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Critiques de Serge Bouchard (69)
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

« Le souvenir que j’en garde est celui d’une voix. Mathieu disait la chanson de sa vie, en retrait, dans la pénombre d’un recoin de la pièce principale de la maison, près du poêle, dans sa berçante. Il disait, récitait, racontait, tel un bruit de fond auquel personne ne prêtait vraiment attention mais que chacun entendait en sachant de quoi il s’agissait, la musique sourde et profonde d’une voix qui voyage (…) Mathieu parlait, parlait, parlait, au petit pas du marmonnage, au son réglé de l’incantation, à la manière d’une interminable prière, au souffle d’un très long poème. »



C’est ainsi que l’ethnologue Serge Bouchard récolte au début des années 1970 la parole du vieux chasseur innu Mathieu Mestokosho. Né vers 1885, il appartient à la dernière génération d'Innus ayant vécu selon le mode de vie traditionnel de ce peuple du Grand Labrador, au Nord-Est du Québec.



Les quatre premiers récits sont au plus près du quotidien des Innus, racontant la rude vie au coeur de la taïga : parties de chasse ( caribou, loutre, martre, porc-épic, castor ) et déplacements avec portage au fil des saisons. Ces récits très factuels, répétitifs, sans filtre occidental sans aucun gras romanesque ( aucune péripétie autres que celles imposées par les forces de la nature boréale, aucun événement familial réellement décrit, peu d'émotions mises en avant ) peuvent dérouter le lecteur mais c'est au final leur immense authenticité que l'on reçoit.



Les trois derniers récits quittent le pur factuel pour glisser vers le réflexif, formant un testament moral destiné aux jeunes générations qui n'ont connu que la vie sédentaire en réserve. A eux, le vieil homme rappelle l'art d'être innu : solidarité entre membres, respect des anciens et de la nature, travail et endurance. J'ai été frappée par la puissance collective qui ressort de ces récits. La force individuelle est au service de la communauté. Un Innu n'est jamais seul. Les surplus de chasse sont ainsi mis sur des tréteaux ou dans des chaudrons accrochés aux arbres pour permettre à ceux moins chanceux qui passeraient par là de survivre.



Ce qu'il m'a toutefois un peu manqué, c'est l'évocation directe de la spiritualité innue. Lorsqu'il y en a, toute la description du quotidien s'éclaire, notamment toute la question du rapport à la nature. Par exemple, Mathieu Mestokosho raconte que le respect avec lequel sont traités les foetus de caribou trouvés dans le ventre des femelles gestantes. Ou la légende des quatre chasseurs de caribous négligents auxquels Papakassik, l'esprit-caribou vient rappeler leur obligation en parlant à travers la bouche du chaman. La chasse n'est pas une conquête sur le monde animal mais une nécessité, la vie dépendant de l’étroite relation des hommes et femmes à la terre, aux animaux, aux végétaux, à l’univers. Ne pas tuer pour rien est un impératif, gaspiller une ressource une faute pouvant déclencher la colère de la nature.



En fait, les récits de Mathieu Mestokosho ne s’adressent pas au lecteur occidental ou plutôt s’il le fait, c’est pour combattre les clichés dépréciatifs véhiculés par les premiers observateurs blancs : misère, disette lié au nomadisme. On sent à quel point le vieux chasseur aime Nitassinan ( territoire ancestral en innu-aimun ), son monde perdu investi par son peuple avec créativité et adaptabilité.



Une nostalgie feutrée finit par sourdre derrière la pudeur digne du vieil homme. Les toutes dernières phrases évoquant la beauté des lueurs crées dans les tentes par le feu de roche ( désormais remplacé par un poêle dans une maison en dur ) sont très touchantes.

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Le peuple rieur

Serge Bouchard livre ici un vibrant hommage à ses amis Innus, ce peuple autochtone de l’est du Canada. À travers son témoignange, on découvre leur territoire, le Nitassinan, ainsi que leur histoire plusieurs fois millénaire et leur riche culture. Cet hommage est tellement sincère qu’il réussi à nous les faire aimer, à nous donner envie voyager jusque là-bas. Avant d’aller plus loin, je dois admettre que j’étais assez ignorant à ce sujet. Des Amérindiens, je n’avais appris que les Iroquois, les Algonquiens et les Inuits (du moins, en ce qui concerne cette partie du pays). À peine quelques autres noms que je parvenais à sortir d’un tiroir oublié de ma mémoire et que je mélangeais, comme Micmacs, Béothuks, Crees. Donc, Le peuple rieur m’a permis de faire le point quant à cette culture qui n’est pourtant qu’à une dizaine d’heures de route de chez moi… C’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai entrepris et poursuivi la lecture de ce bouquin. Ce n’est pas un roman à proprement parler, mais il témoigne d’une expérience si personnelle et son style est si beau que j’hésite à le qualifier d’ouvrage scientifique (ce qu’il est néanmoins, compte tenu de la rigueur avec laquelle il a été écrit, de la crédibilité et de la variété des sources). C’est en grande partie dû au grand talent de communicateur de Serge Bouchard et à l’aide de sa précieuse collaboratrice Marie-Christine Lévesque. En d’autres mots, il s’agit d’une lecture que je recommande à quiconque intéressé par ce sujet.



L’anthropologue de formation retrace le fil de ses voyages dans le Nord-est du Québec, dans cette région que les Innus appellent le Nitassinan. Sa grande histoire d’amour commence dès le début des années 1970 et chacune de ses rencontres et de ses découvertes (racontées à travers des chapitres courts), devient une occasion de nous faire découvrir un pan de leur histoire et de leur culture. De leur arrivée à nos jours, en passant par les explorations de Cartier et Champlain, les interactions avec les pêcheurs basques, l’arrivée des colons et avec eux les Jésuites. Plusieurs de ces derniers, et d’autres explorateurs, ont consigné dans leurs journaux ou correspondances les impressions laissées par ces Innus. Même à travers le prisme du sentiment de supériorité européenne, on peut comprendre que plusieurs admiraient la dignité et la grandeur de ce peuple libre. Toutefois, Serge Bouchard se devait de raconter aussi les malheurs qui ont accablé les Innus, comme la prise de possession de leurs terres par le gouvernement canadien et de leurs ressources par des compagnies sans scrupules. Sans oublier leur sédentarisation forcée et brutale. Ceci dit, son témoignage est optimiste, les communautés de Nitassinan semblent sur la voie d’une meilleure reconnaissance de leur droit et de leur apport à la société.
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De remarquables oubliés, tome 1 : Elles ont f..

Toute l’histoire ne s’est pas décidée sur les champs de batailles ou dans les antichambres des palais. Non. Elle s’est construite grâce aux gestes quotidiens de milliers, de millions de personnes. Certaines ont laissé leur marque plus que d’autres, pour eux, il y a les monographies et les livres d’histoire. D’autres ont eu une importance égale (sinon plus), mais on les a oubliées. Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque se sont donnés comme tâche de rappeler à la mémoire des gens quinze femmes au destin exceptionnel. Ce premier tome De remarquables oubliés, Elles ont fait l’Amérique, retrace leur parcours. La plupart m’étaient complètement inconnues, Susan La Flesche Picotte, Emma Lajeunesse, Émilie Fortin-Tremblay et trop d’autres. Quelle vie de pionnière elles ont vécue ! Et que dire de cette pauvre Shanadithit, la dernière Béothuk. Quant aux autres, celles dont le nom me disait vaguement quelque chose, à peine, je me suis rendu compte à quel point j’en savais peu. Par exemple, Robertine Barry, je me rappelais que c’était une journaliste et qu’elle était liée d’une façon ou d’une autre au célèbre poète Émile Nelligan, mais à part cela… Incidemment, j’ai appris que son parcours de journaliste n’avait pas été des plus faciles et qu’il lui a coûté beaucoup. Pareillement pour Marie-Josèphe-Angélique, l’esclave noire accusée de l’incendie de Montréal au début du 18e siècle. Bref, c’est très instructif. Le tout sans la lourdeur des manuels d’histoire, ça se lit comme un roman. Mais il ne faut pas se méprendre, des recherches méticuleuses ont été entreprises pour en arriver à ce résultats, d’ailleurs on peut consulter la liste des ouvrages de référence à la fin. Ainsi, si un personnage nous a particulièremenr plu, on peut regarder de ce côté-là pour des lectures supplémentaires. Chaque chapitre constitue la biographie d’une de ces femmes d’exception, une dizaine, vingtaine de pages environ. Donc, on peut étirer la lecture sans craindre d’oublier le début. Un seul hic, j’aurais aimé que les personnages soient présentés par ordre chronologique. Je passais mon temps à me faire une tête de la Nouvelle-France, du régime britannique, de la société industrielle ou des villages de la fin du 19e siècle, pour revenir à la Nouvelle-France, et ainsi de suite. Mais bon, pour tout le reste, je suis preneur. Vivement de ces livres qui nous font découvrir des pans de notre passé. Bouchard et Lévesque ont produit le deuxième tome de la série, qui s’attarde aux hommes : Ils ont couru l’Amérique. À lire également.
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De remarquables oubliés, tome 3 : Ils étaient l..

Des courts textes qui parlent des Premières Nations, de ceux qui étaient l’Amérique bien avant l’arrivée des Européens. C’est le dernier de la série des « remarquables oubliés », mais c’est aussi dernier livre de Serge Bouchard, paru à titre posthume. On regrettera ce grand homme!



Des chapitres qui suivent à peu près la ligne du temps, des premiers visiteurs européens jusqu’à la conquête par les Britanniques vers 1765. Ils racontent les peuples et les chefs autochtones qui ont fait face aux conquistadores venus pour piller l’or des Incas et des Mayas, puis aux colonisateurs qui recherchaient les richesses du Nord, les fourrures des Algonquins et les Cris.



Les livres d’histoire, même ceux des historiens bien sérieux, recèlent leur part de fabulation, d’interprétation. Serge Bouchard n’a pas son pareil pour remettre en question cette histoire, celle des vainqueurs, qui laisse dans l’ombre les remarquables oubliés, ceux qui n’étaient pas du côté des chefs victorieux.

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Mémoires d'un simple missionnaire

Un étonnant retour dans le temps Québécois, où à partir de la fin du 19e, un prêtre parcourait les « missions ».



En 1980, le regretté Serge Bouchard avait édité les « Mémoires du père Joseph-Étienne Guinard, o. m. i. (1864-1965) ». Ce père Guinard avait écrit ses mémoires dans les années 40, alors qu’il avait 80 ans. C’est fascinant de lire ses critiques des compagnies forestières qui détruisent l’écosystème.



Il admire la nature qu’il parcourt et a beaucoup d’affection pour les « Indiens » qu’il rencontre, devenus des amis. Il visite les territoires, devenus des « réserves » que les gouvernements n’hésitaient pas à amputer au gré des besoins de l’industrie. Il faut dire que les « Indiens » étaient des pupilles du gouvernement fédéral, ils n’avaient pas le droit de vote ou de propriété dans les réserves.



C’est un peu aussi l’histoire des Missionnaires Oblats qui parcouraient le pays et prêchaient en langues autochtones, qui parlaient le cri ou l’algonquin pour se rapprocher des gens. C’était avant que le gouvernement fédéral impose les pensionnats pour « sortir l’indien » des enfants.



Un récit historique intéressant que celui de ce « simple » missionnaire, car il dit les choses telles qu’il les voit, contrairement à bien des chroniques de l’époque qui ne faisaient que glorifier les exploits des uns et justifiant toutes les actions « civilisatrices »…

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Un café avec Marie

Lorsqu’un auteur meurt subitement, on se précipite sur son dernier livre… peut-être à cause de la publicité, mais surtout pour lui rendre hommage. Et Serge Bouchard mérite bien un hommage. Habile communicateur et surtout grand observateur du monde, il reprend dans ce volume une série de chroniques qu’il a présentées à la radio.



Des textes courts, des sujets variés. C’est parfois l’émotion, la tristesse ou la beauté, l’indignation teintée d’humour et d’ironie ou encore la sérénité de la sagesse.



Pour d’autres chroniques, on voudrait réagir « Non, il exagère » ou « Je ne suis pas d’accord ». Et l’auteur aurait probablement été heureux de discuter, de permettre aux arguments de s’affronter.



Un recueil intéressant, humain. Ce n’est cependant pas le genre livre à dévorer tout d’une traite. On pourrait s’en lasser comme on ne voit plus la beauté d’une route qu’on parcourt tous les jours… et ça serait dommage de ne pas profiter de la profondeur de ses réflexions.

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De remarquables oubliés, tome 1 : Elles ont f..

Pas un roman, mais un ouvrage historique, une série de notices biographiques.

Un peu comme des nouvelles, c’est le genre de bouquin qu’on peut lire de façon discontinue, un chapitre par-ci par-là, car ce sont des histoires indépendantes les unes des autres.



Ce sont des femmes qui ont voyagé, ont parcouru les plaines et arpenté des territoires inexplorés. Elles sont devenues célèbres par leur voix ou par leur plume, mais, comme l’indique le sous-titre du livre, elles sont aussi des oubliées de l’Histoire. Pour plusieurs de ces vies, un chapitre n’est pas suffisant, on aimerait en savoir davantage, mais heureusement les auteurs ajoutent une bibliographie si on désire aller plus loin.



Un ouvrage intéressant par les personnages qu’il présente et par le devoir de mémoire qu’il rappelle, la devise du Québec n’est-elle pas « Je me souviens »? …

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De remarquables oubliés, tome 2 : Ils ont cou..

Étienne Brûlé, Louis Joliet, d’Iberville, de La Vérandrye, etc. Bien plus que des noms d’artères de plusieurs grandes villes ! Plutôt des héros d’un passé révolu. Des légendes. Plus spécifiquement des hommes qui exploré, sur terre comme sur mer, les grandes étendues de l’Amérique du Nord. Si aujourd’hui elle est anglaise, il faut se rappeler que c’est la langue française qui a d’abord et longtemps résonné au cœur des forêts, des plaines et des montagnes de ce grand continent.



Ils ont couru l’Amérique : de remarquables oubliés, tome 2, écrit conjointement par Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, raconte l’histoire de 15 personnages historiques. Un livre essentiel ! D’autant plus que ces aventuriers, explorateurs, guerriers sont effectivement presque oubliés. En tous cas, au Québec, ils le sont pour beaucoup. Et c’est dommage. Il est surtout dommage que dans les écoles l’enseignement de l’histoire privilégie les concepts à la gloire des héros qui ont bâti un empire. Un cours tellement édulcoré, trop peu intéressant à mon goût. Selon moi, il est possible de faire mieux sans tomber dans l’excès du patriotisme. Ça me fascine que des Américains ou autres connaissent mieux certains personnages canadiens français. Une fois, un Allemand m’a parlé de Robert Cavelier de LaSalle. La honte ! Bien sur, plusieurs Québécois en ont entendu parlé et je suppose que peu d’Européens peuvent en dire autant, mais tout de même.



Dans tous les cas, Ils ont couru l’Amérique se veut un remède à cette situation. Et le pari est réussi. Si plusieurs noms m’étaient familiers et que j’avais une vague idée des accomplissements de plusieurs des personnages présentés, la lecture de cet ouvrage m’a éclairé. Évidemment, on ne peut dissocier la vie de ces héros des événements qui leur étaient contemporains : les relations avec les Amérindiens, les Jésuites, la colonisation, les conflits avec les Anglais, l’expédition Lewis et Clark, le commerce des fourrures, etc. Le lecteur a donc droit à un cours d’histoire. Et cela sans donner le mal de tête qui va souvent de pair avec la lourdeur de certains manuels. Même s’il est très instructif, l’ouvrage est plutôt construit à la manière d’un recueil de nouvelles, chaque chapitre présentant un personnage différent.



Aussi, géographie va de pair avec histoire. Pour permettre au lecteur de mieux se situer dans l’espace et visualiser les accomplissements de chacun, une carte se trouve au début de chaque chapitre. On y présente le chemin parcouru et les lieux fréquentés (parfois même fondés) par le héros présenté. D’un point de vue plus personnel, j’aurais apprécié y retrouver aussi les nations amérindiennes mentionnées mais peut-être cela aurait-il surchargé les cartes ?



Enfin, assurément, je vais me lancer dans la lecture de l’ouvrage précédent : Elles ont fait l’Amérique, tome 1 des Remarquables oubliés, lequel met en vedette des femmes. Et vivement un troisième tome !
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Les yeux tristes de mon camion 

Ensemble de textes de quelques pages, mélange d’anecdotes vécues et de réflexions personnelles ou philosophiques.



L’auteur reprend ici les sujets qui lui sont chers comme la nature et le traitement des peuples autochtones, mais il parle aussi des camions et des plaisirs de la route, du sport, le baseball qu’il écoute à la radio ou le football américain qu’il suit à la télé.



Plusieurs textes touchent aussi l’âge, comment faire face à l’inéluctable déclin du vieillissement et à l’abandon dans la mort.



Si on a lu d’autres livres de cet auteur, on croit qu’il se répète, que c’est un peu la même chose, jusqu’à ce qu’au détour d’un paragraphe une phrase nous touche au cœur ou nous remue l’esprit. On se dit alors qu’on a bien fait de prendre ce livre et de repenser à ces choses.

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La prière de l’épinette noire

Une série de textes variés, de souvenirs, d’états d’âmes et de réflexions sur le monde.



Le regretté Serge Bouchard, anthropologue de formation, tenait une chronique hebdomadaire à la radio. Ses textes ont été réunis en un recueil fort intéressant.



Il revient sur les thèmes qui lui sont chers, beautés de la nature en péril, réactions face à l’injustice et au sort des Premières Nations, mais tout ça avec une écriture imagée.



Tantôt on s’indigne avec lui, tantôt ce sont des propos qui tiennent du« feel good », d’espoir et de fraternité humaine.



Un beau recueil à lire et à relire.

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Un café avec Marie

Chroniques du temps qui fuit, du monde actuel et passé, de la vie de couple heureuse, des modes branchées et intemporelles, du sens à donner à l’existence humaine, de nos rapports avec la nature et les animaux qui l’habitent, voilà un condensé bien trop bref pour tout ce que contient cet ouvrage un brin philosophique de Serge Bouchard.

Anthropologue de formation, Serge Bouchard s’est rapidement trouvé un style d’écriture bien à lui qu’il a mis à profit dans de courts essais et textes au bénéficie d’émissions de radio et des conférences. Aucune afféterie dans ce qu’il véhicule, mais beaucoup de bon sens, d’histoire et de respect pour ceux qui sont venus avant nous.

Un auteur que j’apprécie beaucoup et de qui, heureusement, il me reste encore à lire car, à l’instar de Christian Bobin, son décès m’a ébranlée. Ces êtres qui parviennent à décrire de façon juste le monde et la société et nous rendent le quotidien plus merveilleux, à leur disparition, nous laissent au moins en héritage leurs écrits immortels. Profitons-en!

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Du diesel dans les veines

Une thèse de doctorat en anthropologie peut-elle vraiment présenter un intérêt pour le commun des mortels ? Oui, définitivement, si elle est, comme ici, remaniée pour en purger les éléments trop académiques sans toutefois rogner sur la profondeur des analyses ni sur les enseignements que Bouchard tire de sa fréquentation des truckers québécois qui ont contribué la grande entreprise de la Baie James. Car c'est à toute une culture, avec ses codes, ses valeurs, ses rites, que nous introduit par ce bouquin Bouchard dont la réputation de grand observateur du “vrai monde” n'est plus a faire. Le sujet est pointu, mais ce livre se lit en partie comme un roman d'aventure, en partie comme un essai brillamment vulgarisé. Chose certaine je ne vois plus les camions que je croise sur les routes de la même façon qu'avant . . .
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Un café avec Marie

Comment décrire cet ensemble de chroniques de l'anthropologue, homme de radio et chroniqueur, Serge Bouchard sinon qu'il s'agit de se permettre d'entendre sa voix posée nous raconter dans l’oreille les observations qu’il a pu faire ainsi que ses réflexions les plus intuitives sur l’amour, le temps, l'histoire et le monde tel qu'il est, fruit d'un passé trop souvent méconnu. C'est en posant un œil bienveillant sur la société qu'il porte un discours bien personnel qui s'inscrit en une série de microessais d'abord écrits pour la radio. Bien sûr, le deuil de sa compagne Marie vient teinter l'ensemble, mais c'est aussi le bonheur du café partagé avec la même Marie qui en rend la lecture joyeuse. S'il traite de souvenirs personnels, c'est également de la mémoire collective dont il est question. À travers cet ensemble de textes, Bouchard nous livre une part de son humanité et, par là, contribue à nos propres réflexions sur le monde.




Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Le peuple rieur

L'auteur aime ce peuple, les Innus, non seulement ne s'en cache-t-il pas, mais il le déclare d'emblée dans le sous-titre “Hommage à mes amis innus”. Par contre il ne s'agit pas d'un réquisitoire ni d'un pamphlet. Au contraire l'anthropologue qu'est Bouchard nous livre ici un magistral portrait, largement documenté et nombreuses références scientifiques à l'appui, de l'histoire de ce peuple et de l'impact de la venue des Blancs sur son mode de vie. Comme Bouchard a séjourné à de nombreuses reprises parmi eux, de nombreuses anecdotes, faits vécus et réflexions personnelles émaillent les propos historiques. Il en résulte un ouvrage captivant , absolument pas aride malgré des exposés historiques rigoureux. De plus la plume de l'auteur est particulièrement fluide, évocatrice et même poétique par moments.



Pour qui s'intéresse moindrement à la question autochtone au Québec, je crois que ce livre est un incontournable parce que le regard aimable qu'il pose sur les Innus se fonde autant sur des données historiques solides ainsi que sur une expérience terrain de première main; il n'y a ni condescendance ni complaisance ici, juste un fascinant récit d'une actualité indéniable.
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C'était au temps des mammouths laineux

Mon avis... 🌟🌟🌟



Un petit recueil de textes nostalgiques...



Un petit recueil qui me rappelle que nous avions et nous prenions le temps...



La machine à laver n'existait pas, la télévision avec une seule chaîne était culturelle et intelligemment divertissante... Avec mon frère nous jouions avec rien, notre imagination était débordante.



L'auteur, nous emmène au temps où les ordinateurs n'existaient pas, au temps où, nous nous passions très bien de cette technologie. Aujourd'hui notre jeunesse est lobotomisés, ils ont tous un téléphone greffé à l'oreille, certains dorment même avec....



Et pourtant j'utilise ces nouvelles technologies....



L'auteur nous dit avec justesse :



«l’ordinateur est une belle invention, (…) dommage d’avoir mis ça entre les mains des humains. (…) Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant ».



Eh ! oui, mes chers amis lecteurs, en y réfléchissant, je suis aussi, un mammouth laineux....😀
Lien : https://monjardinleslivres.b..
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Un café avec Marie

« Plutôt que de chercher la vérité du monde, j’ai poursuivi sa beauté. »



Courtes réflexions sur la naissance de la terre, le temps, la toponymie, le voisin de pupitre à l’école, les transferts d’autobus, l’autoroute 20, la liberté etc., on apprend sur notre grande et petite histoire. C’est la société qui nous est présentée, la vie à travers le regard d’un anthropologue. Le style est simple, parfois poétique. J’ai aimé prendre ce café avec l’auteur et Marie, histoire de converser un peu. Il n’est pas interdit de prendre des pauses, car lire l’œuvre d’une seule venue pourrait nous lasser. Il vaut mieux, à mon avis, laisser le silence nous donner le goût de revenir à ces courtes plages réflexives.



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Confessions animales : Bestiaire

Quel beau livre à lire et à relire, il devrait faire partie de l'enseignement dans les écoles. Chacun leur tour, les animaux de nos plaines, océans, villes et forêts viennent nous parler de leur passé, de leur présent et de leur futur qui pour la plupart, semble plutôt sombre. L'auteur propose une façon ludique et très poétique de nous instruire et de nous faire connaître ceux que l'on a malheureusement oublié. Ce livre m'a fait rire, sourire et m'a beaucoup appris. Il m'a aussi troublé et rendu triste puisque le dommage causé par l'humain et qui menace la survie de ces belles créatures est considérable et bien présent. Nous gagnerions beaucoup à apprendre de la résilience et de la force qu'elles possèdent. Nous connaissons très peux ceux qui nous entoure, ceux qui étaient là avant... qu'elle triste constat.
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Préfacé par la journaliste Marie-Hélène Fraïssé, cet ouvrage comporte les récits du chasseur innu Mathieu Mestokosho tels que recueillis par l'anthropologue Serge Bouchard.



On y explore la vie dans les bois des derniers vrais nomades innus. Une vie où la nécessité de la survie occupe la ronde des heures. L'homme n'y est pas dominant, conquérant, aliénant, il prend place dans son environnement au même titre que les autres espèces. Alors bien sûr, il chasse. Et sans doute pour cette raison ce livre n'est-il pas à mettre entre toutes les mains car il comporte de nombreux récits de cette nature. Mais il n'y a rien de barbare dans la pratique des innus. La chasse c'est l'assurance de faire vivre les siens, de ne dépendre de personne et surtout pas de l'argent-roi. Quand bien même quelques vivres sont achetées avec l'argent des fourrures, la priorité reste d'être capable de se nourrir par ses propres moyens.



Il n'existe ni désœuvrement, ni appat du gain dans la vie que nous décrit Mathieu. Au rythme des saisons, on y respire la gratitude, la transmission et la mise en valeur des connaissances et du savoir-faire de son peuple. On y côtoie la solidarité dans les épreuves, la force remarquable des femmes, le respect des anciens et l'oreille tendue à la voix des songes.



Être sourd à tout cela, c'est mourir. Et l'entendre, c'est sans doute voir ce monde disparaître. C'est dans cette pleine conscience que ce témoignage a été prononcé, accueilli et retransmis. Et c'est cette résonance que j'en garderai en moi.
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L'oeuvre du Grand Lièvre filou

Voici recueilli, les chroniques d'un homme engagé. Serge Bouchard n'hésite pas à remettre les pendules à l'heure !.. agissements politique qui font honte aux dirigeants à travers toute l'histoire de l'Amérique de Nord, dénonciations de l'assimilation des peuples autochtones qui donnent le goût de vomir, enlaidissement des paysages et saccages des ressources naturelles par des compagnies sans morale ni conscience... tout y passe !



Ce recueille est dénonciateur sans être amer, l'auteur y appose son petit côté rigolo et nous aide à digérer certaines vérités désagréables qui autrement, nous resteraient sur l'estomac ! De plus, on ressent bien l'attachement de l'auteur face aux nombreux coins de pays décrient, cela nous donne envie de découvrir, ou de redécouvrir, nos routes, nos forets, nos villes et villages et pas seulement pour ce qu'elles sont aujourd'hui, mais pour ce qu'elles ont jadis été...
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C'était au temps des mammouths laineux

J'ai un apriori contre les chroniques rassemblées dans un recueil. Elles perdent, selon moi, l'impact qu'elles ont eu en tant que chroniques, reflets d'une actualité, billet d'humeur du moment; le recueil me semble de surcroît une façon de tirer tout le jus financier d'un écrit qui n'aurait dû être que celui de l'éphémère. C'est donc à reculons que je me suis engagée dans cette lecture proposée dans le cadre du club de lecture auquel j'appartiens. Force m'est pourtant de constater que j'ai eu un certain plaisir à lire plusieurs d'entre elles tant l'écriture est évocatrice sur des sujets qui me touchent: l'absurdité de la modernité, l'inéluctabilité de la mort pour n'en citer que deux. Lorsque Bouchard cependant s'enfonce dans ses sujets de prédilection que sont les cultures amérindiennes, j'avoue décrocher car le propos d'un spécialiste passionné par son sujet prend le pas sur celui du vulgarisateur que l'auteur sait aussi être.

Du fait que les chroniques n'ont pas été écrites pour faire un tout mais choisies a posteriori, il a quelques redites qui lassent; mais, dans l'ensemble, je n'ai pas eu l'impression de perdre mon temps même si mes choix de lectures se portent en général vers des oeuvres plus littéraires.
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