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Critiques de Tim Dorsey (68)
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Triggerfish Twist

Ah, la Floride ! Ses palmiers, son climat et… ses habitants.

Ce pauvre Jim Davenport ne s'attendait pas à ce qu'il va vivre en débarquant là-bas avec femme et enfants, lui qui pensait que Tampa était une petite ville tranquille, raison pour laquelle il y avait demandé sa mutation…

Les automobilistes se conduisent de façon étrange et périlleuse, les voisins de sa petite rue résidentielle se révèlent tous un peu bizarres, dont un propriétaire de molosse particulièrement agressif et timbré (le chien aussi d'ailleurs) et il se fait arnaquer par un garagiste véreux en achetant une voiture qui ayant été inondée klaxonne lorsque Jim tourne à gauche. Et si ce n'était que ça !

Il perd son travail en voulant le faire consciencieusement, il se fait des ennemis car ses anciens employeurs signent de son nom des rapports préconisant des licenciements en masse, un promoteur véreux veut le forcer à lui vendre sa maison, sa fille fréquente une racaille, il tue par légitime défense un dangereux malfaiteur issu d'une famille débile dont les quatre frères sanguinaires veulent venger la mort… N'en jetez plus !

Heureusement, il est là, il existe : Serge Storms, le surdoué le plus déjanté de toute la Floride, l'hyperactif érudit, le génial hors-la-loi shooté au café. Il admire Jim (quoi de plus difficile dans la vie que d'être un bon père de famille comme lui ?), il va donc en faire son modèle, son idole. Aidé par l'indolent Coleman et l'explosive Sharon, il va détourner (sans toujours s'en rendre compte, ni le faire exprès) tous les dangers et les menaces qui pèsent sur Jim….

Ce livre est comme Serge Storms : hyperactif… On est emmené, happé, trimbalé, retourné, shooté et quel bonheur ! Car Tim Dorsey est un malin, sous couvert d'un récit d'action burlesque, il dézingue en beauté l'Amérique, le capitalisme, les profiteurs, le système, les incompétents de tout poil….

On en ressort ébouriffé et heureux !

Ancien reporter au Tampa Tribune, Tim Dorsey réside toujours en Floride malgré le portrait ravageur qu'il en fait dans Florida Roadkill, Hammerhead Ranch Motel et Orange Crush.



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Triggerfish Twist

Behmslake, tu es démasqué ! Sors de ce corps maintenant !



Après m’être gavé de la trilogie Lemaitre, je décide de traverser l’Atlantique et de débarquer à Tampa dans le sud est des Etats-Unis.



Souvenez-vous, j’avais déjà fait connaissance avec cette ville de Floride, dans l’excellent roman de d’Harry Crews « La malédiction du gitan » où les riches de retraités (surnommés « dorés-sur-tranche » pour leur gout du bronzage) viennent s’établir dans cette région.



Aussi, la famille Davenport a sauté sur l’occasion pour venir s’installer à Tampa quand Jim Davenport y a décroché un nouveau poste pour sa société de consulting.



888 Triggerfish Lane, le déménagement sitôt terminé, Jim et Martha Davenport sont envahis aussitôt par leurs voisins, pouvant être charmant comme Gladys ou au contraire largement horripilant comme Jack Terrier, un maniaque de la pelouse verte.



Malheureusement pour les propriétaires de la rue Triggerfish Lane, l’agent immobilier Lance Doyle rachète les maisons un par une pour y placer des locataires les plus calamiteux possible afin d’exaspérer et de faire fuir les autres occupants de la rue.



Numéro par numéro (au sens propre et au figuré), Tim Dorsey va nous brosser le portrait d’une multitude de voisins des Davenport qui vont se croiser de jour comme nuit, parfois même dans des endroits complètement invraisemblables.



Et si certains personnages n’habitent pas la rue (ou pas encore), leurs destins, parfois tragiques, vont se télescoper, un jour ou l’autre, avec la charmante famille Davenport.



Parmi ces personnages particulièrement dérangés, un trio détonnant, formé par le surdoué mais fort instable Serge Storms, le délirant et shooté Coleman et la déjantée et torride Sharon, va véritablement semer la panique dans toute la ville jusqu’à ce qu’ils rencontrent Jim et sa famille, notamment durant un dîner chic qui va virer au cauchemar !



Démarrant de manière somme toute classique, le roman va peu à peu se transformer en délire total, dont le nombre impressionnant de personnages et de scénettes désopilantes vous fait tourner la tête dans tous les sens.



A mi-chemin entre le génial Donald Westlake et le fou furieux Marc Behm (peu de connotations sexuelles en revanche dans ce livre), Tim Dorsey dépeint au vitriol la société américaine, fustigeant au passage la connivence entre sociétés de consulting et les grandes sociétés qui veulent par tous les moyens dégraisser leurs effectifs tout en faisant grimper dans la hiérarchie les plus incompétents , ou bien encore en dénonçant les arnaqueurs de vendeurs en tout genre qu’ils soient conseillers immobiliers, automobiles ou bancaires.



Pour conclure, j’ai découvert avec grand plaisir Tim Dorsey grâce à Encoredunoir et sa photo de la nana en voiture décapotable qui m’a toujours intriguée ! Un roman totalement déjanté et assurément drôle auquel j’aurai attribué la note maximale si l’auteur avait concentré son récit sur un nombre de moins important de personnages qui m'a parfois dérouté à la longue.



Après cet essai fort concluant, « Florida Roadkill » sera très certainement ma prochaine proie au pays des« dorés-sur-tranche » !

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Torpedo juice

J'aurais pu attendre avant de me jeter sur le dernier Dorsey. Il y a toujours quelques aventures déjà parues en poche que je n'ai pas encore lues. Mais je n'ai pas pu résister à cette jolie couverture pleine de couleurs. En plus, quand j'ai appris que dans cet épisode Serge voulait se marier, je ne pouvais pas louper ça.



Je me suis d'abord dit "quoi ?! Serge veut se marier ?! Et pas avec moi ?!". Ouais, Serge je l'adore, je le chéris, je le kiffe grave. Je serais la femme parfaite pour lui. J'écouterais passionnément ses dissertations sur l'Histoire de la Floride, je me mettrais aux vitamines, voire aux amphètes, pour pouvoir suivre son rythme hystérique, je supporterais Coleman... Oui bon, je sais, Serge n'existe pas, ce n'est qu'un personnage de fiction. Mais justement, c'est là tout le talent de Dorsey. Il a su créer un personnage complètement dingue, hautement improbable mais tellement charismatique que le lecteur aimerait qu'il existe vraiment. Au fil des romans de la série, il est devenu un peu un pote (pas très recommandable c'est vrai) qu'on a de la peine à quitter et du plaisir à retrouver.

Et dans ce "Torpedo juice", Serge est très en forme. Toujours aussi philosophe. Toujours aussi érudit. Plus déjanté et déchaîné que jamais.



Il n'y a pas que Serge qui soit en forme. Avec "Torpedo juice", Dorsey signe le meilleur de la série (enfin, parmi ceux que j'ai pu lire). Il a concocté une de ces intrigues tarabiscotées dont il a le secret en faisant preuve ici d'une maîtrise totale. Les péripéties s'enchaînent à un rythme effréné. C'est peu de dire que Dorsey a une imagination fertile. Il a un don pour imaginer les situations les plus loufoques et un talent incroyable pour que cet enchaînement de péripéties dingos tienne la route.



Le génie de Dorsey c'est aussi sa capacité à créer une galerie de personnages azimutés qui gravite autour de Serge. L'amateur de personnages hors-normes sera ici comblé. Que ce soient les clients du No name pub (tous plus fous les uns que les autres), le duo de flic improbable, le parrain obsédé par Scarface, la bibliothécaire coincée (mais il faut se méfier de l'eau qui dort), ... ils sont tous excellents et servis par des dialogues d'une drôlerie irrésistible.



En effet, on rit beaucoup. "Torpedo juice" est le genre de livre qui vous attire des regards interloqués lorsque vous ricanez en le lisant dans le métro.

"Torpedo juice" c'est mieux que le prozac, un shoot de bonne humeur, un concentré de bonheur.

Il est certain que je n'en ai pas fini avec Dorsey et Serge Storm, son héros dingo.
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Triggerfish Twist

« Vous n'ignorez probablement déjà plus rien de ce qui s'est produit en Floride et plus précisément à Tampa, qui est pourtant classée troisième dans la liste des villes où il fait bon vivre aux Etats-Unis… (Rires du public) Cette histoire est celle de la lente dégradation d'un quartier. Soirées débridées, enlèvements, ivrognerie, voitures de sport, jeux d'intérieur un peu salés… Tout cela me porte à croire que Tampa se hissera bientôt à la deuxième place … (Rires du public) »





Dans les coulisses d'un show télévisé, on s'apprête à lever le voile sur un fait divers explosif. Mais pour en comprendre les tenants et aboutissants, et pour maintenir le suspense, l'auteur nous replace au commencement des éléments déclencheurs, qui ont fait basculer la ville dans le chaos.

En ouvrant ce roman, vous entrez alors dans un univers survitaminé et complètement barré.





Sur un malentendu, les Davenport et leurs enfants emménagent à Tampa : Par erreur, un magazine classe cette ville comme l'une des trois premières des Etats-Unis où il fait bon vivre, avec une délinquance proche de zéro. En réalité, le ménage n'est pas prêt d'être fait dans cette ville bigarrée très animée, où cohabite tout ce que l'humain peut produire de faune dans sa diversité la plus absolue. A Triggerfish Lane, leurs nouveaux voisins sont donc à cette image : une « femme désespérée » avec cookies et potins du quartier, mais aussi des colériques malades, des étudiants bruyants, des drogués policés, des maniaques du gazon, des faux millionnaires ou encore des criminels en cavale : il y en a pour tous les goûts. La planque idéale, d'autant que cette rue se trouve dans le « gaufrier » : le quartier de la ville à la croisée de tous les autres, le passage obligé des criminels qui s'enfuient, des SDF qui vaquent, des fous qui circulent.

Et des fous et des criminels, ce roman en accueille un certain nombre !





Très vite, la vie tranquille des Davenport se transforme en cauchemar. Et qu'a inventé l'être humain depuis la nuit des temps pour relâcher la pression sociale ? Il organise un bon vieux Carnaval, où tout ordre social est aboli ! Il n'en faut pas plus à Tim Dorsey et ses personnages pour que tout parte en sucette : La ville s'embrase ; l'apocalypse est proche et nous allons côtoyer de près ses cavaliers !





*****



L'auteur nous tient en haleine avec deux choses : le cliffhanger du présentateur télé sur l'événement survenu dans la ville, mais aussi une chose qu'il nous révèle sur Jim Davenport. Alors on veut savoir comment on peut en arriver là. Le chemin pour y parvenir sera semé d'embuches, sur lesquelles l'auteur souffle un ouragan de folie qui fait sourire. On redécouvre des petites choses du quotidien dans des utilisations facétieuses (les water wiggle, la version malveillante des télégrammes chantés, …) : tout un monde réécrit pour nous, à la sauce piquante de Tim Dorsey. Il ne lésine pas non-plus sur le scénario, digne des productions cinématographiques américaines. Beaucoup d'action délirante donc, dont il découle des dialogues hilarants et des situations burlesques.





Seul petit bémol : toutes ces péripéties semblent parfois un peu longues quand on voudrait bien voir arriver le fameux événement ! Heureusement, les personnalités hautes en couleurs, très humaines dans le bon comme dans le mauvais, nous rattrapent toujours par les pieds ou les cheveux pour finir cette course poursuite avec eux, tous ensemble, dans un grand feu plein d'artifices.





« Quand la crise eut passé [/le roman fut refermé], et que Coleman [/le lecteur] put enfin se rassoir, une douce vapeur vint embrumer son regard.

- Oh, Oh, dit Serge. Il y est.

- Comment tu te sens ? demanda Bernie.

Coleman jeta un long regard tout autour de lui.

- Raide, défoncé, torché, cassé, cuit, fait, défait, allumé, déchiré, explosé, pété, ravagé, stone, disjoncté, décalqué et pas qu'un peu… »





Voilà ce qu'on ressent quand on referme ce bouquin !

Merci wooter pour la découverte et le plein de bonne humeur ;-)
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Triggerfish Twist

Une multitude de personnage azimutés dont les destins vont se croiser dans une intrigue alambiquée dans une ville ensoleillée, le tout sur un ton de polar humoristique agrémenté de dialogues percutants et de références à la pop culture. Ça vous fait penser à Elmore Leonard ?

Et bien, rien de plus normal. "Triggerfish twist" est clairement sous l'influence du grand Elmore Leonard. Et Tim Dorsey ne s'en cache pas, son modèle sera même cité au cours du récit.

S'il n'atteint pas la maîtrise de son modèle, Dorsey n'en tire pas moins son épingle du jeu avec brio.



L'auteur sait créer des situations loufoques et en tirer le maximum. Certains passages sont d'une drôlerie irrésistible.

Dans ce registre de roman-chorale, la construction est très importante. C'est sur ce point que Dorsey est un peu plus faible. Le milieu du roman est un peu fouillis, on s'y perd parfois un peu. Mais par la suite, tout s'emboîte et s'imbrique à nouveau, Dorsey retrouvant la maîtrise de sa machinerie.



La réussite de ce genre de roman est conditionnée par la qualité des personnages. Ici, le pari est globalement gagné. Dorsey dessine des personnages drôles et sympathiques auxquels le lecteur finit par s'attacher.

La multiplicité des protagonistes empêche d'approfondir certains personnages. Le gang des McGraw, sortes de frères Dalton tout droit sortis d'un western parodique, est sous-exploité et aurait mérité d'être plus présent. Cette fratrie avait pourtant un très bon potentiel comique dont on a un aperçu vers la fin du roman dans une scène de fête costumée complètement folle.

L'auteur s'encombre également d'autres personnages amusants mais qui ne font pas avancer l'intrigue, telles les petites vieilles nymphomanes. Ces protagonistes n'apportent pas grand chose au récit si ce n'est des dialogues savoureux. Ce qui n'est déjà pas si mal et qui est une des composantes de la réussite du roman de Dorsey. Les dialogues sont en effet percutants, drôles et offrent des passages réjouissants.

Les personnages principaux sont très réussis, que ce soit Jim Davenport, père de famille apathique, Lance Boyle, agent immobilier odieux, John Milton, ex-professeur, ex-guichetier de banque qui finit par péter un câble, l'agent Mahoney, flic illuminé, ou encore Coleman, petite frappe sympathique continuellement défoncée.

La palme du personnage le plus réjouissant revient incontestablement à Serge, criminel psychopathe sympathique, passionné d'Histoire et sur qui le café a un effet surprenant et dévastateur. Il est certain que je me procurerai "Florida roadkill" du même auteur car c'est avec un grand plaisir que je retrouverai ce personnage.



Les quelques menus défauts que j'ai évoqué n'empêchent pas "Triggerfish twist" d'être une réussite. On rit parfois, on sourit très souvent et on ne s'ennuie jamais. On prend beaucoup de plaisir à la lecture de ce joyeux jeu de massacre qui égratigne gentiment et sympathiquement l'american way of life.



Challenge Variété 4 ("un livre drôle")
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Stingray Shuffle

« Stingray Shuffle », Un Livre de Tim Dorsey (USA, décédé en 2023) – Jean Pêcheux (Traducteur) – 462 pages – Ed. Payot et Rivages – Sorti Le 1er Octobre 2008

Cette histoire m’a épatée et m’a tué de rire !! Complétement drogué, le narrateur « Serge » slalome sur la route en évitant les voitures, causant moults incidents et nous abreuve de ses réflexions cocasses et drôles.

Le début est fou, le reste est quelconque…

Genre, vraiment, quoi. Ce sera donc un stop pour moi ; -) Y a trop de bons Trucs pour se fatiguer avec un Livre moyen.

Phoenix

++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Florida Roadkill

J'avais découvert les personnages frappadingues de Tim Dorsey dans "Triggerfish twist" qui n'était d'ailleurs pas leur première rencontre (je ne fais rien comme tout le monde et de toute façon, les romans peuvent être lus indépendamment). Lorsqu'un auteur a créé un personnage récurrent réussi, c'est un plaisir de renouer avec cet univers désormais familier.



En effet, avec "Florida roadkill", j'étais en terrain connu ; une Floride ensoleillée peuplée de cinglés et d'escrocs qui se rencontrent et se confrontent dans une intrigue à tiroirs.



J'ai trouvé le récit finalement moins abouti que "Triggerfish twist", la mécanique pas aussi savamment orchestrée et une histoire avec moins d'enjeux narratifs. Mais qu'importe ! Chez Dorsey, le plaisir est ailleurs. L'intrigue est d'avantage un prétexte pour enchaîner les séquences les plus dingues à un rythme trépidant. Ceci, servi avec un humour mordant et une imagination débordante. L'auteur sait imaginer des situations loufoques, véritables morceaux de bravoure, qui font de chacun de ses romans un délice. Certains passages sont tout simplement irrésistibles de drôlerie et marquent durablement l'esprit. Je pense notamment à la séquence absurde et hallucinante du rassemblement de sosies d'Hemingway.



Dans l'univers décalé de Dorsey, les psychopathes sont plutôt sympathiques et rigolos tandis que les notables en apparence bien sous tous rapports (assureurs, agents immobilier...) sont des monstres d'inhumanité qui ruinent les vies de pauvres quidams. Heureusement, Serge, le psychopathe cultivé, hyperactif et siphonné, est là pour rétablir la justice karmique.

Quel bonheur de retrouver Serge ! Réussir à rendre attachant un tel personnage, tordu, parfois cruel, est la marque d'un grand talent. Et quand je dis attachant, je suis en dessous de la réalité. Serge est irrésistible. Il a beau, tout au long du roman, voler, tuer, torturer, on le suivrait volontiers pour une de ces petites virées historico-culturelles alcoolisées dont il a le secret.

Les autres personnages sont tous très réussis également, qu'ils soient attachants, pathétiques, odieux ou un peu tout ça à la fois pour certains.



J'ai refermé "Florida roadkill" avec la certitude que je n'en avais pas fini avec Dorsey et en me disant que je n'étais pas prête de me lasser des aventures de Serge dans cette Floride aux allures de repère d'aliénés.
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Torpedo juice

Le revoilà. Serge A. Storms, psychopathe, schizophrène, paranoïaque, rétenteur anal, érudit autodidacte et tueur en série débarque avec une nouvelle idée fixe : trouver la femme de sa vie et se marier afin d’atteindre un stade supérieur de l’évolution. Rien de plus simple pour lui, qui entend bien entendu opérer de la manière la plus efficace et logique qui soit. Selon ses propres critères, du moins :



« J’ai découpé les îles en plusieurs zones, dit Serge en feuilletant son bloc-notes, comme ils font pour recenser les daims en danger d’extinction. Si la Femme idéale se trouve à l’intérieur de ce quadrillage, elle ne m’échappera pas. »



Et pendant que Serge, accompagné de son inséparable ami Coleman pourtant mort depuis longtemps – mais l’auteur fait ce qu’il veut, pour le plus grand malheur du narrateur omniscient – passe les Keys au peigne fin, d’autres personnages convergent vers Big Pine Key, son No Name Pub et ses daims miniatures. On trouvera pêle-mêle : une mystérieuse femme battue. Un tout aussi mystérieux tueur en série. Un flic qui aurait pu être bon mais pour qui la vie, une ex-femme acrimonieuse et l’administration en ont décidé autrement (« À son arrivée dans le service, il avait très forte impression. Il était déférent, respectueux, concentré. Gus n’avait aucune relation dans le service. Et aucune envie d’en avoir. Il était fermement décidé à faire son chemin dans le monde tout seul en ne comptant que sur son application et sa détermination. Ses supérieurs le remarquèrent immédiatement et le classèrent aussitôt dans la catégorie des nouvelles recrues dont il importe de retarder l’avancement. »). Un journaliste à la ramasse. Un avocat aussi riche qu’arrogant et irritant. Un barman qui voudrait que tout le monde l’aime. Un chef de cartel de la drogue dont il ne faut pas prononcer le nom. L’abominable homme des Keys, spécialisé dans le renversement de poubelles. Une bibliothécaire délurée et une autre tout droit sortie de La Petite maison dans la prairie. Des vampires adorateurs du démon qui ne crachent pas sur une part de pizzas. Des accros des programmes en douze étapes. Des garagistes escrocs qui remplissent des airbags avec du sable. Un millionnaire décidé à lotir la côte protégée de Key West.



Comme de coutume, donc, le nouveau roman de Tim Dorsey a l’apparence d’un immense foutoir et le lecteur se trouve projeté tour à tour dans une conversation sur les dessins que sa femme a fait sur le pénis de Gus avant de diffuser des photos, une expédition menée par Serge pour planquer un cadavre, une séance de visionnage obligatoire de Scarface pour les employés d’un parrain de la drogue, ou tout bêtement une nouvelle manière de se défoncer au sens propre comme au figuré imaginée par Coleman :



« Coleman se pencha et tira de dessous le canapé un petit sachet en plastique transparent auquel un tube était attaché. Il mit le tube au coin de sa bouche et commença à téter.

-C’est une poche de morphine ? s’enquit Serge.



Coleman ôta le tube de sa bouche.



-J’ai vendu un peu d’herbe à un vigile de l’hôpital, et comme il ne pouvait pas me payer… »



Ou encore :



« J’ai dû sortir à l’improviste. Coleman avait fini aux urgences parce que, dans un bar, il avait fait le pari idiot de décapsuler une bouteille de bière avec son orbite. »



Mais comme à son habitude Dorsey n’a que l’apparence du foutraque déjanté aux histoires sans queue ni tête et réserve une fin dans laquelle tout le monde converge pour un dénouement collectif étonnant. Entre temps, il aura réussi à vous faire rêver des Keys, à vous faire rire toutes les cinq minutes et à dynamiter la société américaine et ses valeurs en en pointant par le biais des raisonnements totalement fous de Serge les contradictions et les dérives. Et finalement, dans ce monde sauvage et corrompu, ne serait-ce pas Serge et Coleman, le psychopathe assassin et son comparse crétin congénital constamment en quête de drogue ou d’alcool, les personnages les plus sains et les plus aptes à les affronter ? À l’exception peut-être du mariage dont on peut craindre que même Serge ne soit pas fait pour : « Chaque fois que je reviens avec du sang plein mes habits, aussitôt, c'est l'interrogatoire. »



Septième volume des aventures de Serge Storms, Torpedo Juice fait incontestablement partie des trois meilleurs de la série avec Triggerfish Twist et Florida Roadkill. La lecture de ce roman loufoque, hilarant, bête, méchant, brillant et échevelé n’est pas conseillée mais obligatoire.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Florida Roadkill

Le lecteur assidu de Tim Dorsey ne peut que se poser la question : mais tous ces endroits dingues où nous entraîne Serge A. Storms sont-ils réels ? Si oui, à quoi ressemble-t-ils vraiment ? Le lecteur assidu et voyageur se demandera aussi où ils se trouvent vraiment. Car Dorsey, on le comprend, ne donne pas toujours l’adresse exacte. Résultat, et je parle en connaissance de cause, il peut arriver que l’on se retrouve en Floride et que l’on loupe la sortie pour le No Name Pub faute d’indications suffisantes. Une mésaventure d’autant plus affligeante lorsque l’on s’aperçoit qu’en plus, on a décidé de passer à Key West une semaine après le concours de sosies d’Hemingway.



Bref, vous pouvez maintenant mettre une photo sur ces lieux ou, mieux les retrouver plus aisément sur place, grâce au guide photo édité par Tim Dorsey lui-même et illustré par ses propres clichés. Une façon de comprendre qu’il y a beaucoup de Serge dans son créateur – à tel point que l’on en vient en se demander, en voyant la photo qui se trouve au dos de l’ouvrage (au Jai Alai de Miami, en 1964, un enfant tenant une chistera est entouré de deux adultes, sans doute le père et le grand-père, le plus jeune en tenu de pelotari) si Serge n’existe pas vraiment.



Un voyage agréable, en noir et blanc et en couleurs sur les lieux des forfaits de Serge, de Cape Canaveral au Sloppy Joe de Key West en passant par le fameux wagon d’Henry Flagler de Stingray Shuffle, ou du Flora-Bama lounge d’Hammerhead Ranch Motel à l’hôtel Deauville de Cadillac Beach. Bref, un livre que Serge ne renierai pas. Pour les fans.
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Florida Roadkill

Florida Roadkill est une immense suite de coïncidences, où des personnages n'ayant absolument rien pour se plaire se rencontrent pour notre plus grand plaisir.

Serge et Coleman, respectivement psychopathe surdoué et décérébré, Sharon, canon de beauté mortel (au sens propre du terme), Johnny Vegas, éternel puceau, la Teigne, Mou-de-l'Asperge et la Chlingue, trois bikers bedonnants, Max Minimum, vendeurs véreux de préfabriqués pour personnes âgées, Charles Saffron, PDG d'une compagnie d'assurance liée à un cartel de drogue minable, etc.

C'était sans compter la rencontre entre George Veale III et nos deux criminels, à cause de laquelle tout s'est enclenché...

Tim Dorsey nous peint ici un univers complètement déjanté, avec des scènes à mourir de rire. Pas de quartier, tout le monde en prend pour son grade, et surtout les plus détestables. Une heureuse surprise qui m'enjoint à continuer la série écrite par Dorsey.
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Torpedo juice

Le No Name pub dans l'archipel des Keys au sud de la Floride héberge une palette de personnages bien crazy, l'ivrogne semi-débile Coleman qui trouve une épouse ringarde pour son ami Serge, le couple de flics loosers Walther et Gus, des traficants en tout genre.



Je n'ai pas accroché à l'humour poussif.

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Hammerhead Ranch Motel

Bienvenue au Hammerhead Ranch Motel ! Ce motel décrépi, situé en Floride, à proximité de Tampa, peut surprendre par sa décoration. Dix têtes de requins-marteaux empaillées ont été disposées le long de la piscine. La vue sur le Golfe du Mexique est magnifique mais dépêchez-vous d’en profiter car Tim Dorsey va vous entraîner à la découverte du côté obscur de cet Etat peuplé de retraités acariâtres et de psychopathes. Le roman est difficile à résumer. Ca fuse dans tous les sens. Le récit est rapide, parfois même éreintant. Il y a une profusion de personnages drolatiques. On y retrouve Serge A. Storms, un serial killer passionné par l’histoire de la Floride, personnage récurrent des romans de Tim Dorsey. On croise aussi Toto, un chihuahua à moitié aveugle qui prédit la météo sur une chaîne locale, Zargoza, l’heureux propriétaire du motel qui est de tous les trafics et de toutes combines possibles, de l’escroquerie téléphonique au deal de cocaïne, des sosies de Hemingway alcooliques et un sosie de Don Johnson accro à la fumette, etc. Le lecteur suit successivement ces personnages dans des situations déjantées, pleines de coïncidences. Le récit a un fil conducteur : une malette contenant cinq millions de dollars qui suscite bien des convoitises.Tout s’enchaîne très vite et s’achève dans un final grandiose et décoiffant...

Tim Dorsey se sert de l'ironie et de la caricature pour critiquer certains excès de la société américaine. Tout le monde en prend pour son grade : le politicien réactionnaire, l'animateur de radio xénophobe, les retraités odieux, les marchands d’armes laxistes, les journalistes sacrifiant l'information au divertissement...



En bref : un roman au rythme endiablé, drôle, à la construction complexe qui délivre quelques messages bien sentis !
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Triggerfish Twist

Après le roman Le Bruit et la Fureur de William Faulkner, j'avais vivement envie d'une lecture légère, sans prise de tête. En furetant dans Babelio pour Tim Dorsey, j'ai repéré une suite à ses romans humoristiques Florida Roadkill et Hammerhead Ranch Motel que j'avais beaucoup appréciés. Triggerfish Twist s'avère malheureusement décevant sur bien des points : une traduction bâclée, des effets de manche et une construction pour le moins tarabiscotée. Vaudevillesque, outrancier, il constitue une bien piètre continuité aux deux précédents.

J'ai quand même ri quelquefois à certains passages mais rien pour rendre l'expérience inoubliable.
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Florida Roadkill

Depuis que j’ai terminé Florida Roadkill de Tim Dorsey, j’ai du mal à l’admettre, mais j’ai vraiment adoré ce roman. Il a vraiment beaucoup de très bonnes choses à commencer par le fait que je n’ai jamais tant ri que dans ce roman. Et c’est rarement le cas. Je trouve que l’humour en littérature tombe souvent à plat. Là, ça marche.



Et si la drôlerie fonctionne, c’est grâce à une galerie de personnages ahurissants. Tim Dorsey ne s’économise pas. Je m’y suis perdu un peu car on passe de l’un à l’autre assez rapidement, et celui qui sert de fil conducteur, Serge Storms, n’est pas dominant. Florida Roadkill est une valse de caractères déjantés qui se croisent, se confrontent et qui donnent ce sentiment de tourbillon à perdre un lecteur un tant soit peu déconcentré.



Je découvre le style de Tim Dorsey avec Florida Roadkill et ce roman noir est fichtrement addictif. La construction du récit stimulante et travaillée met en avant chaque personnage mais aussi une Floride qu’on découvre dans toute sa folie…

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/florida..
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Triggerfish Twist

Vous voulez commencer (ou presque) 2024 en fanfare? Vous aimez les livres à l'humour déjanté? Vous pensez que la Floride n'est peuplée que de riches retraités venus bronzer en paix (genre Cocoon)? Alors Triggerfish Twist est fait pour vous.

Je vous donne juste le début: Suite à une coquille dans un bouquin de statistiques, Jim Davenport est persuadé que Tampa, en Floride, est le meilleur endroit des Etats-Unis pour y vivre, lui et sa famille. Il accepte donc une mutation et quitte le Midwest pour s'y installer, dans une jolie rue, jolie maison, tout va bien. Jusqu'à ce que les Davenport commencent à faire connaissance avec leurs nouveaux voisins.

Ce livre m'a mise en joie tout le temps où je l'ai lu, et d'y repenser me remet de joyeuse humeur. On est bien secoué, on rit beaucoup, pas mal de situations incroyables, tout ce qui me fallait pour une fin d'année pluvieuse et morose (lu en décembre 2023).

Pour finir, merci à tous ceux qui m'ont envoyé de gentils messages pendant ma longue (et nécéssaire) pause Babelio, c'est un peu grâce / à cause de vous que je suis de retour.

Bonne année !!!!



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Florida Roadkill

Florida Roadkill est un guide touristique pittoresque d'une partie de la Floride. Curiosités, histoire, anecdotes, attractions, on apprend tout sur les lieux visités. le guide est intelligemment mis en scène sous forme de « road movie », ce qui en atténue l'aridité et nous emmène de Tampa à l'archipel des Dry Tortugas en passant par les Keys.



L'auteur a du réunir une documentation impressionnante sur les régions traversées. Une bonne partie des références culturelles indigènes me sont restées incompréhensibles, mais ont aidé à entretenir une ambiance exotique qui a grandement participé à mon plaisir de lecture.



La multiplicité des personnages, ceux qui se croisent sur la route, et ceux que l'on rencontre en chemin permet de varier les points de vue. Les rencontres, parfois préparées très en amont, sont toujours extrêmement instructives. La construction du guide est en fait très astucieuse, mais sans noyer le lecteur dans une prétention savante. Je regrette néanmoins l'absence d'un index des lieux visités.



L'absence d'image et de photographies est compensée par les nombreux portraits hauts-en-couleur. J'ai cru comprendre que le personnage de Serge Storms était fictif, mais je pense qu'il a du être inspiré par un guide touristique réel, qui a sans doute préféré garder l'anonymat pour préserver sa vie privée, tant sa connaissance des lieux et sa culture sont admirables. Les détails annexes sur sa vie, comme le fait qu'il devienne un tueur psychopathe inventif à tendances justicières dès qu'il « oublie » de prendre ses médicaments, n'ont pu être inventés, pas plus que les deux junkies improbables qui l'accompagnent, et cela plaide pour l'authenticité du personnage.



La qualité du guide se voit dans le fait que son auteur ne tente pas d'enjoliver ce qu'il décrit. Il ne voile pas le caractère profondément haïssable de nombre de ses personnages. Heureusement, ces personnages semblent tous subir des sorts tant cruels que jouissifs, ce qui confère à ce livre un caractère moral qui permettra d'en partager la lecture sans crainte avec toute la famille.



C'est un guide très complet, qui condense absolument tout ce qu'il faut savoir en seulement 360 pages, mais sa densité est compensée par un rythme rapide et enjoué qui en rend la lecture très attrayante pour peu que l'on ne se laisse pas trop aller à rêvasser en pensant à la Floride.



J'envisage d'ores et déjà d'acquérir d' autres guides du même auteur pour parfaire ma connaissance de cette région du monde.
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Orange Crush

Marlon Conrad est un sombre crétin. Il est aussi vice-gouverneur de Floride, ceci pouvant sans doute expliquer cela. Il a jusqu’ici fait son boulot consciencieusement en s’arrangeant pour que les lois votées profitent à ses généreux donateurs et en passant le plus clair de son temps à pêcher le tarpon sur son jeu vidéo favori. La mort du gouverneur en poste lors d’un tragique accident d’avion piloté par une escort-girl propulse Marlon Conrad à la tête de son État, pour le plus grand bonheur de son papa et de ses amis lobbyistes.

Alors que la prochaine campagne électorale va commencer, tout semble donc aller pour le mieux, si ce n’est que Marlon Conrad n’a jamais rempli ses obligations militaires. Pensant bien faire, afin d’éviter de donner des armes à son futur adversaire – le démocrate Gomer Tatum, accro aux hot dogs – ses conseillers le convainquent de faire son service pendant quinze jours en tant que réserviste dans une planque quelconque. Cela juste au moment où l’OTAN décide d’intervenir au Kosovo où le gouverneur est malencontreusement envoyé.

De retour de cette traumatisante expédition militaire, Marlon Conrad a changé : il s’intéresse au sort des minorités, des pauvres et, même, commence à lire et à remettre en cause la sacro-sainte chaise électrique. C’est au volant d’un camping car qu’il va mener sa campagne aux quatre coins du Sunshine State, accompagné de son conseiller Gottfried Escrow, profondément désespéré par l’attitude de son patron, et de son attaché de presse, Muntjack Pimento, amnésique engagé par Escrow et féru d’histoire de la Floride. C’est le début d’une épopée homérique où l’on croisera une brésilienne tueuse en série, John McEnroe, des vieillards fanas de catch, des Américains moyens qui font l’amour déguisés en castors, Erik Estrada, le service d’ordre des Rolling Stones, une riche héritière qui se sert de son don de ventriloquie pendant les moments intimes, et Serge A. Storms.



Troisième roman de Tim Dorsey, Orange Crush est en fait le quatrième épisode de la geste de Serge A. Storms. Vous y rencontrerez donc des personnages et y trouverez des allusions à des événements que vous ne découvrirez que dans Triggerfish Twist. À moins bien sûr qu’un impérieux besoin d’ordre vous incite finalement à lire Triggerfish Twist avant Orange Crush, au risque de perdre un peu de ce qui fait tout le charme de l’œuvre de Tim Dorsey : un joyeux bordel pourtant très bien organisé par l’auteur qui fait mine de nous égarer mais nous ramène toujours sur le droit chemin.



Survitaminé, complètement barré, mais pas du tout dénué de sens dans l’État de Jeb Bush, ce roman tient ses promesses malgré l’apparition tardive de Serge A. Storms. On fera bien sûr le lien entre le personnage de Marlon Conrad et celui de Skink, l’ancien gouverneur tueur de connards, des romans de Carl Hiaasen : l’occasion d’étendre ses connaissances à propos de l’État le plus déjanté d’Amérique – où même les chiens peuvent espérer décrocher un poste de présentateur de la météo – grâce à un autre auteur qui n’est pas piqué des vers lui non plus.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Cadillac Beach

Ce livre a été lu dans le cadre d'un partenariat Masse-critique et j'en remercie le Site Babelio et l'éditeur Rivages.



Lecture.



Serge Storms , communément appelé Sergio est très occupé. Il y a beaucoup d'activités à planifier, de projets à faire avancer, de plans à faire aboutir. Vues la quantité de choses à faire et celle de billets dont il dispose, il décide de monter une agence de voyages avec son pote Lenny. Cette agence « décalée » montre, à la carte, tous les lieux chargés d'histoire de Miami. Serge est un spécialiste de la Floride, il connaît son histoire sur le bout des doigts, lieux cultes, films qu'on y a tournés, séjours de célébrités, relations entre Cuba et la Floride.



Si son ami Lenny carbure à environ 10 pétards à l’heure, Serge fonctionne lui à l'énergie pure. Et de l'énergie il en a à revendre, une vraie centrale électrique à lui tout seul. Quand, en plus, il mêle à tout cela ses projets pour corriger les erreurs de l'histoire, on se retrouve avec un very bad trip , une baie des cochons, le casse du siècle, des femmes fatales, quelques dommages collatéraux, la grande évasion, la mafia, le FBI, la CIA, la télé, un hôpital psychiatrique, Castro, flipper le dauphin, entre autres.



Prenez le tout, secouez fortement et vous aurez un cocktail détonant et vitalisant.



Avis.



Ce livre est le sixième tome de la série écrite par Tim Dorsey ayant pour héros Serge Storms et surtout pour cadre la Floride. Bien que n'ayant pas lu les titres précédents, je n'ai absolument et à aucun moment été gêné dans l'histoire. Tout se tient et Cadillac Beach se lit très bien tout seul. Les références culturelles américaines, nombreuses, sont également accessibles.



J'ai donc découvert Sergio. Hyperactif, relevant de toute évidence de la psychiatrie et ayant un sens moral à géométrie variable. C'est cependant un personnage vraiment sympathique. Ce n'est pas tant qu'il « pète les plombs », c'est plutôt qu'il a été livré sans les plombs. Il ne fonctionne que sur deux modes : off et 200 %. Il ne carbure pas aux substances illicites, il tourne juste continuellement en sur régime.



Ce n'est pas un salaud ni un fou dangereux. Même s’il est fou et peut s'avérer extrêmement dangereux. Il a juste ses lubies. Et elles sont très très nombreuses. A la vitesse de fonctionnement de son cerveau, elles naissent constamment. Mais toujours un fil conducteur le mène : redonner à la Floride son lustre d'antan, la gloire qui lui est due. Accessoirement, il est mêlé à une vieille affaire de vol de diamants à laquelle son grand-père a participé. Il se serait suicidé, mais là aussi il est du devoir de Sergio de rétablir la vérité.



L'auteur domine parfaitement son sujet. On sent qu'il possède une connaissance encyclopédique de l'histoire de la Floride. Mais n'est pas une connaissance scolaire et ennuyeuse, c’est une connaissance pratique, anecdotique, culte et même amoureuse. Il dirige parfaitement son héros et l'intrigue. Car mêlée à la multitude de fils que tisse inlassablement Serge, qu'il tricote même, il y a une intrigue captivante.



Le risque serait de lasser le lecteur dans des gesticulations ou de rendre le héros pénible. Mais je n'ai jamais ressenti cette lassitude. Lenny, le compagnon cool et déjanté, les clients plus ou moins malheureux de l'agence et le caractère ridiculement sérieux de certains protagonistes (victimes) ménagent tout de même des poses raisonnables dans ce qui ressemble au chaos. Le héros est par ailleurs vraiment attachant.



Le style est superbe. On dirait un encéphalogramme de Serge : jamais plat. Les phrases courtes, incisives et précises se succèdent avant de partir sans prévenir sur une longue et folle envolée lyrique ou sur des inventaires à la Prévert joyeux et hirsutes. Mais toujours la tension. On sent que le héros est une boule de nerfs, un concentré de vie. La folie a sa part de génie. Si on n'est plus dans l’huile essentielle de café et boisson énergisante que dans la verveine menthe, jamais on ne tombe dans l'hystérique. Jamais Serge ne nous lâche en route. Même s'il est tout de même gravement atteint, on se reconnaît en lui. Débordé, courant après le temps, se battant contre des injustices énormes ou minimes, il continue tout de même à avancer en essayant de garder un minimum de contrôle sur la folie qui entoure. Pour lui le monde est fou, différent de ce qu'il voudrait, donc fou. On aimerait avoir parfois un peu de cette folie pour oser se battre comme il le fait.



Un assez grand nombre de personnages secondaires vient étoffer la galerie de portraits. Ils sont très cohérents et l'auteur arrive, souvent par petites touches minimes, à camper des acteurs hauts en couleurs et facilement identifiables. Par son amour de Miami, l'auteur réussit également à faire des lieux des protagonistes importants et tangibles. Les lieux historiques anciens ou leur pendant actuel, les traces de la gloire, sont évoqués avec une vraie réussite.



Tout cela baigne dans une folie joyeuse et absurde mais jamais ridicule ou niaise. L'attention, la folie sont palpables et constants malgré le foisonnement, mais sans que l'on décroche. La surprise en arrivant à la fin du livre est de se rendre compte d'une part que toute l'histoire révèle une véritable cohérence et d'autre part que le livre ne pèse « que » 400 pages. On a l'impression de sortir d'une saga en dix tomes tant tout cela est dense et survolté.



Pourquoi pas un coup de cœur alors ? Parce que même si dans l'enthousiasme cela passe, c'est parfois tout de même un peu gros.



Conclusion.



Un voyage au long cours, mais en hors-bord, une énergie folle et contagieuse dégagée par un héros sympathique donnent un livre sous haute tension joyeuse.



Ma note 16/20.
Lien : http://www.atelierdantec.com..
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Florida Roadkill



Quel binz !



Au départ j'étais un peu largué, par la suite aussi de façon plus ou moins intermittente mais je m'y suis fait et au final je me suis vraiment régalé.



Il faut dire que l'ami Tim Dorsey ne nous laisse aucun répit, non plus qu'à ses nombreux personnages.

Maffieux de tous horizons, policiers, petites frappes, bimbos, traficoteurs, alcooliques et drogués, se volent, se poursuivent, s'entretuent gaîment aux quatre coins de la Floride.



L'auteur aime la Floride et nous la fait littéralement visiter en énumérant jusqu'à l'écoeurement, à la manière d'un GPS, les rues, routes, ponts, iles et autoroutes parcourues par les différents protagonistes du récit lors de leurs burlesques tribulations.



Il sacrifie aussi à ce dada récurrent dans le roman américain (Tanguy Viel sors de ce corps !) qui consiste à décrire scrupuleusement, marque, modèle, couleur, chacun des véhicules utilisés par les personnages sans que ces détails n'aient la moindre importance pour la cohérence de l'intrigue.



On s'amuse beaucoup avec ce "Florida Roadkill" mais au-delà d'un exercice déjanté façon "Very bad trip" Tim Dorsey distille ça et là de mordantes et ironiques saillies sur de nombreuses dérives de la société américaine.



Sans hésitation, lisez-le.
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Cadillac Beach

Heureuse surprise que ma première rencontre avec cet auteur qui rappelle par certains côtés Carl Hiaasen ou bien Joe R.Lansdale.Le scénario est difficile à résumer , tellement ça part dans tous les sens.Serge , anti-héros hyperactif et frappadingue, ainsi que son fidèle comparse Lenny, consommateur immodéré de cannabis,y incarnent un Don Quichotte et un Sancho Pança actualisés lancés dans une multitude de quêtes aussi ambitieuses qu'improbables.L'intrigue,dense et bien construite, a pour décor la Floride du début des années 2000 ,avec de fréquents flashbacks dans les sixties.Les démêlés de ce duo façon Blues Brothers avec entre autres la mafia, la C.I.A et le F.B.I, sont autant de prétextes à une avalanche de gags cartoonesques.L'humour omniprésent n'est pas des plus subtils mais reste très efficace et décapant .L'auteur ne se prive pas,au passage, d'une féroce critique sociale et politique de son pays.Bref, voilà un auteur que je retrouverai volontiers pour de bons moments de détente avec dose massive de L.O.L garantie.
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