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Citations de Sylvia Plath (484)


Je suis tombée de trop haut. Des nuages fleurissent,
Mystiques et bleus, à la face des étoiles.
Dans l'église les saints doivent être tout bleus,
À frôler les bancs glacés de leurs pieds délicats,
Et leurs mains et leur visage tout engourdis de sainteté.
La lune ne voit rien de tout cela. Elle est chauve, elle est cruelle.
Et le message du cyprès n'est que ténèbres – ténèbres et silence.

Sylvia Plath, extrait du poème "La lune et le cyprès" dans le recueil Ariel.
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Je vois ton intérieur coquet
Fermé sur toi comme un poing d'enfant
Ou comme une anémone,
Kleptomane, cajolée par la mer.
Encore à cran,
Je te dis à bientôt j'espère.
Tu sais ce que mentir veut dire.
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Vide, je renvoie l'écho du moindre bruit de pas,
Musée sans statues, grandiose avec ses piliers, portiques, rotondes.
Dans ma cour jaillit et puis retombe une fontaine
Au coeur de nonne, aveugle au monde. Des lys de marbre
Exhalent leur pâleur comme du parfum.

Je m'imagine avec un vaste public,
Mère d'une blanche Nikê et de plusieurs Apollon aux yeux nus.
A la place, les morts me blessent de leurs attentions, et il ne peut rien arriver.
Comme une infirmière muette et sans expression, la lune
Pose une main sur mon front.
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A table, si on affiche un air arrogant, persuadé d'être dans le vrai quand on fait une incorrection, personne ne trouvera rien à redire, personne ne pensera que vous avez de mauvaises manières ni que vous êtes mal élevé. On pensera que vous êtes original et très spirituel. J'ai découvert ce truc le jour où Jay Cee m'a invitée à déjeuner avec un poète célèbre. (...)

Ce poète mangeait sa salade avec les doigts, feuille après feuille tout en me parlant de l'antithèse de la nature et de l'art. Je ne pouvais détacher mes yeux de ses doigts pâles et boudinés qui allaient et venaient du saladier à sa bouche en transportant des feuilles de laitue dégoulinantes. Personne n'avait ri ni même murmuré la moindre remarque désobligeante. Ce poète en avait fait la chose la plus naturelle et la plus sensée du monde.
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Je m’étais imaginé un homme laid et doux, qui aurait levé les yeux en disant : « Ah… » d’une voix encourageante, comme s’il décelait quelque chose que je ne pouvais voir, alors, j’aurais trouvé les mots pour lui dire combien j’avais peur, peur de m’enfoncer de plus en plus profondément dans un sac noir sans air, sans issue.
Puis il s’adosserait à son fauteuil, il joindrait le bout de ses doigts pour faire une petite colline et il me dirait pourquoi je ne pouvais pas dormir, pourquoi je ne pouvais pas lire, pourquoi je ne pouvais pas manger et pourquoi tout ce que faisaient les gens me semblait tellement vain puisqu’au fond, ils allaient tous mourir.
Et alors, pensais-je, il m’aiderait, pas à pas, à redevenir moi-même.
Je voulais faire les choses une fois pour toutes et en finir avec elles pour de bon.
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Ouvre ton sac à main. D'où vient cette odeur?
De ton vieux tricot qui s'escrime

A s'entr'accrocher maille à maille
Et de tes bonbons tout poisseux.
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Attitude philosophique : vivre et boire la vie jusqu'à la lie: pourvu, pourvu que je n'arrête pas de penser, et ne me mette pas à subir, par aveuglement, par appréhension! Je veux goûter et célébrer chaque jour, et ne jamais avoir peur d'une expérience douloureuse ; ne jamais m'enfermer dans un noyau de torpeur insensible, garder une attitude critique face à la vie, me poser des questions, et ne jamais choisir la solution de facilité. Apprendre à penser, penser à vivre, vivre pour apprendre - avec une perspicacité, une compréhension et un amour toujours neufs.
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Ma mère m'avait raconté que dès qu'ils avaient quitté Reno pour leur lune de miel - mon père ayant déjà été marié avait dû demander le divorce - mon père lui avait dit : "Enfin ! Quel soulagement ! Maintenant on va cesser de jouer la comédie et enfin être nous-mêmes !" - à partir de ce jour, ma mère n'avait plus connu une minute de liberté.
Je me souvenais aussi de Buddy Willard affirmant de sa voix sinistre et assurée qu'une fois que j'aurais des enfants, je me sentirais différente, je n'aurais plus envie d'écrire des poèmes. J'ai donc commencé à croire que c'était bien vrai, que quand on est mariée et qu'on a des enfants, c'est comme un lavage de cerveau, après on vit engourdie comme une esclave dans un Etat totalitaire.
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TERRAIN PRIVÉ

Première gelée, et je marche parmi les roses en fruit, les orteils de marbre
De ces beautés grecques que tu as prélevées
Au monceau de reliques de l'Europe
Pour égayer ton coin de terre du côté de New-York.
Bientôt chaque dame blanche sera claquemurée
À l'abri des crevasses du climats.

Depuis le début de la matinée l'homme à tout faire, l'haleine fumante,
Draine les étangs à poissons rouges.
Ils s'affaissent comme des poumons, l'eau échappée
Se faufilant pour retourner, filament par filament, aux pures
Altitudes platoniques où elle vit. Les carpillons
Jonchent la vase comme des pelures d'orange.

Onze semaines, et je connais si bien ta propriété
Que je n'ai guère besoin de sortir.
Une voie express me coupe du monde.
Troquant leurs poissons, les voitures pour le nord et le sud
Réduisent les serpents assommés en lambeaux. Ici, les graminées
Déposent leurs chagrins sur mes chaussures,

La forêt craque et souffre, et le jour s'oublie.
Je me penche au-dessus de ce bassin drainé où les petits poissons
Se contractent à mesure que gèle la vase.
Ils étincellent comme des yeux, et je les ramasse tous.
Morgue de vieux rondins et de vieilles images, le lac
S'ouvre et se ferme, les acceptant parmi ses reflets.
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Chez moi le présent c'est pour l'éternité, et l'éternité ça bouge tout le temps, ça fond et ça coule. Cette seconde, c'est la vie. Et quand elle est passée, elle est morte. Mais on ne peut pas recommencer à chaque nouvelles seconde, il faut partir de ce qui est mort. C'est comme les sables mouvants... sans espoir dès le départ. Une histoire ou un tableau peuvent raviver un peu la sensation, mais c'est insuffisant, vraiment insuffisant. Seul le présent est réel, et je sens déjà le poids des siècles qui m'étouffent. Il y a cent ans vivait une jeune fille comme moi je vis aujourd'hui. Et elle est morte. Moi je suis le présent mais je sais que je passerai aussi. Les grands moments, les éclairs brûlants passent comme ils viennent, dans d'incessants sables mouvants. Et moi je ne veux pas mourir.
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Je me souvenais de tout.
Je me souvenais des cadavres, de Doreen, de l’histoire du figuier, du diamant de Marco, du marin sur le boulevard, de l’infirmière du docteur Gordon, des thermomètres brisés, du nègre avec ses deux sortes de haricots, des dix kilos pris à cause de l’insuline, du rocher qui se dressait entre ciel et mer comme un gros crâne marin.
Peut-être que l’oubli, comme une neige fraternelle, allait les recouvrir et les atténuer.
Mais ils faisaient partie de moi. C’était mon paysage.
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LA TRAVERSEE

Lac noir, barque noire, deux silhouettes de papier découpé, noires.
Jusqu'où s'étendent les arbres noirs qui s'abreuvent ici ?
Leurs ombres doivent couvrir le Canada.

Une petite lumière filtre des fleurs aquatiques.
Leurs feuilles ne souhaitent pas que nous nous dépêchions :
Elles sont rondes et plates et pleines d'obscurs conseils.

Des mondes glacés tremblent sous la rame.
L'esprit de noirceur est en nous, il est dans les poissons.
Une souche lève en signe d'adieu une main blême;

Des étoiles s'ouvrent parmi les lys.
N'es-tu pas aveuglé par de telles sirènes sans regard ?
C'est le silence des âmes interdites.
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JE SUIS VERTICALE

Mais je voudrais être horizontale.
Je ne suis pas un arbre dont les racines en terre
Absorbent les minéraux et l'amour maternel
Pour qu'à chaque mois de mars je brille de toutes mes feuilles,
Je ne suis pas non plus la beauté d'un massif
Suscitant des Oh et des Ah et grimée de couleurs vives,
Ignorant que bientôt je perdrai mes pétales,
Comparés à moi, un arbre est immortel
Et une fleur assez petite, pas plus saisissante,
Et il me manque la longévité de l'un, l'audace de l'autre.

Ce soir, dans la lumière infinitésimale des étoiles,
Les arbres et les fleurs ont répandu leur fraîche odeur.
Je marche parmi eux, mais aucun d'eux n'y prête attention.
Parfois je pense que lorsque je suis endormie
Je dois leur ressembler à la perfection -
Pensées devenues vagues.
Ce sera plus naturel pour moi, de reposer.
Alors le ciel et moi converserons à coeur ouvert,
Et je serai utile quand je reposerai définitivement :
Alors peut-être les arbres pourront-ils me toucher, et les fleurs m'accorder du temps.
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Ou bien en Lit à réaction
Dont Mars est la destination,
Avec des moustiquaires géantes
À l'épreuve des étoiles filantes.

Or a Jet-Propelled Bed
For visiting Mars
With mosquito nets
For the shooting stars.

Traduit en vers par Béatrice Vierne
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Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence.
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Les roses dans le jéroboam
Ont rendu l'âme la nuit dernière. Pas trop tôt.
Leurs corsets jaunes étaient près de se déchirer.
Vous avez ronflé, et j'ai entendu les pétales se détacher,
Tapotant, tictaquant comme des doigts nerveux.
Vous auriez dû les balancer avant qu'elles meurent.
L'aube a trouvé la tablette du secrétaire
Jonchée de mains chinoises. Maintenant des chrysanthèmes gros
Comme la tête d'Holopherne
Me dévisagent, trempés dans le même
Magenta que ce sofa vieillot.
Dans le miroir leurs doubles les soutiennent.
Écoutez : vos locataires les souris
Remuent les paquets de crackers. Une fine farine
Enveloppe leurs pattes d'oiseaux : elles poussent des cris de joie.
Et vous roupillez toujours, le nez contre le mur.
Cette bruine me va comme une veste triste.
Comment avons-nous pu atteindre votre grenier ?
Vous m'avez donné du gin dans un vase pareil à un bouton de verre.
Nous avons dormi comme des souches. Madame, qu'est-ce que je fabrique
Avec un poumon plein de poussière et une langue en bois,
Dans le froid jusqu'aux genoux, dans un marécage de fleurs?
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«  Un anneau en or avec le soleil en prime ?
Des mensonges ?
Des mensonges et un chagrin » .

Phrase de la poétesse américaine citée dans « La position de la cuillère » recueil d’essais de Deborah Lévy . ( 2023 ) .
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- Tu n'as pas besoin de danser, je danserai à ta place.
Il a passé un bras autour de ma taille et m'a précipitée contre son costume blanc aveuglant.
- Fais comme si tu te noyais.
J'ai fermé les yeux et la musique a déferlé au-dessus de moi comme un orage. La jambe de Marco s'est glissée en avant contre la mienne qui a glissé en arrière. J'étais comme soudée à lui, flanc contre flanc, je le suivais dans tous ses mouvements, sans aucune volonté ni conscience. Après un moment je songeais : "On n'a pas besoin d'être deux pour danser, un seul suffit." Et je me suis laissé emporter et courber comme un arbre dans le vent.
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PARTIR DE BONNE HEURE

Madame, votre chambre est grouillante de fleurs.
C’est ce dont je me souviendrai, quand vous me flanquerez dehors,
Moi, qui reste là à m’ennuyer comme un léopard
Dans votre jungle de bouteilles à vin-chandeliers,
D’oreillers en velours couleur de boudin
Et de poissons volants d’Italie en porcelaine blanche.
Je vous oublie, à entendre les fleurs coupées
Siroter leurs liquides dans des pots assortis,
Cruches et coupes du Couronnement
Comme des ivrognes du lundi. Les baies laiteuses
S’inclinent, constellation locale,
Vers leurs admirateurs sur le dessus de table :
Des foules d‘yeux ronds levés.
Est-ce là les pétales ou les feuilles auxquels vous les avez appareillées-
Ces ovales à rayures vertes en papier argenté ?
Les géraniums rouges, je connais.
Amis, amis. Ils puent la sueur sous les bras
Et les maladies compliquées de l’automne,
Aussi musqués qu’un lit le matin après l’amour.
Les narines me picotent de nostalgie.
Démons fauves : instruments de votre culte.
Leurs pieds effleurent une eau usée aussi épaisse que du brouillard.

Les roses dans le jéroboam
Ont rendu l’âme la nuit dernière. Pas trop tôt.
Leurs corsets jaunes étaient près de se déchirer.
Vous avez ronflé, et j’ai entendu les pétales se détacher,
Tapotant, tictaquant comme des doigts nerveux.
Vous auriez dû les balancer avant qu’elles meurent.
L’aube a trouvé la tablette du secrétaire
Jonchée de mains chinoises. Maintenant des chrysanthèmes gros
Comme la tête d’Holopherne
Me dévisagent, trempés dans le même magenta que ce sofa vieillot.
Dans le miroir leurs doubles les soutiennent.
Écoutez : vos locataires les souris
Remuent les paquets de crackers. Une fine farine
Enveloppe leurs pattes d’oiseaux : elles poussent des cris de joie.
Et vous roupillez toujours, le nez contre le mur.
Cette bruine me va comme une veste triste.
Comment avons-nous pu atteindre votre grenier ?
Vous m’avez donné du gin dans un vase pareil à un bouton de verre.
Nous avons dormi comme des souches. Madame, qu’est-ce que je fabrique
Avec un poumon plein dépoussière et une langue en bois,
Dans le froid jusqu’aux genoux, dans un marécage de fleurs ?
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Sylvia Plath
Wuthering heights

Les horizons m’encerclent comme des fagots
Qui penchent, disparates, et pour toujours instables.
Il suffirait d’une allumette pour qu’ils me réchauffent
Et que leur lignes fines
Rougissent l’air
Lestant le ciel pâle d’une couleur plus sûre,
Avant que les lointains qu’elles fixent ne s’évaporent.
Mais ils ne font que se dissoudre et se dissoudre
Comme une succession de promesses, à mesure que j’avance.

Nulle vie ne s’élève au-dessus de l’herbe
Ou du cœur des moutons, et le vent
Vient se déverser comme la destinée, courbant
Chaque chose dans une seule direction.
Je sens bien qu’il s’efforce
D’aspirer ma chaleur pour l’emporter.
Si j’accorde aux racines de la bruyère
Une trop grande attention, elles finiront par m’inviter
À blanchir mes os parmi elles.

Les moutons eux savent où ils sont,
Ils paissent dans leurs nuages de laine sale,
Aussi gris que le temps.
Les fentes noires de leurs pupilles m’absorbent.
C’est comme d’être expédiée dans l’espace par la poste,
Message stupide, insignifiant.
Ils restent là dans leur costume de grand-mère,
Boucles postiches et dents jaunes
Et bêlement de marbre, durs.

Je rencontre des ornières, et de l’eau
Limpide comme les solitudes
Qui fuient entre mes doigts.
Des seuils creux tout à tour apparaissent dans l’herbe ;
Linteaux et perrons se sont désassemblés.
Des gens, l’air ne se souvient que
De quelques étranges syllabes.
Il les répète en gémissant :
Pierre noire, pierre noire.

Le ciel s’appuie sur moi, moi, la seule à être debout
Parmi toutes les horizontales.
Les herbes affolées battent et se cognent.
Elles sont trop délicates
Pour vivre en telle compagnie ;
L’obscurité les terrifie.
Maintenant, dans des vallées aussi étroites
Et sombres que des poches, les lumières des maisons
Luisent comme de la petite monnaie.
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