouve jamais la sensation d'une suite de gravures posées avec application en bande, l'artiste sachant jouer avec les dispositions pour accompagner la nature de chaque séquence, sans en abuser, sans que cela devienne un truc systématique.



Le récit commence le 18 mars 1871, date retenue comme étant le début de la Commune par sa proclamation à l'Hôtel de Ville. Il se termine le 9 mai 1871 à la fin de la bataille du Fort d'Issy, peu de temps avant la Semaine Sanglante (du 21 au 28/05/71). Tout du long, le lecteur croise des figures historiques comme Adolphe Thiers (1797-1877), Jules Ferry (1832-1893), Victor Hugo (1802-1885), Victor Schoelcher (1804-1893), Auguste Blanqui (1805-1881), Gustave Flourens (1838-1871), Louise Michel (1830-1905), … Le lecteur suit les déplacements de Victorine dans Paris, et son engagement d'abord pour tenir une table ouverte pour nourrir les affamés, puis comme ambulancière dans un bataillon affecté du côté de Neuilly. Il suit également Charles Lavalette dans ses engagements, d'abord au Comité Central puis dans l'armée. L'auteur fait œuvre de donner une image globale de la Commune de Paris, et il utilise sa liberté pour introduire d'autres personnages, permettant d'élargir l'angle de vue, pour la Commune de Marseille, ou pour la bataille du Fort d'Issy. Il aborde également la Commune sous différents angles : l'ambiance d'une révolution pacifique, la volonté de ne pas garder le pouvoir et de le rendre au peuple par des élections très rapides, le refus d'aller exterminer le gouvernement d'Adolphe Thiers, des pensions pour les blessés de guerre, les veuves et les orphelins, l'ouverture de la citoyenneté aux résidents étrangers, la réquisition des ateliers abandonnés par leurs propriétaires et confiés aux ouvriers, une plus grande implication des femmes dans la vie sociale et militaire. La narration de Raphaël Meyssan donne une sensation de légèreté malgré des cellules de texte nombreuses sur la majeure partie des pages, grâce à des images spectaculaires, et par l'inclusion de discrètes touches d'humour, souvent un peu décalées, ou des rapprochements inattendus comme l'avis de Philip Sheridan (1831-1888), sur la Commune, le général américain qui avait déclaré qu'un bon indien est un indien mort.



Ce deuxième tome est aussi épatant que le premier. La verve et l'inventivité visuelles de l'auteur ne faiblissent pas, donnant la sensation de lire une véritable bande dessinée, et pas juste un collage académique de gravures récupérées de ci de là. L'histoire de la Commune est racontée dans le détail, avec un souci de donner également une vision globale, et un ancrage à l'échelle humaine (grâce à Victorine, et un peu à Lavalette). Féru d'Histoire ou allergique à l'Histoire, le lecteur plonge dans une reconstitution passionnante, donnant à voir un mouvement populaire extraordinaire.
Commenter  J’apprécie          60
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Une démarche innovante, un lieu, un nom, des événements marquants de notre histoire, des archives, des recherches et une imagination débordante s'appuyant sur des gravures d'époque.

Raphaël Meyssan habite à Belleville, je suis née à Belleville....

Raphaël Meyssan habite au 6 rue Lesage Paris XXe, j'ai habité trente ans au 20 rue Juliette Dodu Paris Xe....

(Pour la petite histoire, Lucie Juliette Dodu, est présentée comme une espionne et une héroïne de la guerre de 1870.)

Cette BD me permet de me replonger dans ma mémoire des lieux et a réveillé ma nostalgie d'un quartier populaire qui maintenant est devenu un quartier bobo.



Nous partons à la recherche d'un certain Lavalette, nous passons par l'histoire d'une certaine Victorine .... ( mon arrière grand mère s'appelait Victorine elle était née dans ces années là mais en Bretagne ! )

Nous croisons la route de François Maspero, éditeur et libraire de mes vingt ans où certains croyaient révolutionnaire le geste d'emprunter les livres sans les payer ...



Le travail que représente cette bd est remarquable de précision, de détails tous plus vrais que nature, les gravures sont parsemées de textes qui nous permettent de remonter l'histoire, de comprendre la succession des événements qui ont fait que Paris est devenu la Commune, la ville qui a tenté de faire vivre une démocratie représentative du peuple, du petit peuple.

Le point fort de cette illustration des événements historiques est justement l'utilisation a juste raison des gravures de l'époque qui nous permettent de vivre ces événements de l'intérieur dans ce Paris des années soixante dix....1870 !

L'humour est aussi présent car il faut le lire pour le croire .... quand la débandade concerne le gouvernement ... des régiments ont été oubliés lors de la fuite de Paris à Versailles et comble de tout, même Thiers a oublié sa femme !

Le second tome vient de sortir ... il ne me reste plus qu à poursuivre cette lecture érudite.



PS

Je me promets lors de ma prochaine visite à Paris d'aller sur les lieux qui ont éveillé ma curiosité, ce qu'ils étaient et ce qu'ils sont devenus ...

Les folies Belleville .... le grand mur aveugle du bâtiment qui longe la rue Dénoyez est depuis plusieurs années entièrement recouverts de graffitis, souvent artistiques, en perpétuel renouvellement ... le bar qui jouxtait le lieu, au 8, rue de Belleville, est redevenu un bistro de quartier, son enseigne "Aux Folies" conserve la mémoire du lieu, dans une décoration des années 1950.
Commenter  J’apprécie          60
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Un vrai coup de cœur personnel, tant sur le fond que la forme.

Raphaël Meyssan, illustrateur aux talents multiples, à l’occasion de déambulations parisiennes, part à la recherche de son voisin d’antan qui se révèle être un protagoniste modeste de la Commune de Paris.

Ce qui était au départ un simple jeu tourne rapidement à une enquête historique approfondie, mais aussi à une fascinante aventure artistique. De bibliothèques en dépôt d’archives, Meyssan découvre peu à peu l’histoire de son voisin et du petit peuple de la capitale, pris entre des deux feux. Pour donner chair à ses personnages, il réutilise et retravaille les gravures qui illustraient la presse d’époque. L’effet est saisissant tant le regard est précis, juste, perspicace.

Pour qui aime cette période historique et les gravures du XIXème siècle bien sûr, mais également pour tous les amoureux d’aventures haletantes et les amateurs d’une démarche esthétique singulière.

Commenter  J’apprécie          50
Les damnés de la Commune, tome 1 : A la reche..

Paris, de nos jours. En flânant dans la ville, Raphaël Meyssan laisse aller ses pensées. Ses pas le conduisent à la Bibliothèque historique de la ville de Paris. Il pousse la lourde porte en bois, entre, s’imprègne des lieux. En déambulant dans les salles, il les rayonnages. Ses doigts s’arrêtent sur un livre qu’il retire de l’étagère. En le feuilletant, il tombe nez-à-nez sur le nom de Lavalette non pas parce que ce nom lui était familier mais parce que l’adresse à laquelle cet homme habitait est celle de son propre immeuble.



Raphaël Meyssan décide alors de partir sur les traces de ce vieux voisin. De bibliothèques en bibliothèques, de la Bibliothèque historique de la ville de Paris aux archives de la Préfecture de Police ou celles de l’Armée, Rapahël Meyssan retrouve quantité d’archives d’époque : courriers, comptes-rendus, gravures, textes, rapports de Police, articles de presse… En allant à la rencontre de Lavalette, un Communard pur et dur, Raphaël Mayssan découvre toute une époque. L’Empire, la commande de Napoléon III à Haussmann, la guerre contre la Prusse… Sans compter le journal intime de Victorine, une parisienne ordinaire habitant un quartier populaire, qu’il découvre par hasard va l’accompagner dans ses recherches et l’aider à partir à la rencontre de ce Paris historique et être au cœur des événements de la Commune de Paris.

Un album atypique. Pour le construire, Raphaël Meyssan a mené des recherches dans les archives pendant près de 6 ans. Pendant 6 ans, il consulte, découvre, résume, lit des documents d’époque. Coupure de presse, rapports de Police, témoignages… il croise les informations trouvées, reconstruit la chronologie des événements et livre un récit mêlant un peu de fiction. Face aux données inconnues que les textes historiques passent sous silence, l’auteur crée le liant narratif nécessaire pour que le lecteur se place dans ce décor historique assez électrique. On vit les événements comme si on y était.

(... pour lire le reste de la chronique : https://chezmo.wordpress.com/2017/12/20/les-damnes-de-la-commune-tome-1-meyssan/)


Lien : https://chezmo.wordpress.com..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Raphaël Meyssan (156)Voir plus

Quiz Voir plus

Quelques questions sur Emile Zola (niveau facile)

A quel courant littéraire Émile Zola est-il associé ?

au romantisme
au naturalisme
au symbolisme
au dadaisme

10 questions
826 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}