Citations de Roger-Pol Droit (345)
Il [Nietzsche] marche pour voir selon différents angles, selon plusieurs perspectives. Il explore, et nous avec lui, des dénivelées, des différences de potentiel dans le temps et l’espace. Ce pourrait être une façon d’envisager le travail des philosophes.
Alexandre, en poursuivant une chimère, a donc rencontré un monde réel, jusqu’alors inconnu. Il n’est pas exclu que ce puisse être une définition de ce que font les philosophes.
Vous ne savez rien de ce que peuvent vos orteils. En faite, ils détiennent la clé de votre nouvelle existence.
On peut même dire que la philosophie dominante conduit à la démonstration qu’on a affaire à des problèmes insolubles. Face à ces problèmes insolubles, que fait-on ? Comme devant un nœud trop embrouillé, on essaie indéfiniment de le défaire, et on s’aperçoit qu’on ne fait que l’emmêler de façon différente. Ou on le tranche, ce qui revient à en séparer les brins en décidant de renoncer à analyser les cheminements enlacés de ses fils.
L’enfance serait le temps de la simplicité (« un jeu d’enfant », « l’enfance de l’art »), le temps du caprice et de la candeur (« ne fais pas l’enfant », « un regard d’enfant »), le temps de l’infériorité (« sortir de l’enfance », « retomber en enfance »).
La non-violence ne signifie nullement absence de luttes, mais refus de la force physique dans le combat. La violence corporelle est remplacée par une violence morale, une forme de défi qui en appelle à la moralité et à la conscience de l’autre, tout en prenant sur soi une part du risque.
De même, sur le fond, le vieux lecteur de Schopenhauer que je crois être trouvait, ici, beaucoup à apprendre et, là, beaucoup à redire.
Nous sommes en effet convaincus qu'il est dommageable pour notre avenir de renoncer tout à fait à l'idée d'un espoir collectif partagé, à des idéaux communs, par crainte de se retrouver déçu, ou trahi. C'est pourquoi nous avons entrepris ce voyage philosophique au cœur de l'espoir
Car j’ai l’intime conviction que la pensée n’est qu’expérience. Une réflexion s’enclenche seulement si l’on tente quelque chose, en acceptant que la tentative semble d’abord inconvenante.
Au contraire, la tolérance qui nous intéresse, celle qui concerne notre vie dans la société, tous ensemble, avec nos différences et nos divergences, est une affaire de relations entre nous. Elle ne réside pas dans un organisme, elle existe entre les gens, dans leur manière de se parler, de se regarder, de se juger, dans la façon dont ils se comportent les uns envers les autres. Et c’est aussi une affaire de décision, de volonté. On peut s’exercer à devenir tolérant envers les autres, on peut l’apprendre, on peut s’y entraîner.
Un étranger de passage s’avance et l’interpelle : « Eh, le philosophe, tu sais ce qui vieillit le plus vite chez les humains ? – La bienveillance, répond Diogène.
Que s’est-il passé, pour que les philosophes oublient l’Inde ? Oubli double. Il concerne d’abord les matériaux immenses aujourd’hui mis à disposition par les recherches indianistes. On ne fera croire à personne que leur masse énorme ou leur technicité peuvent, à elles seules, suffire à expliquer dans quel mépris, généralement, on les tient. Car l’abondance des informations, leur spécialisation, l’apprentissage que leur maniement requiert, sont aussi écrasants, sinon plus, dans d’autres champs du savoir. Or la réflexion philosophique ne s’est pas absentée, pour autant, de ceux-ci. Je pense, par exemple, aux mathématiques, à la physique quantique, aux théories de l’information.
D’une façon peut-être plus étrange, cet oubli concerne, d’autre part, le rapport de la philosophie à elle-même, à son passé proche, aux discours de quelques-uns de ses maîtres, et non des moindres.
Le nirvana est l'anéantissement du principe de la pensée.
C'est une seule et même chose, pour un stoïcien, de vivre selon la raison et selon la nature.
Quand il s'agit de connaître, rien n'est jamais fini !
Si nous souffrons, c'est parce que nous désirons des choses qui sont toutes sans durée.
Le Bouddha, lui, est un homme, rien qu'un homme, et il ne prétend pas transmettre une parole révélée. Il expose une méthode pour cesser de souffrir, et il dit à peu près : "Ne me croyez pas sur parole ! Essayez vous-même !"
Les musulmans, mot à mot, sont donc ceux qui "se mettent en paix" avec Dieu.
Le protestantisme est apparu seulement à la Renaissance, au XVe et au XVIe siècle.
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...progressivement, le christianisme s'est mêlé aux affaires politiques. Cette religion d'amour, de confiance, de charité, de délivrance est devenue aussi un pouvoir central dans la société. L'Eglise catholique a accumulé des richesses, des terres, des propriétés immenses, énormément d'argent. (...) Au lieu de pardonner au nom de Dieu, ils se mettent à vendre le pardon. Les fidèles doivent donner de l'argent pour aller plus vite au Paradis !
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ils [les protestants] ont protesté pour avoir le droit d'affirmer leur foi et ne pas se soumettre à l'Eglise catholique. Ils trouvaient qu'elle n'était pas conforme à l'esprit du Christ. Ces protestants ont commencé à refuser d'obéir au pape. (....) L'essentiel est ce que le Christ a dit (...).
Avec le christianisme apparaît cette idée que Dieu devient homme et meurt pour les hommes. Le christianisme ne croit pas seulement, comme la religion juive, que Dieu a créé le monde et inspiré les prophètes de la Bible, mais aussi que Dieu par le Christ, s'est fait homme pour sauver le monde.
C'est ainsi que ce sont séparés juifs et chrétiens. Les juifs ne croient pas que le Christ est le fils de Dieu. Ils pensent que le Christ est un grand sage, un prophète, mais à leurs yeux, il n'est pas DIeu incarné, c'est-à-dire "devenu chair".