AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Raymond Aron (232)


Réussite empirique, la société américaine n'incarne pas une idée historique. Les idées, simples et modestes, qu'elle continue de cultiver, sont passées de mode sur le Vieux Continent. Les Etats-Unis restent optimistes à la manière du XVIIIème siècle européen : ils croient à la possibilité d'améliorer le sort des hommes, ils se méfient du pouvoir qui corrompt, ils demeurent sourdement hostiles à l'autorité, aux prétentions de quelques-uns de connaître mieux que le common man la recette du salut. On n'a de place ni pour la Révolution ni pour le prolétariat, on ne connaît que l'expansion économique, les syndicats et la Constitution.
Commenter  J’apprécie          10
Féru d'idées et indifférent aux institutions, (...), mais rebelle, en politique, aux considérations raisonnables, le Français est, par excellence, le révolutionnaire en mots et le conservateur en actes.
Commenter  J’apprécie          10
L'art des intellectuels brittaniques est de réduire à des termes techniques des conflits souvent idéologiques, l'art des intellectuels américains de transfigurer en querelles morales des controverses qui concernent bien plutôt les moyens que les fins, l'art des intellectuels français d'ignorer et, bien souvent, d'aggraver les problèmes propres à la nation, par volonté orgueilleuse de penser pour l'humanité entière.
Commenter  J’apprécie          10
Régime et structure de l'économie, en France, n'ont été voulus par personne. On peut l'imputer à la bourgeoisie, si l'on pose que la bourgeoisie est la classe dirigeante. Mais, autant que les dirigeants des trusts, les hommes politiques, les simples électeurs ont voulu les mesures, qui ont peu à peu freiné l'expansion. Les Français ont préféré collectivement les loisirs à l'élévation du niveau de vie, les subventions et allocations de l'Etat aux rigueurs de la concurrence.
Commenter  J’apprécie          10
Dans le système capitaliste, la fiscalité constitue un des instruments pour réduire l'écart entre les riches et les pauvres. Cet instrument n'est pas dépourvu d'efficacité, dès lors que l'impôt direct est équitablement réparti et collecté et que le revenu national par tête de la population est suffisamment élevé. Mais, à partir d'un certain point, variable selon les pays, le prélèvement fiscal suscite dissimulation et fraude, il tarit l'épargne spontanée. Il faut accepter une certaine mesure d'inégalité, inséparable du principe même de la concurrence. Il faut accepter que l'impôt sur les successions accélère la dispersion des grandes fortunes, mais ne détruisent pas celles-ci radicalement. On ne progresse pas indéfiniment dans la direction de l'égalité des revenus.
Commenter  J’apprécie          10
(...) le libéral tient pour permanente l'imperfection des hommes, il se résigne à un régime où le bien sera le résultat d'actions innombrables et jamais l'objet d'un choix conscient. A la limite, il souscrit au pessimisme qui voit dans la politique l'art de créer les conditions où les vices des hommes contribuent au bien l'Etat.
Commenter  J’apprécie          10
En d’autres termes, quelle que soit la part qui sera faite à la liberté des échanges et à l’organisation du marché dans le futur système de l’économie, une chose est sûre: aucun régime politique et social ne sera viable, ne sera toléré, s’il n’assure un minimum de sécurité à l’homme ordinaire. Or, la sécurité première, à notre époque, s’appelle: sécurité du travail. Faute d’emploi, l’individu est exclu de la communauté: contre un tel dénuement, il ne peut pas ne pas se révolter.
Commenter  J’apprécie          10
Définir un « peuple » par deux adjectifs… expliquer l'impérialisme israélien par la nature éternelle, l'instinct dominateur du peuple juif… (les Juifs de France ou, pour mieux dire, du monde entier, ont immédiatement saisi la portée historique des quelques mots prononcés le 28 novembre 1967 par le Président de la République… Aucun homme d'État occidental n'avait parlé des Juifs dans ce style, ne les avait caractérisés comme « peuple » par deux adjectifs.
Commenter  J’apprécie          10
La conférence de presse autorisait solennellement un nouvel antisémitisme, les derniers propos du chef de l'État suspendent, pour ainsi dire, cette autorisation, mais dans le style propre du Prince, autrement dit, en rejetant sur les autres ses propres responsabilités.
Commenter  J’apprécie          10
Les éléments ultimes de la puissance sont le nombre des hommes et la capacité de production.
Commenter  J’apprécie          10
La conviction sincère se manifeste dans le scrupule de vérité aussi bien que dans les indignations passionnées.
Commenter  J’apprécie          10
Plus nous sommes amenés à définir la liberté par la capacité ou le pouvoir de faire, plus l’inégalité nous paraît inacceptable. Ou encore, dans la mesure où l’on tend à confondre de plus en plus liberté et égalité, toute forme d’inégalité devient une violation de la liberté. Si vous voulez voir l’expression pure de ce que je crois être une erreur ou une illusion, lisez le livre publié récemment sous la direction de Robert Badinter, Liberté, libertés1. On y trouve une confusion totale entre liberté et égalité. Les auteurs constatent que ceux qui ont plus de ressources, plus de moyens, ceux qui sont en haut de la hiérarchie sociale, sont plus libres que les autres. Si l’on définit la liberté par la puissance, cette proposition est évidente. Mais si on retient le sens strict et rigoureux de la liberté – la liberté comme droit égal –, alors l’égalité des droits ne peut pas se traduire, dans une société inégalitaire, par l’égalité des puissances.
Commenter  J’apprécie          10
Cette loi de la baisse tendancielle du taux de profit donnait de nouveau à Marx de grandes satisfactions intellectuelles.
Commenter  J’apprécie          10
Ce qu'Auguste Comte veut nous faire aimer, ce n'est ni la société française d'aujourd'hui, ni la société russe de demain, ni la société américaine d'après-demain, mais l'excellence dont certains hommes ont été capables et vers laquelle tous les hommes doivent s'élever.
Commenter  J’apprécie          10
Etre positif, c'est découvrir les lois qui gouvernent les phénomènes.
Commenter  J’apprécie          10
"On se lasse d'agir et même de penser ; on ne se lasse jamais d'aimer."

Auguste Comte
Commenter  J’apprécie          10
Le pessimisme a toujours historiquement une fonction, il a souvent une vertu bienfaisante. Peut-il en être de même du pessimisme machiavélique ? L'observation de la réalité et la science logico-expérimentale ont amené Machiavel et Pareto au scepticisme et au cynisme : cette attitude est-elle une conséquence nécessaire de la méthode ? Ou bien au contraire l'insuffisance de la méthode, la mutilation de la réalité, la simplification des données en sont-elles responsables ? La puissance est-elle la fin immanente de la politique ?
Commenter  J’apprécie          10
Les trois grandes sectes révolutionnaires de l'Occident – les puritains, les jacobins et les bolcheviks – présentent à cet égard des similitudes étonnantes. L'élection avait un sens religieux chez les puritains. Partis de l'idée qu'ils revendiquaient la liberté religieuse contre 1' oppression du pouvoir. ils ont glissé très rapidement à l'idée que, comme ils étaient les élus de Dieu, ils pouvaient imposer leur conception de la religion aux autres. Les jacobins se croyaient les élus du peuple, ou de la Révolution, peu importe. Quant aux bolcheviks, ils se voient comme les élus de l'Histoire. Dans les trois cas, l'arrivée au pouvoir marque le paroxysme révolutionnaire. Dans les trois cas, le système de pensée optimiste commence par l'affirmation que la secte ou le groupe d'hommes est l'incarnation de la liberté contre l'oppression. Parce qu'ils sont l'incarnation de la liberté, ils peuvent créer les conditions de la liberté, et par suite forcer les autres à être libres. Du même coup, ils ont tendance à considérer que telles ou telles institutions particulières sont l'origine de tout le mal et à concentrer leurs attaques contre tel ou tel principe du mal, qui, une fois écarté, laissera place à la société bonne. Mais comme, une fois ces institutions mauvaises écartées, les choses ne vont pas encore bien, il n'y a pas de raison que le processus révolutionnaire ne continue pas indéfiniment.

Dans cette perspective, on pourrait dire qu'une des origines possibles de 'ce qu'on appelle aujourd'hui le totalitarisme est précisément la philosophie optimiste révolutionnaire. Quel que soit le parti qui l'a incarnée, une telle philosophie suggère une vision manichéenne du monde - le bien et le mal -, la conviction qu'une fois qu'on aura écarté un mal déterminé – le despotisme, les préjugés, l'Église, le capitalisme, tout ce qu'on voudra –, le monde sera bon. D'autre part, le Bien se trouve incarné dans un petit groupe qui a charge de le réaliser et l'optimisme illimité n'est contradictoire ni avec la violence, ni avec l'accentuation des maux de la société existante. (p. 212)
Commenter  J’apprécie          10
Nul pays d'Asie n'était autant que la Chine légitimement orgueilleux de son histoire et de sa culture. Nul, depuis un siècle, ne fut plus humilié. Non qu'elle ait été conquise : on ne conquiert pas la Chine, à la rigueur on s'empare du trône comme le firent les Mandchous. La guerre de l'opium, le sac du Palais d'Été, les concessions étrangères, les traités inégaux ou la liberté pour les missions étrangères, imposée sous la menace des canons, ont laissé des ressentiments qui s'effaceront lentement. Les communistes, dès la prise du pouvoir, ont détruit les communautés chrétiennes ; peut-être n'importe quel gouvernement fort aurait-il agi de même, en un style différent.

La doctrine traditionnelle qui soutenait l'ordre séculaire était, avant tout, morale et sociale. Le confucianisme justifiait l'accession des lettrés à l'exercice de fonctions administratives et gouvernementales. L'écroulement de l'empire entraîna la ruine de l'idéologie. La restauration du bouddhisme ou de l'hindouisme se déroulait sous l'œil des Barbares, sous la protection de l'Indian civil service. Une rénovation du confucianisme aurait pu suivre mais non préparer le retour de la Chine à son rang de grande puissance.

Les intellectuels qui se sont ralliés spontanément au communisme, avant 1949, n'ont été qu'une minorité. Le prestige de la révolution russe qui, dès 1920, provoqua l'adhésion de quelques lettrés, ne se distinguait pas essentiellement de celui des autres idées révolutionnaires venues d'Europe. Les longues années de guerre, la corruption progressive du Kuomintang, l'inflation, les rigueurs du régime policier aliénèrent l'intelligentsia et en firent l'alliée de Mao Tse-toung.

Le communisme séculier, matérialiste, peut-il devenir la doctrine des lettrés chinois ? La dévalorisation de la famille, la promotion du parti et de l'État représentent, par rapport au passé, un bouleversement que l'on aurait, hier encore, considéré comme impossible. Mais le parti communiste n'en reconstitua pas moins une hiérarchie, au sommet de laquelle trônent ceux qui savent. Marxistes-léninistes se nomment aujourd'hui ces savants qui sont, en même temps, des guerriers. La conjonction des chefs de guerre et des lettrés était, depuis des siècles, inconnue. Peut-être a-t-il fallu l'influence occidentale pour la restaurer. Contre une domination détestée, les lettrés retrouvèrent la ferveur de croisade et, vainqueurs, reconnurent à l'Occident sa plus secrète victoire : la doctrine au nom de laquelle ils ont chassé les Barbares, appartient à l'essence de l'Occident, elle met au premier rang l'action et l'histoire. (chapitre 8)
Commenter  J’apprécie          10
Chaque civilisation a construit de ce qu'elle était ou voulait être une représentation : l'historien constate et critique celle-ci, et cherche la réalité.

Philosophies de l'histoire et idéologies
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Raymond Aron (831)Voir plus

Quiz Voir plus

Aron ! Aron ! Petit Patapon !

Raymond Aron moque les compagnons de route du Parti communiste, notamment Sartre et le groupe des Temps modernes, en signifiant que comme le peuple dont l'opium est la religion selon Saint Marx, qu'eux aussi ont leur opium, ...?...

L'opium des Intellos
L'opium des intellectuels
L'opium des Mandarins
L'opium des Mandarines

10 questions
19 lecteurs ont répondu
Thème : Raymond AronCréer un quiz sur cet auteur

{* *}