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Expert 19ème siècle

Cet insigne distingue ceux pour qui 19ème siècle rime avec romantisme, réalisme, symbolisme... Littérature ou histoire, ces lecteurs sont de vrais spécialistes de ce "Siècle Histoire" qui a vu naître les plus grandes figures littéraires.
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Les meilleurs   Dernières critiques
Victoria

Ce roman Victoria m'a réconcilié avec Knut Hamsun : j'avais vraiment eu énormément de mal avec Pan et j'ai commencé cette lecture à reculons.

Et grande et heureuse surprise : j'ai beaucoup aimé!

Victoria est un roman poétique, plein de romantisme, qui met en scène un amour impossible entre la fille d'un chatelain (Victoria) et le fils d'un meunier (Johannes). Leurs conditions sociales ne leur permettent pas de s'aimer, pas officiellement et donc pas de mariage possible, et pourtant, l'amour qu'ils ressentent va les consumer toute leur vie durant.

Toute leur vie ira d'espoir en déception car au XIXe siècle, les maitres mots sont retenue, résilience, et respect des usages.

Un amour déçu donc mais une excellente lecture!
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La Dame de pique - Récits de feu Ivan Pétrovitc..

Un portrait très sobre de cette société russe qui se reçoit dans les salons pour des bals, des conversations et surtout pour des jeux de cartes où les participants misent souvent des fortunes et se ruinent. Pouchkine décrit ici la folie du jeu et toutes les dérives qui peuvent lui être associées, que ne peut-on pas faire pour de l'argent? Aller jusqu'à tuer peut-être, ou pactiser avec le Diable... moindre mal, aussi, recourir aux mensonges et utiliser de bas stratagèmes pour arriver à ses fins.

Très beau texte, l'auteur nous conduit là où il souhaite nous mener, sans descriptions aussi fastidieuses qu'inutiles, au point même que cette nouvelle est presque trop courte et que le lecteur serait bien resté encore l'espace de quelques pages en compagnie de l'auteur et de ses personnages. Un charme désuet s'écoule de ce livre.
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Le lys rouge

Déception! Pourtant Anatole France me semblait être une valeur sûre, un auteur rencontré dans mes livres de classes de l'école primaire et aussi dans des dictées à la même époque. Bien sûr l'écriture est belle dans son classicisme, mais je me suis ennuyée avec ce verbiage qui ne m'a pas semblé digne d'intérêt, avec ces questions existentielles, ce mysticisme, cette société oisive paradant entre châteaux, salons, spectacles, promenades, intrigues politiques, saisons de chasse ou champs de course, et pour certains aventures extra-conjugales. J'ai peiné à lire ce roman de près de 400 pages traitant de la jalousie... Ton trop larmoyant à mon goût, un livre qui aura mal vieilli, je suis restée insensible à ces tourments de coeurs, Je ne ressens aucune empathie pour les protagonistes. Rencontre manquée avec ce livre.
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La nuit et autres nouvelles fantastiques

Un court recueil de six nouvelles de l'un des écrivains du XIXème les plus populaires. Dans les six nouvelles regroupées ici, l'écrivain explore le thème de la mort à travers des frontières poreuses entre réalisme et fantastique, rêve et éveil.

Que ce soit à travers l'exploration du Néant avec la balade dans Paris le soir (à 2h du matin) dans "La Nuit" ou à travers la terreur et l'effroi d'un esprit qui hanterait un lieu, dans "L'Auberge" : c'est bien tout ce qui est caché, inconscient, sous la surface et pourtant qui fait partie de la vie que l'auteur convoque dans ces récits.



Pour ma part, je ne peux pas dire que j'ai particulièrement apprécié ces nouvelles. C'est du Maupassant pure jus, on reconnait sa plume et ses schémas narratifs de prédilection. C'est bien écrit, mais sans plus.

J'avoue aussi que la nouvelle "Sur les chats" où le narrateur commence à parler de la fascination qu'il a à maltraiter des chats et les voir à l'agonie, pour ensuite les comparer aux femmes m'a mise très mal à l'aise. Ce point n'a sans doute pas aider à ce que j'apprécie ce recueil.
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Les Employés ou la Femme supérieure

A regret et en même temps sans regret, j'abandonne ! Quand on tombe sur les romans "méconnus" d'un auteur qu'on adore, c'est quitte ou double. Vais je tomber sur un manuscrit oublié flamboyant ? Ou bien, s'il n'est pas connu, c'est qu'il y a une bonne raison ? Ici, c'est l'option 2 qu'on retiendra ! Dès le début, on attaque par une révision complète du système d'imposition et d'organisation des fonctionnaires de France, voilà de quoi refroidir les ardeurs des lecteurs venus passer un bon moment. S'ensuit la mort du grand chef et les luttes intestines qui font surface pour nommer le successeur. Tout ceci assisté de l'épouse qui tient salon pour l'avancée de son mari. Peut-être était ce trop actuel pour moi ? Trop technique, pas assez romancé, je n'ai pas du tout accroché !
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La Cousine Bette

Guérit-on de l'état de « coureur de femmes » ?

Au bout de 150 pages, l'envie de commencer ma critique me démange.

Car, comme d'habitude, Balzac plante merveilleusement le décor et les faiblesses des personnages : tout est là pour que le drame se déroule.

A 42 ans, la Vosgienne Bette, montée à Paris, est laide. C'est une vieille fille. Elle est obligée de travailler alors que sa jolie cousine Adeline est belle, et mariée au baron Hulot qui a pignon sur rue !

Bette est jalouse, mais rentre son envie. Et rentrer son envie, c'est terrible ! Elle sublime ce défaut en aidant un pauvre réfugié polonais, Wenceslas, à développer son art : la sculpture miniature. Wenceslas est doué. Il devient « sa chose » !

C'est alors que la jolie Hortense, 22 ans, fille d'Adeline et confidente de Bette, rencontre Wenceslas : c'est le coup de foudre !

Attention : Bette, qui est une sorte d'ancêtre de Tatie Danielle, celle d'Etienne Chatiliez, va réagir : elle ne peut pas perdre le seul « bien » qu'elle possède : son Polonais !

Vengeance !



Comme souvent, Balzac dénonce le pouvoir corrupteur de l'argent.

Peut-on acheter l'amour de ses enfants avec de l'argent au point de n'avoir plus rien ? ... est ma question dans son magnifique « Le Père Goriot » ?

Ici, le baron Hulot peut-il acheter sa passion pour la belle Valérie Marneffe, alors que celle-ci fait cracher au bassinet trois autres amants, et exige que son mari passe chef de bureau ? …

Et ceci au point de s'endetter, d'endetter sa femme et ses enfants ?

C'est l'éternel drame de la passion de l'homme pour la belle femme.

Mais la passion est une attitude lâche, nous signale Honoré de Balzac, car un homme doit d'abord penser à sa famille.



Cet acte de «  La Comédie Humaine », je le connais bien :

à La Réunion, la belle créole épouse un beau zorey (métropolitain venu travailler au soleil), et lui fait acheter la case et l'auto pour elle : le zorey est son « pied de riz » !

Heureusement, en métropole, les femmes travaillent, revendiquent fièrement leur indépendance, et n'ont pas besoin de pied de riz ...

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Le rêve d'un homme ridicule

Un homme veut se suicider. Sensible ou amer ? On ne sait pas trop, ce qu'on sait, c'est que les autres le trouvent ridicule et qu'il s'est approprié cette identité qu'il a fait sienne. Puis il s'endort, et rêve à un autre totalement différent du nôtre...



Dans ce rêve, Dostoïevski recréé la topologie d'un Eden perdu, un monde d'avant le péché originel, où chaque individu est relié de façon interdépendante aux autres et non pas dans la concurrence ou la hiérarchie, où seule la bienveillance règne et non la jalousie, l'envie ou la compétition : chacun a une place pour former un grand Tout harmonieux.

Cette novela avait été présentée comme "un Petit Prince façon russe" par une YouTubeuse , pour ma part je la classerai plutôt en conte métaphysique, plus proche des récits de voyages imaginés par des philosophes comme Jonathan Swift ou Voltaire (et plus tard Lewis Carroll) pour explorer la nature même de notre humanité. C'est aussi une réflexion sur la beauté, la possibilité de connaître l'amour sans la souffrance et l'opposition entre raison et affect.



Ce qui est étonnant, c'est que loin d'un propos idéaliste où on imaginerait que le narrateur connaît alors un moment de grâce en compagnie de ces individus : il n'en est rien ! C'en est trop pour le narrateur ! Ce monde est trop différent et il n'est pas prêt à accepter autant de bon, alors il joue le rôle du Serpent.



Le propre de notre monde qui a introduit le rationalisme, l'orgueil et la cruauté, le pouvoir et la corruption est-il voué à ne vivre qu'avec le goût du sang ? Est-ce la condition pour qu'ils apprécient le beau ?

C'est ce à quoi le romancier et son narrateur nous invite à réfléchir.



Du Dostoïevski pure sucre, à ne pas lire un soir de déprime ou si on cherche à se lancer dans les classiques russes. Pour ma part, j'ai trouvé ce récit intéressant et je pense le relire plus tard.
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Le pays du nuage blanc, tome 1

Des romans racontant l'histoire de jeunes femmes partant au bout du monde au joyeux temps des colonies, il en existe une quantité invraisemblable. Je ne saurais dire si celui-ci se démarque car ce n'est pas ma came habituelle. J'ai pourtant bien apprécié cette lecture : le dépaysement est au rendez-vous, l'histoire est bien menée. J'ai surtout apprécié que les personnages soient bien dessinés et subtils. Leurs réactions sonnent juste et aucun ne semble caricatural, au moins au début. Cela se gâte un peu pour deux d'entre eux au fil de l'histoire mais on peut supposer que, même dans la vraie vie, l'alcool finit par faire des caricatures d'homme.

L'auteure semble s'être bien documentée. Sa description du voyage puis de la vie en Nouvelle-Zélande paraissent très vraisemblables.

C'est donc un roman plutôt réussi même si ça reste très "littérature sentimentale pour dames". Les questions de qui couche avec qui et qui se marie avec qui semblent constituer l'essentiel de l'histoire, émaillées de temps à autres d'intrigues secondaires très vite expédiées.



La version audio disponible sur Audible est de bonne qualité et très agréable à écouter. La lectrice module sa voix juste ce qu'il faut pour distinguer sans difficultés les différents personnages.



En résumé : un roman dépaysant, agréable et correctement écrit. Si c'est plus du divertissement que de la grande littérature, il en faut aussi et celui-ci est plutôt réussi.



Challenge À travers l'Histoire 2024

Challenge des Héroïnes 2024
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Boule de Suif - La Maison Tellier

"Boule de Suif" est une nouvelle assez connue de Guy de Maupassant que je n'avais jamais lue. Heureusement je me suis rattrapée ; j'aurais été déçue d'être passée à côté de cette lecture qui m'a profondément émue. Il faut dire que dans ce texte court Maupassant se met dans la peau d'une femme et n'hésite pas à parler de la prostitution, de la guerre, des privations et surtout de l'hypocrisie de la haute société et du clergé au 19ème siècle.



Durant l'hiver 1870, l'armée française en guerre est vaincue par les prussiens qui envahissent la ville de Rouen. Une diligence fuit l'ennemi vers Dieppe avec dix occupants : un patriote, deux religieuses, trois couples de notables et Boule de Suif, une prostituée au grand coeur. D'ailleurs, elle va partager son repas avec les passagers tourmentés par la faim, la voiture avançant lentement dans la neige. Pourtant, sa générosité ne sera pas récompensée.

Quant à la nuit tombée la diligence fait étape dans un village occupé par les prussiens, un officier retient les voyageurs en otage tant que Boule de Suif ne couchera pas avec lui (Maupassant utilise bien ce mot choc). Alors que la jeune femme s'y refuse, les pressions pour qu'elle accepte sont si fortes qu'elle sauvera ses compagnons de voyage figures de vertu qui se moquent bien de la dignité de Boule de Suif.



Je trouve que le huis clos exacerbe la cruauté de cette histoire racontée avec lucidité par Maupassant. La proximité physique des personnages dans la diligence lui permet de dresser un portrait impitoyable de la société de l'époque à travers ses différentes classes et représentants. Malheureusement, ce sont les aspects les plus vils qui ressortent.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge XIXème siècle illimité

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Hiver, à l'Opéra

Je n'avais pas trop apprécié le tome 1.

J'ai encore moins apprécié le tome 2.

La couverture est magnifique.

Le Paris de l'époque Art Nouveau est bien rendu.

La fascination pour le spiritisme et l'hypnose, effectivement très à la mode à l'époque est assez bien rendue.

Pour le reste je n'ai pas du tout aimé.

L'histoire est mal rythmée, le dessin pas toujours très égal, le retournement final est très prévisible et le pastiche du fantôme de l'opéra relativement fade.

Bref, je referme sans regret pour admirer seulement la couverture.
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Seule en sa demeure

La jaquette de couverture nous promet un thriller brûlant. Or, je n’ai été ni effrayée par l’ambiance, ni touchée par un frisson de désir érotique… Car je n’ai pas été très surprise. Certes, l’écriture est belle et travaillée, mais ni le cadre, ni le point de départ de l’intrigue ne sont très originaux : une jeune fille innocente est mariée à un homme plus âgé propriétaire d’un grand domaine isolé, veillé par une gouvernante dévouée et des domestiques muets – ici, littéralement. L’ambiance instaurée fait penser à un conte de fée avec un ogre, mais on connaît déjà ; oui, il y a beaucoup de déjà vu, de déjà lu – entre Barbe-Bleue, Rebecca et Jane Eyre. Je n’ai jamais vraiment eu peur, parce que je savais à quoi m’attendre, ce qui est dommage pour un thriller.

Et pour un roman présenté comme sensuel, je n’ai rien lu de tel. Il faut plus qu’un regard et qu’une main dans le dos pour que je me sente émoustillée…

J’avais ressenti un peu la même chose en lisant une Bête au paradis de l’autrice : la plume est travaillée, mais les personnages et les situations manquent d’originalité. Il n’en reste pas moins que la lecture est rapide et agréable, parfaite pour les vacances.
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Shi, tome 6 : La Grande puanteur

Toujours entre deux époques qui se répondent, nous retrouvons nos diverses héroïnes à peu prêt où nous les avions laissées.

Au XIXe siècle, Jay et Kita ont été séparées mais, sachant sa fille perdue en danger, Jay va faire en sorte de se libérer de ses chaines afin de retrouver la jeune Japonaise afin de pouvoir continuer leur lutte. Et une idée incroyable leur vient à l'esprit : la reine Victoria aime ses enfants par dessus tout...et si l'un d'eux venait à se faire kidnapper afin d'expérimenter les conditions intolérables de travail que subissent les enfants moins bien nés...

Au XXe siècle, la colère des Angry Mothers est toujours bien présente, ainsi que leur désir de justice, et la vengeance est un plat qui se mange froid.



Le dessin de Homs est toujours magnifique. J'adore.
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Les Rougon-Macquart, tome 2 : La Curée

La curée /Émile Zola

Paru en 1871, ce roman d’Émile Zola, le deuxième volume de la série des Rougon-Macquart, a pour thème la vie débauchée de Paris durant le Second Empire. C’est aussi l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire dans laquelle l’auteur a voulu montrer l’épuisement prématuré d’une race qui a vécu trop vite. Deux mots pour l’auteur résument cette époque : l’or et la chair !

L’or est illustré par le personnage principal Aristide Rougon dit Saccard, qui a fait fortune rapidement en spéculant sur les terrains à bâtir à l’époque des grands travaux menés à Paris par le baron Haussmann. Il mène aujourd’hui une vie de pacha, de spéculateur et d’escroc.

Au départ, le frère d’Aristide, Eugène Rougon, avocat, qui fait une belle carrière politique, ministre de Napoléon III, va aider son frère à gravir les échelons de la société. Aristide est un homme petit à la mine chafouine qui a l’habitude de mener sa barque sur tous les fronts avec ce flair des oiseaux de proie qui sentent de loin les champs de bataille. Il est prêt pour la chasse aux aventures, aux femmes, aux millions. Son instinct de bête affamée saisit les moindres indices de la curée chaude dont la ville va être le théâtre. Mais il lui faut l’aide d’Eugène.

Après des mois de vache maigre, Eugène va lui trouver une place à la mairie de Paris en qualité d’agent voyer, un tremplin pour la suite.

Aristide est alors marié à Angèle, ils ont eu une fille Clothilde, et un fils Maxime. C’est une époque folle et au bout de deux ans, Aristide connait tous les arcanes de l’hôtel de ville de Paris. L’Empire va bientôt faire de Paris une ville aux mains d’une poignée d’aventuriers qui viennent de voler un trône, un règne d’aventures, d’affaires véreuses, de consciences vendues, de femmes achetées, de soûleries furieuses.

Après la mort d’Angèle suite à une pneumonie, la vie d’Aristide va prendre un nouveau tournant. À la suite de conspirations ourdies par Sidonie, sa sœur, Aristide se remarie avec une riche et jeune héritière, Renée Béraud du Châtel. Le temps est venu de passer à l’action et Aristide va pouvoir bien profiter de la fortune de Renée pour établir la sienne. Il prend alors le nom de Saccard qui sonne mieux selon lui que Rougon. Clothilde est placée chez son frère le docteur Pascal Rougon et Maxime qui a treize ans, est mis en pension.

Renée qui a vingt ans est une grande fille, d’une beauté exquise et turbulente et à l’allure d’écervelée. Saccard ne lui déplait pas malgré sa laideur.

Le couple Aristide-Renée est très libre et peu à peu chacun mène sa vie de son côté avec de nombreux amants. Les plaisirs de la chair sont tout- puissants.

Les années ont passé. Saccard poursuit toujours et sans relâche ses pratiques frauduleuses en trichant, spéculant et agiotant à l’envi. Il se fait rare à la maison. Renée collectionne les amants et à 28 ans éprouve déjà une certaine lassitude. Elle se confie à Maxime son beau-fils et Maxime fait de même. Surtout des confidences salaces. Jusqu’au jour où Renée tombe follement amoureuse de Maxime qui est devenu un homme, produit défectueux où les défauts des parents se complètent en s’empirant. Le vice chez lui est une floraison naturelle. Car Renée souffre d’un ennui irrémissible avec Aristide.

Renée sent qu’elle vieillit confie-t-elle à Maxime et pourtant elle n’a que trente ans et ne prend plus plaisir à rien. Et Maxime, plus jeune de huit ans qu’elle, de lui répondre : « Tu habites un hôtel splendide, tu as des chevaux superbes, tes caprices font loi, et les journaux parlent de chacune de tes robes nouvelles comme d’un événement de la dernière gravité ; les femmes te jalousent, les hommes donneraient dix ans de leur vie pour te baiser le bout des doigts ! » Puis plus loin : « Je dirais que tu as mordu à toutes les pommes ! »

Renée lui répond qu’elle est lasse de vivre cette vie de femme riche, adorée, saluée et qu’elle voudrait être une de ces dames qui vivent comme des garçons. Et alors dans ce monde affolé où ils vivent tous deux, leur faute va pousser comme sur un fumier gras de sucs équivoques, se développant avec d’étranges raffinements, au milieu de particulières condition de débauche.

Pour Maxime, c’est la première femme mariée qu’il peut posséder, sans songer que le mari est son père ! Zola nous décrit alors admirablement, dans le style châtié de l’époque, les nuits torrides d’un amour fou entre les deux amants dans la serre surchauffée au milieu des floraisons tropicales, emportés dans ces noces puissantes de la terre.

« Elle était dans la plénitude de sa beauté turbulente et l’inceste mettait en elle une flamme qui luisait au fond de ses yeux et chauffait ses rires. »

Maxime apparait avec le temps comme un être égoïste et blasé, toujours à la recherche d’une passion nouvelle et originale pour contenter ses appétits, écœuré qu’il est du luxe et de la facilité dans sa liaison avec sa belle-mère.

Renée, de son côté, se voit rouler à la débauche vulgaire, au partage de deux hommes, ayant encore les lèvres chaudes des baisers de Saccard, lorsqu’elle les offrait aux baisers de Maxime, allant jusqu’à chercher le fils dans les étreintes du père. Sans compter les soirées de débauche, chez les Saccard ou chez les amis, qui se multiplient, animées par de sensuelles almées et autres saynètes faites de tableaux mythologiques suggestifs évoquant le triomphe de Vénus : « C’était un chuchotement d’alcôve, un demi-silence de bonne compagnie, un souhait de volupté à peine formulé par un frémissement de lèvres ; et, dans les regards muets, se rencontrant au milieu de ce ravissement de bon ton, il y avait la hardiesse brutale d’amours offertes et acceptées d’un coup œil. ».

Quel avenir pour Renée, spoliée par son mari et curieusement traitée par son jeune amant de beau-fils qui lui coûte cher ? Jusqu’où ira Saccard dans sa folie des grandeurs et sa soif de richesses et de luxe ?

Dans un style éblouissant et une qualité et une richesse des descriptions des lieux et des personnages, Zola nous offre un roman captivant mettant en scène une société que l’on pourrait qualifier de factice, où la fête est permanente et mêle tous les plaisirs et tous les vices. Un grand classique à ne pas manquer malgré quelques longueurs descriptives.











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Deux acteurs pour un rôle

Un conte en trois actes merveilleusement diabolique et très amusant du grand Théophile Gautier (1811-1872). L'histoire très colorée est inspirée du Faust de Goethe et joue sur les contrastes. On est vite immergé dans l'atmosphère viennoise du Jardin impérial, puis on s'enfonce dans une brasserie caverneuse à la Hoffmann et enfin on rejoint le théâtre de Carinthie. L'humour se glisse dans les détails, les métaphores animalières, les expressions prises au pied de la lettre, la satire mordante des honnêtes bourgeois et aussi celle des vaniteux comédiens, bien égratignés. Et puis il y a ce rire inimitable.



Résumé du premier chapitre/acte : Un rendez-vous au Jardin Impérial.

« On touchait aux derniers jours de novembre » Heinrich, un jeune comédien bien impatient attend « dans les vapeurs bleuâtres du soir » une jeune fille dans le jardin impérial à Vienne. Il est vêtu d' un costume élégant de velours noir à brandebourgs d'or « un peu théâtral » mais porte encore la casquette à feuilles de chêne des étudiants. « L'ironie se blottit dans les plis de ses yeux ». Katy apparaît au bout de l'allée suivie de son barbet noir . Son teint habituellement d'une "blancheur de cire vierge" a pris « sous la morsure du froid des nuances de rose » et elle « ressemble à râvir à la statuette de la Frileuse » (d'Houdon). Elle tente de dissuader Heinrich de poursuivre ses activités théâtrales car ses parents ne veulent pas d'un acteur, désargenté qui plus est, pour gendre. Heinrich a abandonné ses études de théologie à Heidelberg pour « se livrer » au théâtre et espère bien connaître la gloire et faire fortune. Katy rêve de s'assoir à côté de lui « près d'un beau poêle de Saxe ». Or Heinrich est irrésistiblement attiré par les grands rôles passionnants qu'il compte incarner. Et justement dans une nouvelle pièce, il prend le masque du démon et tient des propos blasphématoires, ce qui inquiète sa pieuse fiancée revenue toute troublée de la représentation au point de faire des cauchemars. En plus Heinrich risque de prendre de mauvaises habitudes avec ces damnés comédiens. Il la rassure en lui montrant qu'il porte toujours la petite croix en or qu'elle lui a offerte. Ils se séparent. le brouillard rend la frêle silhouette confuse. Heinrich « pirouette sur ses talons » et s'en va d'un pas décidé au gasthof de l'Aigle à deux têtes…



Muhahahahahaha !





On trouve le texte facilement en ligne et il est aussi disponible en audio.
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La recluse de Wildfell Hall

La recluse de Wildfell Hall, ou également nommé La dame du manoir de Wildfell Hall, est sans doute le roman le moins connu des soeurs Brontë. Et pour cause, jugé en total désaccord avec le tempérament doux et inexpérimenté de son auteure, sa soeur aînée Charlotte en empêcha le republication, un an après la mort d'Anne.



D'Anne Brontë, on ne retiendra alors que le très sage et pédagogue roman Agnès Grey et cela est bien dommage !

Il faut lire La recluse de Wildfell Hall pour appréhender ce que fut la vie des Brontë entre les murs bien sévères du presbytère paternel.

Ce roman réaliste qui décrit la déchéance d'un homme charmant et drôle dans l'alcool et les turpitudes et la volonté d'une épouse aimante et résignée de finalement s'y dérober avait de quoi choquer la société bien pensante de cette époque victorienne.

Ce roman, comme le définit Isabelle Viéville Dégeorges dans la préface, est la réponse d'Anne à son frère Branwell. Ce dernier, si prometteur et si intelligent, mais porté par le goût des plaisirs, fera vivre un enfer à ses soeurs. Alternant entre crise de delirium tremens et crises de repentir, Branwell déçoit, tourmente et trahit ses soeurs aimantes et bienveillantes.

C'est tout cela qu'Anne cristallise dans le personnage d'Huntington, époux charmant mais narcissique, drôle mais cynique, aimant mais infidèle et surtout autodestructeur comme l'était Branwell.



Mais,ce roman est aussi précurseur du féminisme.

Défiant toutes les conventions sociales et la loi anglaise qui ne donne aucune existence indépendante aux épouses, Helen, l'héroïne, représente la rébellion des femmes et annonce le mouvement des suffragettes.



Ce roman se lit vraiment très bien.Il est composé de deux parties, dont l'une enchâssée dans l'autre. La première correspond au récit épistolaire de Gilbert Markham, un agriculteur et la deuxième au journal intime d'Helen. C'est surtout le récit d'Helen qui m'a passionnée. Markham m'a souvent agacée de par son romantisme trop exacerbé. J'ai nettement préféré le personnage d'Helen qui s'étoffe et s'endurcit au fur et à mesure du temps. Elle est "l'héroïne" de ce roman, dans tous les sens du terme !



Si ce n'est déjà fait, je vous conseille vivement la lecture de ce livre qui donne un éclairage différent sur l'oeuvre des célèbres soeurs Brontë.
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