AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Ron Rash (745)


Lorsque je quitte le couvert des arbres, un craquement creux sous ma semelle. Mue de cigale. Quel cadeau que de se dépouiller de son vieux moi avec tant de facilité.
Commenter  J’apprécie          164
Je referme le carnet et longe la berge jusqu’au pont. Dans le canal de fuite du plan d’eau, un scintillement insolite. J’ôte chaussures et chaussettes, roule le bas de mon pantalon. La froidure de la rivière monte, chaque pas un granuleux fléchissement de sable. Je sors une canette, vide l’eau dont elle est remplie. Le soleil dans mon dos projette mon ombre en avant. Il frôle l’auparavant de ce que je sens passer, comme le souvenir de quelque chose qui n’a pas encore eu lieu.
Commenter  J’apprécie          160
Elle paraissait rouée de fatigue et pour la première fois j'ai entraperçu à quoi elle ressemblerait quand elle serait plus ni jeune ni jolie. Je savais que ce temps-là était pas si loin, parce que la vie dans une ferme des collines vous use une femme plus vite qu'un homme, du moins au-dehors. Un jour maman avait raconté qu'elle s'avait regardée dans son miroir sans se remettre le temps d'une petite seconde. « Qui est donc cette vieille femme qui me regarde ? » elle avait pensé.
Elle avait pas encore dépassé trente ans.
Commenter  J’apprécie          160
Malgré la faible clarté le miel luisait, soleil plongé dans une terrestre obscurité.
Commenter  J’apprécie          160
Autour de la lune des nuages gris glissent comme des fantômes.
Commenter  J’apprécie          160
Sous l'éclairage rouge d'une chambre noire, tout est gris. Vos mains sont sans vie. Le bain d'arrêt vous emplit les narines et le ventre comme du formol. C'est peut-être normal, au fond, car ce que fait un photographe, c'est embaumer quelque chose ou quelqu'un dans une éternité encadrée et figée.
Commenter  J’apprécie          160
Un fantôme sait-il au moins qu'il est un fantôme ?
Commenter  J’apprécie          160

" Dégaine ton appareil, a-t-il dit d'un ton sérieux. Tu vas avoir sous peu l'occasion de prendre une vraiment bonne photo."
J'ai sorti le Nikon de son étui alors qu'Herb Kowalsky s'avançait dans les hauts-fonds et grimpait sur la pierre plate sous laquelle gisait sa fille. Il a regardé dans l'eau, seul à présent - ni sauveteurs, ni écologistes, ni badauds.
En photo il n'y a pas de mémoire. l'image impressionne la pellicule ou n'existe pas. J'ai approché le Nikon de mon oeil droit pour faire naître cet instant dans la vie de Herb Kowalsky. A ce moment là, la partie de moi qui pointait l'objectif se contrefichait de Herb Kowalsky, de sa fille, de la rivière ou de la loi fédérale. *
J'ai appuyé sur le déclencheur, sans arrêt jusqu'à ce que je n'ai plus de pellicule, et puis j'ai collé un autre rouleau dans l'appareil. Ce n'est qu'une histoire de lumière, d'angle et de grain, me suis-je dit. ce que font ces photos pour moi ou qui que ce soi d'autre n'est pas un but. Je ne suis qu'une observatrice de ce qui est déjà là.

Commenter  J’apprécie          160
Ce qui permettait de supporter la perte de quelqu’un qu’on aimait, ce n’était pas ce qu’on se rappelait, mais ce qu’on oubliait. Au début elle avait oublié les petits détails, l’odeur du savon qu’avait utilisé sa mère, la couleur de la robe qu’elle mettait pour aller à l’église, puis, au bout de quelque temps, elle avait oublié le son de sa voix, la couleur de ses cheveux. Rachel était stupéfaite de voir tout ce qu’on pouvait oublier, et tout ce qu’on oubliait ainsi rendait la personne en question moins vivante au-dedans de vous, jusqu’au moment où on pouvait enfin supporter son absence.
Commenter  J’apprécie          160
Serena se débarrassa de ses dessous. En la contemplant, Pemberton se demanda si le jour viendrait jamais où il pourrait la regarder nue sans être ébloui. Il ne parvenait pas à l’imaginer et croyait qu’à l’instar de certaines lois des mathématiques et de la physique, la beauté de Serena était immuable.
Commenter  J’apprécie          160
Ici, c'était pas un coin pour les gens qui avaient un foyer.
Ici, c'était un coin pour les disparus.
Commenter  J’apprécie          160
Puis son esprit s’était égaré en un lieu où elle n’avait pu le suivre, emportant avec lui tous les gens de son entourage, leurs noms et les liens qui les unissaient, s’ils vivaient encore ou s’ils étaient morts. Mais son corps s’était attardé, dépouillé d’un être intime, aussi vide qu’une carapace de cigale. »
Commenter  J’apprécie          161
"Tu es une vagabonde, m'avait dit tante Margaret.C'est la façon que tu as de regarder les montagnes tu veux savoir ce qu'il y a derrière. Et tant que tu ne le sauras pas, tu ne seras jamais franchement satisfaite." J'avais huit ans et nous étions en train de cueillir des mûres sur le versant est de Sassafras Mountain.
Commenter  J’apprécie          160
Elle se campa devant lui et lui tendit ses mains.
"Veux-tu bien me serrer contre toi un instant ? Pour m'aider à me souvenir que tu étais vrai, parce qu'une fois que tu seras parti, ce sera trop facile de croire le contraire".
Commenter  J’apprécie          160
- Y a mon oncle, y s'est fait vider de chez lui la semaine passée, annonça Dunbar. On y a dit que c'était une espropriation.
- Ça veut dire quoi, une espropriation ? demanda Stewart.
- Ça veut dire que tu l'as dans le fion, répondit Ross.
Commenter  J’apprécie          160
Vous autres, les péquenauds, vous serez chassés de cette vallée jusqu’au dernier comme de la merde d’une cuvette de chiottes.
Commenter  J’apprécie          162
Quand ce mot a été prononcé, tout, jusqu'à la rivière a paru s'arrêter quelques secondes.
J'éprouverais une sensation identique la nuit de l'accident, le même effet de suspension qui a dilaté le temps entre l'instant où la voiture quittait le bitume et celui où l'arbre se ruait droit sur mes phares.
Puis, de nouveau, j'ai entendu la rivière et, lentement, comme un manège qui démarre, le temps a repris son rythme normal.
Commenter  J’apprécie          150
Si la sécheresse augmente encore, les poissons-chats se baladeront bientôt avec une gourde en bandoulière.
Commenter  J’apprécie          151
C’est ce qu’on ressent tous à l’approche de la retraite, me dis-je pour me rassurer. C’est un changement, et n’importe quel changement peut être angoissant parce qu’on perd pied.
Commenter  J’apprécie          150
Tandis que s'éteint l'ultime clarté du soir, un bouleau blanc scintille tel un diapason frappé. Je laisse le vélo à la maison forestière et traverse la prairie. J'ai besoin de sentir la terre ferme. L'air est frais, pas froid, mais Gerald prépare une flambée. Comme toujours il y a dans l'âtre une bûche de pommier. A cause de ses jolies couleurs quand elle brûle, dit-il. Il dispose le bois d'allumage et le papier journal avec autant de soin que s'il nouait une mouche de pêche à la truite, puis gratte une allumette. Sous les chenets la spore du bois aux pointes rouges s'épanouit. Le feu ruisselle autour des brindilles, enfle et se rassemble, s'élève en tourbillons tandis que les étincelles crépitent, éclaboussent lentement la pierre du foyer. Sur le bois de pommier poussent des plumes rougejaunevert et le perroquet disparu semble jouer les phénix au milieu des flammes. Les paumes de Gerald s'ouvrent comme pour bénir le feu, ou peut-être pour que le feu le bénisse. Combien de milliers d'années contenues dans ce geste, sa promesse de lumière, de chaleur et de prompt-repos.
Commenter  J’apprécie          150



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ron Rash Voir plus

Quiz Voir plus

Devinette scato du jour, pluie et grisaille

À quel auteur français classique vous fait penser une grand mère napolitaine souffrant de coliques ?

Jean Racine
François Rabelais (ne tombez pas dans le piège)
Pierre Corneille
JBP dit Molière
Nicolas Boileau
Nicolas Edmé Restif de la Bretonne
Charles Louis de Montesquieu
FMA dit Voltaire
Denis Diderot
Jean de La Fontaine

1 questions
24 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}