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Critiques de Stéphane Servant (1165)
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Monstres

📚Tout commence par une illustration. On y aperçoit deux petites mains velues posées sur le rebord d'une fenêtre de chambre, donnant sur un village de montagnes aux cheminées fumantes.

Otto, le narrateur, est un petit garçon solitaire, un peu rejeté des autres enfants, qui vit avec ses parents à l'entrée du village, près de l'unique route qui y mène.



🖊Stéphane Servant et Nicolas Zouliamis nous ouvrent grandes ici les portes de leur univers imaginaire, mêlant le fantastique et le conte, l'univers freak et le récit de deux vies qui semblent opposées mais qui vont se faire écho.



L'histoire ne laisse pas indifférent, tant par sa forme (le genre du roman illustré prend ici tout son sens puisque certaines parties de la narration sont assumées pleinement par l'illustration) que par le fond. Si l'on ajoute à cela la qualité de l'édition, on obtient un livre-objet original et précieux, hors du temps et à la portée universelle.



👩chronique complète :


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Miettes  (humour décalé)

Je ne sais jamais trop à quoi m'attendre avec Stéphane Servant. Il a été à l'origine de belles surprises ("Félines") et de grosses déceptions ("Sirius").



Mais je me suis lancée dans la découverte de la collection "Court toujours" de Nathan et j'étais curieuse de lire son roman.

Très bonne idée de collection d'ailleurs. Les lycéens de plus en plus surchargés d'options ont de moins en moins de temps pour la lecture plaisir, et ces petits textes sont une chouette proposition. D'autant qu'on peut aussi les écouter ou les lire en numérique. 



Ces textes courts ne sont pourtant ni simples ni faciles.

Ici, l'auteur aborde les stéréotypes masculins et féminins, les attentes inhérentes au sexe, mais aussi les violences et le harcèlement. Tout comme "J'entends des pas derrière moi" de la même collection, le texte est dense. Prenant. Et très efficace. Une réussite !
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Miettes  (humour décalé)

Ce court roman est déroutant. Il fait 47 pages. J'ai mis 30 pages avant d'avoir vraiment envie de continuer la lecture. Et là, grosse découverte : ce livre n'est ni ennuyeux, ni amusant.



C'est l'histoire d'un jeune de Terminale qui fait un "seul en scène" à la fin de l'année scolaire. Le titre de son spectacle : "Miettes" et il prévient qu'il s'agit d'un humour décalé. En effet, son humour plait ... ou pas. Puis à un moment donné, l'élève revient sur un évènement tragique qui a eu lieu dans l'année au lycée, et dont il était une victime. Et en peu de mots, il parvient à tenir son public en haleine.



Harcèlement, pression du groupe et confiance en soi sont des thématiques abordés par ce roman. Quelques pages seulement pour dénoncer la violence entre pairs, et pourtant j'ai trouvé cela très choc.
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Félines

Stéphane Servant frappe un grand coup avec Félines. Véritable page-turner, ce roman aborde de nombreux sujets d'actualité brûlants : féminisme, pandémie mondiale, harcèlement scolaire, nouvelles formes de militantisme... Thriller fantastique complètement ancré dans l'époque, le lecteur est bluffé par le rythme endiablé du récit aux allures de série télévisée. Sirius, le précédent ouvrage de Stéphane Servant, avait déjà marqué les esprits. C'est un auteur à suivre.
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Félines

Vu les avis assez contradictoires, Félines me faisait un peu peur. Mais fort heureusement, dès les premières pages, l’auteur avait gagné une lectrice avide de découvrir son roman prenant la forme d’un témoignage fictif, celui de Louise. J’ai adoré me plonger dans la vie de cette adolescente cabossée par la vie qui, deux ans après un accident lui ayant fait perdre sa mère et sa popularité, doit affronter une nouvelle épreuve : sa mutation. Un phénomène inattendu et inexplicable recouvrant progressivement les jeunes filles de poils et les dotant de meilleurs sens. Dans une société où les poils demeurent tabous, voilà une transformation qui ne passe guère inaperçue, a fortiori quand elle est instrumentalisée par des fondamentalistes qui voient en cette évolution une manière d’abrutir et de contrôler les masses jouant sur cette peur ancestrale et profondément ancrée de la différence.



Les adolescentes ne sont donc plus des jeunes filles, ce ne sont plus les enfants de parents censés les soutenir et les aimer inconditionnellement, ce ne sont plus des sœurs ni des amies ou des petites amies… Non, ce sont des dépôts de Satan qu’il convient de traquer, de parquer, de châtier et d’éduquer comme les animaux qu’elles sont devenues. Voici la position défendue par les extrémistes de La ligue de la Lumière qui, pour notre plus grand écœurement, gagne en puissance jusqu’à atteindre les plus hautes sphères du pouvoir. De manière explicite, l’auteur reproduit ce dont notre Histoire a déjà été le témoin. Et ça marche parce qu’il suffit de regarder autour de nous pour se rendre compte que cette même haine de l’Autre et de ce qui est différent de nous est encore fortement ancrée dans le cœur et le corps des hommes.



Les réactions auraient-elles été aussi extrêmes et violentes si le phénomène avait concerné les hommes ? Peu probable parce que les dirigeants, la plupart du temps masculins, auraient veillé à changer les règles pour protéger leur position et leurs acquis. Mais ici, on parle de femmes, cette catégorie de la population qui n’a pas le droit à l’erreur, qui ne doit pas faire de vague et dont le corps est soumis constamment aux jugements et aux diktats de la société. Il se dégage donc de ce roman un message féministe fort auquel j’ai été particulièrement sensible et que je trouve très important, notamment si l’on considère le lectorat visé par cette publication. J’ai également apprécié la solidarité féminine qui se développe entre les Félines, condition sine qua non pour leur assurer une place au sein d’une société qui les rejette.



Ni monstres ni Obscures, les Félines sont juste des jeunes filles qui ont vu leur corps changer et leurs capacités évoluer, mais qui conservent le droit d’exister, d’aimer et de vivre leur vie sans être ostracisées ni violentées. Devant les injustices qu’elles subissent, les Félines vont peu à peu se réunir, se rebeller et s’opposer aux autorités… Certaines se montreront plus féroces que d’autres, mais Louise fera de son mieux pour leur éviter de tomber dans cette violence à laquelle on essaie de les acculer afin de pouvoir les exterminer en toute impunité en raison de leur « dangerosité ». J’ai apprécié la manière dont l’auteur nous montre le cercle vicieux que certains peuvent mettre en place, avec le soutien des médias contents de faire du sensationnalisme et donc de l’audimat, pour justifier l’usage de la force et créer un profond clivage au sein de la population… La société se divise d’ailleurs ici rapidement entre Félines et humains, entre créatures de l’enfer et enfants de Dieu selon La Ligue de la Lumière, une organisation qui utilise le prétexte de la religion pour asservir et tuer.



Fort heureusement, tout le monde ne cède pas à la haine ni à la peur. À cet égard, j’ai adoré la famille de Louise, et en particulier son petit frère qui se révèle des plus attendrissants. Pour ce dernier, peu importe que sa sœur ait gagné une pilosité importante, elle reste la même personne, celle qui joue avec lui, l’emmène à l’école et lui raconte des histoires le soir. Et puis c’est doux les poils, non ? Quant à son père, bien que dépassé par la situation, il fera de son mieux pour aider et soutenir Louise comme tous les parents devraient le faire, ce qui est loin d’être le cas que ce soit dans le roman ou la réalité. Regrettant que les parents soient bien souvent défaillants ou absents dans les romans young adult, cette figure paternelle, bienveillante et aimante, m’a beaucoup touchée.



J’ai également apprécié Tom, un jeune homme stigmatisé, non pas en raison d’un système pileux hyperactif, mais de sa différence, de sa sensibilité, de son amour des livres, de son amour des histoires d’amour, de son amour des hommes, de son embonpoint…Ce personnage, en plus d’être émouvant et de soutenir inconditionnellement Louise, permettra à l’auteur d’aborder la notion d’amour qui peut être protéiforme, de genre, mais aussi l’importance de laisser chacun être soi sans tenter de l’enfermer dans des cases.



J’aurais peut-être aimé que ces thèmes soient un peu plus développés, mais devant la multiplicité des thématiques abordées, je comprends qu’il ait fallu opérer des choix. Car en plus du racisme et de la méfiance envers les Félines qui traduit surtout celle envers les femmes qui osent se démarquer des carcans de la société, le roman interroge la notion de liberté et de désobéissance civile, et évoque des thèmes comme le harcèlement scolaire, le viol et la culpabilisation des victimes, la question des réfugiés qui sont traités de manière abjecte et avec un manque d’humanité flagrant, les mécanismes de la propagande et le rôle des médias, la manière dont un contexte socio-économique difficile peut servir de terreau à la haine…



Les personnages secondaires et les thématiques abordées sont donc intéressants, mais c’est le travail réalisé sur la personnalité de Louise qui m’a le plus agréablement surprise. Cette jeune fille fait montre, dès le début du roman, d’un sacré recul sur sa vie d’avant l’accident l’ayant fait tomber de son piédestal et de sa vie de petite princesse capricieuse et odieuse. On l’entend nous parler de cette adolescente méchante et superficielle qu’elle était tout en découvrant la jeune fille courageuse, forte et battante qu’elle est devenue. Le jugement sans concession de Louise sur sa vie d’avant la rend assez sympathique malgré un certain manque de chaleur dans la manière dont elle nous raconte son histoire. Cela m’a d’ailleurs un peu perturbée en début de lecture puisque j’ai eu l’impression que Louise ne parlait pas de sa vie, mais de celle de quelqu’un d’autre. Mais la pertinence du ton de la narration a fini par s’imposer à moi parce que l’histoire de Louise, ce n’est pas que la sienne, c’est un peu celle d’Alexia, de Fatia, et de toutes ces Félines, anonymes ou non, mortes au combat ou bien décidées à se battre pour revendiquer le droit d’exister !



Tout au long du livre, on apprend d’ailleurs à connaître certaines Félines comme La Rouquine et Fatia qui sont celles qui m’ont le plus marquée. La première en raison de sa personnalité et de son altruisme malgré les circonstances, et la seconde pour sa révolte qu’elle porte haut et fort comme pour faire un pied de nez à tous ces hommes et ces humains qui la rejettent, elle et ses sœurs, pour ce qu’elles sont. Louise et Fatia sont un peu les exacts opposés, mais chacune aura une certaine influence sur l’autre : Fatia donnera l’inspiration et le courage à Louise de se battre et Louise insufflera à Fatia un peu d’espoir quant à l’humanité. Et vu les actes de certains « hommes », de l’espoir, il en faudra !



Quant à la plume d’auteur, agréable et immersive, elle permet de se plonger sans réserve dans l’histoire, de vivre de l’intérieur le combat de Louise et de ses sœurs, de ressentir toute l’injustice de la situation… Le roman se lit donc tout seul, presque en apnée, tellement il est difficile de lever le nez du livre une fois les premières lignes avalées. Il faut dire qu’en plus de thématiques sociétales fortes, le roman bénéficie d’un bon rythme, les événements s’enchaînant rapidement et l’action étant omniprésente. Les instants émouvants de vie, d’amitié et de complicité alternent avec des moments plus durs, ce qui apporte un certain sentiment d’urgence et donne l’impression presque oppressante que tout peut basculer d’un moment à l’autre…



En conclusion, Félines fut une lecture pleine d’intelligence qui, sous couvert d’un phénomène extraordinaire et inexpliqué, permet de soulever des questions importantes autour de thématiques sociétales fortes allant de l’oppression des femmes au racisme en passant par l’extrémisme religieux. Immersive, haletante, et parfois choquante de réalisme, cette lecture ravira les lecteurs en quête d’une aventure rythmée et sous tension dans laquelle l’humanité s’apprête à affronter son plus gros changement. Plus qu’une révolte, la révolution Félines est en marche, et rien ne pourra l’arrêter !
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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Cavale

"Cavale" est un album très joliment illustré sur le temps : celui qui passe, celui dont on profite, celui qu'on ne prend pas la peine de prendre, etc. C'est philosophique et poétique.
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Sirius

Après des guerres et des épidémies qui ont tout ravagé, Avril et Kid survivent tant bien que mal dans la forêt. Malheureusement pour eux, le passé d'Avril va les rattraper.



Avec ce livre, Stéphane Servant nous offre une histoire où les personnages doivent toujours lutter pour garder leur compassion et leur bienveillance. Survivre dans un monde qui semble mourir et qui semble ne plus rien avoir à offrir, c'est compliqué. Pourtant, Avril va tout faire pour sauver Kid, même si c'est Kid qui pourrait bien sauver Avril finalement...

L'auteur a un style d'écriture qui passe tout seul. Il sait rendre son histoire vivante.



Ajoutons à cela qu'il y a un discours bien plus militant dans ce roman. L'écologie, la cause animale, la solidarité, sont autant de valeurs que l'auteur met en avant. Par ailleurs, il dénonce le profit à tout prix, l'individualisme, et l'extrémisme. Il le fait avec beaucoup de maturité et de cohérence.



J'ai eu un gros coup de coeur pour ce roman post-apocalyptique extrêmement addictif et intelligent.
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Sirius

J'ai entendu beaucoup de bien de cette histoire que j'ai voulu découvrir très vite et je ne regrette absolument pas ce choix. C'est un coup de coeur.



Un pas après l'autre, l'on suit Avril sur la route périlleuse qui va la conduire à une renaissance en harmonie avec la nature, loin de la violence des hommes. C'est une histoire pleine d'espoir malgré les épreuves douloureuses que traversent les héros de cette aventure, à savoir Avril et son petit frère Kid. (la chronique complète sur le blog)
Lien : http://chrisbookine.blogspot..
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Sirius

Avant de commencer, sachez que "Sirius" a fait l'objet d'une lecture commune avec Fred (La bulle de Fred). Une passion commune, des goûts similaires et le plaisir du partage. Il n'en fallait pas plus pour nous lancer ensemble dans cette aventure. Une première pour chacun de nous et, que ce soit le titre choisi ou encore l'échange qui a suivi notre lecture, ça a été une très bonne expérience. A refaire donc!!! Pour en savoir plus à propos de Fred, je vous invite à allez buller sur son blog et sa page Facebook! 😉



L'avis de Fred :



Je fus conquis par ma lecture et Sirius est un véritable coup de coeur ! Il s’agit d’une véritable critique de l’humanité, des choix que nous faisons, de notre façon d’agir. Pour ma part, c’était la première fois que je lisais un roman de Stéphane Servant et je dois reconnaître que j’ai adoré son écriture qui est fluide et poétique. Si son roman est destiné à la jeunesse, il s’adresse néanmoins à tout le monde.

Un autre point fort de ce roman, les personnages. Si au départ on peut penser que les animaux sont des personnages secondaires, il n’en est rien. Dans cette histoire, les animaux sont des personnages centraux et importants de l’intrigue. Ils pourraient même être plus importants qu’Avril qui pour le coup ne serait qu’un personnage secondaire. Le petit garçon, Kid, est très attachant et son langage enfantin y est pour beaucoup. Mais il est également un personnage avec une maturité plus adulte lorsque le lecteur accède à sa pensée.

La structure de ce roman est également primordiale. On remarque au départ que la numération des chapitres commence à 69 pour aller jusqu'à 0 puis recommence à un ce qui correspond au tout dernier chapitre. Afin de ne pas vous spoiler, je ne vous dirais pas dans quel but cela est fait mais c’est une excellente idée ! Si ce roman a un aspect de Science-Fiction, ce n’est qu’un déguisement ! Cette histoire pourrait très bien être réelle grâce aux thèmes qu’elle aborde tels que l’immigration, la maladie ou l’écologie.

J’ai adoré ce roman et je ne peux que vous le conseiller. C’est un livre à mettre dans toutes les mains et à lire absolument !



Ma note : 10 / 10



Mon avis :



La vie se meurt, touchée par un mystérieux virus qui provoque la stérilité. Sans descendance, les espèces risquent de s'éteindre dans une nouvelle crise biologique majeure. Dans ce monde post-apocalyptique, Kid, un petit garçon âgé d'environ 7 ans et sa grande sœur, Avril, vivent dans une cabane, perchée dans les arbres. On est loin du confort d'un palace, mais une capsule de survie à proximité leur permet de se nourrir. Le plus difficile est d'élever le jeune enfant, de le canaliser. Quand Sirius les rejoindra, ils partiront pour la montagne. La promesse faite à Kid pour le faire patienter. Un mensonge parmi d'autres pour une adolescente perdue qui se retrouve rattrapée par un passé obscur. C'est contrainte et forcée, qu'avec Kid, elle va prendre la route en direction d'une chimère seulement représentée par une vieille photo...



Stéphane SERVANT ne s'arrête pas sur l'avenir de l'humanité mais sur celui de l'ensemble des êtres vivants, tous touchés par la stérilité. Les animaux ont la part belle mais n'oublions pas qu'avant tout, l'Homme est un animal! A mon avis, les personnages principaux sont Sirius, Esope, Un, Arthos... et Kid!!! Ce gamin est juste exceptionnel! Un petit sauvage, élevé loin de toutes civilisations et des horreurs qu'à vécu le monde depuis l'apparition du virus. Il a un langage très basique, en retard pour son âge et en même temps, une maturité extraordinaire que l'on découvre lors de ses lectures du "Livre vivant" avec les zanimaux 🐷🐴🐭🐻. Il est fasciné par eux, qui ont presque disparu, exterminés par les Hommes qui les tiennent pour responsables de la propagation du virus. C'est là toute la bêtise et la cruauté de l'humanité. Animaux et migrants ne peuvent être que ceux par qui le mal est venu...



Ce roman est extrêmement touchant, criant de vérité. Je ne m'imagine pas un monde post-apocalyptique autrement. Les réactions des différents protagonistes croisés sur la route ne pouvaient pas être plus parlantes. Très pessimistes pour la plupart (fanatisme, résignation, rejet et violence) il y en a aussi, et heureusement, de plus belles et positives (l'entraide, la bonté et la tolérance). L'Homme est, et a toujours été, capable du pire comme du meilleur... J'étais déjà conquis par l'écriture de l'auteur dans son précédent roman et il ne fait que confirmer son talent. C'est très beau et poétique alors qu'il ne lésine pas sur les horreurs. Un belle critique de l'humanité dans sa relation à la nature et surtout face à ce qu'elle a de pire, représenté par les étoiles noires ou encore la ville...



J'ai absolument tout aimé, une vraie pépite!!! J'ai eu des zétoiles plein les yeux tout au long de ma lecture. ✨✨✨ Je n'ai remarqué le jeu des chapitres qu'à la fin mais quelle bonne idée!!! Rien n'est laissé au hasard, l'écriture est sublime, travaillée et profonde. Bref j'ai adoré! C'est un immense coup de cœur et je n'ai relevé absolument aucun défaut!!! Je recommande ce roman au plus grand nombre. Lisez Sirius et faites le lire!!!





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La langue des bêtes

Il est de ces livres qu’on aime tellement qu’il nous est tout simplement impossible d’en continuer la lecture. Je sais, dit comme cela, c’est étrange, mais laissez-moi vous expliquer. Ce livre, il m’a fallu presque deux semaines pour le terminer, pour la simple et bonne raison que j’en savourais le moindre paragraphe, que je devais me retenir pour ne pas en recopier toutes les phrases sur mon carnet de citations, que je voyais avec angoisse la fin se rapprocher inexorablement à chaque phrase. Ce livre, il m’a secouée, clairement, indéniablement, au point que cela fait presque une semaine que je retarde l’écriture de cette chronique, car je sais que je vais avoir toutes les peines du monde à vous en parler, à trouver les mots pour exprimer les émotions et les sensations qu’ont fait naitre en moi ces mots mis bout à bout, ces lettres ordonnées en une histoire aussi féérique que terrible. Une histoire dont on ne sort pas indemne, quoi qu’on fasse pour se prémunir de ce bouleversement radical entrainé par ce conte qui fait réfléchir sur notre monde, sur notre vie.



La Petite a toujours vécu là, au Puit des Anges, avec Belle, le Père, Franco le lion et les autres. A vrai dire, la Petite ne sait pas vraiment ce que cela veut dire, toujours. La Petite voit les jours qui passent sans chercher à les compter, voit le temps qui défile sans chercher à l’arrêter. La Petite vit entourée d’histoires, sans savoir que les histoires sont des histoires, car pour la Petite, la vie est une histoire, et les histoires sont la vie. La Petite sait les choses telles qu’elles sont, sans avoir jamais eu besoin d’apprendre. Elle sait les liens qui unissent les hommes entre eux et avec la nature, elle sait que l’homme n’est qu’une bête privée du langage fondamental. Mais un jour, elle ne sait plus, tout son monde s’évapore dans les rugissements d’une machine terrible venue détruire la forêt et les arbres et les animaux. Et pour sauver le Puit des Anges, la Petite ne voit qu’une solution : réveiller la Bête, celle qui a volé la langue des bêtes aux hommes, celle qui a sauvé l’Enfant de la colère du Patron. Quand les histoires se mêlent à la réalité, quand la réalité devient une histoire comme les autres, tout bascule et tout s’écroule.



Ce roman est très probablement l’un des récits les plus étranges qu’il m’ait été donné de lire. C’est à la fois beau et horrible, léger et dramatique. On sort des sentiers battus pour atterrir au cœur de l’inconnu. On se laisse surprendre par cette narration si particulière, cette narration qui va à l’essentiel sans jamais le dire vraiment, cette narration qui raconte sans jamais raconter. Les scènes se déroulent devant nous, en nous. Car finalement, l’histoire que nous raconte cette histoire n’est rien d’autre que notre histoire : quand vint le temps de quitter définitivement l’enfance insouciante (mais emplie d’une sagesse bien plus profonde qu’on ne le pense), notre monde s’écroule douloureusement pour se voir remplacer par un univers aux règles incompréhensibles, nos yeux s’ouvrent à ce qu’on préférait jusqu’à présent éviter de voir, nos oreilles comprennent ce qu’elles s’obstinaient à reformuler différemment pour préserver notre joie. Cette histoire, c’est ça : la Petite découvre qu’elle n’est plus la Petite d’hier, sans pour autant savoir ce que sera la Petite de demain. Cette histoire, c’est la douleur de cette enfant que tout oblige à grandir, brutalement, cruellement, sans y avoir été préparée, sans l’avoir demandé. Cette histoire raconte la mort de l’enfance.



Ce roman se fait le messager d’un regard sur le monde, d’un regard qui remet en question bon nombre de nos attitudes, de nos comportements. Ici, l’humanité est présentée comme « enfermée dans des cages de bêton avec pour seule fenêtre l’écran des télévisions », esclave volontaire de ces « paradis colorés, bruyants et artificiels ». Prisonniers de l’inutile, dirait Manset. La Petite vit loin de tout cela, loin de ce Village et de cette Ville qui se font ici le reflet de tous les Villages et de toutes les Villes du monde, et à ses yeux ces individus sont des sauvages, qui ne respectent ni la nature ni les animaux ni les hommes, qui se sont enfermés dans leur vision du monde sans songer une seule seconde que c’est la diversité qui fait la richesse de l’humanité. Tout le monde devrait lire ce livre une fois dans sa vie. Car ce livre fait réfléchir. Ce livre nous invite à nous poser cette essentielle question : « qu’est-ce que l’essentiel ? ». L’essentiel, est-ce l’argent, est-ce la normalité, est-ce l’essentiel présenté par les médias ? Mais ce livre, c’est aussi une invitation à laisser tomber notre vision purement rationnelle du monde pour se laisser emporter par les histoires et les rêves, par les intuitions et les émotions, par tout ce qui se passe du matériel pour exister. Ce livre nous invite à ouvrir les yeux et le cœur.



Et quand bien même on déciderait de lire ce roman comme n’importe quel autre roman, sans chercher à se laisser entrainer par ces réflexions sous-jacentes à l’histoire, croyez-moi, il vaut le détour. C’est beau. Chaque mot de ce livre a trouvé sa juste place pour faire de chaque phrase une poésie. On pourrait passer des vies entières à savourer ces phrases, à les murmurer, à les crier, à les chanter. Les mots et les phrases et les paragraphes sont emplis d’une fluidité rare, d’un rythme délicat, d’une harmonie parfaite. Tout dans ce roman invite à la lecture à voix haute, au coin du feu ou au cœur de la forêt, pour soi-même ou pour un public. Le langage occupe dans ce récit une place primordiale, centrale, cruciale, et cela se ressent dans la narration. Les mots ont été choisis avec soin, autant pour leur signification que pour leur sonorité, pour leur connotation que pour leur beauté. Je ne peux que vous encourager à lire ce roman, ne serait-ce que pour découvrir cette plume si singulière, cette plume qui vous fait retenir votre souffle à chaque instant, cette plume qui fait vibrer tout votre corps et votre cœur d’émotions brutes.



Dire que ce livre est un coup de cœur serait à la fois un euphémisme et un mensonge. Ce livre, c’est une expérience que vous ne voulez pas manquer. Jusqu’à présent, je n’ai jamais rencontré un livre tel que celui-là, et je doute fortement en rencontrer un autre un jour. Car ce livre ne ressemble à aucun autre livre, autant par son fond que par sa forme. Je peine à exprimer avec précision ce que je pense à propos de ce livre, pour la simple et bonne raison que les mots ne suffisent pas toujours à décrire les émotions et les sensations. Ce livre bouleverse, mais il réconforte aussi, ce livre ébranle, mais il amuse également. Ce livre n’est ni une comédie ni une tragédie, ni un roman ni une poésie, ce livre est tout et rien à la fois. N’hésitez plus et laissez-vous appeler par ce livre unique en son genre, qui ne vous décevra pas.
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Un ours, un vrai



Papa, Maman Ours et leur fils vont pique-niquer dans la forêt. Papa Ours est heureux, il peut montrer à son fils ce qu'est un ours, un vrai. Au fil de la promenade, Papa Ours lance des défis à son fils : courir vite, nager... Mais Petit Ours n'est pas aussi rapide, ni aussi à l'aise dans l'eau. Qu'il est fort ce Papa Ours ! Qu'il est courageux ! ... Vraiment ?



***



Voilà un très chouette album, qui pointe du doigt les stéréotypes de genre, et notamment les préjugés sur la virilité et la masculinité.



A travers le personnage du Papa Ours, ce sont ainsi tous les soi-disant atouts de l'homme qui sont mis en avant : sa vitesse, son courage, sa force... Mais l'aspect "m'as-tu vu" du père est aussi décrié et tourné en dérision par la suite. Car même un papa fort et courageux peut avoir besoin de plus petit que soi...



L'ironie et l'humour du texte ressortent dans le côté caricatural du papa, mais aussi avec la chute, que j'attendais avec impatience. Et elle ne m'a pas déçue ! Les couleurs renforcent le décalage entre la réalité, vive, pimpante, et les fameux exploits du papa, plus sombres.



Le personnage de Petit Ours oscille entre admiration pour son papa adoré, et envie qu'il le laisse lire tranquillement. Quant à la maman, placide, elle laisse dire... ou pas !



Une belle découverte pour ma part !

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Monstres

Magnifique ! J’ai adoré, tant le fond que la forme de ce très beau roman illustré qui aborde avec force et poésie le thème de la différence. Les illustrations sont superbes, créant une atmosphère troublante et marquante.

Un beau texte aussi, alliant humour et sensibilité et qui peut bien se prêter à la lecture à voix haute.



Un très bel objet livre assez unique que l’on a envie de faire découvrir aux enfants de fin primaire, début collège.
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Trois soeurs

Les Trois sœurs est un livre écrit par Stéphane Servant et illustré par Liza Zordan. Stéphane Servant est un auteur de littérature jeunesse français, de romans, et d'albums illustrés par divers illustrateurs jeunesse.

Dans ce livre le style d’écriture est poétique.

C’est l’histoire de trois sœurs, qui vivent avec leur mère, appelée « la folle ». Elle semble avoir perdu la raison suite au départ de l’homme qu’elle aime et qui était marin . Les trois sœurs sont très unies. Un jour, Anaïs, la cadette, tombe amoureuse d’un marin qui s’appelle Jean, leur mère redouble de folie et se suicide, tandis que Jean part en mer. Les trois sœurs parviendront-elles à échapper à la folie et vivre une vie normale ?

Je n’ai pas aimé ce livre car on a du mal à se retrouver dans l’histoire, à comprendre ce qui se passe vraiment.

Je conseillerais ce livre à ceux qui aiment les univers étranges et les auteurs au style particulier.

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La langue des bêtes

Il y a, dans les livres, toute la sagesse du monde.

Ses peurs et ses mystères,

ses doutes et ses jubilations.



Il y a, coincé entre leurs pages, des histoires et des vérités,

Des passions et des dévotions.



Il y a de quoi faire gonfler le coeur,

enrichir l'âme,

et remplir le corps.



Il y a tout ce dont nous avons besoin pour vivre, aimer et souffrir.

Éviter le pire. Et rêver.

Respirer, nous nourrir, habiller notre regard et puis nos membres.

Les recouvrir d'un manteau de dignité.



Les histoires qui habitent leurs pages font des bêtes que nous sommes des survivants inspirés. Des poètes sur le fil, des apprentis éternels.

Et cette histoire, celle de la langue des bêtes de Stéphane Servant, est parmi les plus belles qu'il m'ait été contées.



C'est une fable envoutante, touffue et intrigante, mettant en scène des personnages justes et profonds. Emplis d'espoirs et de défaites.

Une histoire qui se plait à nous faire louvoyer, à nous égarer dans ses méandres, et nous laisser mijoter. On ne sait pas toujours où se trouve la frontière entre le rêve et la réalité, le fantasme et la fiction, mais on le sait, on touche du doigt la Vérité. Celle de l'émotion, du ressenti, du sentiment.



Au travers du regard décalé d'une enfant sauvage, fille d'une funambule et d'un ogre, elle nous invite à croire à la magie des histoires.

La langue est douce et poétique, heurtée et fragile, passionnée et rude. Elle dit la tristesse et la folie, la marge et le dedans, la rage et le désespoir, la grandeur des songes et des récits.

Elle dit avec les mots du réel et ceux de l'enfant, doux, incertains, les troubles du monde et la faiblesse des hommes.



La langue des bêtes pense les coeurs et panse les âmes.

Elle libère les oiseaux enfermés dans nos thorax

et dépose une once de magie sur nos fontanelles,

sur nos tout petits ciels et sur nos longues nuits.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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L'expédition

Incontournable Avril 2022





Je n'ai pas pu détacher mes yeux de cette incroyable couverture, si pimpante de couleurs et si vibrante de vie, avec une femme qui semble seule maîtresse d'elle-même.





Cet album tient du récit, mais il est aussi semblable à un carnet, le genre qu'on gribouille et rempli un peu au hasard des trouvailles dans les marges. Surtout, c'est le périple de cette femme, qui a su tôt que la mer l'appelait, à la manière de Moana ( Qui s'appelle Vaïana en France). Elle construit son propre navire, un amoncellement hétéroclite plus qu'un vrai bateau, mais une embarcation qui va néanmoins tenir et la porter de par le monde. C,est une mer peuplée de monstre et des ports peuplés de gens de tous horizons qu'elle va croiser, entre deux vagues déchaînées. Et elle va même croiser la route d'un petit enfant tout clair, qu'elle va adopter et porter sur les mers à son tour. Et un jour, alors blanchie par le poids des années, mais l'oeil toujours vif, qu'elle va trouver un coin de paradis, une île dont elle rêvait. C'est là qu'elle va léguer son bateau à cet enfant devenir adulte sans même s'en rendre compte. L'expédition s'achève peut-être pour elle, mais elle vient de prendre réellement son envol pour son enfant.





On respire la liberté dans cet album, où la richesse n'est pas dans le matériel, au contraire, car l'héroïne semble plutôt avoir peu et son bateau restera l'amas d'objets dépareillés qu'il était au début. Sa richesse était dans ses rencontres, ses expériences et le fait qu'elle jouissait d'une liberté totale. Sa liberté s'est d'ailleurs amarrée à celle d'un enfant, qui lui a littéralement bondit dessus, comme s'il l'avait attendu et espéré. Et au final, son paradis n'a rien d'une maison immense ou d'un trésor, mais a plutôt la forme d'une terre magnifique, une nature généreuse et des couleurs plus éclatantes que jamais. En un mot, je dirais qu'on a ici un bel exemple de simplicité volontaire, ou encore cette faculté de certaines personnes de voir le merveilleux dans le voyage.





Ça me rappelle l'album "la fille à moto", qui avait des airs similaires: une jeune femme a décidé de faire le tour du monde en moto et c'est au gré de ses rencontres et ses aventures qu'elle a vu la beauté du monde. Il y a de quoi rêver. C'est une histoire vraie, en plus.





Bien sur, le texte n'est pas le seul à faire rêver, regardez moi cette couverture! Regardez moi ces couleurs généreuses et vives! de près, ça ressemble à une peinture à numéro de bon calibre, avec ces petits espaces qui se touchent sans se mélanger. Mais de loin, ça respire, ça bouge, ça se dévore des yeux. Il n'y a pas de contours, c'est juste des couleurs qui se lèchent et se côtoient en une suite d'illustrations à la dynamique fluide comme l'eau. Très intéressante technique, franchement, j'aime beaucoup. Ça me rappelle mes cours d'histoire de l'art, avec ces grands amateurs de couleurs un brin psychédéliques. De quoi stimuler la vu de nos jeunes lecteurs, assurément.





Aussi, et je termine sur cette note, j'adore les personnages, même aussi brefs. J'ai vu des parents encourager, soutenir et aimer leur fille, à grandes poussés ver la mer. Un vrai trésor en soi, selon moi, que de laisser les jeunes rêver et s'accomplir, grâce au support parental. J'ai vu une jeune fille croire en son projet et vivre pleinement, à contre-sens des préceptes de société, peut-être, mais quelle fille courageuse et entière! Un album dont les riches couleurs nous bercent le temps d'une formidable expédition.





Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans, mais qui peut aussi faire rêver les 6-7 ans. *J'estime que le volet plus philosophique de l'album sera sans doute plus perceptible par les 8-9 ans en montant.
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Miettes  (humour décalé)

A l'occasion du spectacle de fin d'année de terminale, un jeune garçon discret et souvent mis à l'écart décide de prendre la parole et de faire un one man show qui va bouleverser les spectateurs...

Un roman court mais percutant qui aborde beaucoup de thèmes. Stéphane Servant y dénonce les stéréotypes de genre mais aussi les humiliations et le harcèlement que peuvent subir les ados qui ne rentrent pas dans des cases !

On ne peut que souligner le courage du héros, ce jeune homme subissant les violences d'un groupe de camarades de classe lors d'un séjour scolaire, qui parvient à se libérer par la parole et qui fait bouger les consciences, lui qui ne cherche qu'à avoir une vie tranquille.

Je ne suis normalement pas fan des nouvelles car je reste souvent sur ma faim mais ici, en peu de pages, l'auteur va à l'essentiel et c'est pour moi un coup de cœur !





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Miettes  (humour décalé)

c'est le spectacle de fin d'année et un élève s'avance sur scène. Un garçon effacé que personne ne calcul ou pour être moqué par les autres. Mais ce soir, il va faire un seul en scène. Au début, il se veut marrant mais assez vite son récit devient grinçant, reflétant des situations qu'il a vu ou subit jusqu'au dénouement.



Un récit court et percutant qui donne la parole à ceux qui normalement subissent et n'ose parler. Cela se veut léger mais la réalité rattrape tout le monde que ce soit les bourreaux, les victimes et les adultes.
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Félines

Dès le début du roman le ton est donné. Immersif. Puissant. Révolté. On est lancé dans un roman qui ne commence pas tout à fait et ne s’arrête pas tout à fait. Roman métaphorique d’un monde bien actuel où des jeunes se retrouvent braqués en place public, les mains croisées sur la nuque, où des femmes frôlent les murs pour échapper aux regards des hommes, ou des adolescentes se plient à des diktats d’une société moisie, sombre, opprimante. Les Félines c’est vous et moi. Les Félines se sont des femmes, des adolescentes qui voient leurs corps changer, poils sous les aisselles, le pubis, les jambes. Noirs, bruns, blonds, roux. Il faut raser, tout effacer. Mais ça ne s’arrête pas là. Ça grimpe, et puis le torse, le ventre, les seins, le dos, les épaules, le visage. Métaphore. Métaphore des corps qui changent, qui se tordent, sans que personne n’est rien demandé. Des corps avec lesquels il faut vivre. Dans la nuit, dans le jour, dans le regard des autres.



Toutes ces filles-adolescentes qui d’un coup ne ressemblent plus à nos diktats, à nos illusions, à nos rêves. Toutes ces filles-adolescentes qui d’un coup ne sont plus que des filles-adolescentes. Des monstres ? Des créatures du diable ? C’est ainsi que désormais le monde les perçoit, monstrueuses, violentes, d’un coup affichées là à la face du monde. Métaphore encore de ces filles-adolescentes qui ne rêvent que de liberté, qui espèrent toutes dans leur lit pouvoir être libres et au réveil se regardent dans la glace pour effacer le moindre de leur « défaut ». C’est brutal. Violent. C’est l’adolescence telle qu’imaginée par des hommes qui ont dirigé le corps des femmes depuis l’aube des temps. Alors oui c’est imaginaire, il y a ce côté « poussif », cette transfiguration du corps, mais croyez-moi ça va bien au delà de cela, bien au delà d’une jolie histoire, bien au delà d’un récit. C’est comme regarder un peu déformé de toi-même, de ton histoire, de ton adolescence. Et même d’aujourd’hui. De l’escalade de violence. De l’engagement des jeunes. De la montée des extrêmes. Et encore et toujours du regard sur le corps des femmes.



Les romans de Stéphane Servant ont toujours pour moi été des contes dont les leçons visaient à regarder le monde autrement. Mais ce n’étaient que des contes. Avec ce roman, l’auteur aborde notre société contemporaine avec un regard et une écriture beaucoup plus engagée. Bien sûr vous retrouverez des mots-merveilles, des conversations loufoques, des rires dans la nuit, de la tendresse et de l’amour. La famille aussi. Mais il y a ce récit, propulsé comme un témoignage dans une société gangrenée, retour aux méthodes de la seconde guerre mondiale (camps de travail, parcs à animaux, exactions policières, robes distinctives, etc.), une ode à la liberté. On commence par cette adolescence presque ordinaire, les moqueries, le regard des garçons, les ragots, l’envie d’être du bon côté de la barrière. Puis on glisse. Indubitablement. Les félines qui se réveillent, ces femmes-chats qui se transforment, mutation d’un chromosome. Et puis la haine. Toujours. Envers tout ce qui est différent, intolérable aux yeux des bien pensants, et la récupération politique bien sûr, sans elle comment se porterait le monde ? Et les félines, de véritables bouffées d’air dans ce récit, libres, sauvages, avec cette puissance de l’âme.



Chaque personnage est extrêmement travaillé. Même ceux que l’on déteste. Il y a Louise bien sûr qui cache ses cicatrices derrière une grande cape noire et son frère, et son père, cette famille soudée en laquelle on a envie de croire. Mais aussi Tom, le cœur sur la main, les yeux dans les livres, le géant et la gothique au bord du lac. Et puis toutes les autres félines : Fatia et la Rouquine pour commencer, et celles que l’on ne voit pas venir. Celles que l’on aimerait détester mais dont on comprend chacun des gestes. J’ose croire, étrangement, que tout ne se passerait pas comme ça, que l’on serait davantage à se rebeller, davantage à les soutenir, à nous soutenir, toutes dans un genre de solidarité combative. Mais qui sait ?



Félines c’est le genre de romans qui te fait gamberger un bon moment. Qui te reste en tête longtemps. Et qui te fait dire que tu aurais adoré lire ce genre de livres en étant ado. Un roman féministe et engagé, féminin et engageant, politique aussi d’une certaine façon, mais surtout militant d’un monde plus juste, plus tolérant, plus beau tout simplement. Où les gens s’aimeraient, à l’image de Tom et Louise, sans rien attendre, construisant des plans sur la comète avec ce qu’il faut d’insouciance et de magie.



En résumé



Le dernier roman de Stéphane Servant est une petite bombe. Abandonnant les allures de contes oniriques de La langue des bêtes et Sirius, Félines se fait roman engagé et militant. Véritable ode à la féminité, à la résistance et à la tolérance, ce one shot est une merveille. Un roman à lire pour toutes les adolescentes (et adolescents) avec un message puissant et toujours plus d’actualité : être différent, ce n’est pas être un monstre, c’est être comme tout le monde. C’est être félines.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Félines

Je prends un grand risque en vous dévoilant publiquement mon admiration pour Louise et pour toutes ces Félines qui combattent sans relâche pour leur liberté d’être ce qu’elles sont. Si les autorités me trouvent, elles me jetteront certainement en prison. Mais après avoir lu le témoignage recueilli (et je dois le dire, magnifiquement écrit) par l’écrivain Stéphane Servant, je ne peux pas rester muette plus longtemps. Louise et toutes celles qu’elle représente à travers son histoire, sont des êtres marquants, qui cherchent simplement à être acceptées malgré leurs différences. Et ce n’est pas juste [...]



Pour lire la suite de cette critique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Sirius

Un roman post-apocalyptique destiné à la jeunesse par une plume poétique à souhait… J’ai sauté dessus. Pour une fois, nul reproche à faire. C’est un livre que je remettrai aisément entre les mains d’adolescents sans sourciller car cette histoire reste un petit coup de cœur.



Outre l’écriture lumineuse aux multiples métaphores et quand bien même la fin m’a laissé sur ma faim à cause d’une régression quelque peu violente à mon goût, j’ai apprécié le voyage. Il y est question d’écologie, d’ode à la nature, de dérives sur les croyances et d’obsessions, harcèlement au travers d’un sombre personnage incapable d’évoluer, des failles et faiblesses humaines où chacun.e est susceptible de s’embourber par ego, par chagrin, par la nécessité de survivre, de rédemption… Egalement question de vivant interconnecté et de spiritualité, d'évolution humaine vers l'harmonie qui fera toujours suite à une régression... Ha ! N'oublions jamais de laisser s'exprimer notre enfant intérieur !



En bref, j’ai véritablement passé un bon moment avec cette lecture ayant forcément trouvé de l’écho face à ma propre perception et conscience du monde, mais je vais éviter de trop en dire ici ! ;)
Lien : https://carrefour-ludique.bl..
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