Citations de Romain Gary (5375)
J'ai léché ma glace. Je n'avais pas le moral et les bonnes choses sont encore mieux quand on a pas le moral. J'ai souvent remarqué ça. Quand on a envie de crever, le chocolat a encore meilleur goût que d'habitude.
Elle avait trop le goût de la plénitude pour accepter de lécher les restes dans l'assiette. (...) Promets moi. Promets moi de ne pas faire de ton chagrin une facilité, une dérobade. Une demeure grise entouré de ronces et de ruines. (...) Tu ne m'enfermeras pas à double tour derrière les portes du souvenir. Je ne veux pas devenir aide à la pierre. Nous avons été heureux et cela nous crée des obligations à l'égard du bonheur.
une fille qui se fait payer pour ouvrir ses cuisses au peuple me paraît une sœur de charité et une honnête dispensatrice de bon pain lorsqu’on compare sa modeste vénalité à la prostitution des savants prêtant leurs cerveaux à l’élaboration de l’empoisonnement génétique et de la terreur atomique
C'était tout ce que je pouvais faire pour proclamer ma dignité, la supériorité de l'homme sur tout ce qui lui arrive.
Je n'ai jamais pu accepter de voir dans le comportement sexuel des êtres le critère du bien et du mal, et ai toujours placé la dignité humaine bien au dessus de la ceinture, au niveau du cœur et de l'esprit, de l'âme, où nos plus infâmes prostitutions se sont toujours situées.
C'est toujours dans les yeux que les gens sont les plus tristes.
L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.
Voilà un des Gary les plus ajariens, un livre dont on peut difficilement saisir toute la portée si on ne le remplace pas sur la chronologie tragique de l'aventure Ajar.
C'est un très court roman qui raconte la traversée d'une nuit par un homme dont la femme, atteinte d'un cancer, va se donner la mort. Il y a "clair de femme". L'amour se passe comme un témoin. L'humour noir est présent à chaque page. C'est beau. Simplement.
Je prenais encore la vie comme un genre littéraire.
-Est-ce que je suis envahissante?
-Terriblement, lorsque tu n'es pas là.
Roland était passé maître dans cet art très anglais de passer totalement inaperçu pour mieux se faire remarquer.
Annette se mit à détester tôt tout ce que son père considérait comme admirable et à respecter tout ce qu’il dénonçait, si bien qu’elle put dire plus tard que l’éducation qu’elle avait reçue de son père fut une des raisons déterminantes de sa réussite dans la vie. Elle écoutait son maître à penser avec attention, ayant très tôt compris qu’en prenant le contre-pied de tout ce qu’il disait, son enseignement pouvait lui être utile.
Il va sans dire qu'un romancier se trompe plus facilement qu'un autre sur la nature des êtres et des choses parce qu'il les imagine. Je me suis toujours imaginé ceux que je rencontrais dans ma vie ou qui ont vécu près de moi. Pour un professionnel de l'imagination, c'est plus facile et cela vous évite de vous fatiguer. Vous ne perdez plus votre temps à essayer de connaître vos proches, à vous pencher sur eux, à leur prêter vraiment attention. Vous les inventez. Après, lorsque vous avez une surprise, vous leur en voulez terriblement: ils vous ont déçu. En somme ils n'étaient pas dignes de votre talent.
Garder sa raison de vivre et parfois tout le contraire de raison garder.
Le plus grand effort de ma vie a toujours été de parvenir à désespérer complètement. Il n’y a rien a faire, il y a toujours en moi quelque chose qui continue à sourire.
p259
La vie, c'est pas un truc pour tout le monde.
La vie est pavée d’occasions perdues.
Ce que je veux dire, c'est qu'elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.
_ Car il y a de la flamme dans l'œil des jeunes gens, mais dans celui du vieillard il y a de la lumière !
Instinctivement, sans influence littéraire apparente, je découvris l'humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus.