Citations de Simon R. Green (538)
Quelle horreur si nous ne retenions du don de la vie que les meilleurs façons de détruire et de tuer !
- Et vous, capitaine ? En quoi croyez-vous ?
- L’argent, la bière fraîche, et une hache au tranchant affûté. (Hawk garda le silence un moment avant d’ajouter.) J’ai été élevé en chrétien, mais c’était il y a bien longtemps.
- En chrétien ? (Le sourcil de Dannielle se souleva.) Enfin, il faut de tout pour faire un monde.
— Ceux-là risquent de ne pas apprécier.
— Ouais, admit Taggert. N’est-ce pas malheureux que tous ces riches nobles et courtisans aient parfois à subir un léger désagrément, comme nous autres, les gens ordinaires ?
Elle adressa à Doyle un large sourire puis s’éloigna et le laissa à son devoir ; le sourire flotta sur ses lèvres un court moment. De temps à autre, elle prenait de petites revanches sur les nobles pour toutes les fois où ils les avaient raillés, elle et son père, sous prétexte qu’ils ne possédaient pas de sang. Le tout pour l’amour du devoir bien fait, bien sûr…
- La Cause est très bonne pour les réformes politiques, mais la structure sociale a encore de belles années devant elle.
- J’aimerais bien lui réformer la structure, moi, murmura Fisher. De préférence à la masse.
— Incroyable, dit Fisher en secouant la tête. C’est Félicité qui est devenue reine de la Forêt ? Cette catin ? Il n’y a ni Dieu ni justice…
— Je crois comprendre que vous ne vous entendiez pas ?
— J’ai eu des mycoses plus agréables. Félicité était, et a dû rester, une saloperie de la pire engeance, sans aucun principe et encore moins de scrupules. Elle a fait tout ce que j’ai fait, et sans doute bien pire, et n’a jamais été inquiétée le moins du monde. La plupart du temps, elle se débrouillait pour faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre, et les conséquences avec. Moi, parfois. Elle a couché avec tout ce qui respirait, a comploté avec n’importe quelle personne assez sotte pour lui faire confiance, et n’a jamais travaillé de sa vie. Elle avait des serviteurs qui la suivaient, au cas où elle ferait tomber quelque chose.
— Eh bien… Harald et elle avaient beaucoup de points communs, on dirait.
— C’est une femme vile, malfaisante et repoussante ! Elle n’est pas plus apte à régner sur le Royaume de la Forêt que l’un des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Et encore, ceux-là feraient sans doute moins de mal, à long terme.
J’aurais dû faire ça des années plus tôt. Mais les affaires me prenaient tellement de temps, je n’ai même jamais eu l’occasion de me marier, ni de m’amuser. Mais quand j’ai appris que j’allais mourir, tout est devenu limpide. Pourquoi passer sa vie à gagner de l’argent, s’il faut tout laisser à des parents ingrats ? Alors j’ai tout dépensé pendant que je le pouvais. Ça, je ne me suis privé de rien. Vers la fin, je me suis même demandé si la fête n’allait pas me tuer avant la maladie. (Appleton soupira, satisfait.) Je me suis plus amusé en mourant qu’en vivant.
C’était le printemps à Haven, et tout le monde s’en fichait. Partout dans le monde, l’heure était à l’amour, à la vie et au renouveau – une renaissance joyeuse pour tous les êtres vivants. Partout, sauf à Haven, la fameuse pomme pourrie des Bas Royaumes, cité sombre et retorse au fin fond des terres du Sud où épées et sorcellerie, religion et politique, vie et mort étaient autant de denrées dans le commerce quotidien. Sise à l’intersection d’une dizaine de routes commerciales florissantes, la cité-État de Haven avait prospéré au fil des ans, comme la grande fleur splendide d’une plante vénéneuse, et toutes sortes de gens ou de créatures venaient y chercher secrets et mystères. On trouvait tout, à Haven, si on était disposé à payer le prix – qui se comptait en or ou en vies, et comprenait presque toujours votre âme. Haven – la ville de tous les rêves, mais surtout de tous les cauchemars. Un endroit de merveilles et d’horreurs, et de tout ce qui se trouvait entre les deux. Des yeux affamés vous observaient depuis l’ombre des ruelles. Pas toujours humains. Pas toujours vivants.
— Qu’est-ce que ça fait d’être le champion du roi, Gawaine ?
— À mon âge, c’est plutôt risqué, répondit sèchement le chevalier. Non que je ne sache apprécier l’honneur qui m’est fait, mais j’aurais pu me contenter d’un rôle moins dangereux, comme de collecter les impôts d’une seule main, ou de combattre un dragon avec les bras liés dans le dos.
— On applique la loi.
— Et la justice, on en fait quoi ?
— On est à Haven. Et puis la loi est censée permettre la justice.
— Et quand ce n’est pas le cas, à cause des pouvoirs qui possèdent la loi et les tribunaux ? Que fait-on ?
Fisher le regarda, exaspérée.
— Tu connais déjà la réponse, Hawk. On fait ce qu’on peut, quand on peut, et on espère que personne ne nous verra enfreindre ou contourner la loi pour rendre justice.
— Ça ne suffit pas, Fisher. Loin de là.
On ne peut redresser un tort en commettant le même sort. La vengeance est très satisfaisante quand on la prépare, mais elle n’accomplit rien. Et elle laisse un arrière-goût de vide.
Le savoir, c’est le pouvoir.
Il était toujours midi, et l’air était trop chaud. Hawk et Fisher décidèrent en même temps que le mieux, pour les aider à avoir une vision d’ensemble, serait un bon verre bien corsé. Ou deux. En conséquence, ils se rendirent vers le temple le plus proche de l’Ordre du malt et commandèrent une libation rituelle dans un grand verre.
Les légendes ne pouvaient pas se permettre d’échouer. Sans quoi elles arrêtaient d’être des légendes.
S’il y a pire qu’être le sujet de conversation de toutes les soirées, c’est de ne pas en être le principal sujet de conversation. Si on n’apparaissait pas dans les revues people ni dans les émissions holo, on n’était personne.
Quand il est question de l’Irréel, il n’existe pas d’experts. Uniquement des gens qui ont survécu plus longtemps que d’autres.
— Bien joué, l’acteur. Pendant un instant, j’ai cru que vous alliez tourner les talons et détaler.
— Ça ne m’a jamais effleuré l’esprit, mentit platement le comédien. Quand on a affronté le public des Bas-Côteaux huit fois en une semaine, dont deux le dimanche, plus rien ne peut nous effrayer.
Chaque fois qu’il y a un problème de famille, on peut être certain que c’est une question d’argent.
Les aristocrates n’aiment pas condamner leurs pairs à mort. Cela pourrait donner des idées aux paysans.
[David Traquemort] Si j’avais eu envie de me tuer à la tâche, je ne serais pas né aristocrate.
En certaines occasions, un chef peut inspirer davantage mort que vivant.