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Critiques de René Bazin (49)
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Charles de Foucauld

La canonisation de Charles de Foucauld m'a incité à reparcourir la biographie que René Bazin publia en 1921, cinq ans après la mort de l'ermite, qui reste, à mes yeux, la plus intéressante de toutes, car l'auteur connaissait le religieux, rencontra nombre de personnes qui l'avaient côtoyé lors des différentes étapes de sa vie d'officier, de débauché, d'explorateur, de géographe, de religieux puis de prêtre et eut accès à ses correspondances.



Le titre de l'ouvrage souligne les deux dimensions du personnage.



Explorateur au Maroc, Foucauld est un géographe qui établit la première cartographie du royaume et publia une étude remarquable, honorée d'un prix de la société de géographie, qui montre la curiosité et l'attention aux autres de celui qui parcourut à pied le Maroc. Sa découverte des Marocains et de leur religiosité joua un rôle important dans sa conversion.



Ermite au Sahara, frère Charles vécut humblement et pauvrement au milieu des esclaves et des défavorisés au coeur du Sahara et finit assassiné durant la première guerre mondiale.



Cette biographie contribua à la notoriété du martyre et fut la première pierre du long chemin qui mena à sa canonisation et associe la mémoire de l'écrivain à celle du religieux.



La mémoire de Bazin est également attachée à ses romans « La terre qui meurt » et « Les Oberlé » mais je me demande si cette biographie ne sera pas, dans le temps, son oeuvre marquante de la même façon que la « Vie héroïque de Guynemer » contribue à sauver Henry Bordeaux de l'oubli où sombrent ses romans, que les biographies d'André Maurois survivent mieux que ses romans et que « Marie-Antoinette » immortalise Stefan Zweig.



Une biographie assure-t-elle à son auteur une pérennité supérieure à celle d'un roman ?



PS : mon analyse de l'étude que Mgr Jean-Claude Boulanger consacre à la spiritualité de Charles de Foucauld
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Les Oberlé

Il existe des rencontres qui marquent une vie de lectrice. J’apparente cette expérience au coup de foudre, ce sentiment immédiat, à l’inattendu qui surgit dès les premières lignes d’un roman. Ce sont des instants émotionnels rares mais inoubliables, des instants que j’ai vécu en découvrant Proust, Bounine, Simon, Zweig et aujourd’hui René Bazin.



René Bazin est le grand-oncle d’Hervé Bazin, l’auteur de Vipère au poing. Elu à l’Académie Française en 1903, plusieurs fois couronné par cette dernière, il connaît un succès grandissant en publiant surtout des romans mais aussi des récits de voyage. Il devient l’un des auteurs les plus lus de sa génération et connait la gloire jusqu’à l’international, Après la Libération, les aspirations des lecteurs changent avec le monde de l’après guerre, il connaît petit à petit la mise au placard.



René Bazin est né le 26 décembre 1853 à Angers. Juriste de formation, professeur de droit criminel en 1882 à la faculté catholique d’Angers, il glisse par la suite, vers le milieu journalistique local, tremplin qui l’amène à suivre des expéditions vers des terres lointaines d’où sont tirés ses récits de voyages qui lui procurent une grande notoriété. Il a dans ses relations des personnalités alsaciennes qui lui parlent du drame que vit l’Alsace. Poussé par la passion de la découverte, il se rend en Alsace. Fin observateur, son séjour va lui inspirer Les Oberlé. Ce roman lui ouvre les portes de l’Académie. Il est considéré comme son chef d’œuvre.



La famille Oberlé réside dans le village imaginaire d’Alsheim, situé dans les Vosges, pas très loin d’Obernai. Nous sommes fin du 19ème siècle, peut-être début du 20ème. La guerre de 1870 est passée par là avec son humiliante défaite et l’Alsace est passée sous domination allemande. Le grand-père Philippe Oberlé, le patriarche, a fondé l’entreprise forestière florissante Oberlé. Grand opposant à la germanisation de l’Alsace, il est nommé député protestataire au Reichstag, à Berlin. Très absorbé par ses fonctions, il laisse les rênes de l’entreprise à son fils Joseph Oberlé qui va tenter, pendant dix ans, de suivre les consignes de son père. Le temps aidant, Joseph estime qu’il faut vivre avec son époque. Il va donner de plus en plus de gages de sa loyauté à l’Allemagne. Il va jusqu’à licencier les ouvriers français qui refusent de travailler sur les commandes destinées aux allemands. En lieu et place, Il embauche des ouvriers allemands. Toutes ces garanties lui ouvriront les portes de la députation avec le soutien du préfet de Strasbourg.

Considéré comme un renégat par tout le village et ses alentours, il n’a de cesse de se justifier auprès de son épouse, Monique. Elle est, elle-même, fermement opposée à la domination allemande et est, en cela, un grand soutien pour son beau-père. Quant à l’aïeul, trahit par son propre fils, diminué par l’âge, la maladie, il n’est plus qu’une une ombre qui ne dit plus mot et se désespère de voir ce que sa maison est devenue.

Monique et Joseph Oberlé ont deux enfants, Lucienne qui est l’alliée et la confidente de son père avec qui elle partage les mêmes intérêts, les mêmes objectifs.



Et il y a Jean Oberlé, le fils, de retour à Alsheim, Jean a fait ses études de droit à Berlin. Il revient avec l’idée de reprendre l’exploitation forestière. Il a eu le temps de se forger sa propre opinion et il est avant tout un Alsacien, très attaché à ses racines, fier de son pays qui est et reste la France.



Il faut lire et se représenter le premier repas de famille qui se tient au retour de Jean. La tension est palpable, elle se dégage de l’écriture tant l’auteur sait peindre les divergences, le malaise qui règne autour de la table, le pauvre Philippe Oberlé qui n’est plus qu’une ombre, réduit à écrire maladroitement sur une ardoise, Madame Oberlé qui se tait mais qui n’en pense pas moins, totalement écrasée par son mari, Lucienne qui se demande comment apprivoiser son frère et Jean qui découvre une famille déchirée. C’est saisissant de réalisme !



L’auteur fait preuve d’une grande empathie avec ses personnages, de sa prose se dégage son acuité sensorielle qu’il sait nous communiquer pour mieux nous entraîner dans cette atmosphère délétère.



Chaque personnage joue sa partition, jour après jour, avec ses convictions, s’opposant les uns aux autres jusqu’à ce que l’amour vienne compliquer et accentuer un peu plus l’aspect dramatique de la situation. Les regards s’affrontent, se déchirent entre les Alsaciens pro- français, les Alsaciens opportunistes et les Allemands, une peinture tout à fait réaliste de cette Alsace blessée. Pour bien saisir l’essence même de ce conflit, les passions exacerbées, il est important de se reporter à la défaite de 1870 et de replacer le roman dans cette période qui annonce 14/18.



Je ne saurais expliquer pourquoi mais « Le silence de la mer » de Vercors (seconde guerre mondiale) est venu s’imposer à moi.



Dès les premières lignes, j’ai éprouvé un immense plaisir de découvrir l’écriture de René Bazin. Il possède ce style si élégant de cette fin de siècle que j’apprécie chez Flaubert et Maupassant ; une syntaxe impeccable qui rend la lecture fluide et qui donne une compréhension immédiate, une richesse du vocabulaire, une précision dans les détails, une analyse psychologique d’une grande finesse à la Zweig. J’ai été subjuguée par la façon dont les personnalités, les états d’âme sont parfaitement dessinés, disséqués, y compris pour les personnes du voisinage. Nonobstant la beauté du style, ce récit prend valeur de témoignage. Le roman s’inscrit bien dans l’atmosphère de l’époque, il décrit magistralement, avec toutes les nuances nécessaires, l’Alsace sous l’occupation allemande au début du 20ème siècle.

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Les Oberlé

Je connaissais bien sûr Hervé Bazin, auteur, entre autres, du célèbre Vipère au poing. J'ai découvert avec ce livre, son grand-oncle René. Cette découverte, je la dois à Martine (enjie77) qui a su me convaincre par son retour magnifique.



Nous sommes en Alsace, dans cette période sombre pour cette région, où elle est devenue allemande. Quelque part entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Jean, après ses années d'étude en Allemagne, rentre dans son village, Alsheim, non loin d'Obernai. Il y retrouve une famille déchirée, dont les membres cohabitent dans une tension pesante, entre pro et anti-allemands, entre nostalgiques de la France et partisans du futur, qu'ils pensent incarné par l'Allemagne. On trouve d'un coté le grand-père, jadis député contestataire au Reichstag, la mère qui n'a cependant pas le droit à la parole, contrainte à l'obéissance et à l'effacement par son mari et de l'autre le père, tout puissant dans sa maison, même devant son propre père, qui rêve lui aussi de députation, mais pas dans les rangs des réfractaires… Et puis la fille, la soeur de Jean, ralliée aux opinions de son père, par facilité je dirais, par gout pour les brillantes réceptions et bientôt par amour.



Le village est lui aussi divisé et la reprise de la vie au sein de cette communauté n'est pas facile pour Jean qui découvre que les opinions et agissements de son père y ont creusé bien des inimitiés, le rendant indésirable au sein de familles jadis amies.



René Bazin excelle à montrer les tensions, expliquant dans une description pleine de nuances les enjeux qui dictent à chacun ses actions, son comportement. Pour certains vivre au mieux avec les allemands, commercer avec eux c'est aller vers l'avenir, permettre à la région de se développer. Pour les autres, c'est se renier, oublier qui ils sont, leur appartenance profonde à la terre de France qu'ils ne peuvent oublier. Cette tension s'exacerbe au sein de cette famille quand les désirs du frère et de la soeur pour leur vie future deviendront inconciliables. Et des choix, difficiles devront être faits.



J'ai beaucoup aimé ce texte que j'ai écouté. le ton du narrateur met bien en valeur l'écriture fluide, élégante de l'auteur. Claire, limpide (au contraire de l'autre lecture que j'avais en parallèle, mes compagnons de LC me comprendront), elle m'a séduite aussi bien dans l'aspect psychologique, l'analyse des personnages, de leurs sentiments, de leurs réactions, que dans la description de la nature, magnifique de l'Alsace. Ces paysages, ces atmosphères sont merveilleusement bien évoqués par les mots de l'auteur. Des phrases qui paraissent toutes simples, mais sont si belles et font naitre les images dans notre esprit et des étoiles au fond de nos yeux.

Une merveilleuse surprise. Merci Martine :-)





Rene_Bazin_-_Les_Oberle.zip

Daniel Luttringer

https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/rene-bazin-les-oberle.html

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Donatienne

"Donatienne" est un très beau roman qui se partage entre Bretagne, Paris et Creuse. Jean et Donatienne forment un couple d'agriculteurs pauvres limite nécessiteux. Ils vivent sur une lande chiche, élève trois jeunes enfants et peinent à survivre. Lorsque Donatienne reçoit une offre d'embauche en qualité de nourrice dans une famille bourgeoise de Paris, le couple n'hésite pas longtemps et Donatienne, abandonnant à contrecœur mari et enfants, "monte à la capitale". Le contraste que cette dernière offre entre la vie bretonne de la jeune femme et sa nouvelle condition de nourrice nantie est tel que Donatienne perd la tête et décide de tourner le dos au passé, se refusant à retourner auprès des siens.



Ce roman est d'une étonnante modernité et d'une grande sensibilité. Il explore le thème de la famille et de la précarité, et dresse aussi une figure de femme à contrecourant. Le récit s'attache aussi à Jean, le mari délaissé et contraint d'errer sur les chemins avec ses enfants pour gagner son pain. Cette galerie de personnages touchants et attachants offre une large palette d'émotions et de personnalités bien fouillées.



Les descriptions de la Bretagne et des autres lieux sont réalistes et picturales, juste belles. Le ton est juste lui aussi, le rythme bon. Il y a quelque chose de "Rémi sans famille" et d'Emile Zola dans "Donatienne" qui m'a fait beaucoup apprécier cette lecture très humaine.





Challenge XXème siècle 2022

Challenge XIXème siècle 2022
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De toute son âme

« Eh bien ! mademoiselle, c’est précisément parce qu’ils n’attendent rien de l’autre vie qu’ils réclament leurs droits dans celle-ci. »



Un roman ancien qui parle du monde des ouvriers -et des ouvrières, dans la région nantaise à la fin du 19ème siècle. Eux face à l’ingratitude des patrons d’entreprise qui rechignent à leur accorder une pension à l’occasion d’un accident de travail (zavaient qu’à faire attention, aussi pff) et elles, jeunesses foudroyées dont les yeux se meurent dix heures par jour sur une étoffe qu’elles ne porteront jamais, petit monde des couturières ayant pourtant l’énergie de leur fraicheur pour créer des modèles uniques. J’ai trouvé ce roman très tourné vers la condition des femmes, la modiste qui souhaite devenir première des petites mains, la femme du patron de l’entreprise qui est rabaissée par son époux intransigeant, la jeune fille abusée par le jeune bourgeois qui va devenir le maître de l’usine, ou encore celle rejetée par sa mère qui n’a plus les moyens de subvenir à leurs besoins, obligée de quitter Paris pour Nantes. Drame bien construit autour d’un non-dit qui phagocyte bien des destins, j’ai lu avec plaisir ce roman dont l’écriture est splendide.

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Madame Dor

"Madame Dor est fille, veuve et mère de naufragés".

Ainsi l'auteur présente-t-il son personnage principal de cette nouvelle éponyme. Et c'est bien la relation dramatique de cette femme, propriétaire d'un petit hôtel côtier, avec la mer qui sert de fil d'Ariane à cette nouvelle très humaine et émouvante. L'obsession de Madame Dor : préserver son petit-fils Guillaume de la voracité de celle qui lui a déjà pris son père, son mari et son fils unique.



Un récit tout en sensibilité qui explore comme d'autres avant lui la sujétion de l'homme à l'infini liquide dont dépend la survie. Une mer qui inspire René Bazin comme elle inspire depuis la nuit des temps tous les artistes, qu'ils soient peintres ou écrivains.





Challenge MULTI-DÉFIS 2020

Challenge XIXème siècle 2020

Challenge RIQUIQUI 2020
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La terre qui meurt

Il est de bon ton pour certains esprits forts de se gausser des écrivains dits "régionalistes" . Tous ces Gilbert Bordes, ces Claude Michelet,ces Yves Viollier, ne parlons pas des Clavel ou Ragon, n'écriraient pas de "vrais" livres . Il ne serait de "vraie" littérature que confectionnée au plus près du 6e arrondissement parisien, et si possible formatée pour atteindre à l'universel ! Marseille, Bordeaux et Lyon pouvant, à la rigueur enfanter quelques passables écrivaillons. Alors , qu'en sus , le roman régionaliste aborde une thématique paysanne, et, cerise sur le Kouign-Amann , que son auteur soit catalogué comme catholique , c'est carrément la mise à l'index du Moônnde des Livres !

Nul doute que "La terre qui meurt" de René Bazin ne réunisse tous ces attributs. Faîtes l'expérience : annoncez à vos amis , " je suis en train de lire "La terre qui meurt" ! (je l'ai tentée avec trois ami (es) dont un est prof des écoles ) les réflexions les plus amènes pointeront le conservatisme de l'auteur (un catho angevin ! ) , insisteront sur : "plus personne lit ça" , remarqueront fielleusement : " ah la terre qui ne ment pas elle ! Pétain et le toutim..." .

Et pourtant ! et pourtant... N'écoutant que mon courage et ayant toujours aimé vivre dangereusement , j'ai quand même bravé les idées reçues et entamé la lecture de "La terre qui meurt" en ayant cependant pris soin de recouvrir le livre d'une jaquette d'un poche de Christine Angot ; il n'était pas question que dans le bus de Challans à Nantes je fusse démasqué et confronté honteusement à mon "passéïsme" . J'habite certes à sept kilomètres de Sallertaine, le village du Marais breton où Bazin situe l'action de son livre, mais que voulez-vous ? la Vendée a bien changé ! on donne même des concerts de rap à Sallertaine aujourd'hui ! Toussaint Lumineau, le vieux Lumineau de la ferme de la Fromentière doit se retourner dans sa tombe :-)

Ce livre à sa parution (1898) a pourtant eu un succès immédiat. Il s'ajustait au plus près des problématiques de l'époque. La France changeait. Nul mieux que le sociologue et historien américain, Eugen Weber, dans "La fin des terroirs" n'a décrit les bouleversements qui ont travaillé le pays à la jointure des deux siècles : exode rural, essor des chemins de fer et de l'industrie, délitement des liens familiaux, déchristianisation, importance du service militaire par son brassage social, abandon des patois et des langues régionales au profit du français.... Tout cela on le retrouve dans "La terre qui meurt". C'est en cela que ce livre est "moderne" et non par son "histoire" qui n'est qu'un décalque "rustique" de Roméo et Juliette.



René Bazin situe donc son roman dans le Marais breton ; une terre plate et ouverte en opposition depuis toujours avec "le bocage" , le pays vendéen situé plus à l'est . Toussaint Lumineau est le métayer de la ferme de la Fromentière. Il n'est plus tout jeune et il voudrait qu' un de ses fils reprenne la ferme. Mais c'est sans compter sur l'attrait de la modernité. Un de ses fils va le quitter pour entrer dans les chemins de fer, et l'autre , revenu du service militaire qu'il a passé en Algérie, va s'exiler en Amérique . Il y a bien sûr encore sa fille , Roussille, qui, si elle se mariait pourrait reprendre l'exploitation, mais son promis est le valet de ferme. Ce n'est pas tant le fait que Jean Nesmy soit valet qui dérange Toussaint Lumineau, mais que ce soit un boquin ! un sacré damnion de boquin du bocage ! où l'on voit que même les guerres civiles de la Révolution, vieilles de cent ans à l'époque, n'ont pas réussi a éteindre les vieux antagonismes alors que ces deux "pays" ont autant souffert l'un que l'autre des excès des "patauds".

Je peux vous dévoiler la fin. Elle ne surprendra personne : Roussille épousera Jean, ils reprendront la métairie, et ils auront beaucoup d'enfants. Non j'extrapole , René Bazin arrête son roman juste avant le mariage ..!

Ce livre est l'illustration accomplie des difficultés que rencontre le monde paysan a l'aube du XXe siècle. Tout ce que le vieux Lumineau considérait comme immuable s'écroule et se délite. A cet égard ,symbolique est la vente aux enchères des biens du château qui occupe un chapitre entier. le marquis de la Fromentière, propriétaire de la ferme du même nom, est ruiné. Ses bien sont dispersés, achetés par les gens des villes : " Il était venu du monde de très loin, des marchands de curiosités de Nantes, de la Rochelle, de Paris ". C'est bien un monde qui meurt , le "Monde d'hier". le monde paysan . Un monde rétif au changement qui puisait sa force dans la réitération de gestes et de fidélités renouvelés à chaque génération. Désormais la ville règne sans partage, et c'est elle qui dictera sa loi.

Cette lutte finale est bientôt terminée. Aujourd'hui le monde paysan est à l'agonie. Les villes plus imposantes que jamais règnent sur des "hinterland" désertés. Un paysan se suicide tous les jours. Ceux qui restent meurent empoisonnés par leurs épandages....

René Bazin, ce bourgeois catho, ce prof de droit à la Faculté Catholique d'Angers, cet académicien ...Quel visionnaire quand même :-)
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Les Oberlé

Après Donatienne, je poursuis ma découverte de René Bazin, et suis là encore éblouie par sa plume.

"Les Oberlé" met en lumière, à l'aube naissante du 20ème siècle, les déchirements de la population alsacienne annexée depuis trente ans par l'Allemagne. Symbole de ces déchirements, la famille Oberlé vit le drame intestin d'un clan dont les membres ont choisi des camps divergents : Jospeh Oberlé, le père, tout puissant industriel qui règne en maître sur son foyer, a pris avec sa fille le parti de l'Allemagne et ourdit avec elle le projet de la marier à un prometteur lieutenant allemand bien né qui leur assurera la position sociale dans ce nouveau monde. Reclus dans sa chambre de malade, le grand-père fulmine et jette ses dernières forces dans le refus de cette trahison pendant que sa belle-fille, épouse soumise de Joseph, pleure en silence son attachement sali à la terre alsacienne. Ecartelé entre ces oppositions, Jean, le fils, tout juste rentré du service militaire en Allemagne, regarde vers la France...

Trois positions qui s'opposent dans ce roman tout en tensions intimes : l'Allemagne, la France et l'Alsace, cette dernière étant le véritable personnage central, évoquée avec une sensibilité émouvante dans tous ses paysages et ses saveurs.

Beau et lourd roman certes daté mais qui évoque avec finesse une page d'histoire douloureuse qu ne peut que laisser des traces.

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Ma tante Giron

Magnifique découverte!

Un roman de terroir avec un style bien que vieillot mais il vous fait baigner dans une atmosphère pétillante qui anime autant le personnage de la tante Giron que ce petit coin de Bretagne où être homme équivaut à une parcelle de terre…

En effet, le narrateur nous parle de sa tante Giron, un intéressant personnage, bien ficelé, qui n'a qu'une seule obsession répandre le bien-être autour d'elle, quant à rafistoler les vieux conflits, raccommoder les vieilles querelles ou atténuer les battements d'ailes qu'insuffle la fougue de la jeunesse...rien ne peut lui résister, tout en douceur, au point que personne ne peut soupçonner que cette femme vive ait eu dans sa jeunesse un mari et une petite fille à chérir
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Les Oberlé

Ce roman m'a permis de découvrir que, dans la famille Bazin ,il n'y avait pas qu' Hervé comme écrivain puisque René Bazin est son oncle ( c'était la minute "Gala"!)



On est au début des années 1900, en Alsace, une Alsace meurtrie et divisée depuis que les Allemands l'ont conquise à la suite de la guerre de 1870. La population se scinde en deux groupes ceux qui refusent l' Allemand et ceux qui s'en accommodent .



La famille Oberlé est une famille bourgeoise, installée dans les Vosges. Le grand-père a monté une entreprise de bois que son fils a agrandi. Le petit- fils est de retour après un long moment passé en Allemagne pour être éduquer et instruit, un choix du père qui a fortement contrarié l'aïeul et la mère, l'un étant trop vieux pour s'opposer, l'autre n'ayant pas le droit à la parole. Le père en patriarche de l'époque est le pilier de la famille et des décisions, si sa fille lui est acquise il ne sait trop de quel côté balance son fils. Les fiançailles de la demoiselle vont être l'occasion pour chacun d'affirmer son opinion.



J'ai lu ce roman avec facilité et plaisir alors que le sujet est quand même daté mais la plume est belle et les paysages d''Alsace somptueux . Par certains côté , il me fait penser à " Le silence de la mer" de Vercors en plus vivant car là, l'auteur nous promène joyeusement sur les terres et les coutumes de la région.



Une belle découverte .


Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Donatienne

Un magnifique roman de compagne très touchant! Comment vivre aisément une histoire d'amour sans argent, surtout en milieu rural où l'effort physique n'est pas toujours proportionnel au résultat escompté! Nous sommes dans la Bretagne, le couple habitant la closerie de Ros Grignon est assailli de dettes au risque de voir un jour leur propriété hypothéquée ou saisie...Donatienne se propose comme nourrice pour aider son mari à faire face à la situation, seulement elle trouve une place à Paris, elle devra quitter sa région! O Paris! Ville de toutes les possibilités, de toutes les perversions! ...Donatienne sera-t-elle engloutie par ces lueurs vives de Paris ou se souviendra-t-elle de son mari et de ses trois enfants?!!

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Les nouveaux Oberlé

Très beau livre régionaliste. J'ai préféré le premier tome "Les Oberlé", mais cet opus offre un texte de grande valeur légèrement désuet, qui nous fait découvrir une Alsace annexée par ses voisins. Une page d'histoire. Ecriture élégante.
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Davidée Birot

Roman peu connu de Bazin, il n'a d'ailleurs aucune critique, il n'en demeure pas moins très intéressant.



Nous suivons Davidée, jeune institutrice qui arrive dans un village pour débuter sa carrière.

Elle sera attachée à ses élèves, ce qui ne doit pas se faire, elle discutera avec un curé, ce qui ne doit absolument pas se faire dans ces temps où l'école est devenue laïque et strictement laïque.

Et elle tombera amoureuse doucement d'un homme, qui, si aux 1ers abords n'est pas fréquentable, il n'aura de cesse de lui monter son humanité et son amour.



Beaucoup de thèmes abordés dans ce livre mais un goût d'inachevé ..



Je reviens tout de même sur mon avis parce que je ne parle pas du personnage central, Davidee qui est une jeune femme pleine de force, d'espérance et d'humanité. J'ai adoré ce petit bout de femme !
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Recits du Temps de la Guerre, 1915

En 28 récits publiés de l'été 2014 à l'été 2015, René Bazin décrit ce que fut cette croisade de la civilisation et le sacrifice d'une génération qui tomba pour défendre sa terre et une certaine idée de la France.

Inégaux, certes ces contes le sont, mais leur dimension historique, géographique (la France au levant), et leur piété en rendent la lecture actuelle car intemporelle.

C'est une France rurale, riche de ses traditions locales séculaires, qui vit et qui meurt sous nos yeux émus.

Ces récits seront une lecture utile lors des veillées estivales pour les parents soucieux d'éduquer leurs enfants ou petits enfants en éveillant leurs vocations ... que cet ouvrage fasse grandir une nouvelle génération de saints et de héros à l'image de ceux qui surent vivre et mourir entre 1914 et 1918.



PS : mon commentaire du livre d'Ernest Pérochon : "Les Gardiennes"
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La Barrière

Roman avec peu de personnages qui pose la question de la foi profonde qui se démarque ou pas de celle de façade ou celle qu'on a reçue en héritage familial. Le temps évoqué est celui de la jeunesse à l'heure des choix de vie.

Roman d'un autre temps, qui décrit des sentiments exaltés et purs. Récit de doutes et de choix très bien écrit.



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Les Oberlé

Famille, honneur, patrie.

Voilà les trois mots clés de ce livre, toute l'histoire s'articule autour de ces trois valeurs, et ce sont elles qui vont déchirer la famille Oberlé.

Nous sommes à la fin du XIXe siècle dans une Alsace conquise et annexée par l'ennemi Allemand depuis plusieurs années déjà. Les habitants de ces hautes terres cohabitent tant bien que mal avec l'occupant, mais aussi entre eux car tous les alsaciens n'ont pas tous choisi le même camp ; certains sont restés fidèle à la France, d'autre ont prêté allégeance à l'Allemagne.



C'est le cas des Oberlé ; Joseph le père est un industriel fortuné (héritage de la scierie de son père) tout à la solde des Prussiens et n'ayant comme vue que son ascension politique et financière, la fille Lucienne à l'image de son père s'est totalement accommodé de ce joug et considère l'Allemagne comme l'avenir, puis il y a la mère, le grand père paternel et le fils Jean, tout trois révoltés et profondément affligés par ce déracinement.

L'atmosphère dans la maison des Oberlé est tendue, l'incompréhension règne et les disputes sont de plus en plus fréquentes. Même dans le village les relations sont tendues depuis que le père a décidé de travailler ouvertement avec l'occupant.

Lorsque Jean formera le projet d'épouser une jeune alsacienne du village, tandis que sa soeur est promise à un officier Prussien, la situation deviendra sans issue...

Famille déchirée, pays divisé, honneur en jeu.. Tout y est.



Je ne connaissais absolument pas René Bazin avant de tomber sur ce livre dans ma bibliothèque numérique. J'ai adoré sa plume très fluide et vivante, et surtout cette histoire. Moi qui avait justement envie de lire des livres en lien direct avec la guerre franco-prussienne depuis un moment sans jamais trouver, j'ai été absolument ravie. Plus encore, moi qui aime tant les sagas familiales (même si celle si se déroule une très courte période) !

Mais le plus marquant dans ce livre ça été les descriptions de l'Alsace. L'auteur nous fait littéralement voyager à travers les forêts, les plaines, les montagnes et les villages de cette belle région avec une incroyable poésie.

Absolument superbe et dépaysant.



Et puis l'histoire de cette famille m'a touchée bien sûr. Mais surtout à travers eux on apprend ce que furent les dilemmes des Alsaciens durant cette période trouble. Aucun des personnages c'est ni tout noir ni tout blanc, chacun est plein de nuances et de complexité quelque soit son camp et c'est un point très appréciable.

Une vraie belle découverte.
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L'Isolée

Au début de l'autre siècle, cinq religieuses, soeurs de Sainte Hildegarde, consacrent leur vie à éduquer des petites filles défavorisées d'un quartier populaire du vieux Lyon. Tout un petit monde d'ouvriers, de canuts et d'employés de manufactures fait appel à elles pour toutes sortes de menus services, de soutien moral voire d'aides matérielles diverses et variées. Jusqu'au jour où elles apprennent que, par décision des autorités politiques, leur école doit être définitivement fermée. Les soeurs espèrent pouvoir se réfugier dans leur maison-mère située à Clermont-Ferrand, mais cela s'avère impossible faute de place. Par la force injuste des choses, elles se retrouvent rendues à la vie civile, sans argent, sans famille et dispersées aux quatre coins de la France. Pour survivre, elles en sont réduites à accepter les travaux les plus ingrats, les tâches les plus rebutantes et les statuts sociaux les plus humbles. Seule soeur Léonide, l''ancienne tourière, pourra retrouver une place d'enseignante. Soeur Pascale, la plus douce et la plus jolie des cinq, devra subir un authentique calvaire...

« L'isolée » est un roman comme plus personne n'en écrit de nos jours. Bien que publié en 1905, il reste intéressant par les thèmes abordés : les conséquences des mesures de laïcisation de la société, les tentatives de destruction des congrégations et la volonté étatique d'extirper toute religion et toute solidarité d'un peuple encore croyant quitte à répandre injustice et malheur parmi les plus déshérités, sans oublier le mystère de l'appel de Dieu, de la vocation religieuse et de la voie de la souffrance et du martyre. Certains pourront penser que l'on nage dans la bien-pensance et la bondieuserie. Pourtant, à une époque gorgée d'hédonisme, dopée de violence et aveuglée par la haine de soi et le mépris de l'autre, un peu de fraîcheur d'âme, d'idéal, de solidarité et même de dévouement pour son prochain font encore l'effet d'une bien agréable brise un jour de canicule. La langue de Bazin est d'une fort belle élégance et d'une grande pureté ce qui permet une lecture agréable et fluide. L'intérêt se maintient de bout en bout d'autant plus facilement que le lecteur se sent tout de suite pris d'empathie pour ces cinq femmes et tout particulièrement pour le personnage de la malheureuse Pascale. Seul marque de l'outrage du temps : une certaine lenteur ; un auteur moderne aurait raconté la même chose sous forme d'une nouvelle ou d'une novella qui aurait utilisé moitié moins de pages. Chaque époque vit à son rythme ; nul doute que la nôtre est un tantinet plus rapide...
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La terre qui meurt



La Terre qui meurt /René Bazin

Tandis qu'il s'active dans son champ, Toussaint Lumineau, métayer maraîchin, voit venir à lui le garde régisseur du marquis de Fromentière. Il dit venir suite à l'insistance du marquis pour percevoir deux mois de retard de redevances de fermage qui lui sont dus. Pour Lumineau, dans ce marais vendéen, la vie est dure. Veuf depuis trois années, il a élevé cinq enfants dont l'aîné âgé de trente ans, Mathurin, est devenu infirme accidentellement alors qu'il allait se marier avec Félicité Gauvrit d'une closerie voisine. Il sait que le marquis qui a toujours été compréhensif avec lui est parti vivre à Paris et ne revient que rarement à la Fromentière.

Et le garde ajoute qu'il a vu Jean Nesmy, le valet de Lumineau, un braconnier avéré issu d'une misérable closerie, traîner sur les voyettes en compagnie de Marie-Rose, sa dernière fille, une jolie sauvageonne de vingt ans. Il le met en garde contre cette mauvaise fréquentation.

Toussaint pense demander à son fils cadet François de lui prêter de quoi payer le dû. Devant le refus de François, c'est Marie-Rose qui propose à son père sa part d'héritage que gère sa vieille tante Adélaïde.

Pour Toussaint, un mariage entre Marie-Rose et Jean Nesmy est absolument inenvisageable et il le lui fait savoir sèchement et le chasse de la ferme. Jean Nesmy promet de revenir. Marie-Rose fait ses confidences à sa tante Adélaïde.

À quelques temps de là, François annonce à son père qu'il veut être son maître et gagner pour lui. Il a reçu un avis favorable pour être embauché dans les chemins de fer. le départ de François avec Éléonore pour La Roche sur Yon laisse Toussaint abasourdi. Heureusement le retour d'Algérie d'André lui apporte un peu de baume au coeur.

Mais André voit bien que les temps ont changé. Il explique à ceux qui l'entourent que s'ils lisaient les journaux comme il le fait , ils sauraient que maintenant tout est apporté de l'étranger , à meilleur compte qu'on ne peut le produire , le blé , l'avoine , les chevaux , les boeufs , et qu'il y a , contre eux , les Américains , les Australiens , et qu'il y aura bientôt les Japonais , les Chinois …Visionnaire André ! Ce qui paraissait immuable pour le vieux Toussaint est en train de s'écrouler.

Dans ce magnifique roman paru en 1898 et qui connut un succès immédiat, René Bazin, vendéen de naissance et écrivain régionaliste, met en lumière le malaise paysan et célèbre la paysannerie de façon magistrale tout en faisant le constat d'une mutation irréversible. Peut-on parler vraiment d'échec de l'autorité paternelle ou bien plutôt de clairvoyance filiale ? L'esprit de caste séparant maraichins (ceux du marais) et boquins (ceux du bocage) est omniprésent, créant des rancoeurs et contrariant des amours d'adolescents. Les descriptions émouvantes du Marais vendéen avec ses closeries vivant en autarcie et ses fermes entourées d'étiers, la valorisation du travail de la terre et l'entrée dans la vie intime de la famille Lumineau sont particulièrement évocatrices. Violence et générosité, joies simples et peines irrépressibles alternent dans ce roman du terroir pour un dénouement fatal. Une véritable saga de la condition paysanne avec en filigrane le changement d'époque, le délitement des liens familiaux et la désertion des campagnes au siècle dernier, le tout dans un très beau style poétique, et avec des personnages forts, charismatiques et vrais.

Aujourd'hui, on assiste un peu à la suite de ce que Bazin, visionnaire, a bien su mettre en lumière ici et la lutte des paysans semble désespérée : le monde rural est à l'agonie Un paysan se suicide tous les deux jours…

Un chef d'oeuvre.
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Charles de Foucauld

Ce n'est pas si facile de trouver une bonne biographie d'un homme tel que Charles de Foucauld. Un biographe catholique aura tendance à passer très vite sur la première partie de sa vie, trouvant probablement qu'une bringue pareille, ça fait désordre, et un biographe totalement fermé sur le sujet de la religion (oui, vous me direz pourquoi écrire une biographie de Charles de Foucauld alors? Les gens sont plein de contradictions mais c'est comme ça) , au contraire sera complètement perdu par sa conversion et verra dans sa décision d'aller s'installer au beau milieu des Touaregs non pas la volonté de vivre dans la pauvreté du Christ et de témoigner de celui-ci mais une quelconque machination colonialiste.

Cette biographie-ci a l'avantage d'avoir été écrite il y a tellement longtemps que l'auteur est allé interviewer des personnes ayant connu Foucauld et peut ainsi offrir des témoignages, pas seulement des faits déformés par les années. C'est tout de même très marqué par l'époque où René Bazin vivait, un éditeur lui dirait probablement aujourd'hui que c'est franchement paternaliste pour les habitants de l'Afrique du Nord, quoique moins que je le craignais.

C'est un témoignage d'une époque révolue, autant qu'une biographie, et cela la rend doublement intéressante....quoiqu'avec des longueurs, il y a des moments où j'ai du lutter!

C'était vraiment une figure étonnante, aussi bien jeune, avant sa conversion, où il pénétra pour jouer les géographes déguisé en juif dans le Maroc interdit aux chrétiens, qu'ensuite, ascète et ermite qui ne rêvait que d'être rejoint par d'autres prêtres que pour former une communauté fraternelle mais qui jamais ne fut exaucé...entre autres parce que les instances du clergé trouvaient que les règles qu'il s'imposait étaient si dures que nul autre n'aurait pu y résister !



Malgré ses longueurs et son style passé de mode, je suis bien contente d'être arrivée au bout de ce portrait d'un homme exceptionnel.







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Les Oberlé

Après avoir terminé ses études de droit à Berlin, Jean Oberlé retourne ches les siens, à Alsheim. Dans cette Alsace annexée à l'Empire allemand, à la fin du XIXème siècle, son père Joseph est à la tête d'une scierie prospère. Jean s'est fixé pour but de lui succéder. Il retrouve une famille déchirée : son père et sa sœur Lucienne font tout pour acquérir, ou en tout cas accepter, l'esprit allemand, que Jean, sa mère et son grand-père Philippe, le patriarche impotent, ancien député protestataire, rejettent farouchement. Jean fait preuve de bonne volonté. Il aime Odile Bastian, la fille du maire. Bien que les Bastian soient d'authentiques patriotes français. rien n'est perdu, jusqu'à ce que Jean apprenne que sa sœur Lucienne s'est fiancée à Wilhelm von Farnow, un lieutenant aux 9e hussards rhénans, très "prussien" de mentalité. Avec un tel beau-frère, Jean ne pourra épouser Odile et n'aura plus qu'à déserter, car il entame, ou plutôt feint d'entamer, son service militaire dans l'armée allemande. Il rejoint la France par une voie clandestine. Du coup, c'est Wilhelm qui ne peut épouser Lucienne, sœur d'un déserteur. Ce roman patriotique repose tout entier sur la tension permanente entre Alsaciens profrançais, Alsaciens "opportunistes" et Allemands conquérants. Il constitue une peinture très véridique du drame qu'a connu l'Alsace après 1870.
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