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Citations de Régine Pernoud (186)


Ce sont là des produits entièrement positifs, propres à maintenir en parfaite santé et en bonne humeur ; car Hildegarde est très attentive à « tout ce qui réjouit le cœur de [l'humain] ». Il est nécessaire pour elle que les aliments plaisent, qu'ils soient disposés de façon agréable ; elle insiste toujours sur l'accord entre ce que la nature fournit d'harmonieux et le bienfait qui en résultat pour [l'humain].
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Tout cela peut paraître un peu élémentaire, voire simpliste. On trouve là cependant le souci de soigner le malade plutôt que la maladie, l'attention apportée aux comportements comme effets d'un dérèglement intérieur, la beauté, l'harmonie comme nécessaires à l'épanouissement humain – tous principes qui sont essentiels à la pensée d'Hildegarde.
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Hildegarde y ajoute une notion de son cru [...] : la « viridité », cette puissance de vie que manifeste la sève montante et qu'elle évoque souvent à propos des plantes, bien sûr, mais aussi à propos de toutes les créatures vivantes.
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Hildegarde nous invite, elle, à renouveler notre vision. Les écologistes devraient s'intéresser à son œuvre. Elle semble nous prendre par la main à travers les immenses réserves de la nature pour nous apprendre à y discerner ce qui échappe d'abord à nos sens. D'ailleurs la valeur subtile, aux yeux d'Hildegarde, c'est la valeur curative, bienfaisante, que les plantes, les fruits, les animaux, les poissons, etc., peuvent avoir pour l'homme [l'humain]. Chaque élément de la nature possède ainsi sa valeur, salutaire ou nuisible, que les ouvrages de l'abbesse nous apprennent à discerner.
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On peut en effet dire que du point de vue médical, alimentaire, environnemental, Hildegarde nous fait apprécier les vertus ignorées de ce qui nous entoure : plantes, animaux, herbes, bois. Sa lecture nous dévoile des possibilités insoupçonnées, des pouvoirs secrets, lesquels sont devenus fort étrangers à notre monde où tout est d'avance conditionné, emballé, choisi, trié. C'est un monde pourvu d'une vie mystérieuse dont elle invite à scruter les arcanes.
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On ne trouve guère à lui comparer que l'ouvrage d'une autre abbesse, celle de Sainte-Odile au Mont-Sion en Alsace, Herrade de Landsberg. Contemporaine d'Hildegarde, elle compose vers 1175-1185 une encyclopédie – la première de la littérature – qu'elle nomme "Jardin des délices" (Hortus deliciarum). C'est un recueil d'histoires, de chroniques, d'extraits divers tirés aussi bien de la Bible et des Pères de l'Eglise que des travaux d'Honorius d'Autun ou de l'étude de la vie quotidienne, qui est destiné aux religieuses du mont Sainte-Odile. On y trouve par exemple un chapitre sur la Trinité, qui suit l'histoire de la Création, et à cette occasion des propos allant de l'astronomie à l'agriculture, de l'arpentage à la voirie, etc. C'est de cet ouvrage que les historiens des techniques médiévales ont tiré la plus grande partie de leur savoir ; l'énorme manuscrit de 324 feuillets ne comporte pas moins de 336 miniatures. Le propos d'Hildegarde, lui, dépasse néanmoins la simple description. Elle établit des rapports entre les productions de la nature et les êtres humains, recherche les connaissances relatives à l'homme, à son équilibre, à sa santé.
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Dans cette vie si féconde, il faut aussi faire la part d'une activité qui déborde nettement le cadre habituel des études et des préoccupations d'une vie vouée à la prière. On ne connaît que deux ouvrages médicaux composés en Occident au XIIe siècle : ils sont tous les deux l'œuvre d'Hildegarde. Elle a composé une véritable encyclopédie des connaissances du temps en Allemagne, en matière de sciences naturelles d'une part, de médecine d'autre part. L'une et l'autre aussi inattendue, reconnaissons-le, dans l'œuvre d'une visionnaire et d'une mystique qu'on imagine facilement perdue dans la contemplation de l'au-delà.
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L'œuvre d'Hildegarde de Bingen est immense et diverse. Nous en avons évoqué la partie la plus importante : ses visions de l'univers, l'homme [l'humain] au centre de l'univers créé, l'expression musicale et poétique de ses soixante-dix symphonies (et même davantage), la richesse de sa correspondance, qui témoignage de la confiance que lui accordaient les autorités religieuses ainsi que les puissances séculières de son temps. Il faudrait y ajouter des activités plus marginales, comme cette curieuse élaboration d'une "lingua ignota", une langue et même un alphabet nouveaux qu'elle semble avoir voulu forger, peut-être avec la contribution des religieuses qui l'entouraient, et qui aboutit à des élucubrations assez bizarres. Cette activité témoigne d'un esprit d'invention qui peut paraître hors norme, gratuit, voire un peu futile, mais aussi d'un goût de la recherche qui est bien de son temps – ce temps où en France Abélard parle de ses études comme d'une « inquisition permanente ». (Le terme signifie alors « recherche » et n'est pas encore entaché de la connotation qu'il prendra au milieu du XIIIe siècle.)
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Elle termine cette vision par le mot qui résume sa conception de l'humanité : « Ainsi, l’homme [l'humain] est la clôture des merveilles de Dieu. » Une main inconnue, peut-être au XIIIe siècle, a recopié cette phrase, qui résonne comme une clé de l’œuvre d’Hildegarde, à la fin de la neuvième vision dans le manuscrit de Lucques : Homo est clausura mirabilium Dei.
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Vision étrange dans laquelle se mêlent des figures inattendues comme celle du personnage recouvert d'écailles de poisson, et des images très inhabituelles comme celle du miroir. On sait que c'est là une métaphore fréquente dans les écrits du temps. Les miroirs de verre, invention du haut Moyen Âge, sont devenus au temps d'Hildegarde d'un usage courant. Ils supposent la lumière et permettent de refléter sagesse, sainteté, le visage et les traits de ceux qu'on admire, d'où l'usage qu'on en fait dans les lettres. Un médiéviste allemand a compté plus de deux cent cinquante ouvrages qui s'intitulent "Miroirs".
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En négligeant la formation du sens historique, en oubliant que l'Histoire est la Mémoire des peuples, l'enseignement forme des amnésiques. On reproche parfois de nos jours aux écoles, aux universités, de former des irresponsables, en privilégiant l'intellect au détriment de la sensibilité et du caractère. Mais il est grave aussi de faire des amnésiques. Pas plus que l'irresponsable, l'amnésique n'est une personne à part entière; ni l'un ni l'autre ne jouissent de ce plein exercice de leurs facultés qui seul permet à l'homme, sans danger pour lui-même et pour ses semblables, une vraie liberté.
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L'étude de l'histoire permet, enfin, de situer exactement la notion de progrès. On se fait généralement du progrès une idée fort élémentaire. Comme l'écrit Lewis Mumford, on est porté à penser que, si les rues de nos villes étaient sales au XIXe siècle, elles devaient avoir été six cent fois plus sales six cent ans auparavant. Combien d'étudiants croient de bonne foi que ce qui s'est passé au XIXe siècle, par exemple le travail des enfants dans les usines, avait toujours existé et que seuls la lutte des classes et le syndicalisme à la fin du XIXe siècle ont débarrassé l'humanité de cette tare! Combien de militantes de mouvements féministes pensent de bonne foi que la femme a toujours été confinée dans un gynécée au moins moral, et que seuls les progrès de notre XXe siècle lui ont accordé quelque liberté d'expression, de travail, de vie personnelle! Pour l'historien le progrès général ne fais pas de doute : mais non moins le fait qu'il ne s'agit jamais de progrès continu, uniforme, déterminé. Que l'humanité avance sur certains points, recule sur d'autres, et cela d'autant plus aisément que tel élan qui fait l'effet d'un progrès à un moment donné fera, par la suite, l'effet d'une régression. Au XVIe siècle, on n'a nullement douté que l'humanité ne fût en progrès, et notamment du point de vue économique; fort peu de gens ont pris conscience de ce que, comme le clamaient Las Casas et quelques autres frères dominicains du Nouveau Monde, ce progrès économique se faisait en rétablissant l'esclavage par un gigantesque mouvement de réaction et que, par conséquent, un pas en avant ici peut se payer d'un recul ailleurs. L'humanité progresse indiscutablement, mais pas uniformément ni partout.
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L'Histoire est vie, précisément parce qu'elle comporte un donné, quelque chose qui pré-existe à nos concepts, à nos préjugés, à nos systèmes : la pièce de monnaie portant telle effigie et trouvée à tel emplacement déterminé; les conclusions qu'on en tirer peuvent être erronées; mais le fait, la pièce de monnaie indiquant telle date, trouvée à telle place, ne dépend pas de nous; nous devons l'accepter, comme nous devons accepter que tel manuscrit ait été composé à telle date et sur l'ordre de tel personnage – sous réserve que l'arsenal de la critique ait été correctement mis en branle pour l'établir.
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L'affaire Galilée est une insulte au bon sens comme à l'esprit scientifique. Mais trop facilement aussi, on en fait une insulte à l'Histoire en ce sens qu'on ne l'attribue pas à l'époque à laquelle elle s'est effectivement déroulée, c'est-à-dire à la première moitié du XVIIe siècle.
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On pourrait multiplier ainsi les exemples de détails fournis par l'histoire du droit et celle des mœurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d'une législation «à la romaine» dont notre code est encore imprégné. Si bien qu'au temps où les moralistes voulaient voir «la femme au foyer», il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d'exiger que le foyer fût à la femme.
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Ce qui était nouveau [à la Renaissance], c'était l'usage qu'on faisait, si l'on peut dire, de l'Antiquité classique. Au lieu d'y voir comme précédemment un trésor à exploiter (trésor de sagesse, de science, de procédés artistiques ou littéraires, dans lequel on pouvait indéfiniment puiser), on s'avisait de considérer les œuvres antiques comme des modèles à imiter. Les Anciens avaient réalisée des œuvres parfaites; ils avaient atteint la Beauté même. Donc, mieux on imiterait leurs œuvres et plus on serait sûr d'atteindre la Beauté.
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[…] le niveau général peut être fourni par la question qui servit de base une rencontre du Cercle catholique des intellectuels français en 1964 : «Le Moyen Âge était-il civilisé ?» Sans la moindre pointe d'humour : nous pouvons être sûrs du moment qu'il s'agissait d'intellectuels pour la plupart universitaires, et d'universitaires pour la plupart engagés. Les débats avaient lieu à Paris, rue Madame. On souhaite, pour le confort moral des participants, qu'aucun n'ait eu, pour regagner son domicile, à passer devant Notre-Dame de Paris. Il aurait pu ressentir un certain malaise. Mais non, rassurons-nous : de toute façon, l'universitaire engagé présente une incapacité physique à voir ce qui n'est pas conforme aux notions que sa cervelle a sécrétées. Il n'aura donc de toute manière pas vus Notre-Dame, même si son chemin l'a amené sur la place du Parvis.
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C'est pis que mort, le vivre douloureux
Où n'a nul(le) joie, mais tristesse et souffrance ;
Quand bien on sait qui vous ferait joyeux
Et que n'en vient secours ni maintenance.

AIMERIC DE PEGULHAN
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"Lorsqu'une machine de guerre est trop meurtrière, la Papauté en interdit l'emploi; l'usage de la poudre à canon, dont on connait les effets et la composition dès le XIIIe siècle, ne commence à se répandre que du jour ou son autorité n'est plus assez forte, et ou, déjà les principes de la Chrétienté commencent à s'émietter."
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"Du futur chevalier, on exige des qualités précises, que traduit le symbolisme des cérémonies au cours desquelles on lui décerne son titre. Il doit être pieux, dévoué à l’Église, respectueux de ses lois : son initiation débute par une nuit entière passée en prières, devant l'autel sur lequel est déposée l'épée qu'il ceindra. C'est la veillée d'armes, après laquelle, en signe de pureté, il prend un bain, puis entend la messe et communie. On lui remet alors solennellement l'épée et les éperons, en lui rappelant les devoirs de sa charge : aider le pauvre et le faible, respecter la femme, se montrer preux et généreux; sa devise doit être "Vaillance et largesse". Viennent ensuite l'adoubement et la rude "colée", le coup de plat d'épée donné sur l'épaule : au nom de saint Michel et de saint Georges, il est fait chevalier."
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