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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Le fond était mauvais, Voltaire avait le coeur dur, l'âme pointue, le souffle desséchant. Il était incapable de vrais sentiments donc de grandes idées. Il aimait ce qui brille et non ce qui vit.
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Voltaire de Rousseau:
La vertu, l'homme sauvage, les moeurs des bergers et des paysans, la vie robuste dans les bois, les lois de Calvin et le salut des justes je les laisse à votre petit Jean-Jacques.
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Rousseau parlant de Voltaire:
C'est un immense talent, mais il s'éparpille. Il délaisse ce qui est grand en lui, vraiment grand, pour mieux s'abaisser vers ce qui est petit chez les autres......Il y a deux hommes en lui. L'un parle vrai, chante juste, puise dans son coeur des accents qui parlent à tous les coeurs. Ce Voltaire là est touchant, il sait arracher des larmes, éduquer les âmes. L'autre n'aime que ce qui brille, joue sans croire en rien, persifle, ironise, ricane de tout et tout le temps, d'une manière qui me fait peine et parfois me fait peur.
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Le sage n’est donc pas simplement plus vertueux que les autres, il est devenu la vertu en devenant la sagesse.
Ce savoir-sagesse a transformé son esprit, son désir, ses volontés, son rapport aux autres, son rapport à lui-même – de manière si profonde et si radicale qu’il a désormais échappé définitivement au malheur d’exister. Mais cette « sapience » qui rend sage n’est pas un savoir théorique, une suite d’idées, d’analyses, de concepts. C’est un transformateur. Ce que le sage sait l’a transformé en un autre. Ce savoir fondamental concerne le sens de l’existence – ses buts ou son absence de buts – et détient le pouvoir unique de faire rendre à l’existence un son juste.
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Ce qui sépare originairement le sage du philosophe est fort simple : son savoir – celui qui le métamorphose, le fait passer de simple humain à humain parfait, réalisé, délivré... – n’est pas nécessairement logique ! Ce savoir-sagesse ne s’inscrit pas forcément dans des discours, des phrases et des mots. Ce n’est pas un enseignement composé d’exposés suivis, qu’il s’agit de comprendre. Paradoxalement, ce savoir peut même se passer de paroles. Ou presque.
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Avant les philosophes tels que nous les définissons habituellement – actifs dans un espace de discussion, partie prenante d’une joute dialectique –, ces penseurs furent des sages inspirés. Ils parlaient parfois par énigmes, comme Héraclite, dit l’Obscur, qui transmettait en formules lapidaires des vérités intuitives, en partie occultes. Ils étaient liés, comme Pythagore, à des pratiques d’initiation, des cultes à mystères, des interdits alimentaires, vestimentaires ou gestuels.
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Pythagore passe pour avoir inventé ce terme, « philosophe » (philo-sophos : celui qui aime-désire la sagesse, par opposition au sophos, le sage qui la détient), pour mieux signifier ceci : il y eut des sages, autrefois, mais leur savoir est désormais perdu. La lignée est brisée. Cette figure est devenue inaccessible. Ne demeurent plus que des hommes « en chemin ». Ils aiment la sagesse, donc recherchent à l’atteindre, justement parce qu’ils ne la détiennent pas, mais ne sont plus jamais assurés d’y parvenir.
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La vie terrestre n’étant dorénavant qu’une vallée de larmes, le seul bonheur à espérer devenait celui du salut éternel. Désormais, pour être heureux, il fallait attendre d’être mort. Pis : tout bonheur terrestre risquant d’être soupçonné de péché, il pouvait compromettre la béatitude éternelle. Le corps devenant le mal, le désir sexuel le diable, la jouissance une tentation destructrice, tout change d’axe. Au point qu’il convient de se mortifier, de se faire souffrir, de s’infliger des pénitences, des jeûnes, des humiliations pour parvenir, peut-être, à être heureux dans l’au-delà.
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Le sage-philosophe croyait en un bonheur dans la nature, accessible par des moyens terrestres, et rationnellement justifiés. Le saint aspire à un bonheur éternel, gagné par la mortification du corps, l’écrasement de soi. Ce changement complet s’accompagne de bouleversements majeurs dans les représentations du rôle du philosophe et de la philosophie.
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En fait, la vérité ne rend plus heureux. Le long règne du saint a mis fin au rêve de la philosophie antique d’accéder au bonheur par la logique et la vérité. Sagesse et science se trouvent dissociées. On appelle ça les Temps modernes. Le sage d’un côté, le savant d’un autre. Le philosophe est du côté du savant. Pas du bonheur.
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À partir de l’Âge classique, le philosophe n’est plus sage ni saint, mais homme de la raison. Il se confond désormais, le plus souvent, avec le savant.
Impossible d’oublier que les philosophes, jusqu’au XIXe siècle, sont mathématiciens, géomètres et algébristes, physiciens, chimistes, médecins, physiologues, économistes, biologistes, naturalistes, géographes et géologues. La primauté de l’idéal rationnel dans la connaissance vaut également pour la construction de leur morale. La science, sous toutes ses formes, dans toutes ses acceptions, l’emporte sur l’antique idéal de sagesse. Il s’agit moins de vivre que de connaître. Au lieu de transformer son existence intime, on veut établir des certitudes impersonnelles. Elles concernent les mathématiques, les lois du cosmos, le fonctionnement de la matière – plutôt que l’humilité, la tempérance ou le courage.
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Le risque de cette césure, Rabelais l’a vu d’emblée : c’est évidemment la « science sans conscience », celle du savant sans sagesse. Une efficacité aveugle, insoucieuse de son propre sens, de ses limites, de ses fins. Un triomphe pratique, oublieux des buts de l’humanité. Et bien sûr une séparation complète du savoir et de la vie : les recherches ne sont plus liées à la transformation de soi-même ni au bonheur.
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En outre, le savant n’étant plus nécessairement sage, il peut devenir fou et dangereux, emporté par la démesure et l’ambition sans limites. Marlowe invente le personnage de Faust, le savant qui pactise avec le diable. Bientôt, le pouvoir des savoirs sera de plus perçu comme capable du pire, incontrôlable dans ses effets. Celui qui sait détient désormais une capacité de nuire qui le rend menaçant, virtuellement maléfique – conception globalement étrangère aux anciens Grecs.
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Tous les progrès sont supposés marcher à peu près du même pas : l’industrie et la démocratie, l’instruction et la morale, la médecine et l’éducation... Les barbaries du XXe siècle ont mis un terme à ces rêveries.
En tout cas, la philosophie classique et contemporaine s’est de plus en plus désintéressée du bonheur individuel. Elle n’a plus prétendu le procurer. Elle a même laissé de côté la notion.
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Conduire au bonheur, le promettre, le garantir ne lui serait pas venu à l’idée une seconde. Elle n’avait cure du projet de se transformer soi-même. L’idée même que la philosophie puisse faire vivre de façon différente ceux qui la pratiquent lui aurait paru bien étrange.
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Comment éliminer magiquement les efforts, le négatif, le malheur ? Comment flotter enfin dans un présent éternel, où ne subsisterait aucune véritable difficulté pour notre existence ? Ces préoccupations dessinent un totalitarisme radieux. Je l’ai déjà décrit dans Votre vie sera parfaite : l’époque se borne à consommer de la sagesse – sous forme lyophilisée, directement assimilable, accessible, de préférence économique ou gratuite. Cette sagesse reconditionnée prétend fournir les moyens de devenir heureux sans efforts, de le rester sans peine, de découvrir comment l’être encore plus.
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La philosophie ne pouvait plus prétendre à devenir une science. Elle avait échoué, d’autre part, à tenir la barbarie en lisière. Elle avait en fait perdu du terrain de tous côtés, en épistémologie comme en éthique, en politique comme en esthétique. Le seul registre où elle pouvait vraiment se donner libre cours, croire se régénérer, était celui, depuis longtemps déserté, du comment vivre, de la vie bonne, des conseils pour être heureux.
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"  C’est là qu’est le secret du bonheur et de la vertu : aimer ce qu’on est obligé de faire. "

Aldous Huxley.
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« Si la philosophie ne nous aide pas à être heureux, ou à être moins malheureux, à quoi bon la philosophie ? », affirme André Comte-Sponville. Il formule ainsi une idée qu’il a exprimée dans plusieurs textes, et qui se trouve aussi chez tous les auteurs qui voient dans la philosophie, avant tout, une possibilité de transformation – positive, cela va de soi... – de notre existence. Innombrables, en effet, sont les textes et les penseurs qui vont répétant que si la philosophie ne changeait pas nos vies, elle ne vaudrait « pas une heure de peine ». Affirmation étrange, présentée sous cette forme. Car elle se donne pour une évidence massive (« si ça ne change rien, mieux vaut laisser tomber ») alors qu’il s’agit d’une banale et très faible rhétorique de la valorisation. En fait, la formule, ainsi présentée, est bancale.
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« Si l’on se donne toute cette peine pour la philosophie, c’est qu’elle est en mesure de changer notre vie, et de nous rendre heureux. » Sinon, on n’en ferait pas tant ! Face à nous, cette fois, non pas un éloge de l’effort utile mais une justification du temps passé à philosopher : il est légitimé, en fin de compte, par la transformation de l’existence que la philosophie garantit.
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