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Citations de Romain Gary (5291)


A l’oral de chimie, en première partie du baccalauréat, l’examinateur, M. Pessac, m’ayant demandé de lui parler du plâtre, tout ce que je trouvai à lui dire fut, textuellement :
- Le plâtre sert à fabriquer les murs.
L’examinateur attendit patiemment. Puis comme rien ne venait, il me demanda :
- C’est tout ?
Je lui jetai un regard hautain et, me tournant vers le public, je le pris à témoin.
- Comment, est-ce tout ? C’est déjà énorme ! Monsieur le Professeur, enlevez les murs, et quatre-vingt-dix-neuf pour cent de notre civilisation sont par terre !
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Je ne sais quelle forme prendra la fin de l'imposture mais je vous assure que dans notre monde "avec ordre des choses", ça manque de caresses.
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Mais souviens-toi, plus tard, quand tu seras grand, que les monstres les plus redoutables sont invisibles. C'est justement ce qui les rend si dangereux. Il faut apprendre à les flairer.
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Le député français Jean Dubord était préoccupé.Il essayait de se rappeler à quelle formation politique il appartenait.Son parti s'était scindé en deux, les éléments des extrémités de chaque tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d'imbrication vers trois formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant du centre afin de s'y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans ses éléments centrifuges.Le député Jean Debord était à ce point dérouté qu'il en venait à se demander si son devoir de patriote n'était pas de susciter lui-même la formation d'un groupement nouveau,une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements périphériques, lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de charnière pour accéder au rôle de pivot. De toute façon, le seul moyen de s'y retrouver était d'avoir un groupe à soi
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La loi c'est fait pour protéger les gens qui ont quelque chose à protéger les gens qui ont quelque chose à protéger contre les autres.
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« Éducation européenne, pour lui, ce sont les bombes, les massacres, les otages fusillés, les hommes obligés de vivre dans des trous, comme des bêtes … Mais moi, je relève le défi. On peut me dire tant qu’on voudra que la liberté, l’honneur d’être un homme, tout ça, enfin, c’est seulement un conte de nourrice, un conte de fées pour lequel on se fait tuer. La vérité c’est qu’il y a des moments dans l’histoire, des moments comme celui que nous vivons, où tout ce qui empêche l’homme de désespérer, tout ce qui lui permet de croire et de continuer à vivre, a besoin d’une cachette, d’un refuge. Ce refuge, parfois, c’est seulement une chanson, un poème, un livre. Je voudrais que mon livre soit un de ces refuges, qu’en l’ouvrant, après la guerre, quand tout sera fini, les hommes retrouvent leur bien intact, qu’ils sachent qu’on a pu nous forcer à vivre comme des bêtes, mais qu’on n’a pas pu nous forcer à désespérer. »
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Vague et lancinant, tyrannique et informulé, un rêve étrange s’était mis à bouger en moi, un rêve sans visage, sans contenu, sans contour, le premier frémissement de cette aspiration à quelque possession totale dont l’humanité a nourri aussi bien ses plus grand crimes que ses musées, ses poèmes et ses empires, et dont la source est peut-être dans nos gènes comme un souvenir et une nostalgie biologique que l’éphémère conserve de la coulée éternelle du temps et de la vie dont il s’est détaché. Ce fut ainsi que je fit connaissance avec l’absolu, dont je garderai sans doute jusqu'au bout, à l’âme, la morsure profonde, comme l’absence de quelqu’un. Je n’avais que neuf ans et je ne pouvais guère me douter que je venais de ressentir pour la première fois l’étreinte de ce que, plus de trente ans plus tard, je devais appeler “les racines du ciel”, dans le roman qui porte ce titre. L’absolu me signifiait soudain sa présence inaccessible et, déjà, à ma soif impérieuse, je ne savais qu’elle source offrir pour l’apaiser. Ce fut sans doute ce jour là que je suis né en tant qu’artiste; par ce suprême échec que l’art est toujours, l’homme, éternel tricheur de lui-même, essaye de faire passer pour une réponse ce qui est condamné à demeurer comme une tragique interpellation.
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Où voulez-vous qu'un intellectuel de gauche, un idéaliste à la recherche de la tolérance et de la fraternité, aille se fourrer aujourd'hui, sinon dans le cou d'une femme ?
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c'est madame Nadine qui m'a montré comment on peut faire reculer le monde et je suis très intéressé et le souhaite de tout coeur. Le docteur Ramon est même allé chercher mon parapluie Arthur, je me faisais du mauvais sang car personne n'en voudrait à cause de sa valeur sentimentale, il faut aimer.
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" Au fond, vous savez, nous ne sommes pas si loin mes uns des autres. Nous sommes tous frères, hein... Et si on commence à creuser les différences, on reste seul dans la vie et ce n'est pas drôle." P.183
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Je vais disparaître, mais je veux rester femme. Je te serai une autre. Va vers elle. Va à la rencontre d'une autre patrie féminine. La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer.
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Quand ils ont enfoncé la porte pour voir d'où ça venait et qu'ils m'ont vu couché à côté, ils se sont mis à gueuler au secours quelle horreur mais ils n'avaient pas pensé à gueuler avant parce que la vie n'a pas d'odeur.
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L'Europe a toujours eu les meilleures et les plus belles Universités du monde. C'est là que sont nées nos plus belles idées, celles qui ont inspiré nos plus grandes œuvres : les notions de liberté, de dignité humaine, de fraternité. Les Universités européennes ont été le berceau de la civilisation. mais il y a aussi une autre éducation européenne, celle que nous recevons en ce moment : les pelotons d'exécution, l'esclavage, la torture, le viol - la destruction de tout ce qui rend la vie belle. C'est l'heure des ténèbres.
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Je l'ai vue descendre du taxi, devant la cantine, la canne à la main, une gauloise aux lèvres et, sous le regard goguenard des troufions, elle m'ouvrit ses bras d'un geste théâtral, attendant que son fils s'y jetât, selon la meilleure tradition.
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- Lorsqu'on s'occupe des enfants , il faut beaucoup d'anxiété , docteur , sans ça ils deviennent des voyous .
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Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.
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- Quand tu seras...

Il regarda autour de lui avec un peu de gêne, conscient sans doute de sa naïveté, mais incapable de se dominer.

- Quand tu seras... tout ce que ta mère a dit.

Je l'observais attentivement. La boîte de rahat-lokoums était à peine entamée. Je devinais instinctivement que je n'y avais droit qu'en raison de l'avenir éblouissant que ma mère m'avait prédit.

- Je serai ambassadeur de France, dis-je, avec aplomb.

- Prends encore un rahat-lokoum, dit M. Piekielny, en poussant la boîte de mon côté.

Je me servis. Il toussa légèrement.

- Les mères sentent ces choses-là, dit-il. Peut-être même écriras-tu dans les journaux, ou des livres...

Il se pencha vers moi et me mit une main sur le genou. Il baissa la voix.

- Eh bien ! Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire...

Une flamme d'ambition insensée brilla soudain dans les yeux de la souris.

- Promets-moi de leur dire : au no 16 de la rue Grande-Poulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny...

Son regard était plongé dans le mien avec une muette supplication. Sa main était posée sur mon genou. Je mangeais mon rahat-lokoum, en le fixant gravement.

A la fin de la guerre, en Angleterre, où j'étais venu continuer la lutte quatre ans auparavant, Sa Majesté la Reine Elizabeth, mère de la souveraine actuelle, passait mon escadrille en revue sur le terrain de Hartford Bridge. J'étais figé au garde-à-vous avec mon équipage, à côté de mon avion. La reine s'arrêta devant moi et, avec ce bon sourire qui l'avait rendue si justement populaire, me demanda de quelle région de la France j'étaits originaire. Je répondis, avec tact « de Nice », afin de ne pas compliquer les choses pour Sa Gracieuse Majesté. Et puis... ce fut plus fort que moi. Je crus presque voir le petit homme s'agiter et gesticuler, frapper du pied et s'arracher les poils de sa barbiche, essayant de se rappeler à mon attention. Je tentai de me retenir, mais les mots montèrent tout seuls à mes lèvres et, décidé à réaliser le rêve fou d'une souris, j'annonçai à la reine, à haute et intelligible voix :

- Au no 16 de la rue Grande-Poulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny...

Sa Majesté inclina gracieusement la tête et continua la revue. Le commandant de l'escadrille « Lorraine », mon cher Henri de Rancourt, me jeta au passage un regard venimeux. Mais quoi : j'avais gagné mon rahat-lokoum.

Aujourd'hui, la gentille souris de Wilno a depuis longtemps terminé sa minuscule existence dans les fours crématoires des nazis, en compagnie de quelques autres millions de Juifs d'Europe.

Je continue cependant à m'acquitter scrupuleusement de ma promesse, au gré de mes rencontres avec les grands de ce monde. Des estrades de l'ONU à l'Ambassade de Londres, du Palais Fédéral de Berne à l'Élysée, devant Charles de Gaulle et Vinchinsky, devant les hauts dignitaires et les bâtisseurs pour mille ans, je n'ai jamais manqué de mentionner l'existence du petit homme et j'ai même eu la joie de pouvoir annoncer plus d'une fois, sur les vastes réseaux de la télévision américaine, devant des dizaine de millions de spectateurs, qu'au no 16 de la rue Grande-Poulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny, Dieu ait son âme.

Mais enfin, ce qui est fait est fait, et les os du petit homme transformés à la sortie du four en savon, ont depuis longtemps servi à satisfaire les besoins de propreté des nazis.
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... Parfois je lève la tête et je regarde mon frère l'Océan avec amitié: il feint l'infini, mais je sais que lui aussi se heurte partout à ses limites, et voilà pourquoi, sans doute, tout ce tumulte, tout ce fracas. (p.376).
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Je juge les régimes politiques à la quantité de nourriture qu'ils donnent à chacun, et lorsqu'ils y attachent un fil quelconque, lorsqu'ils y mettent des conditions, je les vomis: les hommes ont le droit de manger sans conditions. (p.216)
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Monsieur Hamil a de beaux yeux qui font du bien autour de lui.
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