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Critiques de Ruta Sepetys (871)
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Hôtel Castellana

Ruta Sepetys est décidément une auteur que j'apprécie ! Chacun de ses romans nous fait découvrir une période et des faits historiques, toujours avec un grand travail de recherche pour coller le plus possible à la vérité.

Avec Hôtel Castellana, Ruta Sepetys nous emmène en Espagne en 1957, pendant la dictature de Franco. Daniel, 18 ans, accompagne ses parents pour un voyage d'affaires à Madrid. Baigné dans la culture espagnole depuis toujours, sa mère y étant née, il arpente avec plaisir les rues madrilènes, son appareil photo à la main. Aspirant à devenir photojournaliste, il cherche toujours le bon angle de vue qui lui permettra de dévoiler en photo une vérité. Logeant à l'Hôtel Castellana, il rencontre Ana, une jeune fille de son âge travaillant comme femme de chambre. Très vite, ils se rapprochent et Ana lui fait découvrir un autre visage de l'Espagne. A travers les yeux et l'objectif de Daniel, nous découvrons donc un pays enchaîné au silence depuis la fin de la guerre civile, la pauvreté, la peur, les secrets.

Ruta Sepetys nous livre ainsi un roman passionnant et intéressant sur les heures sombres de l'Espagne. Des chapitres courts, des personnages forts et attachants, une tension qui va crescendo : un très bon moment de lecture.
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Le sel de nos larmes

A la fermeture du livre, je reste envahie par toutes les émotions ressenties lors de ce bout de vie des différents personnages.

4 voix, 4 visions, 1 seule objectif : fuir et survivre.

N'étant pas très cultivée côté histoire, je ne connaissais évidemment pas le naufrage du Wilhelm Gustloff. On nous enseigne beaucoup l'histoire côté français et peu celui-ci.

Même si l'écriture est simple et le récit ponctué de moments plus légers, ce livre est bouleversant.

Les chapitres se succèdent à une vitesse folle et on est pris aux tripes. Comment l'homme peut-il être capable d'autant d'atrocités? Comment n'en tire-t-il aucune leçon? Car ces atrocités existent toujours et d'autres sont plus sournoises.

Le travail effectué par l'auteure est énorme et toutes ses recherches, rencontres, voyages payent car on est complètement immergé.

Les personnages sont attachants et tellement Humains. Alors il est vrai qu'au milieu de tout ça, il y Alfred et Alfred c'est le côté noir de l'humanité, c'est l'embrigadement nazi, la bêtise, l'horreur, le perte du libre arbitre pour coller à une soi-disant élite, le besoin d'être quelqu'un à n'importe quel prix mais pour qui?

J'ai beaucoup aimé Florian, Joana, Klaus.. et j'ai été surtout touchée par Emilia et Opi. Ce qui est dur c'est que même si les 4 protagonistes sont adolescents, Ils paraissent adultes. Leur jeunesse est volée, leur famille brisée ou morte.

La partie finale de l'histoire, l'arrivée au port et l'embarquement est très prenante. Imaginer le désespoir des gens, ces mamans qui donnent leurs enfants pour qu'ils vivent, l'angoisse, la faim, le froid ça ne devrait pas exister. Personne ne mérite de vivre ça. Les sentiments, la souffrance, la peur lors du naufrage sont tellement bien décrits que je n'ai pu retenir une larme. J'avoue avoir été très émue.

C'est une belle découverte ce livre et il est vrai qu'il est important de ne pas oublier.

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Big Easy

Alors je vais droit au but. Ruta Septys je l’adore avec Ceux qu’ils n’ont pas pu nous prendre et Le sel de nos larmes elle m’a offert deux coups de cœurs phénoménaux. Cette auteure manie avec perfection sa plume pour nous offrir un roman historique vrai en rajoutant une romance pour faire digérer des événements tragiques et surtout donner aux adolescents d’apprendre l’histoire tout en se faisant plaisir. Un très bon professeur d’histoire et écrivain.

Donc quand je vois qu’elle décide de nous offrir un autre roman historique mais cette fois ci polar qui parle des quartiers chauds de la Nouvelles Orléans des années 50 : prostitution, mafia, pauvreté vu par le regard d’une jeune fille Josie de 18 ans je fonce sans hésiter.

Mon ressenti : J’ai eu du mal à comprendre comment l’auteure s’y est prise pour écrire son « polar historique ». Josie jeune fille sympathique et intelligente n’a pas eu une enfance facile. Elle est fille de prostituée et sa mère n’est pas un cadeau loin de là. Elle se retrouve malgré elle mêlée à la mafia et à une enquête alors qu’elle a qu’un seul but en tête rentrer dans une université prestigieuse. Entourée par des amis assez atypiques à cette époque-là, elle va découvrir la réalité loin d’être idéale de la Nouvelles Orléans. Je n’ai pas encore dit mon sentiment. Il est complétement perdu. J’ai adoré les personnages, j’ai adoré la trame mais je l’ai trouvé mal ficelé.

Je m’explique. J’aurais voulu un polar plus puissant, il est en trame de fond mais la perpétuelle quête d’identité de Josie nous bouffe une partie de ce suspens qui est quand même alléchant. Le travail de recherche sur la Nouvelles Orléans est bien représenté et donne une atmosphère malsaine et surtout nous montre que la justice était faite maison. Ensuite concernant le lien Josie et sa mère et bien j’aurais vraiment aimé une fin mieux traitée. J’ai compris le choix de l’auteure pas de soucis mais j’ai trouvé que son personnage en devient un fantôme alors qu’elle joue un rôle principal sur le polar.

Voilà j’ai des sentiments mitigés car oui le roman est sympa à lire et pourrait plaire un grand nombre de lecteurs mais cela ne ressemble pas à ce qu’a pu nous proposer Ruta Sepetys. En fait le roman historique y est sans hésité, un manque de profondeur sur certains personnages quand même mais le polar reste succinct à mon gout. Ce client aurait dû être beaucoup plus présent comme un fantôme.

Aucun regret pour cette lecture et j’attends avec impatience la prochaine proposition de Ruta Sepetys. Comme à chaque fois qu’un auteur rentre dans ma liste je deviens exigeante.
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Le sel de nos larmes

Je n'ai pas lu son premier roman, mais après lecture de celui-ci, j'ai juste envie d'y plonger.



Une veritable PERLE de la littérature. Un roman historique riche en émotions, en rebondissement, et surtout en réalité.

Nous entrons dans la peau de différents personnages, tous aussi complet les uns que les autres. On s'y attache ou on les déteste. La psychologie est bien pensée et elle nous met une claque.



La découverte de ce bateau, de cette fuite finalement inconnue de tous prend ici la place qui lui ai du dans la mémoire de tout un chacun.



J'ai rarement eu d'aussi beaux coups de coeur !!!!

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Big Easy

La Nouvelle Orléans , les années 50.L'ambiance est là, On s'y croit vraiment : Josie Moraine a 17 ans, fille d'un mère prostituée "bordeline" et irresponsable vit dans un quartier pauvre où l'on croise des tocards, la mafia , de "belles caisses"; des motos... Intelligente et bosseuse,elle s'occupe d'une librairie et habite au dessus, elle rêve de quitter cette ville et entrer dans une prestigieuse université pour entamer de brillantes études...confrontée à la violence, à l'argent facile, plein de rebondissements l'attendent pour mener à bien son projet.



Super histoire, dynamique, rythmée par des personnages attachants, cette adolescente est tiraillée par ses états d'âme, ses amours naissantes, un peu perdue se cherchant des repères dans ce monde d'adultes très abrupt.



Bon roman que l'on ne lâche pas une seconde !

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Big Easy

Avant de commencer, une petite déception ce livre est bien moins émouvant et fort que Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre, premier livre de l'auteur. Cependant il est quand même chouette et plutôt bien écrit.



On s'attache vite à l'héroïne, Josie, dont la vie n'est pas rose et pour cause avec une mère prostituée, égoïste et profiteuse il est difficile de trouver sa place, surtout dans le quartier le plus mal famé de la Nouvelle-Orléans des années 50. Mais heureusement Josie est bien plus intelligente que sa mère et a un caractère bien trempé, elle est aussi entourée de vrais amis sur qui elle peut compter.
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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

En marge de la Seconde guerre mondiale, les déportations des peuples baltes par les Russes au début des années 40 est un sujet moins "médiatique" que le génocide opéré par les nazis. On ne parle évidemment pas ici d'extermination planifiée massivement mais le nombre de morts au final, sous le règne de Staline, est éloquent.



La Lituanie, ce petit pays balte, coincé entre le géant soviétique à l'est et l'Allemagne expansionniste d'Hitler, tout comme l'Estonie et la Lettonie, a été envahie par la Russie en 1939, en vertu des accords secrets du pacte de non-agression germano-soviétique qui prévoyait le partage des États tampons situés entre ces deux puissances.

Il ne faisait alors pas bon clamer haut et fort, et même plus discrètement, son opposition à cette présence.

Les Russes dressent des listes de personnes considérées comme étant des éléments antisoviétiques socialement dangereux et nuisibles. "Les médecins et les avocats, les professeurs et les écrivains, les musiciens, les artistes et même les bibliothécaires, les soldats de carrière et les hommes d'affaires étaient tous considérés d'office comme antisoviétiques et furent ajoutés à la liste toujours plus longue des victimes d'un projet d'extermination massive" (extrait des notes de l'auteur p. 417). Les intellectuels, au sens large, ainsi que des hauts fonctionnaires et des militaires ont été emprisonnés, exécutés, puis déportés en Sibérie à partir de 1941.

Ceux qui n'ont pas vu la menace venir et qui n'ont pas pu fuir à l'étranger sont alors raflés par le NKVD en juin de cette année, quelques jours avant que l'Allemagne, en violation du pacte signé en 1939, envahisse à son tour la Lituanie...



Ainsi, Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre s'ouvre sur cette rafle. Lina, 15 ans, que tout promettait à de brillantes études de dessin, son petit frère Jonas et leur mère Elena doivent quitter leur maison en catastrophe. Juste le temps de prendre une valise avec deux, trois habits. Le père, doyen de l'université n'est pas rentré à la maison.

Ils sont conduits à la gare, où ils retrouvent une foule d'autres Lituaniens. Femmes, enfants, vieillards d'un côté, hommes de l'autres. Ils sont contraints de monter dans des wagons à bestiaux. Sur celui de Lina est placardé "Voleurs et prostituées". Des wagons très semblables à ceux qui, à la même époque, ont emmené les Juifs dans les camps de concentration. Une destination différente, certes, mais une fin promise, à plus ou moins long terme, aux plus faibles.

Après plusieurs semaines de voyage, vers l'Est, dans des conditions de promiscuité inhumaines, les plus solides d'entre eux arrivent en Sibérie occidentale, dans les monts de l'Altaï. Ils rejoignent alors un kolkhoze et sont répartis dans des habitations déjà occupées par des paysans qui cultivent la betterave. Des mois et des mois d'esclavage commencent pour Lina, sa famille et leurs compagnons d'infortune, où la croûte de pain quotidienne doit se gagner en travaillant dur à couper du bois à longueur de journée, ou à creuser des trous. Seuls ceux qui acceptent de signer un contrat dans lesquels ils reconnaissent être des criminels et la peine de 25 années de travaux forcés qui en découle, voient leurs conditions de vie légèrement améliorées...



Des mois et des mois coupés du monde, sans nouvelles du pays et des hommes, si ce n'est celles que l'on arrive à monnayer avec les agents du NKVD.

Au printemps 1942, Lina et les autres sont de nouveau déplacés. Toujours plus à l'Est. Et même plus au Nord, au-delà du cercle polaire arctique. Certains nourrissent l'espoir fou de rejoindre le détroit de Boering, destination les USA. La réalité est encore plus terrible que celle qu'ils ont eu à supporter jusqu'à présent et nombreux sont ceux qui regrettent déjà le camp de l'Altaï. C'est un nouveau bagne qui les attend, sorti ex-nihilo, dans la neige et ses tempêtes, la glace, le froid et la nuit polaire. Aucune habitation, aucune cabane. S'ils veulent survivre, les déportés doivent construire d'urgence leurs abris à l'aide de morceaux de bois trouvés, ou volés, à droite et à gauche, consolidés de boue.



Et toujours, travailler dur en extérieur pour pouvoir toucher leur maigre ration alimentaire. Survivre, au jour le jour, et, le plus difficile, passer le premier hiver...



Ce livre, qui est un roman, est donc peuplé de personnages fictifs (sauf un, à la fin) mais toutes les situations décrites sont inspirées d'événements bel et bien réels.



L'auteur, Ruta Sepetys est américaine. Son père était le fils d'un officier lituanien qui a réussi à s'échapper du pays via l'Allemagne. Elle a effectué deux voyage en Lituanie pour pouvoir écrire ce livre et rencontré et interrogé des membres de sa familles, des survivants aux déportations, des psychologues, historiens et fonctionnaires du gouvernement.

Les notes qu'elle a ajoutées à la fin de son roman sont très intéressantes et permettent de faire le point sur ce qui s'est passé après la période couverte par l'histoire qu'elle a écrite.



"Ceux qui ont survécu ont passé entre dix et quinze ans en Sibérie. A leur retour au pays, vers le milieu des années 1950, les Lituaniens ont découvert que les Soviétiques avaient occupé leurs maisons, profitaient de tous leurs biens et avaient même adopté leurs noms." (extrait des notes de l'auteur p. 418)

En 1944, suite à la défaite de l'Allemagne nazie, les Soviétiques se sont réinstallés en Lituanie.

"Ils avaient tout perdu. En outre, ils étaient traités comme des criminels, obligés de vivre dans des zones sévèrement délimitées et sous la surveillance permanente du KGB (la police secrète jadis connue sous le nom de NKVD). Ils ne pouvaient se permettre d'évoquer leur terrible expérience, ce qui leur aurait valu l'emprisonnement immédiat ou une nouvelle déportation en Sibérie, et ils l'enfermaient dans le silence de leur cœur. Ce n'était plus qu'un hideux secret partagé par des millions de gens." (extrait des notes de l'auteur p. 418)

Les trois pays baltes ne retrouveront leur indépendance qu'en 1990. Et avec elle, la paix et la dignité. "Ils ont préféré l'espoir à la haine et montré au monde qu'une lumière veille toujours au fond de la nuit la plus noire." (extrait des notes de l'auteur p. 420)



À travers les personnages de Lina et Jonas, la sœur et le frère, Ruta Sepetys signe un vibrant témoignage contre l'oubli et, avant toute chose, un témoignage pour faire connaître cette partie de l'Histoire de petits pays oubliés. Et je trouve que c'est parfaitement réussi. Elle m'a réellement donné envie d'en lire plus sur ce qui s'est passé dans ce petit coin du monde.



"On estime que Joseph Staline a assassiné plus de vingt millions de personnes durant son règne de terreur. Les trois États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) ont perdu plus du tiers de leur population pendant le génocide soviétique. Les déportations touchèrent jusqu'aux Finlandais. Beaucoup de Russes continuent de nier farouchement l'existence de ces déportations."



Un très beau livre, publié dans la collection Scripto de Gallimard-Jeunesse.

Originalement édité aux États-unis en 2011 sous le titre de Between shades of gray (à ne pas confondre...), il a déjà été multi-récompensé et traduit dans le monde entier.

Un livre qui marque, à mettre entre toutes les mains, dès 15 ans.


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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Il est très rare qu’un livre me fasse un si grand effet. Je dois pourtant l’avouer, une fois la dernière page de ce livre tournée, je suis restée complètement sonnée. Je n’ai pas pu m’empêcher de le dévorer en une seule journée, passant par toute une palette d’émotions. J’ai lâché quelques larmes (autant de compassion que de joie), j’ai souri et ri, je me suis inquiétée et j’ai angoissé. J’ai soupiré – de contentement, de soulagement, d’agacement – mais j’ai aussi été choquée. Les mots ne suffisent pas pour expliquer cette expérience, il faut vraiment le vivre pour comprendre. En une journée je suis passée par tout un tas de sentiments, parfois bien contradictoires.

C’est une chose que j’admire beaucoup dans cet ouvrage. L’auteure a une plume vraiment agréable mais surtout très émouvante. Elle arrive à créer des situations stupéfiantes de réalisme. Il n’y a donc rien à redire vis-à-vis du style car les émotions arrivent parfaitement à passer à travers les mots.



La suite sur le blog :)
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Hôtel Castellana

Je viens de fermer la dernière page. Quel génie cette Ruta Sepetys de clore ce roman de cette façon.

J'ai été surprise comme bien des fois durant cette lecture mais là : il n'y avait finalement plus rien à ajouter, tout aurait été mièvrerie. Bravo!

Autre surprise, les chapitres : au nombre de 149, ils s'égrènent sur deux pages et parfois un peu plus ce qui rend une lecture fluide et on peut se dire :" encore un chapitre et je ferme".

C'est un livre qui m'a été offert dans une boîte cadeau KUBE( que je recommande). Ces tois livres étaient formidables et celui-ci conseillé par un libraire m'a étonné et j'en ai reculé la lecture le plus possible. Cause : l'Espagne et Franco. Mes lectures sont plus souvent orientées nord pour mes origines mais quel bonheur d'avoir attendu car j'ai pu en profiter pleinement pendant mes vacances puisque lu en moins d'une semaine.

Cette autrice a consacré plusieurs années à achever ce roman tant les recherches sur ces tristes années de dictature méritaient d'approfondissement.

J'ai appris des éléments de l'histoire espagnole qui m'étaient inconnus et le tout bercé dans une histoire familiale complexe mais ô combien captivante pour le lecteur.

La vérité toujours la vérité.
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Hôtel Castellana

Il aura fallu huit années de recherches à Ruta Sepetys pour écrire ce roman. Et pourtant, à aucun moment on ne sent le poids des informations sur cette Espagne de Franco tant est subtil le lien entre Histoire et fiction.

La narration alterne les points de vue des différents personnages, côté américain et côté espagnol, dans des chapitres très courts qui font défiler les pages de ce gros livre sans que l'on s'en rende compte. "Madrid vibre d'une énergie exotique" parfaitement rendue et en même temps on sent la tension sous-jacente à la ville. Daniel le Texan découvre peu à peu ce qui fait le quotidien des Espagnols: la répression, la censure, la Guardia Civil (la force militaire aux ordres de Franco) qui patrouille en permanence... Le catholicisme est la seule religion autorisée ("les protestants ou les juifs ne peuvent plus célébrer leurs offices") et l'éducation des femmes est fixée par la "Seccion femenina" ("le destin ultime d'une femme est le mariage"...). Les spécificités locales sont bannies ("Les Catalans ou les Basques n'ont pas le droit de parler leur langue") et mieux vaut ne pas se faire soupçonner d'appartenir au mouvement républicain... De toute façon, ce qui prévaut dans le pays, c'est le silence: rien ne doit transparaître de la vie en Espagne aux étrangers américains.



Ceux-ci sont concentrés dans l'hôtel Castellana Hilton, le premier autorisé par Franco: "L'Espagne a besoin d'argent et d'investissements étrangers". Le père de Daniel est un magnat du pétrole venu signer un important contrat. Ces relations commerciales américano-espagnoles seront longtemps discutées: n'étaient-elles pas une façon de soutenir la dictature, voire de la prolonger? Les diplomates américains avaient-ils conscience de ce qui se passaient intra muros à l'époque? Pas l'opinion publique en tout cas. Passionné de photographie, Daniel va s'évertuer, malgré les nombreux obstacles, à dévoiler la réalité du pays à travers ses photos puisque "la liberté de la presse n'existe pas ici". Très différent de son père, le jeune homme délaisse les conventions liées à son statut (avec son jean, ses bottes et sa boucle de ceinture, il a l'air d'un authentique cow-boy), tente de s'immiscer au cœur du peuple, de libérer la parole, d'étioler les secrets.



Il fait la connaissance de la belle Ana et de sa famille, à travers lesquels on effleure mille et une facettes de ce Madrid des années 1950. Rafa et les abattoirs, Fuga et les corridas, Puri et l'orphelinat ("On murmure que des bébés disparaissaient..."), Julia qui s'efforce de faire vivre sa famille depuis que ses parents républicains ont été tués... La dure réalité est dévoilée par bribes tandis que de leur côté, les jeunes Espagnols prennent conscience "des restrictions qu'ils subissent et qu'il pourrait en être autrement". "Enchaînés à la pauvreté et au silence", Ana et les siens ne peuvent accéder au bonheur que Daniel voudrait tant leur apporter.



La dernière partie est particulièrement romantique. Près de vingt ans ont passé, Franco est mort et "les choses ont changé". De retour à Madrid, Daniel revient sur les mêmes lieux gorgés de souvenirs et qui réveillent en lui des émotions enfouies. Que sont devenus ses amis d'autrefois? Est-il encore possible d'espérer la vie dont il rêvait maintenant que le pays "se transforme peu à peu en démocratie"? C'est la dévouée Puri qui aura le dernier mot: oui, il est temps pour tous de "briser la chaîne du silence", de laisser éclater "la vérité qui nous libère tous".
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Big Easy

Très bonne lecture jeunesse. Les personnages sont attachants et j'ai adoré ma visite à la Nouvelle-Orléans
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Le sel de nos larmes

Je viens d’entendre un reportage où il était dit qu’un Français sur dix ne savait pas ce qu’est la Shoah. Pourtant un des faits les plus atroces de la Seconde Guerre Mondiale. Cette période m’intéresse énormément et je suis très sensible au devoir de mémoire mais on aborde moins les pertes civiles surtout Allemande. Je n’avais donc jamais entendu parlé du drame de Wilhelm Gustloff pourtant la catastrophe maritime la plus meurtrière de tous les temps. Le Wilhelm Gustloff est un bateau de croisière qui a été transformé pour accueillir les soldats et les civils afin de permettre un exil vers des zones plus sûres dans le cadre de l’opération Hannibal. Cette opération a permis d’évacuer deux millions de personnes. Ce bateau pouvait accueillir 1500 passagers mais le 30 janvier 1945 c’est plus de dix mille personnes qui vont embarquer mais peu de temps après trois torpilles Russes vont toucher le navire qui coulera en 45 minutes, plus de 9000 personnes vont périr dans ce naufrage.



Ce roman historique basé sur un drame réel m’a réellement transporté, indigné. Dans cet exode, nous rencontrons des jeunes gens, des enfants accompagnés aussi par un vieil homme, le poète de la chaussure, ayant tous vécus le drame de la guerre, perte de proche, viol… Mais l’espoir de fuir est plus fort et malgré l’hiver, leurs différences, la peur, ils vont parcourir des kilomètres pour ce rêve de liberté. Dans l’adversité, ils vont se soutenir avec le même but. De belles choses peuvent arriver dans les drames, la vie et l’amour restent plus forts mais tellement de pertes.



Cette histoire est tellement émouvante. Le travail de l’autrice est extraordinaire. Cette période sombre de notre Histoire mérite de ne pas être oubliée pour éviter que des drames comme celui-ci ne se reproduisent. La plume de l’autrice est intense, sensible, fluide, elle est à la hauteur de cette histoire. En nous attachant à Joanna, Florian, Emilia, on ne peut que ressentir plus intensément ce drame. J’ai dévoré ce roman la boule au ventre, j’ai senti le sel de mes larmes qui coulaient lors ma lecture.



Un livre vibrant à lire pour ne pas oublier tous ces morts, toutes ces souffrances qui ont marqué notre humanité. Quand l’Histoire se romance nous ne pouvons y être insensible avec cette envie de savoir sans pouvoir comprendre. Une lecture nécessaire que je vous conseille.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Je referme Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre et encore une fois, comme avec Le sel de nos larmes, je suis touchée par ce roman poignant mais aussi très dur.

Dans ce premier roman, Ruta Sepetys prend pour sujet la déportation d'innombrables habitants de Lettonie, d'Estonie ou de Lituanie, comme le sont nos personnages, jugés "antisoviétiques", dans des camps de travail où les conditions de (sur)vie sont plus que terribles.

Nous découvrons donc Lina, 15 ans, son petit frère Jonas et leur mère Elena, un jour de juin 1941, arrachés en hâte à leur foyer pour débuter un voyage dont ils ne savent pas où il va les mener. Les personnages sont très bien peints par l'auteur, et malgré les épreuves difficiles qu'ils traversent, il y a toujours ce désir d'entraide, cette volonté de garder espoir, de s'accrocher à la vie.

C'est un pan de l'histoire qui n'est pas des plus connus, et que j'ai apprécié découvrir sous la plume de Ruta Sepetys. Un roman que je garderai en mémoire.
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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Ayant beaucoup aimé Le sel de nos larmes, j’ai voulu lire ce livre que l’on m’a offert pour mon anniversaire. Il rentre aussi dans le corpus nécessaire pour mon dossier sur la seconde guerre mondiale.



Comme dans Le sel de nos larmes, l’autrice nous fait découvrir un évènement méconnu. Alors que l’on pense plus aux camps de concentration nazis, l’autrice nous plonge dans l’univers des camps de concentration soviétiques.



Elle nous fait comprendre que les nazis ne sont pas les seuls à avoir déportés des milliers de personnes à cause de leur opinion politique ou de leur profession pour les enfermer dans des camps et les faire mourir d’épuisement et de froid.



C’est un roman dur, ce qui est décrit est souvent écœurant. L’autrice nous montre jusqu’où peuvent aller l’inhumanité.



Mais d’un autre côté, elle nous montre aussi comment les déportés réussissent à résister malgré leurs conditions de vie. On voit que grâce au dessin, à son petit frère et à sa mère, Lina garde l’espoir qu’ils soient libérer parce qu’ils n’ont rien fait.



C’est une jeune femme assez forte pour affronter tout ce qu’elle va affronter, elle ne se résignera jamais. Elle veut aussi protéger plus que tout son petit frère Jonas.



Je trouve par contre que certes Andrius est présent dans le roman par moment et que les sentiments naissant aide Lina à tenir mais je regrette qu’il n’ait pas été plus présent. Il est annoncé comme un personnage central alors qu’il est personnage fantôme bien souvent malheureusement.



En bref, c’est un roman poignant sur les camps soviétiques, une partie de l’histoire masquée par l’horreur des camps nazis. C’est un roman touchant, la relation entre les personnages est belle. L’espoir qui règne dans ce roman est tellement présent. Un roman à lire par tous les ados.
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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Lina, jeune adolescente lituanienne est déportée avec sa mère et son petit frère en 1941 et raconte ses voyages et conditions de vie très difficiles.



Ce roman est une compilation de différents témoignages recueillis par l'auteur, petite fille de déporté. Elle raconte tout un pan de notre histoire que l'on ne connaît pas : comment les 3 Etats des Balkans ont été privés de leur histoire et comment 1/3 de leurs habitants ont été décimés par Staline.

Une agréable façon de s'inscrire sur un épisode de notre histoire aussi dur que les crimes d'Hitler.
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Le sel de nos larmes

Voici un excellent roman (publié en jeunesse mais à destination aussi des adultes) qui deviendra à coup sur un best seller.

Il s'agit du plus naufrage maritime de l'histoire, celui d'un navire allemand accueillant des réfugiés allemands (ou sélectionnés par le Reich) fuyant l'armée rouge, et torpillé par les russes. Cette débâcle et ce naufrage dont vus par quatre protagonistes différents.

Non seulement l'histoire est intéressante mais elle est aussi bien construite et bien écrite: des chapitres très courts, passant d'un protagoniste à un autre, qui permettent de maintenir le rythme de la fuite, un style épuré et simple, pas de lourdes descriptions historiques ou de jugements de valeur (viols, vols, lâcheté sont présentes de façon brute mais délicate, au lecteur d'en faire ce qu'il veut).

Un roman d'une rare qualité, qui mérite d'être lu et connu.
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Big Easy

Dans les années 1950, à la Nouvelle-Orléans, Josie gagne sa vie comme femme de ménage dans une maison close, et en travaillant dans une librairie. Josie est aussi une brillante élève. Mais depuis sa naissance elle souffre de l’égoïsme, de la cupidité, et de la stupidité de sa mère, Louise. Josie a aussi honte de la profession de sa mère, prostituée. Heureusement Josie peut compter sur la protection de Willie, tenancière de la maison close, ainsi que sur l’amitié de quelques uns. Josie rêve de quitter cet univers sordide pour aller étudier à l’Université, loin de la Louisiane, dans un endroit où la réputation de sa mère ne l’aura pas précédée.

Quelques rencontres semblent permettre à Josie de réaliser ce rêve. Mais la mère de Josie et la malchance ne risquent-ils pas de tout gâcher ?



La principale qualité de ce roman réside dans sa manière de nous plonger rapidement et agréablement dans l’ambiance de la Nouvelle-Orléans peu après la seconde guerre mondiale. Le lecteur y découvre différents milieux, celui de la riche bourgeoisie d’affaires et celui de la maison close, lieu où presque tous se retrouvent… Le personnage de Josie se retrouve à la croisée de ces deux mondes, dont aucun ne se résume en une image univoque.

Une lecture très agréable. Je garderai le souvenir de quelques personnages hauts en couleurs, dont certains très attachants.

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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Un soir de juin 1941, Lina, jeune Lituanienne très douée pour le dessin, est arrêtée en compagnie de ses parents et son petit frère par les gardes soviétiques pour des raisons qu'elle ignore. Très vite séparés du père de la famille, Lina et ses proches comprennent qu'ils sont déportés en Russie et ils entament, en compagnie de centaines d'autres personnes, un voyage épouvantable vers un camp de travail en Sibérie...



Un roman glaçant et implacable sur la déportation par les Russes de dizaines de milliers d'habitants des pays baltes, opposants politiques au communisme. Le récit que fait Lina des évènements fait évidemment beaucoup penser à la déportation des Juifs par le régime nazi (à plus petite échelle) et c'est vraiment tout à l'honneur de son auteure, Lituanienne d'origine, de raconter cet épisode peu connu de l'Histoire. Le calvaire des déportés est décrit de manière très réaliste à travers le regard de cette adolescente qui mettra longtemps à comprendre le pourquoi de cet exil et qui déploie, à sa manière, tout ce qui est en son pouvoir pour survivre dans un milieu hostile et aider sa communauté à garder espoir. Un roman salutaire et très instructif.
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Le sel de nos larmes

Vous est-il déjà arrivé de terminer un livre en apnée ?

Je ne pensais pas qu'un autre roman de Ruta Sepetys pourrait autant me marquer que "Si je dois te trahir". Je me trompais. En refermant "le Sel de nos larmes", j'étais tellement bouleversée que j'en avais du mal à respirer.



Lors d'une rencontre avec l'autrice, j'avais été particulièrement frappée par une phrase qu'elle a dite : les témoins, les survivants sont ses co-auteurs. Dans la postface du roman, il y a un appel vibrant à ne pas laisser leurs voix et leur mémoire disparaître avec le temps.



Ici elle donne une voix à quatre personnages : Joanna, l'infirmière lituanienne, déchirée entre sa propre survie et l'envie viscérale de venir en aide ;

Emilie, la petite Polonaise, dont les 15 ans sont déjà entourées de drames et de malheurs qu'on ne peut même pas imaginer ;

Florian, le jeune prussien, qui s'enferme loin des autres pour ne pas trahir son lourd secret ;

Et Alfred, le marin allemand, qui a fait sienne les théories d'Hitler et dont chacun des propos m'a révoltée

Et tout autour plein d'autres êtres, pris dans la tourmente de l'évacuation, jetés sur les routes de l'exode, dévorés par le conflit.



La construction du récit est remarquable, alternant les points de vue, renforçant la tension et un sentiment diffus d'oppression, nous plongeant dans le drame humain de la Seconde guerre mondiale.

Une fois de plus pour "le Sel de nos larmes" Ruta Septys s'appuie sur un minutieux travail de recherche à travers les récits de ceux qui l'ont vécu et les archives. Et c'est ce qui rend ses textes si justes dans le ton, si marquants dans les faits, et si bouleversants à lire.



Une écriture intense et magnifique d'émotions !
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Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Une lecture poignante, belle, pleine d'espoir malgré les douleurs.

L'histoire est prenante dès le début, on s'attache très facilement aux personnages et à la famille de Lina.

L'auteure permet vraiment de nous plonger dans une angoisse du début jusqu'à la fin, mais elle ajoute des moments doux pour atténuer la souffrance vécue par les protagonistes.

J'ai été très émue, c'est ici un récit que je n'oublierai pas.

On nous offre à travers cette lecture un regard nouveau sur l'importance de l'amour et de l'entraide.

Un grand merci à l'autrice pour ce bel ouvrage, je pense avoir trouvé également un nouveau personnage favori; celui de la maman de Lina, Elena.

Une femme douce et forte à la fois, fidèle à elle même, élégante et humble et ce, jusqu'à la fin.
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