Sylvie Testud

Maman et Georgette prennent place aux côtés de papi et mamie dans la nef. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé depuis que je suis partie, mais ça n’a pas dû être de tout repos, c’est écrit sur le visage de ma mère. Georgette me fait des appels de phares avec ses yeux. Je comprends : ça a bardé.

C'était là. Une tempête dévastatrice. Le large fleuve tranquille allait se soulever. Des litres d'eau allaient s'abattre sur les rives, s'écraser sur les immeubles en bordure. La puissance de la masse allait casser les vitrines, faire tomber les monuments. Les arbres arrachés s'écraseraient sur la chaussée, provoquant d'innombrables explosions. Le goudron se fendrait, se creuserait pour jaillir comme des milliers de volcans en éruption.

Steph avait-elle raison ? En "laissant aller", je vivrais mieux ? En m'en remettant au hasard, je pouvais espérer de bonnes surprises?
Les "bonnes surprises", je n'en ai pas beaucoup de souvenirs. Chaque fois que j'ai baissé la tête, je me suis pris le poteau.

Tu feras gaffe quand tu reliras Corneille ! Médée, à la fin, elle se barre sur un char tiré par des dragons, après qu'elle a égorgé ses mômes.

Notre mère n'aura jamais de mari. Notre mère n'est pas une mère à mari. Elle sera, au mieux, une mère à copain qui fuira quand il verra trois filles.

La porte de la chambre de notre mère grince. Un homme va arriver du couloir ? L'inimaginable va se produire ?

Maman aussi, on dirait qu'elle va pleurer, je me dis, quand je la regarde à travers la vitre du car. Elle se tient toute droite, à l'écart des autres parents qui sourient. Ma mère n'est pas pareille. Ma mère n'a pas une tête de parent. Elle a une tête de notre mère. C'est tout.

La réaction de mes deux soeurs est loin de ce que j’avais imaginé. Elles touchent la photo. elles veulent voir chaque détail de cet homme immobile? N’y a-t-il pas dans cette photo un indice ? en approchant la photo, y aurait-il moyen d’entendre une voix ? Le sourire de la photo, si on le fixe longtemps, ne va-t-il pas se transformer en grimace terrifiante ? Le démon qui se cache dans cette photo va-t-il apparaître ? Combien de temps la photo peut-elle mentir ?

J'aime beaucoup la comédienne Sylvie Testud, j'ai voulu lire son roman,
hélas, quelle déception, je me suis accrochée jusqu'à la fin, en lisant en diagonale parfois, cherchant le but de cette histoire.
Anecdotique, en langage parlé, je n'ai pas trouvé ce livre intéressant du tout!

Dommage

Nous parcourons les rayons au pas de course quand Adrien demande :
- Tu crois qui' on va arriver les premiers ?
Hein ? Pourquoi il me dit ça ? Je continue sur ma lancée quand je me rends compte. Adrien a raison. Pourquoi je cours comme ça ? Même en ralentissant la foulée, on passera la ligne d'arrivée. On dirait que je participe à un cross.

Quand j'avais neuf ans mon parrain me saluait en disant "salut l'artiste", parce que moi, quand je faisais une connerie, elle était si belle qu'elle en devenait artistique.

"La confiance, ça se gagne ! La confiance se mérite ! La confiance n'est pas un présent de bienvenue, ni une politesse !"

"La peur n'évite pas le danger."

Je n'ai pas envie d'enlever ma robe de chambre Pas envie d'entrer dans cette baignoire ! Il fait froid Il y a un ordre de passage et un minutage précis pour la douche. Je me hate de me déshabiller et de faire couler l'eau chaude
Si ça marche !
Je ferme la bonde de la baignoire: au cas où la douche ne fonctionnerait pas, j'aurai les orteils chauds.
C'est une baignoire sabot L'eau monte vite Aujourd'hui l'eau chaude ne vient pas

Si le réalisateur se met à être gentil, je vais vraiment pleurer. Quand j’essaie de me retenir, le pire, c’est une attention aimable.

Je n'ai plus rien à demander à personne. Plus à rendre de service rendu. Ce que je construis n'est plus démoli par personne. Maintenant c'est mieux, je me dis en refermant mon tube de dentifrice. Maintenant c'est vraiment mieux. Sauf que maintenant j'ai peur de savoir ce que je vais devenir, seule, bientôt vieille, bientôt moche...

Demain, je vais jouer un autre rôle.
Demain je vais jouer mon rôle. Demain, la trêve sera finie.
Demain, je ne prendrai plus le risque de dire à l’homme de ma vie je t’aime de cette façon.
Demain, j’aurai peur. Demain, je ne rirai plus si clairement.
Demain, je n’aurai plus droit à la médiocrité, plus droit à la maladresse…
Demain, il faudra que je sache. Demain, il faudra que je sache faire.

C’est terrifiant d’être fatiguée au moment où l’on voudrait tant être éveillée.

Il a dit que j’étais trop lisse. Que je n’étais pas le personnage. Que je n’avais rien vécu. Que je ressemblais à toutes les petites bourgeoises dont tout le monde se fout.
Il m’a dit que pour être actrice, ‘il faut manger de la merde pour chier des étoiles…’
J’ai pas du tout envie de manger de la merde.

◦Parait qu’àprès on a les seins qui pendent ?

- Même quand on n’en a pas ?

- Oui, ça pend. En gant de toilette, m’a informée la gynécologue à ma dernière consultation. Oh putain !