Citations de Sam Millar (228)
Quand j'étais enfant et que j'allais au zoo, je surveillais le vieux lion qui faisait les cent pas. Je croyais qu'il me suivait en attendant de bondir et tomber sur moi avec ses grandes griffes. Malheureusement, la vraie raison était moins imaginative : la dépression.
« Marche marche marche », répétait le lion, essayant désespérément de consumer sa dépression, avec pour seul résultat celui de la voir revenir encore plus vengeresse une fois qu'il s'arrêtait de marcher. De temps en temps, il sautait sur le mur, rebondissait dessus avec le bruit mort d'une balle crevée. Déconcerté. Triste. Pathétique.
Bien sûr, je suis tombé sur Lowry, et je n'oublierai jamais le regard qu'il me lança, assis sur son bidet tendu de rouge avec ce ridicule haillon blanc pendouillant sur sa tête de bousier.
« Il n'y a aucun doute dans mon esprit que vous êtes un terroriste fervent », marmonna Lowry dans son exposé.
J'ai jeté un coup d'oeil sur le visage de mon père bouffé par le stress en m'interrogeant sur sa réaction quand il apprendrait qu'il allait devoir payer trente livres.
« J'ai, de par la loi, le pouvoir de vous condamner à huit ans. Mais je suis en même temps tenu, bien que réticent, de tenir compte de votre âge », sussura Lowry.
Je venais d'avoir dix-sept ans.
« Je vous condamne à trois ans de prison... »
Pendant un terrible moment, j'ai cru que Vieille Tête de Chiffon m'avait condamné à trois livres. Mon père prenait l'amende beaucoup plus mal que je ne le pensais. Il hurlait et montrait le poing à Tête de Chiffon pendant que mon avocat le consolait en lui donnant des tapes dans le dos.
« J'arrive pas à croire qu'il ne t'ait pas simplement collé une amende... Je suis terriblement désolé... »
Quelques années après, l'IRA a essayé de descendre Vieille Tête de Chiffon, mais malheureusement le diable veillait sur lui, et il survécut.
L'abattoir était une sorte de tapis roulant gothique de transformation où des créatures vivantes et terrorisées entraient d'un côté, pour émerger nues, humiliées et démembrées de l'autre. Galvanisés par l'odeur du sang, quelques-unes, dans un essai dérisoire d'échapper à l'inévitable, sautaient par-dessus la barrière, se cassaient les pattes et gisaient, monceaux mutilés, avant d'être rapidement attaquées par des bouchers en colère qui laissaient derrière eux une autoroute sanglante jonchée de veines et de nerfs.
Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'était Derry, mais ça sonnait de façon magique. L'odeur des fish and chips flottait dans l'air et me faisait penser à Bangor le dimanche après-midi.Nous étions le 30 janvier 1972, et personne n'imaginait le terrible cauchemar qui nous attendait.C'est devenu le moment phare de ma vie, un baptême du feu dans le monde réel d'un nationaliste en Irlande du Nord.
L'odeur des fish and chips fut rapidement balayée par la pestilence des gaz et de la poudre quand les parachutistes anglais commencèrent à tirer sur les manifestants et les marcheurs sans armes.
Les Noirs marchaient pour leurs droits civiques en Amérique, et les catholiques du Nord eurent l'audace d'essayer de picorer aussi de ce gâteau.
Tout au fond de lui, mon père voulait être un auteur de romans policiers, une passion qu'il gardait très secrète. Je ne l'ai su qu'après avoir découvert par hasard une boite en bois bien cachée sous son bureau. Elle était pleine de lettres de refus et de manuscrits retournés. Quelques unes de ces lettres étaient des critiques plutôt raides et ça me fichait en rogne de lire ces notes qui lui conseillaient sans le moindre ménagement de ne jamais penser à abandonner son boulot – à aucun prix.
Le silence de la campagne était comme un baume pour son âme, une rupture bienvenue dans la mêlée constante de Belfast.
Je m'étais armé de la sainte-trinité du châtiment : flingue, détermination et justification.
On ne peut jouer qu’avec les cartes que la vie nous distribue.
- Quelquefois, il faut mourir pour rester en vie.
- Mais ... Je ne veux pas mourir.
- Vous êtes une énigme, Kane. Je n'ai pas encore trouvé de catégorie où vous ranger.
Quoi de neuf dans le canard ?
— Pas grand chose, mais il y a quand même une statistique intéressante. On a acheté cette année à Belfast huit mille battes de base-ball. Le plus marrant, c'est qu'on a acheté que vingt-quatre balles, sourit McCauseland. Il est temps qu'on demande aux gens une sorte de licence, rien que pour prouver qu'ils respectent la loi.
— Et les genoux, compléta Harry. (page 35)
L’honnêteté est toujours la meilleure politique, je crois. Elle fait des merveilles pour l’âme, à défaut du compte en banque.
Je n'ai aucun problème avec les coïncidences du moment qu'elles n'arrivent qu'une fois et qu'elles sont entièrement accidentelles.
- Tu te crois malin, Kane? Mais on peut être malin avec la bouche, sans l’être avec la cervelle.
Une femme large et replète, équipée d'une figure à faire reculer un grizzli enragé lui fit signe d'entrer.
- Putain ! Tu le gardes chargé ? fit Karl, stupéfait.
- Tu garderais une voiture sans essence dans le réservoir ?
L'obscurité, accentuée par la puanteur et l'effroi, avait l'air vivante.
Son corps n'était qu'un bloc de muscles, presque entièrement dédié à l'extraction de déclarations aux suspects réticents.
Ecouter les rumeurs peut être vraiment préjudiciable à ta santé.