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Citations de Sophie Coignard (55)


Le chef de l'État laisse aussi son inconscient déborder. Ce qu'il veut dire par là, c'est que lui va aller chercher le ou les traîtres. Il a donné des directives dans ce sens, dès que l'histoire de la Contrescarpe s'est retrouvée dans Le Monde. Il veut savoir qui a balancé. Il est prêt à mettre ses services de renseignements sur le dossier, si nécessaire. Il n'a jamais eu confiance dans la haute hiérarchie policière. ..
A quelques proches, il a confié une feuille de route, simple :
"Vous me le crevez!"
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A soixante ans, le P-DG de Grasset, qui n'a pas la réputation d'aimer le scandale, n'hésite pas à se démarquer. "Je ne partage pas la démarche de l'auteur, déclare t-il. Mais je pense que la décision d'interdire un livre est toujours une décision grave que je regrette".
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Un jour de 2003, le ministre des Finances, Francis Mer, est informé par son cabinet d’un danger : le surendettement de l’État. Ancien patron de la sidérurgie, il est saisi par l’ampleur des chiffres figurant dans la note qui lui est remise. Il demande aussitôt audience, en tête à tête, avec le président de la République. Il précise que c’est important, qu’il s’agit d’un sujet grave. Le jour venu, il expose à Jacques Chirac les grandes lignes de son constat terrifiant. Le message est clair : si l’on ne fait rien, dans dix ans, la France sera en faillite. Quelle est la réaction du Président ? Décide-t-il de convoquer une réunion de crise ? De demander des précisions supplémentaires à Bercy ? De s’informer sur la situation des autres pays européens ? Nomme-t-il une personnalité pour prendre en charge ce dossier ? Non. Il regarde Francis Mer dans les yeux et lui répond tranquillement : « Écoutez, Mer, ça fait trente ans qu’on se débrouille comme ça. Alors on peut bien continuer un peu, non ? »
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Quelques jours avant la manifestation, toutefois, un problème survient. Le comité scientifique apprend que Raphaël Enthoven doit donner une conférence dans le cadre des journées de Langres. Pour ces universitaires, ce chroniqueur multimédia est plus proche de Dechavanne que de Heidegger. “Pour nous, c’était grotesque, raconte un membre du comité, intarissable sur le sujet. C’était un peu comme si nous devions servir de caution à ce... baladin.” Comment faire pour éviter un incident ? Impossible d’annuler l’événement. Les équipes du ministère sont à la peine pour annoncer au Château que le favori ne sera pas le bienvenu... »
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Mieux encore : les commentaires de Nicolas Bazire et de Bernard Arnault (LVMH) à leurs amis proches à la suite d’une expédition dans un hypermarché. Souhaitant comprendre pourquoi leur investissement dans Carrefour était une si mauvaise affaire, les deux hommes s’étaient rendu « incognito » en grande banlieue parisienne un week-end pour pénétrer dans l’un de « leurs » magasins. Ils étaient revenus effarés : comment est-ce possible ? Tous ces pauvres qui épluchent l’addition à la caisse pour vérifier qu’ils ont bien bénéficié de la réduction sur l’agneau de Nouvelle-Zélande et de la promo sur les yaourts nature ! Ils allongent les files d’attente aux caisses et font baisser la productivité ! Quel voyage exotique !
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Un an plus tard, la consultation du rapport de synthèse 2003 me conduit à poser cette question simple à Marie-Pierre de La Gontrie : « Pourquoi ne pas publier, dans un souci élémentaire de transparence, la liste des associations subventionnées ? » La réponse vaut son pesant de langue de bois : «  Cela n’offre aucun intérêt de présenter une liste. La plupart de ces associations, personne ne connaît. Tout le monde s’y perdrait. » Retenons donc cette leçon de transparence : la répartition par direction ou par montant intéresse les vrais citoyens, mais seuls les tordus, les malveillants, veulent des noms.
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« De toute façon, dit un haut nomenklaturiste qui navigue dans le secteur privé depuis plus de vingt ans, dans un système où un très petit nombre de personnes se servent, il faut assurer ses arrières. Prendre aujourd’hui parce qu’on redoute que demain, la fête soit finie. Nos élites, contrairement aux apparences, ne sont plus sûres d’elles, de leur légitimité. Elles ont peur que tout s’arrête. D’où ces discours violents sur les pauvres, les assistés. Il leur faut trouver des boucs émissaires pour se faire pardonner et se pardonner à elles-mêmes leur immense égoïsme. »
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Le poids des échecs que l’on tente de transformer en succès commencerait-il à peser sur Bertrand Delanoë ? Le maire de Paris était plus flambard, début 2005, devant les micros de RTL. Interrogé - déjà ! - sur les embouteillages dans la capitale, il osait cette réponse stupéfiante : «  Il y a des embouteillages à Paris comme il y en avait avant. Simplement, il y a moins de pollution. Je ne suis pas contre les automobilistes, je suis contre la pollution. » Il fallait oser : autant d’embouteillages mais moins de pollution. Pour un homme qui revendique sans cesse l’honnêteté intellectuelle fondant son action, c’est audacieux !
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[Jean-François Copé : ] "Tu comprends, si on n'a ici que des gens qui se contentent de 5 000 euros par mois, on n'aura que des minables"
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Six hectares de jardins qui vont du Louvre à la Concorde ont été transformés en parc à thème, à l'ombre de deux tours métalliques de 36 mètres de hauteur, les "Tours de la liberté". Des boutiques en bois ont été installées pour célébrer le génie français auprès des millions de visiteurs attendus (qui ne viendront jamais), des théâtres à l'italienne et des espaces prévus pour des spectacles de plein air célébrant le bicentenaire pendant six mois. Pour rendre le tout plus vivant, 350 comédiens en habit animent les lieux chaque jour ... etc.

L'aménagement a coûté 110 millions de francs (26 millions d'euros) et les frais de fonctionnement près de la moitié. Et c'est évidemment la Caisse qui est venue à la rescousse pour payer l'essentiel de la facture. Elle est aussi sommée de produire en urgence un film e dix minutes en images de synthèse pour raconter la Révolution et son "imaginaire partageable", comme le dit sans crainte du ridicule la plaquette de présentation.

Personne, des années lus tard, n'a gardé le moindre souvenir de cette "Grande Fête des Tuileries 89". Mais à l'Elysée, le président était drôlement content !
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La caste des cannibales, c'est un paradoxe, s'appuie sur l'Etat pour pouvoir tout dévorer sans prendre de risques.
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Le juge Van Ruymbeke veut souligner par un trait d’humour une exception française dont on se passerait bien, et qui ne cesse de prospérer depuis une vingtaine d’années : l’impossibilité qu’il y a, en France, à juger de la même manière les humbles et les puissants. Pour l’avoir souligné, un de ses collègues a été démis de ses fonctions.
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Emmanuel Macron , secrétaire général adjoint de l'Elysée sous François Hollande , est vite devenu la nouvelle coqueluche du monde des affaires que l'élection de 2012 avait perturbé . Cet inspecteur des finances est resté moins de quatre ans dans la fonction publique après sa sortie de l'ENA . Chez Rothschild , où il est rentré en 2008 , il a supervisé , juste avant l'élection présidentielle , le rachat d'une filiale du groupe américain Pfizer par Nestlé . Une opération qui lui a rapporté beaucoup d'argent .
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A chaque remaniement, la CDC joue le rôle de Pôle emploi auprès des membres de cabinets ministériels. A cette différence près : on y est bien payé et, surtout, on n'est jamais radié.
...
Parfois, la Caisse sert aussi de base arrière à ceux qui, en cours de route, ont envie de pendre du recul ou de faire une petite pause.
...
Autour de la table du comité de direction de la CDC, il n'est donc pas rare que les ex-collaborateurs de ministres soient plus nombreux que les cadres de la maison...
...
Et s'il n'y avait que les anciens conseillers de ministres....
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La thèse de la transition a prévalu dans tous les esprits jusque dans les années 1980. Elle semblait limpide et soutenait que, peu à peu, en Écosse et en Angleterre, les loges «opératives», qui regroupaient des artisans, étaient devenues «spéculatives», en intégrant progressivement des notables, des aristocrates et des intellectuels. En effet, au Moyen Âge, sur les chantiers, il existe des loges de maçons et d'artisans qui s'épaulent et défendent leur savoir ainsi que leur métier. Avec la Réforme, à partir du XVIe siècle, on ne construit plus de cathédrales. Par conséquent, les loges disparaissent, et avec elles, les structures d'entraide. Mais certains de leurs membres ont une idée : pour ne pas mourir, ils ont recours au patronage. Ils accueillent des donateurs et des notables qu'ils déclarent membres honoraires. Ceux-ci reçoivent alors le nom de «gentlemen masons» ou de «maçons acceptés».
Selon la théorie de la transition, la proportion de ces membres honoraires a tellement augmenté au fil du temps qu'un jour, les loges constatèrent qu'elles n'étaient plus opératives, mais spéculatives. Cette vision décrit donc une sorte de continuité par dilution. Elle garantit aussi une très grande ancienneté à la franc-maçonnerie, et instaure une belle mythologie. Elle a perduré très longtemps, car elle repose sur des faits documentés : des «gentlemen masons» ont bien existé en Écosse. Cependant, jusque dans les années 1980, les Écossais ont refusé l'accès aux archives des loges aux historiens anglais, qui étaient les seuls à travailler sur cette question. Le grand historien David Stevenson, qui n'est pas franc-maçon mais écossais, a finalement pu consulter les procès-verbaux des loges, et a fait une découverte extraordinaire : les procès-verbaux d'une loge datant du xvne siècle relatant la réception honorifique des donateurs, mais prouvant de manière incontestable qu'après leur intronisation solennelle - ils payaient, un certain cérémonial était donc de mise ! -, ceux-ci ne fréquentaient plus jamais la loge. Cette découverte marqua la fin, pour les historiens, de la théorie de la continuité.
Celle-ci est symbolique, mais pas historique. Certes les «gentlemen masons» ne se rendaient plus dans la loge à laquelle ils avaient apporté une contribution financière, mais ces notables, intellectuels, souvent aristocrates, se sont retrouvés «libres» de toute attache et se sont appelés «free masons», francs-maçons. En 1707, dix ans avant la fondation de la première Grande Loge à Londres, intervient l'union des deux couronnes entre l'Angleterre et l'Écosse, qui ouvre une période d'échanges foisonnants. Quelques donateurs de loges spéculatives écossaises ont pu en importer l'esprit et le rituel en Angleterre. Mais cela n'est pas démontré.
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L’obsession de l’argent, il est vrai, est une affection contagieuse. Contagieuse et sournoise. La plupart de ceux qui l’ont contractée sont des malades qui s’ignorent.
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Plus de vingt ans après, les amis demeurent une valeur sûre pour le maire. Ceux du premier cercle le défendent en toute circonstance. Lionel Jospin se montre intraitable quand son ancien protégé au PS est maltraité dans les dîners en ville. Un soir, on a frôlé l’incident parce qu’un des participants avait osé se montrer perplexe, voire critique, sur la politique de logement social du maire de Paris. Intolérable pour Jospin qui a coupé la parole à ce trouble-fête avant de se lancer dans un discours dont il ressortait que Bertrand Delanoë était le meilleur maire de Paris depuis la fondation de Lutèce.
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… un candidat à la présidence de la République […] signe ses courriers en y apposant les fameux trois points grâce auxquels les frères peu discrets se reconnaissent. Procédé un rien « rustique » ? De la part de Nicolas Sarkozy, qui pesait chacun de ses actes au trébuchet pendant la campagne, c'est surtout la démonstration que les réseaux fraternels sont encore bien trop importants pour être négligés. Faut-il continuer à penser, avec De Gaulle, que « les Francs-Maçons n'ont pas assez d'influence pour être pris en considération, mais trop pour qu'on s'en désintéresse »,

3034 - [Points n° P2312, p. 12] Introduction
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Mais la vraie documentation, on ne la mettrait jamais sur informatique. JAMAIS. On se transmettait le savoir-faire de génération en génération. Tu copines avec un journaliste d’investigation, tu bois des coups avec lui dans des bistrots faussement stylés de la rive droite, tu lui donnes des biscuits. Tu le maintiens sous perfusion pendant plusieurs années. Ce naze est trop content d’arriver devant son rédacteur en chef pour lui annoncer qu’il « a des choses ». Qu’on va pouvoir mettre « Exclusif », « Révélations » en tête d’un papier qui a été fabriqué de A à Z dans l’usine à mensonges de l’État. Ce que te raconte le journaliste, en contrepartie, quand tu vas jusqu’à l’inviter à dîner chez toi, et que ce con croit vraiment que vous êtes des vrais copains, eh bien, tu l’écris pour être sûr de ne pas l’oublier. Tu fais remonter, si ça vaut le coup. Mais t’es pas assez lourdaud pour le mettre dans une bécane, non ! La note sur Vitale, elle resterait dans l’armoire aux secrets. Le coffre du service, sans existence officielle. On actualiserait juste le dossier qu’on avait déjà sur lui.
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Les incapables de l’Ancien Régime sont les oligarques d’aujourd’hui. Au bord du gouffre, ceux-ci doivent enfin, dans l’urgence, trouver le courage de changer en profondeur leur système de décision, de réviser leur rapport à l’agent et de renoncer à l’impunité. Est-ce trop leur demander ?
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