L’histoire se déroule en Antarctique, zone d’exploration scientifique que se partagent les pays du monde suivant des parcelles. En testant un nouvel appareil, les scientifiques français découvrent les traces d’une civilisation perdue… A plus de 900 mètres sous la glace : Cette découverte émeut la planète entière car elle remet en cause toutes nos connaissances scientifiques et signifie qu’il existait des hommes … il y a plus de 900 000 ans, bien avant ce que nos connaissances scientifiques laissaient penser ! Devant l’importance d’une telle hypothèse pour l’humanité entière, tous les pays du monde décident de collaborer à l’exploration du centre de la terre, afin d’avoir le fin mot de l’histoire.
Bientôt la thèse sera confirmée, et il s’avère que cette civilisation nous aura légué quelques surprises énormes (que je ne dévoilerai pas) qui font le sel du roman et le rendent aussi passionnant que poétique…! Mais l’intérêt du propos réside également dans la façon dont la situation risque de dégénérer au vu des conséquences pour chaque pays et leurs lobbys respectifs… Car si les chercheurs et les populations souhaitent la vérité et la connaissance, et accueillent toutes les fameuses surprises avec une curiosité bienveillante, les journalistes sont prêts à tous les dangers pour un scoop, les espions souhaitent s’approprier certaines matières ou techniques issues de cette exploration, les groupes de pression désirent détruire toutes découvertes qui permettraient de se passer des services des industries qu’ils représentent - même si cela doit anéantir toute chance d’apprendre et tuer des vies… Et peut-être même que les dirigeants complotent pour protéger leurs nations !
Tous ces protagonistes seront-t-il capables de coopérer malgré leurs différences pour un intérêt suprême commun (vérité, connaissance, progrès, humanité…) ou les intérêts privés des uns et des autres (principalement pécuniaires) prendront-ils le dessus ?
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J’ai longtemps eu peur de m’ennuyer à la lecture de ce classique, notamment parce que je n’aime pas les livres de science-fiction, ni les histoires qui se passent dans un monde trop loin du nôtre dans le temps ou dans l’espace, etc… Mais j’avais tort. Contre toute attente, ce roman alliant politique et poésie fut un coup de cœur. J’ai succombé dès les premières pages tellement l’histoire est bien racontée. René BARJAVEL réussit l’exploit de rendre poétique et touchant un récit qui est pourtant scientifique et politique.
Surtout, son roman peut parler à tout le monde car il est composé, très habilement, de nombreux ingrédients qui lui permet de toucher toutes les catégories de lecteurs possibles : Il y des histoires d’amour pour les cœurs tendres, l’importante et épineuse question du rapport à l’étranger pour les penseurs, mais il y a aussi pour les plus téméraires ou amateurs d’action une part d’aventure dans la recherche de l’inconnu, ainsi que la petite touche de science-fiction qui fait rêver ; Tout cela sans oublier le suspense distillé tout au long du récit par une narration à fleur de peau qui alterne les pensées de l’un des scientifiques, et la vision d’un narrateur extérieur.
Tout cela étant magistralement orchestré, « La nuit des temps » représente pour moi une sorte de roman parfait dans le sens où il est complet et peut être conseillé à tout le monde ! Je comprends qu’il soit souvent cité comme le livre qui a le plus marqué les lecteurs, car il amène diverses réflexions toujours d’actualité que ce soit sur soi ou sur le monde.
René Barjavel est parti à la conquête du passé, un passé futuriste et plus avancé que notre présent, un passé dont on était pourtant sûr qu’il ne pouvait pas exister, parce qu’on ne pouvait pas l’imaginer. Et pourtant il existe. Et l’on sent toute l’importance de connaître son passé pour mieux se connaître et apprendre, progresser ; mais aussi la méfiance envers l’inconnu et la peur de savoir ce qui remettrait trop de choses en question. Très visionnaire concernant les révoltes étudiantes, et très adaptable à notre volonté de conquérir l’espace : ce que nous ne voyons pas existe peut-être, et nous n’y sommes pas forcément supérieurs… mais l’inconnu ne nous veut pas forcément du mal (même si le rôle des dirigeants est de pallier cette éventualité) !
Un livre sublime, marquant ; Un grand coup de cœur : N'hésitez plus, lisez-le !
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