Aurélie et autres femmes sans nom

Ce n'est pas ici que je raconterai ma rencontre improbable, digne d'un roman, avec Lucile Bordes, car là n'est pas le propos. Mais elle m'a permis de lui acheter son petit dernier, un recueil de nouvelles aux couleurs vives et au titre intrigant "Aurélie et autres femmes sans nom" et de m'en régaler, car oui, il est délicieux.

J'aime les nouvelles, sans doute parce que, pour moi qui ne suis guère ordonnée, qui aime vagabonder, grappiller, elles sont synonymes de sentiers non balisés, de détours, de sauts par-dessus les pages. C'est ainsi que j'ai laissé pour la fin la plus longue d'entre elles, la première : "Aurélie". Et j'ai déambulé de l'une à l'autre, j'ai visité toutes celles qui n'avaient pas de nom. Et quelle belle balade entre ces femmes que l'auteur dépeint avec tant de talent. Son écriture est élégante, elle est simple comme peut l'être la beauté, sans fard ni artifice. Il y a de l'absurde dans ces histoires, de l'humour et de la tristesse. Il y a cette femme qui réclame une feuille de recensement à remplir pour son fils emprisonné, celle qui suit avec difficulté son amoureux dans un parc floral, et qui voudrait pouvoir lui dire qu'elle en a assez. Il y a celle qui mange du homard, seule à sa table parce que…dit-elle "Je veux t'écrire encore. Appuyer sur la touche « envoi » et que ça parte vers toi dans l'espace…Alors je tape, l'écran tourné vers l'au-delà…" et aussi celle qui parle avec sa mère des personnages de son feuilleton quotidien comme s'il s'agissait de membres de sa famille. Toutes ces femmes aimeraient être autres, se libérer de quelque chose, s'émanciper.

Et puis il y a Aurélie, la première nouvelle, dernière lue. Après tout, j'aurais peut-être dû, tout de même, commencer par elle. Elle est le fondement de tout, le modèle exclusif de ces femmes sans nom mais poussées par le même désir de vivre par soi-même. "Veuve ! Ça veut dire être de nouveau dans les rails, ça, non ? Récupérer un statut honorable, redevenir une honnête femme ! La liberté en plus ! … La vie commence enfin ! Aurélie ne dépend plus de personne, en éprouve une sorte de vertige, ne pense qu'à ça." Voilà ! C'est leur souhait à toutes : l'émancipation.

Un recueil de nouvelles, portraits de femmes bien ficelés, à l'écriture variée et belle : un régal ! Je l'ai déjà dit ? Qu'à cela ne tienne, je le répète !

Lien : https://memo-emoi.fr

J'ai reçu ce livre lors d'une opération Masse critique, et je remercie Babelio et les Editions Thierry Marchaisse de me l'avoir gracieusement envoyé.

Je ne connaissais pas l'autrice Lucile Bordes. Il s'agit d'un livre de nouvelles, dont la première et la principale intitulée "Aurélie" fait suite à son livre précédent "Je suis la marquise de Carabas" (mais pas de difficulté si on ne l'a pas lu, ce qui est mon cas). J'ai beaucoup apprécié le ton de cette nouvelle, le style, puisque dès le début l'autrice s'adresse à nous lecteur/lectrice en expliquant la naissance de cette nouvelle, en réponse au courrier réprobateur d'une lectrice ayant lu "Je suis la marquise de Carabas".
Cette nouvelle est donc la réponse vigoureuse à cette lectrice sur une cinquantaine de pages, en précisant ce que fut la vie d'Aurélie.

Sur les 60 autres pages, suivent 12 autres nouvelles très courtes, 1 à 2 pages pour certaines ! Autant dire que pour les plus courtes, elles ressemblent plus à des ébauches d'écriture que de véritables nouvelles.
Pourtant, j'ai aimé cet univers, et j'ai apprécié la lecture de ce livre.

Aurélie et autres femmes sans nomLucile Bordestous les livres sur Babelio.com
Toujours délicat de faire la critique d'un livre qu'on a pas pris plaisir à lire…
Aurélie et autres femmes sans nom fut malheureusement une petite déception.
Je pense sincèrement que c'est un livre qui pourra résonner chez de nombreux lecteurs/lectrices, ça n'a simplement pas été mon cas.
Lucile Bordes fait le choix d'utiliser la plupart du temps un registre plutôt familier et de s'adresser parfois directement au lecteur, c'est un parti pris, pourquoi pas.

Pour moi, le problème vient surtout du rythme et du style d'écriture. Dans la plupart des nouvelles, ce dernier m'a semblé trop expéditif, ce qui empêche souvent d'installer convenablement le récit et ses enjeux.
J'ai bien conscience que ce mouvement saccadé est censé refléter la tension commune aux vies de ces femmes en quête de liberté, mais je trouve que cela crée des textes un peu confus, où l'on perd le sens et l'intérêt de ce recueil.
L'auteure emploie tour à tour des phrases très courtes et des phrases très longues, pour jouer avec le rythme et donner de l'impact à ses nouvelles, avec un style concis et sobre comme si elle écrivait de brèves tranches de vie. Malheureusement, j'y ai plutôt trouvé un certain manque de dynamique et de profondeur.
En commençant ma lecture, je m'attendais à des histoires de femmes fatiguées de leur carcan, des femmes qui veulent se retrouver, réinventer leur liberté. Au lieu de ça, j'ai eu le sentiment de me retrouver face à des bribes de phrases mises les unes après les autres, sans impact réel, et dans une prose assez moyenne.

Ce n'est donc vraiment pas une réussite pour moi car cette lecture n'est pas parvenue à me toucher, hélas…

Ce livre est un recueil de nouvelles. La première, une novella, nous fait suivre Aurélie, personnage semble-t-il négligé par l'autrice lors de la composition d'un roman basé sur l'histoire de sa famille. A travers l'histoire d'Aurelie, jeune femme ambitieuse perdue dans un XIXeme siècle peu amène pour les femmes libres, Lucile Bordes écrit la brusquerie d'un destin picaresque et qui nous apprend autant sur le rapport de l'autrice à l'écriture et à ses lecteurs que sur cette jeune femme oubliée. Les autres nouvelles qui complètent ce recueil me sont apparues comme des instantanés de vie, des peintures d'âmes exécutées avec la même délicatesse et la même subtilité que des estampes au lavis. Bonheur de retrouver ce style découvert dans Que faire de la beauté !