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Critiques de Stefan Hertmans (173)
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Le coeur converti

Vigdis Adélaïs, blonde Normande, s'enfuit avec David Todros, juif brun de Narbonne. Pour la prosélyte, désormais nommée Sarah/Hamoutal, l'amour est plus fort que tout. « Ici la fille chrétienne d'un Viking, Vigdis Adélaïs, devint la belle-fille séfarade du grand rabbin Todros de la France méridoniale. » (p. 118) Stefan Hertmans s'est installé à Monieux dans le Vaucluse. C'est là qu'il a découvert l'histoire de la convertie normande. De Rouen au Caire, en passant par Marseille et Palerme, il refait le chemin emprunté par cette femme qui a bravé sa e sociale et sa religion pour vivre avec l'époux qu'elle avait choisi. « Je touche les murs rugueux sur lesquels perle l'humidité et me dis : David Todros, je touche mille ans plus tard la pierre que tu as connue. » (p. 68)



En 1092, cet amour interdit abrité à Monieux allait subir de plein fouet le passage de la première Croisade. Il en fallait si peu pour attiser la haine des étrangers et des non-chrétiens ! Et ce alors que nombreux étaient ceux qui ne cherchaient que la concorde. « Son père répond sèchement que les juifs, tout comme les Normands, veulent vivre en paix et que ce sont vraiment les prêtres et les zélotes qui sont les instigateurs de troubles. » (p. 41) Mille ans après, l'auteur reconstitue une vie de transgression et de souffrance. Mille ans après, la prosélyte de Monieux fait encore parler les universitaires du monde entier.



Je suis toujours circonspecte quand un auteur raconte une histoire en y mêlant sa démarche de recherche et d'écriture. Ici, Stefan Hertmans fait ça avec adresse, en dosant parfaitement les informations véridiques qu'il a collectées et la part de fiction qu'il insuffle dans son récit. Cela donne un ensemble passionnant, très bien écrit, et un texte que j'ai dévoré en trois heures.
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Antigone à Molenbeek

Dans cette réécriture du mythe d’Antigone, Stefan Hertmans en fait une jeune femme de Molenbeek, commune de l’entité bruxelloise qui, malgré tous ses efforts, restera longtemps marquée comme une des bases arrière des attentats de Paris et de Bruxelles en 2015 et 2016. Le frère de Nouria a commis un attentat suicide et elle veut à tout prix l’enterrer dignement. Mais les autorités, en la personne de l’agent de police Crénom – tout un symbole, ce nom ! – refusent de remettre le corps du jeune homme. Comme Antigone, Nouria va s’opposer par tous les moyens à cette décision : d’abord par la négociation puis en tentant de voler le corps à l’IML. Brutalement arrêtée, elle va subir la prison et les rebuffades de tous, jusqu’à son avocate, résolument du côté du pouvoir.



S’il y a de nombreux points de ressemblance avec le mythe original, il y a pas mal de différences aussi : pas de soeur, pas de fiancé, et surtout cette revendication de Nouria qui peut heurter le lecteur. Réclamer le corps d’un terroriste pour l’enterrer dignement, est-ce acceptable ? Stefan Hertmans nous répond en partie en citant des statistiques officielles à la fin du livre mais son texte ciselé, fait pour être proclamé au théâtre ou tel un slam, nous laisse avec cette question. Il a le mérite de nous faire ressentir avec lucidité le sort réservé aux terroristes en prison : l’isolement complet, la lumière en permanence, la perte de repères. Et rien que pour cela – bien entendu, je ne cautionne en rien les actes terroristes – ce texte vaut la peine d’être lu.
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Le coeur converti

Mille ans après, Stefan-Hertmans marche dans les pas de Vigdis, jeune catholique de Rouen convertie au judaïsme par amour pour David. De leur fuite pour rejoindre la famille du jeune homme au terrible drame qui brise sa vie, une grande histoire d'amour.

L'auteur cherche à chaque étape de son parcours à imaginer les lieux traversés et les émotions ressenties par les personnages et à nous les faire partager.

Un éclairage intéressant sur une période tourmentée de l'histoire de France.
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Guerre et Térébenthine

Honte à moi ,bien que belge ,je ne connaissais pas Stefan Hertmans avant d avoir lu des critiques très élogieuses de son roman dans la presse anglo saxonne .

Il faut lire le roman jusqu à la fin ,un véritable petit bijou de sensibilité !

La trame est bien connue :l auteur écrit un roman à partir des carnets que lui à confié son grand père.



J avoue que dans les premiers chapitres je n ai pas été emballée( bien que reconnaissant l excellente facture classique de l ouvrage ) par la relation que fait l auteur de la jeunesse misérable de son grand père ,aîné de 5 enfants dans le prolétariat gantois de la fin du 19 eme siècle : je ne compte plus les récits d enfances misérables qui me sont tombés entre les mains ,toutes à fendre le coeur...et émaillées ici de passages assez « gore «  (le jeune fils du forgeron dont la tête est brûlée vive ds le four...etc ...)

Qu apporte ce roman de nouveau ou de plus?me demandais- je ...

Malgré toute cette noirceur et cette misère , on est frappé par la force Tendre des liens familiaux .

L auteur a une admiration certaine pour ce grand père ,(soit l’auteur des carnets qui inspirent ce roman),dont le sens du devoir (même ds la sphère intime vous verrez ) la droiture et l honnêteté semblent aujourd'hui complètement désuets ou risibles aux yeux des jeunes Générations narcissiques biberonnées à l Instagram et au « moi je » .

Tendresse aussi de ce grand père ,Urbain Martien envers sa mère si belle et si courageuse et envers son père un homme doux ;peintre d église,qu on devine un peu poète et qui mourra prématurément de la tuberculose.

Urbain ,le grand père de l'auteur étudiera ,lui aussi,le dessin et la peinture envers et contre tout ,(il doit travailler dès le plus jeune âge )



Suit la relation des horreurs de la guerre 14-18,maintes fois décrites ds la littérature ,on ne peut qu être frappé à nouveau par l absurdité de cette grande boucherie:

Côté belge

des officiers flamands,bourgeois issus de la haute société -francophones -du moins à l epoque-donnaient des ordres absurdes aux soldats ,hommes du peuple néerlandophones qu ils méprisaient copieusement

-1917 et l idée de lutte des classes ,bien qu en germe n était pas encore advenue-

Ce triste épisode de l histoire belge a été récupéré par les extrémistes flamands belges qui font de l’oppression pendant la grande guerre ,des pauvres types flamands par les méchants francophones ,un de leurs mythes fondateurs ;

C est occulter le fait qu ‘il y avait des hommes du peuple wallon ds les tranchées au côté des flamands et l exploitation des uns par les autres tenait plus du racisme social qu’ ethnique ou linguistique.

Il semblerait tout de même que les wallons (francophones)étaient plus souvent récompensés que les flamands ,d après l auteur .

Dans toutes ces horreurs de pauvreté et de guerre ,l omniprésence de la nature ,de la force de l'amour filial et de l'amour tout court nous font mesurer la dualité de l existence :l homme est capable du meilleur et du pire dans une nature (à l époque on n avait pas encore tout cassé et pollué)à la beauté indifférente ...
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Antigone à Molenbeek

Tout le monde connait l’Antigone de Sophocle et celle d’Anouilh. Celle d’Hertmans se prénomme Nouria et vit à Molenbeek, commune bruxelloise devenue tristement célèbre dans le monde, après les attentats de 2015. Etudiante en droit, elle tient à donner une sépulture digne à son frère. Parti faire la guerre en Syrie, il a trouvé la mort dans un attentat suicide et ses restes ont été rapatriés. Or, l’agent Crénom ne l’entend pas de cette oreille et refuse de les lui remettre.



Monologue théâtral et poétique, cette histoire est bien évidemment tragique. Comme dans l’œuvre originale, une jeune fille est victime de la tyrannie d’un homme qui lui impose un choix qui n’est pas le sien. « Crénom », en Belgique, c’est un juron, une ellipse pour « sacré nom de dieu ». Il marque à la fois la colère et l’impatience. Ici, c’est le nom du policier qui incarne l’autorité, l’administration, un système même. Sous des airs bonhommes, semblant comprendre Nouria qu’il connait depuis toujours, il n’en reste pas moins inflexible. Il n’hésite pas non plus à lui parler de ses origines alors qu’elle est née en Belgique. Il représente un Etat, sans humanité, sans empathie, loin de ce qu’on attend de lui.



L’écriture de Stefan Hertmans est noble même si le style est à la portée de tous. On la sent très réfléchie derrière une apparente simplicité. Le texte a un coté théâtral avec ce monologue intérieur entrecoupé de dialogues et l’actualisation du mythe est réussie. Nouria est une Antigone contemporaine, ancrée dans la vie d’aujourd’hui qui nous démontre comment la peur peut engendrer l’incompréhension et la déshumanisation.



Un roman vite lu qui ouvre d’intéressantes questions et que l’on devrait donner à lire à nos élèves.
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Le coeur converti

L auteur ,belge d expression flamande ,passe apparemment ses vacances et ses vieux jours à Monieux ,village provençal dont il est amoureux , au paysage minéral ,écrasé de soleil .



Ce roman repose sur Des faits réels que l auteur a tiré de l oubli en faisant moultes recherches (les autres critiques vous content tout cela en détail )

au moyen âge ,une jeune fille chrétienne et normande de bonne famille prend la fuite avec un beau brun aux yeux noirs irrésistibles ,juif séfarade et fils du rabbin de Rouen.

Inutile de dire que ,prise par ses sens comme dirait mon arrière grand mère ,elle défie toutes les conventions de l époque ,une jeune femme de son rang ayant à l époque , juste le droit de la fermer et d épouser un homme , chretien ,que ses parents après avoir computé le meilleur rendement sur investissement ,lui auront choisi .



Il est beaucoup question de fuites dans ce roman , Hamoutal , fuyant sans cesse :de Rouen à Narbonne ,de Narbonne à Monieux ,après un saisissant pogrom où elle perd son mari ,de Monieux à Narbonne en Égypte via l Italie etc...remariée en cours de route mais bien vite enfuie , violée par un riche marchand ...

l auteur qui nous tient au courant de ses recherches à mesure que le roman se dessine ,nous avoue avoir du mal à suivre et retrouver les traces de cette fougueuse jeune femme

Intéressant :l auteur nous laisse deviner que les sources sont floues ,que l on peut supputer mais pas affirmer ...

L'histoire est une reconstruction romanesque ,le nier ou le refuser ôterait le sel de ce roman et son intérêt : que faire avec Les quelques éléments dont l auteur est certain :un article universitaire bourré de références et de notes en bas de page que seuls qq spécialistes poussifs liraient ?



Je rapprocherais ce roman des ouvrages de Stephen Greenbladt (the swerve) mais avec le talent d orfèvre d un Alessandro Baricco

Style concis ,pur qui se fait oublier ,du grand art



——Un bémol : les mésaventures et la trajectoire d Hamoutal sont parfois peu crédibles,dans ses multiples fuites où elle est perpétuellement enceinte ou allaitante ,elle semble indifférente au sort de ses enfants survivant qu elle traîne avec elle , préférant s embarquer seule et de façon assez improvisée ,vers Jérusalem ,sans aucune information valable sur le lieu de residence de ses deux premiers enfants ,enlevés par les croisés.

J imaginerais plutôt une jeune mère recherchant un minimum de sécurité pour assurer la survie des ses nouveaux nés

Après une longue errance elle reviendra mourir sous les remparts de Monieux ,seule , 2 enfants morts en route .et les deux autres jamais retrouvés

La réalité dépasse la fiction ,ok mais à ce point là??
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Le coeur converti

Plonger dans "Le cœur converti", le roman de Stefan Hertmans – le mot est écrit sur la première de couverture – c’est se préparer à nager dans une eau trouble, à affronter une période noire de l’histoire des religions, à naviguer allègrement entre roman et documentaire, entre réflexions et explications de l’auteur, entre moyen-âge et 21ème siècle.



Vigdis, chrétienne aux cheveux blonds et yeux bleus est le personnage principal de ce roman né d’une réalité datant du onzième siècle. C’est en effet de Monieux dans le Vaucluse que tout part. L’auteur, qui y vit, apprend que le village a été victime d’un pogrom dans les années 1090. Il décide de découvrir des indices et un document trouvé au Caire le met sur la voie. La jeune femme, tombée amoureuse de David, étudiant à la yeshiva de Rouen, se convertit au judaïsme. Elle le suit dans le sud à…Monieux pour échapper aux chevaliers lancés à ses trousses et chargés de la ramener à son père. Le couple sera toutefois confronté aux croisés de plus en plus nombreux à rejoindre Jérusalem. David y laissera la vie et leurs deux aînés seront enlevés… Une vie douloureuse commence alors pour la jeune femme et son troisième enfant, rescapés des horreurs.



J’ai aimé la beauté de l’écriture, travaillée, délicate, brossée tel un tableau "Le chemin serpente à travers des terres vallonnées. Ils arrivent aux Gorges de la Sioule, menaçantes sous une légère brume." J’ai pris un énorme plaisir à la lecture des descriptions des lieux traversés entre Rouen et Monieux, lieux que je connais personnellement. J’ai été particulièrement admirative de l’érudition de l’auteur. J’ai apprécié le récit à la frontière du conte, foisonnant, à la fois leçon d’histoire, manuel de géographie, étude sociologique. J’ai été subjuguée par le superbe personnage de Vigdis, femme forte, rebelle, volontaire, courageuse, véritable héroïne de tragédie.



En revanche, mon manque de fantaisie, d’excentricité, d’originalité sans doute, ne m’a pas permis d’adhérer totalement à la construction choisie. J’ai trouvé réalité et fiction, passé et présent trop intimement mêlés. Il me fut parfois difficile de faire un bond de mille ans en passant d’une phrase à l’autre. "Peu après, ils arrivent à la confluence du Tarn et de la Dourbie, juste avant Millau… Il fait chaque jour plus chaud.

Près de six siècles plus tard, j’emprunte en voiture le viaduc spectaculaire qui passe très haut au-dessus de Millau."



Je le regrette car "Le cœur converti" est un écrit digne d’engouement, de même que les connaissances de l’auteur et son opiniâtreté à faire la lumière sur des faits historiques.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Le coeur converti

Pour les amoureux de grand romanesque, Le cœur converti de Stefan Hertmans est un magnifique cadeau. Une histoire tragique d'amour fou dans le bruit et la fureur de la fin du XIe siècle, alors que la première croisade se prépare. Le romancier flamand, qui depuis des années habite le petit village de Monieux, dans le Vaucluse, est parti sur les traces d'une héroïne de cette époque, d'abord appelée Vigdis puis Hamoutal, qui aurait séjourné longuement à Monieux, avec son mari juif, puis seule, à la fin de sa douloureuse existence. La conversion de cette descendante d'une lignée normande a été la source de son malheur et a précipité sa fuite durant la majeure partie de sa vie, avec des étapes successives de Rouen à Monieux, en passant par Orléans, Narbonne, la Sicile et l'Egypte. A partir de quelques indices historiques, Hertmans tisse un récit incroyablement captivant qui scintille de mille détails sur les us et coutumes de cette période clé du moyen-âge. La violence y est très présente avec notamment la description terrible d'un pogrom. Au-delà de la fiction, à la manière d'un Emmanuel Carrère ou d'un Javier Marias, l'auteur évoque le making-of de son livre avec ses pèlerinages dans les lieux où aurait fait halte Hamoutal. Le rapport de Hertmans avec son personnage est étonnant, viscéral et épidermique. L'intrigue principale et les faits et gestes de l'écrivain se marient parfaitement, ces derniers servant de pause provisoire à l'odyssée de la femme prosélyte. Le style du romancier est superbe (on n'a jamais l'impression qu'il s'agit d'une traduction du néerlandais), parfois lyrique et extrêmement visuel. Hamoutal n'est pas une femme qui a vécu il y a plus de 900 ans, elle est une exilée d'aujourd'hui, soumise à la cruauté des hommes, à leur intolérance atavique et à la folie meurtrière qui les habite.






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Le coeur converti

Voici sans doute ma plus jolie surprise de l'année, ce roman choisi pour sa superbe couverture et les quelques lignes qui, au dos, laissaient espérer une histoire passionnante à une époque, le Moyen-Âge, où l'épique le dispute au romanesque. C'est ainsi que j'ai découvert une plume talentueuse, riche et évocatrice, mise au service d'un récit aussi haletant qu'émouvant, qui s'attache à faire revivre les protagonistes d'une histoire dont les échos résonnent encore à travers les âges, à qui sait écouter ce que les vieilles pierres ont à raconter.



Car le livre de Stefan Hertmans est le fruit d'une véritable quête historique qui fournit la matière Ô combien romanesque à l'écrivain qui se passionne soudain pour ceux qui, mille ans avant lui ont foulé les sols pierreux de Monieux, le village de Provence où il a ses habitudes. C'était à la fin du XIème siècle, les peurs liées au changement de millénaire semblaient oubliées, pourtant, il a suffi de souffler sur quelques braises pour rallumer les rancœurs et les haines nourries par les querelles religieuses. Dans ce village de Monieux, deux amoureux pourchassés ont trouvé refuge. A leurs trousses, des chevaliers normands chargés par le père de la jeune Vigdis de la ramener à Rouen. Son crime ? Être tombée amoureuse de David, un jeune étudiant juif à la yeshiva de Rouen. Autant dire qu'ils ont mal choisi leur moment, à l'aube des premières croisades qu'un pape désireux d'asseoir son pouvoir initie au nom de la guerre sainte, l'un des premiers concepts marketing de l'histoire... Alors que çà et là, des équilibres s'étaient peu à peu installés, que les communautés cohabitaient sans trop de heurts, voilà que les vieilles stigmatisations reprennent et que les boucs émissaires sont, une nouvelle fois tout trouvés. A Monieux, David et Vigdis devenue Hamoutal par son mariage et sa conversion vont se trouver sur le chemin des croisés en route vers Jérusalem, un épisode terrible, monstrueux, un de plus et malheureusement pas le dernier, comme nous le savons désormais du haut de notre XXIème siècle.



L'auteur s'attache avec un soin qui mêle habilement précision et souffle à marcher dans les pas du jeune couple, puis d'Hamoutal dont le destin est assez incroyable pour l'époque, de Rouen aux rives du Nil en Egypte, en passant par Narbonne. Inspiré par des documents miraculeusement retrouvés dans la genizah d'une synagogue, l'auteur reconstitue leur parcours, recrée les décors de l'époque, tente de retrouver les chemins qu'ils ont empruntés là où les paysages ont été modifiés par des siècles d'urbanisation. Il recrée surtout le contexte, l'ambiance de l'époque avec une précision d'historien, sur lesquels il greffe le roman tragique de ces deux amoureux pris dans l'étau de l'intolérance et de la bêtise. Et d'où émerge un magnifique portrait de femme.



Ce qui résonne, à travers cette lecture, c'est le poids de l'Histoire que nous semblons piétiner en trottinant sans plus y penser dans les ruelles médiévales des villages touristiques ; ce qui résonne encore c'est cette tristesse de s'apercevoir que l'Histoire bégaye, radote, que mille ans après, d'autres villages et d'autres pierres regorgent des douleurs d'agonie de milliers d'autres victimes pour des motifs tellement similaires.



Non seulement ma lecture a été belle, captivante et enrichissante mais j'ai découvert un auteur que je ne suis pas près de lâcher (pour commencer je vais me mettre tout de suite en quête de son premier roman, Guerre et Thérébenthine).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Guerre et Térébenthine

Stefan Hertmans rend hommage à son grand-père en reconstituant sa vie à partir de ses cahiers et ses souvenirs.

1ère partie : "térébenthine" où il raconte son enfance très pauvre à Gand, avec un père , peintre d'église, asthmatique et une mère qu'il adore. Partie très intéressante sur la vie de l'époque, la dureté du travail, la précarité de l'existence et la place du religieux.

2ème partie : "guerre" avec les horreurs des tranchées et en plus l'arrogance et le mépris des officiers francophones pour les Flamands.

Dans la 3ème partie l'auteur revient sur les tableaux "copiés" de son grand-père et les secrets qu'ils dévoilent.

Biographie touchante par le lien qui unit le petit-fis à son grand-père maternel , un siècle d'histoire dans une langue classique fort agréable à lire.
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Guerre et Térébenthine

J’ai refermé ce roman avec beaucoup d’émotion…



Ce livre dense est divisé en trois parties : la partie centrale est constituée du cahier de mémoire de la guerre 14-18 écrit par Urbain Martien (« Mon nom se prononce ‘Martine’, pas ‘Martien’.C’est l’équivalent de Martinen Flamand, à vos ordres. ») et elle est entourée du récit que fait Stefan Hertmans sur la vie de son grand-père avant et après cette guerre. Le carnet de souvenirs personnels a la place centrale car c’est cette guerre qui détermine toute la vie de cet homme.



Mais avant, il y a la naissance en 1891 et l’enfance dans un quartier pauvre de Gand, Céline la mère venue d’un milieu bourgeois, qui s’est « déclassée » en épousant l’homme qu’elle aime, Franciscus, le peintre de fresques à la santé délicate, employé par des institutions religieuses. Le catholicisme marque profondément cette famille, Urbain en particulier, dans cette ville de Gand où on parle français (car à ‘époque, les francophones étaient dominants en Belgique, le flamand parlé dans les couches populaires n’était pas reconnu à égalité avec le français). L’enfance et l’adolescence d’Urbain sont marquées par son amour fervent pour ses parents, sa mère digne, maîtresse femme, son père avec qui il passe de longues heures à l’observer en train de peindre et dont il voit la santé se dégrader progressivement jusqu’à une mort prématurée. Ses rêves de devenir peintre à son tour s’effacent devant la nécessité du travail, très rude dans une fonderie, et finalement une formation militaire qui l’amènera aux portes de la guerre avec le grade de caporal.



Urbain raconte ensuite sa guerre : la résistance de l’armée belge démolie par la puissance de feu allemande, la déroute qui accule les Belges sur la rive gauche de l’Yser, l’inondation de la plaine et l’enterrement dans les tranchées avec toute la misère et le danger que l’on sait. Urbain est un personnage emblématique de la Belgique de l’époque : il a le sens de l’honneur et du sacrifice, des valeurs balayées par les exactions allemandes et l’horreur des tranchées ; mais le jeune homme fait obstinément son devoir, il se distingue courageusement et est blessé à trois reprises. (Il passera deux séjours de convalescence en Angleterre, où il découvrira par hasard le travail de son père lors d’un séjour à Liverpool.). Les années 1917 et 1918 sont marquées par des mouvements de rébellion dans les armées, d’autant que les « troufions » flamands sont souvent méprisés par les officiers francophones et que la bravoure flamande n’est pas reconnue à sa juste valeur. Et pourtant Urbain Martien (devenu premier sergent-major) vivra tout le reste de sa vie dans les valeurs et le sens du devoir d’avant 1914.



Après la guerre, il y a enfin la rencontre avec celle qui sera le grand amour de sa vie après sa mère, Maria Emelia elle aussi bien trop tôt partie. Et puis c’est une vie de devoir, de rigueur, de dignité, marquée notamment par le port du même costume noir strict et de la lavallière, et en même temps d’une vie intérieure, intime tellement secrète, impossible à exprimer sauf peut-être dans la peinture, dans les nombreuses copies de tableaux célèbres où Urbain excelle. Bien des années après sa mort, le petit-fils Stefan se mettra sur les traces de ce grand-père tant aimé en observant les toiles, en en trouvant de cachées, en se promenant sur les lieux où a vécu et combattu le jeune homme, en évoquant ses souvenirs les plus marquants (notamment celui de la montre du grand-père) et en leur donnant du sens.



C’est un roman de mémoire, d’amour familial, le roman d’un grand-père et de son petit-fils, le roman d’un petit homme aux yeux de l’Histoire mais qui s’y est inséré avec grandeur, le roman d’une région, la Flandre, de ses traditions sociales et religieuses, de ses combats qui marquent toujours aujourd’hui le paysage politique belge, un roman de guerre, de peinture et de musique. C’est aussi un roman magnifiquement écrit (et traduit, forcément), avec ses phrases amples, ses évocations sensibles, sa pudeur émouvante. C’est un grand roman flamand. Un grand roman belge.
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Une ascension

Pas besoin d'un résumé détaillé pour écrire quelques lignes sur Willem Verhulst. L'auteur, Stefan Hertmans nous fait vivre tout au long des 544 pages (éditions Folio) l'ascension et la chute d'un salaud ordinaire de la collaboration flamande pendant la 2è guerre mondiale. L'évolution du personnage est abjecte et la lecture de cet ouvrage n'est pas faite pour distraire mais pour informer. Comme historienne de l'époque contemporaine, je connais les faits de collaborations avec l'ennemi auxquels s'étaient livrés des belges inciviques mais je n'avais jamais eu connaissance d'une histoire aussi précise qui a demandé de longues années de reconstitution à l'auteur. Ce livre est particulièrement instructif en particulier pour les lecteurs belges de Babelio à l'approche des élections législatives du 9 juin prochain où un parti d'extrême droite flamand affiche des scores qui font peur.
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Une ascension

L'auteur, belge d'expression néerlandaise, achète à la fin des années 70 une maison dans sa ville de Gand et y demeurera de nombreuses années. C'est bien plus tard qu'il s'apercevra que cette maison fut celle d'un nationaliste flamand, Willem Verhulst, qui collabora avec le régime nazi pendant la dernière guerre. Ce personnage par ailleurs fut marié avec Mientje, âme pure, qui n'accepta jamais les positions de son mari.

On suivra donc l’évolution du couple et en particulier l’ascension de Willem, rentré au service des nazis, collaborateur actif, travaillant dans les services de sécurité, participant à la répression contre les mouvements de résistance et les Juifs.

Il sera emprisonné à la Libération.

L'auteur se fonde sur les archives, les documents familiaux et ses entretiens avec les enfants survivants.

Un beau livre, empreint de sensibilité, un regard sur une Belgique écartelée, division exacerbée par les années de guerre. Une blessure sans doute sensible aujourd'hui encore.
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Le coeur converti

L'auteur-narrateur est manisfestement amoureux du village de Monieux en Provence où il vit depuis 20 ans.

Il sait qu'un pogrom s'y est déroulé, il a entendu la légende d'un trésor caché mais, la découverte d'une lettre de recommandation d'un rabbin du lieu à une jeune prosélyte éveille sa curiosité.

Ce n'est donc pas une histoire d'amour comme j'ai pu le lire ici ou là mais bien le récit de l'enquête menée par l'auteur lui-même.

Son but : retrouver les traces de Vigdis-Hamoutal qui, par amour pour son mari d'abord, de ses enfants ensuite, traverse la France du XIème siècle puis la Méditerranée pour se retrouver au Caire.



Il reconstitue comme il peut la vie mouvementée de cette jeune noble normande, s'efforce d'imaginer le périple du couple avec à ses trousses les chevaliers envoyés par le père de Vigdis, les doutes de la jeune femme quant à sa conversion à la religion de son époux, leur vie paisible à Monieux jusqu'au passage des Croisés. Il remonte sa piste de Rouen au Caire via Narbonne, arpente les campagnes qu'ils ont du parcourir où les stymates de l'Histoire ont le plus souvent disparu.



Le récit est dans l'ensemble séduisant.

Les pages décrivant le village sont très belles notamment les évocations de la lumière qui, été comme hiver, embellit tout. J'y ai peut être retrouvé le village de ma grand-mère qui se trouve être à quelques kilomètres de Monieux : la chaleur écrasante et le froid mordant, la lumière éblouissante et le ciel d'un bleu idéal.

Les parties consacrées aux voyages sont particulièrement intéressantes, replaçant les touristes que nous sommes dans la rude réalité des déplacements de l'époque : pénibilité, absence totale de confort, n'oubliant pas, pour une fois, les choses triviales de la vie, la dangerosité...

Cependant, Stefan Hermans se heurte à un écueil de taille : faire vivre Hamoutal tout en restant aussi près de la vérité que possible avec si peu d'indices.

Il manque, ainsi, selon moi, cette petite étincelle qui aurait rendu cette femme qui a tout quitté, tout bravé pour amour, vraiment animée. Elle devait sans doute être ardente. Or, cela ne transparait pas.

Cela reste un roman très bien écrit, qui s'appuie sur des sources historiques solides et se laisse lire agréablement.

Challenge Multi-Défis 2021



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Le coeur converti

La Feuille Volante n° 1358 – Juin 2019.



Le coeur converti – Stefan Hertmans – Gallimard.

Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin.



Au début du XI° siècle, à l'ère des croisades, Vigdis, une belle jeune fille de la bonne bourgeoisie rouennaise catholique, noble par sa mère, se convertit au judaïsme par amour pour David, étudiant à Rouen, le fils du grand rabbin de Narbonne. Elle devient donc Hamoutal. Elle a envie de liberté et rejette la vie rangée qui lui est promise et suit donc David. C'est une remise en question radicale en ce haut Moyen-Age, une percée dans l'inconnu et le danger. Ils fuiront ensemble jusqu'à Narbonne entre les pogroms, le lancement de la 1° croisade par Urbain II, et les conflits internes dans les régions traversées. Ils doivent se méfier de tout le monde, déjouer les pièges et braver les dangers. le père de Vigdis ne l'entend pas de cette oreille et demande aux croisés de la rattraper. Les deux amants doivent donc les éviter autant que possible et ne pas éveiller l'attention des personnes rencontrées en chemin, mais David est assassiné à Monieux, en Provence, où ils se sont réfugiés et ses deux enfants enlevés par les croisés. Vigdis va dès lors devenir un fuyarde à leur recherche et ses pérégrinations l'amèneront jusqu'au Caire en passant par la Sicile. Telle est l'histoire de la fille chrétienne d'un viking qui devient la belle-fille d'un grand rabbin du sud de la France puis plus tard l'épouse d'un juif important du Caire. le narrateur qui fait, mais en voiture puis en bateau, quelques siècles plus tard ce chemin d'errance, communique au lecteur les périls rencontrés par les deux amants puis plus tard par Vigdis seule guidée par l'espoir de retrouver ses enfants.

Tout ce récit part d'un authentique document historique, notant l'existence de cette femme et de son choix exceptionnel pour l'époque, évidemment romancé, découvert par l'auteur dans les archives du village de Monieux où il réside et où, mille ans plus tôt a été perpétré un pogrom consécutif à l'esprit de la croisade. En effet, par ces massacres, il convenait de punir les juifs d'avoir condamné le Christ et aussi les châtier pour leurs richesses. Plusieurs siècles plus tard, il a suivi cette femme jusqu'en Égypte où l'auteur a découvert un document attestant du périple d'une jeune noble normande. Son long travail de recherche s'est doublé d'une démarche d'empathie à son égard, d'une belle érudition et d'un style somptueux.



Je suis bouleversé par cette preuve d'amour de Vigdis envers David ; il m'est difficile d'imaginer que cela est possible. Sa dangereuse pérégrination me rappelle que l'aventure humaine est mystérieuse, longue pour certains et brève pour d'autres et ce sans aucune raison et que l'explication qu'on peut y donner se perd entre hasard, chance et destin sans qu'on soit capable d'en démêler les fils. Ce roman évoque aussi l'antisémitisme qui est la forme la plus ancienne du racisme, solidement ancré dans l'espèce humaine. Je me suis toujours demandé pourquoi ce sont les juifs, un communauté tranquille, qui étaient à l'époque l'objet de ces tueries et de cette haine. Certains d'entre eux étaient des banquiers et en les tuant on tuait aussi leurs créances mais il y avait chez eux aussi des pauvres qui n'échappaient pas pour autant au massacre. Au Moyen-Age l'emprise de l'Église catholique était telle qu'elle gouvernait les institutions et les consciences, manipulait l'opinion, et il lui a été facile de susciter cette détestation des juifs qu'elle considérait comme les meurtriers du Christ. Elle était surtout l'incarnation de l'intolérance, voyait la marque du diable partout et la justice expéditive qu'elle exerçait ou suscitait sans aucun discernement ne jurait que par le bûcher. L'esprit de la charité chrétienne et de l'Évangile était bien loin de ses actes. C'est peut-être cela aussi, avec également l'indulgence plénière, qui a motivé les chevaliers à partir en croisade délivrer le tombeau du Christ, encore que, auparavant, les occidentaux vivaient sur les terres d'Orient en relative paix avec les musulmans et les croisades n'ont pas atteint leur but, certaines s'arrêtant en chemin pour tuer et piller les villes, notamment Constantinople. Elles se sont révélées, non comme un pèlerinage armé, mais comme des opérations militaires dont l'époque était coutumière et qui s'inscrivaient dans le cadre de la lutte défensive contre l'expansion arabe en occident. On pourrait penser que les choses ont aujourd'hui changé, que les mentalités ont évolué avec le temps mais aux pogroms du Moyen-Age a succédé la Shoah et les attaques actuelles contre les juifs prouvent que ce vieux fond d'antisémitisme est bien ancré dans nos civilisations.

J'ai bien aimé ce roman, cette fresque historique est particulièrement émouvante.

©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
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Le coeur converti

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix littéraire clamartois 2019. Il fait en effet partie de la sélection. Dans le cas contraire, je n'aurais jamais eu l'idée de le lire même si la couverture me plait beaucoup.

Stefan Hertmans nous plonge au Moyen-Age, une période que je lis peu en littérature. Le roman alterne entre l'époque contemporaine, l'auteur parcourt en effet le même chemin que la jeune noble Vigdis, et le récit de son périple de Rouen au Caire. Catholique de naissance et promise à un homme, elle devient juive par amour pour David, étudiant à la Yeshiva de Rouen. A cette époque, la religion avait beaucoup d’importance et renier sa religion d’origine était un acte très grave, d’où leur fuite jusqu’à Narbonne pour rejoindre la maison du rabbin puis Moniou, Alexandrie, le Caire. Recherchée par son père, sa vie aura été une succession de fuite et de douleur.

Si j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt la vie de la belle Vigdis et de son amoureux David, j'ai été perdue par les différentes références historiques, les croisades et les précisions sur la religion juive. J'ai trouvé ça trop détaillé et érudit à mon goût. J'ai donc survolé certains passages, avide de retrouver Vigdis devenue Hamoutal.

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Le coeur converti

Itinéraire d'une enfant pourchassée …ou la terrifiante épopée de la fille d'un seigneur Viking de Rouen, née quatre ans après la bataille d'Hastings, tombée amoureuse de David, le bel étudiant fils du rabbin de Narbonne venu parfaire ses études à la célèbre yeshiva normande. Ils s'aiment, ils fuient vers le sud à pied ou sur le dos d'une mule tout comme la vierge Marie, bravant les périls et surtout les chevaliers normands partis à la recherche de la belle Vigdis-Adélaïs-Sarah-Hamoutal.



Cruel 11ème siècle : l'intolérance y règne et les dangers sont terrifiants : ours dérangés dans leur tanière, serpents, chrétiens voulant venger le Christ. le jeune couple parvient à Narbonne, chez les parents de David. Vigdis se convertit et leur mariage est célébré, elle met au monde deux enfants, mais ils doivent fuir toujours plus loin, jusqu'au village de Monieux, aujourd'hui dans le Vaucluse, au sein de la petite communauté juive correspondante du beau-père.



Stefan Hertmans, né à Gand en 1951, est un écrivain d'expression flamande célèbre dans son pays mais bien peu connu en France. Il possède une maison dans ce petit village provençal où eut lieu en 1096 un pogrom et va remonter le temps et tous les lieux où sont passés David et Hamoutal, le nouveau nom de Vigdis, la prosélyte fugitive dont on retrouve la trace dans les documents exceptionnels découverts dans la genisah de la synagogue Ben Ezra de Fustat – l'ancien nom du Caire.



Ni traité d'archéologie, ni roman d'aventure, ou plutôt les deux, le récit est envoûtant : on veut savoir comment la belle jeune femme traverse les pires épreuves qu'un être humain puisse supporter, on rencontre les sauvages chevaliers de la première croisade prompts à assassiner tous ceux qui ne pensent pas comme eux puisque « Deus lo volt ».



L'antisémitisme ambiant a des racines bien profondes … et le siècle d'or des cathédrales et abbayes romanes bien des aspects repoussants. Un roman qui invite à méditer sur les conflits actuels de religions et le sort des fuyards des guerres, en se remémorant par exemple l'ouvrage d'Amin Maalouf (Les Croisades vues par les Arabes).

Ouvrage chroniqué dans le cadre de l'opération Masse critique).
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Comme au premier jour

(Traduit du néerlandais (Belgique) par Danielle Losman)



La quatrième de couverture de "Comme au premier jour" indique qu'il s'agit «d'un roman en récits». de fait, chaque "chapitre" représente une histoire qui peut être lue indépendamment, comme une nouvelle. Des détails épars, des indices comme ce mystérieux "fil d'argent", tracent entre eux une destinée unique répartie en trois étapes, celle d'un enfant entre jeux de guerre et idylle, celle d'un adolescent débridé parfois cruel et enfin celle d'une maturité perturbée et inquiétante, filant dans une spirale turpide. Parmi la diversité des récits (tonalités, noms,...), on garde l'impression d'un développement progressif focalisé sur le même personnage.



La presse belge francophone n'est pas très diserte à propos de Stefan Hertmans, particulièrement pour ce roman que le Gantois inclut dans un triptyque à côté de deux titres non traduits en français "Naar Merelbeke" ("Vers Merelbeke") et "Harder dan sneeuw" ("Plus dur que la neige").

[...]

L'auteur explique (dans un entretien pour Rekto:verso) que dans chaque ouvrage de la trilogie, est abordé le même questionnement en indiquant les résidus du sacré dans les comportements délictueux de gens qui vivent ce qu'il appelle une «déchristianisation» (ontkerstening). le roman, écrit à l'époque de l'affaire Dutroux, montre comment certains peuvent s'égarer dans leur désir obsessionnel de toucher la pureté.

[...]

La quête de l'Image sublime dans les passions humaines, initiée dès l'enfance, contribue ici aux catastrophes intimes et aux déviances de psychopathes.



Une oeuvre littéraire ambitieuse et, selon moi, remarquablement aboutie et loin d'être aussi sombre que la gravité du thème peut le laisser penser. Ceci malgré le développement un peu complaisant de la dernière scène pornographique en fin du livre. le premier texte "Paysage aux oiseaux" est un réel chef-d'oeuvre : "L'obscurité hurlait dans la lumière".



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Une ascension

Un sujet qui donne envie.

Quand on découvre que la maison que l'on a acheté appartenait à un ancien SS flamand, pour moi ça laisse présager des decouvertes, de vieux secrets révélés. Je n'ai rien retrouvé de tout ça.

C'est long et monotone, même si c'est bien écrit, mais surtout on se rend très vite compte que l'homme dont on parle s'avère inintéressant au possible.

Très décevant.
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Antigone à Molenbeek

Inspirée bien sûr du mythe d'Antigone, la jeune Nouria veut enterrer la dépouille de son frère, terroriste mort dans le désert. Le refus officiel qui lui est opposé la rend littéralement folle et elle tente de se pendre avec son drap dans sa cellule. L'histoire est connue, les personnages encore moins nombreux que dans le mythe (pas d'histoire d'amour, ni de roi, seulement un fonctionnaire de police nommé Crénom) le texte est presque en vers et donne plutôt l'impression de lire un slam, ce qui rythme la narration, mais l'appauvrit parfois aussi.
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