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Critiques de Vincent Borel (71)
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La vigne écarlate

La vigne écarlate est le huitième roman de Vincent Borel, le septième livre publié chez Sabine Wespieser éditeur. L'auteur l'a suivi dès qu'elle a fondé sa maison d'édition indépendante, après avoir été édité par cette dernière au sein des édition Actes Sud. Baptiste fut d'ailleurs un des premiers livres publiés par l'éditrice au sein de sa maison d'édition indépendante et relatait le parcours de Lully. L'écrivain est notamment un mélomane et il a décidé après Lully et Wagner notamment de consacrer un livre à Anton Bruckner, compositeur autrichien et organiste du XIXe siècle, né en 1824 et mort en 1896. Bruckner est personnellement un compositeur dont j'aime énormément la musique, notamment le corpus des neuf symphonies. Le roman de Vincent Borel nous montre d'ailleurs que rien ne prédestinait le compositeur à la réalisation de ces œuvres monumentales qui ne ressemblent à aucune autre. Le livre permet de bien montrer combien ce fut difficile pour ce dernier de se faire accepter par le milieu musical de l'époque. Bruckner avait quasiment la quarantaine quand il commença à composer ses symphonies et il fut longtemps davantage connu comme professeur et organiste. Parmi ses élèves, ses Gauedeamus, il y eut notamment Hugo Wolf ou Gustav Mahler. Le premier notamment apparaît dans un échange savoureux et drôle sur les plaisirs de la chair auxquels Bruckner s'est toujours refusé. La construction du livre n'est pas linéaire et j'ai trouvé cela intéressant, même s'il fonctionne de manière circulaire. En effet, on débute notre lecture par le vieux Bruckner au bout de son existence et le livre se clôt de même. J'ai adoré ce roman, notamment en raison de la manière dont Vincent Borel manie la langue. Le lyrisme innerve beaucoup de passages. L'art du portrait des différentes figures qui traversent le livre est savoureux. Bruckner est une figure que j'ai trouvé touchante, même s'il est parfois grotesque. Sa folie et ses crises m'ont touché. Sa musique m'émouvait déjà énormément avant de lire ce remarquable livre. Je connaissais déjà d'ailleurs la magnifique plume de Vincent Borel, à travers un roman fresque très différent, Fraternels, son précédent livre publié par l'éditrice qui avait été un coup de cœur comme l'a été ce nouveau roman. J'ai fait l'acquisition à l'occasion de Livre Paris de Richard W. La vigne écarlate a par ailleurs reçu le prix coup de cœur du prix France Musique des Muses.
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Richard W.

Vincent Borel est critique musical, et le premier romancier à avoir été publié chez Sabine Wespieser, notamment avec Baptiste, premier portrait musical consacré à Jean-Baptiste Lully et paru en 2002. Il récidive ici avec Richard W., biographie romancée (mais très documentée) de Wagner, grand compositeur allemand dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance (1813-1883). L’occasion pour ce passionné de nous intéresser à cet homme et son œuvre grandiose.



Je ne connaissais rien de Richard Wagner avant la lecture de ce roman, mis à part le nom de ses opéras et son célèbre festival de Bayreuth. Désormais, je suis incollable ! Et de surcroît, j’ai passé un bon moment littéraire.

En effet, la forme du roman a permis à Vincent Borel de se détacher des structures classiques de la biographie : il fait allégrement des sauts dans le temps, nous projetant à différentes époques de la vie de Wagner, au gré des souvenirs de ce dernier. Il nous dévoile ainsi petit à petit ce que fut l’homme, petit, laid, insignifiant, et le génie … wagnérien !



Résumons. Nous sommes en 1864. Wagner est repoussé dans toutes les cours d’Europe, raillé à Paris, et catalogué comme un dangereux agitateur depuis de mystérieux événements à Dresde dont l’auteur ne nous dévoile rien tout d’abord (il s’est battu pour le Printemps des Peuples en 1849, aux côtés de Bakounine). Bref, notre "personnage" est désespéré devant l’ineptie de ses contemporains qui ne comprennent rien à son génie et à son œuvre avant-gardiste. A la différence de Litz, il refuse de jouer le jeu des grands de ce monde et de se soumettre. Il songe au suicide quand, d’une manière très romanesque, il est interpellé par un petit roi, Louis II de Bavière qui a été nourri par ses opéras précédents et ne vit que pour connaître l’oeuvre future de celui qui deviendra l’Ami et l’Aimé.



Malgré quelques hauts et quelques bas, dus en partie par ses goûts de luxe, c’est le début du succès pour Wagner avec, en 1866, Les Maîtres chanteurs. Et puis le tournant avec sa vision grandiose d’un festival dédié à sa musique, dans la petite ville de Bayreuth (qui a dû faire construire une gare pour l’ouverture de l’opéra en 1876 …) et où Wagner va prendre sa revanche sur les têtes couronnées et autres aristocrates qui l’ont piétiné pendant des années. Il ne connaîtra pourtant que deux festivals avant de mourir en 1883.



"Wagner est bien ce voyageur, à la fois Juif errant et fautif éternel en quête de rédemption. Pour lui, quel autre destin que de continuer à créer, donner vie à son œuvre, quelque part, sur une nouvelle scène ? C’est là toute sa vie."



Côté vie privée, c’est aussi tumultueux ! Les privations des premières décennies ont eu raison de l’amour entre sa première femme, Minna, et lui. Il parvient finalement à épouser l’amour de sa vie, la femme de son chef d’orchestre préféré, Cosima, qui a toujours compris sa musique. C’est l’occasion pour Borel d’écrire quelques belles pages romantiques …

Il retrace également ses amitiés : avec Louis II, mais aussi avec Nietzsche dès 1869, qui lui voue une véritable vénération, avant leur rupture définitive peu après le lancement de Bayreuth.



Bref c’est un portrait complet de cet homme étrange, qui a toujours eu confiance en son génie et qui s’est battu pour chanter le peuple et ses mythes, en révolutionnant l’art de l’opéra, lui qui se voulait à la fois Shakespeare et Mozart.

"La musique, comme le désir, est un fleuve qu’aucun barrage ne contraint. Ainsi l’a t-il conçue : sans interruption, en un seul mouvement, sans airs ni césures. Un flot, un océan qui doit tout submerger."



Mais on découvre aussi, dans un dernier chapitre que j’ai trouvé un peu moins bon, ce qu’est devenu son héritage : Cosima l’a défendu corps et biens, malgré les scandales (l’homosexualité de Siegfried, le fils de Richard) et les remous de l’histoire (le soutien sans faille de toute la famille au nazisme – en passant, Borel tord le cou à l’idée d’un Wagner antisémite : il l’a été parce qu’il considérait que les Juifs l’empêchaient de s’exprimer, comme Meyerbeer à Paris qui a contribué à son insuccès dans cette ville qui faisait la pluie et le beau temps dans l’Europe culturelle. Mais il l’a jugé lui même comme un dépit de jeunesse, et non comme un véritable antisémitisme.)



Il me reste donc à clore cet article et ce chapitre musical, en vous donnant quelques noms d’œuvres à écouter si vous voulez mieux connaître vous aussi Wagner :



Tristan und Isolde

Tannhäuser

Lohengrin

Les Maîtres chanteurs de Nürnberg

L’Anneau du Nibelung

Parsifal


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Antoine et Isabelle

François Borel nous raconte l'histoire de ses grands-parents Antonio et Isabel qui se sont rencontré à Barcelone vers 1925. Avec ses deux personnages nous sommes emmenés dans l'histoire de l'Espagne avec des personnages tels que les dictateurs Primo de Rivera puis Franco. Les révolutions, guerres civiles sont décrits très précisément et je me demande si le lecteur non-espagnol a beaucoup d'intérêt à savoir tout ceci.

A côté de la famille d'Antonio et Isabel nous sommes mis en connaissance de la famille Gillet du côté de Lyon, famille d'industriels pour qui uniquement l'argent compte, le rendement, la production de produits chimiques nouveaux, la soie artificielle, le nylon, le gaz ypérite, le gaz Zyklon B que les allemands ont commandé en masse pour les chambres à gaz dans les camps d'exterminations dans les années 40.

Bien sinistre passé pour les usines Lyonaises qui ont fabriqué tout cela, enrichi des familles alors que d'autres personnes crevaient de misère ou étaient gazés.

Le roman passe aussi par Mauthausen où Antonio a du séjourner et nous laisse alors une description très détaillée des lieux pour que jamais on oublie ce qui s'est passé là-bas durant la seconde guerre mondiale, pour que jamais des endroits pareils puissent encore exister.
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Antoine et Isabelle

Je voudrais déjà lancer un avertissement : si vous croyez vous trouver en face d'une banale histoire de famille, dans laquelle l'auteur se contente de broder autour des mariages, naissances et décès, avec passage obligé par des événements historiques, passez votre chemin. Antoine et Isabelle est bien plus qu'un simple hommage à ses grands-parents.

Le livre commence presque par la fin : d'entrée de jeu, nous savons que le grand-père de Vincent sera déporté, qu'il en reviendra, et qu'il écrira le récit de ce qu'il a vécu. Pourtant, Vincent Borel ne nous parle pas de devoir de mémoire, loin de là, et je préfère le citer que le paraphraser : "je lui cède la parole. L'horreur qu'Antonio va connaître à Mathausen [...] il n'appartient qu'à ceux qui l'ont vécue de l'évoquer. S'y substituer ne serait, au mieux, qu'une machine littéraire". Aussi, j'ai beaucoup apprécié, même si j'ai toujours des difficultés avec cette période, que Vincent Borel reproduise in extenso l'oeuvre de son grand-père et que le temps de la lecture corresponde avec le temps du récit.

Mais revenons en 1919. Nous sommes en ESpagne, et nous suivons le destin des Vives et des Canuto. Les deux familles ne se connaissent pas, pourtant elles ont en commun de vouloir vivre une vie meilleure que celle qu’elles vivent. Elles se retrouvent toutes deux à Barcelone, dans des conditions à peine meilleures que celles qu’elles ont quitté. Leur point commun ? Elles arrivent toutes deux à Barcelone, où Antonio, serveur, rencontrera Isabel, ouvrière, et où ils se marieront, en dépit de l’opposition d’une des familles. Tout au long de ses années, ils feront preuve de courage et d’opiniâtreté, d'engagement dirait-on aujourd'hui, face au épreuves et au qu'en dira-t-on ?

J'ai pensé à l'oeuvre de Zola en lisant ce livre. Comme dans Germinal, nous avons, en opposition à ses ouvriers qui cherchent à survivre (à défaut de pouvoir toujours vivre) une richissime famille bourgeoise, les Gillet dont nous suivrons le destin parallèlement à celui des Vives. Pourquoi Germinal ? Comme les Grégoire, Léonie a une vision très patriarcale du rôle des patrons envers les ouvriers. Il est nécessaire de prendre soin d’eux, d’une part parce qu’ils en sont incapables (tous alcooliques) et d’autre par pour prévenir toute velléité de révolte. Rien n’a changé depuis Zola. Au-delà des différences (de nationalité, de classe sociale, d’opinion politique), ils sont pourtant un point commun avec les Canuto (les parents d’Isabel) : le souci des convenances et le respect de la religion. Pas de divorce pour les uns, pas d’enfant naturel pour les autres. Tous les chapitres consacrés aux Gilet et à leurs descendants m’ont peu passionné, et il m’est arrivé de remettre leur lecture à plus tard, tant je voulais savoir ce qu’il adviendrait d’Antonio et Isabelle.

J'ai tout de même un autre regret : le ton utilisé, distant, impersonnel, comme si l'auteur ne voulait pas manifester son émotion face au destin de ses grands-parents. Il faut attendre la guerre d'Espagne, magnifiquement raconté (et pourtant, rien n'était simple dans cette guerre) pour trouver un souffle épique.

Antoine et Isabelle reste cependant un roman solidement construit, très bien documenté sans être pesant, et hautement recommandable pour tous ceux qui s'intéressent à la guerre d'Espagne et à la seconde guerre mondiale.
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Antoine et Isabelle

Un beau roman, parfois long, mais passionnant. Une histoire familiale aussi riche que celle-ci méritait réellement d'être écrite. Car ce sont des gens tels Antonio et Isabel qui font l'Histoire, ce sont ces gens ordinaires mais engagés qui font avancer ou reculer les événements. Résister, défendre ses ideaux, parfois au mépris de sa propre sécurité mérite d'être raconté. Merci à Vincent Borel pour avoir partagé avec nous l'histoire de l'Espagne républicaine et franquiste, l'histoire de la seconde guerre mondiale, l'histoire de ses grands-parents.
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Antoine et Isabelle

Deux destins familiaux sont traités en parallèle dans ce roman. D’abord celui d’Antonio et Isabel Vives, qui ne sont autres que les grands-parents espagnols de l’auteur. Ensuite celui de la famille Gillet, riches lyonnais ayant fait fortune dans l’industrie de la soie. Ces deux familles ne connaîtront pas la même chance, la même réussite, et le livre est bâti sur la comparaison entre ces deux parcours si différents. Car leur histoire court de 1917 à 1974, et l’Histoire va se mêler de la destinée de ces deux familles ; l’écrire même. De leurs idées radicalement différentes à leurs choix totalement opposés, la fracture va se faire de plus en plus évidente.



La suite sur mon blog...
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Antoine et Isabelle

La vie des grands-parents de Vincent Borel a tout d'un roman. Nés dans des familles pauvres, Antonio et Isabel se sont installés à Barcelone à l'adolescence, se sont engagés en politique, ont dû fuir la guerre civile espagnole et se sont retrouvés pris dans la tourmente de la 2nde guerre mondiale. Je m'attendais surtout à une histoire de couple sur fond historique, mais c'est plutôt le contraire, la vie privée des protagonistes est souvent reléguée au second plan face à l'Histoire. En parallèle, l'auteur évoque la dynastie des Gillet, famille d'industriels lyonnais face à leurs choix politiques et économiques. Si cette partie du roman est intéressante, je l'ai trouvée artificielle : l'auteur et un descendant de cette famille échangent lors d'une soirée huppée à l'autre bout du monde sur leurs ancêtres respectifs, mais je m'attendais à ce que les deux familles se croisent un jour. Bref, j'ai été déçue par ce roman, le résumé m'attirait mais le contenu n'y correspond qu'en partie à mon sens. Au final, ce que j'ai préféré est... la couverture ! elle montre Antoine et Isabelle lors de leur mariage et je la trouve plus vivante que le roman.
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Vertige de l'hélice

L’Opéra de Paris est en émoi. Le célèbre Camille St Saëns a disparu ! Les musiciens sont désemparés. Tous font des suppositions ; surmenage, touché par la grippe qui fait des ravages en Europe en 1885…Pendant ce temps, un petit bonhomme qui a changé d’identité et s’appelle Sanois, vogue vers les îles Canaries. Vers la chaleur, fuyant l’hiver de Paris, car il est de santé fragile et craint la maladie plus que tout. La Grande Canarie lui apporte ce qu’il cherche, la lumière, la chaleur et l’amour torride d’un jeune portier. Son homosexualité l’empêchera de l’emmener avec lui à Paris. Le livre comporte de fréquents aperçus musicaux et un mélange de drôlerie et de cynisme. Une écriture divertissante. JB
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Vertige de l'hélice

J'ose à peine écrire un article sur ce roman tant il m'a révulsé.

Sous couvert d'écrire sur la mystérieuse disparition de Camille Saint-Saëns, l'auteur nous décrit une soit-disant passion entre un homme de 50 ans et un jeune homme de 15.

Inutile de dire que je n'y ai pas crue une minute. Quand on a 15 ans, on est bien loin de ces préoccupation charnelle (j'ai 2 ados à la maison, je peux vous en parler).

Sous couvert d’hellénisme, j'ai vu un barbon qui s'entichait d'un jeune un peu perdu qu'il n'emmènera même pas avec lui à Paris. Une relation complètement déséquilibrée.

Et alors la palme, c'est lorsque l'auteur fait comparer à son personnage sa passion à lui "si belle et si pure" à celle d'autres barbons qui paient.

Beurk.
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Un ruban noir



" Il n'y a qu'à cueillir goûter dévorer permanent orgasme ! Te voilà devenu pile et réacteur, le feu monte en toi, rien au monde, ni flics, ni curés ne peuvent plus t'empêcher de résister à l'appel de la nuit, de l'autre, de ton autre, délices des corps et noces des cœurs.



" André cohabite avec le Doc et le Déjanté à Paris, où il promène son corps entre les bars du Marais et les backrooms des boîtes homo. André est séropositif et décide, un jour, de partir à Barcelone, pour oublier. Et il oublie de dire l'incurable maladie qui le détruit. Pendant vingt-quatre jours, il fait l'amour avec Miguel, à coups d'ecstasy, de coke et de tequila. Le poids du temps s'estompe, les portes de la perception s'ouvrent.











Un roman des années Sida assez fort . l'écriture est très musicale et très baroque d'ailleurs il y a de longs passages pour décrir le ressenti phisique de la danse dans les raves. L'écriture ,extrèmement travaillé éssaye d'imiter la pulsion techno. Du coup ,pour ma part si certains passages m'ont plu ou touché, je trouve le tout vraiment trop 'écrit". a aucun moment on peut oublier que l'on lit et donc on reste à une certaine distance des personnages.



Un assez bon roman malgré tout.
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Richard W.

« Ce fou au regard pénétrant, aux robes de chambre si originales, est le représentant d’une génération intrépide qui a tourné le dos à toutes les doctrines débilitantes de l’optimisme béat. Il a choisi de vivre résolument une existence pleine et entière, hors du bien et du mal. Il a connu la peur et le désenchantement et rien ne l’a dévié de sa voie. Il écrit son œuvre et l’incarne dans son existence. »



Les mélomanes du monde entier sont gâtés en 2013 : deux compositeurs majeurs sont à l’honneur, Verdi et Wagner.

Wagner, on l’adore ou on le déteste, mais il ne laisse pas indifférent. Porté aux nues par certains, banni par d’autres, il a pourtant révolutionné l’opéra.



Il fut une époque où Wagner m’énervait, où je n’avais pas encore trouvé la clé pour entrer dans le vestibule du l’univers Wagnérien. Quelques conseils judicieux d’amateurs éclairs m’ont permis de faire, un jour le premier pas Depuis, je serais prête à toutes les folies (ou presque) pour une représentation.



Pour son bicentenaire, on aurait pu se contenter d’une énième biographie (celle de Xavier Lacavalerie est excellente, et avant-scène opéra lui a déjà consacré un hors-série très complet) .Vincent Borel, grand amateur par ailleurs, offre aux amoureux de la musique de Wagner un roman-biographie qui ne peut que les satisfaire.

Tout en gardant la rigueur des faits, des personnages, Vincent Borel, avec une construction astucieuse à la fois thématique, et historique, parvient à faire jouer la musique de Wagner tout au long de cet ouvrage.

En partant de la création de Tristan, nous avançons dans le cheminement artistique du maître avec les femmes qui ont jalonné sa vie, dont Cosima Liszt qui l’aura accompagné dans sa formidable aventure du Ring, mais également des hommes qui auront marqué Wagner. Wagner, n’aurait sans doute pas été tout à fait le même sans Louis II de Bavière, fou de du maître, et fou tout court.

Wagner n’aurait également pas été tout à fait le même sans Nietzsche, la révolution de 1849, sans Hans von Bülow.

Vincent Borel, ne juge en rien, il expose, montre un homme sous toutes ses facettes, ses forces et ses faiblesses.

Si sur le plan littéraire, l’ouvrage est tout à fait abordable, fort bien écrit, et rythmé ;sur le plan purement artistique, il ne le sera qu’à celles et ceux ayant déjà une bonne connaissance du compositeur, et de son œuvre. Ce n’est qu’à cette condition, que le lecteur pourra percevoir la mort d’Isolde, les murmures de la forêt, l’enchantement du vendredi saint, les adieux de Wotan, le chœur des pèlerins…..




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Antoine et Isabelle

Le livre retrace l'histoire des grands-parents du narrateur, de l'Espagne du début du siècle, où on les connait sous les noms de Antonio et Isabel, jusqu'au camp de Mauthausen, avant l'installation en France.

Issus de familles pauvres tous les deux, ils quittent leur Catalogne et Andalousie respectives pour se retrouver dans l'effervescence et la crasse de Barcelone. Chacun à sa façon est prisonnier de traditions de leurs familles catholiques pieuses ; prisonniers aussi des obligations de classe ; prisonnier du qu'en-dira-t-on. Chacun à sa façon va s'émanciper de ces obligations, par le travail d'abord, et puis par leur rencontre et leur amour, évident et puissant.

Mais c'est tout après leur mariage que l'histoire s'emballe. Que les années trente pointent leurs misères et leurs tourments.

Et c'est alors que la grande Histoire, celle de l'Espagne Républicaine, vient se confondre avec l'histoire de deux amoureux. Antonio refuse. Refus du franquisme, bien sûr, mais refus de l'anarchie et des massacres des religieux. Isabelle, elle, donne naissance à deux jolies petites filles ; qu'ils balloteront à travers les Pyrénées, avant l'installation en France. La fin du récit, les camps de la mort, Vincent Borel ne les raconte pas ; il cède la place de son roman aux carnets que son grand-père a écrits à cette époque.

C'est avec une émotion sans nom que nous assistons à la vie de cette famille, à la naissance de ces héros ordinaires, et pourtant hors du commun.

Ce livre pourrait être simplement, mais déjà oh combien important !, un récit des origines, un hommage aux aïeuls, qui ont accompagné chacun de leurs petits-enfants en Espagne, mais aussi en Pologne, en visite des vestiges de leur histoire. Ce n'est pas le cas. Par un remarquable sens de l'Histoire, Vincent Borel double ce portrait d'une description incroyable d'une autre famille : les Gillet. Riche, très riche, famille d'industriels lyonnais, les Gillet sont les relents mesquins d'un siècel sur le déclin, qui refuse de céder la place. La dynastie bouffée par les mariages consanguins, les liaisons obscures avec les pouvoirs fascistes qui se mettent en place, leur belle réputation dans tous les salons européens ; c'est tout cela que l'auteur donne à voir, en contre-point insupportable des luttes communistes et socialistes à l'oeuvre dans toute l'Europe.



Le lien entre les deux familles ? Les Gillet inventent le fil qu’Isabelle travaillera toute sa vie ; ils fréquentent les cafés ou les restaurants de luxe dans lesquels Antonio travaille, avant de prendre les armes ; mais surtout, c'est cette famille qui fabrique et commercialise le Zyklon B, le gaz tueur utilisé dans la chambre à gaz nazies, que verra de trop près Antonio.



Avec une écriture sensible et tout en détail, Vincent Borel fait revivre à la fois les salons feutrés des grandes bourgeoisies européennes, aussi bien que les quartiers crasseux de Barcelone. Il dit l'agitation et la nervosité du siècle. Mais surtout il dit l'admiration qu'il a pour ses deux êtres que rien ne prédisposait à embrasser le destin de l'Europe à bras le corps.



Un très très beau livre, en effet, que cet hommage à Antoine et Isabelle.
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Vertige de l'hélice

Un roman infiniment gracieux, par l'un des écrivains majeurs sur la musique. Très beau portrait d'un jeune homme en émoi pour un autre plus âgé et d'abord réticent à une passion que l'époque (la sienne comme la nôtre) juge amorale et condamne sans discernement. J'ai apprécié cette intrigue iconoclaste, à rebours de ce qu'il est convenable d'écrire aujourd'hui. Mais le sujet du roman n'est pas franchement là. J'ai adoré la façon dont cet auteur rend tangible la musique et l'acte créatif, narrés dans un style pudique, lumineux et volcanique.



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Baptiste

Il y a quelques années déjà, j’avais pris un réel plaisir à lire un roman autour de Richard Wagner.

Cette fois, Vincent Borel prend la place de Lully dans ces mémoires apocryphes de ce grand compositeur sous l’ère du Roi Soleil.

Si Lully est mort français, c’est sur les rives de l’Arno qu’il naît en 1632. Fils de meunier, il est remarqué par le Duc de Guise, et placé comme garçon de chambre chez la Grande Mademoiselle au Royaume de France. On sait peu de choses sur sa formation musicale, toujours est-il que son talent de violoniste et de compositeur en fera in fine le grand ordonnateur des fastes et divertissements de la cour de Louis XIV. D’abord compositeur de musique de ballet, puis de comédies-ballets avec Molière, un autre Jean-Baptiste, pour obtenir du Roi le monopole de la composition lyrique. Il lui faut tout simplement s’adapter aux goûts du Roi dont on suit l’évolution personnelle et politique.



Au-delà de la réelle et passionnante découverte de ce que fût le talent du compositeur, ce livre nous fait entrer dans l’intimité de Lully, et par ricochet des mœurs d’une époque : débauche, liberté sexuelle à peine cachés, mais sans grande ostentation pour sauver les apparences.



Sans surprise on y croise les grands personnages de l’époque, les grands évènements, toujours avec le souci du détail et de la justesse historique.



Vincent Borel choisit une écriture qui colle au style de l’époque. Il surprend et rebute un peu au début, puis se laisse apprivoiser sans problème pour donner à l’ouvrage toute sa cohérence.



« La confiance que j’avais en mon talent devint sidérante. »



Il y montre un Lully orgueilleux, sensuel, provocateur, ambitieux, créatif et extrêmement talentueux. On y croise également le chemin d’un autre compositeur majeur de l’époque, accessoirement son amant, Louis Couperin, bien qu’il fût marié pour le « qu’en dira-t-on… »



Et parce que l’ascension s’essouffle inévitablement, c’est l’influence croissance de la Maintenon qui aura raison de celle de Lully.



Voilà un bel ouvrage, d’une facture originale sur l’un de nos compositeurs majeurs.


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Fraternels

Vincent Borel a photographié le monde actuel puis choisi de zoomer sur un certain nombre de faits et de personnages qu'il trouve représentatifs pour raconter son histoire. Son propos nous place dans une dizaine ou une vingtaine d'années : comment les choses et les Hommes ont-ils évolué ? Avec un parti pris lucide mais plutôt optimiste, et pas mal d'humour, l'auteur nous a concocté une fable surréaliste, un roman d'anticipation en quelque sorte.



Le livre débute avec un certain François-Joseph de La Fistinière s'apprêtant à pisser sur la flamme de la Résistance du Mont Valérien à Suresnes (92) ; pas de quoi en faire toute une histoire - même si sa famille revendique nombre de militaires haut gradés - sauf que l'exploit du jeune homme va faire le tour du monde parce que filmé par son "ifon" 11, le souple, qu'il a "ventousé" sur la croix de Lorraine.

Au pérou, à Cuzco, on instaure un nouveau temps pour en finir avec l'impérialisme occidental (de l'hémisphère nord) ; les horloges dites du sud vont tourner en sens inverse. Dans les hauts plateaux andins voisins, les mines de lithium ont défiguré les paysages et rendu malades ou débiles les habitants, lithium qui permet à des millions de véhicules électriques de rouler et de smartphones de fonctionner.

A La Défense, la plus haute tour - hélicoïdale - abrite l'entreprise "Opié", numéro un européen de l'énergie et firme conceptrice de l'ifon ; Samia y est hôtesse d'accueil au rez-de-chaussée, Kevin technocadre au trente-sixième étage, et Alexis Dataz PDG de la firme a un appartement au cinquante-cinquième ; Alexis est le fils illégitime de Gontran de La Fistinière. Opié prépare en grand secret une nouvelle source d'énergie, un "tokamak", pour pallier aux problèmes mondiaux d'électrcité.

Le chemin de kevin croisera celui d'un certain Dragomir Kadyrov propriétaire de mines en Sibérie et d'une forteresse pleine de hackers située à Tchernobyl ; celui de Samia croisera Yaqut (né Colin Pacôme) avec lequel elle partagera les valeurs d'un Islam bon et tolérant, à l'opposé du Califat de l'obscurantisme.

En Lamalie (au nord de l'Oural) un peuple presque disparu, les Kètes, à peine cinq mille âmes, souffre du réchauffement climatique et subit un gigantesque glissement de terrain ; Tyapsa initiée par Uim-émè le chamane, sera la dernière Kète, une femme-magie aux dons exceptionnels. La température montant, le trafic maritime pourrait être permanent même au nord du cercle polaire et les terres rares : tantale, iridium et autres métaux aux propriétés exceptionnelles seront alors accessibles...

Du côté de Manosque, un groupe de villageois amoureux des livres a créé une association pour prendre soin du savoir qu'ils contiennent et résister à la dématerialisation.

On croise aussi dans ce gros bouquin (550 pages) le tsar Vladimir, une nanotode ( = "machin superintelligent"), un smartphone directement connecté aux neurones du cerveau, le Sultan des Ténèbres, quatre huskis bleus, etc.



Face à la civilisation de l'omniprésence des objets connectés et du pouvoir de quelques hommes cyniques, certains vont se dresser courageusement pour leur opposer une certaine humanité ; utopie romanesque d'après son auteur, qui dit s'être amusé de bien des travers de notre société, le livre se termine par une apocalypse que Vincent Borel a voulu joyeuse et pleine d'espoir.



Premières phrases : " En cette nuit du 18 juin embaumée de tilleuls, François-Joseph de La Fistinière s'apprête à pisser, d'un jet dru, sur la flamme éternelle de la Résistance. L'esplanade du mont Valérien, encore toute bruissante ce matin des solennités républicaines, est désormais vide. Seules quelques phalènes vrombissent autour des lampadaires. François-Joseph, prénommé de la sorte pour complaire à un oncle épris de la Première Guerre Mondiale - et surtout particulièrement fortuné - vise en titubant la flamme bleuâtre. Ce rebelle s'est toujours fait un point d'honneur d'atteindre le centre des gogues sans provoquer d'éclaboussures. Mais le gros joint de ganja qu'il a planté entre les lèvres rend ses gestes incertains."
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Mille regrets

MILLE REGRETS. Foisonnant, picaresque, le romande Vincent Borel retrace, sur fond de lutte de pouvoirs entre Charles Quint et Soliman le Magnifique, le destin de trois personnages échappés des galères par la grâce d'un naufrage. Rachetés par le bey d'Alger en 1541, ils connaissent des fortunes diverses. Nicolas Gombert, chantre châtré élève du grand Josquin Desprez, se convertit, un temps, à l'Islam. Son compagnon d'infortune, Garatafas, le beau Turc, favorise la conception de l'héritier impérial à l'occasion d'une scène de séduction digne des Mille et Une Nuits et le pauvre Sodimo di Cosimo, graveur virtuose, devient prisonnier - et travesti - dans une tribu nomade. Mille Regrets, la chanson de Gombert tatouée sur la peau de Garatafas, est au cœur d'un véritable roman d'espionnage. Les trois compères rejoignent à Ratisbonne un Charles Quint déjà en fin de règne. Ils croisent Hernan Cortés, Barberousse, Benvenuto Cellini, Andrea Doria et quelques autres figures d'un XVIe siècle qui fait écho à notre XXIe siècle naissant, gros d'humanisme généreux comme de violences religieuses. Pour observer la vaine agitation des hommes, les dieux sont au balcon. Enchâssant les récits avec brio, Vincent Borel met en scène Allah, Yahvé et Dieu le Père qui, flanqués de divinités antiques, ripaillent et échangent des propos désabusés... Tout ne se termine pas exactement en chansons... mais c'est bien comme une magnifique tentative de déjouer les intégrismes qu'on peut lire Mille Regrets. A la manière d'un roman comique.









1541. L'époque est celle des lendemains de l'Inquisition et du surgissement des hérésies modernes, Luther en tête ; chaos des grands empires craquelants d'une planète enfin circonvenue, déjà aux prises avec ses déséquilibres économiques. L'Amérique est découverte, les trésors circulent à la surface des océans, les puissants s'entredéchirent avec une foi mordante, au gré des revers d'alliances. Époque où il s'agissait plutôt de s'arranger les faveurs de son Dieu (ou échapper à son courroux), que de chercher la mise en oeuvre de son libre arbitre par la vertu d'une conscience éveillée et le système lui-même savait jouer sur ces peurs. Charles Quint vieillissant, François Ier le versatile, Soliman dépêchant son corsaire Barberousse sous haute surveillance, Henry VIII en toile de fond tactique les protagonistes de la scène terrestre avancent leurs pions sous couvert de religiosité. Prémisse de notre monde d'aujourd'hui ainsi que Vincent Borel nous le suggère malicieusement, n'hésitant pas à baptiser le raïs " le plus acharné " de Barberousse Alcaïda, découvreur et poseur de bombe avant l'heure.

Au sein de ce carcan de croyances, trois hommes ballottés par les flots à bord d'une galère sont ainsi soumis aux caprices des dieux réunis en une " Organisation des nés uniques ", dite ONU deus ex machina savoureux qui place d'emblée Vincent Borel sous la protection d'Homère et de sonIliade. Lorsque la fantaisie divine les délaisse, c'est pour qu'ils redeviennent le jouet de leurs représentants sur terre rois, papes, empereurs et commandeurs des croyants. Ne leur reste plus qu'à tenter de forger un espace dans lequel la dignité de l'homme serait l'ultime rescapée d'un naufrage collectif. Face aux instruments de contrôle des volontés, s'oppose l'acte orphique de renoncement et d'amour qui conduit, par la seule voix de la sincérité à trouver en soi le courage de les braver. S'élèvent alors Tous les regrets, Je puis bien regretter, Sur tous regrets, et enfin Mille regrets, chants conçus par maître Josquin pour divertir l'empereur, repris par son élève devenu chantre châtré maître de la chapelle impériale, et qui serviront de réconciliation avec le bey d'Alger. Les regrets ainsi célébrés deviennent le lien qui réunit les hommes, toutes conditions confondues, dans la même aspiration à transcender le chagrin et l'impuissance. Peu à peu, ces Mille regrets s'imposent en ars perfecta, celui du coeur souffrant ; à l'origine une " arme(...) et alors ils se dressèrent dans sa tête comme la verge d'Aaron ", ils finissent par s'offrir, tel un psaume, en baume à l'empereur perclus. Ultime recours que celui de la célébration, y compris de celle de la fragilité, pour redonner force de vie.

Celle-ci s'inscrit dans un univers terrible, truculent, chatoyant, où Vincent Borel renvoie dos à dos, avec un humour dévastateur mais raffiné, toutes les ignorances nées des certitudes, qu'elles surgissent de subtiles études ésotériques comme de la foi du charbonnier, ou encore de calculs politiques élaborés. Au service de son dessein car dessein il y a dans ce roman moderne aux allures de fresque historique une langue charnue, drue, réinvente la fable épique, tour à tour précieuse et familière, se jouant des attentes du lecteur ; " La chiourme est en brochette sur les rames, en canapé sous les poutres. Le château arrière, arraché du reste de la galère, s'enfonce avec un Figueroa cloué par ses bottes aurifères au plus haut du pont. Gombert, insubmersible adiposité, ballotte vers une plage rocailleuse où Garatafas, nageur émérite, a déjà traîné un Sodimo qui s'est accroché à lui plus fermement qu'une moule à son rocher. " On voudrait une tonalité qui perdure dans la phrase, quand celle-ci, ingénument, bascule, pour mieux nous faire entrevoir les limites de ces espoirs. L'impermanence s'insinue au travers du souffle, nous laisse suspendu, en émoi de l'harmonie contenue dans une séquence ramenée à sa nature éphémère, et humaine. (excellente critique emprunté au blog" la matricule des anges")
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Antoine et Isabelle

« Antoine et Isabelle », le titre m’a un peu trompée ; je pensais que l’histoire de ces deux personnages était plus centrale.

C’est vrai qu’on suit leur vie mais le roman est plutôt le prétexte pour raconter l’histoire de l’Espagne de la première moitié du XXème siècle au sein d’une Europe en pleine tourmente. Histoire des ouvriers exploités et, en parallèle, histoire de ces magnats qui les exploitent, histoire de ceux qui rêvent de République et histoire de ces très riches qui ne veulent pas perdre leurs privilèges, histoire de la guerre civile qui fera tant de malheurs et séparera tant de familles et histoire de ces industriels qui profitent de la guerre pour augmenter leurs profits, histoire de ces totalitarismes jusqu’aux camps de la mort…

A cause de cette méprise, à cause peut-être du style qui refuse tout pathos mais reste un peu froid ou à cause de parties où je me suis un peu perdue dans des détails de l’histoire syndicale du pays, je n’ai pas été touchée par ces personnages, je n’ai pas été emportée par le ‘‘roman’’.

L’histoire est cependant très forte et j’y ai appris beaucoup.

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Richard W.

Quelle chance que Vincent Borel soit à la fois critique musical, excellent connaisseur, passionné, de Wagner et grand écrivain. Qui mieux que lui pouvait donner autant de souffle, d'énergie, d'inspiration, de puissance, à une biographie romancée de Richard Wagner ? Son écriture est empreinte de la démesure, du lyrisme de l'oeuvre du musicien, il a dû écrire son livre sur fond d'opéra wagnérien tant le roman vibre, les mots éclatent en gerbes folles.

Longtemps, le Maître sera hué, ses opéras conspués et raillés, sa musique heurte et dérange, les sons sont si surprenants pour des oreilles académiques. Mais en 1865, Louis II de Bavière est présent pour "Tristan et Isolde", il a été subjugué cinq ans plus tôt par "Lohengrin". Il sera le dérangeant mécène. Mais la gloire et les applaudissements viendront plus tard, à Bayreuth dans la nouvelle salle du Festspîelhaus.

Wagner délaisse alors son épouse Minna pour Cosima, fille de Franz Liszt et épouse du talentueux pianiste et chef d'orchestre Hans Guido von Bülow.

Richard est un ogre au service de la musique et il sait qu'il est celui qui en fera une immense oeuvre d'art. Son inspiration sera les femmes, la nature avec laquelle il se sent en totale harmonie, Beethoven et Bach, ses amitiés avec Bakounine et Nietzsche. Il rêve de révolution et souhaite un contrat social pour les musiciens et les acteurs, un nouvel opéra où les castes seraient abolies et les spectateurs à égalité dans les salles et portés par les sons.

Richard Wagner apparaît comme un homme libre, anti-bourgeois, attaché à des idées de justice et d'égalité, antisémite, un peu, pas envers tous les Juifs, contrairement à Cosima et ses enfants, sa musique utilisée et salie par les chantres du nazisme. Il était avant tout le serviteur de l'Art et ce roman lui rend un visage humain, malgré sa démesure. Admirable roman que l'on aimerait voir porté au cinéma.
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Antoine et Isabelle

Avec un chapitre d'ouverture comme une claque, avec ces propos directement mis sous le nez du lecteur, ce négationnisme simple, Vincent Borel vient rappeler cet adage si basique : c'est par le souvenir qu'on évitera de reproduire les erreurs du passé. En retraçant l'histoire de ses grands-parents, Vincent Borel nous rappelle d'une part un gros morceaux de l'histoire du vingtième siècle et d'autre part nous invite à faire perdurer la mémoire familiale...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Antoine et Isabelle

Je n'ai pas beaucoup apprècié le début de l'histoire, un face à face entre un vieil homme d'affaires "un peu pubard" et un jeune homme, mais l'histoire par la suite est vraiment captivante. Elle s'intéresse à la fois à la grande industrie française et européenne, leurs compromissions avec les évenements politiques de l'entre 2 guerres, mais aussi et surtout à l'Espagne qui lutte pour sa liberté et l'amélioration des conditions de vie des plus pauvres.On suit avec intérêt ses destins croisés. Une bonne leçon d'histoire en tout cas pour moi....
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