AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Serge Joncour (1574)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Nature humaine

Cet été 1976 la sécheresse n'en finissait plus sur le causse. Comme partout on y souffrait d'une chaleur de feu. Une chaleur qui n'entravait nullement l'action des antinucléaires de la centrale de Golfech et des activistes du Larzac contre l'extension d'un camp militaire. Tant politiques que contre le modernisme qui défigurait la planète, des luttes très éloignées des préoccupations des parents Fabrier qui, exploitant une ferme dans le Lot, étaient plus inquiets pour leurs enfants aimantés par une ville d'où ils risquaient de ne pas revenir — suivant en cela une tendance forte des campagnes.



Serge Joncour nous replonge dans cette période agitée mais porteuse d'espoir qui a précédé la mondialisation et l'accroissement des inégalités, la mort programmée des paysans et les catastrophes écologiques et climatiques (et sanitaires !). C'est un bilan un peu nostalgique du monde d'avant que j'ai beaucoup aimé. Peut-être parce que Serge Joncour en donnant chair à ses personnages et à une campagne vivante et attirante, nous souffle que le salut de l'homme passe par un respect indéfectible de la nature.

Commenter  J’apprécie          872
Chien-Loup

Êtes-vous plutot chasse et chair fraîche?  Ou cueillette d'  herbes sauvages et salades de fleurs? Plutôt  traque et  piège , façon Jack London ou back to the trees , façon baba cool des sixties ?



 Si un chien loup vous le demandait gentiment, l'appelleriez vous Alpha ou Bambi?



Retrouvez votre moitié "nature" , absolument fauve ou  gentiment bab' en suivant Franck le geek et Lise la peintre dans une expérience assez extrême  de solitude qui va révéler  radicalement leur moi profond...



Le révélateur sera la Maison d'Orcières, qu'ils louent  pour les vacances, en plein Causse, dans le Quercy "noir"...



Nichée en haut d'un raidillon, on la trouve , enfouie dans les bois,  après une demi heure de grimpette acrobatique. Elle est hors tout : hors ondes, hors route, hors GPS, hors hameau, hors monde, hors temps même, puisqu'y subsistent encore les traces d'un drame vécu un siècle plus tôt, en pleine grande guerre, du temps où les femmes restaient seules maîtres à bord, dans les villages désertés par les hommes, partis à la guerre, une autre sauvagerie, celle-là, bien plus féroce et sanglante que les carnages des grands fauves affamés..



Deux récits se croisent et s' exaltent l'un l'autre: l'ensauvagement progressif du couple de citadins rendu à la nature par l'aura du lieu et la présence mystérieuse d'un grand chien-loup qui s'attache à eux et exerce sur Franck en particulier son pouvoir magnétique- et la chronique d'un passé redoutable, entre légende et malédiction, qui a fait de cet endroit un lieu à jamais hanté et marqué. 



Très lentement, sensuellement, Serge Joncour entrelace ces deux fils, tisse sa toile, tend son piège,  en même temps que monte la tension, la menace, presque la fusion de ces deux époques si différentes.



Une cage aux lions abandonnée dans un aven, seul havre de fraîcheur dans la touffeur caniculaire du plateau, est le maillon barbare et inquiétant qui relie les deux époques,  comme la trace indurée d'une sauvagerie sanguinaire jamais cicatrisée. ..



J'ai adoré me faire doucement happer par ce double récit, j'aurais voulu que ni l'un ni l'autre jamais ne finisse, ni ne reçoive l'explication mettant inévitablement  les points sur les i et traçant rationnellement  la marge entre histoire locale et fantasme collectif, entre vengeance carnivore et menace subtilement distillée.



Tellement captivée par la magie du lieu, les silences du chien, la métamorphose surprenante de Franck, les fauves du dompteur, que j'ai presque regretté la fin qui a interrompu ce tissage patient des deux époques et  mis un terme  à tout un questionnement troublant sur la bête qui sommeille en nous...



Un écrivain plein de talent que je lis pour la première fois: une vraie révélation!

 
Commenter  J’apprécie          8613
Repose-toi sur moi

Il fait encore nuit... à plus de 6 h du mat.. je viens de passer une nuit blanche... en compagnie d'Aurore et Ludovic ! Beaucoup de mal de quitter ces deux-là !!....



Je débute ce billet... vais entre temps dormir un petit moment avant de le terminer et surtout retrouver quelque force pour me rendre à mon travail...ensuite !!!

J'ai débuté cette fiction il y a 24 h... et hier soir, exténuée... j'ai poursuivi pour quelques pages...et patatras... je n'ai pas pu laisser ce texte avant d'avoir atteint sa "chute"... que j'appréhendais, et qui heureusement a laissé une belle lumière et ouverture de possibles !.



Un grand, grand coup de coeur pour ce dernier roman de Serge Joncour qui est le premier texte que je lis de cet auteur, même si j'ai débuté quasi simultanément un deuxième roman antérieur, "l'Ecrivain national", qui est en cours....



Beaucoup de critiques des plus élogieuses sur ce roman de cette rentrée... et combien méritées...



Je ne reviens pas à l'intrigue même... ni au détail de l'histoire... Même si Serge Joncour ménage avec talent et efficacité un suspens certain, tout le long du récit... de multiples thématiques s'entrecroisent:

La solitude, l'isolement dans nos grandes villes, le monde du travail présenté dans deux corporations distinctes: La mode , les créateurs et les coulisses financières carnassières, autre domaine professionnel des plus délicats: le recouvrement des dettes, La vie d'un immeuble parisien... la cohabitation des différentes classes sociales... Et bien sûr il est question du bouleversement de deux existences aux antipodes, grâce ou à cause de la passion, de l'amour...de la magie unique qui peut survenir entre deux êtres et ceci entre entre une citadine d'un milieu très aisé et un rural , veuf, isolé dans la capitale, très nostalgique de sa campagne, de la ferme

familiale, de la nature, exerçant un métier dont il a quelque peu honte, mais qu'il exerce avec finesse et psychologie... Deux individus sans le moindre point commun, provenant de milieux sociaux quasi contraires....



Ces deux-là vont se croiser, "tomber amoureux", télescoper de façon foudroyante leurs deux chemins....Serge Joncour a l'art et la manière de parler des ambiguités amoureuses, des élans de la passion, de l'harmonie charnelle... sensuelle.



"Quand d'un coup on s'embrasse, c'est que vraiment on n'en peut plus de cette distance, même collés l'un à l'autre on a la sensation d'être encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l'envie de se fondre, de ne plus laisser d'espace."



L'Amour-passion, au centre, mais aussi l'amitié ou la bienveillance de Ludovic pour Mlle Mercier, sa petite voisine, âgée et solitaire, à qui il ramène quotidiennement son pain et à qui il offre aussi un brin de causette...Voisine qui lui rendre sa gentillesse, à son tour et retrouvera une énergie nouvelle au fait d'être utile à quelqu'un !!



"Elle était là à attendre qu'il lui demande quelque chose d'autre, à espérer qu'il ait besoin d'elle, ce n'était pas si courant qu'elle puisse aider quelqu'un, comme si l'idée de pouvoir lui filer un coup de main la renforçait

d'une énergie nouvelle, comme si de pouvoir l'aider la faisait revivre...Il ne la priverait pas de ce cadeau. Il ne priverait personne de ce cadeau. "(p. 427)



Un vrai suspens, des personnages attachants ou horripilants dans la galerie des personnages proposés, de la poésie,un rythme soutenu, une écriture fluide, qui nous enveloppe entièrement: Un régal de lecture et de complicité... et un art de transcrire l'indicible ....



Je termine sur ce bref extrait:

"(...) plus que jamais elle avait réalisé à quel point cet homme lui échappait complètement, qu'ils n'avaient rien en commun, rien de familier, et malgré ça, à ce moment précis, il était l'être duquel elle se sentait le plus proche, le plus intime. En plongeant sa tête dans son cou, les yeux fermés elle se dit, Je ne le connais que depuis un peu plus d'un mois, mais il est entré en moi par une porte cachée, secrète, que lui seul a su trouver..."(p. 381)



Une lecture flamboyante et combien "réchauffante" en cette période automnale !!...
Commenter  J’apprécie          8613
Repose-toi sur moi



Pour ce premier jour de rentrée des classes, un focus sur ne lecture quasi indispensable qui tranche un peu avec une rentrée littéraire où le sombre et le sérieux règne en maîre : Repose-toi sur moi , le dernier roman en date de l'impeccable Serge Joncour ( L'amour sans le faire, l'écrivain idéal, l'idole) est assurément un roman qui fait du bien à l'âme et au coeur et qui donne envie de lire, sans être un feel good book trop mièvre et à l'eau de rose comme les livres d'Anna Gavalda ou Marc Levy, tant la plume de Joncour est maitrisée et subtile.



Avec le récit de cette rencontre entre deux êtres et, deux mondes amenés à cohabiter sans normalement jamais se croiser, Joncour prend tous les ingrédients de la comédie romantique ou sentimentale, mais en l'encrant dans une réalité sociale profonde et pleine d'acuité..



Repose toi sur moi- une phrase tirée du livre, quasiment à la toute fin, mais pas forcément prononcée comme on l'entendrait logiquement- c'est la rencontre inattendue entre Aurore et Ludovic ces individus qui ne vivent pas sur la même planète. Aurore est une styliste au talent connu et reconnu, qui a monté sa propre maison 8 ans plus tôt avec un associé, Fabian. Un mari qui réussit brillamment dans les affaires, deux enfants, un bel appartement, une entreprise dans les quartiers chics, Aurore affiche tous les codes de la réussite, tant personnelle que professionnelle. Ludovic, veuf, ancien agriculteur, s'est reconverti dans le recouvrement de créances.

Il habite un immeuble en face de celui d'Aurore, mais en nettement moins huppé. Ils se croisent parfois, intrigués l'un par l'autre, mais ne se trouvent pas grand-chose en commun. Quand il se rend compte qu'Aurore est terrifiée par deux corbeaux qui hantent les arbres de la cour, il décide de les "dézinguer" et de lui offrir leur trophée de plumes entouré d'un joli ruban rouge.



Serge Joncour, encore plus que d'habitude sans doute dresse un roman plein d'empathie et de tendresse sur nos petits et grands soucis du quotidien, et sur notre envie parfois de grands espaces et de sérénité, loin de cette frénésie de la vie à Paris que l'auteur décrit avec une belle acuité.



Une très belle histoire d'amour et du désordre que celui ci amène dans nos vie, mais qui aborde également pas mal d'autres grandes thématiques, souvent en utilisant une fine opposition des genres ville contre campagne, la précarité contre la richesse éhontée, les mensonges contre la réalité, famille contre isolement, la fragilité- apparente contre la force-idem.. et décrit une réalité sociale-avec des scènes de mise en recouvrement d'une belle ambivalence et qui évite toujours le manichéisme et la caricature.



« C’est elle qui prit l’initiative, il avait des lèvres tellement charnues et douces qu’elle n’eut même pas le temps de se demander ce qu’elle faisait, elle n’eut pas le moindre mouvement de recul tellement elle les voulait encore ses lèvres, elle se plaqua cotre l’arbre, elle était éperdument exaucée, cette cour qui depuis des années lui donnait de l’énergie, cette enclave de sérénité, voilà qu’elle allait jusqu’au bout de cette promesse, pour une fois elle était au cœur même de ce refuge qui la protégeait du monde, il faisait nuit maintenant, et dans l’obscurité, sous ces feuillages, tout était plus sombre encore, parfaitement caché.



.Mais ce que réussit sans doute encore mieux Joncour c'est la peinture de cette valse des sentiments, cette dichotomie entre ce qu'on pense et ce qu'on dit, et ce désir plus fort que la raison et les craintes d'être rejeté..aussi bien physiquement que moralement, pour essayer de résister dans un monde hostile, cruel et trop souvent égoïste.



.L'amour chez Joncour prend différentes formes, parfois totalement contraires, , ; l'espoir, auquel on a envie de s'ancrer sans totalement oser, la nostalgie d'un passé révolu, qui réconforte mais qui brise aussi les ailes, cette envie de s'appuyer sur l'autre alors que pourtant l'inconnu effraie parfois, tout dans ce beau roman sonne vrai et touche au coeur ..

Ce que nous dit Joncour dans ce livre, c'est qu'au fond, ce qui rapproche les êtres est finalement plus fort que ce qui les sépare.



En brossant deux personnages ceux d’Aurore et de Ludovic’une grande complexité- dommage que les personnages secondaires le soient forcément un peu moins- Repose toi sur moi comme tous les grands romans nous pousse à nous poser des questions sur nos propres vies interroge notre monde et nos choix, ainsi que la vulnérabilité des êtres et la confiance en l'autre..



Un très beau roman, d’une grande pudeur et d'une belle délicatesse à lire impérativement en cette rentrée littéraire..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          860
Chaleur humaine

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé les personnages de « Nature humaine » dans ce dernier roman de serge Joncour.

L’histoire s’étire sur un temps très court, celui du confinement de mars 2020 pendant le coronavirus.

A cause de ce virus qui fait peur à tout le monde, les sœurs d’Alexandre débarquent à la ferme des Bertranges pour fuir le confinement et la folie humaine qui sévissent dans les villes.

Entre les trois sœurs qui ne s’entendent guère, le beau-frère Greg et les deux ados, le climat est électrique, tous sont à cran et il faut la patience et le bon sens paysan d’Alexandre pour calmer le jeu.

Alexandre est le seul à avoir poursuivi l’existence rurale de ses parents dont il s’occupe et ses sœurs parties aux quatre coins de la France découvrent ce frère qu’elles considéraient un peu comme un plouc et qui va devenir le pivot de cette famille désorientée.

Bien des péripéties viendront animer les journées et faire oublier la peur de la maladie.

L’épidémie, on la suit avec les actualités à la télé. Tout cela nous rappelle combien cette épidémie a été dramatique. Mais à la campagne, loin de tout, elle perd de sa gravité car, ici, il faut s’occuper des bêtes, semer les patates, repiquer les salades et surtout, faire face aux attaques d’insectes qui déciment les arbres.

C’est avec Constanze, amie d’Alexandre et conservatrice d’une réserve de forêt, que l’on découvre les méfaits du réchauffement climatique.

« Le changement climatique était une tempête invisible, sournoise. La hausse des températures faisait perdre à la partie superficielle des troncs les molécules qui lui permettaient de noyer les parasites dans la sève ou la résine, des sortes d’anticorps. Si les étés trop chauds et les hivers trop secs continuaient de s’enchaîner, les défoliateurs et les scolytes n’en finiraient plus de pulluler. »

Au-delà de l’épidémie de covid, Serge Joncour nous montre que c’est toute la nature qui est en danger, à cause de la folie des hommes et du réchauffement climatique. Pourtant, dès que l’activité humaine ralentit, elle reprend ses droits.

« Depuis le confinement, on croyait le monde à l’arrêt, alors que toutes les vies non humaines retrouvaient dans cette pause une terre à nouveau libre, en cessant leurs activités, les hommes libéraient toutes les autres formes de vie… partout les animaux reprenaient le dessus. »

En auteur engagé, Serge Joncour sait mettre le doigt là où ça dérape, il expliquer les dérives de l’élevage intensif, les dérèglements climatiques et la diminution des ressources en eau sans oublier la désertification des campagnes qui manquent de médecins et de vétérinaires.



A travers cette histoire de famille que l’auteur décrit avec ironie et affection, c’est une esquisse de notre monde un peu bancal et fragile qui nous est offerte.

J’ai beaucoup aimé la tendresse de l’auteur pour ses personnages et son engagement environnemental.

Un roman qui se lit avec passion



Commenter  J’apprécie          846
L'Écrivain National

C'était mon premier Joncour, choisi pour la couverture, le titre, la 4em de couverture.... On se transporte dans le personnage, on s'implante dans le décors, on s'impatiente de cette intrigue .....on se délecte des maladresses de son Serge.

Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est Joncour ou le Serge du roman qui m'a dédicacé l'écrivain National et son dernier Livre "Repose toi sur moi"...En tous cas, quelles ressemblances !!? :-)
Commenter  J’apprécie          841
Chien-Loup

Août 2017. Franck la cinquantaine, producteur de cinéma, est en couple depuis vingt-cinq ans avec Lise, une ancienne actrice. Lise veut passer trois semaines d'été dans le Quercy sur le mont d'Orcières, elle a loué une maison au beau milieu de nulle part. Elle veut passer du temps dans un lieu au plus près de la nature à la recherche du calme et de l'isolement dont elle a besoin après le cancer qu'elle vient d'affronter, elle veut peindre et s'adonner à la méditation et au yoga. Franck accepte par amour mais il est angoissé car cette maison au sommet d'une colline, cette bâtisse qui ressemble à une île entourée de verdure, est privée de tout réseau. Comment vivre sans téléphone et sans Internet quand on a besoin en permanence d'être connecté? D'autant plus qu'il a de sérieux soucis professionnels depuis qu'il s'est associé à deux jeunes loups qui ne rêvent que de coproduire avec Netflix, des associés qu'il voit comme des prédateurs prêts à tout pour l'évincer.



Dès le premier jour un chien sans collier, entre chien et loup, s'impose à eux, il semble vouloir leur dire quelque chose, peut-être les avertir d'un danger... Quel type de relation, quel jeu le chien demeuré à l'état sauvage cherche-t-il à instaurer avec eux? Qui a habité dans cette maison qui semble inoccupée depuis des années? Franck et Lise ne savent pas que la maison a abrité un siècle plus tôt, au début de la première guerre mondiale, un dompteur allemand et ses huit fauves.



Serge Joncour nous raconte l'histoire de ce village à un siècle d'intervalle. En août 1914, c'est la mobilisation, les hommes partent au front, ne restent plus au village que les vieux, les réformés, les femmes et les enfants. Un dompteur allemand, de passage dans le village avec son cirque, obtient du maire de se réfugier dans la maison sur la colline qui domine le village. Serge Joncour nous raconte la vie de ces femmes qui doivent remplacer les hommes, assurer les récoltes, travailler la terre avec l'angoisse constante d'apprendre la mort de leur mari, leur frère ou leur fils. Le tout dans un village dominé par les rugissements des fauves dans leurs cages, avec la crainte qu'affamés, ils n'en viennent à dévorer leurs enfants. A la peur s'ajoutent croyances et superstitions, elles sont persuadées que le Mont d'Orcières est maudit.



Parallèlement, avec une alternance régulière de courts chapitres, l'auteur nous montre comment Franck s'adapte à ce lieu qui l'aide à se retrouver, qui l'aide à retrouver la force du lien qui l'unit à sa femme, le tout avec la complicité du chien-loup.



Serge Joncour surprend avec ce roman bien différent de ses précédents. Il restitue à merveille la vie de ce village pendant la guerre, montre le rôle que les femmes ont joué pendant l’absence des hommes, assurant le travail de la terre avec des outils usés, sans engrais ni bête de trait car les animaux avaient été réquisitionnés pour le front. Il décrit l'ambivalence de leurs sentiments car elles se sentent fautives de continuer à vivre sans les hommes et de constater que leur monde peut tourner sans eux.

Il y a peu de personnages dans ce roman mais ils sont tous très forts, la nature sauvage à la violence totale et les animaux sont omniprésents, la relation entre l'homme et l'animal est superbement décrite. L'histoire que Serge Joncour nous conte avec une parfaite maîtrise est originale et captivante, il sait faire monter la tension et entretenir le suspense. Il nous montre que l'histoire parfois se reproduit, que la sauvagerie qui sévit dans notre monde moderne n'est pas bien différente de celle qui a marqué les années de guerre. Dans ce roman qui aborde de multiples thèmes, Serge Joncour met également en scène deux très belles histoires d'amour. J'ai tellement aimé ce roman que j'en ai ralenti la lecture à la fin pour le faire durer un peu plus.



Ce roman est finaliste du prix Landerneau.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
Commenter  J’apprécie          834
Nature humaine

J'aime bien Joncour.

Bien que connaissant excessivement peu et l'homme et son oeuvre, j'apprécie tout particulièrement son écriture empreinte d'une humanité et d'une simplicité qui me siéent particulièrement.



Fernand Raynaud serinait "J'suis qu'un pauv paysan, ça paye pu."

Aux Bertranges, ferme du lot exploitée par une famille ancestrale, faut pas se plaindre.

Malgré cette année 76 qui assèche l'air et le moral des plus optimistes, faut pas se plaindre.

Enfants, parents et grands-parents y sont nés.

Certains y mourront, question d'ancrage local.

La toute dernière génération de frondeuses se verrait bien tenter l'aventure de l'ailleurs, laissant à Alexandre, le frangin, un avenir aussi immuable que cette ferme familiale.



Joncour allie petite et grande histoire avec une force et une dextérité peu communes.

Balayant d'une plume grisante moult décennies, il évoque des changements sociétaux inéluctables portés par des individus eux-mêmes en pleine mutation.



Pour le quinqua que je suis, revisiter ces trois décennies initiées par la montée d'un Mitterrandisme alors bien timide, tout en évoquant les divers us et coutumes d'une époque révolue, m'ont procuré un bien fou.



Bien loin de susciter une quelconque nostalgie larmoyante, cette nature humaine nous rappelle que rien n'est gravé dans le marbre mais bel et bien appelé à évoluer (voire dévoluer) à une vitesse surprenante, agissant sur les êtres comme une machine à laver, fonction essorage.

Bien peu se révéleront fidèles à leurs idéaux passés, qu'ils fussent sociétaux, voire amoureux, rattrapés par un présent qui dissout les volontés les plus enracinées.



Une envie de bol d'air révolutionnaire ?

Cette nature humaine y pourvoira très facilement.



Délicieux moment.
Commenter  J’apprécie          8211
Chaleur humaine



Les aficionados de Serge Joncour se souviennent certainement des propos que l’auteur avait confiés à Livres hebdo, à la sortie de Nature Humaine, en 2020.

Il se disait «  embêté pour la suite, car il avait prévu une catastrophe écologique » or l’actualité l’avait rattrapé. Et d’ajouter : « désormais je ne peux plus faire l’économie du réel. Moi qui voulais inventer une histoire cataclysmique, le réel m’en fournit une encore plus folle ! ». Cette assertion du romancier : « Le présent est toujours le sésame du passé. Le passé résonne dans le présent » s’avère on ne peut plus juste. C’est un autre scénario qui s’est invité ! Une période digne d’un thriller.

C’est donc avec d’autant plus d’impatience que l’on aborde la lecture. Que les nouveaux lecteurs soient rassurés, Serge Joncour a glissé dans son quinzième roman un chapitre flashback sur l’année 2000 qui permet de faire la passerelle !



Le titre Chaleur humaine est tout aussi judicieux que celui de Nature humaine , car sujet à diverses interprétations. D’où provient cette « chaleur humaine », quelle en est la source?



La tranche de vie relatée s’étale sur presque deux mois, de janvier à fin mars 2020, année d’un chamboulement abyssal dans nos vies. Une façon de restituer un pan de mémoire collective. Le récit est daté comme un journal, on reconnaîtra les dates de vacances scolaires, la date du changement d’heure ( source de confusion pour le père) et surtout l’annonce du confinement due à la pandémie qui, après la sidération, va déclencher chez les urbains la ruée vers le vert.

Bienvenue aux Bertranges où vivent les parents Fabrier , leur fils «  sacrificiel » Alexandre, agriculteur éleveur, resté ancré au terroir, attentif au devenir de la nature soumise au réchauffement climatique.

Une famille toujours rivée au JT de 20 heures, « leur religion », d’autant plus que les annonces du gouvernement se multiplient, se contredisent et génèrent un climat anxiogène.





Le roman débute de façon saisissante. Le cameraman Joncour convoque une impressionnante scène d’ouverture à la fois bucolique et panoramique!

Imaginez un travelling, sur la mise en herbe des bêtes. Serge Joncour, en peintre animalier, nous immerge comme un tableau de Rosa Bonheur. Les vaches folâtrent dans les prés, « tambourinent le sol », surprises par la liberté, ivres d’espace, de soleil et d’herbe. On devine le lien viscéral qui unit Alexandre à son troupeau et à ses chiens.





C’est un retour à la terre-mère que les trois sœurs d’Alexandre choisissent. Pourtant brouillées depuis plus de 15 ans, « les trois lumineuses flammèches » décident de renouer avec leur frère , « au caractère souple », au calme olympien et de venir squatter la ferme de leur enfance. Elles s’assurent que le net fonctionne sans aller sous le tilleul ! Elles débarquent avec moult bagages ! Retrouvailles successives /en plusieurs temps. Assez cocasse le trajet en bétaillère pour convoyer Agathe, son mari et les rejetons ados ( dont un problématique). Il faut déjouer les contrôles. Bientôt les attestations de déplacement seront nécessaires.



Comment va se passer la promiscuité de la fratrie agrandie ?

On partage leur quotidien, leurs conversations animées ( ça s’écharpe, tensions) mais aussi leur isolement, la peur de contaminer leurs aînés, en prenant des repas avec eux.

On entend leurs confidences ( couple, travail...).

On baigne dans l’euphorie le jour où l’on sort la grande table pour prendre un repas ensemble, on contemple le ciel incendié au couchant. Vanessa , la photographe capture des instants d’harmonie. Caroline, «  madame le professeur », réclame le calme ! L’ado bricoleur répare une moto et explore les environs, espérant trouver des joints ! Agathe et Greg ont dû fermer leurs établissements.

On consulte les tutos pour fabriquer des masques ! Les effusions , les bises sont bannies, remplacées par les hugs ! On se suspecte au moindre éternuement, on mesure sa saturation d’oxygène… Une communauté sous cloche !



Chaleur humaine grouille de vie. Pléthore de personnages : le commis Fredo, le vétérinaire, la caissière du supermarché et les marginaux, ainsi que les scientifiques et ingénieurs à la Reviva...

Pléthore d’animaux : vaches, chiens, geais, faune sauvage dont les sangliers auxquels vient se greffer l’irruption non programmée de trois chiots. Les parents n’avaient-ils pas juré de ne plus adopter une bête ? N’en dévoilons pas plus ... La présence de ces trois «  touffes frisées » est auréolée de mystère. Toujours est-il que tout le monde s’attache à ces bichons intrépides, qui font des bêtises. Ils sont à la fois source de situations comiques, d’angoisse quand ils tombent malades, de panique quand ils disparaissent . Ont-ils été kidnappés ? Se sont-ils échappés ? Le récit prend alors une allure de thriller, car on garde les fusils à proximité, puis on les charge de chevrotine ! Le lecteur est tenu en haleine, d’autant plus que la famille détient « un vrai arsenal » !



Dans Chien-Loup, l’auteur a déjà révélé une évidente connaissance des chiens !

Rappelons cette citation : «  Être maître d’un animal c’est devenir Dieu pour lui. »

A nouveau, on sent qu’il les a côtoyés et a observé avec acuité leur comportement.

Comment ne pas craquer pour ces petits animaux «  aux toisons bouclées et cotonneuses », vibrionnants d’énergie, capables de chorégraphies endiablées.

Ces bichons si attendrissants. Vrais pacificateurs. Ces peluches vivantes n’ont-elles pas réussi à réunifier le « cheptel » ? Ces petits fauves ne viennent-ils pas « peupler  la seule patrie qui vaille : l’instant », pour reprendre une formule de Sylvain Tesson ! (1)



On sera également suspendu aux messages SOS de Constanze, la compagne d’Alexandre , qui fait penser au « super plumber » de Repose-toi sur moi, prêt à voler au secours de celle qu’il a toujours aimée, même éloignée géographiquement. Tous deux restent « soudés par l’indéfectible lien » de ceux qui s’en tiennent à l’essentiel, « une fraternité d’âme qui les hissait au-delà de l’amour ».



L’auteur , à la fibre écolo, offre une bouffée d’air, une parenthèse verte de sérénité avec le personnage de Constanze, cette militante écologiste qui vit à la Reviva, réserve biologique protégée, isolée, en Corrèze. Comme Erri de Luca, elle est attachée à toute forme de vie, au règne animal, si bien que tuer la moindre bestiole devient sacrilège. Pourtant Alexandre voudrait bien éradiquer un frelon asiatique. Ce sanctuaire végétal n’est pas à l’abri des virus, des maladies et on entend la tronçonneuse et les arbres tomber.

La belle blonde sportive s’avère une digne héritière du paysan Crayssac à qui Alexandre rendait visite, conscient qu’il détenait une forme de sagesse.



C’est d’ailleurs dans ce site naturel sauvage, fief de Constanze, que Serge Joncour réunit tout le clan pour le tableau final nocturne rassérénant ! Pas besoin de feu d’artifice, « la nuit tomba sur un brasier encore géant », incandescent.

La Reviva leur offre une parenthèse inédite proche du nirvana , un havre de paix, d’apaisement.



Dans ce roman, Serge Joncour , en gardien de la mémoire, nous replonge dans les affres de la Covid ( premiers malades, quarantaine des rapatriés de Wuhan...), un moment de l’histoire que chacun a vécu avec ses angoisses, ses colères, sa révolte( le hashtag « on n’oubliera pas »)… et en distanciel.



L’auteur ne manque pas d’épingler le gouvernement quant à la gestion de la crise sanitaire (le coup de poignard du 49,3) , dénonce de façon cinglante tous les trolls de Twitter (pour qui le virus n’est qu’une grippette !) Il pointe le désert médical , ainsi que la pénurie de Doliprane. On recourt au véto faute de toubib.



Il ne cache pas ses préoccupations concernant la crise climatique, soulignant l’impact sur la gestion des bêtes. Bientôt, « au lieu de les rentrer l’hiver pour les protéger du froid, on les rentrerait l’été parce qu’il ferait trop chaud ».

L’écrivain fait d’ailleurs remarquer la précocité de la nature : «  le printemps est en hiver ».



Parmi les autres thèmes de prédilection développés :les maladies des arbres et des animaux, les éoliennes, son aversion pour les avions !



Serge Joncour nous immerge dans un huis clos rural avec des trouées sur la forêt, les pâturages ,des plages de silence, qui contrastent avec les conversations animées de la fratrie, les pétarades de mobylette, le feulement des éoliennes, les aboiements, les glapissements...

Son écriture cinématographique indéniable fait défiler certaines scènes avec intensité et son talent pour décrire les paysages restitue, tel un peintre, l’éveil de la nature. On ne peut rester insensible aux fulgurances poétiques !



Chaleur humaine est un cocktail explosif, pétri d’adrénaline, de stress avec beaucoup de fraternité, de tendresse , d’amour et une pointe d’humour, au coeur d’une végétation étonnamment précoce. Un 15ème opus prenant, intergénérationnel (dans la même communion, on ne récolte plus le safran mais on plante les pommes de terre).

L’écrivain s’impose par sa plume qui trempe à la fois dans le rural et l’urbain ainsi que dans les rumeurs du monde et des réseaux sociaux. Un univers mixte d’une riche variété : le nectar de la maturité ! A savourer avec les cinq sens, loin des masques ,du gel hydroalcoolique et en « s’abreuvant du moindre répit, de la moindre paix ». Laisser vous draper dans cette lénifiante chaleur humaine !



(1) Les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
Commenter  J’apprécie          8116
Chien-Loup

Lorsque nous commençons une nouvelle année de lecture, nous savons que nous allons trouver des petites pépites!! Parfois en nombre, parfois non! C’est cette recherche qui me pousse à lire de nombreux auteurs et genres différents durant l’annee. Joncour, je n’avais rien lu de lui. La rentrée littéraire, pour y avoir baigné de nombreuses années.... je laisse passer cette période de frénésie d’avis et de prix.

Alors lorsque ma libraire a « recommandé chaudement » pour ne pas dire imposé aux membres de notre club de lecture de lire Chien Loup.... j’y suis allée (elle n’impose jamais mais la....)

Que dire, tout nous emporte dans cette lecture. L’histoire, le rythme, le suspens, la fragilité des personnages, la beauté des paysage, la durete de la vie durant la guerre en 1914 ou sans réseau en 2017.

J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur la semaine dernière. Pourquoi n’est il sur aucune liste de prix??? L’histoire d’un dompteur n’est pas forcément correcte! Voilà pourquoi les dissous des prix littéraires sont toujours à garder en tête et moi, je lui décerne le prix de mon meilleur roman de l’annee!!
Commenter  J’apprécie          815
L'Écrivain National

C'est au cœur d'une petite ville nichée entre le Morvan et la Nièvre que Serge, écrivain, est attendu avec impatience. Invité en tant qu'auteur en résidence, il compte profiter du calme de cette région forestière et éloignée et prendre du recul. Arrivé à bon port, dans cette gare paumée de rase campagne, il attend l'arrivée de Michel, le libraire, qui devait l'accueillir. Pour patienter, il s'installe derrière le petit comptoir, sirote un café en lisant le journal local. Aussitôt un fait divers attire son attention, notamment à cause du titre mais surtout d'une photo. Un octogénaire, un brin illuminé et à la fortune enfouie, a mystérieusement disparu. L'on soupçonne un couple marginal de néoruraux responsable de ces faits. La femme, surtout, trouble Serge à tel point qu'il décide de mener sa propre enquête...



La venue tant attendue et espérée de l'écrivain national, comme l'a si joliment qualifié le maire de ce petit village, va en bouleverser la quiétude. Car, outre ses séances de dédicaces, ses ateliers d'écriture ou encore la rédaction d'un feuilleton dans le quotidien régional, il n'était nullement prévu que ce dernier fourre son nez dans ce sombre fait divers. D'habitude si en retrait, un brin gauche et timide, Serge va être bousculé et chamboulé. Au-delà de l'intrigue de ce fait divers qui obnubile notre écrivain national, Serge Joncour dissèque, non sans humour, cynisme ou dérision, le métier d'écrivain et le rapport avec son lectorat. Oscillant entre réalité et fiction, entremêlant roman à suspense, autobiographie, romance et chronique social, l'auteur nous offre un scénario maîtrisé de bout en bout et passionnant. L'on aime se promener dans les bois avec Serge. Saisi d'une nouvelle liberté, l'on aime désobéir. L'on aime voir cet écrivain face à son lectorat. D'une plume légère et fine, Serge Joncour décrit avec précision, malice, tendresse et tact ce monde rural, ces paysages sauvages, cette population parfois brute et ces rapports humains parfois si compliqués. Un roman particulièrement original, juste, malin et vivant.
Commenter  J’apprécie          804
Chien-Loup

Dans ce roman, l’auteur alterne deux histoires, une qui se déroule en 1914, la guerre vient de commencer, les hommes et le bétail sont réquisitionnés, les femmes doivent prendre en main les travaux fermiers dans ce village d’Orcières perdu, maudit car plus rien n’y pousse, on a brûlé les sols à force de traitements pour le Phylloxera.



Un jour arrive un oiseau de mauvais augure : un pèlerin et sa mule qui se dirigent vers Saint-Jacques et font halte chez le docteur Manouvrier et sa femme Joséphine…



« Après une nuit courte le marcheur et sa mule étaient repartis à l’aube, ne doutant pas de cheminer comme ça jusqu’à Saint-Jacques, alors qu’ils fonçaient droit vers un jour de guerre. » P 19



Un dompteur allemand, déserteur en quelque sorte car il veut que ses fauves échappent à la réquisition, va s’installer avec lions et tigres, sur les hauteurs d’Orcières, donnant lieu à toutes sortes de spéculations, il faut bien nourrir ces animaux, que l’on entend hurler dans la plaine. Le récit en 1914 est centré sur Joséphine, la femme du médecin du village, qui sera une de première victime de la guerre et sur le dompteur.



En 2017, débarque dans cette même région, un couple, Lise, qui vient de réchapper d’un cancer et Franck : elle a trouvé une maison isolée dans les Causses loin de tout, pour se ressourcer, méditer, marcher communier avec la nature, elle en a assez de toutes ces pollutions : sonores, fumées des véhicules, ondes de toutes sortes, sans parler des phytosanitaires et des perturbateurs endocriniens et de l’incivilité actuelle.



Franck est très anxieux car pas de connexion Wi Fi alors que ses associés veulent le mettre sous la touche. Il est producteur de cinéma et fait face à deux jeunes loups, issus du milieu du jeu vidéo et qui ne cherchent qu’à récupérer son catalogue pour faire des affaires avec Netflix, l’avenir du cinéma selon eux.



J’ai adoré ce roman car Serge Joncour nous livre une très belle réflexion. Qu’y a-t-il de si différent entre la guerre de 14 qui a fait tant de morts et de violence, et le climat qui règne aujourd’hui ? On est toujours dans la violence, avec la guerre numérique qui a remplacé celle des chars, elle est plus subtile mais elle est là. La société actuelle n’est pas tendre, il y a de la violence, de la haine, de la jalousie.



Les prédateurs ont changé, avant c’était les souverains, « Ces filiations prodigieuses où le Kaiser était le neveu du roi d’Angleterre et le cousin du tsar, elles étaient sur le point d’exploser » qui voulaient agrandir leurs royaumes et envoyaient leur peuple au casse-pipe; maintenant les prédateurs ont pour nom Netflix, Amazon qui ont les dents aussi longues et veulent bouffer ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre.



« L’image que Franck se faisait d’Amazon et Netflix, c’était celle de deux prédateurs mille fois plus gros que tout le monde, avec un appétit sans limite, deux super-prédateurs qui comme les loups régulent l’écosystème en éliminant d’abord les proies les plus faibles, les plus petites, les plus vulnérables, avant de s’imposer comme les maîtres absolus du jeu… » P 229



Serge Joncour évoque au passage le « conflit des générations » avec les jeunes loups, qui sont les associés aux dents longues de Franck, d’un égoïsme sans bornes, qui écrasent tout sur leur passage, pour encaisser le maximum d’argent et de notoriété, tellement imbus d’eux-mêmes qu’ils ne se remettent jamais en question : ils ont tous les droits ! en 1914, la solidarité était davantage présente, mais les gens du village se surveillaient, se jalousaient, la violence avait un exutoire au combat…



L ’homme est un loup pour l’homme. Dès que la société est en crise, elle a besoin d’un ennemi, une tête de turc, en 1914, un dompteur allemand, de nos jours un étranger que l’on stigmatise.



Au passage, j’ai adoré ce chien-loup, croisement d’un chien civilisé (!) et d’un sauvage, qui adopte Franck, lui révèle sa puissance potentielle, déclenchant une réaction vis-à-vis de ses associés.



La solitude peut être contrainte, le village s’est vidé de ses hommes, et leur absence résonne, ou elle peut être choisie, c’est le cas de Lise qui retrouve une sens à sa vie dans le contact avec la nature, la méditation, la vie saine. Qu’elle soit choisie ou pas, le silence est maître dans ce décor grandiose, un silence peut se révéler assourdissant.



Les chapitres se succèdent assez rapidement, alternant les deux périodes du récit, ce qui donne un rythme de plus en plus puissant, haletant.



La dépendance de certains personnages vis-à-vis de leur portable, du Wi-Fi, d’Internet est abordée de manière très drôle: circuler le bras tendu vers le ciel, à la recherche du réseau, en proie à la panique…



« Depuis des années, sans même qu’il s’en rende compte, aller sur Internet relevait du réflexe. Il en avait autant besoin que de café. »P 135



J’aime beaucoup Serge Joncour, car à chaque page on retrouve son amour de la Terre, de la Nature avec laquelle il communique, de son respect pour le monde rural qui ne l’empêche pas de se montrer parfois intransigeant et un peu caustique. On sent son écriture monter en puissance au fil des romans.



J’ai eu la chance de le rencontrer, lors d’une séance de dédicace à la bibliothèque et je suis restée sous le charme… Il en impose par la manière dont il parle de ses romans de la manière dont il écrit autant que par sa stature (il ne doit pas être loin des 1,90m).



Ce roman est un véritable coup de cœur, il me permet de terminer 2018 en beauté. Un des romans phare de cette rentrée littéraire, en ce qui me concerne.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          792
Chien-Loup

Juillet 1914. Des cris déchirants dans une nuit paisible d'été. Des cris que l'on n'avait jamais entendu à Orcières-le-bas. À l'aube sonnera le tocsin. Tous les hommes, aptes au combat, devront rejoindre le front, certains qu'ils seront de retour d'ici quelques jours, voire quelques semaines. Les animaux les plus vaillants seront réquisitionnés. Seules, les femmes n'auront d'autre choix que de se mettre au labeur. Le maire de ce petit village isolé et paumé du Lot cachera aux commissions de réquisition les quelques deux cents moutons. De même qu'il taira la venue de ce dompteur, venu se réfugier dans cette maison sur le mont, et de ses huit grands fauves...

Août 2017. Lise, actrice aujourd'hui sans travail, rêve de vacances loin de tout, d'un endroit isolé, sauvage, déconnecté. Renouer avec la nature, se ressourcer. Aussi décide-t-elle de louer ce gîte perdu sur le mont d'Orcières pour trois semaines. Franck, son compagnon, producteur de cinéma, voit d'un très mauvais œil ce séjour dans ce lieu spartiate, sans connexion, sans télé et à l'accès très difficile...



Au mont d'Orcières, les croyances et superstitions rythment la vie de ses habitants. Aussi, lorsqu'un certain Wolfgang Hollzenmaier, un dompteur allemand de fauves, vient s'installer dans cette maison éloignée et maudite, l'on se méfie et l'on craint le pire. Qui plus est, cette fichue guerre n'en finit pas. Les femmes, ainsi que les vieillards, doivent s'atteler plus que jamais au travail. À un siècle d'écart, c'est dans cette même bâtisse que Lise et Franck vont passer trois semaines. Loin de tout, de la foule, du travail. Hors du temps. Seuls ou presque... Passant alternativement, en courts chapitres, d'une période à l'autre, Serge Joncour nous plonge dans une ambiance à la fois inquiétante et oppressante. Un roman au cœur duquel la sauvagerie et la violence affleurent, l'instinct et l'intuition habitent chacun, les peurs, parfois déraisonnables, demeurent, la mort hante et rôde et l'amour, lui, renait de ses cendres. Dans la chaleur suffocante de ces deux étés, les corps et les âmes se dévoilent sous la plume lyrique de Serge Joncour.
Commenter  J’apprécie          794
Repose-toi sur moi

Un livre magnifique, porté par des personnages attachants, sensibles, une belle réflexion sur l'amour et le couple, et une écriture addictive. Tout au long de ma lecture, j'ai oscillé entre les émotions, j'ai cru comprendre où l'auteur nous emmenait, mais été surprise par le cours que prenait l'histoire.



Bonne pioche pour ma première lecture de la rentrée littéraire !



Un vrai coup-de-coeur
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
Commenter  J’apprécie          790
Chien-Loup

Avec une certaine hâte, me levant dès potron minet, j'ai voulu finir ce magnifique livre ce matin.

Serge Joncour, c'est d'abord et surtout une écriture superbe, belle à en pleurer.

Cette écriture âpre, lumineuse, sauvage, parfois violente, je l'aime à chaque fois davantage.

Pour moi, il y a du Balzac et aussi un peu de Philippe Claudel dans cette écriture.

Oui, pour moi, à ce jour, c'est son meilleur livre.

Il nous prend par la main mine de rien et nous entraîne dans le royaume de la nature, des animaux sauvages, de l'amour, de la violence, du désir, désir qui n'a pas de secret pour lui tant il en parle si bien.

Roman sur deux époques, celle du début de la première guerre mondiale, et celle d'août 2017. Mêmes lieux, mêmes collines, même maison mais pas la même époque.

Il nous offre une bien belle histoire.

Ce roman ne plaira pas aux végétariens ou aux vegans, car il est beaucoup question de viande, de boucherie, de bêtes sauvages, de dévoration, de lions et de tigres, tous mêlés, cela donne l'idée d'un conte, mais sur deux époques de cent ans d'intervalle.

Avec beaucoup de finesse et de justesse, Joncour nous fait entrevoir la progression inéluctable de Franck accompagné de sa femme, Lise, lui qui ne voulait pas venir s'enterrer dans cette maison du Lot, cernée par les collines, loin de tout.

Et pourtant, la magie opérant, il sera, à la fin, dans son élément. Et il ne voudra plus partir.

Et puis n'oublions pas Alpha (petite précision, c'est le nom que l'on donne aux femelles ou aux mâles dominants dans une meute), ce superbe animal moitié chien moitié loup, qui est décrit merveilleusement, dont on ne sait d'où il vient, mais qui restera fidèle à Franck jusqu'au bout.

Forcément, vivant avec une meute de chiens, ce livre ne pouvait que me plaire !

C'est un livre magnifique que je vous conseille, deux histoires entremêlées, imbriquées, presque identiques.

Oui, décidemment, ce dernier Joncour est extraordinaire, cela ne m'étonnerait pas qu'il remporte un prix littéraire.

Ce livre est comme l'émerveillement d'un jour nouveau.

A lire, sans l'ombre d'une hésitation.



Commenter  J’apprécie          785
Chien-Loup

L’homme est un loup pour l’homme. Serge Joncour a fait de cette constatation, vérité universelle et aphorisme remontant à la Rome antique (fondée elle-même par des frangins élevés par une louve) un roman fort et dense. Deux périodes sont choisies par l’auteur de « Repose-toi sur moi »(déjà brillant, bouleversant et chroniqué sur notre page, au début de notre histoire) pour développer ce constat. Les premiers jours de la 1ère Guerre Mondiale dans le causse du Sud de la France et le même endroit mais en août 2017.

.

Frank et Lise choisissent pour leur vacances d’été une propriété loin de (vraiment, mais alors vraiment) tout. Au-delà du décalage violent pour Frank entre la civilisation bruyante dans laquelle il travaille et s’épanouit (moins que l’on ne croit) et ce désert silencieux et non-connecté, Frank et Lise vont ressentir les échos de cette guerre du passé dans leur vie (qui pourrait être la nôtre) si moderne.

.

Serge Joncour réalise ce que peu d’auteurs contemporains parviennent à réaliser : un roman poignant, reculant devant toute facilité, prenant son temps dans la démonstration et surtout avançant avec la résignation patiente d’un loup à l’affut. Le Chien est la métaphore de ce qui en l’homme peut se domestiquer et taire ses plus vifs et viles instincts et le Loup la part de sauvagerie que le contact à la nature et à la peur peut réveiller en tout un chacun. « Chien-Loup » est à la fois une œuvre moderne car il met audacieusement en parallèle le prédateur sauvage et Netflix (et oui !) et un roman classique, imparable, dont la force se ressent en tout temps et en tout lieu. Il est rare pour le lecteur d’aujourd’hui d’avoir ce sentiment vertigineux d’être le jouet d’un auteur au sommet de son art, se sentir sonné à la fin de sa lecture par la justesse du propos. Bravo Monsieur Joncour et merci !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          781
Nature humaine

De la sécheresse à la tempête



De 1976 à l’aube de l’an 2000, Serge Joncour raconte l’évolution de la France à travers le regard d’un jeune agriculteur du Lot. Ce faisant, il dévoile beaucoup de la Nature humaine.



Après Chien-Loup, revoilà Serge Joncour au meilleur de sa forme. Nature humaine est un roman riche, épique, tranchant. Il s'ouvre en juillet 1976, à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent certes pas connaître, mais qui a marqué tous ceux qui comme moi l'ont vécue. En juillet, la première grande canicule provoque de nombreuses interrogations et une remise en cause du système productiviste: «Cet été de feu avait déréglé tout le monde, avait tout chamboulé.» Pour les agriculteurs, le choc est rude. Et ce n'est pas «l'impôt canicule» décrété par le gouvernement de Giscard d'Estaing qui est susceptible de les rassurer. À commencer par les Fabrier, la famille mise ici en scène. Les trois générations qui s'activent dans les champs brûlés par le soleil entonnent leur chant du cygne. Ils plantent pour la dernière fois du safran, une culture qui exige beaucoup de main d'œuvre et ne peut plus rivaliser au niveau du prix avec les importations d'Iran, d'Inde ou du Maroc.

Les grands-parents sont usés, les parents pensent à la retraite. Mais pour cela, il faudrait que leur fils Alexandre se décide à reprendre l’exploitation. Car ses trois sœurs ont déjà choisi une autre voie. Caroline, qui s'apprête à passer son bac, partira étudier à l’université de Toulouse. Vanessa, 11 ans, rêve d'être photographe et parcourt déjà la région avec son instamatic en bandoulière. Quant à Agathe, 6 ans, elle suivra sans doute ses sœurs.

Mais Alexandre n’a pas encore décidé de son avenir. Et ce n’est pas le Père Crayssac qui va l’encourager. Vieux contestataire, il a été de tous les combats, se rend régulièrement au Larzac où l’armée envisage d’installer un camp d’entraînement, refuse même que les PTT installent une ligne téléphonique sur ses propriétés. D’un autre côté, Alexandre voit bien les camions-citernes des militaires venir abreuver les bêtes et doit bien constater que «sans les Berliet de l'infanterie, les vaches auraient été aussi desséchées que le fond des mares.»

Si ce roman est si réussi, c’est qu’il met en lumière les contradictions, les espoirs et les illusions des uns avec l’expérience et les peurs des autres. En choisissant de se concentrer sur quelques dates-clé de notre histoire récente comme l’élection de François Mitterrand en 1981, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986 ou encore la tempête Lothar en 1999, quelques jours avant le basculement redouté vers l’an 2000, Serge Joncour souligne avec vigueur les changements dans la société, le divorce croissant entre l’homme et la nature.

Alexandre, qui a rencontré Constanze – étudiante venue d’Allemagne de l’est – dans la colocation de sa sœur à Toulouse, devenant alors le gardien des valeurs et des traditions dans un monde qui ne jure que par le progrès, la technologie, les «grandes infrastructures». Le but ultime étant alors de désenclaver le pays, y compris ce coin du Lot. Pour se rapprocher de sa belle, il va se rapprocher des étudiants qu’elle côtoie, antinucléaires prônant des actions radicales, et se brûler à son tour les ailes.

Si une lecture un peu superficielle du roman peut laisser croire à un manuel conservateur soucieux de conserver la France d’antan avec ses paysans et une agriculture raisonnable, pour ne pas dire raisonnée, Serge Joncour est bien trop subtil pour en rester là. À l’image de son épilogue, il préfère poser les questions qu’apporter les réponses, donner à son lecteur matière à réflexion et, sous couvert du roman, rapprocher deux mots qui ont trop eu tendance à s’éloigner, nature et humain. N’est ce pas ce que l’on appelle l’écologie?




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          772
Chien-Loup

C’est un immense roman que je referme.

Serge Joncour signe peut-être avec « Chien-Loup » son meilleur roman, le plus intense, le plus envoutant.

Si je dis « peut-être », c’est que j’ai pensé la même chose du précédent « Repose-toi sur moi » et que je dirai probablement encore la même chose du prochain.

Et oui, Monsieur Joncour, Je vous ai aimé, je vous aime et vous aimerai !



Bref, revenons à ce « Chien-Loup » qui nous plonge dans l’univers hostile de la campagne, au bout du bout du monde, au fin fond du Lot, une zone blanche, sans aucune connexion Internet, ce qui risque de rendre fou Franck producteur de cinéma qui a suivi son épouse Lise soucieuse de se ressourcer au calme, loin de tout.



En parallèle, on découvre le village pendant la Première Guerre Mondiale. Les hommes sont partis au front, les femmes sont restées seules avec les vieillards et les infirmes. Un jour arrive un allemand dompteur de lions, qui s’installe avec ses fauves sur les hauteurs du village.



Je n’ai pas envie d’en dire plus sur ces deux histoires, d’autres l’ont fait et très bien fait.



Serge Joncour est plus qu’un écrivain, c’est un conteur, un raconteur, un vrai, un talentueux. Le lire, c’est accepter de vivre hors du temps pendant quelques heures, c’est s’imprégner d’une atmosphère étrange où le présent et le passé se télescopent, où les humains et les animaux se livrent à une sorte de jeu fascinant et dangereux.



La maîtrise de l’écriture de Serge Joncour me fascine à chaque fois, peu d’écrivains savent trouver des mots simples pour en faire des phrases et des histoires extraordinaires.



Bon, je vais m’arrêter là, car je pourrais écrire encore et encore sur l’écrivain de mon cœur.

Que voulez-vous ? Quand on aime…



Commenter  J’apprécie          759
L'Écrivain National

Avoir un flash de fascination pour une photo dans un journal, en page faits-divers...

Etre obsédé par une image de jeune femme, impliquée dans une sombre affaire de disparition de vieil ermite...

Le mystère s'invite dans les vacances littéraires de l'Écrivain, dans un petit village du Morvan.

L'insolite pique sa curiosité et le coup de foudre le titille, mais il aurait été bien inspiré de se mêler de ses petites affaires au lieu de s'entêter à comprendre et à mener l'enquête.

"Cela ne va pas plaire à tout le monde" lui prédit son copain le libraire.



La quatrième de couverture évoque une atmosphère à la Chabrol, ce que je trouve tout à fait pertinent. L'écriture ample et aisée, joyeuse et impertinente frise parfois le lyrisme d'un orateur aux propos qui s'envolent: la description d'une forêt sous la pluie ou le travail d'une scierie sont des morceaux de choix!



Une pointe d'humour par ci, une pincée d'autodérision par là, un zeste de condescendance pour la vie en "régions", petits ingrédients de situations saugrenues qui pimentent une fiction bien sympathique. L'écrivain est un anti héros un brin naïf, qui accumule les ennuis sans jamais désarmer.

J'ai été happée d'emblée par le contexte provincial bonhomme et néanmoins méfiant, et par la joyeuseté narrative. Si l'action fait parfois du "sur place" et l'histoire sentimentale semble très improbable, Serge Joncour a le talent de garder captif son lecteur par un plume satirique jubilatoire.



Mélangeant les genres littéraires avec élégance, sur fond de xénophobie et de savoureux brocardage de société pastorale, le meilleur de ce livre protéiforme est sans doute la compréhension du métier d'écrivain, ses divagations créatives, ses sources d'inspiration, son éthique concernant un droit moral à piller la vie d'autrui. Il met aussi en lumière la fragile frontière entre le "réel" et les personnages de fiction et le difficile exercice qu'est la rencontre auteur-lecteurs.



Les images qui resteront: un atelier d'écriture avec des illettrés (fallait oser) et une table ronde avec lectrices irascibles...dont je ne fais pas partie car je trouve que c'est un excellent cru, cher auteur!

Commenter  J’apprécie          750
Chien-Loup

Nous voici en 1914.

Nous voilà en 2017.

D'un millénaire à l'autre, d'un chapitre à l'autre, Serge Joncour évoque deux époques en un même endroit : un gite hors du temps, isolé aux confins du Quercy. Bois et collines à perte de vue, zéro réseau, zéro voisin, zéro magasin. De quoi décompresser dans les grandes largeurs.



Précisément en quête de ressourcitude, un couple de citadins s'en va donc vivre, sans le savoir, sur les traces légendaires d'un mystérieux personnage, maître de ces lieux un siècle auparavant.



Je ne divulguerai rien des deux intrigues qui s'entrelacent ici, mais passais juste pour dire vite fait que j'ai dévoré ce livre dont j'ai aimé l'originalité, la construction, l'atmosphère et le ton. Aimé aussi la subtilité avec laquelle Joncour se joue tranquillement de nos peurs sans pour autant se vautrer dans l'abominable. Ses deux histoires en écho ressemblent finalement à cette nature ambiguë dont il a manifestement pris plaisir à dépeindre le paradoxe : sauvage, hostile, généreuse et apaisante.



Un formidable roman de déconfinement.


Lien : https://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          7415




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs de Serge Joncour Voir plus

Quiz Voir plus

Nature humaine : Serge Joncour

Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

VRAI
FAUX

10 questions
29 lecteurs ont répondu
Thème : Nature humaine de Serge JoncourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}