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Citations de Éric Vuillard (996)


C'est alors que le duc Albert de Mansfeld entama des négociations.il fallait que ça traine en longueur, afin de démoraliser l'adversaire et gagner du temps. La négociation est une technique de combat.
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Goering prit la parole... "C'etait là une occasion unique de sortir de l'impasse où l'on se trouvait". Mais pour faire campagne il fallait de l'argent; or le parti nazi n'avait plus un sou vaillant et la campagne électorale approchait. À cet instant, Hjalmar Snacht se leva, sourit à l'assemblée et lança : "Et maintenant messieurs, à la caisse!"
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Et, parfois, la scène semble exister davantage que le monde, elle est plus présente que nos vies, plus émouvante et vraisemblable que la réalité, plus effrayante que nos cauchemars.
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Or, on apprend beaucoup à chômer. On apprend à traîner, à regarder, à désobéir, à maudire même. Le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien. Cela peut servir.
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Les conquistadors descendaient vers le sud et suivaient la route inverse des trois Créateurs qui avaient fait sortir de terre les ancêtres des peuples; eux, les Créateurs, ils avaient fait surgir les peuples des sources, des grottes et des rochers. Ils dirent aux ronces de verdir et elles verdirent, aux nids de tiédir et les plumes devinrent tièdes ; et ils nommèrent les arbres et les plantes, leur apprenant à fleurir et à avoir des fruits. Puis une fois parvenus à l'océan, ils marchèrent sur les eaux, comme le Christ à Tibériade, et disparurent à l'horizon (p. 55)
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Et l'histoire est là, déesse raisonnable, statue figée au milieu de la place des Fêtes, avec pour tribut, une fois l'an, des gerbes séchées de pivoines, et en guise de pourboire, chaque jour, du pain pour les oiseaux.
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Sur le papier l’Autriche est morte ; elle est tombée sous tutelle allemande. Mais, comme on le voit, rien ici n’a la densité du cauchemar, ni la splendeur de l’effroi. Seulement l’aspect poisseux des combinaisons et de l’imposture. Pas de hauteur violente, ni de paroles terribles et inhumaines, rien d’autre que la menace brutale, la propagande, répétitive et vulgaire. P 69
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Mais la mort est patiente. Elle se tient face au lit, comme le spectateur devant la scène. On ne lui échappe pas. Elle a payé sa place, et elle verra notre crevure.
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Dans chaque cimetière, il y a une division pour les pauvres, un petit carré mal entretenu, recouvert d’une lourde trappe, sans croix, sans nom, sans rien. Quelquefois un galet est posé par terre, un bouquet sec, un prénom est tracé à la craie sur le sol, une date. C’est tout. Il n’y a rien de plus émouvant que ces tombes. Ce sont peut-être les tombes de l’humanité. Il faut les aimer beaucoup.
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"Et ils ne comprirent pas bien, ces trois pauvres bougres, l'enthousiasme qu'ils suscitaient. Ils ignoraient qu'on pouvait les aimer autant. Ils eurent même un peu peur...L'amour est parfois effrayant."
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Éric Vuillard
Le corps est un instrument de jouissance. Celui d'Adolf Hitler s'agite éperdument. Il est raide comme un automate et virulent comme un crachat. Le corps d'Hitler dut pénétrer les rêves et les consciences, on croit le retrouver dans les ombres du temps, sur les murs des prisons, rampant sous les lits de sangles, partout où les hommes ont gravé les silhouettes qui les hantent. (...) Des pantins hideux et terribles s'agitent à l'horizon du monde où roule un soleil noir. Ils courent et fuient en tous sens, surgissant de la brume, squelettes, fantômes.
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Et ce qui étonne dans cette guerre, c’est la réussite inouïe du culot, dont on doit retenir une chose : le monde cède au « bluff ».
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Les baïonnettes déchiraient les bras, ripaient sur les crânes. On braillait des ordres impossibles à entendre. Les canons tiraient sur les tentes, au hasard. Les châlits s’écroulaient, carbonisés. On courait de toutes parts. Des chariots s’effondraient sous le poids des corps. Puis les canons se mirent à tirer en direction de la plaine afin d’atteindre les fuyards.
Soudain, il n’y eut plus un bruit. Ça faisait comme un drap dans le vent. Les soldats baissèrent leurs fusils. Que se passait-il ? Le silence avait quelque chose d’effarant. Les soldats se regardaient, interdits.
En contrebas, les Indiens étaient presque tous morts. Une fois réarmés les canons, il y eut encore deux, trois déflagrations. Puis des cris ; certains soldats suppliaient qu’on arrête. Il y eut même un hurlement, on ne sait pas de qui.
Ce fut tout.
Et il se leva une violente tempête. La neige tomba du ciel comme une injonction de Dieu. Les flocons tourbillonnaient autour des morts, légers, sereins. Ils se posaient sur les cheveux, sur les lèvres. Les paupières étaient toutes constellées de givre. Que c’est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable.
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C'est ainsi que, de gare en gare, bien après l'Italie, après d'innombrables autres représentations, la troupe, qui avait traversé l'Atlantique et parcouru l'Europe, était un beau jour arrivée à Nancy. Il avait fallu plusieurs bateaux pour traverser l'océan. Les cales contenaient 1 200 pieux, 4 000 mâts, 30 000 mètres de cordage, 23 000 mètres de toile, 8 000 sièges, 10 000 pièces de bois et de fer, et tout ça devait former une centaine de chapiteaux éclairés par trois dynamos et surplombés par tous les drapeaux du monde. La troupe comptait huit cents personnes, cinq cents chevaux de selle et des dizaines de bisons. On aurait dit une autre arche de Noé. Les bisons tanguaient dans leurs box au rythme de la houle et dégueulaient dans leurs mangeoires ; ils avaient le mal de mer.
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Et ils se tiennent là impassibles, comme vingt-quatre machines à calculer aux portes de l'Enfer.
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Éric Vuillard
Et puis une armée, lorsqu’elle se rue sur vous, lorsqu’elle défile à trente-cinq à l’heure sous le grand soleil, ça en bouche un coin. Mais une armée en panne, ce n’est plus rien du tout. Une armée en panne, c’est le ridicule assuré. Le général se fait passer un de ces savons ! Hurlements, injures ; Hitler le tient pour responsable de ce fiasco.
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L'émotion est ainsi faite qu'elle arrive sur commande ; le même épisode vu et revu, le refrain d'une chanson passée en boucle nous met chaque fois les larmes aux yeux, comme si une vérité indicible et sublime se répétait inaltérée.
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Au petit matin, le 15 décembre 1890, une quarantaine de policiers indiens avancèrent au petit trot jusqu'à environ un kilomètre et demi du camp de Sitting Bull, puis entrèrent au galop dans le village. Tout le monde dormait. Ah ! que nous aimons le petit matin, la fraîcheur de l'air, les grandes lames de lumière sur la terre pierreuse. Mais ce matin- là, ce n'étaient pas les oiseaux qui chantaient, ce n'était pas la jeune fille qui faisait sa toilette en fredonnant dans la cabane voisine, c'étaient les sabots de quarante-trois chevaux qu'on entendait dans un demi-sommeil. Le profit, le respect du pouvoir répondent à la voix de Dieu. L'Histoire est morte. Il n'y a plus que des punaises. Le bruit de l'iniquité en mouvement se reconnait. Le général Miles est un faiseur d'exemple, un technicien de la discipline. Voici le petit jour. On est devant la cabane du chef indien. Le progrès n'a pas de temps à perdre. Soleil. L'air est glacé. Les bouches soufflent des colonnes de buée. On crie. Sitting Bull sort de sa cabane. Sa figure est comme délavée ; le passé nous arrive sans couleur.
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Dans l’espérance dérisoire d’une sortie honorable, il aura fallu trente ans et des millions de morts, et voici comment cela se termine ! Trente ans pour une telle sortie de scène. Le déshonneur eut peut-être mieux valu.
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La civilisation est une énorme bête insatisfaite. Elle se nourrit de tout.
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