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Critiques de Serge Joncour (1574)
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L'Écrivain National

Je l’avais sous le coude depuis un bon moment déjà, mais curieusement et sans respect de l’ordre d’arrivée, tandis que d’autres ouvrages lui brûlèrent la priorité, un peu comme si un temps s’imposait pour désapprendre l’influence de la dernière retombée littéraire, celle de 2014, je le découvre seulement maintenant. Il m'a plu. Dans ce type d’écriture, ce que j’aime c’est cette aptitude à exprimer des sentiments si authentiques qu’ils se transposent en réalité. L’auteur et les auteurs sont fondus et confondus ensemble dans l’atmosphère rurale d’un petit village du nivernais, (un village que je connais bien ce qui n’enlève rien à ma proximité avec le récit), qui se heurte entre la conservation d’une pratique ancestrale et le passage à la modernité en ce qui concerne le traitement du bois. Conserver la scierie artisanale ou installer la scierie industrielle selon le vœu de Monsieur le maire ? Mais pour trancher sur ce dilemme, il nous faut d’abord nous forger une opinion pour savoir de quoi l’auteur est l’auteur. S’il est frileux ou au contraire, capable de braver la pluie, les us et coutumes des habitants de cette campagne faussement paisible et le regard de la belle Dora.
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Chien-Loup

C'est une belle histoire que nous raconte là Serge Joncour, un roman à la Giono, mêlant hommes et bêtes dans des territoires reculés, des terres quasi sauvages où la nature prolifère.

Lise, actrice parisienne sans emploi, a repéré une location de vacances sur Internet : dans le Lot, « au coeur du triangle noir du Quercy », à une demi-heure de Limogne, une maison inoccupée depuis fort longtemps sur une hauteur au milieu d'une espèce de jungle, un lieu très difficile d'accès - ils devront louer un 4X4 -, sans télé ni Wi-Fi. Et le premier village à 25 km ! Tandis que Lise trouve ce gîte idéal pour l'été, Franck, en vrai Parisien, n'imagine même pas une seule seconde un mois d'août dans ce trou perdu sans que mort s'ensuive.

Je vous laisse deviner qui aura le dernier mot…

À peine arrivée, Lise admire le paysage à couper le souffle, heureuse d'être enfin loin des mauvaises ondes et de la pollution urbaine : elle souffle, se sent immédiatement dans son élément. Rien ne l'effraie : ni le côté rustique de la maison, ni l'absence de confort, ni cette nature rude et sauvage, ni les feulements et les hurlements nocturnes, ni les yeux gris-vert qui dans l'obscurité les regardent prendre leur premier dîner sur la terrasse.

Franck, lui, est perdu : il est clairement hors de sa zone de confort, court partout pour tenter de choper une barre, une toute petite barre qui lui permettrait de communiquer avec ses contacts. « Sans plus le moindre sang-froid il se mit à marcher de long en large pour essayer d'attraper du réseau quelque part, il tenait le téléphone tendu devant lui, comme une télécommande pour rallumer le monde. » Son métier de producteur le contraint à rester joignable n'importe quand, d'autant que ses nouveaux collaborateurs sont prêts à pactiser avec le diable, en l'occurrence Netflix et Amazone, ce que Franck, adepte du cinéma en salle, refuse catégoriquement. Loin de tout, il a le sentiment de ne plus rien maîtriser et de se faire manger par ses deux collègues formatés par les jeux vidéo, deux jeunes loups qui veulent livrer son catalogue de films au plus offrant.

Pour lui, c'est clair, il ne restera pas trois semaines dans ce lieu.

En attendant, ils sont seuls comme des naufragés sur une île déserte. S'il leur arrivait le moindre problème, personne ne pourrait leur venir en aide.

Personne.

Que feront-ils lorsqu'un chien-loup viendra tourner autour de la maison ?

Parallèlement à l'histoire de Lise et de Franck, Serge Joncour nous en raconte une seconde, une plus ancienne qui commence en juillet 1914. Dans ces mêmes lieux, un siècle plus tôt, dans un village appelé Orcières-le Bas, hommes et animaux sont réquisitionnés : c'est la guerre. Ils doivent partir. Fernand le maire a l'idée géniale de cacher sur le mont, dans des prairies, deux cents moutons. Parce qu'il faut bien que les gens mangent. Mais ce qu'il doit cacher ne s'arrête pas à cela : dans des carrioles bariolées estampillées Pinder viennent de débarquer huit grands fauves, cinq lions et trois tigres, accompagnés de leur maître, un dompteur musclé à l'accent allemand : Wolfgang Hollzenmaier.

Or le tocsin vient rapidement mettre fin à cette ambiance de fête : le chapiteau est démonté au plus vite, les clowns, jongleurs et acrobates sont réquisitionnés. Il reste juste un dompteur qui veut protéger ses bêtes. Que fait-on d'un dompteur allemand en temps de guerre et de surcroît sur un territoire ennemi ? Le livre-t-on aux autorités ? Et puis, ces fauves, il faut qu'ils mangent ! Les animaux vont-ils passer avant la population qui a faim ? Ne risquent-ils pas de s'échapper à la moindre occasion et de se jeter sur les enfants du village ? Le maire et l'instituteur insistent pour qu'on les cache et c'est ainsi que l'homme et ses fauves trouvent refuge dans une maison en hauteur… celle-là même que loueront Lise et Franck un siècle plus tard sans imaginer une seule seconde tout ce qui a pu se passer dans cet espace où ils comptent se reposer !

Les lieux gardent-ils la mémoire des événements passés ? Les fauves de Wolfgang hantent-ils les lieux un siècle plus tard ? Rôdent-ils encore le soir aux abords de la maison, prêts à dévorer les petits Parisiens vegan à la chair tendre ?

Comment Franck va-t-il supporter cet isolement qui, paraît-il, peut rendre fou ? Va-t-il vaincre sa peur, accepter d'être observé le soir par on ne sait quelle bête féroce ?

Oui, il y a du suspense dans ce roman et beaucoup de tension. On sent que quelque chose va craquer comme ces violents orages qui déchirent le ciel au coeur d'un été étouffant.

Mais surtout, c'est une histoire magnifique, de celles qu'on n'écrit plus vraiment, une histoire d'hommes et de bêtes, de violence et d'amour, de haine et de complicité, de peur et de tendresse. Oui, une bien belle histoire, permettant aussi d'explorer la part de « sauvage » présente dans tout être civilisé et qui ne demande qu'à refaire surface si l'occasion s'en présente.

Allez, pour apporter un bémol à cette avalanche de compliments, il me semble que ce texte fabuleux aurait peut-être mérité une écriture avec plus de relief, plus d'éclat, une écriture qui aurait eu quelque chose à voir avec celle de Giono... (Mais sans doute, est-ce ma passion pour l'auteur d'Un Roi sans divertissement qui m'égare ?)

Et puis, je me demandais s'il n'était pas possible d'échapper à l'alternance par trop mécanique de courts chapitres renvoyant aux deux époques du livre, procédé tellement répandu actuellement...

Peut-être suis-je bien sévère pour finir… Car je le répète : j'ai pris un immense plaisir à lire ce scénario captivant, cette folle histoire d'hommes et de bêtes dont je ne peux que vous conseiller la lecture !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Nature humaine

Le dernier quart du 20e siècle, l’humanité a connu une accélération subite, pas forcément positive.

Serge Joncour nous en fait prendre conscience, tel un sociologue, à travers une famille d’agriculteurs de l’Ouest de la France.



Cette famille composée des parents, de trois filles et d’un garçon connaitra les aléas de la mondialisation (vache folle, autoroutes biffant la paix de la nature, normes asphyxiantes pour l’élevage etc.), l’avancée du nucléaire avec la construction de centrales mais aussi ses limites cristallisées dans la catastrophe de Tchernobyl, les contraintes du profit à tout prix, et j’en passe.

Eh oui, la vie devient difficile pour ces gens attachés à leur terre, à leurs bêtes dont ils veulent le bien-être. La nature, ils en font partie intégralement, même si les filles de la famille préfèrent les attraits de la ville, Toulouse. A travers une histoire d’amour impossible, Alexandre, le fils au lourd héritage, tentera tant bien que mal de s’adapter à la modernisation… Pour le meilleur ou pour le pire ?



J’ai vraiment aimé suivre le destin de cette famille, en particulier d’Alexandre, avec en toile de fond tout ce qui concerne la vie de la France . Révoltes des écologistes et des anarchistes de tout poil face au nucléaire, montée du socialisme et élection de Mitterrand, canicules et tempêtes, arrivée du téléphone dans les campagnes : même si je ne suis pas française, pour moi tout est familier. Je suis née dans les années 60, et le dernier quart du 20e siècle, je l’ai traversé de façon assez peu « concernée », tout entière occupée par mes études et la fondation de ma petite famille.

C’est lors de cette lecture que j’ai pris conscience de tout ce qui a constitué le cadre de la première partie de ma vie.



J’ai vraiment eu l’impression de regarder un tableau, un tableau aux couleurs champêtres de la belle nature, mais aussi un tableau de la nature humaine, pas très reluisant.

Une lecture facile mais instructive, éclairante.



« Dans la vie, il y a des choses qu’on ne veut pas voir, et bien souvent ce sont les plus évidentes ».

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Chien-Loup

Chien-Loup, comme son nom l'indique, est une histoire d'hommes, âpre et violente. Ah, me direz-vous, voilà une chronique qui commence dans l'ironie. Mais je suis très sincère en venant à peine de refermer les dernières pages de ce magnifique roman de Serge Joncour. Ici il est question d'animalité, de prédateurs et de proies. Les fauves ne sont pas toujours ceux que l'on croit.

L'homme est un loup pour l'homme, écrivait le philosophe Thomas Hobbes. Et le chien, dit-on, est le meilleur ami de l'homme. Du chien, il n'y a pas loin de passer au loup, parfois la frontière est ténue. Voilà, côté ambiance...

Serge Joncour nous pose le décor de ce récit haletant au fin fond du Lot, dans les causses du Quercy, à un endroit où l'on ne peut capter le moindre réseau téléphonique sans fil. J'entends déjà certains me dire : Chic ! Et d'autres plutôt pousser des soupirs sarcastiques en fustigeant un tel lieu. C'est précisément la raison pour laquelle Lise, une femme en pleine reconstruction de sa vie personnelle, entraîne là-bas, dans la location de cette maison totalement isolée, dans ce lieu haut perché, son mari Franck, producteur de films, qui aborde une période compliquée de sa carrière professionnelle et dont le contexte le contraint à devoir se remettre en cause.

Dans ce métier cruel et impitoyable, Franck n'est rien d'autre qu'une proie facile, un grand mâle vieillissant, où le premier prédateur venu est prêt à lui sauter à la gorge. Peu à peu il prend la mesure de sa vulnérabilité.

C'est à cet endroit perdu, comme presque retiré du reste du monde, que Serge Joncour installe deux histoires qui vont faire écho l'une à l'autre, tout au long du récit ; l'une se déroule au commencement de la guerre 14-18 et l'autre en 2017. Ils ont un premier point commun, celui de se dérouler dans le même lieu. On verra, au fil des pages, que ce n'est pas le seul, mais chut...

Ainsi, d'un chapitre à l'autre, le lecteur va et vient entre ces deux récits, les mains parfois griffées par les ronces qui jalonnent le chemin de ces pages. le lieu devient un personnage à part entière et installe peu à peu une théâtralité où grandit l'angoisse. Si ce lieu est plein de quiétude le jour, il n'en est pas de même dès les prémices du soir : feulement de bêtes, froissement de buissons, bruit de cavalcades... Ici l'endroit devient sauvage à souhait, où le fantastique entre dans l'imaginaire des hôtes de ce lieu, comme une faille au-dessus du vide de la nuit. Car ce paysage sauvage a aussi la particularité de poser ses limites au bord du vide qu'invite une falaise vertigineuse, au détour de cette nature florissante.

Et puis il y a aussi ce molosse, mi-chien mi-loup, à la fois attachant et terrifiant...

Dès le début du roman, Lise est comme en apesanteur dans ce paysage, tandis que Franck y voit seulement un décor hostile. Ici nous sentons l'odeur de la terre quand celle-ci s'éveille.

C'est l'endroit où il s'est passé des choses autrefois. Peu à peu, ces choses vont se réveiller, se révéler...

Ici la flore est d'un exotisme dérangeant.

Les deux histoires se parlent au-dessus de ce vide abyssal. On entend au loin la voix des hommes absents comme un écho. On entend le bruit de la guerre et celui de la mort. On entend le silence d'un village autour de celles et ceux qui sont restés, qui ne prennent pas part à la guerre, du moins sur le front. Ce sont les femmes, les enfants, les vieux et ceux qui sont inaptes à faire la guerre.

C'est une guerre dont on ne sait dire, au début du récit, combien de temps elle durera encore, et si elle s'arrêta un jour.

Puis, entrent en scène un dompteur de lions et de tigres, allemand déserteur de surcroît, durant cette grande guerre qui déroule son cortège de barbarie, et une femme du village, une comme tant d'autres, qui attend le retour de son mari parti au front... Loin de la furie dévastatrice du monde, ils vont s'éprendre d'un désir fou, faire l'amour comme si la paix du monde et son rêve entraient dans leurs corps.

Ici nous voyons apparaître des animaux sauvages, des tigres et des lions surgis de l'envers des pages, entrés dans le rêve des enfants et la peur des adultes. Il y a un peu de fantastique, comme si l'imaginaire des enfants venaient aussi peupler ce livre. Et puis aussi un dompteur troublé par le désir d'une femme dont le parfum pourrait venir agacer les lions et son autorité sur eux.

Bientôt, nous sommes totalement griffés de part en part, nous avons du mal à reprendre notre souffle, nous découvrons une cage de cirque au fond d'une igue aux allures de jungle. Et alors, nous avons peur de ce qu'il peut advenir plus tard. Plus tard c'est comme un vertige...

Nous avons peur et cela est excitant. C'est un roman sensuel où l'odeur de la terre et des corps épris vient se mêler aux pages qui frémissent sous nos doigts émus.

J'ai aimé la métamorphose du personnage de Franck. C'est un magnifique personnage qui se transforme sous nos yeux. C'est beau. J'ai aimé ce roman prenant. Je me suis souvenu de mes pas sur le chemin de Compostelle qui traversait les causses du Quercy. C'est un endroit où l'on peut se perdre et aussi marcher toute une journée sans croiser la moindre âme qui vive. Peut-être étais-je tout près d'Orcières...

Le ciel se pose plus tard sur le paysage de ce hameau haut perché. Nos vies aussi ressemblent parfois à ce paysage ou plutôt à cette lumière du soir, entre chien et loup.
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Chien-Loup

J’avais besoin d’une petite pause dans mes lectures de rentrée, et j’ai trouvé ma lecture de rentrée idéale pour faire une pause pendant cette rentrée… Je ne sais pas si vous me suivez à ce stade. Ce qu’il faut comprendre est que Chien-loup de Serge Joncour m’a forcée à ralentir et m’a quelque peu hypnotisée, rien de moins que ça. Enfin, j’avais du temps à perdre. Le temps, d’ailleurs, a suspendu son vol et j’ai mis plus de temps que d’ordinaire à lire un livre pourtant peu épais. Serge Joncour n’est pas un auteur que j’ai l’habitude de lire. J’avais lu il y a longtemps Carton, dont j’avais eu une lecture assez mitigée. L’histoire ? Franck et Lise ont loué pour l’été une maison perdue en haut d’une colline dans le Lot, une maison si perdue qu’elle est hors réseau et que le chemin pour y aller semble avoir été oublié par les hommes. Franck, producteur de films, est tout d’abord extrêmement agité par le fait d’être injoignable tandis que Lise se détend et profite de la vue pour commencer à peindre. Mais peu à peu, tout va se modifier. Un chien sauvage fait son apparition, qui va chercher la compagnie de Franck. Puis, Franck part à la découverte de son environnement et apprend l’histoire de cette maison et de cette région. En parallèle, le lecteur suit les événements qui ont secoué le village pendant la première guerre mondiale, et notamment l’installation d’un dresseur allemand, venu se réfugier là-haut avec ses fauves… Je vais avoir du mal à vous raconter comment ce livre nous enrobe et nous tient dans une nature pleine de force et de craintive sauvagerie. J’aimerais qu’il vous fascine tout autant qu’il m’a fascinée, d’une manière profonde et complètement inattendue. C’est un roman qui sait si bien parler de la force des femmes, de l’instinct, qu’il soit animal ou humain, et du besoin vital de se couper parfois du brouhaha du monde.


Lien : https://leslecturesdantigone..
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Chaleur humaine

Vingt ans ont passé depuis la tempête de 99... Alexandre, toujours aux Bertranges, a repris la ferme familiale, ses parents étant installés dorénavant dans le pavillon, tout près. Constanze, elle, est installée à la Reviva, une réserve dont elle est conservatrice, entre le plateau de Millevaches et la vallée de la Cère. Quant aux sœurs, elles ont réalisé leur rêve citadin. Caroline est professeure à Toulouse, Agathe, avec son mari, Greg, est gérante de magasins de vêtements et d'un bar et Vanessa est photographe à Paris. Une fratrie éloignée physiquement et dont les liens ont été rompus, à cause des terres que ces dernières ont cédées pour y planter des éoliennes. En ce début février, de loin en loin, Alexandre et ses parents suivent à la télé ce qui se passe en Chine, certains d'en être préservés...



L'on retrouve avec plaisir Alexandre et toute sa famille que l'on avait laissé un soir de tempête. Chacun a, depuis longtemps, pris ses valises et fait sa vie, sauf Alexandre, trop attaché à cette ferme et ses terres. Si les premières pages de ce roman s'intéressent à l'évolution de chacun pour notre plus grande joie, l'on se doute que la Covid va très vite entrer en jeu. Dès lors, Serge Joncour délaisse finalement ses personnages, cette terre, cette nature et ces animaux, qui pourtant lui et nous sont chers, pour nous narrer, par le menu, les événements liés à la Covid, de manière un peu trop journalistique d'ailleurs. Et c'est bien dommage car, de fait, Chaleur humaine perd en souffle, en romanesque, en humain, en puissance, en tendresse, en vie par rapport au précédent, Nature humaine. Même si toute la famille se retrouve réunie aux Bertranges, l'auteur ne s'est, malheureusement, pas assez recentré sur les relations entre frère et sœurs. Certaines scènes et personnage manquent d'ailleurs de crédibilité. Sur fond de crise climatique, sanitaire et familiale, Chaleur humaine, malgré une plume enlevée et entraînante, se révèle une légère déception...

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Chien-Loup

Fan de Joncour, je ne pouvais pas commencer cette rentrée littéraire par un autre auteur que lui ... et je n'ai pas été déçue.



Ce qui me touche le plus c'est de me retrouver à travers ses mots dans une région chère à mon coeur et là plus près des lieux que je connais n'aurait pas été possible. J'y ai retrouvé les ambiances, la chaleur, le calme, les gens, le dépaysement, l'isolement ...



Voici pour la parenthèse ! C'est 2 romans que nous offre Serge Joncour avec ces 2 histoires qui avancent presque en parallèle à un siècle d'intervalle.



L'annonce de la guerre, le départ des hommes, les femmes qui prennent tout en charge et cet allemand qui investit les lieux pour protéger ces fauves, des faits qui semblent imprégnés les lieux.



Ces lieux qui reprennent vie le temps de quelques semaines avec Franck et Lise. Ces lieux où la nature est reine vierge de tout réseau coupée du monde. Alors que Lise revit, Franck est en panique totale, peur d'être oublié, manipulé, peur des bruits, peur du silence, de son impuissance.



Et ce chien mi chien mi loup sans collier qui est là, lui montre le chemin, cherche un maitre ? on ne sait pas trop.



Isolés du monde, nous portons sur lui un autre regard comme si ce pas de recul nous ouvrait les yeux ou au contraire nous enfermer dans nos illusions. C'est un peu les 2 versions qui sont portées par Lise et Franck.



Même si c'est dur, la période sur la guerre est plus divertissante avec cette histoire de fauves. On sent toute la chaleur de la région qui s'abat sur les épaules des femmes qui gardent la vie à flot malgré des outils non adaptés à leur corps, les bêtes réquisitionnées et le manque de nourriture. On ressent le poids des illusions encore, les croyances qui ressortent et auxquelles on se raccroche.



Enfin un roman qui m'a encore une fois enthousiasmée, j'aime le style, les images, les émotions que Serge Joncour partage avec nous, ils font écho en moi !
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Repose-toi sur moi

Une rencontre et une relation improbable entre deux personnes que tout oppose. Elle est riche, a une famille, des enfants et une Société qui lui permets de vendre ses créations. Lui a perdu sa femme après une longue maladie et a dû quitter la terre où il est né car elle ne peut pas nourrir plus d'une famille. Il est arrivé à Paris et sa stature imposante l'a fait se diriger vers un métier qu'il n'aime pas : le recouvrement des dettes auprès de familles pauvres. Au départ, une méfiance et un certain dédain entre ces deux personnes qui vont finalement découvrir le bonheur d'avoir quelqu'un sur qui compter....
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Chien-Loup

Perdu au sommet du Causse du Quercy dans le Lot , une maison de pierre situé au Mont d'Orcières a été à 100 ans d'écart un acteur principal de la vie des hommes et des animaux.

le Mont d'Orcières est un lieu perdu offrant à 360 degrés une vue allant du Lot au massif Central.

Pour atteindre ce lieu , une pente à forte déclivité vous attends avant d'atteindre les prés , les ronces, les broussailles , la forêt et toute la vie animale diurne et nocturne qui évolue dans ce paysage.

C'est dans ce contexte que Serge Joncour va nous raconter deux histoires construites autour de cette maison de pierre.



D'abord en 1914 , le tocsin a sonné , la guerre est déclarée. Tous les hommes valides ont rejoint le front , tout comme les animaux ( Vaches et chevaux) qui servent à acheminer hommes et matériel.

Reste au village au pied du Mont d'Orcières , les femmes , les enfants , quelques hommes , les moutons et les brebis.

Et voila que ce présente Wolgang , allemand , dompteur de profession.

Dompteur veut dire lions , tigres. Ils sont au nombre de Huit.

Wolgang ne veut pas de cette guerre. Il déserte et demande au maire du village de bien vouloir l'accepter sur les terres du village.

Le maire accepte et lui propose de s'installer au dessus du village au Mont d'Orcières dans cette maison pierre.



En 2017 , Franck et Lise sont un couple de parisien , la cinquantaine. Lise est comédienne avec de moins en moins de rôles . Franck un producteur de cinéma surbooké mais mise en difficulté avec la nouvelle génération et les nouveaux médias tel Netflix.

Lise souhaite coupée avec cette vie et propose à Franck de faire un break de 3 semaines loin de tout. Elle a déniché une location sur le plateau du Quercy , au Mont d'Orcières. Maison en pierre ,loin de tout. Pas de réseaux - Pas de Wifi. Etre seul au contact de la nature.

Lise va pouvoir méditer , faire de la peinture , se ressourcer.

A l'inverse Franck appréhende ces 3 semaines coupées de tous. Comment va t il pouvoir faire alors que son monde c'est la communication , les médias. Etre connecté coûte que coûte.



C'est le point de départ u roman de Serge Joncour Chien-Loup.

D'un chapitre à l'autre nous passerons de 1914 à 2017.

En parallèle deux histoires vont se construire et petit à petit des passerelles entre ces deux histoires vont apparaître.

En mettent en scène ces deux histoires , Serge Joncour nous éclaire sur un passé anéanti par la guerre et un présent aux prises avec la nature et la violence.

Et au cœur de tout cela le monde animal.

A ce titre la première page du livre est symptomatique. Tout commence par des hurlements , des aboiements , des culs de casseroles que l'on frappe, des cris.

"La nuit , les bois sont un royaume peuplé de cris et de chevauchées. dans l'ombre les animaux en profitent pour vivre à l'abri des hommes, de loin on les entend chasser ou s'accoupler, certains même se battre, chaque nuit la terre redevient le monde des bêtes sauvages, et ce soir-là elles l'étaient plus que jamais " (page 10)

Ce livre vous attrape et ne vous lâche plus. C'est physique , dés fois bestial .

C'est massif , c'est du corps à corps.

Et puis comme toujours avec Serge Joncour il y a la poésie , les bruits , les odeurs ,les parfums, la nature , les détails d'une vie humaine ou animale.

Il y a aussi avec délicatesse , avec pudeur , les amours de guerre , la découverte des corps.

A travers ces deux histoires qui paraissent très éloignées , Serge Joncour nous fait réfléchir sur la sauvagerie du monde et de la nature.

Sauvagerie d'une guerre mondiale qui laisse les femmes seules au prise avec les champs , les animaux.

Sauvagerie d'un village qui verrait bien Wolgang le dompteur comme un bouc émissaire.

Sauvagerie de prédateurs ( Lions et tigres) que leur atavisme poussent vers les brebis.

Il semble que cette sauvagerie est du siècle dernier !

Et pourtant en 2017 , Franck est confronté à la sauvagerie du monde de la communication , à la sauvagerie des réseaux sociaux et du tout connecté.

Il pense que la nature est sage et domptée. N'empêche qu'il retrouvera vite une nature sauvage dans ces peurs : bruits des animaux, la forêt la nuit.

Cette dualité entre nature sauvage ou apaisée , il la retrouvera, avec l'apparition du Chien-Loup et ce questionnement . Quelle part de l'homme dans l'animal et quelle part de l'animal dans l'homme?

Chien-Loup est l'un des grands romans de la rentrée littéraire.

Un petit séjour de quelques semaines sur le Mont d'Orcières nous désintoxiquerais de notre monde surbooké et nous rappellerais que l'homme vit au milieu de la nature et des animaux.


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Chien-Loup

Ce roman m'a beaucoup intrigué tout le long de sa lecture. Que d'imagination.

Le parallele entre 1914 et 2017 est très intéressant.

Nous apprenons beaucoup sur la période de la vie de ce village pendant la guerre.

Quelle austérité la même que l'on retrouve en 2017 quand la maison est abandonné à la sauvagerie de la nature.

Le retour à l'état sauvage est-il possible ?
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Nature humaine

Nature humaine nous plonge dès les premières pages dans la fin des années soixante-dix, précisément durant l'été 1976 où sévit l'une des pires sécheresses qu'a connu notre pays. Nous sommes dans le Lot, un territoire rural, ce dernier roman de Serge Joncour raconte l'histoire d'Alexandre, qui va reprendre dans quelques années la ferme de ses parents, tandis que ses trois soeurs répondent à l'appel de la ville. Ici, aux Bertranges, l'exploitation agricole a vu passer quatre générations de Fabrier, ce lieu qui ressemble brusquement à une île perdue au milieu d'un monde à la dérive. Les mots de Serge Joncour nous invitent à accoster sur cette île.

Ainsi, l'histoire se déroule entre 1976 et 1999, ces temps où les choses se sont si vite accélérées, deux dates qui s'inscrivent comme une parenthèse, deux dates où l'on parlait déjà de dérèglement climatique.

Je me souviens de cette fameuse sécheresse de l'été 1976. Mes parents et moi étions partis en vacances au Pays Basque et tout était vert là-bas. Je me souviens de la fin des années Giscard, je me suis souvenu aussi de cette fameuse tempête de fin décembre 1999, mais surtout de l'effroyable pollution liée au naufrage de l'Erika. En Finistère, comme souvent, nous étions aux premières loges. Je me souviens que cette nuit-là il y avait dehors comme une allure de fin du monde. Elle fut pire ailleurs...

On pourrait voir ici une chronique douce-amère des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Mais ce n'est pas tout à fait cela.

Alors, est-ce une fresque rurale, un récit du terroir ? Pas tout à fait non plus.

Il y a bien sûr quelque chose de nostalgique. Mais ce n'est pas que cela non plus...

C'est un peu tout cela à la fois, mais quelque chose de bien plus fort encore, un fragment d'humanité qui arrache ces années au passé et nous les livre comme des messages intemporels.

Je retiens de ce roman que j'ai adoré un récit de la confrontation.

Comme on le dit souvent, et parfois de manière galvaudée, la petite histoire rencontre la grande Histoire. Sauf qu'ici, dans les mots de Serge Joncour, ce n'est pas galvaudé.

J'ai aimé le voisin, le père Crayssac, chevrier, écologiste avant l'heure, pris pour un illuminé, qui semble tenir un secret verrouillé comme une tombe.

Alexandre traverse ces années et nous les livre, j'ai l'impression par moments de lui ressembler. Je me suis en effet reconnu dans ces pages qui traversent mon adolescence et les quelques années d'après. C'est aussi la force de ce récit.

Serge Joncour, lui et moi sommes de la même génération, presque le même âge à sept mois près...

Je me suis aussi reconnu dans la bande-son de ces pages, Pink Floyd, Supertramp, U2, Crosby Still Nash and Young, Bruce Springsteen, David Bowie, Roxy Music, Nirvana...

Ce qui m'a saisi dans ce très beau livre, c'est cette incroyable humanité, fragile et éprise d'enchantements.

Ici c'est le Lot. Serge Joncour parle d'un temps qui ne m'est pas inconnu, d'un temps que je ne suis pas sûr d'avoir follement aimé, ces années quatre-vingt, quatre-vingt-dix, je ne sais pas pourquoi je ne les ai guère aimées, sauf peut-être ce 10 mai 1981, évoqué dans le roman, une date un peu fondatrice, l'élection de François Mitterrand. Lors de cette présidentielle c'était la première fois que je votais, au premier tour je me souviens avoir voté pour un certain René Dumont, j'avais davantage été séduit par son verre d'eau et sa pomme que par son discours. Plus tard, je me souviens avoir lu son livre L'utopie ou la mort. À l'époque, on n'accordait pas encore à l'écologie la même importance qu'aujourd'hui... Je fus sans doute influencé par mon professeur de physique-chimie au lycée, ce farouche militant de la cause environnementale et puis nous étions quelques-uns sensibilisés à lutter pour que le projet de centrale nucléaire de Plogoff, près de la pointe du Raz ne se réalise pas.

Je me souviens que le chanteur Jacques Higelin était venu nous soutenir lors d'un concert improvisé.

Le candidat Mitterrand avait promis que cette centrale nucléaire ne se construirait pas s'il était élu... Alors, forcément... L'élection de François Mitterrand était emplie pour la jeunesse d'alors d'un merveilleux élan, d'une formidable illusion, pour d'autres que les jeunes aussi... J'ai retrouvé dans ces pages des événements qui me sont proches.

Serge Joncour nous parle d'un rêve humain qui se mêle au songe de la nature... Je me souviens de ces années-là. En Bretagne, c'était l'arrivée des algues vertes sur de magnifiques rivages qu'on croyait protégés par leurs seules beautés.

J'aime ce roman par ses passerelles entre l'intime et l'universel.

Ainsi, le jeudi 24 avril 1986... Vous vous rappelez ? le fameux nuage qui fut stoppé net à la frontière monégasque ! Tchernobyl fut longtemps un cauchemar lointain jusqu'à ce que je fasse la connaissance d'une vendeuse d'un magasin de jouets à Brest, une femme ukrainienne qui avait vécu là-bas et qui devint une amie, elle avait douze ans au moment des événements, son corps garde encore aujourd'hui des séquelles irrémédiables.

Le père d'une amie de mon épouse eut moins de chance. Il était présent au moment des événements, dans l'équipe de sécurité qui intervint pour tenter de neutraliser l'accident. Il est mort deux jours plus tard. Je l'ai appris pas plus tard qu'il y a quinze jours, je me souviens, c'était juste la veille du confinement, sa mère très âgée était décédée une semaine auparavant, je lui ai alors demandée : et ton père Svitlana, il est encore vivant ? Elle s'est mise à pleurer en se rappelant cela.

Il y a aussi dans ce livre une trame romanesque qui porte le récit.

Ce roman est sublime parce qu'il mêle étrangement des histoires de femmes et d'hommes, des jeunes plein d'idéal, des moins jeunes ou presque déjà vieux avec leurs certitudes encore ancrées. On a peut-être tous un pan de nos vies qui dégringole de cette ruralité. Pour ma part, je dois remonter à très loin, à mes arrière-grands-parents du côté de ma mère.

Ici en Bretagne, l'agriculture est devenue très vite intensive, dévastant les bosquets, détruisant les talus, agrandissant les champs, fatiguant la terre, de petits agriculteurs étaient pris en otage par la dette bancaire et enivrés par les discours incohérents d'une fédération professionnelle inféodée aux gros propriétaires terriens. Parfois la seule issue était pour eux de continuer de s'endetter, de vendre leurs terres à plus riches qu'eux, ou de se pendre dans le fond d'une grange. C'est encore le cas en 2020. Il est vrai qu'ils ont abîmé la terre, se sont abîmés eux aussi, poussés par des lobbyings dont les équations laissent peu de place ni à la nature, ni à l'être humain.

Ici la nature est aux aguets, prenant les coups des hommes, prête peut-être à se venger un jour. Elle se retient encore un peu.

C'est la fin de la vie paysanne et agricole, un monde qui s'est tiré des balles dans le pied...

Le récit de Serge Joncour dit cela aussi et ses mots m'ont touché.

Une histoire d'amour traverse le récit comme une comète qui vient labourer le ciel. C'est une trajectoire qui brûle les pages, faite de silence et d'attentes... C'est la rencontre d'Alexandre avec Constanze, étudiante est-allemande. Je me suis souvenu alors du rideau de fer que j'avais découvert en 1978 au cours d'un voyage organisé par mon lycée. Ce fut aussi mon premier flirt avec une étudiante de là-bas, je me souviens qu'elle s'appelait Dorothea. Elle aussi portait un parfum de patchouli un peu entêtant...

Comme c'est étrange, j'ai parfois eu la sensation de feuilleter ici l'album photo de quelques années de ma vie...

Parfois les rencontres dans ce livre sont faites de choses improbables, des rencontres presque impossibles, et l'on pourrait se dire après coup, nous avons vécu comme cela dans ces années-là, nous nous jetions dans des histoires totalement impossibles et c'était follement excitant.

C'est l'histoire de deux mondes qui font le constat d'une incompréhension, une harmonie s'est brisée à certains endroits, les choses sont-elles désormais irréconciliables ?

Il y a sans doute quelque chose d'envoûtant dans ce passage de seuil. C'est comme le basculement dans le monde que nous connaissons aujourd'hui et sa tragédie.

Il y a la loi des saisons et celle des hommes. Longtemps elle fut en harmonie, elle ne l'est plus justement depuis les années qu'évoque Serge Joncour et sans doute même quelques années avant.

Étrange, cette rencontre entre Alexandre et des activistes anarchistes, lui demandant de fournir des engrais aux fins de fabriquer des explosifs. J'ai appris il y a peu que l'origine de l'agriculture intensive prenait sa source au lendemain de la seconde guerre mondiale, lorsqu'un ingénieur agronome eut l'idée de proposer d'écouler les stocks d'azote destinés initialement à l'armement en direction de l'agriculture, promettant d'observer des rendements phénoménaux. Comment reprocher alors à ces agriculteurs qui avaient encore l'âme paysanne cette belle mission qui leur était confiée : celle de nourrir la nation ?

Les personnages de ce livre sont attachants, Alexandre, ses parents, ses soeurs, l'amour fidèle qu'il porte pour Constanze.

J'ai apprécié la manière de Serge Joncour pour mettre toute morale à distance, toute idée de donner quelque leçon que ce soit. L'auteur livre une chronique intime dont les thèmes nous deviennent rapidement universels.

Serge Joncour nous rappelle simplement que ces deux dernières décennies furent totalement bouleversantes et complexes.

La mondialisation est déjà au rendez-vous de ces pages.

Elle est désormais là, dans nos vies, douloureusement, mais sur l'autre versant la nature humaine encore éprise d'espérance, façonnée par les mots de Serge Joncour, bat comme un rêve incroyable à saisir.
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Nature humaine

Je ne regrette pas, d’avoir attendu aussi longtemps ce roman à la médiathèque.

Je n’en dirai pas grand chose vu le nombre important de critiques sauf que le fait de décrire de manière aussi brillante , trente ans de mutations d’Histoire Politique, d’Histoire sociale à partir d’une simple ferme du Lot «  Les Bertranges » : transformations radicales , confrontations ,mutations , catastrophes, tempêtes ,luttes, «  chant du cygne » d’une certaine vie rurale à priori , immuable , me semble un pari réussi , un défi maîtrisé au plus près .



En mêlant l’intime à l’universel, l’auteur réussit une fresque touchante , qui fait réfléchir aux bouleversements culturels , politiques et géopolitiques qui transformeront à jamais un tableau champêtre .... entre 1976 et 1999.



Un souffle ample anime ce tableau et l’on suit avec grand intérêt, le destin de cette famille dont Alexandre , le fils au lourd héritage , qui a grandi avec ses trois sœurs ....

Ici La Nature est confrontée à l’Homme , L’homme contre La Nature . ....

À qui la faute ?

Un très beau roman , instructif, contemporain , écologique , social et sociétal! !

Un coup de cœur !
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Nature humaine

Ce roman trace le destin de la famille Fabrier, à la ferme des Bertranges, sur un côteau qui mène au causse, de la canicule de 1976 à la bascule de l'an 2000. Quatre générations cohabitent : les grands parents qui se sont installés dans la maison d'en bas et continuent quelques cultures maraîchères ; les parents, qui habitent la ferme et rêvent de modernité dans le respect de la tradition paysanne ; les quatre enfants, Alexandre et ses trois sœurs, entre 6 et 16 ans. Pour tous, d'évidence, le garçon reprendra la ferme et entretiendra la tradition.

Oui mais voilà... Alexandre écoute volontiers le père Crayssac, un vieux paysan communiste qui n'hésite pas à monter au Larzac pour retrouver les hippies et empêcher la création d'un camp militaire. Puis, quand l'aînée devient étudiante à Toulouse, le garçon rencontre Anton, un activiste anti-nucléaire, et surtout Constanze, une jeune étudiante venant d'Allemagne de l'Est. Des rencontres qui pourraient tout changer !



Ce roman est lumineux !

Il montre, sans juger, un quart de siècle de confrontation entre une forme de tradition, la paysannerie française, et une modernité plus mondialiste. Rien n'est occulté, des tensions au sein des familles et entre voisins, des tentations extrémistes parfois réalisées, d'une jeunesse partagée entre le besoin d'enracinement et l'amour qui éloigne du terroir.

Il le fait sans complaisance : chacun des acteurs a ses qualités et ses défauts, ses forces et ses failles, ses rêves et ses cauchemars. Ce sont de vrais personnes, dans lesquelles on pourrait reconnaître un parent, un frère ou un cousin, un ami... Du moins pour ceux qui ont à peu près l'âge d'Alexandre et qui ont vécu à la campagne, ce qui est mon cas.



Alors pourquoi ai-je hésité à penser que ce roman méritait son Prix Femina et à mettre une note de 5/5 ? Parce que ce livre se lit très facilement ! L'écriture est simple, accessible à tous, sans pédanterie dans le style. De fait, elle est tout simplement adaptée au sujet : une écriture simple et direct pour parler de gens simples et droits. Ce n'est pas une littérature trop facile, mais un ouvrage dont la forme est totalement en phase avec les messages qu'il veut faire passer. Et ça, c'est une prouesse !

Donc oui, voilà bien un roman capable de réconcilier littérature de qualité et plus grand nombre de lecteurs. Et cela vaut bien toutes les distinctions !
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Chien-Loup

un coup de coeur pour ce livre qui nous entraine dans deux époques, 2017 et 1914 avec un personnage central qui est la nature sauvage du Quercy. Magnifique écriture, pourtant sans fioriture mais puissante, odorante. Et puis en 2017 il y a Lise qui trouve sa place tout de suite dans cette maison loin de tout, il y a Franck le mari qui va peu à peu quitter son addiction à la connexion permanente à internet et devenir l'ami d'un chien loup. Chien qui va devenir une présence rassurante, mais mystérieuse aussi. Et puis il y a 1914, le départ des hommes valides, les bêtes réquisitionnées, la peur, le racisme, les bêtes cachées pour garder des provisions, et cet allemand que l'on accepte tout là haut avec ses 8 lions pour faire la nique à ceux qui ont volés les hommes. 2 périodes ou comment le passé va résonner dans le présent d'une façon tout à fait curieuse. Et puis Netflix, et puis la méditation et puis tant de choses. Lisez ce livre !
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Nature humaine

J'ai lu ce roman à la suite des avis de lecteurs amis de Babelio. Je n'ai pas été déçue par ma lecture.

Nature humaine est roman familial, sociologique, écologique, empreint d'histoire contemporaine. C'est un roman engagé.

Le récit se focalise sur des événements historiques et sociologiques qui sont survenus sur un peu plus de deux décennies, des années 1976 à 1999 avec des chapitres consacrés à chacune d'entre elles avec va-et- vient entre les époques. Par exemple, en France, c'est le temps de la crainte du communisme tel qu'il est pratiqué en Russie, du progrès technique contestée, des mutations économiques, des attentats et enlèvements en Europe, des clivages politiques, l'élection historique de Mitterrand en 1981, porteuse d'espoir pour la jeunesse. Et plus tard, la mondialisation contestée et les catastrophes écologiques. C'est le basculement entre deux mondes, celui de la modernité à la post-modernité, c'est la fin d'un monde, d'une époque.

C'est aussi un roman qui raconte simplement la vie d'une famille paysanne aux prises avec L Histoire, vivant dans le Lot. Son évolution est dépeinte à travers les yeux d'Alexandre, le narrateur principal, sur un peu plus d'une vingtaine d'années. Les personnages du foyer symbolisent tantôt l'exode rural, d'autres le désir affirmé de préserver l'exploitation familiale agricole traditionnelle incarnant ainsi la stabilité, la continuité en opposition aux changements radicaux de l'époque. C'est le temps de l'amour aussi, venant de la RDA…

Joncour nous livre également un récit écologique au sens large du terme, il témoigne de dichotomies ; on y voit des oppositions et des contradictions grandissantes entre la ville et la campagne, l'urbanisation tentaculaire versus la nature originelle, ceux qui veulent vivre en ville s'éloignent de la nature et des paysans. IL contient une critique du capitalisme et du progrès destructeur de la proximité qu'offre les campagnes et les villages. En revanche, le récit célèbre la nature et l'écologie au sens restreint. L'évocation de la guerre froide et de la crainte nucléaire incarnées par les luttes activistes contre les centrales nucléaires dans les années 1970-1980, l'explosion des réacteurs de Tchernobyl, le nuage qui traverse l'Europe sont autant d'occasions de révolutions et d'engagements écologiques que politique ; l'explosion de Tchernobyl pollue certes et représente un réel danger (version écologique ) mais la mainmise de L'État français et des autres États sur le nucléaire dans ces années-là fait tout aussi grincer des dents et provoque des rébellions (version politique). C'est aussi un désir de sauvegarder la ferme familiale, de demeurer et vivre à la campagne ; Alexandre reprend la propriété. Les anciens activistes sont les nouveaux paysans. Des repères stables sont nécessaires face à la société déstabilisante.

Ce récit est dense de nombreux événements le parcourent et en font une fresque de la période citée. Il éclaire le souvenir de choses vécues et nous amène à nous remémorer et interroger sur les événements évoqués, inoubliables pour certains, les interrogations nous éclairent sur la société actuelle et se font à la lumière de celles de l'époque. C'est un bain de jouvence agréable que de revenir sur des éléments qui ont fondé notre vision des choses, loin des entités abstraites qui suivront. L'époque évoquée est décrite avec précision et se focalise judicieusement sur les événements marquants d'alors.

L'écriture simple et fluide permet de lire le livre rapidement. le roman se termine sur un beau passage, une note d'espoir un rêve d'amour, une fin qui reste ouverte à toute spéculation romanesque.

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Chaleur humaine

Vingt ans après la tempête terrible, de fin 1999, on retrouve Alexandre et ses parents dans le Lot.

Alexandre a maintenant la cinquantaine. Il a abandonné ses projets d'extension de ses étables lors des dégâts de la tempête et s'est tourné vers l'élevage bio.

Ses parents , se sont lancés dans la culture maraîchère avec l'aide de leur ouvrier.

Les trois filles sont parties à la ville après avoir exploité leurs parts de terres en y installant trois éoliennes.

Le frère et les trois soeurs ne sont plus adressé la parole.

Constanze, la petite amie d'Alexandre, activiste écolo, est revenue dans la région pour travailler avec des scientifiques dans un observatoire d'insectes destructeurs pour le biotope local.

La menace du Coronavirus plane en ce début janvier 2020 et évolue jusqu'à faire partir la population des villes.

Les trois soeurs et leurs enfants reviennent.

Elles retrouvent le côté rassurant et logique de leur frère.

Ce frère, Alexandre est un personnage très intéressant.

Il observe la nature et quand même, nous communique-t-il, ce n'est pas la première fois que nos bêtes sont atteintes d'épidémies très graves amenant des mesures radicales.

Il est aussi capable de craquer pour les trois chiots que ses parents élèvent et de s'en amuser.

Alexandre qui est la voix de l'auteur, observe le radoucissement de ce début d'année 2020 et le réchauffement climatique. Il nous décrit les chenilles processionnaires et leurs dégâts sur les chiots notamment.

L'auteur a eu la bonne idée de tenir ce journal sur le début de la pandémie au jour le jour.

Personnellement, je m'étais empressée de passer à autre chose mais à présent, je suis capable d'affronter un petit retour en arrière.

Serge Joncour nous a écrit un très beau roman sur la nature, sur la pandémie, les épidémies chez les animaux. Cela fait partie d'un tout.

La famille se resserre dans les évènements dramatiques. Il faut dire que cette famille : heureusement qu'elle avait des racines à la campagne car à ce moment, on en avait grand besoin de nos campagnes.

Je peux ajouter que l'auteur a une écriture très imagée et colorée.

Pour ma part, c'est un écrivain de très grande qualité. Un de ceux qui n'écrivent pas rien que pour remplir des pages.
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Repose-toi sur moi

Ce roman – reçu en cadeau – m'a fait le coup du yoyo :



HAUT

(à l'ouverture du dit cadeau)

Chouette et youpi, un Joncour ! (son "Chien-Loup", lu tout récemment, fut pour moi un grand moment).



BAS

Diantre et sapristi, mais quel est donc ce titre à la Marc Harlequin-Levy ?



HAUT

(en cours de lecture)

Ne pas se fier au titre, il est grave bien ce bouquin. Ça se confirme, la plume de Joncour, je l'aime d'amour.



BAS

(toujours en cours de lecture mais un peu plus loin)

Ça partirait pas un peu en quenouille cette histoire ?...

Crédibilité des situations : bof-bof.

Propension de l'héroïne à me taper sur le système : niveau 3/5.

Propension du héros à me donner envie de lui botter le train : niveau 3/5 également.



HAUT

(épilogue)

Décidément, comme dans "Chien-Loup", j'aime cette façon subtile qu'il a, Sergio, de jouer crescendo avec nos nerfs sans pour autant user de violence racoleuse, c'est sympa pour mon petit coeur fragile ça.



Alors bien sûr j'ai préféré "Chien-Loup", mais ma première impression l'emportant, j'ai aimé lire ce roman et sans aucun doute je reviendrai chez Sergio, yoyo ou pas yoyo.




Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Chien-Loup

Le chemin parcouru, accompagnée de Bambi ou Alpha, est un chemin de montagne à travers bois dans une région que je connais bien mais qui me reste cependant mystérieuse. Je suis un peu comme le personnage principal, j'ai du mal à couper avec la ville, intriguée par le poids du silence, notamment la nuit, mais curieuse de découvrir ce qui peut bien se cacher en moi et se révéler alors que je suis isolée dans une maison au bout du monde et de ma solitude.



Une fois de plus, j'ai fait confiance à Serge Joncour que je suis de roman en roman depuis des années et qui jamais ne m'a trahie. Une fois de plus, je quitte cette lecture l'âme un peu chavirée et le sentiment d'avoir partagé quelque chose de très fort avec un homme généreux, humain, fidèle à lui-même et si magistral dans la musique des mots.
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Nature humaine

Ce roman, magistral et puissant, couvre trente ans d’histoire de France. Il débute avec1976 et sa grande sécheresse pour se clore avec la tempête de 1999, deux catastrophes qui annoncent le réchauffement climatique et tous ses dérèglements.



C’est à travers l’histoire d’Alexandre, éleveur de bovins comme son père et son grand-père avant lui, que l’on touche au plus près à l’histoire de la paysannerie. Au fil de temps, on assiste à son évolution, le changement des mentalités, la pression toujours plus forte de la modernité.

Alexandre, lui, est proche de la nature. Il connait bien ses bêtes qu’il aime et il veut continuer à vivre sur cette terre même si la ferme est éloignée de tout ce qui attire les jeunes. Ses sœurs, par contre, se laissent aspirées par les lumières de la ville.

Le jeune agriculteur trouvera l’amour auprès de Constanze, une étudiante allemande proche de militants anti nucléaires. C’est un amour à priori impossible et tellement romantique dans ce contexte de lutte.



On assiste aussi au combat de jeunes militants qui luttent, parfois avec violence contre des choix politiques entrainant la désertification rurale et la consommation à outrance de issus d’une agriculture intensive.

Alexandre, lui, veut garder ses prés ou pousse la menthe sauvage, il lui déplait d’enfermer ses bêtes pour mieux les engraisser. On partage ses prises de conscience, ses hésitations et ses revirements avec beaucoup d’intérêt tant l’auteur a su camper un personnage attachant et plein d’humanité.



Serge Joncourt rend à merveille cette époque troublée où la modernité se faufile dans les campagnes jusqu’à atteindre les fermes les plus reculées avec ce projet de construction d’autoroute qui divise les habitants. On assiste à l’évolution de cette société rurale qui s’oppose à une mondialisation galopante, ou bien qui la subit.



Ce roman qui célèbre la terre n’est pas simplement un hymne à la nature. Serge Joncourt ne met pas ses deux pieds dans le même sabot et il sait nous immerger dans cette société paysanne en pleine mutation en nous faisant toucher du doigt les risques d’une mondialisation galopante qui apporte l’usage immodéré des pesticides, l’agriculture intensive et la désertification rurale.



A travers ses personnages attachants et très différents, l’auteur nous décrit superbement une époque et nous donne à réfléchir sur ces choix de société qui ont bouleversé la campagne.





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Chien-Loup

Superbe roman où chaque chapitre alterne d'une époque à l'autre (1914 et 2017). On y découvre peu à peu l'effet de cette maison perdue sur ceux qui y habitent.

On se plonge à la fois dans l'Histoire (les femmes restées sur place après le départ des hommes à la guerre) et dans les préoccupations actuelles (comment vivre déconnectés?), on suit la métamorphose de chacun des personnages dans un environnement à la fois magnifique et oppressant.

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Les événements du roman se déroulent entre 1976 et 1999

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