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Critiques de Raymond Queneau (558)
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Le Dimanche de la vie

« Le dimanche de la vie », publié en 1952, est le roman le plus philosophique de Raymond Queneau, le titre étant emprunté à une expression de Hegel citée lors d'un de ses cours sur l'esthétique, au sujet de la peinture flamande du XVIIème siècle.

Queneau se sert de la « Phénoménologie de l'esprit » pour illustrer une histoire finalement assez banale mais aux personnages au caractère bien trempé.



Julia Ségovie, commerçante d'un certain âge, s'éprend d'un jeune soldat (Valentin Brû) dont elle ignore à même le nom et fera tout pour retrouver la trace et se marier avec. Elle finira par arriver à ses fins et vivra avec jusqu'à la mobilisation militaire de celui-ci.



L'évolution du protagoniste Valentin Brû se passe en trois étapes dans ce qui est une sorte de cheminement initiatique. Tout d'abord, il est inconscient de lui-même et donc c'est pour cette raison qu'il n’apparaît pas dans le registre de l'armée. Il obtient une existence à partir du moment où Julia porte un regard sur lui mais ne restant pourtant qu'un jouet entre ses mains, ne faisant qu'obéir à tous ses désirs selon la dialectique maitre-esclave de Hegel. Puis, Valentin commence à apprendre le métier de commerçant et passe à l'étape de l'auto-conscience. Dans la dernière partie du roman, il arrive enfin à une sorte de sagesse ainsi qu'à une connaissance de l'humanité et du monde et c'est pour cette raison qu'il passe presque pour un prophète, car il parvient à prédire l'imminence de la guerre alors que personne n'y croit vraiment. Ces trois étapes peuvent également se situer à un niveau social : Le simple soldat inconscient devient un mari, devient un commerçant et ensuite part faire la guerre.



Il y a également cette fascination angoissante du temps qui passe, Valentin n'arrêtant pas de scruter les aiguilles de l'horloge, cherchant à surveiller le temps s'écoulant inexorablement.



Le style de Raymond Queneau, facilement reconnaissable, est toujours aussi plaisant et agréable à lire, n'oubliant jamais de verser dans le second degré malgré l'actualité sulfureuse de l'époque à laquelle se situe l'histoire du livre.
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Zazie dans le métro

Lisez absolument jusqu’au bout : « Qui supporterait les coups du sort et les humiliations d’une belle carrière, les fraudes des épiciers, les tarifs des bouchers, l’eau des laitiers, l’énervement des parents, la fureur des professeurs, les gueulements des adjudants, la turpitude des nantis, les gémissements des anéantis, l’odeur des choux-fleurs ou la passivité des chevaux de bois, si l’on ne savait que la mauvaise et proliférante conduite de quelques cellules infimes (geste) ou la trajectoire d’une balle tracée par un anonyme involontaire irresponsable ne viendrait inopinément faire évaporer tous ces soucis dans le bleu du ciel. »



Zavez bien lu. Long, délirant, délitant. Zazie dans le métro, de Raymond Queneau, publié en 1959, est une énorme et hilarante parodie. Sous couvert de Zazie, neuf ans, découvrant Paris, c’est une pseudo-épopée, ludique. Les niveaux de langages varient sans cesse du vulgaire au soutenu, provoquant des rires du lecteur, même dans le métro. Xemple, dans la bouche d’un restaurateur parisien à l’encontre de touristes :



Suite de la critique sur le blog :
Lien : http://carnetsdimelda.wordpr..
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Zazie dans le métro

Un livre génial rempli d'humour et de situations cocasses. Du grand Queneau!
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Zazie dans le métro

L'histoire de la petite Zazie m'a déçue... Bien sûr, j'ai souri et je ne peux que reconnaître l'inventivité de Queneau et ses jeux de langue mais... je me suis ennuyée. Pour moi, il n'y a pas d'histoire "solide" et tout se noie dans des dialogues tarabiscotés. Ce trop plein de jeux mots a rendu ma lecture pénible. Et puis, quelle emmerdeuse cette petite Zazie! (Plus sérieusement, les personnages m'ont agacée, surtout sur la fin. )
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Zazie dans le métro

Je n'avais jamais lu "Zazie ..." : que voulez-vous, nul n'est parfait. Il faut dire que les louanges quasi unanimes qu'on en faisait m'inspiraient de la méfiance. Et puis, le nom de Queneau était pour moi avant tout synonyme de poésie : or, la poésie n'a jamais été ma tasse de thé même si je la sais incontournable dans l'Histoire de la Littérature. Sans compter qu'il y avait aussi cette histoire d'OuLiPo et tous ces jeux, ces défis que s'imposaient, pour écrire, des auteurs comme Georges Pérec. Que j'eusse énormément apprécié - et admiré - "La Vie Mode d'Emploi" ne changeait rien à l'équation : je trouvais plus ou moins masochiste cette volonté de s'imposer des contraintes supplémentaires d'écriture alors que la construction d'une intrigue et la cohérence des personnages et de l'histoire où ils évoluent, constituent par eux-mêmes des impératifs suffisamment difficiles à respecter.



Et le masochisme non plus, ce n'est pas ma tasse de thé.



Mais, tout récemment, un aimable vendeur de PM a eu l'idée de m'envoyer l'édition Folio de "Zazie ..." en prime des livres que je lui avais achetés. Dans de telles conditions, lire enfin le roman de Queneau me parut faire acte de courtoisie. Avec un mélange d'appréhension suspicieuse et de curiosité bien légitime, je pénétrai donc dans le premier chapitre de l'ouvrage, trébuchant illico sur le premier mot imaginé par Queneau : "Doukipudonktan", que précédait en exergue une citation d'Aristote.



Trébuchant - l'effet de surprise, comprenez-vous car ce n'est pas tous les jours qu'on croise Aristote en si étonnante compagnie - mais me rattrapant vite fait à la solidité de Gabriel, l'oncle de Zazie (lequel porte "Barbouze" de chez Fior) ainsi qu'à l'entêtement - pour ainsi dire celtique - de la jeune héroïne au langage fortement rabelaisien mais jamais vulgaire. (Comme disait Coluche, "Grossier, oui mais vulgaire, jamais." Il devait avoir lu "Zazie ...", lui aussi, je n'en serais pas étonnée... )



Après ça, passé les présentations d'usage - Gabriel est très à cheval sur les bonnes manières des enfants - je ne me rappelle plus très bien mais une chose est sûre : jamais traversée (presque toujours pédestre) de Paris ne m'a autant captivée (sauf peut-être celle, toute cinématographique, de Gabin et Bourvil au temps de l'Occupation et sous la houlette de Claude Autan-Lara).



On regrette bien un peu qu'une grève impromptue du personnel de la RATP (no comment) ait privé Zazie de découvrir toutes les merveilles du Métropolitain (enfin, plus précisément, quand elle se retrouve enfin dans le Métro, elle dort et n'en voit donc pas un seul wagon) mais à côté de cela, elle rencontre - et nous rencontrons avec elle - tant de personnages hauts en couleur : Gabriel, tout d'abord, un bel homme et une nature sensible, qui fait un numéro de danseuse de flamenco tout en jurant ses grands dieux à sa nièce (et à tous ceux qui s'y intéressent) que non, il n'est pas homossessuel ; Marcelline, sa femme, qui parle toujours doucement et à qui revient le privilège d'amener la chute de fin ; Mado P'tits Pieds, une serveuse de bar très sentimentale ; Charles Turandot, son patron au langage fleuri et tout aussi sentimental ; l'ineffable agent de la paix Trouscaillon ; un car de touristes déchaînés parmi lesquels se distinguent des Japonais qui photographient tout ; la veuve Mouaque au tragique destin et enfin Jeanne Lalochère, la mère de Zazie et la soeur de Gabriel, qui entre et sort en coup de vent.



Le tout à un rythme endiablé, qui évoquera à certains les bandes surréalistes de l'entre-deux-guerres, dans une floraison permanente et complètement déjantée de mots, les bons, les mauvais, les approximatifs, et une reconstruction permanente de la langue française - qui est aussi un hommage jubilatoire à celle-ci.



A l'arrivée, me voilà devenue une inconditionnelle de Raymond Queneau. La preuve, je crois avoir quelque part dans ma bibliothèque "Le Dimanche de la Vie" : je vais de ce pas le chercher et, quand je l'aurai lu, je reviendrai vous en parler. ;o)
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Zazie dans le métro

Je suis assez fan de Raymond Queneau et je découvre seulement Zazie dans le métro (pas vu l'adaptation cinématographique non plus...) ! Mieux vaut tard que jamais ! Et dès les premières lignes, que dis-je, dès le premier mot ("doukipudonktan"), je me suis complètement laissée happer par les aventures loufoques des personnages fantasques au verbe coloré dans le Paris d'après guerre.



Moi qui aime la gouaille et l'absurde, l'irrévérence, le fait d'assumer son identité et sa différence, le questionnement de la norme etc., j'ai été servie ! le langage haut en couleurs et l'état d'esprit m'ont fait penser à Jean-Bernard Pouy et Frédéric Dard, que du bon ! :-D



J'ai été surprise par le rôle finalement ténu de Zazie. J'ai été touchée par son oncle, "l'archiguide" Gabriel, personnage complexe, et par l'évocation de la vie de quartier.



Un chouette roman, que je relirais avec plaisir !

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Exercices de style

J'avais lu "Exercices de style" quand j'étais au collège. Et j'avais trouvé ça vraiment intéressant pour mes rédactions !



Je le parcours à nouveau de temps en temps, et trouve ça exceptionnel de créativité, et de drôlerie !



La même situation d'un jeune homme bousculé dans un bus se trouve racontée de 99 façons différentes, et c'est toujours drôle !

Il est vrai que c'est extrêmement intéressant pour qui aime les mots !
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Pierrot mon ami

Que c'est difficile de critiquer un livre de Raymond Queneau mais je n'ai pas accrochée à ce "Pierrot mon ami" qui évoque pourtant les premières paroles de la chanson enfantine Au clair de la lune.

Pour autant, je crois que cette histoire ne m'a pas enchantée parce que j'ai écouté une version audio. Il faut dire que la lecture à toute vitesse par François Perrier (enregistrement historique de 1954) est à la limite du supportable. Pour moi, la lecture n'est pas une course mais au contraire un moment de délectation.

Bref, de retour au texte papier tous les ingrédients réunis auraient pu me plaire : la fête foraine, Paris, les amis et les amours, l'humour...

Si le style de Queneau est appréciable, son palace de la rigolade ne m'a pas du tout fait rire.

Je sais qu'il aime les exercices de style mais son histoire rocambolesque n'a rien de métaphorique pour moi. Je regrette mais cette attraction du l'Uni-Park où travaille Pierrot qui consiste à forcer les femmes à se mettre sous un courant d'air pour que ces messieurs les philosophes se rincent l'œil est violente. J'attendais un dénigrement de la situation mais rien n'est venu. Quand à Yvonne dont Pierrot est amoureux, son portrait n'est pas bien glorieux.

La langue de Queneau est pourtant bien vivante, c'est le moins qu'on puisse dire, mais ce Pierrot est loin de ma Zazie préférée.





Challenge XXème siècle 2021

Challenge ABC 2021-2022

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Zazie dans le métro

Un roman atypique : contrairement à mes autres lectures, ce n'est pas le fonds que j'ai apprécié mais la forme.

Raymond Queneau joue avec les mots, leurs sonorités, l'orthographe mais aussi avec les niveaux de langue. Résultat, j'ai lu plusieurs passages à haute voix!

C'est un bel exercice littéraire qui m'a pourtant laissé sur ma faim au niveau de l'histoire. Je n'ai pas particulièrement ressenti de "connexion" avec Zazie, qui vit certes un séjour inoubliable, plein d'expériences qui vont la faire grandir. En outre la récurrence des allusions aux "pervers" qui risquent de menacer la jeune fille m'a dérangé.

Un roman qui se doit d'être lu mais qui ne sera pas un coup de cœur pour autant.
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Exercices de style

Ce livre est génial. L'idée de raconter la même histoire de 99 façons différentes l'est aussi.

Ce livre est utilisable, par des enseignants dès le niveau de CM2, pour lancer des ateliers d'écritures. On peut s'amuser à écrire l'histoire encore différemment. Il y a une infinité de possibilités. Les scènes peuvent être, ensuite, jouées.

C'est un livre que je lis régulièrement.

Je le recommande souvent.
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Le Dimanche de la vie

Queneau j’ai lu il y a fort longtemps c’est avec plaisir que je le retrouve avec ce petit roman. J’ apprécie le style déjanté de l’auteur, les personnages un peu loufoques, ainsi que l’ambiance en générale.

C’est un langage qui prête à sourire, et donne de l’humour à l’histoire, même si parfois ça semble un peu tiré par les cheveux, on adhère pour le spectacle qui se joue entre les pages.

Si vous avez envie d’une parenthèse détente, humour, burlesque, lisez un Queneau.

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Exercices de style

Amusant... exercice de style. Une anecdote anodine racontée de 99 façons différentes. De la gymnastique de haut vol qui rappelle que la langue française est un excellent matériau à déconstruire, pour le plaisir. Du bon OULIPO. De l'anti-Flaubert mettons. Il faut lire ensuite "Le Zérocycle", de Bernard Demers. Il ajoute 99 autres versions à celles de Queneau, dont une page en braille. En tout, 198 petits textes, jamais deux fois la même approche. Époustouflant. Et jouissif.



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Zazie dans le métro

Que dire de cet OVNI qui n'ait déjà été dit ? Édité en 1959, ce petit livre est un vrai régal pour les amateurs de mots crus et de jeux de sonorités, d'argot plus ou moins parisien, d'images drolatiques et de personnages hors normes. De cette gamine effrontée qu'on a confiée à son tonton Gabriel à la toute gentille Mado Ptits-pieds, en passant par Marceline qui ne parle que doucement ou par Laverdure le perroquet qui répète à l'envi « tu causes, tu causes, c'est tout c'que tu sais faire », on est plongé dans un monde délirant à la loufoquerie réconfortante par les temps qui courent.

Il fallait tout de même oser en 1959 évoquer un couple homo, une gamine dont la mère a trucidé son époux sous les yeux de sa fille, un tonton devenu tuteur déguisé chaque soir en ballerine à tutu dans un cabaret gay de Pigalle sans que les bonnes âmes viennent crier au scandale. Et la visite de Paris organisée pour Zazie (qui ne veut voir que le métro, le vrai, pas les lignes aériennes), devient une vraie bouffonnerie quand elle est commentée par nos Pieds-Nickelés qui confondent la gare de Lyon et le Panthéon... !



Lu il y a très longtemps, c'est à la relecture en 2015 que j'apprécie encore plus la jonglerie verbale absolument jubilatoire. A rouvrir un soir de sinistrose...
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Zazie dans le métro

Ce roman surréaliste, très étudié au cours du cycle scolaire, déroute tout un chacun. En effet, Raymond Queneau joue avec les codes traditionnels du roman : il créait une rupture avec le langage habituel en incorporant dans son récit des propos grossiers ou des fautes d'orthographe voulues. Certains apprécieront, d'autres moins. Une chose est sûre, même si ce livre semble mal écrit, sans intrigue et vide de sens, l'auteur a quand même prit une quizaine d'années de sa vie pour le finaliser ! C'est pas rien.



La trame de l'histoire est facile à comprendre : une petite fille du nom de Zazie se retrouve à Paris chez son oncle le temps d'un week-end, et son seul souhait est de prendre le métro. Manque de bol, il est en grève. Suit alors les petites péripéties de Zazie dans les rues de Paris.

Si cette intrigue vous paraît vide de sens, je peux vous l'assurer : elle l'est. Car Raymond Queneau n'a pas misé sur une histoire romancée banale, mais s'est plutôt interrogé sur le rôle et la place du langage.



Vous pensez que Zazie est la protagoniste de l'histoire ? Et si je vous disais que c'est en fait le langage, qui est le personnage principal ?! L'auteur nous dresse une critique du langage quotidien, qu'il voit comme creux, vide de sens. En effet, les petites péripéties qu'il narre dans son roman, sont peuplés de dialogues, qui ne servent à rien. Il conteste un emploi formaté du langage, qui s'adapte aux idées pré-conçues. Les grossièretés fusent, les fautes d'orthographes s'enchaînent, tout comme les défauts de prononciation (les deux exemples qui m'ont le plus frappés : hormossesuel et eczagérer...). Les personnages s'emballent, ils parlent pour rien dire, sans aucune pensée novatrice.

C'est principalement le perroquet Laverdure qui dénonce la perte de sens du langage en répétant inlassablement sa réplique "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire". Zazie est elle aussi une figure de dénonciation, en terminant ses répliques par "mon cul", elle se place en contestataire face aux adultes.



Zazie dans le métro, c'est aussi un livre comique et absurde, où se profile beaucoup d'ironies. Aucune scène n'est sérieuse, bien au contraire, le comique de situation est omniprésent, à tel point qu'on se retrouve avec des situations qui tournent en boucle, sans finalité.



Comme je le disais dans mon introduction, certaines personnes percevront ce que l'auteur a voulu suggérer et adhéreront totalement à sa cause. D'autres, comme moi, plus dubitatifs, ne seront pas vraiment touchés par cette harangue. Bien au contraire, cette lecture a été un supplice, tant la langue française a été détournée, rabaissée et injuriée.

Chez Raymond Queneau, tout n'est qu'ambiguîté et suggestion : autant au niveau de la forme que prend le récit, qu'au niveau des personnages, qui ne sont pas décrits, pas exploités ni approfondit. Le lecteur est obligé de chercher lui-même des informations, notamment pour faire le portrait de Gabriel, l'oncle de Zazie.



Cette oeuvre de Raymond Queneau a été adapté au cinéma par Louis Malle un an après sa publication. Les deux hommes recherchaient de l'innovation, pour ne pas divertir le lecteur, mais pour le déstabiliser et l'obliger à prendre du recul par rapport à l'oeuvre. L'un s'étant amusé avec le langage dans Zazie dans le métro, l'autre cherchant à retranscrire l'amusement du langage au cinéma.



Raymond Queneau revendique une nouvelle façon d'écrire : à travers l'apparence d'une histoire banale, il pointe du doigt la place du langage dans la société. Un langage appauvrit, académique et pré-conçu. Un livre à double tranchant, qu'on saura apprécier ou qu'on détestera.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Zazie dans le métro

Zazie est un livre presque sans queue ni tête. Queneau ne cherche pas à dresser un récit logique, rempli d'actions, il n'y a pas de trame narrative qui nous emmène d'un point A à un point B. Bien au contraire, il ne se passe pas grand-chose. A peine arrivée à Paris, Zazie, contrariée de ne pas pouvoir crapahuter dans le métro, va partir la fleur au fusil se promener dans la capitale, en faisant la rencontre d'un satyre, qui se révèlera ensuite être un "flicmane", puis encore bien d'autres identités. Bref, on ne comprend pas trop qui il est vraiment. Elle va au passage découvrir que son tonton est une danseuse de charme, mais attention, pas un "hormosessuel". Tenter d'aller visiter ce qui semblerait être la Sainte-Chapelle et passer plus de temps dans les bars qu'on ne devrait à son âge. Elle va se poser beaucoup de questions sur la sexualité (assez détonnant pour l'époque où a été écrite ce livre, 1959), et trouver les adultes qui l'entourent bien bizarres.



Zazie pourrait en ennuyer certains, moi il m'a fait beaucoup rire. La gouaille de cette gamine qui évoque très naturellement que sa mère a explosé le crâne de son père à la hache, le côté Paris populaire et son argot, les jeux de mots de l'auteur, les néologismes, les joutes verbales plus invraisemblables les unes que les autres sont absurdes et l'oralité du récit peut dérouter. J'ai personnellement adoré. Zazie, qui ponctue la majorité de ses phrases d'un "mon cul" bien tranché, remet en cause avec un brin de naïveté et surtout beaucoup d'audace les conceptions et avis bien établis des grands, les met au pied du mur et les oblige à s'exprimer sur les non-dits, les tabous.



On enchaîne les scènes, les rencontres, ça va à toute vitesse et on pourrait se croire dans une pièce de théâtre tant de par le rythme que par le style de l'oeuvre. Les personnages sont hilarants, jouant sur des registres variés : le tonton Gabriel est autant capable d'être pris d'un excès de lyrisme philosophique que d'en venir aux mains dans une verve digne des Rousseau des ruisseaux. Un perroquet vient animer l'ensemble, Laverdure, et berce le récit de son éternel "- Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire.". Peut-être la seule parole censée de ce livre.



Lecture piochée au hasard dans la bibliothèque de notre lieu de vacances, Zazie dans le métro se dévore en un rien de temps. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, ce livre marque les esprits et révèle le don de Queneau pour manipuler les mots et pour manier un humour particulier certes, mais hors du commun, ce qui m'a plu. Il ne me reste plus qu'à découvrir l'adaptation ciné de Louis Malle.
Lien : http://wp.me/p12Kl4-eu
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Exercices de style

Il peut paraître ridicule de raconter 99 fois la même scène, et présomptueux de penser que cette accumulation de pages puisse être une référence, une bible, un modèle.



Lu dans mes jeunes années de lectrices, je le retrouve avec plaisir, comme gourmandise entre 2 romans. Une œuvre qu'on devrait inscrire à la liste des obligatoires à l'école, pourquoi pas dès le primaire, à notre époque où les enfants ont tendance à se détourner de la lecture par manque de soi-disant attrait. Exercices de style, c'est ludique, imaginatif et sans fin. Les écoliers pourraient même s'entraîner à écrire un chapitre en SMS!



Je ne connais pas meilleur moyen pour enrichir le vocabulaire (des écoliers français et des autres pays du monde) et découvrir des formes narratives peu usitées. En plus, c'est drôle !
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Connaissez-vous Paris ?

Connaissez-vous Paris ? est un recueil regroupant 456 des 2 102 questions (et réponses) posées par Raymond Queneau dans le journal L'Intransigeant au cours des années 1936-1938. Bien que méconnu, ce travail semble être celui qui lui ouvert la route du succès.

Autant l'écrire d’entrée : ce florilège est pour le moins redondant. La réponse conserve la syntaxe de la question. Exploité avec finesse et originalité dans un quotidien, ce choix agace puis irrite ici bien vite. Fort heureusement, ce corpus se lit très rapidement. Les thèmes traités sont nombreux et témoignent de l’intérêt de l’auteur pour la capitale. Ils sont un défi jeté à l’érudition. Et là réside le problème, car le livre s’adresse avant tout aux Parisien(ne)s désireux de connaître leur ville sur les bout des doigts et dans ses moindres détails.

Les choix effectués par Emmanuël Souchier trouvent ici leurs limites. Certes les informations délivrées ne se trouvent pas facilement ailleurs, mais elles ne s’adressent qu’à un public restreint. Le constat est d’autant plus dommageable qu’une présentation plus travaillée aurait pu l’éviter. Ainsi tout un chacun du touriste complet au spécialiste chevronné, aurait pu trouver son bonheur. Hélas, ce choix n'a pas été fait !

L’ensemble reste, à mon sens, bien peu digeste et franchement incongru (à moins de vouloir devenir un érudit des rues et bâtiments de Paris). Le travail de fourmi réalisé par Raymond Queneau ne trouve pas ici un écrin à la mesure de sa qualité.


Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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Exercices de style

Dans un autobus de la ligne S, un jeune homme au long cou portant un chapeau orné d'une tresse se fâche et apostrophe son voisin. Il lui reproche de lui marcher sur les pieds dès que quelqu'un monte ou descend du bus. Deux heures plus tard, le même jeune homme se trouve devant la gare Saint-Lazare avec l'un de ses amis qui lui conseille de modifier l'agencement des boutons de son pardessus.



Cette histoire est toute simple et l'auteur la répète 99 fois. La bonne idée de Raymond Queneau, c'est de l'écrire de 99 façons différentes. On peut toutefois reprocher à certaines versions d'être peu lisibles, voire incompréhensibles, comme par exemple celle des " Permutations par groupes croissants de lettres ".

D'autres versions sont heureusement beaucoup plus agréables.
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Exercices de style

Un petit bonheur. On peut les lire sur le pouce ou en entier pour comprendre les différences et le classement, chacun de ses exercices est avant tout un plaisir d'écrire et donc de lire à portée de mains (ou d'oeil!). Queneau est oulipien avec ces exercices, il raconte donc quatre-vingt-dix neuf fois (je crois) la même hstoire de manière différente. Ils sont aussi un grand bonheur à mettre en scène, à voir jouer. Un passage obligatoire pour tout comédien débutant. Merci Monsieur Queneau d'avoir fait une oeuvre extraordinaire avec la simplicité la plus ordinaire.
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Exercices de style

Une histoire qui tient en quelques lignes et pourtant quel grand livre ! J'adore Raymond Queneau que j'ai découvert durant mes cours d'Ateliers d'écriture que je suivais à la fac de lettres en tant qu'auditeur libre. Ces derniers m'ont permis de découvrir le groupe de l'OuLiPo dont Queneau est l'un des principaux fondateurs.



Cette histoire est d'une banalité affligeante puisqu'il ne se passe rien, si ce n'est la rencontre du narrateur avec un jeune homme dans un bus de la ligne S, ce même jeune homme qu'il recroisera deux heures plus tard accompagne d'un ami lui conseillant de rajouter un bouton à son pardessus. L'histoire en elle-même n'a donc rien d'extraordinaire mais ce qui fait toute la beauté du livre est sue celle-ci est racontée quatre-vingt-dix-neuf et de quatre-vingt-dix-neuf manières différentes ; c'est vraiment là que l'on reconnaît toute la prouesse de l'auteur !



Passant de l'humour à une description beaucoup plus maniérée, Queneau nous époustoufle avec ses exercices de style...

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