Mon second Hillerman, après Les clowns sacrés. Ma seconde déception, à la hauteur de l'attente qui était la mienne.
À priori, tout était pourtant réuni pour un énorme coup de coeur...
Des héros attachants : John Leaphorn (le rigoriste) et Jim Chee (l'individualiste), tous deux membres de la police tribale navajo, qui suivent la même piste mais chacun de leur côté et en se croisant le moins possible.
Une intrigue prenante : un autre flic, Delbert Nez, est tué par balle et est retrouvé dans sa bagnole carbonisée, avec un coupable tout trouvé, Ashie Pinto, un vieil homme arrêté par Chee sur les lieux du crime avec, en sa possession, l'arme du crime et une bouteille de whisky hors de prix.
Des remords : ceux de Chee, qui se reproche d'avoir été absent par négligence lors de la mort de son collègue.
De la tristesse (et des sentiments) : celle (et ceux) de Leaphorn qui a perdu sa femme et tente mollement de nouer une relation avec une anthropologue joliment nommée Bourebonette.
Des relations ambiguës : celles entre Chee et Janet Pete, la charmante avocate de Pinto, qui oscillent entre amour et amitié.
Une écriture intelligente et efficace, teintée de poésie et d'humanisme, en un mot inattaquable.
Et, par dessus tout, le caractère ethnographique des polars de Hillerman, tous situés en territoire navajos avec des héros, Chee et Leaphorn, tiraillés entre coutumes ancestrales et modernité, entre spiritualité et réalisme.
Le problème, en ce qui me concerne, c'est que ce caractère ethnographique qui généralement me passionne tant (ce n'est pas pour rien que Olivier Truc, Ian Manook, Dana Stabenow, Craig Johnson ou Caryl Férey font partie de mes auteurs favoris...) est poussé à un paroxysme tel que je ne peux m'empêcher de décrocher. Trop documenté, trop didactique, trop universitaire pour moi (un glossaire que l'on est constamment obligé de consulter est même proposé en fin d'ouvrage, interrompant régulièrement la lecture)…
« Il y a la montagne que nous voyons là-bas, à côté de Grants, celle que les billigaana appellent mont Taylor. Ça, c'est la forme externe. Et en plus on raconte qu'il y a la forme interne, la montagne Turquoise sacrée qui était là avec le Peuple Sacré dans le Premier Monde, le Monde Sombre des premiers temps. Et Premier Homme l'a amenée du Troisième Monde, l'a érigée sur son vêtement magique et l'a décorée de turquoise. Et ensuite il y a le yucca. Nous voyons la forme externe tout autour de nous, mais c'est la forme interne du yucca à laquelle nous faisons l'offrande de la plume de prière quand nous creusons pour en prendre les racines afin de faire du savon pour nous laver. »
Malgré la grande attirance que j'ai pour le genre ainsi que pour les Amérindiens, j'ai bien peur que, à mon grand regret, ce polar d'Hillerman ne soit le dernier en ce qui me concerne.
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La lecture de Blaireau se cache m’a permis de découvrir Tony Hillerman, qui était un auteur de polars ethniques, et les 2 personnages principaux de sa saga policière, Joe Leaphorn, puis Jim Chee, tous deux de la Police Tribale Navajo, même si, dans ce roman, Leaphorn est désormais à la retraite.
Je ne dirais pas que l’intrigue policière de cet opus est inoubliable, ni singulièrement originale, et ce sera mon seul petit bémol.
Mais j’ai trouvé les personnages attachants, Leaphorn, sa compagne le Professeure Louisa Bourebonette et l’agent Bernie Manuelito. Et bien aimé l’opposition entre la police tribale et le FBI.
Cette lecture permet de découvrir la région des Fours Corners. On est ici en plein coeur d’une réserve Ute (les ennemis jurés des Navajos), et d’en apprendre davantage sur les mythes et légendes Ute et Navajos.
Bref, un mélange de roman policier et d’ethnologie amérindienne, ce qui me va à merveille !
Je vais relire très vite cet auteur….
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"Tout est bon dans le cochon" Dans celui de Tony Hillerman, il n'y a rien à jeter non plus. Et le sergent Jim Chee ose enfin déclarer sa flamme à l'agent Bernadette Manuelito...
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Le second livre de Tony Hillerman...Loin des paysages fabuleux de l'Ouest Américain, l'histoire se déroule dans les couloirs du Capitole et dans le froid et les brouillards de Washington et la tribu concernée cette fois est celle des journalistes politiques...
John Cotton est journaliste à La Tribune et est connu pour sa chronique "Au coeur du Capitole"
Un soir, un de ses collègues qui vient de lui annoncer qu'il avait découvert une "putain d'affaire", un "truc fumant capable de tout faire sauter, du cinq colonnes à la une" tombe sous la coupole du Capitole. Meurtre ? Accident ? Et quelle est donc cette"putain d'affaire"?
Une course contre la montre commence : il est clair que la vie de Cotton est maintenant en danger aussi et que seule la publication de l'enquête qu'avait commencée son collègue peut le sauver.
Mais qu'est-ce qu'il avait trouvé ? Ses carnets de notes ne sont pas très clairs et le dépouillement de tonnes d'archives ne donne pas de résultat immédiatement probant...
Bref, c'est un roman policier très classique mais excellent que Tony Hillerman a écrit là...
En prime, on peut réfléchir au monde politique, au monde du journalisme politique, Les journalistes peuvent-ils être vraiment comme "la mouche sur le mur" "qui voit tout et n'éprouve rien", "totalement neutre et objective"? Et penser que la France a eu un Ministère de l'Information ( ou un Secrétariat d'Etat) jusqu'en 1974.
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Depuis que les civilisations indiennes sont connues, musées et collectionneurs privés aiment bien trouver des objets typiques, légalement ou illégalement. C'est un thème qu'on retrouve souvent chez Hillerman et qui sert de fond à l'enquête.
Deux morts, deux hommes très différents mais foncièrement bons l'un et l'autre, des hommes de valeur...Pourquoi et comment ont-ils croisé la route d'un assassin...d'autant que l'alcool, raison quasi systématique des meurtres dans la réserve parait cette fois peu vraisemblable.
Joe Leaphorn et Jim Chee vont pour la première fois mener l'enquête ensemble.
Si Chee retrouve le coupable d'un accident de voiture avec délit de fuite ayant entraîné un mort le grade de sergent lui a été promis. Va-t-il réussi à se discipliner un peu ? Parce que, même s'il est efficace, il est quand même bien fantaisiste...
Le rythme est comme d'habitude assez lent. On s'arrête pour regarder le paysage, ou pour boire un café, ou pour réfléchir à ce qui fait notre vie...ou pour essayer de comprendre le méli mélo des services policiers dans la réserve...qui doit enquêter sur quoi ?
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Ce roman de Tony Hillerman est le 15ème sur les 18 que compte la série sur la police tribale navajo. Celui-ci est vu sous l'angle de Bernadette Manuelito, ce qui le fait qualifier du "premier roman féminin" de l'auteur, écrit alors qu'il avait dépassé les 75 ans.
Au fur et à mesure que la série se poursuit, l'auteur développe les approches psychologiques des personnages qu'il nous a fait découvrir petit à petit.
Celui-ci, comme d'autres, mêle les éléments factuels, policiers, et les éléments culturels propres aux Navajos. A partir d'un homme mort dans son pick-up, l'intrigue se découvre avec grand plaisir.
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A partir d'un fait divers survenu au Colorado, Tony Hillerman a bâti une aventure dans laquelle Jim Chee et Joe Leaphorn mènent chacun de leur côté l'enquête. Nous nous rapprochons de la fin du cycle, les personnages sont maintenant bien connus et ont chacun atteint une forme de maturité, maîtrisée par l'auteur.
Comme pour d'autres auteurs que je suis tout au long de leurs oeuvres, comme John Irving ou David Lodge, je perçois des évolutions que j'attribue à l'âge de l'auteur. On est moins dans la découverte et l'aventure, davantage dans le questionnement et l'aventure intérieure.
Ce roman et ses personnages en sont une forme d'illustration.
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J'ai apprécié l'histoire sur fond ethnique même s'il n'est pas aussi dominant, hélas, que dans d'autres romans de Hillerman et surtout du maître Upfield (pour la culture aborigène).
Au début, quelques dialogues savoureux notamment au sujet du quotidien des personnages principaux (Leaphorn...)et du futur mariage de Chee et de Bernie, mais le récit décolle vraiment dans le Grand Canyon.
Le Grand Canyon est même le personnage qui impose (450km!) et s'impose à la fin.
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Tout débute le soir où Jim Chee va perdre l'un de ses collègues, Delbert Nez, alors que le policier aurait dû être à ses côtés. Très vite, il arrête un vieillard, Ashie Pinto, sous l'emprise de l'alcool, en possession d'un pistolet. Le jeune homme, qui s'est blessé aux mains lors de l'arrestation, enquêtera sur l'affaire durant son congés de convalescence.
En parallèle, on retrouve l'autre héros récurrent de Tony Hillerman, à savoir Joe Leaphorn, qui va se retrouver impliqué dans l'enquête, cherchant à innocenter Pinto pour aider une femme à laquelle il est apparenté.
Avec cette histoire, l'auteur nous plonge une fois encore au coeur du territoire navajo et gratifie son lecteur de nombreuses considérations sur l'histoire, la mythologie... des peuples indiens qui habitent le Nouveau Mexique (on a d'ailleurs droit à l'habituelle carte du territoire en début d'ouvrage et au lexique, bien utile, à la fin du livre).
On comprend bien toute la complexité de ces croyances mêlées ici de manière convaincante à l'histoire de l'Ouest américain, et notamment une de ses figures mythiques, Butch Cassidy lors de son dernier baroud.
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Le vent sombre est le deuxième livre mettant en avant l'inspecteur Navajo Jim Chee. Pour un poil plus d'infos sur l'auteur et son héros, voir la critique du livre Le peuple des ténèbres
https://www.senscritique.com/livre/Le_Peuple_des_tenebres/critique/293328023
Nous avons ici un tome plus solide que le précédent, bien ficelé et nous plongeant cette fois dans la culture Hopi. Notre Jimmy Chee est encore plus curieux et obstiné que dans le 1er opus, non pas porté par une envie de justice, mais par une soif constante de percer tous les mystères qui se présentent à lui.
Tout cela s'entrecoupe parfaitement avec le côté noir de ce livre, et aussi son côté intimiste. On y découvre en effet un peu plus l'inspecteur, notamment ses attaches à sa culture Navajo, une culture qui fait partie de lui, qui le façonne.
Ho et j'ai aussi bien aimé le côté contemplatif des parties de pistage et de chasse aux indices. Une trace de pas par ici, un coup de balai pour masquer tout ça par là. Je ne sais pas pourquoi mais ça m'a rappelé les vagabondages des héros de Knut Hamsun. Bon ça n'a quasi rien à voir Jim Chee étant Navajo du 20e siècle et les autres, vagabonds norvégiens à la fin du 19eme. Et pourtant !
Bref un bon 8 pour ce tome, ce qui m'encourage à finir la trilogie Jim Chee avec la Voie du Fantôme 👻
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Au dessus du grand canyon , deux avions de ligne se percutent ; aucun survivant . Dans l'un des avions , voyageait un homme qui portait , attaché à son poignet une mallette contenant des diamants . l'un était destiné à sa compagne enceinte qu'il allait épouser mais la famille refuse de reconnaître l'enfant . Quand le grand père décède , il n'a donc pas d'héritier et sa fortune revient à une association . Lorsque l'un de ces diamants réapparaît sur le marché , c'est l'occasion pour Johanna , la fille non reconnue de chercher non pas les diamants qui ne l'intéressent pas mais le bras qui portait la mallette afin de faire une recherche d'ADN pour prouver sa bonne foi . Cependant , le directeur de l'association qui s'est approprié des fonds désire lui aussi et les diamants et la disparition de celle qui pourrait anéantir toute sa fortune .
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En voyant la mention "polar culte" sur la couverture du livre, je me suis dit, une fois de plus, qu'il faudrait de multiples vies pour tenter d'épuiser mes envies de lecture.
Me voici donc plongée (pas très longtemps, car le livre ne vous laisse pas le reposer!) en territoire navajo où un jeune sergent de la Police Tribale, Jimmy Chee, se retrouve à rechercher un coffret disparu, au contenu mystérieux...
Au fil des chapitres, souvent courts, on suit soit l'enquêteur, qui comprend vite que le Peuple de l'Ombre et l'exploitation du sous-sol sont au cœur de l'énigme, soit un tueur à gages, absolument maniaque et obsédé par la recherche de sa génitrice.
Les questions abondent, et l'enquête se centre peu à peu sur le propriétaire du coffret, l'origine de sa fortune, son passé...
Autant on retrouve avec plaisir l'enquêteur, attaché à sa culture ancestrale, brillant, tenace, autant l'auteur fait monter le malaise autour du tueur solitaire, dont la vie paraît bien peu enviable. La rencontre est inévitable, et Tony HILLERMAN la met en scène dans un paysage grandiose, et imprégné de l'esprit navajo.
Ce fut pour moi l'intérêt de ce livre. Bien sûr, l'intrigue est parfaitement ficelée, mais l'arrière-plan culturel est habilement inséré... et donne envie de découvrir d'autres enquêtes du même Jimmy Chee, dont j'ai compris en lisant la préface qu'il était un héros récurrent de l'auteur!
A suivre donc!
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Sincèrement, je crois que, en France, peu de gens connaissent les mœurs et coutumes des Navajos.
La petite note des traducteurs au début du livre nous signale que les lecteurs américains sont aussi ignorants que nous...
Ce qui, reconnaissons-le, n'est pas un gage d'intelligence et de tolérance...
Tony Hillerman a le mérite de nous enseigner sur un peuple, qui a sa propre police, ses routes, son tribunal ; bref, un tout petit état dans un Etat fédéral...
Les fameux "porteurs de peau" sont des sorciers navajos... Une vieille culture ancrée dans la mémoire des gens.. ou sont-ils réels ?
Des meurtres ont lieu dans la réserve, et on y retrouve un certain détail qui démontre que les porteurs de peau semblent être de la partie..
Jim Chee y croit... Joe Leaphorn absolument pas.. Le plus difficile c'est de dénouer ce sac de nœuds, de délier les langues et de rester digne...
Mais tous deux savent que plus on en dit aux gens, plus les gens vous en disent. Personne, surtout un Navajo, ne veut être à la traîne quand il s'agit de raconter des choses.
Pierre Dac, avec son humour légendaire, disait : " Vivre hors du monde tout en restant dans le temps n'est pas à la portée de tout le monde"...
Hillerman, lui en est capable...
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Bonjour à vous Bande de Lecteurs Fous, aujourd'hui avec Alfred nous continuons nos lectures de la première trilogie de Tony Hillerman avec LÀ OÙ DANSENT LES MORTS aux Éditions Rivages.
Au menu, nous réembarquons aux États-Unis auprès du peuple Navajo mais cette fois nous agrémentons cette lecture avec les Indiens Zuñis. Pour relever cette recette rien de tel que la disparition de deux garçons. Un soupçon religion de ces deux peuples, quelques marginaux, un site archéologique et bien évidemment le policier Joe Leaphorn.
Alfred j'avais aimé La Voie de l'Ennemi mais là j'ai A-D-O-R-É.
Je dois avouer qu'au début de ma lecture j'étais même frustrée, frustrée de ne pas pouvoir avancer autant que je le voulais.
Car l'enquête avait tout ce qu'il fallait pour me plaire. Un rythme assez lent, des petits détails, une immersion dans des rites et des coutumes nouvelles. Et doucement aux files des pages, je me suis même aperçue, mon cher Alfred que j'apprécie de plus en plus le personnage récurrent de Joe Leaphorn. J'aime sa façon d'être normal, car il est vrai que je me lasse aisément de ses policiers taciturnes à la Batman à qui, il arrive tous les malheurs de la terre, qui mènent des enquêtes de folies à chaque roman.
Je crois que c'est ça que j'aime dans les romans de Tony Hillerman, la complexité cachée dans la simplicité et le sens du détail. À cela s'ajoute ce côté ethnologique qui me ravit.
Je dois dire que j'ai même apprécié de m'apercevoir au cours de ma lecture que ce second tome peut se lire de manière mais alors totalement indépendamment du premier ( il n'y a aucune référence) .
Alors pour être brève LÀ OÙ DANSENT LES MORTS est une petite pépite qui me met déjà l'eau à la bouche avant d'entamer FEMME QUI ÉCOUTE.
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