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Citations de Scholastique Mukasonga (395)


... mais c’était bien plus beau encore et cela n’éblouissait pas, non, non,
ces lumières ne brûlaient pas, elles étaient fraîches, apaisantes, et j’allais vers ces lumières, rien ne pouvait m’empêcher d’aller vers elles, j’étais si légère, une onde de bonheur me portait vers la lumière, le tourbillon était interminable mais, au bout, la lumière m’attendait, j’étais sûre
qu’elle n’attendait que moi, qu’elle n’était là que pour moi,
j’étais si heureuse, et les couleurs ! ah, tant de couleurs, il
faudrait les couleurs de toutes les fleurs de la terre et des
mots que je ne connais pas pour les décrire. Je me voyais
m’en aller au milieu de la spirale éclatante et quelque chose
se détachait de moi, comme une ombre immense qui se
libérait de mon corps, un double de plus en plus lumineux
qui avait la force d’avancer vers cette autre lumière de
s’élancer vers…
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Et parfois, une petite fille, oubliée au pied de la conteuse et qui avait refusé de s'endormir comme les autres, engrangeait dans sa mémoire, sans bien les comprendre, les mots enchantés du conte.
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La lente cuisson des aliments sur les braises du charbon de bois donnait le temps aux chants et aux danses. Sans perdre des yeux leurs marmites, les femmes s’installaient le plus confortablement qu’elles le pouvaient sur les cartons qui remplaçaient les nattes traditionnelles. C’était le moment attendu qui transportait les exilés au pays perdu : au fond de l’impasse, les cases miséreuses semblaient s’effacer pour laisser place, comme pour un décor de théâtre, aux collines chéries du Rwanda. Tel était le pouvoir du chant et de la danse qui, seuls, pouvaient ménager dans les tourments de l’exil une trêve d’insouciance.
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Les gorilles ont refusé d'être des hommes, ils étaient presque des hommes, mais ils ont préféré rester des singes dans leur forêt. Quand ils ont vu que d'autres singes comme eux étaient devenus des humains, mais qu'ils étaient aussi devenus méchants, cruels, qu'ils passaient leur temps à s'entre-tuer, ils ont refusé de se faire hommes. C'est peut-être ça le péché originel: quand les singes sont devenus des hommes !
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Le Rwanda, c'est le pays de la Mort.
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La mère supérieure adressa une sévère réprimande aux lycéennes et les priva de sortie pour deux dimanches, sauf celles qui avaient affiché le portrait du pape. Elle ordonna aux filles d’arracher elles-mêmes ces images indécentes et de les remettre au père Herménégilde. Cependant, pour faire preuve d’un certain libéralisme, elle exempta de la proscription Adamo et Nana Mouskouri. On remarqua que l'aumônier déchirait ostensiblement les photos des chanteurs mais épargnait celles de Brigitte Bardot et s’efforcait d’en glisser subrepticement quelques-unes dans les poches de sa soutane.
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« Il faut bien que je te le dise maintenant : tu ne peux pas savoir combien Mélodie et toi vous chantiez faux ! Mais les mères nous recommandaient : “Ne dites rien, surtout ne riez pas. Il ne faut pas qu’elles se vexent. Peu importe leurs voix de corbeau. Elles, elles vont à l’école, dans une grande école paraît-il, mais on n’y apprend pas à chanter. Les filles instruites n’ont pas à chanter ; elles le font juste pour nous être agréables. Peut-être vous aussi, vous aurez la chance d’y aller. Ces filles, c’est notre espoir. L’école, c’est notre espoir et nous ferons tout pour que vous puissiez y aller vous aussi.” C’est ce qui est arrivé. Nos mères ont tenu leurs promesses. »
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Leoncia attendait avec impatience la venue de Virginia pour les vacances de Pâques. Virginia avait toujours été l'enfant préférée de sa mère, ne s'appelait-elle pas Mutamuriza : "Ne la faites pas pleureur". Et maintenant qu'elle était au lycée, étudiante ! comme elle le répétait sans cesses, c'était son seul orgueil. Elle se voyait déjà accompagnant sa fille qui, dès son arrivée, dans son uniforme de lycéenne, irait d'enclos en enclos, saluer tous les habitants de la colline. Ce serait son jour de gloire.
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Ce n’est pas moi qui ai décidé d’être rwandais ou ougandais, ça s’est passé il y a longtemps, je ne sais où en Europe, des blancs à gros ventre et à moustache avec leur gros cigares, à la fin d’un grand repas, des diplomates ont dit au maitre d’hôtel qui était un Noir :’’Firmin, apporte le dessert, il y a un bon gâteau qui s’appelle Afrique, on s’est mis à table pour se le partager, chacun en aura sa part, une grosse pour les Anglais, une autre pour les Français, et les Allemands et les Portugais auront la leur, on ne les oublie pas, et laissez-en pour Léopold qui en veut aussi’’. Alors ils ont envoyé en Afrique des commissaires, des officiers, des topographes, des géomètres, des arpenteurs avec leurs askaris et les tirailleurs et les King’s African Rifles, et beaucoup de Noir pour porter sur la tête le matériel des et les poteaux frontières. ET ils ont planté les poteaux où ils ont voulu : à gauche, c’est pour les Allemands, à droite c’est pour les Anglais, et mon grand-père a dit : ‘’Mes vaches, en face sur la colline, c’est chez les Allemands, ici, dans mon enclos, je suis chez les Anglais’’
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Mais ces Blancs, est-ce qu'ils savent parler à la pluie ? La pluie ne les écoute pas, elle n'a pas été à l'école. La pluie fait ce qu'elle veut. Il faut savoir lui parler. Page 43
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Les Blancs, ils prétendaient savoir mieux que nous qui nous étions, d'où nous venions. Ils nous avaient palpés, pesés, mesurés. Leurs conclusions étaient sans appel : nos crânes étaient caucasiques, nos profils sémitiques, nos statures nilotiques. Ils connaissaient même notre ancêtre, c'était dans la Bible, il s'appelait Cham. Nous étions des presque Blancs, malgré quelques vilains métissages, un peu juifs, un peu aryens. Les savants, et on devait leur en être reconnaissants, avaient même taillé pour nous une race sur mesure : nous étions des Hamites !
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"Les littératures dérivent de noirs continents."
Manfred Müller
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« C’est une nouvelle invasion ! Je crois qu’il faudra régler cela nous-mêmes et, cette fois, en finir avec ces parasites. » (p 36)
« Evidemment, je veux avoir des enfants comme les autres. Mais je veux des enfants qui ne soient ni hutu ni tutsi. Ni à moitié hutu ni à moitié tutsi. Je veux qu’ils soient mes enfants, c’est tout. Parfois je me dis qu’il vaudrait mieux que je n’aie pas d’enfants. » (p 111)
« Leoncia se sentait rassurée : Virginia était étudiante et quand on est étudiants, pensait-elle, c’est comme si on n’était plus ni hutu ni tutsi, comme si on accédait à une autre ‘ethnie’ » (p 154)
« Mon père dit qu’il faut répéter sans cesse qu’il y a toujours des Inyenzi [résistants tutsi exilés dans les pays limitrophes du Rwanda], qu’ils sont toujours prêts à revenir, qu’il y en a qui s’infiltrent, que les Tutsi qui sont restés les attendent avec impatience. Mon père dit qu’on ne doit jamais oublier de faire peur au peuple. » (p 229)
« – Tu sais bien que tout ça repose sur tes mensonges. – Ce ne sont pas des mensonges, c’est de la politique. » (p 239)
« Virginia ne pouvait plus, ne voulait plus dormir. Elle guettait les bruits, elle attendait avec angoisse le grincement du portail, le ronflement des moteurs, le crissement des pneus qui annonceraient l’irruption des tueurs. Il y aurait ensuite la violence des cris, des vociférations, le martellement des chaussures cloutées dans l’escalier, l’affolement de la fuite… » (p 256)
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Non, non, dit le père Herménégilde. Pour savoir si la robe est exactement à ta taille, il faut que tu enlèves ton uniforme;
-Mais, mon père, mon père...
-As-tu oublié que je suis un prêtre ? Dépêche-toi d'enlever cet uniforme.
Véronica fit tomber la robe bleue de son uniforme à ses orteils et se retrouva seulement vêtue de son soutient-gorge et de sa petite culotte en coton sous le regard du prêtre qui retourna s'asseoir dans son fauteuil et contempla longuement Véronica
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Ceux qui croiront au temps calme, la foudre les surprendra. Ils seront frappés, ils périront.
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Il y en a qui sont belles ou qui le croient et d'autres pas.
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Tu sais , Veronica,que,nous autres les Tutsi, nous savons garder les secrets.On nous a appris à nous taire.Il le faut bien si l'on tient à la vie.
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Bien sûr qu'on se reverra. Rendez-vous chez les gorilles.
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« Mon père dit qu’on ne doit jamais oublier de faire peur au peuple. » (p. 186)
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Pour l'Afrique, il n'y avait pas d'histoire puisque les Africains ne savaient ni lire ni écrire avant que les missionnaires ouvrent leurs écoles. D'ailleurs c'étaient les Européens qui avaient découvert l'Afrique et l'avaient fait entrer dans l'histoire. Et s'il y avait eu des rois au Rwanda, il valait mieux les oublier, à présent, on était en République.
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