AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sébastien Le Fol (18)


Longtemps, le roman de Marcel Proust a essuyé toutes sortes d’objections : trop long, trop snob, trop je… Elles se sont effondrées une à une à mesure qu’À la recherche du temps perdu apparaissait, dans le genre romanesque, comme un monument et comme une aube.La fabrique de ce chef-d’œuvre occupa toute la vie de son auteur : des premières nouvelles aux articles les plus tardifs qu’il publia dans Le Figaro, chacun de ses écrits fut une étape dans sa quête d’un sujet, d’une forme et, surtout, d’une patrie intérieure.Cette vérité, cependant, n’a rien d’une évidence. Il y a eu, autour de la personnalité de Marcel Proust, une légende persistante selon laquelle la première partie de sa vie, passée dans le monde, n’aurait rien eu à voir avec la seconde, consacrée à La Recherche. Rien n’est plus inexact ; mais pour qu’on s’en rende compte, il a fallu le choc de plusieurs manuscrits découverts au fur et à mesure de la seconde moitié du XXe siècle : Jean Santeuil, le Contre Sainte-Beuve ou, plus récemment, Les Soixante-Quinze Feuillets. À eux seuls, ils prouvent, comme l’écrivait Bernard de Fallois, éminent proustien qui fut à l’origine de nombre de ces découvertes, que « l’histoire d’un roman est un roman ».

À la recherche du temps perdu de Marcel Proust (1913-1927)
Commenter  J’apprécie          141
Seul le roi a pris la mesure du danger. Il n'a pu en empêcher la représentation. Quelques années suffiront à rendre les spectateurs ou les lecteurs plus lucides que les autres contemporains : Danton déclarera peu de temps après la prise de la Bastille que "Figaro a tué la noblesse", et à sa suite Napoléon résumera l'affaire : "Figaro, c'est déjà la révolution en marche."
Commenter  J’apprécie          130
À son origine, un redoutable problème : celui du mal, scandale pour les croyants et folie pour les savants.
Si, pour les premiers, le mal est scandaleux, c’est que son existence met en péril celle de Dieu ; car comment un Dieu bon, tout-puissant et omniscient a-t-il pu créer un monde empli de tant de maux aussi bien physiques (la souffrance), moraux (le péché) que métaphysiques (l’imperfection humaine) ?
D’où l’énigme : Si deus est unde malum : si Dieu existe, d’où vient le mal ? Et si le mal existe, que fait Dieu ? Dilemme que Voltaire résumera en ces termes dans son Poème sur le tremblement de terre de Lisbonne. [...]
Du côté des savants, le mal est une insulte à la raison, car n’est-ce pas briser la chaîne des causes et des effets que d’imaginer, entre elles, quelque intention maligne ? Croire au mal, c’est un peu raisonner comme un enfant qui dirait : « Elle est méchante, la pluie, qui m’empêche d’aller jouer dehors. » La connaissance exacte se doit d’examiner sans juger ; ni le bien ni le mal n’y ont leur place.
Commenter  J’apprécie          90
C'est ...[une] amie et voisine ... qui révèle la chose, un soir ... Par quel miracle .... s'est il soudain lancé dans une telle entreprise ? Jusqu'à sa mort, l'écrivain avancera imperturbablement la même justification "alimentaire" : "je suis né à une époque où on avait peur du terme ! Ça me fera un appartement et je n'aurais plus l'emmerdement du terme !"

Autrement dit, à l'écouter c'est parce que le docteur Destouches en avait assez de payer un loyer que Louis-Ferdinand Céline aurait révolutionné la littérature du XXe siècle.

L'explication est évidemment fallacieuse, dictée par la pudeur orgueilleuse de celui qui aurait préféré mourir plutôt que d'être considéré comme un banal écrivain.
Commenter  J’apprécie          80
Nul ne peut imaginer ce que fut l'impact de Monte-Cristo, le formidable engouement que ce roman provoqua.

Roman - le mot est d'ailleurs bien faible - : il faudrait, pour prendre aujourd'hui l'exacte dimension de ce phénomène, faire la synthèse des succès que peuvent remporter un film comme "Les Dents de la mer", une bande dessinée à mi-chemin de Tintin et de Corto Maltese, une série télévisée comme Dallas, un essai comme le "Toujours plus" de François de Closet, un spectacle de Robert Hossein, un numéro particulièrement croustillant du canard enchaîné, un libelle dénonçant une erreur judiciaire et la publication d'un rapport confidentiel sur les perversions de la haute société.

Le Comte de Monte-Cristo fut tout cela à la fois.
Commenter  J’apprécie          70
Les relations entre Voltaire et Rousseau étaient jusqu'alors courtoises, même si l'aîné avait réagi au "Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes" (1755) et à son éloge de la nature par cette lettre assez cruelle :

"on n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir rendre Bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre. Et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes, que vous et moi."
Commenter  J’apprécie          70
Les historiens de la littérature, par un effort « sisyphien », cherchent à reconduire les textes à leur sens original, mais, d’une part, ils n’y parviennent jamais – et heureusement, car ils figeraient notre interprétation de la littérature –, d’autre part, on n’arrête pas le progrès, si l’on peut appeler « progrès » la succession des lectures qui renouvellent les grands écrivains, c’est-à-dire les déforment et leur amènent de nouveaux lecteurs, souvent en dépit du sens original. Le contresens n’est-il pas la vie même de la littérature ? Sans lui, elle reste enfermée dans les bibliothèques comme les morts dans les cimetières. À la philologie, qui retourne à l’origine des textes, s’oppose le mouvement ininterrompu de l’allégorie, qui tire les textes à nous, les adapte à nos questions, les malmène et les transmet.
Commenter  J’apprécie          52
L'auteur vient de franchir un cap périlleux, poussant Emma dans les bras de Rodolphe lors d'une promenade en forêt ... La dilatation du moi qu'il confie à Louise [Colet] est celle-là même qu'il prête à son héroïne : une fois le paragraphe clos par un elliptique "elle s'abandonna", le trouble s'exprime sans se dire, par une captation intense du monde hors des limites ordinaires.


Rien n'est sexuel dans cette scène que Flaubert appelle pourtant la "baisade", ou plutôt tous l'est. Travelling arrière sur "les ombres du soir", "le soleil horizontal, passant entre les branches", le tremblement des "tâches lumineuses", jusqu'à cette puissante approximation
finale : "quelque chose de doux semblait sortir des arbres."
Commenter  J’apprécie          41
En réponse à la citation question :
Or Gide répondit Montaigne sans état d’âme. L’auteur de L’Immoraliste voyait en l’auteur des Essais le Goethe français, non seulement le meilleur représentant de l’esprit de la nation, mais aussi un écrivain de valeur universelle. Car Montaigne – ainsi s’explique le choix de Gide – ne se réduit pas à l’esprit français qu’il représente par excellence, ou à l’idéal de l’« honnête homme » qu’il transmit à l’âge classique et aux Lumières, ou encore à la tradition de l’« humanisme civique » qui devait mener jusqu’à l’invention de l’« intellectuel » français à la fin du XIXe siècle. Montaigne est, comme Charles Du Bos l’affirmait, « le plus grand Européen de la littérature française ». Disciple de Socrate et de Plutarque, traducteur de Raimond Sebond, lecteur du Tasse, il est avec Érasme le grand passeur de la Renaissance.
Commenter  J’apprécie          30
Citation en forme de question :
On posait à André Gide, en 1929 à Berlin, la traditionnelle question du Panthéon des lettres : quel écrivain français placer auprès de Goethe comme phare de la culture européenne ? Suivant le cliché obligé depuis le romantisme, chaque littérature nationale s’incarne dans un écrivain souverain, tels Dante, Shakespeare, Cervantès, Goethe ou Pouchkine, mais la littérature française manque de cet être suprême dont graver le nom au fronton des monuments et des bibliothèques auprès d’Homère et de Virgile.
Molière ou Hugo feraient-ils l’affaire ? Mais l’un est comique et l’autre politique.
Ou bien Voltaire ou Rousseau ? Mais la faute qu’on leur attribue depuis 1789 divise encore le pays.
Aucun écrivain ne semble s’imposer, car la littérature française avance par couples, à chaque moment de son histoire ainsi que dans sa durée : Corneille et Racine à l’âge classique, Voltaire et Rousseau pour les Lumières, Hugo et Baudelaire pour la poésie, Sarraute et Duras plus récemment, ou encore Montaigne et Pascal, ou Balzac et Proust d’un siècle à l’autre.
Selon vous que répondit-il ?
Commenter  J’apprécie          30
Comment va le monde ? Bien ou mal ? De mieux en mieux ou de plus en plus mal ? Cette question simple, mais universelle, est celle qu’affronte Voltaire dans Candide. Mais au lieu d’apporter une improbable réponse, il nous embarque dans un voyage ironique et joyeux au cœur de la condition humaine. Il s’y moque des philosophes et des théologiens, et de tous ceux qui s’endorment et s’enlisent dans les dogmes. Pourtant, nul relativisme chez celui qui est alors le patriarche des Lumières, car, à travers l’humour, l’insolence et la fantaisie, c’est une profonde confiance en l’homme qui s’exprime. À cet homme, empli de vices, mais aussi capable de vertu, qui cherche, désespérément, toutes les planches de salut, le parrain des encyclopédistes offre cette maxime aussi simple qu’efficace : « Cultivons notre jardin ! »
Candide de Voltaire(1759)
Commenter  J’apprécie          30
On peut s’étonner de trouver Splendeurs et misères des courtisanes là où l’amateur éclairé attendrait plutôt Eugénie Grandet ou Le Père Goriot. Splendeurs est un monstre autant qu’un classique. C’est, après Illusions perdues, le roman le plus long de Balzac, accueillant deux cent soixante-treize personnages, et son écriture s’étire de 1835 à 1847… Douze années pendant lesquelles l’auteur publie plus de quarante autres œuvres. Constituant le dernier volet de ce que l’on nomme la Trilogie de Vautrin, après Goriot et Illusions, il est aussi, et de loin, le plus foisonnant, le plus hirsute et le plus sulfureux des romans balzaciens, ce qui explique en partie qu’il soit moins célèbre que les précédents. Retracer l’épique et rocambolesque genèse de ce monstre, à travers les changements de formats et de titres, les rapiéçages et la valse des éditeurs, nous mène au plus près de ce qu’est La Comédie humaine. Ou comment le réel appelle tout à la fois au système d’observation réaliste et aux débordements génialement romantiques.

Splendeurs et misères des courtisanes d’Honoré de Balzac (1838-1847) 
Commenter  J’apprécie          20
Les lettres deviennent une enquête sur l’art américain d’accommoder la démocratie. Impressionné par l’empreinte puritaine et la vitalité locale, Tocqueville découvre que les Américains chérissent leur régime parce qu’ils préfèrent un gouvernement médiocre élu dans une société active à un gouvernement compétent régnant sur un peuple de serviteurs. Pour autant, il y a un prix non négligeable à payer pour son avènement : le rôle prépondérant de l’opinion publique et la tyrannie de la majorité.
Commenter  J’apprécie          20
Hénaurme ! Excessif et diplomate, pourfendeur des sachants mais volontiers proche du pouvoir, prêtre et jouisseur, philosophe et polémiste avant l’heure, déroutant en tout, le père des lettres françaises conjugue les superlatifs et les paradoxes, à l’instar de son maître livre qui jette un pont entre un Moyen Âge dont il est l’héritier et une Renaissance dont il deviendra l’emblème. Irréductibles à toute classification hâtive, l’immensité de son œuvre et le génie de sa langue continuent à irradier notre histoire littéraire et, plus largement, à incarner l’esprit français dans ce qu’il conserve de meilleur, à commencer par l’humanisme qui conjugue la véritable tolérance avec la truculence et la joie de vivre.
Gargantua de François Rabelais (1534-1535)
Commenter  J’apprécie          20
"N'importe, bien ou mal c'est une chose délicieuse que d'écrire ! que de ne plus être soi, mais de circuler dans toute la création dont on parle". (Flaubert à Louise Colet) ...

"Homme et femme tout ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval dans une forêt, par un après-midi d'automne, sous des feuilles jaunes, et j'étais les chevaux, les feuilles, le vent, les paroles qu'ils se disaient et le soleil rouge."
Commenter  J’apprécie          10
L’opportunité se dessine en 1867. En avril, Jules (Verne) et son frère Paul, marin de profession, sont parmi les premiers visiteurs de l’Exposition universelle, sixième du nom, qui ouvre ses portes au Champ-de-Mars à Paris. La galerie numéro six retient plus spécialement leur attention. Mise au point par le jeune Gustave Eiffel, cette structure infinie de 482 mètres entérine une fois pour toutes les vertus conjuguées de l’acier et de la légèreté. Quelques mois encore, et les mêmes choisissent de valider l’évidence à bord de l’inévitable Great Eastern le temps d’un aller-retour entre l’Angleterre et les États-Unis, entre l’Ancien Monde (qui leur tourne le dos) et le Nouveau (qui leur tend les bras).
La traversée est menée tambour battant. Pendant onze jours, le cadet de la fratrie se persuade des performances du transport qu’il emprunte, mais, plus encore, s’émerveille de l’univers qui l’entoure : « Non, la mer n’est pas que du chlorure de sodium, elle est un être vivant […] et plus encore un aliment pour l’imagination. » Au fil des milles et des embruns, cet espace infini devient sa préoccupation prioritaire, le milieu rêvé, la « grande affaire » qui, bientôt, alimentera l’essentiel de son œuvre, elle aussi promise à des découvertes mirobolantes.
Commenter  J’apprécie          10
Chateaubriand ? Un écrivain à breloque du XIXe siècle. Les Mémoires d’outre-tombe ? Un livre que les lycéens n’étudient plus au bac de français. Les Mémoires d’outre-tombe de François-René de Chateaubriand, bien trop longs pour Twitter et TikTok !Erreur absolue ! Faute morale, littéraire, historique ! Vous voulez savoir où nous en sommes ? Si la démocratie est menacée ? Si notre civilisation va mourir ? Vous n’en pouvez plus des confinements successifs. Vous avez besoin d’embrasser les arbres, d’évasion. Vos nerfs ont lâché devant le haché menu des chaînes d’information. Bref, vous voulez sortir du goulag 2.0 ! Le voyage au bout de la vie a justement pour titre Mémoires d’outre-tombe.Les MOT, c’est le code secret qui permet d’accéder au labyrinthe. Plus exactement au royaume. On pourrait penser que cet ouvrage est un fleuve, un océan. Il l’est ! Mais c’est aussi un kaléidoscope composé de l’Iliade et de l’Odyssée, des Confessions (celles de saint Augustin et de Rousseau). L’infiniment grand pour un homme d’1,63 m.

Mémoires d'outre-tombe de François-René de Chateaubriand (1848)
Commenter  J’apprécie          10
Sous la Restauration, la France domine les arts, l’esprit et le goût. Depuis que Carême a concocté les menus du congrès de Vienne, l’Europe sait qu’un repas peut sauver un continent. Paris est désormais la capitale du beau et du bon. Les vedettes sont en scène mais aussi en cuisine. Sous l’impulsion d’un Grimod de la Reynière, la gourmandise devient alors gastronomie. À cette science nouvelle manquait pourtant un bréviaire. C’est le très austère magistrat Jean Anthelme Brillat-Savarin qui s’en charge, en 1825, avec son extravagante Physiologie du goût.

Physiologie du goût de Jean Anthelme Brillant-Savarin (1825)
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sébastien Le Fol (77)Voir plus

Quiz Voir plus

Vrais couples de légende, à Hollywood et ailleurs !

D'abord hommage à mon avatar ! entre l'abonné aux rôles de dur et "the look", 12 ans d'amour, un mariage dans la propriété de Louis Bromfield, 2 enfants et un cancer pour lui qui l'a conduit au ... grand sommeil !

Marlène Dietrich/Jean Gabin
Ava Gardner/Frank Sinatra
Humphrey Bogart/Lauren Bacall
Ingrid Bergman/Roberto Rossellini

10 questions
9 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , cinéma americain , cinéma français , cinema italien , acteur , Actrices , films , coupleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}