L’interview de GILL, l'un des grands experts en littérature maritime de Babelio, m’incite à naviguer dans l’anthologie que Simon Leys consacre à « La mer dans la littérature française », l’un de mes livres de chevet avec « Histoire de la littérature maritime » de René Moniot Beaumont.
Simon Leys (Patrick Ryckmans) connait bien la mer pour avoir, en 1958, embarqué à bord du Prosper, un des derniers thoniers à voile breton, « ces souvenirs me sont chers et ils évoquent un monde qui a disparu », récit publié en 2003 avec « Les naufragés du Batavia ». Tout au long de sa vie il a navigué, lu et sélectionné les pages consacrées à la mer. Autant dire qu’il ne se limite pas aux écrivains marins et évoque Maurice Barrés, Pierre Corneille, Alphonse Daudet, Montesquieu, Blaise Pascal, Rousseau, Saint François de Sales ou Voltaire, auteurs qui n’ont parfois jamais navigué, et dont les oeuvres ne sont pas spontanément associées au monde maritime. Duguay-Trouin, Claude Forbin, Louis Garneray, Pierre Loti, Victor Ségalen, sont recensés à juste titre et l’auteur laisse une large place à Michelet, Alexandre Dumas, Jules Verne et surtout à Victor Hugo et son incontournable « Les travailleurs de la mer ».
Consacré à la littérature française, ce recueil laisse au purgatoire Homère, Melville, Jack London, Thor Heyerdahl, (qui ont leur place dans « The Oxford Book of Sea », de Jonathan Raban) mais Simon Leys profite des échanges entre Joseph Conrad et Emilie Briquel pour honorer l’écrivain polonais qui écrivait en anglais et courtisait en français.
« Entre les hâbleries des gens de lettres (qui parlent de ce qu'ils ne savent pas) et les silences des gens de mer (qui savent mais ne parlent guère), heureusement qu'il s'est trouvé quelques marins qui se sont mis à écrire et quelques écrivains qui surent naviguer » précise l’auteur dans le liminaire et ne s’interdit pas de faire preuve d’humour en citant Henri Monnier et son Joseph Prud’homme devant la mer « une telle quantité d’eau frise le ridicule » … « et encore on n’en voit que le dessus ».
Les notes et commentaires, parfois moqueurs, de l’auteur enrichissent les extraits publiés qui sont précédés par une préface d’Olivier Frébourg, un avant propos de Nicolas Idier et complétés par un glossaire, une table des auteurs et un précieux index des noms de lieux.
Il est certes regrettable qu’aucune femme n’embarque dans ce recueil … raison de plus pour lire l’interview de Gilles et y découvrir l’écrivaine Christiane Baroche.
PS : mon appréciation de "Histoire de la littérature maritime"
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