Citations de Victor Hugo (8667)
La prison est une espèce d'être horrible, complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie; elle me couve, elle m'enlace de tous ses replis. Elle m'enferme dans ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier.
"Le savant sait qu'il ignore."
« Si vous ne sentez pas que la chose donnée par vous vous manque, vous n’avez rien donné. On ne donne
que ce dont on se prive. »
« Pensée d’avril — Ce qui fait la beauté d’un rosier fait la laideur d’une femme, avoir beaucoup de
boutons. »
Qui regarde au fond de Paris a le vertige. Rien de plus fantasque, rien de plus tragique, rien de plus superbe
Alors du capitaine sa pensée passa au peuple, et il lui vint une jalousie d'une espèce inouïe. Il songea que le peuple aussi, le peuple tout entier, avait eu sous les yeux la femme qu'il aimait, en chemise, presque nue. Il se tordit les bras en pensant que cette femme, dont la forme entrevue dans l'ombre par lui seul lui eût été le bonheur suprême, avait été livrée en plein jour, en plein midi, à tout un peuple, vêtue comme pour une nuit de volupté.
Les amis sont des anges silencieux, qui nous remettent sur nos pieds quand nos ailes ne savent plus comment voler.
Que ferai-je, seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux !
« Ô combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis. »
Être ultra, c'est aller au-délà. C'est attaquer le sceptre au nom du trône et la mitre au nom de l'autel ; c'est malmener la chose qu'on traîne ; c'est ruer dans l'attelage ; c'est chicaner le bûcher sur le degré de cuisson des hérétiques, [...] ; c'est trouver dans le pape pas assez de papisme, dans le roi pas assez de royauté et trop de lumière à la nuit [...] ; c'est être si fort pour qu'on est contre...
Amour ! — Loi, — dit Jésus. — Mystère, — dit Platon.
Sait-on quel fil nous lie au firmament ? Sait-on
Ce que les mains de Dieu dans l’immensité sèment ?
Est-on maître d’aimer ? pourquoi deux êtres s’aiment,
Demande à l’eau qui court, demande à l’air qui fuit,
Au moucheron qui vole à la flamme la nuit,
Au rayon d’or qui veut baiser la grappe mûre !
Demande à ce qui chante, appelle, attend, murmure !
Demande aux nids profonds qu’avril met en émoi
Le cœur éperdu crie : — Est-ce que je sais, moi ?
Cette femme a passé : je suis fou. C’est l’histoire.
Ses cheveux étaient blonds, sa prunelle était noire ;
En plein midi, joyeuse, une fleur au corset,
Illumination du jour, elle passait ;
Elle allait, la charmante, et riait, la superbe ;
Ses petits pieds semblaient chuchoter avec l’herbe ;
Un oiseau bleu volait dans l’air, et me parla ;
Et comment voulez-vous que j’échappe à cela ?
Est-ce que je sais, moi ? c’était au temps des roses ;
Les arbres se disaient tout bas de douces choses ;
Les ruisseaux l’ont voulu, les fleurs l’ont comploté.
J’aime ! — Ô Bodin, Vouglans, Delancre ! prévôté,
Bailliage, châtelet, grand’chambre, saint-office,
Demandez le secret de ce doux maléfice
Aux vents, au frais printemps chassant l’hiver hagard,
Au philtre qu’un regard boit dans l’autre regard,
Au sourire qui rêve, à la voix qui caresse,
À ce magicien, à cette charmeresse !
Demandez aux sentiers traîtres qui, dans les bois,
Vous font recommencer les mêmes pas cent fois,
À la branche de mai, cette Armide qui guette,
Et fait tourner sur nous en cercle sa baguette !
Demandez à la vie, à la nature, aux cieux,
Au vague enchantement des champs mystérieux !
Exorcisez le pré tentateur, l’antre, l’orme !
Faite, Cujas au poing, un bon procès en forme
Aux sources dont le cœur écoute les sanglots,
Au soupir éternel des forêts et des flots.
Dressez procès-verbal contre les pâquerettes
Qui laissent les bourdons froisser leurs collerettes ;
Instrumentez ; tonnez. Prouvez que deux amants
Livraient leur âme aux fleurs, aux bois, aux lacs dormants,
Et qu’ils ont fait un pacte avec la lune sombre,
Avec l’illusion, l’espérance aux yeux d’ombre,
Et l’extase chantant des hymnes inconnus,
Et qu’ils allaient tous deux, dès que brillait Vénus,
Sur l’herbe que la brise agite par bouffées,
Danser au bleu sabbat de ces nocturnes fées,
Éperdus, possédés d’un adorable ennui,
Elle n’étant plus elle et lui n’étant plus lui !
Quoi ! nous sommes encore aux temps où la Tournelle,
Déclarant la magie impie et criminelle,
Lui dressait un bûcher par arrêt de la cour,
Et le dernier sorcier qu’on brûle, c’est l’Amour !
......... Ce qui le réveilla, c'est que le lit était trop bon. Il y avait vingt ans bientôt qu'il n'avait couché dans un lit, et. quoiqu'il ne se fût pas déshabillé, la sensation était trop nouvelle pour ne pas troubler son sommeil . ... Page 41 dans ' Hugo (extraits ) Les misérables ' ...................
La vérité n'a pas de bornes.
Grâce au grand Pan, dieu bestial,
Fils, le réel montre ses cornes
Sur le front bleu de l'idéal.
Ah ! n’en doutons pas, à travers les temps et les espaces, les âmes ont quelquefois des correspondances mystérieuses. En vain le monde réel élève ses barrières entre deux êtres qui s’aiment ; habitants de la vie idéale, ils s’apparaissent dans l’absence, ils s’unissent dans la mort. Que peuvent en effet les séparations corporelles, les distances physiques sur deux cœurs liés invinciblement par une même pensée et un commun désir ? Le véritable amour peut souffrir, mais non mourir.
à cette heure où tant d'hommes ont le front bas et l'âme peu haute'
La parole étant souffle, les frémissements d’intelligences ressemblent à des frémissements de feuilles.
Pris entre quatre murailles de pierre nue et froide, sans liberté pour mes pas, sans horizon pour mes yeux (...)
Et, afin que rien ne manquât à cette ravissante figure, le nez n'était pas beau, il était joli; ni droit ni courbé, ni italien ni grec; c'était le nez parisien; c'est-à-dire quelque chose de spirituel, de fin, d'irrégulier et de pur, qui désespère les peintres et qui charme les poètes.
C'étaient de ces hommes qui, diminués en nombre, grandissent de coeur
(...) les livres, pour répondre à l’élargissement croissant de la civilisation, doivent cesser d’être exclusivement français, italiens, allemands, espagnols, anglais, et devenir européens ; je dis plus, humains.
(...)
En somme, je fais ce que je peux, je souffre de la souffrance universelle, et je tâche de la soulager, je n’ai que les chétives forces d’un homme, et je crie à tous : aidez-moi !
(...)
– Hélas ! je le répète, italiens ou français, la misère nous regarde tous. Depuis que l’histoire écrit et que la philosophie médite, la misère est le vêtement du genre humain ; le moment serait enfin venu d’arracher cette guenille, et de remplacer, sur les membres nus de l’Homme-Peuple, la loque sinistre du passé par la grande robe pourpre de l’aurore.
Hauteville-House, 18 octobre 1862.
Lettre de Victor Hugo sur les Misérables à M. Daelli