En 1984, aveugle depuis près de vingt ans mais aussi énergique et vivante qu'autrefois, Arletty accepte d'enregistrer un entretien avec
Robert de Laroche, un journaliste avec lequel elle a sympathisé. Les bandes passèrent une fois à la radio, puis furent oubliées au fond d'un grenier, longtemps. Après les avoir redécouvertes, Laroche a décidé de les retranscrire et de les publier, offrant au public comme un dernier rôle de cette merveilleuse actrice.
Elle y parle de son enfance, à Courbevoie et à la campagne chez un oncle curé. de ses études de sténo-dactylo, de son premier travail dans une usine d'armement, de son premier amour mort au début de la guerre de 14, de ses débuts comme mannequin chez Poiret puis de son entrée sur les planches dans les revues des cafés-concert.
Elle y parle de
théâtre et de cinéma, des artistes qui l'ont inspirée, lancée, sublimée, de ses plus beaux rôles et de tous les autres, de la guerre, aussi un peu, qui lui a fait tant de mal. On y croise quelques fantômes de la Belle Epoque - la Goulue devenue dompteuse, Yvette Guibert,
Sarah Bernhardt,
Eve Lavallière, un valet de chambre qui connut
Oscar Wilde... Mais aussi
Cocteau, Gabin,
Guitry, Colette,
Prévert, Carné, Céline,
Michel Simon... et tant d'autres.
Au fil de ces entretiens, se dessine le portrait d'une femme assez irrésistible, mélange de simplicité gouailleuse et d'élégance, dotée d'un bel appétit de vivre comme d'un imperturbable sens de l'humour et de l'autodérision. le portrait d'une voix unique, que le journaliste restitue à la virgule près et dont chacun entendra résonner l'accent dans sa tête pour peu qu'il l'ait entendu au moins une fois, cet accent des faubourgs qui entraîne avec lui toutes les images d'un Paris aujourd'hui révolu.
Édité avec soin, illustré de nombreuses photos, ce petit texte donne une furieuse envie de voir ou revoir tous les films de la dame !
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