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Critiques de Raymond Carver (211)
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Les Vitamines du bonheur

Raymond Carver, de son nom complet Raymond Clevie Carver Jr, né en 1938 et décédé en 1988 d’un cancer du poumon est un écrivain américain surtout réputé pour ses nouvelles, devenu un maître stylistique pour de nombreux autres écrivains du monde entier.

Ce livre, Les vitamines du bonheur, est un recueil de douze nouvelles paru en 1976 alors que l’écrivain connaissait enfin le succès après de longues années de métiers divers et de misère. Tous ces textes nous plongent dans une Amérique qu’il connaît parfaitement, celle des petites gens de la classe moyenne, des banlieues et du chômage, des petites vies sans intérêt notable, des soumis à l’alcool et au tabac. Des gens quelconques, ni réellement mauvais ni vraiment cinglés, des gens comme on en rencontre tous les jours que ce soit en Amérique ou ailleurs, ils ont des peines ou des problèmes de chômage, ils vivent sur le fil du rasoir en équilibre instable et c’est là que Raymond Carver les choppe. C’est là que son talent se révèle, il les « photographie » en plein vol. « Oh ! Temps suspend ton vol » clamait le poète, Carver nous les dépeint à cet instant précis, comme en arrêt sur l’image, mais son regard est toujours neutre laissant le lecteur seul et maître d’en tirer la conclusion qui lui plaira.

Certaines nouvelles peuvent dérouter, dans Le train par exemple, en plein milieu de la nuit une femme seule et armée d’un révolver attend un train dans la salle d’attente d’une petite gare quand un couple âgé fait son entrée en se disputant, ils sont bien habillés mais l’homme n’a pas de chaussures… Dans Plumes, un couple est invité à dîner chez le collègue du mari, il y a un paon en liberté qui entre et sort de la maison, un moulage de dents qui trône sur la télévision « L’orthodontiste, il voulait garder ça, dit-elle en posant les dents sur ses genoux. Pas question j’ai dit », et un bébé très laid « Tellement moche que je trouvais rien à dire », pourtant en lisant le texte rien n’est réellement farfelu pour autant. Avec Conservation, quand le frigo-congélateur tombe en panne cela devient un énorme problème à résoudre pour un couple dont le mari est au chômage. Dans Le compartiment, un père ne saura pas comment renouer le contact avec son fils qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années « Comment devrait-il se comporter devant le jeune homme, à la gare ? Fallait-il l’embrasser ? Cette perspective le mettait mal à l’aise », alors que dans la dramatique nouvelle C’est pas grand-chose mais ça fait du bien, un couple perd son enfant écrasé par une voiture et se fait consoler par un boulanger-pâtissier.

Ce qui surprend le plus le lecteur quand il s’attaque à un livre de Carver pour la première fois, c’est qu’il ne se passe presque rien, parfois rien du tout même, et pourtant nous sommes subjugués par le texte, ne comprenant pas ce qui nous pousse à continuer notre lecture et pourtant incapable de la stopper. Je ne m’étendrai pas plus sur le style de l’écrivain car un livre récent nous a apprit que contrairement à ce qu’on avait pensé jusque là, le fameux style concis de Carver, n’était en fait que le résultat des coupures de texte réalisées par son éditeur ! Je n’entrerai pas dans cette polémique, de toute façon ce qui est important c’est que le livre soit bon et il l’est.

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Les Vitamines du bonheur

On est bien loin de l'American Dream avec ce recueil de Carver. Au contraire, l'auteur brosse au fil de douze nouvelles le tableau de la réalité sociale de l'américain moyen, à la fin des années soixante-dix. Il dessine de nombreux portraits d'hommes et de femmes enlisés dans des existences râtées et pathétiques, des gens ordinaires qui vivent tant bien que mal avec leurs galères.

Dans Les vitamines du bonheur, les couples se déchirent, le chomâge sévit, l'alcool détruit, pendant que le poste de télévision envoie ses images du matin au soir. De futilités en bassesses, d'égoïsme en désespoir, chacun transporte sur son dos sa petite vie médiocre parsemée de minuscule moment de bonheur dans une grande tristesse.

Les personnages de Carver n'ont aucune aspiration, aucune attente particulière. Leur vie est plate, sans désir et sans issue. L'atmosphère créée par l'auteur met souvent mal à l'aise, ses phrases sont simples et souvent percutantes. Il manie l'absurde avec habileté, oscillant entre la dérision et l'ironie. Il parvient pourtant à émouvoir le lecteur en distillant dans certaines nouvelles de la compassion pour ses personnages.



Quelques mots sur les douzes histoires, douze points de vue différents de la condition humaine selon Carver :



Plumes

Un dîner chez un couple nanti d'un affreux bébé, d'un paon et d'un étrange moulage de dents...



La maison du chef

Un ancien alcoolique est contraint de quitter la maison dans laquelle il avait retrouvé la sérénité avec sa femme...



Conservation

Un type vient de perdre son boulot quand son frigidaire tombe en panne...



Le compartiment

Un homme divorcé décide finalement de ne pas revoir son fils qui l'attend sur un quai de gare...



C'est pas grand chose mais ça fait du bien

Un petit garçon vient de mourir, ses parents se consolent auprès d'un pâtissier...



Les vitamines du bonheur

Une jeune femme tente de gagner sa vie en vendant des vitamines à domicile...



Attention

Un homme a quitté le foyer conjugal, sa femme lui rend visite dans son nouvel appartement, alors qu'il a une oreille bouchée...



Là d'où je t'appelle

Un groupe d'alcooliques dans un centre de désintoxication...



Le train

Une femme attend son train dans une salle d'attente, un révolver dans son sac...



Fièvre

Un père de famille abandonné par sa femme s'occupe de ses enfants jusqu'au jour où une nourrice vient les garder...



La bride

Ruinée, une famille vit quelques semaines dans un motel, l'homme dépense son argent dans les courses de chevaux...



Cathédale

Un couple pris dans la routine reçoit la visite d'un aveugle – ami de la femme – quand ce dernier dessine une cathédrale...


Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Débutants

Je ne présenterai pas dans ce billet chacune des nouvelles, la lecture en est personnelle. Raymond Carver s'immisce dans l'intimité des relations complexes entre les hommes et les femmes - familiales, amicales, amoureuses - avec un regard perçant et objectif. Il ne juge pas, n'interprète pas, il raconte. L'histoire est une histoire forte et significative sans jouer le jeu de la symbolique ou de l'interprétation; un miroir sans complaisance ni concession, la dureté d'un reflet sans effet de prisme.



Rien d'héroïque ou d'exotique, tout est dans la description, un geste, une attitude, la densité d'un moment, l'intensité d'un sentiment pris sur le vif, un éclat de quotidien brutal et éphémère, ce dérisoire jamais anodin, l'expression juste. Pas de tension dans ces récits, plutôt une rupture, un déséquilibre, un vertige. Ni désespérance, ni décadence, ce n'est pas sex & rock'n'roll, mais détresse et alcool. La vie, à la fois prosaïque et singulière.



Lire Raymond Carver, c'est se perdre dans l'écriture de ce regard en coulisse. Troublant plus qu'émouvant, le style ne peut effectivement pas être qualifié de minimaliste. Certes sobre, dépouillé d'artifice, il témoigne d'une conscience exacerbée des limites et des failles, de l'instant critique, l'inespéré, l'absurde et l'inéluctable, d'une fragilité nue. Une vision amère et éperdue plus que sombre; une vision douloureuse qui bouscule. Le paradoxe Carver est que par l'écriture il parvient à abolir la distance rassurante que peuvent créer les mots, à tomber les armures et les masques, (se) lit et (se) livre sans cynisme, une familiarité dérangeante, une violence complice qui touchent sans avoir l'air d'y toucher. Il brise tous les barrages, libérant un gouffre d'émotions à la lecture qu'il est possible d'en ressentir un réel malaise, quelque chose d'effrayant, de malsain, de déstabilisant; le lecteur parfois perplexe, un peu voyeur, terrassé. Le pire dans le meilleur.



" Bref, ça prouve qu'on devrait avoir honte de parler comme si on savait de quoi on parle quand on parle d'amour. [...] Si c'était à refaire, je choisirais la littérature. " - Débutants -



Pour paraphraser le titre du recueil qui regroupe récits de jeunesse, poèmes, critiques et essais littéraires - " N'en faites pas une histoire "- Point - titre original No Heroics, Please -, je conclus en écrivant que si, il en fait toute une histoire.



Extraits de la préface par Tess Gallagher :



- " ... le verbe émouvoir était à la racine même des ambitions littéraires de Ray. Il en use fréquemment dans ses critiques de livres et ses préfaces. Il souhaitait que les lecteurs soient " émus, peut-être même un peu hantés ". "



- " Je crois que Ray serait heureux si un écrivain débutant, ou même un écrivain confirmé, avait le sentiment d'être capable de faire mieux, ou au moins aussi bien, en lisant ses premiers écrits ou les conseils qu'il donne dans ses essais. "




Lien : http://www.lire-et-merveille..
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Les Vitamines du bonheur

Des histoires simples, de gens simples.

L'Amérique profonde, très loin des mirages de Wall-street .

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Débutants

Décidément, je ne comprends pas l'espèce d'aura qui entoure l'oeuvre de Raymond Carver. Middle-age crisis, alcoolisme triste et banal, tranches de vie ratée... Me suis considérablement ennuyée. Même Houellebecq est plus drôle.
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Débutants

Au travers de ses 17 nouvelles, Carver dissèque les tréfonds de l'âme humaine, dans une écriture tout en émotions. Ainsi, trahison, lâcheté, abandon, cruauté et solitude sont au centre d'une réflexion qui met l'homme à nu, l'illuminant, parfois, d'une lueur d'espoir... Une écriture puissante, qui percute le lecteur sans le ménager, pour une oeuvre intense et brillante.
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Neuf Histoires et un Poème

Un petit bijou. 'Tais-toi je t'en prie tais-toi' m'ayant le plus touché
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Débutants

Ce sont dix-sept histoires de vies gâchées par l’alcool, , le désamour, les petites trahisons, les désirs qui s’épuisent, s’envolent, se posent ailleurs, le départ des enfants, l’ennui au travail, le vide d’une vie qui s’effiloche, la menace des excès et abus de toutes sortes , la tentation du rien, du vertige , de la folie, du suicide.

La vie toujours au-dessous des rêves mais aussi la vie qui dicte l’écriture et fait naître les chefs d’œuvre !

Quelques exemples de récits

Si vous dansiez ?

Des meubles dans un jardin, la nuit, pour le vide grenier du lendemain. Ils attirent un jeune couple. Le vendeur brade tout. Il est soûl, nostalgique. Il se sent heureux, les incite à danser, à dormir dans le grand lit, les veille comme ses enfants. A leur départ, au matin, il leur donne tous ses disques.

Dans le viseur

Un homme sans mains prend des photos d’une maison. Le propriétaire l’invite à prendre un café. . L’homme est habile avec les crochets qui remplacent ses mains. Il raconte sa vie pendant qu’il photographie l’homme seul que sa femme et ses enfants viennent de quitter et qui se sent mieux maintenant grâce à cette visite inattendue..

Où sont-ils passés tous ?

«J’en ai vu des choses.» Un homme a vu s’éloigner tous les siens, peu à peu, ses enfants, sa femme qui le trompe avec son meilleur ami, ses copains , ses collègues, sa mère qui trompe sa propre solitude avec un inconnu. C’est pourtant vers elle qu’il revient dormir, un soir et se faire border comme un enfant. «Elle tira la couverture sur moi …Je restai couché. Sans bouger.»
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Les Vitamines du bonheur

Excellent nouvelliste que je viens de découvrir avec cette nouvelle édition retraduite. J'ai pu constater chez les critiques et les anciens admirateurs de Carver des avis partagés sur ces traductions complètes. L'éditeur de l'époque avait en effet coupé des passages entiers de certaines nouvelles. Toujours est-il que ces nouvelles, racontant des moments de vie de gens ordinaires face à leurs quotidiens et leurs relations sociales parfois difficiles, sonnent juste. Elles témoignent d'une réelle connaissance de l'auteur de ces vies parfois brisées et solitaires dont il apparait évident que Carver a vécu certains de ces moments de vie racontées.
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Les cinq nouvelles de ce recueil ont été retrouvées et publiées après la mort de Carver en 1988. Pas tout à fait achevées peut-être, mais d'une extrême netteté, d'une grande précision et d'une minutie remarquable, ces nouvelles en "tranches de vie", par petites touches, parlent avec retenue des drames de la vie : séparation, dépendance, mensonge, solitude... Des histoires de couples partant à vau-l'eau, de séparations, de vies conjugales étiolées, jusqu'à la rupture comme solution logique. Des histoires qui nous plongent dans une Amérique très quotidienne et très banale, où évoluent des personnages ordinaires qui traînent des vies gâchées qui leur échappent. On ne sait pas grand-chose d'eux, on devine un traintrain quotidien que ne viennent même plus bousculer des espoirs de vie meilleure. Jusqu'au jour où une rupture, un changement, un presque rien se produit.



Le tour de force de Carver est d'évoquer ces naufrages individuels dans un style absolument lisse et nu, une écriture dépouillée qui évite la psychologie et les effets, mais qui, pourtant, avec sobriété et sans misérabilisme, fait affleurer la souffrance de ces êtres à la dérive.



La lecture de ces instantanés de vies laisse au lecteur un arrière goût de déprime car rien dans le dénouement en points de suspension de ces nouvelles ne laisse présager que l'après sera meilleur que l'avant...
Lien : http://descaillouxpleinleven..
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Les Vitamines du bonheur

les histoires de gens très ordinaires qui vivent des choses très ordinaires deviennent tout simplement palpitantes, quand elles sont racontées par Raymond Carver.
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