Stéphane Servant

Encore une collaboration réussie pour Stéphane Servant et Ilya Green qui nous livrent un texte plein de poésie et de nostalgie, et dont les illustrations reproduisent un monde féerique coloré et rempli de douceur, un univers où l’on peut se réfugier, rêver et grandir.



Ce livre aborde une thématique importante chez les petits : les doudous. Nos beaux doudous place l’enfant au centre du livre, c’est lui qui raconte sa relation avec son doudou. Le doudou grandit à la place de l’enfant qui, lui, veut rester petit. Il est dépendant de ce grand animal en peluche qui le protège de tout et prend beaucoup de place dans sa vie. Jusqu’au jour où le petit personnage rencontre d’autres enfants et commence à se sociabiliser. Alors il laisse progressivement son doudou de côté. Pendant que le doudou part en voyage sur son bateau en papier, l’enfant peut grandir, mener ses propres expériences, s’ouvrir au monde et aux autres. Mais le doudou n’est jamais très loin et, avec lui, la nostalgie et le parfum de l’enfance.
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Merci aux éditions Thierry Magnier et à Netgalley pour ce moment hors du monde.



Monstres est, pour moi, une complète nouveauté dans mon univers littéraire. Les bandes dessinées et romans graphiques ne font partie de mes lectures que depuis quelques mois et quand c'est le cas, j'ai une grosse préférence pour les couleurs douces, pastels. Avec Monstres, on est loin de tout ça et pourtant dès que j'ai vu sa couverture, quelque chose m'a appelée. Une forte curiosité s'est emparée de moi, c'est le preuve qu'il faut toujours suivre son instinct pour n'avoir aucun regret. Mais assez de blabla, parlons de ce magnifique ouvrage.



Nous partons à la rencontre d'un petit garçon, Otto dans son village pas vraiment comme les autres. Un soir, du bruit se fait entendre et par la fenêtre, Otto aperçoit plusieurs roulottes indiquant "Le cirque d'Erêves", il est grandement intrigué par cette vision inattendue. Tout le village se presse et un homme en veste rouge façon Monsieur Loyal, debout devant une cage voilée, annonce bien haut et fort qu'à l'intérieur se trouve un monstre comme personne n'en a jamais vu. Tout le monde retient son souffle, moi aussi d'ailleurs.



Ce qui est étonnant dans ce roman graphique, c'est que les personnages ne sont visibles que de dos. le lecteur ne les connaît que par l'ombre qu'ils dégagent dans la nuit. Jusqu'au jour où le voile se lève de la cage et que chacun découvre le monstre. le lecteur voit alors chaque visage horrifié face à cette erreur de la nature. Et à ce moment-là, je reçois un coup au coeur. Qu'est-ce qu'un monstre finalement? La laideur ou juste la peur de la différence ?



Subjuguée par ces illustrations dont se dégage une émotion qui me transperce, je ferme ce roman graphique avec l'impression d'avoir vécu un moment nouveau. Suis-je heureuse ou triste en les regardant ? Je ne sais plus. Mais il se passe quelque chose de fort, c'est indéniable. Tout en noir et blanc, en ombre pour contrer la lumière, laissez-vous emporter par un moment poétique qui laissera sa propre trace.

« Puisqu’ils sont enfin heureux,

Laissons-les aller jusqu’au bout du chemin.

Laissons-leur encore, encore un peu de temps »



Mélangez ensemble Stéphane Servant et Rébecca Dautremer et vous obtiendrez un album unique, surprenant et sans « fin » !

Outre les illustrations savamment orchestrées et au tempérament bien ficelé, on ne peut que saluer le cheminement intérieur que l’on parcourt et que l’on découvre tout au long du livre.



Si vous aussi vous avez peur de la Fin, si vous aussi vous êtes en Cavale constamment, si vous aussi vous vous heurtez à des Montagnes et si vous avez enfin envie de profitez de l’instant présent, de Maintenant, foncez tête baissée mais n’oubliez pas de vous arrêtez de temps en temps pour vivre 😊

J’ai souvent entendu parler de façon élogieuse des œuvres de Stéphane Servant sans avoir l’occasion de le lire. J’étais donc ravie de pouvoir découvrir Félines dans le cadre du #PLIB2020.



Je pense que ce roman a été une expérience de lecture inédite pour moi. Il fait partie de ces livres qui changent votre vie de lecteur/lectrice.



Tout d’abord, j’ai été surprise de la justesse dont l’auteur fait preuve pour narrer les pensées, les émotions ou encore les comportements des adolescentes. Félines est construit sous forme d’un témoignage livré par Louise, âgée de dix sept ans. Elle nous raconte le drame qu’elle a vécu dans son passé, ses histoires d’amitié ou encore ses complexes. Le récit semble incroyablement réel et probable. Je me suis souvent retrouvée dans les propos de l’héroïne. D’ailleurs, on oublie rapidement que c’est un homme qui a rédigé ce texte.



Par la suite, Louise nous explique l’arrivée de la mutation et ce qu’elle, ainsi que d’autres jeunes filles, ont pu traversé. La mutation provoque des changements corporels comme l’apparition d’une pilosité sur l’ensemble du corps. Elle modifie également les facultés telles que la vision, l’odorat etc. Ces adolescentes sont considérées comme des abominations, des pestiférées qui doivent être parquées et séparées du reste de la population. (Heureusement, certaines personnes ne pensent pas de la même manière !)



Durant ma lecture, je me suis souvent dit que l’Homme serait tout à fait capable de réagir ainsi face à un tel phénomène. Après tout, on a déjà observé des réactions équivalentes dans notre Histoire vis à vis de certaines communautés religieuses ou encore lors de la ségrégation raciale. Cette lecture a été aussi brutale que percutante. J’étais souvent révoltée, voire écœurée, par toute la violence retranscrite, physique comme verbale. Celle-ci me semble malheureusement envisageable dans notre monde. On peut aisément comparer ce que les Félines vivent à ce que n’importe qui peut subir car autrui pense qu’il n’a pas la « bonne » couleur de peau, le « bon » sexe, la « bonne » orientation sexuelle…



Félines est sans conteste un roman engagé où l’auteur veut pousser le lecteur à la réflexion. Stéphane Servant aborde des sujets divers allant du féminisme, à l’acceptation de soi en passant par l’égalité pour tous. Je pense que ce livre devrait être lu par une majorité. Il peut à la fois répondre aux interrogations des adolescents ou encore sensibiliser les lecteurs à différentes thématiques, peu importe l’âge.



Mon seul petit bémol est la présence de quelques longueurs mais je ne peux pas le reprocher à l’auteur. L’évolution des mentalités ne se fait pas en un claquement doigt. Les événements qui se déroulent dans le récit sont contés de façon à paraître réalistes. Il est donc normal de trouver des moments où la situation stagne.



J’avoue aussi avoir été quelque peu frustrée par la fin. ( Attention spoiler : A quoi ressemblent les enfants ? )



En bref, j’ai grandement apprécié cette lecture d’une justesse et d’une force incroyables. C’est un récit qui vient vous percuter, vous remettre en question mais qui ne veut que votre bien, vous aider à vous accepter et à évoluer. Il me tarde de pouvoir découvrir Sirius du même auteur.
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J'aime bien qu'on me parle de la culotte du loup, parce que quand il commence à l'enfiler, le bestiau n'est pas loin de venir nous croquer tout(e) cru(e). Après ça, il a encore sa chemise, ses chaussettes et ses bottes à mettre, il nous reste juste un peu de temps pour le narguer, en chantonnant et dansant sous son nez, avant de filer à tous jambonneaux.



Dans cette histoire, on a encore plus de répit. Le loup découvre que sa culotte est trouée, pas question de sortir comme ça, il en va de son autorité auprès de la "bande de saucissons" (les trois petits cochons) qu'il traque. En route pour le magasin, mais le choix est difficile entre différentes culottes toutes plus belles les unes que les autres, et le luxe, ça se paie.

Quand le loup est parti faire son coquet, les cochons dansent. Mais gare à ne pas trop tirer sur la ficelle, petits saucissons !



Texte en rimes, répétition, humour, couleurs flashy, détails amusants dans le dessin, loup victime mais pas seulement... Tout est là pour un très bon moment de lecture-rigolade.



• Sur les dessous du loup, mon histoire préférée est 'Ma culotte', d'Alan Mets. Très drôle.

Célia revient dans le village de sa grand-mère Tina, elle attend l'arrivée de sa mère, écrivaine dévorée par l'angoisse. Pendant cette attente, tous les démons du passé ressurgissent, ses questionnements sur son père aussi...

Elle n'est pas la bienvenue ici, tout comme sa mère et sa grand-mère d'ailleurs. Mais pourquoi ? Quel est ce secret que tout le monde tait et qui les fait passer pour des "sorcières", des "louves" ?

Célia va retrouver une amie d'enfance, Alice, maltraitée par son père Thomas et abandonnée par son frère Andréas qui a fui la violence de ce père en ouvrant une fabrique de papier et d'encres dans le village.



C'est un roman très dense, truffé de rebondissements, de découverte de secrets qu'il est difficile d'en parler tant on a peur de révéler un élément clé du roman qui pourrait nuire à la lecture. Les personnages prennent réellement corps avec l'écriture de Stéphane Servant.



C'est magnifiquement écrit, on retrouve parfaitement les mentalités des habitants de villages reculés des montagnes qui pourraient être les pyrénées...



J'aime cette écriture qui métamorphose l'homme, comme dans souviens-toi de la lune.

Avril vit depuis quelque temps dans un arbre avec Kid un jeune garçon afin de tenter d'échapper à la violence de cette Terre dévastée par les hommes.



Mais le danger, incarné par les dangereuses étoiles noires, se rapproche et ils sont contraints de fuir leur havre de paix.



Lancés sur les routes, leur chemin va croiser celle d'un étrange petit cochon que Kid va appeler Sirius. C'est le nom du chien qui est censé, d'après les affirmations d'Avril, marquer la fin de l'exil. Dès lors c'est le départ vers la montagne qui symbolise tous les espoirs...



Un roman épique qui n'est pas sans faire penser aux épreuves que traversent Homère et ses compagnons pour rentrer chez eux. C'est aussi un panorama de ce que l'homme a de meilleur et de pire en lui avec au coeur du livre la question du pardon.



La présence très forte des animaux nous montre, si c'était nécessaire, qu'ils sont indispensables et qu'il faut les considérer comme nos frères.



Les aventures se succèdent pour nos deux compagnons qui semblent aller de Charybde en Scylla. Heureusement, des parenthèses d'humanité sont offertes au lecteur, qui doit lui aussi espérer et tenter de suivre les étoiles, afin de peut-être en devenir une aussi à la fin du livre.



Un roman fort et beau à partager !
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J'aime bien cette collection boomerang, ces romans contenant 2 histoires avec un lien que l'on peut commencer dans n'importe quel sens...

Je me demande d'ailleurs toujours au début si je fais le bon choix et si cela va changer ma perception de l'histoire de commencer plutôt de ce co^té-ci ;-)

J'ai beaucoup apprécié ce titre qui met en scène des rencontres qui se font par billet dans le collier d'un chat.

Une surprise attend les lecteurs au niveau de ces rencontres et elle fonctionne dans les 2 textes.

Vous vous êtes réveillés de mauvaises humeur? Vous sentez que les mots que vous prononcez sont plutôt méchants vis-à-vis des autres?

Ne cherchez pas plus loin, le Crafougna s'est installé chez vous. Comment faire pour vous en débarrasser? Car, malheureusement ce n'est pas une espèce en voie de disparition. Donc si vous souhaitez l'éradiquer: lisez ce livre et agissez en conséquence.



Cet album est conçu pour une lecture familiale, car à la lecture de celui-ci, les enfants font mines de s'y identifier, mais c'est surtout les adultes qui réagissent le plus.

L'histoire se déroule au cœur d'une famille. Après le refus du père à son fils pour l'aider dans ses devoirs, il s'isole dans sa chambre car dans la maison c'est la pagaille. Sa sœur est renfermée dans son monde. Sa mère n'ai plus la même. Il faut qu'il trouve une solution.



Si jamais vous croisez un monstre velu tout poussiéreux, que l'ambiance générale est morose. Il n'y a qu'une chose à faire: offrir ce livre et laissez agir.

P.S.: Ce remède n'étant pas totalement garanti 100% de réussite, prière de ne pas s'en prendre aux fabricants pour toutes récidives, merci d'avance.



Et crafougni, et crafougna...

Cette semaine, vous êtes de mauvaise humeur ? Ne vous inquiétez pas, c'est sûrement que le Crafougna s'est installé chez vous. Une seule solution : tout mettre en œuvre pour le faire partir !

Un album qui traite de manière humoristique un sujet peu abordé dans la littérature jeunesse : les émotions négatives, la mauvaise humeur, la déprime. Une façon originale de mettre en image ces sentiments et d'en parler, tout simplement.

Un garçon « format miette » (1m50, binoclard, le genre qu’on ne prend que forcé et contraint dans son équipe de foot) fait un numéro lors du spectacle de fin d’année au lycée. Nous ne connaîtrons pas le prénom de ce garçon qui s’est lancé dans un improbable stand up qui essaye de faire rire au début et qui prend au dépourvu tous les spectateurs. Nous connaîtrons son histoire et les réactions du public uniquement de son point de vue. Il raconte son histoire familiale, comment il s’est construit entre un père qui le voulait viril et ne comprend pas ce fils qui préfère les livres au sport, une mère dévouée et fatiguée et un petit frère adorable. Il raconte sa vie à l’école, au lycée, il raconte une certaine sortie scolaire dont il essaye de se purger en montant sur scène.



Miettes (Humour décalé) parle des stéréotypes liés au genre, de violence, de harcèlement mais aussi de résilience. Miettes (Humour décalé) est un texte court qui claque et qui glace, un texte qui ose et qui oppose aux modèles tout faits la voix d’un ado qui ne sera plus jamais une miette.
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Cavale et ses nombreuses jambes fuient Fin, le monstre qui le poursuit. Il trouve refuge auprès de Montagne. Et de leur amour de 1000 ans né Maintenant, petit bonhomme, leur espoir.

Dis comme cela, ça a l'air bizarre. Et ça l'est en fait. Mais c'est aussi un beau texte, poétique et onirique, philosophique et porteur d'espoir, comme sait les faire Stéphane Servant.

Et que dure des illustrations de Dautremer ! Elles sont étranges, certes. Mais belles aussi, avec ce petit style années 30 des personnages qui lui va si bien.

En somme, un album étrange et poétique, pas vraiment pour les plus petits.

Yanis s'est construit une cabane sur le toit de son immeuble pour échapper à son quotidien de banlieue. Mais pour pouvoir offrir un cadeau à Tamaya, dont il est amoureux, il se laisse entrainer dans un mauvais coup par une bande d'anciens amis. Une rencontre inattendue va lui ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure...

Un roman facile à lire qui aborde beaucoup de thèmes de société : la vie dans une cité, l'effet de bande mais surtout la solidarité envers les sans-papiers, les expulsions, l'amitié et le pouvoir de la musique.

Yanis est un personnage vraiment attachant, qui veut s'en sortir, aider ceux qui l'entourent et qui s'est créé seul un refuge secret.

J'ai apprécié ce roman "tranche de vie" écrit avec sensibilité, poésie parfois, et plein d'optimisme.

A partir de 8/9 ans.

Une jeune fille rêve de voguer vers l'horizon. Elle quitte alors son village pour se lancer dans l'aventure.



Cet album nous parle de rêves, de voyage, de rencontres, de maternité, de quête de soi, de transmission aussi. J'ai adoré le texte, les messages transmis et je dois avouer que les illustrations sont particulièrement belles.

Premier coup de cœur de mes lectures de la rentrée, ces petits textes qui se font face sont tout simplement sublimes. Ils parlent de ce sentiment universel qu’est la solitude et que l’on peut ressentir à tous les âges, que l’on soit une vieille femme ou un jeune garçon. L’écriture sonne juste et permet d’entrer dans l’intimité des deux personnages par l’intermédiaire de ce doux félin au double nom : Lunes/Lundi.



En plus, Stéphane Servant a su se servir de la contrainte de la collection Boomerang avec efficacité. Les deux histoires peuvent se lire l’une sans l’autre (et laissent alors certaines parts d’ombre à recréer), dans n’importe quel ordre, et donnent au final une histoire globale merveilleuse. C’en est presque de la physique : l’ensemble donne plus que la somme des deux parties.



Je n’ai pas envie de vous en dire plus car l’histoire recèle de nombreuses surprises, de faux-semblants et autres mystères qu’il convient de découvrir à la lecture. En tout cas, vous pouvez suivre le chat messager les yeux fermés, il sait ce qu’il fait.
Lien : http://boumabib.fr/2014/09/1..

Célia et sa mère Catherine reviennent s'installer dans leur maison de famille, dans un village isolé de montagne. Mais elles ne sont pas les bienvenues. A travers leur histoire mais aussi grâce à la lecture du carnet laissé par Tina, la grand-mère, on découvre un monde où les rumeurs, les superstitions et les secrets de famille peuvent peser lourd...

Un roman plein de rebondissements où les secrets s'enchainent pour lier le destin de ces 3 femmes avec toujours la transmission d'une idée de la liberté et des rapports humains.

Je connaissais Stéphane Servant pour ses albums que j'aime beaucoup, et je dois dire que j'ai été assez troublée par ce roman. Certes, je suis allée au bout de ma lecture, voulant connaitre le fin mot de cette histoire mais j'ai trouvé le rythme lent, ayant beaucoup de mal à m'attacher à ces personnages...

C'est en passant un jour près du grand lac que Bobo l'éléphant trouve un drôle de machin en tissus qu'il ramasse et coiffe en guise de bonnet. Mais Kiki l'alligator se moque de lui. Il en est sûr, ce machin n'est pas un bonnet mais une belle cape ! Bobo lui abandonne le machin et part bouder dans la forêt. Non loin de là, Zaza la brebis voit Kiki et se met à rire de lui. Pour elle, ce machin n'est autre qu'une jupe. A son tour, Kiki part bouder dans la forêt en regardant Zaza enfiler le machin. Juju le canard qui passait par là trouve Zaza bien nouille de penser que le machin est une jupe : franchement, ça ne peut être qu'une écharpe ! Zaza, boudeuse va rejoindre Bobo et Kiki... Vient alors Lili la fourmi qui décrète que le machin est une couverture et que Juju peut bien aller rejoindre les trois autres. Alors une dispute survient entre les cinq animaux qui veulent chacun récupérer le machin pour l'usage qui leur plaira... Saura-t-on jamais lequel d'entre eux a raison ???

Mon avis : Cet album est un conte randonnée, lectures à voix haute très prisées par les enfants à qui on les raconte ; d'une part, pour le plaisir classique d'écouter une histoire, d'autre part pour l'impression qu'ils ont de pouvoir anticiper et participer, grâce à l'effet de répétition qui peut s'exercer soit dans le texte, soit dans les situations, soit dans un habile mélange des deux. Je reconnais utiliser très souvent cette structure de récit pour mes animations afin d'augmenter la sensation d'échange entre mes spectateurs et moi, pour les encourager aussi à être partie prenante de nos vingts minutes de complicité. Ici, les petits noms d'oiseaux utilisés par l'animal envieux pour se moquer de l'animal détenteur du "machin" fait frissonner l'auditoire (ex : " grand cornichon " prononcé par la brebis à l'égard du crocodile). De plus, la chute lui réserve une surprise humoristique qui trouve systématiquement écho chez les enfants. M'adressant à des adultes, je n'ai pas de scrupule et je vous dévoile la savoureuse fin. Un petit bonhomme sort du lac dans une posture très pudique et demande :

- Où est ma culotte ?

Les illustrations accompagnent très bien le conte et respectent le fait qu'il s'adresse aux plus jeunes. Composées de découpes dans des tissus, textures ou matières diverses, elles présentent des personnages de taille assez importante dans des décors très épurés, ce qui les met en évidence et concentre l'attention sur la situation qu'ils vivent. L'éditeur a choisi de jouer avec les polices utilisées : variation de taille pour les lettres, utilisation de caractères en gras voir même de mots écrits tête en bas. Des suites de tirets, permettant des pauses, rappellent l'illustration et la relient au texte, en prenant l'aspect des points droits que l'on retrouve en couture. Une fois de plus, un album de très grande qualité chez Didier Jeunesse.

Public : à partir de trois - quatre ans en lecture accompagnée mais qui plaira sans nul doute jusqu'à l'âge de sept - huit ans.

Si vous voulez vous rendre sur le blog de l'auteure, Stéphane Servant, vous pouvez suivre cette adresse :

http://stephaneservant.over-blog.com/

Si vous voulez vous rendre sur le blog de l'illustratrice, Cécile Bonbon, vous pouvez suivre cette adresse :

http://cecilebonbon.blogspot.fr/

Un très bel album sur la liberté.

On suit les aventures d'un tigre né libre mais qui se fait attrapé par un cirque. Adieu plaines sauvages bonjour cage d'acier.

Au début de l'ouvrage, celui qui se présente comme l'auteur annonce avoir recueilli le témoignage de Louise. « Prendre la parole est dangereux. Si on me trouve, je serai certainement pendue, vous le savez. » (p. 6) Si elle est menacée, c'est parce que comme de nombreuses autres adolescentes, Louise a subi la Mutation. Son corps s'est couvert de poils et elle est devenue plus animale. La panique s'empare de la société : ces jeunes filles sont également plus fortes et parfois très violentes. Rapidement, la situation dérape : les Félines sont écartées, ostracisées, isolées, parquées dans des camps. Comme dans le pouvoir, les filles font peur. Parce qu'elles diffèrent de la norme imposée depuis des millénaires. Parce qu'elles sont innombrables. Parce qu'elles sont incontrôlables. « La Mutation avait donné à toutes les jeunes filles une conscience, une force et une détermination que rien ne pouvait arrêter. » (p. 189)



Ce roman est fort et riche de nombreuses positions et revendications. Peut-être trop riche... Lesbianisme et homosexualité à l'adolescence, harcèlement, bodyshaming, suicide, viol, dictature de l'apparence, puissance néfaste des réseaux sociaux, contrôle des corps féminins : tous ces sujets sont majeurs et doivent être traités en littérature, et notamment dans la littérature adressée aux jeunes lecteurs. Mais pas nécessairement dans un seul et même roman : avec tous les sujets qu'il aborde, Stéphane Servant avait de la matière pour plusieurs textes. J'ai eu le sentiment que l'auteur, plein d'une bonne volonté qui transpire dans ses phrases, a voulu se battre sur tous les fronts. C'est assez dommage, car chaque combat mériterait des approfondissements. Je salue cependant la jolie plume de l'auteur et son talent pour injecter de la délicatesse là où tout est dur et gris. « Il suffit parfois de peu pour oublier la laideur du monde : une phrase, un sourire, le parfum de l'automne, un bout du ciel. du maquillage qui fait qu'on peut y croire, encore. » (p. 15)



Et même si je déplore la rencontre un peu brouillonne de sujets graves et actuels, je retiens des extraits très justes de ce roman dont les qualités l'emportent sur les défauts.

"Cavale" est un ovni : il propose une approche texte/image un peu différente et une lecture intergenerationelle pensé différemment.

"Cavale" est dès le premier abord un très beau livre, les illustrations de Rebecca Dautremer se veulent différentes, empreintes de gravité avec les tons noirs, gris et rouge mais surtout complémentaires et indépendantes du texte en déroulant une jolie histoire de "cavale" sans texte.

Le récit de Stéphane Servant est écrit pour un adulte qui regarde le temps qui passe et raconte son histoire à voix grave, à voix haute aux enfants. Le tout est une jolie aventure de découverte et d'exploration du monde !
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