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Critiques de Timothy Findley (100)
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Le grand Elysium Hôtel

Chaque livre de cet auteur est une véritable expérience… et cela va être dur à décrire… car pétrie de fascination et de déception… sans pour autant être mitigée… on sent une écriture ultra-sophistiquée, pensée et repensée, construite patiemment et sans en montrer les plans; une vision de l’histoire toute mythologique, mais traitée de manière intimiste. Bref, du très bon paradoxe, à consommer comme charnière, quand on ne sait plus trop bien quoi de rien.



La critique de Sachenka évoque très bien cet interminable problème des traductions de titres, batailles potentielles entre souci d’exactitude du traducteur et stratégie « marketing » de l’éditeur, certains titres en ressortant essorés par le consensus… Celui-ci particulièrement.

Ces « Derniers Mots Célèbres » (« Famous Last Words ») nous donnent ici un titre qui devrait appâter le lecteur de John Irving, ou l’amateur des films de Wes Anderson… Sans vraiment trahir, il séduit sans montrer qui il est.



Il s’agit bien d’un palace, dont l’ambiance habituelle devrait séduire les nostalgique de l’époque impériale, sauf que l’action se situe à la fin de la seconde guerre mondiale, y cristallisant les restes d’espoir perdu de ce monde qui disparait. Findley va y installer son narrateur, vrai-faux écrivain-maudit américain, avatar doppelgänger résigné, dont on va tenter de percer les mystères de ses confessions posthumes gravés sur les murs de l’hôtel, à travers les yeux de deux militaires alliés antagonistes, l’un vengeur et dogmatique, l’autre bienveillant et humaniste, et de leur affrontement froid à mesure que le récit se déploie.



Findley aime jongler avec les grandes figures historiques dans ses romans, mêlant éléments biographiques formels et suppositions, voir inventions pures et simples selon ses besoins. Je ne suis jamais complètement à l’aise avec le genre. Ceux ayant lu son « Pilgrim » se souviennent de « ses » Leonard de Vinci et Carl Jung, violemment décrits dans cet autre roman, agréablement décevant... les meilleurs personnages étant ceux les moins développés…

Ici, il nous refait le coup de se focaliser sur d’autres mystérieux dépressifs, ce prince de Galles et sa misogynophile épouse, dont quelques paragraphes suffisent à vouloir leur faire avaler pierre par pierre tous les châteaux de la Couronne.

Une ambiance de complots permanents, très réussie, jette le trouble sur tout ce que l’on y regarde, brouillant à dessein cette première construction Bien / Mal, qui de toute façon ne tient jamais quand on y met les mains et de l’esprit.



Nous avons donc là une construction ambitieuse, une écriture claire et ciselée, maniérée parfois, au service d’une histoire qui nous replonge dans la Grande, évoquant l’époque où le point Goodwin n’existait pas encore, où les nazis pouvaient être simplement considérés dans ces salons comme bien habillés.

Comme à chaque fois, Findley impressionne par sa prose, plongeant à corps défendant le lecteur dans ces solitudes qu’il répugne à appeler folie, tout en se gardant bien d’y apporter quelque remède, témoin résigné de toutes ces histoires insensées.



Son livre « Le Chasseur de tête » reste selon moi son meilleur, celui-ci venant juste ensuite.
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Pilgrim

D’abord merci à Brice qui m’avait désigné Pilgrim comme « le livre qu’il emporterait sur une ile déserte ». Une fois de plus, un nord-américain contemporain a écrit un petit chef d’œuvre, tant par sa construction, son érudition que par cette faculté, répandue outre Atlantique, à tenir le lecteur en haleine. À ce titre, Timothy Findley rejoint Donna Tartt, Rodney William Whitaker, Franck Conroy, Jonathan Franzen, Margaret Atwood et plus récemment, dans un autre genre, Viet Thanh Nguyen ou Gabriel Tallent. De quoi s’interroger sur notre littérature française et sa difficulté à répondre à deux attentes concomitantes du lecteur : être intéressé et captivé par la narration. Qui est Pilgrim? Pourquoi cet homme s’est-il emprisonné dans le mutisme ? Quel secret cache-t-il ? Pourquoi la figure de Leonardo Da Vinci est-elle devenue obsessionnelle ? C’est au psychiatre Carl Jung de répondre à ses questions. En le suivant dans son investigation, on assiste à la naissance et aux atermoiements de la psychiatrie moderne, entre Parsons, Janet, Bleuler et bien-sûr, l’inévitable Freud que l’auteur éclipse au profit de Jung, fondateur de la psychologie analytique et à qui ont les concepts d’inconscient collectif ou d’archétypes. Au centre de ce roman, il y a non seulement Pilgrim mais ces questions qui obsèdent les protagonistes : à partir de quel moment devient-on fou ? Ne sommes-nous tous pas fous, à des degrés divers, sauvés du grand écart par l’équilibre précaire de notre inconscient ? N’est-ce pas la « normalité » qui devient suspecte ? Qu’est-ce que l’immortalité ? Le salut vient-il dans l’expérience de plusieurs vies, quitte à risquer la schizophrénie ? La connaissance franchit-elle les générations, comme un ADN ? Et puis cette question fondamentale qui revient à propos de Leonardo Da Vinci et qui ne cesse d’occuper le devant de la scène médiatique (Picasso, Céline) : la talent de l’artiste justifie-t-il sa monstruosité ? Suivez les traces du tourmenté Pilgrim, soyez le disciple de Jung, vous ne le regretterez pas !
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Guerres

Depuis quelques mois, j’essaie de combler mes lacunes en littérature canadienne anglaise et Timothy Findley, un auteur majeur de la deuxième moitié du XXe siècle, était le suivant sur ma liste. Guerres est son titre le plus connu. Ça raconte l’histoire du jeune Robert Ross, 19 ans, issu d’une famille aisée de Toronto, dans la province ontarienne. Une terrible rupture avec sa presque-fiancée et la mort de sa sœur handicapée dont il avait la garde le pousse à s’engager dans l’armée. Après un bref entrainement, il s’embarque pour l’Europe où la Première guerre mondaile fait rage.



Ce que j’ai aimé de ce récit, c’est le point de vue typiquement canadien de ce conflit. J’ai lu beaucoup de récits de Français, d’Anglais, d’Allemands et d’Américains mais jamais des « petits » pays, comme les membres du Commonwealth. Et ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas joué leur rôle dans ce conflit. Les Canadiens ont tenu, entre autres, Ypres, en Belgique. Et c’est là que se retrouve Robert Ross.



Il n’est pas question que des hauts faits d’armes. J’aime la façon dont Findley s’attarde aux petits détails qui, eux aussi, peuvent laisser une impression vivide. Presque un film dans notre tête. Des moments mémorables, comme quand Robert s’embarque pour l’Europe et que les chevaux s’affolent et se jettent à l’eau dans l’Atlantique. Ou des moments pitoresques, comme les altercations avec les Flamands (entre autres, l’épisode de la vache égarée).



Même les épisodes de guerre à proprement parler sont vus davantage sous l’angle humain. Rien d’héroïque. En fait, presque pas, c’est tout le contraire. Le bataillon de Ross ne part pas à la conquête de territoires aux mains des Allemands, il essait de conserver la ville d’Ypres. La guerre, tout simplement. La vie dans les tranchées. Par exemple, quand Robert et ses compagnons sont surpris par un Allemand qui les laisse s’enfuir et se fait exploser.



Je peux bien imaginer (bien que, en fait, je n’en ai aucune idée) le désespoir des jeunes soldats. En même temps l’espoir. L’insécurité. Timothy Findley raconte la dure réalité de la vie dans les tranchées mais d’une façon très humaine, presque douce. Même les moments terribles, il ne s’attarde pas aux atrocités, ne décrit pas l’horreur mais plutôt la façon dont elle est vécue par les pauvres soldats.



J’ai un peu moins apprécié les passages ayant lieu en Angleterre. Quand certains sont blessés sérieusement, ils sont envoyés dans des hopitaux de la campagne anglaise où ils peuvent passer leur convalescence en paix. Robert y rencontre les d’Orsay. Je n’ai pas tout compris de cette partie du roman, il faut dire que je lisais la version originale anglaise. Il y est question d’une vague histoire d’amour entre lui et Juliet d’Orsay.



En terminant, la fin du roman est assez dramatique, enlevante, écrite avec beaucoup de style. Comme il convient à un roman traitant de la Première guerre mondiale. Décidément, Guerres est une belle petite découverte !
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Le grand Elysium Hôtel

Le Grand Elysium Hotel. Je n’aime pas ce titre, pareillement pour les libertés que prennent parfois les traducteurs. Certes, le roman commence et se termine à cet endroit, mais l’essentiel de l’intrigue ne s’y déroule pas. Je préfère de loin le titre original : Famous Last Words. On pourrait traduire cela par « Derniers mots célèbres ». Peut-être un peu trop littéral ? Hugh Seldwyn Mauberly. Le roman s’ouvre avec l’arrivée de ce personnage singulier au Grand Elysium Hotel, niché dans les Alpes autrichiennes. Cet auteur obscur fuit l’avancée des troupes soviétiques et américaines et cet hotel inoccupé, où il a jadis séjourné, lui semble le refuge idéal. Malheureusement, ce sympathisant nazi sait que la mort rôde et il décide de se dévoiler son histoire. Ou, du moins, de livrer ce qu’il croit être sa vérité. Il grave sur les murs des quatres chambres de sa suite son parcours. Une sorte de testament.



L’intrigue principale commence par sa rencontre avec Wallis Spencer à Shanghaï, au milieu des années 30. Il roule sa bosse en donnant des cours d’anglais aux Russes blancs, qui fuient le communisme. Son amie séduit les hommes riches. Chacun ses atouts… Puis ils se séparent. Mauberly trouve le chemin de l’Europe, trouve sa place dans les cercles intellectuels qui font l’apologie du fascisme. Et ils sont de plus en plus nombreux. Parmi ceux-là, on retrouve Ezra Pound, qui, avec son antiaméricanisme virulant, apporte son soutien à Hitler. Avec lui, Charles Lindbergh et d’autres C’est une incursion dans un milieu très précis de l’entre-deux-guerres.



Petite anecdote : Mauberly est le nom d’un personnage d’un poème d’Ezra Pound ! Beau clin d’œil de l’auteur Timothy Findley.



Toujours sur le Vieux Continent, Mauberly croise à nouveau le chemin de Wallis, qui porte maintenant le patronyme Simpson, suite à son mariage avec un riche Américain. Mais elle est accrochée au bras d’Édouard VIII d’Angleterre. Ce couple célèbre voyage dans les grandes villes européennes, trainant à sa suite le pauvre écrivain, devenu un indispensable ami. Le roman rejoint l’histoire. L’amour l’emporte, le roi doit abdiquer. Devenus duc et duchesse de Windsor, les nouveaux mariés se retirent en Espagne, trainant toujours Mauberly. Éventuellement, les complots de Rudolf Hesse et Joachim von Ribbentrop se resserreront autour d’eux. Findley joue avec la théorie que les fascistes auraient préparé un complot et voulait se servir du couple royal (reconnu pour ses sympathies nazies) pour prendre le contrôle de l’Angleterre, peut-être même diriger un empire pan-germanique.



Bref, Findley ne se contente plus de se servir de l’histoire, il la revisite, un peu à sa manière. Et tous sont écorchés. Les soviétiques qui pourchassent les Russes blancs jusqu’en Chine, les fascistes évidemment, autant les nazis que les partisans espagnols de Franco et les Italiens de Mussolini. Et que dire de ces Américains, qui ont vu les horreurs du camp de concentration de Dachau et qui, dans leur vision très manichésite du monde, se montrent bornés et rancuniers, à l’esprit étroit. Toutefois, Findley ne juge pas. Il aurait été tellement facile de critiquer Mauberly et son entourage, un peu à la manière du colonel Freyberg. Plutôt, il replace l’action dans son contexte. Et si la montée du fascisme était inévitable ? Et si elle avait pour cause l’intransigeance des Alliés ? Surtout, si elle apportait du bien aux peuples accablés par la crise économique. Soyons clair, l’auteur ne fait pas, via Mauberly, l’apologie du nazisme. Il essaie de démontrer comment et pourquoi des gens ont pu s’y tourner, souvent même sans s’en rendre compte.



« Famous last words » m’a bien plu. J’ai bien remarquée quelques longueurs, entre autres lors des pérégrinations de Mauberly et d’Isabelle en Espagne et en Italie. Jusque là, l’écrivain avait bien manifesté ses sympathies nazies mais je ne voyais pas comment elles allaient se traduire en geste concret qui allait lui valoir la haine autant des fascistes que des Américains. Surtout que l’histoire s’allongeait à un tel point que je me demandais si le duc et la duchesse de Windsor devenaient les personnages principaux de ce roman. Puis, tout s’est bousculé vers la fin. Toute l’œuvre a pris son sens. C’est un roman qu’il faut lire à tête reposée. Quelququ’un qui le lit d’une traite, sans prêter attention aux détails, sans se laisser imprégner des personnages et de l’atmosphère (de l’époque), s’ennuira forcément. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est roman intellectuel mais il est certain qu’on ne le lit pas pour l’action.
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La fille de l'homme au piano

Folie : un terme qui, avant d'être accepté dans toute la fragilité qu'il évoque, effraie, angoisse et isole celui qui en est qualifié. Pourtant, que de visages multiples se cachent derrière ce mot, autant que de pathologies distinctes aux variables symptômes et manifestations.





Lily vient de mourir dans l'établissement où elle était internée. Son fils Charlie est sollicité pour venir la reconnaître et effectuer les formalités suite au décès.

Il reçoit aussi les possessions de sa mère et parmi elles, une valise en osier qu'il n'a jamais oubliée. Une valise en jonc tressé qui recèle bien des richesses. Un écrin pour une mémoire infinie, des joies et des peines, des tourments, le gardien de trésors, de photographies, un antre pour abriter le souvenir…



A partir de ce qu'il y découvre – mais rien n'est réellement découverte pour lui puisqu'il connaît chaque cliché, chaque silhouette immortalisée, il connaît le signification de cette couronne de fleurs séchées, comme il sait la valeurs de ce recueil de poèmes – il débute le récit de l'histoire familiale, autour du personnage central de Lily et sur quatre générations...





Petite fille qui a vu le jour dans un champ, aussitôt bercée par le pépiement des oiseaux, et enveloppée de la senteur des fougères et autre chèvrefeuille, petite fille fantasque, curieuse, à l'imaginaire débordant et féerique mais petite fille différente, fragile toujours en équilibre qu'un souffle peut faire dériver.



Jeune fille volontaire, cultivée, si jolie qu'elle fait tourner tous les regards sauf celui de l'homme qui a épousé sa mère et qui l'ignore, la repousse, la cache même dans un grenier pour la faire disparaître et la vérité de sa maladie avec elle.



Une réalité à la vie qui s'effiloche parfois, sans que l'esprit n'en garde trace, une âme qui vole dans les nuages, elle n'en est pas moins une mère pleine d'attentions, un peu imprévisible mais qui fera de la petite enfance de son fils, un ruissellement de moments extraordinaires, un éloignement des conventions et une vie libre mais pour laquelle la fuite est souvent la seule solution pour reprendre pied.

Une vie baignée de musique, cette même musique sans laquelle, sa propre vie ne serait pas. Une vie de funambule, toujours en équilibre entre la clarté et la confusion, peuplée d'êtres qui la harcèlent...



Une jeune femme qui s'invente sans le regard d'un père tendre, décédé sans même savoir qu'elle serait, une jeune femme qui enfante sans homme à ses côtés, tout attentive à ce petit Charlie qu'elle guide dans une vie hors de la banalité.



De la disparition des êtres chers et de leur absence à affronter, solitude qui brise un peu plus de sa lucidité, de l'Histoire qui broie ceux que Lily chérit, ses défenses amoindries par tant d'adversité obligeront à son placement et à l'éloignement de son fils encore enfant…





Même en vous disant tout cela, je ne vous ai rien raconté de ce roman, tant les ramifications de l'intrigue sont nombreuses et inattendues. Elles mettent en lumière les différents membres de ces familles qui fusionnent écrivant l'histoire des existences et éclairant la lanterne de la destinée.

Timothy Findley est un grand écrivain, trop peu lu, qui possède l'art de conter. Il distille dans ce récit des thèmes qui lui sont chers : le regard du fils sur celle qui l'a mis au monde, le regard d'un fils lucide sur une mère qui l'est moins, les ravages de la première guerre mondiale, les vies anéanties, les mutilations atroces avec lesquelles il faut continuer à vivre, les troubles mentaux engendrés par les combats dans les tranchées et aussi le regard d'une société sur les êtres atteints de troubles neurologiques qu'il est préférable de cacher au reste du monde à défaut de disposer de traitement pour les aider.

Paradoxalement, dans les récits de Timothy Findley, les "fous" sont très souvent bien plus attachants que ceux qui les condamnent et porteurs d'une bien plus grande humanité, tout amoureux de la nature et de ses créatures qu'ils sont. Ils vivent en marge mais comme on aimerait partager leur vision du monde et de la vie.





En refermant ce livre, je partage la condition d'orphelin de Charlie. Esseulée de la présence de cette femme digne, lumineuse et si généreuse, de celle pour qui une rose ou un oiseau enchante une journée bien davantage que la possession des choses matérielles et la stabilité d'une vie, de celle qui sait lire dans le chuchotement du quotidien, le bruissement des herbes et la caresse d'une libellule...
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La fille de l'homme au piano

Parfois, des livres vous sont conseillés par des personnes qui comptent beaucoup. Alors, on se lance avec une bienveillance empressée et on en sort, la plupart du temps, satisfait et conforté.

Mais quelquefois, non... Ce roman, par exemple, il s'écoule comme un large fleuve paresseux qui charrie d'innombrables personnages qu'on a du mal à faire sien.Beaucoup mourront d'ailleurs avant la fin de l'ouvrage et c'est tant mieux car tous ont généré chez moi un ennui profond.

L'auteur, manifestement attiré par la folie, s'attache à suive le parcours forcément chaotique d'une femme, non seulement épileptique, mais également dérangée au delà du raisonnable. Il en tire un pavé indigeste de sept cents pages qu'il faut s'infuser soit par amour pour l'auteur du conseil, soit par un grand courage teinté d'abnégation...

Pour ceux qui ne souscrivent ni à l'un ni à l'autre, vous gagnerez à passer votre chemin ou préférez du même écrivain "Le dernier des fous". Même thématique, mais plus court...
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Passagers clandestins

Passagers clandestins est une lecture que je n’ai pas apprécié du tout. Il s’agit d’une étrange réécriture d’un épisode biblique, celui du Déluge et de l’Arche. Dans cette nouvelle et moderne version, Noé est un patriarche tyrannique et antipathique à qui on annonce l’approche d’un cataclysme. Ses fils et belles-filles sont incapables et négligeables alors son épouse est beaucoup plus sympathique, malgré son alcoolisme et son étrangeté. Elle parle aux animaux (surtout au chat aveugle, Mottyl), leur tient compagnie, vient à leur aide, surtout dans cette arche où ils seront retenus prisonniers… Je n’ai pas tout compris (je dois admettre que je lisais en anglais, même si je suis à l’aise avec la langue de Shakespeaure, certaines subtilitiés m’échappent parfois). Mais cette histoire était compliquée, je n’en comprenais pas le but. Je dois admettre que j’éprouve un peu de difficulté à accrocher à un roman quand je ne peux m’identifier à son personnage principal ou, du moins, à connecter d’une façon ou d’une autre avec lui.



Et l’écriture de Timothy Findley me semblait sèche, peu jolie, aussi froide et distante que pouvait l’être le docteur Noyes, qui maltraitait sa propre famille et s’occupait des animaux comme un laborantin : puisque tout ce petit monde ne peut trouver place sur l’Arche, il procéda à une sélection peu naturelle. C’est alors que son épouse vint à aide aux laissés-pour-compte, qu’elle fit monter clandestinement. Mais tout ne se passa pas comme prévu… À ce moment, l’intrigue part (encore plus) dans toutes les directions, avec des animaux qui parlent, d’autres aux caractéristiques encore plus fantastiques, des personnages énigmatiques et même le diable sous des déguisements. Mais, malgré toute l’originalité du récit, mon intérêt s’étiolait. J’ai étiré cette lecture sur plusieurs jours, peut-être même quelques semaines (ce qui n’est pas dans mon habitude) jusqu’à en oublier de grands pans, rendant encore plus difficile ma compréhension. Bref, rien qui ne m’encourage à poursuivre ma lecture. Je me demande encore pourquoi et comment j’en suis parvenu à la fin.
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Guerres

Guerres c'est l'histoire de Robert Ross , un jeune canadien de 19 ans de famille aisée qui s'engage à la guerre et arrive en Belgique dans la région d ´ Ypres .

Ce jeune homme que rien ne destinait à la guerre va s'engager au lendemain de la mort de sa sœur aînée Rowena , qui est née hydrocéphale , et dont il est l'ange gardien .

Un jour , un instant d'inattention qui ne sera pas pardonné et c'est le drame Rowena tombe de sa chaise roulante et meurt quasi sur le coup , ses lapins , ses animaux préférés seront tués car c'est impossible qu'ils survivent à la jeune fille , ils doivent être ´ punis ´ , c'est une réaction irrationnelle , de vengeance avec laquelle on espère avoir un peu d'apaisement .

Apres la mort de Rowena , Robert s'engage donc à la guerre , comme il est éduqué , de famille aisée , il est tout de suite sous officier et a donc des simples soldats sous ses ordres

L'auteur Timothy Findley nous rappelle ce qui nous semble impensable aujourd'hui , que ce sont des jeunes gens qui n'ont aucune expérience qui doivent en commander d'autres

On oublie souvent mais à l'époque de la guerre de 14 , les différences entre les classes sociales étaient fort marquées

Une anecdote dans le livre m'a rappelé ce qui s'est passé en Belgique lors de la première guerre mondiale , de nombreux soldats flamands qui ne parlaient pas du tout français recevaient des ordres ( incompris bien sur ) , il y a eu beaucoup de morts à cause de ça , ça a été un scandale à la fin de la guerre , ici Robert Ross rencontre un paysan flamand et ils n'arrivent pas à se comprendre

Mais Robert Ross est atypique , c'est un solitaire qui aime les chevaux , ce qui causera sa perte .

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre c'est l'évocation assez réaliste de la guerre , les tranchées avec les rats , la boue mais surtout que les hommes restent des hommes , qu'ils se raccrochent désespérément à tout ce qui peut donner un peu de sens , un peu d'espoir , tel celui qui lit désespérément , accroché à son livre comme à une bouée de sauvetage , tel autre qui recueille une grenouille , un hérisson pour ne pas se déshumaniser , tel autre enfin qui confiera son carnet de dessin à un de ses camarades et qui écrira un petit mot pour sa fille , je serais à jamais ton père pour l'éternité .

Tout est dit par petites touches , la peur panique , l'espoir de s'en réchapper , les armes de plus en plus meurtrières ( voir ma citation sur les lance - flamme ) , les attaques des gaz , mais tout est dit par petites touches , formant un tableau complet , un puzzle qui se forme devant mes yeux

Une dernière chose m'a frappé , et ça il paraît que c'est un point commun à toutes les guerres , c'est la stupéfaction des soldats qui rentrent chez eux en permission , ils sont effarés en voyant que la vie continue et qu'ils ne peuvent partager ce qu'ils vivent

Un très beau livre sur la fameuse der des der , dont je ne savais pas grand chose

Justement j'oublie il y a un passage poignant sur ces vieilles photographies jaunies de ces soldats , ces photos où ils sourient à l'objectif , et ça nous dit l'auteur c'est ce qui est difficile à imaginer que tous ces jeunes gens souriants sont morts et souvent dans des conditions affreuses , ce livre c'est une façon de ne pas les oublier

Donc un livre qui m'a beaucoup plu

Je remercie les éditions Phebus pour l'envoi de ce livre .

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Limonade et autres nouvelles

Un recueil de nouvelles est toujours un beau moment de lecture en perspective ; un recueil de nouvelles de Timothy Findley et je sais que le moment passé à cette lecture sera fabuleux et certainement envoutant en ce sens que les phrases lues resteront longtemps à l'esprit !



Des nouvelles qui se font écho puisqu'elles ont toutes, au sein de l'intrigue, la présence de "l'enfant" ou les réminiscences de l'enfance.

Pour autant, ce ne sont pas des nouvelles douces et pleines de miel mais plutôt des textes tout en mélancolie, colère, terreur ou pleins de regrets et de remords.



Si l'un des garçons essaye d'avancer dans la vie auprès d'une mère inconsolable et qui tente d'oublier la mort de son époux dans l'alcool, un autre est plein de reproches à l'égard de son père qui s'est engagé dans l'armée et doit partir à la guerre sans le lui avoir dit, apparaissent également des enfants qui ont perdu leurs idéaux et leurs illusions pour devenir des adultes brisés par leurs choix et l'enfant qui n'est pas encore né, dans un des textes, est celui par qui le couple va renouer un dialogue sincère qui semblait ne plus pouvoir être.

La nouvelle la plus étonnante étant celle dans laquelle les enfants sont des êtres qui n'ont plus d'émotions et sont sans compassion pour une humanité qu'ils regardent comme juste bonne à être oubliée et à détruite.



Timothy Findley peuple ces nouvelles de la présence d'animaux qui ont tous également un rôle dans le récit, du chien qui sourit laissant espérer un avenir moins sombre aux canards qui terrifient, du chien qui ne peut plus se mouvoir mais qu'on ne quitte pas à celui qui se cache dans les placards pour échapper à la tyrannie de la domestique, ils sont tous un angle de regard sur ces vies racontées, ici, l'espoir qu'il peut exister un ailleurs où la vie pourrait être plus douce et moins effrayante, ou l'évidence que les humains prennent parfois de bien mauvaises directions dans leurs existences.







Une belle occasion de retrouver la plume d'un conteur aux mille facettes dont on ne se lasse jamais.
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Guerres

"Elle était debout au milieu des voies. Elle avait la tête basse et tenait le sabot avant droit levé comme pour se reposer. Ses rênes pendaient jusque par terre et sa selle avait glissé sur le côté."



Et tout autour, l'enfer. La belle jument noire à la robe luisante est au coeur de l'enfer, tout comme Robert Ross, nez cassé, manches d'uniforme brûlées, insignes arrachés, qui la regarde.

Qui est-il, ce Robert Ross, que fait-il là, seul en ce lieu où les hommes s'entretuent en masse ?

Pourquoi décide-t-il de sortir les chevaux des wagons encore intacts, et pour les emmener où ?

Que s'est-il passé ?



Plus d'un demi-siècle après, le narrateur part à la rencontre de Robert Ross et de sa vérité dans les souvenirs, photos, témoignages, rapports officiels de la Grande Guerre, celle qui a brûlé les poumons, cassé les gueules, amputé l'avenir de millions d'hommes et englouti des millions d'autres dans les boues perpétuelles des tranchées.



Un drame familial incite à fuir, tête la première, dans la grande boucherie européenne.

Un de ces drames qui laissent à croire qu'on ne peut plus craindre quoi que ce soit, qu'avec cette perte l'essentiel a déjà été arraché.

"C'est ainsi que, le 2 avril 1915, Robert Ross fut reçu dans l'armée. Presque aussitôt on l'envoya rejoindre la 30e batterie d'artillerie de campagne, à l'entraînement à Lethbridge, dans l'Alberta."

Puis il traverse l'Antlantique dans des conditions dantesques pour retrouver ses compatriotes canadiens du côté d'Ypres.



Rien n'a été épargné à ceux qui ont pataugé plus de quatre ans dans les flaques, sous les obus, la mitraille, les bombes, le long de ce front insensé, zone de mort balafrant le vieux continent.



Guerres, en suivant le parcours de Robert Ross, nous donne à voir un peu de cette folie et de cette dévastation.

Les souvenirs s'entremêlent au présent, les témoignages répondent au mystère d'une photographie, une mort fait écho à une autre, les personnages se croisent à divers moments en un ballet improbable. L'ensemble forme un kaléidoscope qui prendra tout son sens en fin d'ouvrage, au bout de cette plongée en apnée dans la guerre à peine entrecoupée de maigres bouffées d'air toujours confuses à l'arrière.



"Eh oui ! tout est là : nous n'avions pas la possibilité de nous comporter comme des êtres ordinaires. Notre credo, nos espoirs les plus légitimes nous étaient enlevés. Arrachés. Il y avait tant de morts. Personne ne peut imaginer. Et ce n'étaient pas des accidents ; ce n'était pas la mort qu'apporte paisiblement l'âge, c'étaient des meurtres. Des meurtres par milliers. Tous nos amis étaient… assassinés."



Timothy Findley fait le choix de rester constamment à hauteur d'homme, à ras de terre, le nez dans la boue.

C'est une immersion complète dans un environnement terrible, aux conséquences toujours atterantes, dont on se demande comment il a été possible (si tant est que cela ait été possible) à cette génération d'en sortir même à peu près. D'y survivre sans sombrer totalement dans la folie.



"Lorsqu'il put rouvrir les yeux sans difficulté, Robert se retourna pour regarder l'endroit où gisait l'homme. Il vit alors que le champ tout entier était plein de formes flottantes. Les seuls bruits que l'on entendait étaient des bruits d'ailes et de becs. Et des bruits de radeaux."



"Il donna le signal du départ et remonta toute la file sans lever les yeux de la route. Au-dessus de sa tête, un autre cortège se formait : les corbeaux s'apprêtaient à les suivre."



Cette lecture a été pour moi une telle secousse qu'il m'a fallu attendre pour pouvoir donner mon avis.

Il m'en reste des images d'une très grande force et une belle rencontre avec un personnage qu'il serait un peu facile de considérer comme naïf là où s'exprime une sincérité qui ne laissera rien de ce qui la constitue en holocauste aux dieux de la guerre.
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Guerres

Alice Ferney pose parfaitement les enjeux de ce texte dans son avant-propos : « Voici un roman sur 14, publié en 1974, écrit par un auteur qui n’était pas né au moment des faits. C’est un livre de l’après. […] Timothy Findley se trouve dans cette posture fondatrice de la littérature : écrire ce que l’on n’a pas vécu, écrire ce qu’ont fait les autres, et, pour ce faire, transformer une expérience extérieure (celle des autres) en expérience intérieur. »





Guerres est le récit des quelques mois passés par le soldat canadien Robert Ross sur le front belge, entre décembre 1915 et juin 1916. Ross, engagé volontaire après le décès de sa sœur, sera très vite promu officier. En charge d’une petite compagnie, il va monter au front et se heurter de plein fouet à l’horreur et à la violence des combats. De l’infernale traversée entre le Canada et l’Angleterre à l’arrivée sur le continent en passant par la découverte des tranchées, de la mort, de la peur, de la lâcheté, du retour à la vie civile le temps d’une permission et enfin de cet événement de trop qui rend votre condition de soldat insupportable et vous pousse à la désobéissance, le lecteur suit un parcours qui s’avérera des plus douloureux…



J’ai mis beaucoup de temps à lire ce roman, pourtant loin d’être un pavé, ce qui n’est jamais bon signe. Plusieurs choses m’ont freiné. J’ai trouvé les passages se déroulant à l'arrière, pendant les permissions, très barbants. J’ai aussi eu quelques difficultés à visualiser certaines scènes sur le front, comme si les descriptions n’étaient pas d’une grande clarté. Enfin, et c’est sans doute le plus gros hic, je n’ai développé aucune empathie particulière pour Robert, restant un observateur totalement extérieur et peu concerné par les tragédies qui l’ont frappé. Seule la fin, crépusculaire, magnifique d’évidence face au sort réservé à ceux qui, en vain, ont voulu s’opposer à la guerre, résister d’une façon ou d’une autre à la folie destructrice des hommes, m’a bouleversé.





Beaucoup considèrent ce texte comme une des plus beaux romans jamais écrits sur la première guerre mondiale. Je veux bien les croire, même si en ce qui me concerne, je reste loin du coup de foudre.


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Pilgrim

« Et il y avait Jung, l'ennemi. »



Le jour où le patient Pilgrim fût amené dans la clinique suisse de Burghölzli, c’est ce qu’il a dû se dire. Commence alors un long travail entre le psychiatre et le patient. Et nous, lecteurs, sommes embarqués dans des parenthèses historiques, fort bien imbriquées dans la trame, pour alimenter la progression de …l’histoire ? la folie ? Mais qui est fou dans cette histoire ? le patient, le médecin... Qui examine l'autre ?



« Non, pensa Jung. Cela ne se peut pas. C'est une histoire. Une histoire habile, complexe, diabolique. De la démence. » « C'est fait, déclara Pilgrim. Vous avez enfin libéré votre imagination. »



C’est ça ! Une histoire un peu longue selon mon goût pour en arriver là :



« Vous cherchiez à déterminer s'il existe ce que vous avez appelé un jour en ma présence l'inconscient collectif de l'humanité, une formule dont vous êtes l'inventeur, il me semble. De toute évidence, Herr Doktor Âne Bâté, la réponse est oui-, car j'en suis la preuve vivante.»



L’auteur raconte une partie de la vie de Carl Gustav Jung et de l’avancée de ses déductions tout en le restituant au cœur de sa famille, de ses collègues et de ses maîtresses. Pilgrim, le pèlerin sert à conforter la démonstration de Timothy Findley au travers ses aventures. Pilgrim, cet homme à qui la mort est refusée, perpétuellement obligé de vivre. Et de se dire :



« Cher, très cher ami, de la vie, de la mort... Que savons-nous ? Rien. Ou peut-être une chose : La vie est pire que la mort. »



C’est sûr, au bout de la soixantième-douzième fois qu’on se repasse un film, on doit en avoir souper d’une éternité où l’humanité est toujours autant va-t-en-guerre.



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Le grand Elysium Hôtel

Un livre difficile à appréhender! le rapport entre l'hôtel d'Elysium comme titre et la mort de notre héros au tout début de l'histoire dans ce grand bâtiment semble nous enlever tout l'intérêt de la lecture, l'auteur nous pique un peu. Puis l'histoire va prendre une autre tournure, et ça prendra encore un peu plus de temps avant rentrer dans l'esprit du livre. C'est vrai que l'aspect histoire peut d'emblée faire du livre un acquis, surtout qu'il y intervient des fortes personnalités comme le roi Edourd XVIII et sa fiancée Mallys, certains écrivains ayant quelque peu fait l'apologie du nazisme mais est-il que, en tant que lecteur, je veux part du gâteau. Et c'est une fois arrivé au bout de ce livre que je me suis mise à l'aimer vraiment ou encore à mieux saisir...le pourquoi de toute cette histoire de notre héros écrit que les murs de l'hôtel Elysium!
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La fille de l'homme au piano

Retour de lecture sur “La fille de l’homme au piano” un roman publié en 1995 et écrit par l’écrivain canadien de langue anglaise Timothy Findley, un des plus connus de ce pays. Ce livre nous raconte l’histoire de Charlie Kilworth, un accordeur de pianos, qui, suite à la mort de sa mère, Lily, brûlée vive dans un hôpital psychiatrique, très peu de temps avant la deuxième guerre mondiale, essaye de reconstituer son histoire familiale à partir de ce que sa mère lui a laissé dans une valise en osier remplie de souvenirs, de textes divers et de poèmes. Charlie étant sur le point de devenir père lui-même, il s'interroge tout particulièrement sur l'identité de son père inconnu et craint de transmettre à son enfant les problèmes psychiatriques de sa mère. Ce roman, qui est une grande fresque familiale, multi générationnelle, se passe dans l’Ontario, au Canada, de la fin du XIXe siècle jusqu’en 1939, dans une famille d’immigrants catholiques irlandais. C’est superbement bien écrit, très fluide et très classique dans la forme, on aurait même tendance à croire que cela a été écrit au début du XXe siècle. De la très belle littérature, avec beaucoup de sensibilité, de la poésie, et qui bénéficie visiblement d’une traduction également de grande qualité. Findley est incontestablement un conteur très doué. La thématique principale de ce roman est la folie, que l’auteur traite à travers la vie de Lily, la fille de l’homme au piano, mort avant sa naissance, qui souffre de crises d’épilepsie, de visions paranoïaques et qui est également fortement attirée par le feu. Il expose notamment la manière dont cette folie est perçue dans cette société, la marginalisation et le rejet que cela entraine pour cette femme. Sa famille n’hésite pas à l'enfermer dans le grenier, comme cela avait déjà été fait précédemment pour d’autres “honteux” ancêtres atteints du même syndrome. Les personnages de Findley, que ce soient les principaux ou les nombreux secondaires, sont tous très attachants, tout est dépeint avec beaucoup de justesse, on a vraiment l’impression qu’il a vécu lui-même cette époque et que c’est un récit autobiographique. Le portrait de Lily, est très beau et on s’attache énormément à cette femme aux prises avec ses démons, entre ses hallucinations, ses crises et ses rêves. Son enfance est particulièrement bien traitée, sa psychologie complexe parfaitement bien détaillée, j’ai particulièrement bien aimé toutes ces petites choses qui font de cette fille un personnage original et différent, comme par exemple sa fascination et son attachement au monde des fourmis avec les trois fourmilières de son jardin d’enfance qu’elle a baptisé Thèbes, Amazonia, et Lilyland. La folie est apparemment un thème récurrent chez Findley, on sent à travers ce livre qu’il a beaucoup de tendresse et porte un grand intérêt à ces “fous” à la personnalité très riche et complexe. C’est un livre très touchant, avec des passages particulièrement poignants, notamment dans la quatrième partie, avec la mort de Lizzie, le plus jeune frère du père de Lily, dans des circonstances particulières. L’époque et la mentalité de ce milieu d’immigrants irlandais est magnifiquement bien décrit, on sent aussi tout au long du roman l’importance de la première guerre mondiale, dans cette région du Canada, qui n’a pas été épargnée par le sacrifice de ses jeunes hommes alors que les batailles ont lieu à l’autre bout du monde. La musique est un élément très important dans ce livre, sans elle il n'y aurait rien, c’est le fil conducteur de cette histoire, omniprésente tout au long du roman à travers l’activité des principaux personnages que ce soient des musiciens, des fabricants de piano, des accordeurs ou tout simplement des amateurs de musique. Le seul défaut de ce livre pourrait être lié à sa longueur, ses 750 pages. Cela manque clairement de rythme par moments et je me suis quand même quelquefois ennuyé. Mis à part cela, ce fut une très belle expérience de lecture. C’est un très beau livre et un auteur à conseiller.



_________________________

"De temps à autre, le silence était troublé par des grillons, des grenouilles ou le cri plaintif d'un pluvier en fuite - qu'Ede devait entreposer dans sa tête. Non tels qu'ils avaient résonné sur le moment, mais tels que sa perception du moment les présentait : un remous de sons semblable à un océan de murmures."
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Pilgrim

Voici un livre pour le moins classé fantastique puisque l'on a du mal à croire que ce cher Pilgrim qui veut absolument en finir avec la vie, renaît à chaque suicide...Etrange non? C'est ce qui lui vaut d'être interné d'ailleurs dans cette clinique psychiatrique en Suisse...Mais s'agit il d'un fou pour autant? Justement à chacun de découvrir la vie si longue de ce personnage au travers de ce roman où l'on peut aussi partager les convictions du célèbre psychiatre C.G. Jung, eh oui le fameux Jung...Beaucoup de personnages historiques évoqués et de bonnes infos à découvrir...Il faut féliciter l'auteur d'avoir glissé pas mal d'exemples concernant l' Au delà...
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La fille de l'homme au piano

Voici un livre qui m’attendait depuis un moment sur les bancs de ma bibliothèque, acheté dans une librairie, attirée par le bandeau manuscrit « coup de cœur » d’un lecteur de passage.

Timothy Findley, auteur que je ne connaissais pas, nous raconte l’histoire de Charlie Kilworth, accordeur de pianos qui ,au soir de la mort de sa mère ,Lily, brûlée vive dans un hôpital psychiatrique, tente de reconstituer l‘histoire de sa famille.

Obsédé par la quête d’un père inconnu et le refus de sa propre paternité ,ayant peur de transmettre le déséquilibre psychique de Lily, il cherche, à travers l’héritage laissé : une valise en osier remplie de poèmes, photos et écrits .

Ce livre est une fresque , que je verrais bien adaptée au cinéma, qui nous plonge dans le Canada du début du XXème siècle, dans l’Ontario, au cœur de la famille Kilworth, immigrants catholiques irlandais.

L’auteur s’attache à nous raconter l’exclusion d’une femme, dont la maladie est vécue comme une honte par son clan, et qui renvoie aux fantômes du passé. Terrassée par les crises d’épilepsie, les visions paranoïaques et attirée par le feu, Lily passe par des moments d’inconscience ou elle devient une autre, étrange, oublieuse de la réalité. Et ce père dont Lily n’a jamais pu parler, appartient à ce temps irréel.

L’auteur aborde avec talent deux thèmes majeurs et toujours d‘actualité,

Le rejet des enfants nés d’un premier mariage, surtout lorsqu’ils sont différents comme Lily, et le traumatisme inévitable des mômes comme Charly protégeant et subissant en même temps leur parent atypique et malade.

A découvrir.

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Le dernier des fous

Je connais cet auteur canadien pour avoir lu ''Pilgrim'', un roman plutôt unique. Il est question ici de son premier livre, un roman assez noir qui met en scène une famille complètement dysfonctionnelle. La mère instable et coupée du monde et de sa famille depuis un bon moment. Le père très affecté mais incapable d'extérioriser ses émotions, muré dans son mutisme. Puis deux garçons : un jeune adulte révolté par cette situation et enclin à l'autodestruction, et un gamin de 10-12 ans nommé Hooker subissant cette atmosphère malsaine. C'est ce dernier que l'on suit plus étroitement. On assiste impuissant à ce triste quotidien qui file vers la catastrophe. Il est intéressant de voir les rencontres et les expériences de Hooker et la façon dont elles vont déterminer ses pensées et ses actions.
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Nos adieux

Timothy Findley fait partie de mes auteurs phares. La finesse, l'élégance, la douceur, l'intelligence de cet auteur canadien font mouche à chaque fois.

A l'aube de la 2ème guerre mondiale, nous découvrons Matthew, neuf ans, mais aussi sa petite soeur Bonnie. Avec ses parents Mi et Graeme, ils forment une famille heureuse. Cette dernière a payé un lourd tribu à la 1ère guerre avec la perte du grand-père et de l'oncle des enfants. La nouvelle épreuve que leur impose l'Histoire va détruire petit à petit ce foyer en apparence uni, et révéler les forces et faiblesses de chacun.

C'est un roman terriblement touchant et mélancolique que nous livre là Timothy Findley. Il s'agit d'un livre sur la perte, de l'enfance pour Matthew, des illusions pour ses parents. Mais c'est aussi un livre sur le courage, l'émergence de la force et de la volonté de survivre. Le personnage de Mi sur ces points est magnifique, dans son abnégation, son altruisme et sa détermination. Le regard porté par le jeune enfant sur ses parents, les adultes, le monde qu'il découvre dans toute sa noirceur mais aussi sa beauté, est superbement transmis. Dans l'ampleur de sa solitude et de sa résignation, il est particulièrement touchant.

C'est enfin un livre sur la guerre, sans pour autant porter sur les combats. C'est la guerre vue de l'arrière front, avec ces dégâts psychologiques, ces vies brisées, ces pertes irrémédiables.

Un roman nostalgique, avec les images figées d'un bonheur passé, pour quel avenir ?
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Pilgrim

Si j'ai mis longtemps à finir cette brique de près de 500 pages, ce n'est pas par manque d'intérêt pour ce roman assez déjanté, fait de bouts et de morceaux que l'auteur sait si habilement faire tenir ensemble. J'y ai vu en effet un pot-pourri où l'on retrouve des personnages ayant vécu —tels C.G Jung et Léonard de Vinci, pour ne citer que les plus célèbres — et des faits historiquement avérés côtoyant des épisodes à caractère fantaisiste—voire fantastique. Et tout cela marche à merveille, tient le lecteur en haleine jusqu'au bout des 500 pages sans qu'il ait le loisir de décider si Pilgrim, le héros de ce pèlerinage à travers les âges, est plus fou que le Dr Jung ou s'il ne souffre, comme celui-ci, que de visions cauchemardesques dues à une sensibilité hors du commun... Ce livre est, pour moi, un monument de la littérature contemporaine et je souhaiterais que ma critique attire quelque peu l'attention sur son auteur malheureusement méconnu.
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Le Chasseur de têtes

"C'est ainsi, pensa-t-il, qu'on s'écrit mutuellement notre vie - au moyen d'illusions. Des illusions qui nous soutiennent. Des illusions qui nous transportent. Des mensonges. C'est ainsi qu'on se guide les uns les autres vers la survie. C'est ainsi qu'on montre du doigt le chemin des ténèbres - en disant : Viens avec moi dans la lumière."



Une histoire époustouflante, sur le fil qui sépare la raison de la folie, sans qu'on sache vraiment de quel côté il vaudrait mieux tomber. La folie a ses avantages et la raison ses inconvénients.. Qui est capable de faire sortir des personnages des pages d'un roman ? La raison nous dit : personne.. et pourtant, si on y regarde bien, l'histoire racontée ici est une histoire déjà lue, déjà vue, maintes et maintes fois.. universelle dans le thème, mais inédite dans la forme.. Findley est un excellent narrateur, qui nous plonge dans les profondeurs de l'âme humaine, aussi noire puisse-t-elle être..



Il nous parle aussi des moyens utilisés par certains pour la guider, pour la dompter, la ramener à la "raison".. mais quelle raison ! Expériences réalisées aussi bien sur des rats que des humains, à des degrés divers, un univers psychiatrique omniprésent dirigé par un homme qui a déjà franchi les frontières du pouvoir absolu.. trop absorbé par sa quête, il s'est perdu en elle, il s'est éloigné de lui-même, laissant bon nombre de victimes derrière lui..



Une histoire incroyable, destins qui s'entrecroisent, qui se rejoignent, qui divergent... difficile à vous raconter.. et telle n'est pas mon intention.. Findley le fait beaucoup mieux que moi, je n'aurai jamais son talent de narration, tout au plus aurai-je quelques-uns de ses ouvrages sur mes étagères..



(nov 2006)
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