Citations de Shalom Auslander (176)
Il a secoué la tête, puis éclaté de rire.
- Tu crois vraiment que Dieu n'a rien de mieux à faire que d'emmerder les gens ?
Au dessus du bar, le téléviseur diffusait CNN. Bombes en Israël, affrontements meurtriers à Gaza, massacres au Darfour. Les chiites tuaient les sunnites, les Afghans tuaient les Pakistanais, les Janjawids tuaient n'importe qui. Il y avait la sécheresse sur la côte Ouest, des inondations sur la côte Est. Il y avait des séismes, des tsunamis, des ouragans, des tornades, des glissements de terrain, des maladies anciennes et nouvelles. Il y avait des syndromes, des fessodrômes et des schmockodromes !
- Oui, ai-je répondu. C'est ce que je crois.
"Beignet et Donut sont deux hamsters. Autrement dit, leur cage définit l'univers entier. Et le maître qui les nourrit, une divinité omnisciente."
Allumant une cigarette, Dieu a baissé sa vitre. Et dire que les gens croyaient que son boulot était facile... A entendre leurs prières, on aurait pensé qu'Il était une sorte de méga-Fonzarelli au Ciel, qui se baladait en claquant des doigts et en faisant repartir le juke-box avec une grande claque.
Il y a quelques milliers d’années, un vieil homme rendu à moitié fou par la peur s’est livré à une mutilation génitale sur son fils dans l’espoir de se gagner ainsi les faveurs de l’Être qui, imaginait-il, menait la danse. Par la suite, des gens aussi terrifiés et déséquilibrés que lui ont complété cette agression en écrivant des bénédictions, composant des prières, inventant des rites et édictant qu’un fauteuil vide devrait être laissé au prophète Élie. Et, six mille ans plus tard, un grand-père ne regardera pas son petit-fils en face, et une grand-mère et une tante justifieront cette attitude simplement parce que l’enfant n’a pas été mutilé exactement comme l’exige la tradition !
Brusquement,l'idée a germé dans ma tête: et si je respectais le prochain shabbat après avoir désacralisé celui-ci,non-je serai quitte en terme d'arithmétique transgressionnelle-?J'ai souri,bon Dieu que oui,j'ai lâché un petit rire...Les sages?des crétins!
(...) à Pourim, nous nous souvenons de la fois où les Perses ont essayé de nous tuer ; à Pessah, nous nous souvenons de la fois où les Egyptiens ont essayé de nous tuer ; à Hanoukka, nous nous souvenons de la fois où les Grecs ont essayé de nous tuer.
Entre Jeffie et mes aïeux tués dans la Shoah, il y avait plus de photos de morts que de vivants sur nos murs. Et les disparus semblaient plus heureux que nous, avec mon frère qui détestait ma mère et m'en voulait, ma mère qui ne pouvait supporter mon frère et nous gâtait outrageusement, ma soeur et moi, avec ma soeur qui haïssait mon frère et défendait ma mère, moi qui jalousais mon frère et avais pitié de ma mère, mon père qui nous haïssait tous... (p. 239)
"Régler ses comptes avec Dieu, c'est partir comme Don Quichotte contre les moulins à vent, mais équipé de sa kippa et ses Tsitsit."
"Quel spectacle ! a-t-il pensé en secouant tristement sa tête. Que sommes-nous, sinon une bande de singes à la con ? Où est notre dignité ? Où est notre fierté ? Où sont nos pantalons ?"
Ou le New Jersey est truffé de nazis, ou les svastikas sont vraiment faciles à peindre.
les non-Cannibales sont des sous-hommes.
— La vache ! dirent les Anciens.
As-tu déjà consulté une carte des courants migratoires ? On a commencé en Afrique, tous semblables, et on s'est tirés dès que possible
Septième est révulsé par les manuscrits qu'il lit. Cela ne tient pas de leur prévisibilité - après tout, il travaille dans l'édition, il a l'habitude de la prévisibilité. Cela s'inscrit dans une problématique plus vaste contre laquelle il s'est battu toute sa vie : l'identité.
L'Identité avec un grand I.
Pour Septième, l'identité a toujours été une prison dont il rêve de s'échapper - blanc, noir, brun, Américain, Européen, Russe, mâle, femelle, hétéro, gays, Ils, Eux, athée, monothéiste, polythéiste... la liste toujours plus longue de cellules dont on n'est jamais libéré. Et pourtant, dernièrement, partout autour de lui, les prisonniers lèvent fièrement leurs fers et se réjouissent de leur servitude.
– Je n'ai jamais compris la fascination des hommes pour la tradition, dit Zéro. On ne sait quel crétin portait jadis tel chapeau ou mangeait tel plat ou faisait telle guerre ou mourait sur telle croix. Alors ? Alors, on porte le chapeau qu'il portait et on mange le plat qu'il mangeait et on arbore une petite croix autour du cou sans réfléchir une seconde au fait que ces anciens que nous imitons n'avaient pas la plus petite idée de la marche du monde. Un enfant de sept ans en sait davantage aujourd'hui que ces anciens.
- Cette torah sent bizarre.
- Cette torah a échappé à l'Holocauste.
- Et alors?
- Alors, sois un peu respectueux.
- Elle pue !
- J'aimerais voir quelle odeur tu aurais, après un Holocauste. (p.46)
(...) je me suis demandé si toute création n'est pas un accident, au départ. Peut-être Dieu n'avait-il l'intention que de créer quelques lacs et deux ou trois oiseaux, mais voilà qu'il faut des arbres pour vraiment épater les oiseaux, mais les arbres ont besoin de soleil... Le troisième jour venu, le processus a complètement dérapé, un hibou par-ci, une montagne par-là et une semaine plus tard, Dieu se retrouve avec toute une foutue planète sur les bras.
L'art, c'était comme le rap, pour moi : j'appréciais énormément même si je n'en comprenais pas toujours la signification. Délicieusement inutile, fabuleusement décadent.
Si dans la Torah Dieu a tendance à péter les plombs quand les hommes lui posent des questions, j'espérais qu'il en irait différemment avec mon père terrestre.
- C'est dingue, on dirait que j'ai été victime de violences sexuelles.
- Tu as été victime de violences théologiques, corrige Orli. C'est bien pire.
Une éjaculation contient environ cinquante millions de spermatozoïdes. A peu près neuf Holocaustes à chaque branlette. Lorsqu'on m'a dit ça, je venais d'atteindre la puberté - ou la puberté venait de m'atteindre -, de sorte que je commettais en moyenne trois ou quatre génocides par jour.