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Citations de Victor Hugo (8665)


En ces temps-là, c'était une ville tombée
Au pouvoir des anglais, maîtres des vastes mers,
Qui, du canon battue et de terreur courbée,
Disparaissait dans les éclairs.

C'était une cité qu'ébranlait le tonnerre
A l'heure où la nuit tombe, à l'heure où le jour naît,
Qu'avait prise en sa griffe Albion, qu'en sa serre
La république reprenait.

Dans la rade couraient les frégates meurtries ;
Les pavillons pendaient troués par le boulet ;
Sur le front orageux des noires batteries
La fumée à longs flots roulait.

On entendait gronder les forts, sauter les poudres ;
Le brûlot flamboyait sur la vague qui luit ;
Comme un astre effrayant qui se disperse en foudres,
La bombe éclatait dans la nuit

Sombre histoire ! Quels temps ! Et quelle illustre page !
Tout se mêlait, le mât coupé, le mur détruit,
Les obus, le sifflet des maîtres d'équipage,
Et l'ombre, et l'horreur, et le bruit.

O France ! tu couvrais alors toute la terre
Du choc prodigieux de tes rébellions.
Les rois lâchaient sur toi le tigre et la panthère,
Et toi, tu lâchais les lions.

Alors la République avait quatorze armées ;
On luttait sur les monts et sur les océans.
Cent victoires jetaient au vent cent renommées.
On voyait surgir les géants !

Alors apparaissaient des aubes rayonnantes.
Des inconnus, soudain éblouissant les yeux,
Se dressaient, et faisaient aux trompettes sonnantes
Dire leurs noms mystérieux.

Ils faisaient de leurs jours de sublimes offrandes ;
Ils criaient : Liberté ! guerre aux tyrans ! mourons !
Guerre ! - et la gloire ouvrait ses ailes toutes grandes
Au-dessus de ces jeunes fronts !

[Extrait] - Toulon - I
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La nature vient au secours de tous les abandons ; là où tout manque, elle se redonne tout entière ; elle refleurit et reverdit sur tous les écroulements ; elle a le lierre pour les pierres et l'amour pour les hommes.
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J'eus un rêve : le mur des siècles m'apparut.

C'était de la chair vive avec du granit brut,
Une immobilité faite d'inquiétude,
Un édifice ayant un bruit de multitude,
Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,
Des évolutions de groupes monstrueux,
De vastes bas-reliefs, des fresques colossales ;
Parfois le mur s'ouvrait et laissait voir des salles,
Des antres où siégeaient des heureux, des puissants,
Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d'encens,
Des intérieurs d'or, de jaspe et de porphyre ;
Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphire ;
Tous les siècles, le front ceint de tours ou d'épis,
Étaient là, mornes sphinx sur l'énigme accroupis ;
Chaque assise avait l'air vaguement animée ;
Cela montait dans l'ombre ; on eût dit une armée
Pétrifiée avec le chef qui la conduit
Au moment qu'elle osait escalader la Nuit ;
Ce bloc flottait ainsi qu'un nuage qui roule ;
C'était une muraille et c'était une foule ;
Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet,
La poussière pleurait et l'argile saignait,
Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.
Tout l'homme, avec le souffle inconnu qui le mène,
Ève ondoyante, Adam flottant, un et divers,
Palpitaient sur ce mur, et l'être, et l'univers,
Et le destin, fil noir que la tombe dévide.
Parfois l'éclair faisait sur la paroi livide
Luire des millions de faces tout à coup.
Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout ;
Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages
Des générations à vau-l'eau dans les âges ;
Et devant mon regard se prolongeaient sans fin
Les fléaux, les douleurs, l'ignorance, la faim,
La superstition, la science, l'histoire,
Comme à perte de vue une façade noire.
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La mémoire est la tourmenteuse des jaloux.
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Vous n'êtes que le gant, et moi, je suis la main (vers 1479).
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Où donc est la clarté ? Cieux, où donc est la flamme ?
Où donc est la lumière éternelle de l'âme ?
Où donc est le regard joyeux qui voit toujours ?

Depuis qu'en proie aux deuils, aux luttes, aux amours,
Plaignant parfois l'heureux plus que le misérable,
Je traverse, pensif, la vie impénétrable,
J'ai sans cesse vu l'heure, en tournant pas à pas,
Teindre d'ébène et d'or les branches du compas.
Penché sur la nature, immense apocalypse,
Cherchant cette lueur qui jamais ne s'éclipse,
Chaque fois que mon œil s'ouvre après le sommeil,
Hélas ! j'ai toujours vu, riant, vainqueur, vermeil,
De derrière la cime et les pentes sans nombre
Et les blêmes versants de la montagne d'ombre,
Le bleu matin surgir, disant : Aimez ! vivez !
Et rouler devant lui de ses deux bras levés
L'obscurité, bloc triste aux épaisseurs funèbres ;
Et, le soir, j'ai toujours, sous le roc des ténèbres,
Tas monstrueux de brume où nul regard ne luit,
Vu retomber le jour, Sisyphe de la nuit.

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Les siècles sont au peuple...

Les siècles sont au peuple ; eux, ils ont le moment,
Ils en usent. Ô lutte étrange ! Acharnement !
Chacun à grand bruit coupe une branche de l'arbre.
Là, des éclats d'airain, là, des éclats de marbre ;
La colonne romaine ainsi que l'arc français
Tombent. Que dirait-on de toi si tu faisais
Envoler ton lion de Saint-Marc, ô Venise !
L'histoire est balafrée et la gloire agonise.
Quoi qu'on puisse penser de la France d'hier,
De cette rude armée et de ce peuple fier,
Et de ce que ce siècle à son troisième lustre
Avait rêvé, tenté, voulu, c'était illustre.
Pourquoi l'effacement ? qu'a-t-on créé d'ailleurs
Pour les déshérités et pour les travailleurs ?
A-t-on fermé le bagne ? A-t-on ouvert l'école ?
On détruit Marengo, Lodi, Wagram, Arcole ;
A-t-on du moins fondé le droit universel ?
Le pauvre a-t-il le toit, le feu, le pain, le sel ?
A-t-on mis l'atelier, a-t-on mis la chaumière
Sous une immense loi de vie et de lumière ?
A-t-on déshonoré la guerre en renonçant
A l'effusion folle et sinistre du sang ?
A-t-on refait le code à l'image du juste ?
A-t-on bâti l'autel de la clémence auguste ?
A-t-on édifié le temple où la clarté
Se condense en raison et devient liberté ?
A-t-on doté l'enfant et délivré la femme ?
A-t-on planté dans l'homme, au plus profond de l'âme,
L'arbre du vrai, croissant de l'erreur qui décroît ?
Offre-t-on au progrès, toujours trop à l'étroit,
Quelque élargissement d'horizon et de route ?
Non ; des ruines ; rien. Soit. Quant à moi, je doute
Qu'on soit quitte pour dire au peuple murmurant :
Ce qu'on fait est petit, mais ce qu'on brise est grand.
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«Les écrivains ont mis la langue en liberté.»
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Les trois femmes en deuil dans la tombe entreront,
Marchant l'une après l'autre, humbles, courbant le front
A cause du lieu bas et de l'entrée étroite,
Et verront un jeune homme assis dans l'angle à droite
Qui leur dira, serein comme un soleil levant:
"Pourquoi donc chez les morts cherchez-vous le vivant?"
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Les morts laissent ainsi quelquefois derrière eux
Quelque chose d'eux-mêmes au seuil de la nuit triste,
Sorte de lueur vague et sombre, qui persiste.
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-Oh ! Misérable ! Qui êtes-vous ? Que vous ai-je fait ? Vous me haïssez donc bien ? Hélas ! Qu'avez-vous contre moi ?
-Je t'aime ! Cria le prêtre.
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Mais le plus souvent, l'injure passait inaperçue du prêtre et du sonneur. Pour entendre toutes ces gracieuses choses, Quasimodo était trop sourd et Claude trop rêveur.
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Il devint donc de plus en plus savant, et en même temps, par une conséquence naturelle, de plus en plus rigide comme prêtre, de plus en plus triste comme homme.
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Il fallut bien s'apercevoir qu'il ne marchait pas dans le Styx, mais dans la boue, qu'il n'était pas coudoyé par des démons, mais par des voleurs, qu'il n'y allait pas de son âme, mais tout bonnement de sa vie...
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J'aimerais mieux encore, et je le dis à vous, être pauvre qu'avare et cocu que jaloux.
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L'enfer est dans cette âme. Devant cet homme-là, je ne suis qu'une femme. Dans mes rêves, la nuit, je rencontre en chemin cet effrayant démon qui me baise la main; Je vois luire son œil d'où rayonne la haine; Et, comme un noir poison qui va de veine en veine, souvent, jusqu'à mon cœur qui semble se glacer, je sens en longs frissons, courir son froid baiser !
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Les enfants pauvres

Prenez garde à ce petit être ;
Il est bien grand, il contient Dieu.
Les enfants sont, avant de naître,
Des lumières dans le ciel bleu.

Dieu nous les offre en sa largesse ;
Ils viennent ; Dieu nous en fait don ;
Dans leur rire il met sa sagesse
Et dans leur baiser son pardon.

Leur douce clarté nous effleure.
Hélas, le bonheur est leur droit.
S'ils ont faim, le paradis pleure.
Et le ciel tremble, s'ils ont froid.

La misère de l'innocence
Accuse l'homme vicieux.
L'homme tient l'ange en sa puissance.
Oh ! quel tonnerre au fond des cieux,

Quand Dieu, cherchant ces êtres frêles
Que dans l'ombre où nous sommeillons
Il nous envoie avec des ailes,
Les retrouve avec des haillons !

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Dieu s'est fait homme ; soit ! Le diable s'est fait femme !
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Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs.
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Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
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