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Citations de Roger-Pol Droit (353)


En outre, le savant n’étant plus nécessairement sage, il peut devenir fou et dangereux, emporté par la démesure et l’ambition sans limites. Marlowe invente le personnage de Faust, le savant qui pactise avec le diable. Bientôt, le pouvoir des savoirs sera de plus perçu comme capable du pire, incontrôlable dans ses effets. Celui qui sait détient désormais une capacité de nuire qui le rend menaçant, virtuellement maléfique – conception globalement étrangère aux anciens Grecs.
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Tous les progrès sont supposés marcher à peu près du même pas : l’industrie et la démocratie, l’instruction et la morale, la médecine et l’éducation... Les barbaries du XXe siècle ont mis un terme à ces rêveries.
En tout cas, la philosophie classique et contemporaine s’est de plus en plus désintéressée du bonheur individuel. Elle n’a plus prétendu le procurer. Elle a même laissé de côté la notion.
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Conduire au bonheur, le promettre, le garantir ne lui serait pas venu à l’idée une seconde. Elle n’avait cure du projet de se transformer soi-même. L’idée même que la philosophie puisse faire vivre de façon différente ceux qui la pratiquent lui aurait paru bien étrange.
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Comment éliminer magiquement les efforts, le négatif, le malheur ? Comment flotter enfin dans un présent éternel, où ne subsisterait aucune véritable difficulté pour notre existence ? Ces préoccupations dessinent un totalitarisme radieux. Je l’ai déjà décrit dans Votre vie sera parfaite : l’époque se borne à consommer de la sagesse – sous forme lyophilisée, directement assimilable, accessible, de préférence économique ou gratuite. Cette sagesse reconditionnée prétend fournir les moyens de devenir heureux sans efforts, de le rester sans peine, de découvrir comment l’être encore plus.
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La philosophie ne pouvait plus prétendre à devenir une science. Elle avait échoué, d’autre part, à tenir la barbarie en lisière. Elle avait en fait perdu du terrain de tous côtés, en épistémologie comme en éthique, en politique comme en esthétique. Le seul registre où elle pouvait vraiment se donner libre cours, croire se régénérer, était celui, depuis longtemps déserté, du comment vivre, de la vie bonne, des conseils pour être heureux.
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"  C’est là qu’est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu’on est obligé de faire. "

Aldous Huxley.
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« Si la philosophie ne nous aide pas à être heureux, ou à être moins malheureux, à quoi bon la philosophie ? », affirme André Comte-Sponville. Il formule ainsi une idée qu’il a exprimée dans plusieurs textes, et qui se trouve aussi chez tous les auteurs qui voient dans la philosophie, avant tout, une possibilité de transformation – positive, cela va de soi... – de notre existence. Innombrables, en effet, sont les textes et les penseurs qui vont répétant que si la philosophie ne changeait pas nos vies, elle ne vaudrait « pas une heure de peine ». Affirmation étrange, présentée sous cette forme. Car elle se donne pour une évidence massive (« si ça ne change rien, mieux vaut laisser tomber ») alors qu’il s’agit d’une banale et très faible rhétorique de la valorisation. En fait, la formule, ainsi présentée, est bancale.
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« Si l’on se donne toute cette peine pour la philosophie, c’est qu’elle est en mesure de changer notre vie, et de nous rendre heureux. » Sinon, on n’en ferait pas tant ! Face à nous, cette fois, non pas un éloge de l’effort utile mais une justification du temps passé à philosopher : il est légitimé, en fin de compte, par la transformation de l’existence que la philosophie garantit.
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Si la philosophie vaut la peine qu’on se donne pour elle, c’est parce qu’elle transforme notre vie, et si elle transforme notre vie, c’est parce qu’elle... en a le pouvoir !
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Certains soutiendront toutefois, sans vraiment se tromper, que quelques institutions internationales ont été mises en place, que certaines guerres ont pu être évitées grâce à ces garde-fous, et que la pensée philosophique, en fait, n’y est pas étrangère. C’est exact. Force est de reconnaître, malgré tout, que ce progrès très relatif n’existe qu’à la marge. Il chemine, mais de manière extrêmement lente, faible, disproportionnée par rapport aux intentions et aux prétentions de la philosophie.
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''Il est vide, le discours du philosophe qui ne soigne aucune passion humaine. De même en effet que la médecine ne sert à rien si elle ne soigne pas les maladies du corps, de même la philosophie non plus ne sert à rien si elle ne chasse pas la passion de l’âme. "
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La philosophie, pour Schopenhauer, ne fait pas le bonheur, elle doit le défaire. Sa tâche est d’en dénoncer le mensonge et l’irréalité. La raison ne rend pas heureux. Au contraire, elle fait comprendre que le monde est un malheur, l’existence un enfer. Excessif ? Évidemment ! Mais la question qui m’importe ici est celle du pouvoir de la raison sur l’existence. L’Antiquité y a cru, Schopenhauer presque plus, ses continuateurs moins encore. Sans conteste, le pouvoir de la rationalité est extrême quand il s’applique au monde matériel. La mathématisation du monde et son efficacité ont engendré les progrès des sciences, les transformations de l’existence par les techniques.
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.On aurait pu imaginer, en effet, que la société se bonheurisât, s’euphorisât, se focalisât sur la zénitude et la coolitude sans que la philosophie s’en mêlât. Bref, c’eût pu être autrement. Il s’agit donc de formuler quelques hypothèses pour expliquer comment, pour sa part, la philosophie en est arrivée là.
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Socrate compare le philosophe au médecin, Épicure également, Sextus Empiricus aussi. Le vocabulaire médical, qui parle du corps, et celui de la thérapie philosophique, qui s’applique à l’âme, s’interpénètrent : sur les deux versants, il est question de trouble, de traitement, de guérison, d’accalmie. On parle même, comme en chirurgie, de résection, d’amputation, d’exérèse. Les désirs inutiles sont à amputer, les passions à exciser. Le patient guéri, enfin parvenu à la bonne santé philosophique, éprouve un bonheur qu’il ignorait auparavant, et qu’il ne perdra plus désormais.
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Dans l’Antiquité, même chez un philosophe du plaisir et du corps comme Épicure, il s’agit de couper des désirs, de pratiquer une forme d’amputation qui n’a rigoureusement rien à voir avec l’idée de « vivre sans temps morts et jouir sans entraves ». Épicure, comme par ailleurs le Bouddha, se compare à un chirurgien qui soigne, redresse mais aussi supprime des égarements pour procurer une forme d’équilibre. Leur question n’est pas : « Pour quelle satisfaction allez-vous craquer ? À quels plaisirs allez-vous céder ? Quels désirs allez-vous réaliser pour être heureux ? » Leur interrogation centrale est au contraire : « De quoi allez-vous donc devoir vous séparer ? Qu’allez-vous laisser tomber ? De quoi devez-vous vous détacher ? » Épicurisme ou bouddhisme, mais aussi stoïcisme, cynisme, scepticisme sont des thérapies de l’austérité, du renoncement, voire de l’amputation – bien plus que des méthodes d’acquisition du bonheur par la jouissance.
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« Le bonheur est un idéal non de la raison mais de l’imagination », explique Kant. Tous les hommes semblent désirer être heureux, mais comme un horizon, un idéal lointain, indéfini, indéfinissable. L’imagination règne ici – son flou, ses incertitudes –, nullement la raison – sa précision, ses idées claires et distinctes. Il n’y a pas de vérité certaine de ce que le bonheur peut être, et donc aucun savoir possible du bonheur. Dès lors, la philosophie, en tant que savoir rationnel, ne peut rien dire à qui que ce soit de la manière d’atteindre le bonheur !
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Ce n’est pas parce que j’ai « compris » quelque chose que mon désir est nécessairement régulé ou anéanti par cette compréhension ! Plus généralement, il n’est pas du tout sûr que le gouvernement de soi, de sa vie, de ses volontés, de ses plaisirs puisse être assuré par la raison et par elle seule. En tout cas, la transparence classique que suppose cette maîtrise est largement mise en cause par l’ensemble des doctrines, des textes et des découvertes de Schopenhauer, de Nietzsche et de Freud, pour ne citer que ces trois-là.
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Certains, en effet, ont fini par conclure et oser proclamer qu’une philosophie ne vaudrait qu’en raison de son impact sur l’existence. L’exemple donné par le philosophe lui-même, dans sa vie, serait en quelque sorte la pierre de touche de sa pensée. « Montre-moi comment tu vis, je te dirais si ce que tu penses est valide ou non. » Il y a là beaucoup de bêtise. Et d’abord une confusion grave entre plusieurs plans.
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On aurait pu imaginer, en effet, que la société se bonheurisât, s’euphorisât, se focalisât sur la zénitude et la coolitude sans que la philosophie s’en mêlât. Bref, c’eût pu être autrement. Il s’agit donc de formuler quelques hypothèses pour expliquer comment, pour sa part, la philosophie en est arrivée là.
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Il est désormais possible de devenir heureux : il suffit de mettre de côté tous les maux du monde. Imaginairement.
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