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Expert nature writing

Cet insigne distingue les lecteurs qui aiment marcher dans les pas de Henry David Thoreau ou de Jim Harrison afin de retrouver dans leurs lectures la solitude des grands espaces.
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Le Coeur de l'hiver

Craig Johnson, dont les romans se situent le plus souvent dans les grands espaces de l'Ouest américain, avec une intrigue policière fortement imprégnée de nature writing, est capable de restituer cette ambiance dans le désert mexicain avec toujours le même sens des descriptions et des dialogues.



Ce livre peut se voir comme une suite de Western Star à la fin duquel la fille du héros Walt Longmire était enlevée par un cartel de drogue mexicain. Il peut néanmoins être lu aisément séparément et suscitera l'envie du lecteur d'aller prendre, avec retard, le train de l'Ouest.



Ici, l'ambiance n'est plus aux immensités enneigées mais au désert brûlant du Mexique avec ses canyons, ses rivières puissantes, ses cactus et des mules qui jouent un rôle important dans cette aventure.



Walt Longmire part donc, au péril de sa vie et de celles de ceux qui l'accompagnent, se jeter dans la gueule du loup, le tyrannique chef de cartel qui a enlevé sa fille. S'ensuivent de nombreux épisodes dramatiques, les morts violentes sont enchaînées avec impossibilité de les compter, aussi bien dans le camp des "bons" que dans celui des "méchants" comme disent les enfants d'un orphelinat que Walt va délivrer finalement malgré lui.



Les dialogues ont toujours la saveur habituelle des textes de Craig Johnson, même aux instants précédant la mort ou le flirt inconscient avec elle. Ces dialogues très denses rendent facile et rapide la lecture d'un roman où la confusion apparaît régulièrement sans toutefois perdre le lecteur peu exigent sur la vraisemblance des situations.



A noter une scène finale reproduisant une corrida où les deux protagonistes sont humains, Walt jouant le rôle du taureau, subissant de terribles banderilles, voyant venir une mort inéluctable qui ne saurait survenir si l'on veut conserver le héros pour de futures aventures.



Personnellement, j'aime le style de Craig, ses évocations des sierras, des jeux de lumière du soleil, tant au lever qu'au coucher, ses constructions de paysages et, toujours, cette ambiance nature qui domine dans ses livres.



Le coeur de l'hiver est un roman très âpre, violent, une sorte de western policier succulent.
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Le Royaume du Nord, tome 1 : Harricana

Après Les Colonnes du ciel, grande oeuvre jurassienne de Bernard Clavel, celui-ci ouvre une nouvelle saga, canadienne cette fois, Le Royaume du Nord, avec ce premier tome qui campe des personnages toujours attachants dont les aventures entraînent le lecteur avec plaisir, et, en toile de fond la nature immense et souvent hostile des grands espaces canadiens.



Harricana voit une famille française venir démarrer une nouvelle vie aux abords du fleuve dont le nom donne son titre au livre, ceci vers la fin du dix-neuvième siècle. Dès les premières pages, la lutte des hommes contre la nature donne l'ambiance avec des désillusions, mais aussi des espérances. Clavel a l'art de doser dans ses livres ces différents temps qui font de la vie de ces conquérants de belles aventures humaines.



Il décrit, sans doute avec quelques clichés, la nature sauvage, gigantesque, les animaux qui la peuplent, les souffrances des hivers, les espoirs printaniers et, tout au long, la vie, celles d'hommes et femmes simples que l'auteur présente aussi avec sincérité et simplicité.



C'est un belle oeuvre pour ouvrir une série qui sera tout aussi prenante que celle qui débutait en France, en une autre saison, celle des loups.
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La dernière harde

Maurice Genevoix a déjà obtenu le prix Goncourt avec Raboliot, en 1925, lorsqu'il publie, en 1938, La dernière harde, magnifique histoire d'un grand cerf et d'un piqueux portant fort bien son patronyme, La Futaie.



Raboliot, c'était le braconnier, La Futaie, lui agit en toute légalité dans ce duel avec le grand cerf, ce cerf qu'il observe, par lequel il est lui-même observé, jusqu'au moment où la chasse devra le conduire à l'hallali.



Mais, au-delà du cerf et de la chasse, c'est encore la nature que Maurice Genevoix célèbre, particulièrement avec la forêt, l'enveloppant tout entière de son écriture parfaite, poétique, douloureuse et amoureuse, celle des très grands écrivains, ceux que l'on ne peut hélas plus rencontrer aujourd'hui. Genevoix décrit tous les mystères de la forêt avec ses laissées, ses odeurs et ses sons, et on apprécie si on aime la nature si bien sanctifiée par un auteur qui la connaît par coeur.



Ce roman peut être mis en parallèle avec La grande meute de Paul Vialar, texte tombé dans l'oubli aujourd'hui, il y a tellement de points communs dans ces deux oeuvres. Vialar n'avait probablement pas le sens poétique de Genevoix mais il partageait avec ses lecteurs la même passion de la vénerie, les mêmes émotions lorsque les chiens s'apprêtent pour la curée.



La dernière harde emporte avec ce magnifique cerf tout l'art d'un immense auteur, l'homme aux trente mille jours qu'il a vécus intensément et transmis à travers toute son oeuvre.
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Jours à Leontica

Quelle belle idée qu'a eu le narrateur de suivre le Felice dans ses promenades quotidiennes et de nous raconter la nature, le quotidien des habitants du village qui s'aident, s'entraident s'aiment.

C'est beau, c'est reposant, les descriptions sont d'une grande précision et nous permettent de visualiser sentir et même ressentir comme lorsqu'il dit qu'il tend la langue pour recevoir les flocons de neige.

Ce ne sont pas des descriptions ennuyeuses qui peuvent lasser par leur longueur, non , ce sont des moments de vie, des paysages et c'est tout simplement magique.

Le Felice est un personnage taiseux mais généreux, proche de la nature et qui accueille et accepte le narrateur avec chaleur même si rien n'est dit et que le lien entre eux n'est pas démonstratif. Mais il n'est pas besoin de dire pour ressentir. J'aurais moi aussi aimé suivre le Felice et me fondre dans ce village, loin des préoccupations actuelles et du rythme effréné qui nous est imposé.

Dans ce roman, il faut se laisser porter par les sens , ne pas chercher, ne pas être à l'affût d'événements, de scoop, mais bien avancer au rythme des pas du Felice, et écouter, regarder lentement sans se précipiter.

La plume de Fabio Andina m'a enchantée. Le vocabulaire est riche, quelques mots italiens, un peu de patois, quelques expressions locales viennent renforcer le sentiment de dépaysement.

Merci à Fabio Andina pour cette petite parenthèse reposante, émouvante et pleine de sensibilité.



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Encabanée

Une jeune femme a décidé de tout quitter pour se réfugier dans les bois, dans une cabane sans électricité ni eau courante. Elle fuit la ville et les artifices du monde moderne pour retrouver l’authenticité de la vie.



Mais la dure réalité de l’hiver n’est pas si romantique : avoir froid, fondre la neige pour avoir de l’eau, couper son bois pour chauffer et avoir encore froid.



Et même la lecture et l’écriture deviennent difficiles dans le halo des chandelles qu’il faut ménager.



Et l’isolement devient solitude…



Un roman de nature sauvage, avec des réflexions féministes sur la société de consommation et ce qu’elle impose aux femmes.

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La dent du serpent

C’est le 9eme volume que je lis des aventures de Walt Longmire et je ne m’en lasse pas. D’ailleurs les suivants attendent sagement leur tour dans ma bibliothèque « PAL ». Je prends mon temps pour les déguster.



Nous retrouvons ici Walt, son meilleur ami Henri Ours debout, surnommé la nation Cheyenne et ses adjoints .

Ce qui me plait vraiment dans ces histoires c’est la complicité des uns avec les autres, cette solidarité et une entente qui encore une fois ici sauvera des vies.



D’une simple recherche de famille pour un ado égaré, on passe à un trafic de haut vol

impliquant plusieurs gars sans scrupule.

Et entre les deux humour, engueulades et prises de risques inconsidérées sont de la partie comme dans chaque opus.

Cette fois beaucoup d’émotions se dégagent de quelques passages vu les situations dramatiques où vont se trouver certains protagonistes.

Il y a toujours quelque chose d’étrange qui s’insinue entre les pages et ici nous aurons affaire à un homme qui prétend avoir deux cent et quelques années, dernier bras armés du prophète mormon John Smith, fondateur de l’église des saints des derniers jours… Bref, encore de quoi cogiter avec Walt qui aura là encore pas mal à faire pour que l’ordre règne dans le comté d’Absaroka dans le wyoming.



Pas un instant je me suis ennuyée, tant sont prenantes les affaires criminelles que doit régler le shérif Longmire. Bien sûr il faut aimer les grands espaces, les lieux désertiques, les petites villes et les esprits bruts de décoffrage pour apprécier l’histoire.Et moi j’adore .
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À la lisière du monde

Alors que la Grande Guerre fait rage en Europe, Matthew Callwood, jeune policier de la Couronne, prend ses fonctions dans un village perdu du Grand Nord canadien. Très vite, il s'aperçoit que ses prédécesseurs se sont laissés aller. Faut dire qu'il n'y a pas grand chose à faire là-bas, si ce n'est "contrarier" les trafiquants d'alcool et les prostituées. Mais comme on s'y ennuie ferme, avaler un petit verre de whisky ou rendre un petit service à une fille publique de temps en temps n'est franchement pas du luxe, alors on ferme les yeux. Matthew, lui, a bien l'intention de remettre de l'ordre dans tout ça. Il est même décidé à traquer Moïse Corneau, alors en cavale, accusé du meurtre de sa femme et de son fils, et dont la rumeur dit qu'il se cacherait quelque part dans la forêt boréale...



Je suis sortie de cette lecture légèrement frigorifiée. Quelle idée aussi que de traquer un meurtrier en plein hiver, et dans le Grand Nord qui plus est ! D'autant qu'il était en cavale depuis plusieurs années et que ça aurait très bien pu attendre le printemps... Mais bon, au moins, j'ai fait connaissance avec cette nature et ce climat hostiles, aux nombreux lacs, sur lesquels j'ai beaucoup pagayé. Je suis d'ailleurs épuisée d'avoir autant ramé, par procuration, bien installée dans mon canapé (en vrai, faut pas rêver, même pas j'y aurais sorti mon petit orteil). Enfin, tout ça pour dire que les paysages et l'ambiance glaciale sont si bien dépeints qu'ils font partie intégrante de l'histoire.



Et quand je dis ambiance glaciale, c'est à prendre dans les deux sens du terme. À cause du climat déjà. Mais aussi par rapport aux changements qu'impose Matthew, qui ne sont pas pour plaire à tout le monde, à commencer par son collègue, Harvey, ayant pour habitude de ne jamais se lever avant 10h parce que ses soirées sont consacrées à la bouteille et à Fran, qui offre ses services charnels moyennant quelques dollars. Matthew bouscule un peu trop ce petit monde et ne se fait pas très bien voir. On sent comme de la tension dans l'air...



Il est jeune aussi, 24 ans, et il est encore plein d'ambition et de détermination. Et non pas qu'il va déchanter, enfin si quand même un peu, mais il va petit à petit ouvrir les yeux, au point de compter les jours qui lui restent à tirer dans ce coin complètement paumé et pas des plus accueillants et à espérer être appelé rapidement sur le front en Europe. En attendant, pour s'occuper, il fait la chasse au meurtrier, qui s'avère beaucoup plus malin qu'il le pensait. J'ai apprécié ce personnage, intègre et un poil téméraire, que l'on voit évoluer petit à petit. Tout comme j'ai apprécié les autres également, d'autant que certains nous réservent quelques surprises à la fin. Matthew et Corneau se livrent à une sorte de duel tout au long de la lecture, et leurs rapports ambigus nous gardent facilement éveillés.



J'ai eu un peu de mal à me faire au style de l'auteur, quelque peu saccadé à cause des phrases courtes, et surtout au temps présent employé (pas très cohérent vu que ça se déroule dans le temps passé). Mais j'ai fini par prendre le pli et je me suis habituée à ce ton abrupt, à l'image de la nature hostile dans laquelle se forgent des tempéraments tout aussi hostiles.



J'aime ces romans dans lesquels la nature est presque un personnage à part entière et toujours plus forte que les véritables protagonistes, où chacun d'eux avance dans sa propre histoire tout en devant continuellement composer avec d'elle. Ça dégage en général une atmosphère particulière, qui donne davantage de corps à l'intrigue, comme c'est le cas ici.



Donc pour résumer : un bon nature-writing, pour lequel j'aurais aimé apprécier un peu plus la plume de l'auteur, mais dont les paysages sont à couper le souffle, les personnages et relations ambigus, et l'intrigue appétente.

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À la lisière du monde

Un coup de cœur qui n’a pas eu la mise en lumière qu’il mérite, c’est la coruscation due à l’outrance de publication. J’espère que ce modeste billet réparera ne serait-ce qu’un tant soit peu cette injustice.



Foutu empêcheur de tourner en rond. Même dans le grand Nord Canadien, y’a pas moyen d’être tranquilles.



On aurait pu rester peinard, la blague à tabac est pleine, les rivières ont de la truite et y’a suffisamment d’orignaux dans les parages pour friser l’overdose de barbecue. Les autochtones sont bien trop imbibés et dociles pour être une menace notoire. La frontière entre gentils et méchant s’estompe facilement après quelques coups de gnôle, distillée illégalement là ou ça nous arrange de ne pas regarder, alors quoi ? Pourquoi aller se mouiller les mocassins et risquer de finir sous les griffes d’un plantigrade alors qu’on peut se la couler douce sous les draps de l’unique fille de joie du coin, aux frais du gouvernement ?

Ok la nature c’est bien beau, mais c’est vaste. Pourquoi partir se geler la couenne à la recherche d’un gus qu’aurait rayé de la carte sa femme et son gosse alors qu’on peut se complaire dans l’oisiveté ?



Il a fallu que la chancellerie envoie un jeune bleu zélé dans les parages. Damn it.



Matthew Callwood, notre fringuant et téméraire jeune poulet, tout juste sorti de l’académie déboule dans le game et va secouer un peu tout ce tas de vieilles carnes encroutées. Le début de carrière part sur les chapeaux de roues et avec une petite renommée y’aurait peut-être moyen de se trouver une petite place au front, pour être aux premières loges de la 1ere guerre mondiale.



Le nature writing est un genre éminemment évocateur. C’est un exercice très délicat lorsque c’est l’unique but descriptif du roman car il peut rendre rapidement bancal un récit manquant d’une trame sérieuse ou consistante. Il peut toutefois se révéler comme un catalyseur efficace pour soutenir un récit bien pensé. C’est le cas ici. Et on a en plus l’immense plaisir de le lire dans notre langue française. On a donc un écrit pur jus, n’étant aucunement délayé par une traduction qui malgré toute l’attention qui y est portée, peut parfois diluer un peu l’intensité cherchée par l’auteur.



Malgré une intrigue assez conventionnelle, tout fonctionne. Les questionnements, l’évolution de certitudes que l’on croyait encrées depuis toujours. Le souffle romanesque, porté sans accalmie dans une atmosphère immersive par un style envoutant, ce roman réussit à trouver cette petite étincelle qui a manqué à Ravages de Ian Manook, plus bankable, pour en faire un incontournable. ils partagent pourtant bien des similitudes dont des décors et scripts analogues.



Habile potion tirant à part égale du nature writing que du roman policier ou d’aventure, ce petit chef d’œuvre croustillant à la sauce sirop d’érable vous engourdira les doigts à force de pagaie sur des lacs glacés, vous enivrera de sève d’épinette noire, vous gèlera jusqu’à la moelle épinière avec ses températures négatives et finira par réchauffer votre âme de par son humanisme tenace.



Superbe découverte grâce à Masse critique même si je n'ai pas été sélectionné pour ce bouquin, je l'ai adoré et déjà offert deux fois.

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Darwyne

C'est toujours difficile de lire un roman noir où l'enfance maltraitée est l'héroïne malgré elle. Pourtant, malgré ces scènes dures de souffrances infligées au corps et à l'âme d'un petit de dix ans, ce texte révèle une puissance narrative très forte, avec l'émergence petit à petit de deux personnalités, l'enfant, Darwyne, et Mathurine qui instruit les dossiers au service de protection de l'enfance. La troisième personnalité si l'on peut dire est la forêt amazonienne où l'enfant marche avec aisance, connaît les oiseaux, les plantes, les animaux, alors que dès qu'il revient vers la civilisation il n'est plus qu'un pauvre albatros baudelairien.



Mais Darwyne est capable de discerner autour de lui le bien du mal, le danger permanent, pouvant venir, croit-il, des services sociaux, ou, plus dangereux des amants de la mère, voire d'elle-même. Nouant confiance avec Mathurine, il révèle une richesse qui conquiert celle-ci, en mal d'enfant, allant de FIV en FIV sans succès.



L'intérêt de ce roman est à la fois la prise de conscience par l'enfant qu'il peut être aimé pour lui-même, que la mère en qui il avait toute confiance, ne mérite pas une once de l'amour filial qu'il lui voue jusqu'au jour où ses yeux s'ouvrent.



La nature est l'alliée de l'enfant qui vit dans un bidonville accroché sur des pentes incertaines que les pluies diluviennes vont finir par emporter. Elle est son alliée pour la destruction méthodique des beaux-pères qui l'ont tous martyrisé et pour une vengeance terrible envers la mère.



Il ya tout un cheminement que vont faire Mathurine et Darwyne qui leur ouvre à chacun des portes insoupçonnées et la fin du roman, ouverte, laisse chaque lecteur envisager leur avenir selon sa sensibilité.



Ce roman porte beaucoup de beauté grâce à la nature, beaucoup de noirceur du fait du mal commis par hommes et femmes, il est aussi dur que les sentes impénétrables de la forêt qui peuvent se refermer mortellement sur ceux qui s'y aventurent, involontairement ou non, sauf sur Darwyne qui la connaît par coeur, qui en diffuse l'âme dans le coeur de Mathurine et c'est là que me semble émerger toute la beauté de ce texte difficile.
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L'île haute

Quand Vadim/Vincent découvre au matin le paysage qui se déploie devant lui, il n'en croie pas ses yeux .. Les yeux écarquillés, il est fasciné et ébloui. C'est l'hiver , c'est la première saison qu'il va passer à Vallorcine. Qu'il lui semble loin le parc des Batignolles !! D'émerveillement en émerveillement Vincent, puisque c'est ainsi qu'il s'appelle à présent , va aller de découverte en découverte, d'apprentissage en apprentissage sous la férule attentive de Moinette, une gamine de dix ans pense t'il du haut de ses douze ans.

Et puis nous voilà à sa suite découvrant le dur labeur quotidien pour survivre dans le froid, l'isolement et le réconfort d'un sourire . Les jours passent , le printemps se fait attendre mais quand il est là qu'il est beau . Vient enfin l'été la saison jaune où chacun sait quoi faire, comment le faire. du matin au soir chacun s'active . Et Vincent enregistre, note les sons les couleurs et admire toujours et encore sa Montagne, les Aiguilles rouges, son île Haute ..

Voilà je referme ce roman émerveillée. Valentine Goby nous raconte Vadim/Vincent et nous l'écoutons. Les pages se savourent, les mots deviennent sons, les sons des couleurs . j'ai pris mon temps , tout mon temps pour savourer ma lecture.

Vincent /Vadim , Vadim/Vincent : la vie a fait que Vadim est allé se refaire une santé à la Montagne pour soigner son asthme, Vadim a laissé Vincent passer devant lui , découvrir le monde, apprendre , aimer à nouveau . le gamin est devenu adolescent et Vincent a du céder la place à Vadim pour continuer sa route. Il ne connaitra pas l'automne à Vallorcine

Nous sommes en août 1943 .
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Solak

Solak est un roman pour le moins étonnant, dont le style et la narration risquent d'en surprendre plus d'un. Solak c'est aussi une exploration extrême dans les méandres de l'âme humaine, à la mesure du cadre du roman, rude et impitoyable, car le froid conserve tout, y compris les souvenirs les plus enfouis qui ne font que sommeiller.

Pour ce qui est du style, je crois bien que c'est le premier roman que j'ai lu qui soit complètement exempt d'adverbes de négation, un peu pénible au début, cela dit, avec un narrateur unique, on comprend vite que celui-ci écrit comme il parle. Un autre aspect m'a, par contre, beaucoup plu : la grande majorité des phrases sont des métaphores, pas toujours très fines, mais toujours précises et ciselées, très en phase avec ce contexte hostile et délétère.

Je vais faire une petite digression qui s'adresse aux nombreux lecteurs de "La horde du contrevent", tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression de lire et "entendre" Golgoth en mode mélancolique et désabusé, une impression agréable pour tout dire.

Caroline Hinault m'a impressionné, pour un premier roman, c'est vraiment bon avec un suspense parfaitement maîtrisé et une tension qui monte crescendo. Le scénario imaginé par l'auteur est un modèle d'efficacité, l'utilisation des ingrédients climatiques extrêmes est parfaitement employée pour nous offrir un huis-clos étouffant et anxiogène qui va nous tenir en haleine jusqu'au bout, le tout sans en faire trop, ce que j'ai apprécié.

Le point fort du roman selon moi, tient avant tout dans le traitement des quatre personnages et dans l'équilibre instable nécessaire à la survie, il n'est même pas question ici d'harmonie, quand viendra la grande nuit, la solidarité devra être totale...

Ce roman, est aussi à sa façon une réflexion sur le genre humain et la difficulté à cohabiter quand les règles écrites ou tacites n'ont plus cours.

Sur ce bout de territoire Arctique, quatre hommes, "Grizzly" le scientifique pacifique, Roq et Piotr, les deux militaires au passé incertain, et la nouvelle recrue, "le gosse", un taiseux et pour cause, il est muet, s'apprêtent à affronter la grande nuit. Piotr, le narrateur a un mauvais pressentiment...

Pour conclure, j'ai passé un très bon moment de lecture, avec un intérêt et une curiosité en éveil tout du long, je mettrais juste un bémol avec le tout dernier chapitre et son épilogue, je l'ai trouvé un peu invraisemblable et pas en harmonie avec l'ensemble de l'histoire, j'ai ressenti une "pointe" de frustration, cela dit, j'ai vraiment aimé.

Il me reste à remercier les nombreux babeliamis qui ont lu ce roman et notamment Onee et sa liste "Un bon roman sous la neige" qui m'ont porté vers cette lecture.
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Nuits appalaches

« Les Tucker étaient des gens bien qui n'avaient pas eu de chance, comme beaucoup de familles des collines. (…) Les problèmes leur tombaient dessus comme un vent oblique en hiver. »

Mariés à 18 et 15 ans en 1954, Tucker et Rhonda ont cinq enfants et un autre en route dix ans plus tard. De la fratrie, seule Jo, sept ans, est autonome, les autres souffrant d'hydrocéphalie ou de retard mental. Talonnés par les services sociaux pour négligence parentale, le couple demeure soudé malgré tout. À la suite d'un arrangement avec son employeur, le bootlegger du coin, Tucker se fait coincer par les hommes du shérif et se retrouve en prison. À sa sortie en 1971, plus rien ne compte que de retrouver sa famille et récupérer la somme d'argent convenue auprès de Beanpole.

Un roman campé au pays des hillbillies, dans le Kentucky rural et à la frontière de la Virginie occidentale, au creux des vallons où le soleil atteint difficilement les cambuses construites avec les moyens du bord.

Chris Offutt a choisi de raconter son histoire sans peser sur le misérabilisme ambiant, offrant de ce fait un récit juste assez haletant pour que l'on ait envie de continuer. Un style concis au service de personnages réalistes et d'une intrigue qui se tient. Tout y est pour passer un bon moment de lecture!

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Le Goût de la trahison

Marc est un homme qui a une quarantaine d'années et qui semble tout avoir pour être satisfait de sa vie : une femme qu'il aime et qui lui rend bien, des enfants, un poste de cadre dans une société de ciment et une maison de secondaire sur l'île de Noirmoutier. Tout va donc très bien jusqu'à ce sa route croise celle de Paul, son nouveau collègue. Très vite, les deux hommes deviennent proches. Marc connaît une amitié exclusive, comme il n'en a jamais connu. Cette nouvelle amitié se fait même au détriment d'Hélène, son épouse. Mais ce qu'il ne sait pas encore, c'est que ce qui est exceptionnel pour lui n'est pas forcément pour Paul. Un jour, brusquement, tout s'arrête et Marc s'écroule.

J'ai trouvé ce court roman absolument fascinant. Il traite un thème peu abordé, la rupture d'amitié, tout aussi douloureuse que la fin d'une histoire d'amour, peut être des fois même d'avantage car on s'y livre sans retenue.

Le lecteur est en observation de l'ensemble de cette relation : le coup de foudre, l'exclusivité, l'incapacité à prendre du recul, et puis la chute. C'est captivant.

Merci à Librinova et Netgalley pour cette lecture.
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Les âmes torrentielles

Agathe Portail nous entraine dans le long périple d’une transhumance dans une région rude est sauvage de Patagonie. C’est une plongée surprenante.



A cause de la construction du barrage hydroélectrique et des terres qui seront noyées, Danilo doit abandonner le plateau d’estive et convoyer ses chevaux vers l’estancia dont le riche propriétaire a acheté ses bêtes. Ce départ signe la fin de sa liberté d’éleveur indépendant.



« Il était gaucho et seigneur de la moitié de cet espace, et chaque jour, son ancien domaine se réduit. Il sent tout au fond de son estomac une petite tache d’amertume qu’il refuse d e laisser s’étendre, se rappelle régulièrement qu’il ne s’est jamais fait porte-drapeau d’un mode de vie qu’il sait en marge de tout. Il accepte. »



Alma, une native Tehuelche, est envoyée pour convoyer le troupeau avec le gaucho. Le voyage sera long à travers la cordillère des Andes. La jeune femme est taciturne et distante mais ces quelques jours passés en solitaire sur les sentes abruptes de la montagne vont mettre à jour les souffrances de ces deux laissés pour compte.

L’histoire oscille entre l’action présente et le passé des deux personnages principaux. Danilo s’inquiète pour son fil blessé et qui se cache tandis qu’Alma fuit un passé fait de violences et de rébellion.

Dans le même temps, on assiste à la mésentente des deux ingénieurs français qui sont seuls dans un village abandonné sur le site du barrage. Ils consignent les mesures pendant la mise en eau, mais tout ne se déroule pas comme prévu et, dans ce coin perdu, ils peinent à prévenir les instances dirigeantes.



Dans les paysages grandioses, sauvages et hostiles des montagnes, le gaucho et la jeune indienne ressassent leurs tourments en se cachant de l’autre. Danilo n’a pas fini de panser ses plaies depuis le destin tragique de sa famille.

Alma est révoltée par le destin de sa famille expropriée par le barrage et le mépris que les autorités affichent face à la culture des indiens natifs. C’est aussi la langue tehuelche qui est menacée de disparaitre. On découvre l’existence des populations indiennes et métissées, pauvres et à la merci de riches propriétaires et d’un gouvernement corrompu, qui doivent survivre tout en essayant de conserver leur culture.



« Pour conjurer les pouvoirs de l’obscurité et de la lune noire, l’Ancienne entonna le chant de lignée, cet assemblage de sons rauques à la prosodie singulière qui n’appartenait qu’à eux quatre : l’Ancienne, el Sabio, la Rechoncha et Alma. »,



Ce roman d’aventure va bien au-delà d’une transhumance à travers une région rude et dépeuplée de la Patagonie. Il questionne aussi sur l’identité même des peuples natifs dépossédés de leurs terres et dont la langue, la culture, se perdent peu à peu. Et que devient un peuple qui a oublié son passé ?

Les personnages d’Alma et de Danilo, quoique peu loquaces, mais profondément humains avec leurs failles, sont touchants.

D’une écriture nerveuse et charnelle, bien documenté, ce roman ébranle, interroge et passionne.







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Femme forêt

Une belle réussite que ce livre avec une écriture soignée, alternant les phrases courtes, les développements plus longs, les propositions sans verbe, avec des mots choisis pour désigner le moindre objet, animal, arbre, tout ce qui émerge tant de la nature sauvage de la forêt que de celle domestiquée du jardin.



C'est un texte plein de nostalgie où le deuil est accepté, le chagrin respecté et discret, les moments saisis au vol à toute heure de la journée, avec de belles évocations des crépuscules, de la rivière où le corps se laisse glisser, chaque chose paraissant à sa place malgré le temps qui s'écoule inexorablement.



C'est aussi un texte où l'enfance tient une large place, enfance des souvenirs et enfance du présent avec les découvertes qui correspondent à cet âge pas forcément sans pitié à contrario de ce qu'affirmait La Fontaine. Ce sont les plantations, les poules et leurs oeufs, les insectes qui vont passionner les enfants et ils apprendront ainsi le véritable équilibre de la vie.



La forêt est salvatrice de quasiment tout, elle guérit tous les maux, et cette image récurrente, proclamée par cette femme habitée par les arbres et toutes les créatures vivant dans la nature, donne au fil des pages toute sa dimension à un roman tissé "au reste des vivants".
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