AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Isabelle Taudière (Traducteur)
EAN : 9782350870571
380 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (05/10/2007)
4.12/5   100 notes
Résumé :
Ce livre retrace l'incroyable combat de Wangari Maathai. A la tête du Mouvement de la ceinture verte, le plus grand projet de reboisement d'Afrique, elle mène une lutte acharnée avec les femmes kenyanes contre la déforestation : quelque trente millions d'arbres sont plantés en trente ans. Mais son mouvement, outre les arbres, sème aussi des idées. Sa croisade écologique se heurte alors de plein fouet au régime. Elle est victime de brutalités policières, de harcèleme... >Voir plus
Que lire après Celle qui plante les arbresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 100 notes
5
11 avis
4
6 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
En 2004, l'annonce de l'attribution du Prix Nobel de la Paix à Wangari Maathai "pour avoir planté cinquante millions d'arbres au Kenya" fut tellement peu médiatisée que je n'avais pas eu le temps de retenir son nom.

Ce n'est qu'en février 2009 au FESPACO (Festival du film africain de Ouagadougou), en visionant le documentaire Taking Root consacré au combat de Wangari Maathai que j'ai enfin pu comprendre le sens de ses combats non seulement contre le changement climatique, mais aussi pour les droits de l'homme au Kenya.

Il a fallu attendre 2013 pour que je puisse me procurer un exemplaire de son autobiographie en français "Celle qui plante les arbres". Un livre qui permet de mieux comprendre les combats de cette fille de paysans réussissant à devenir la première femme noire doctorante en biologie d'Afrique de l'est, après avoir fait des études aux Etats-Unis et en Allemagne.

A son retour au Kenya après l'indépendance, elle s'est vite heurté au pouvoir en place, qu'elle accuse de néocolonialisme en privilégiant les cultures de rente (essentiellement café et thé) aux mains des hommes, au détriment des cultures vivrières pratiquées essentiellement par les femmes. Les femmes sont également pénalisées car elles doivent assurer les corvées eau et bois nécessaire à la cuisson des aliments.

En s'appuyant essentiellement sur les paysannes, elle est parvenue à reboiser de grands espaces permettant ainsi de réguler le changement climatique et d'éviter en partie l'exode rural.

Wangari Maathai est morte en 2011, mais son combat pour le reboisesment continue au Kenya et dans de nombreux pays d'Afrique.



Commenter  J’apprécie          446
Wangari maathai était une biologiste, professeur d'anatomie en médecine vétérinaire, militante pour le développement durable et la lutte démocratique. Wangari a grandi au coeur de la campagne Kényane, en pleine nature, au milieu des champs où la végétation était abondante et permettait de nourrir toutes les familles.

Lorsqu'elle n'est encore qu'une enfant, sa mère décide de l'envoyer à l'école alors que c'est assez rare pour les filles à l'époque. A la fin de son cursus au lycée, sa soif d'apprendre lui permet d'obtenir une bourse destinée aux étudiants kényans leur permettant de terminer leurs études dans les universités américaines. 1964, c'est la première femme de l'Afrique de l'Est à obtenir une licence en biologie.

Elle aura également l'occasion d'aller travailler en Allemagne, obtiendra un doctorat, deviendra professeur à l'université et aura a coeur de transmettre ses connaissances à ses étudiants.

Elle se marie, a des enfants, mais celui-ci demandera le divorce sous prétexte qu'elle est trop instruite, forte de caractère, et ingérable.

C'est lorsqu'elle revient de son séjour aux États-Unis qu'elle s'aperçoit des changements au niveau environnemental. Son attachement à la nature et à sa préservation vont la conduire à être à l'initiative du mouvement de la ceinture verte où les femmes s'engagent à planter de jeunes pousses afin de lutter contre la déforestation grandissante dans ce pays.

Wangari s'engage également dans un combat plus coriace celui de la lutte démocratique. A plusieurs reprises, elle sera jetée en prison pour avoir osé exprimer son opinion sur les agissements d'un gouvernement corrompu, et pour avoir organiser des rassemblements dont le seul but était d'ouvrir le débat sur la vie.

Récompensée par le Prix Nobel de la paix, elle est la première femme africaine à le recevoir.

Une lecture marquante, j'ai découvert une femme forte qui a su se battre pour ses convictions. J'ai apprécié son courage tout comme sa persévérance, malgré tous les revers, toutes les brimades qu'elle a dû subir, elle ne lâche rien.
Commenter  J’apprécie          362
Comment naît un engagement public ? Comment mûrit-il malgré les impondérables du quotidien, et dans un contexte socio-politique mouvementé ?
Il est des parcours de vie dont on est en droit de se demander si ce n'était pas écrit ! Une sorte de destin, comme une lumière, juste là pour éclairer les autres dans un moment d'obscurité.

Wangari Muta Maathai est de cette trempe. Elle aura usé de toute son énergie pour lutter contre la déforestation tout en l'intégrant à des problématiques connexes, de son Kenya natal.
Un combat justement récompensé par le prix Nobel de la paix en 2004.
Commenter  J’apprécie          350

Wangari Maathai est née en 1940, dans un Kenya encore fertile, où les rivières coulent à flot, dispensant de l'eau potable à profusion. Son prénom, elle le doit à la "Mère du clan des Anjirus" de la tribu des Kikuyu. Son enfance, elle la passera dans ce pays qui doit son nom à un malentendu (un guide indigène a erronément donné le nom de la calebasse qu'il portait à la taille à un colon britannique qui s'informait du nom de la montagne qu'il avait devant lui. L'histoire a fait le reste quand le pays a pris le nom de la montagne qu'il pensait s'appeler Kenya), dans un environnement où l'on "cultivait aussi bien la terre que l'imagination".
Les colons, la mondialisation, la corruption de la politique, la course à l'argent... ont remplacé les cultures locales dans les champs pour les remplacer par du café et du thé qui se vendent bien à l'international. Les forêts ont laissé place aux champs, pour cultiver encore plus. En 30 ans, de déforestation en cultures intensives, les cours d'eau se sont asséchés quand ils n'ont pas été pollués, les terrains ont commencé à glisser, rendant stériles des parts de plus en plus importantes du territoires. le bois de chauffage s'est raréfié, l'alimentation a du changer, les carences sont apparues, accompagnées de la pauvreté de plus en plus ravageuse.

Les figuiers séculaires permettaient, par leurs racines, de maintenir le débit des cours d'eau; les forêts étaient autant de remparts au vent venant du Sahara; les espaces verts sont le refuge d'une faune importante pour la biodiversité du pays... Consciente des enjeux liés à la préservation de l'environnement, aussi bien pour l'avenir de son pays que pour celui de la planète toute entière, Wangari Maathai a fondé le "Mouvement de la Ceinture Verte" (Green Belt Movement) pour replanter des arbres. Et ce fut son premier pas officiel de militante; un militantisme qui l'a occupé toute sa vie. Et elle n'imaginait pas, en plantant son premier arbre, qu'elle allait aussi semer d'autres graines: l'envie de liberté, l'envie de démocratie, l'envie de conditions féminines correctes, l'envie de voir tomber les gouvernements corrompus,...

Cette autobiographie est à l'image de celle qui la porte: nette, claire, sans fioriture, explicite et porteuse d'espoir. Elle se lit presque comme un roman parce que la vie de Wangari Maathai a été particulièrement agitée. Elle parcourra le monde pour porter son message écologique et démocrate, elle franchira de nombreux obstacles que ses opposants, le gouvernement et la police en tête, mettront sur son chemin, elle fera quelques tours en prison, elle se retrouvera barricadée chez elle, elle se fera attaquer, frapper,... pour ses convictions et ses actions qui dérangent l'intelligentia en place.
Rien ne l'empêchera jamais d'avancer, rien n'entachera son intégrité, rien ne la fera vraiment plier, rien ne la brisera.
Et malgré les nombreux prix internationaux qu'elle récoltera tout au long de sa vie, elle sera rarement en sécurité dans son propre pays, dans sa propre ville.

Et c'est tout cela qu'elle raconte dans son autobiographie. Et c'est cette femme courageuse que le lecteur accompagnera jusqu'au Prix Nobel de la paix qu'elle a reçu, les yeux pétillants, en 2004.

Wangari Maathai a depuis rejoint ses ancêtres (en 2011), enterrée dans un cercueil de bambou car il n'était pas question de couper un arbre pour l'y accompagner. Jusqu'au bout, elle fut en harmonie avec ses convictions et ses combats.

Les messages portés depuis les années 60 restent valables aujourd'hui, peut-être de manière encore plus prégnante, et ce, partout dans le monde. Ce bouquin est une très belle leçon de courage, racontée avec humilité et clairvoyance.
Commenter  J’apprécie          181
Il y a longtemps que je voulais lire ce livre, car l'histoire de cette femme qui s'obstinait malgré les difficultés à planter des arbres, au Kenya en premier lieu, m'intriguait. Pourtant, je repoussais chaque année l'échéance, me disant sans doute dans mon faible intérieur que celui-ci n'était, après tout, que le récit d'une activiste, ni plus, ni moins.
Or, je suis tombé sur un livre d'une très grande densité ! Il y a sur Terre des êtres humains qui sont extraordinaires, et cela ne fait pas de mal de lire leurs écrits, et aussi leur propre histoire. Wangari Muta Maathai fait vraiment partie de ce genre de personnes qui sont capables, par leur force de caractère et par leur action opiniâtre, de bouleverser les choses là où elles sont, mais au-delà, de donner un cours nouveau à des évènements se situant à un niveau beaucoup plus général (ou pour employer un mot à la mode, à un niveau plus global). Son combat a ainsi permis, non seulement de reboiser le Kenya (ce qui permet de redonner à la fois la fertilité à la terre et de lutter contre la misère des hommes qui y vivent), mais aussi de lutter pour l'émancipation des femmes, pour la paix inter-ethnique, et la démocratie au Kenya.
Wangari n'est pas une « enragée », ce à quoi le régime du dictateur kenyan Daniel Arap Moi (qui a sévit jusqu'en 2002 et qui n'a pas cessé les humiliations contre elle) voulait la réduire. A la lecture de ce livre, j'ai découvert en Wangari Maathai une intellectuelle, et, évidemment, une intellectuelle engagée, dans le plus noble sens du terme. Engagée parce qu'elle commence à chercher des solutions là où les autres, après avoir découvert un problème, s'arrêtent. Extrêmement volontaire, rien ne pouvait l'arrêter dans la défense d'une cause juste. de plus, et c'est là tout l'intérêt d'une autobiographie, sa prise de conscience, son parcours personnel, donnent à son engagement une cohérence, et révèlent une honnêteté indéniable.
Elle aime la nature depuis son enfance, lorsqu'elle allait garder les troupeaux de chèvres ou de moutons sur les flancs du mont Kenya, dégustant les baies juteuses de managu, jouant dans les rivières, au milieu des vertes vallées montagneuses. Cette idée d'une nature généreuse, de paradis perdu (car l'agriculture capitaliste va tout détruire), sera la source et le guide de toute sa vie. de ces deux idées fondamentales : un profond respect de la nature, et un sens aigu de la justice, sur lesquelles il était hors de question qu'elle ne transige, vont faire de sa vie un combat acharné, car elles vont rencontrer sur leur route le pillage des ressources et la tyrannie.
Ce que montre aussi son histoire, c'est que la mobilisation internationale pour la soutenir dans ce combat l'a sûrement sauvée de l'assassinat, tant le climat de violence politique a ravagé le Kenya, et perdure encore aujourd'hui. Un livre qui montre en tous cas que, même sous une dictature qui instaure un climat de peur, on peut encore se battre pour défendre ce qui est juste. Celle qui plantait les arbres, elle redonnait aussi l'envie de lutter à des milliers de kenyans...
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Ce sont ces expériences de l'enfance qui forgent notre personnalité et guident nos pas tout au long de la vie. Chacun de nous est le produit des odeurs, des saveurs, des sons, des couleurs avec lesquels il a grandi et, de l'air que l'on respire à l'eau que l'on boit en passant par les aliments et épices dont on se nourrit, tout détermine ce que l'on devient. Quand le monde qui nous entoure évolue à une telle allure que plus rien ne nous raccroche à nos souvenirs d'enfance, c'est une part essentielle de nous-même qui nous échappe. Alors, on fouille sa mémoire pour retrouver les sensations anciennes.
Commenter  J’apprécie          210
 Comme quelque 150 000 Kikuyu, mon père était aussi de cette première génération d'hommes kenyans qui quittèrent leur village des réserves indigènes et leur famille pour aller travailler dans les fermes des colons blancs et gagner de l'argent. Avant l'arrivée des Britanniques, les peuples africains ne connaissaient pas l'économie monétaire. La principale monnaie d'échange était le petit et le gros bétail, surtout les chèvres. Pour un bout de terre, la dot de la mariée ou la rémunération d'un service, il en coûtait tant de mbũri (chèvres). La vie d'un homme était évaluée à environ trente chèvres, celle d'une femme ou d'un enfant valait moins.
Quand les administrateurs coloniaux ont institué l'impôt pour financer le développement local, ils n'avaient bien entendu aucune envie de se faire payer en chèvres. Ils voulaient du bon argent, sonnant et trébuchant – apanage, jusqu'alors, des seuls fonctionnaires et colons blancs. Et, incidemment, ils voulaient aussi mettre en valeur la main-d'œuvre du pays sans en passer par le travail forcé. L'impôt obligatoire sur le revenu des hommes offrait la solution idéale : il tordait, pour ainsi dire, le cou au bétail comme unité d'échange pour lui préférer une vraie monnaie, et contraignait indirectement les Africains à se faire embaucher contre salaire dans les fermes des colons ou les bureaux de l'administration pour s'acquitter de leur dette envers l'État. »
Commenter  J’apprécie          80
Un employé s'empressa de creuser un trou tandis qu'une foule de curieux et de journalistes s'attroupait pour assister à la scène et l'immortaliser : Wangari Maathai, pris Nobel de la paix, plantant un flamboyant de Nandi. Sous le crépitement des appareils photos, je m'apprêtais dons à planter cette solide pousse en bordure de la pelouse de l'hôtel. Juste en face de moi, au nord, j'apercevais la silhouette impressionnante du mont Kenya. Adressant une prière silencieuse à la montagne sacrée, je m'agenouillai, plongeai les mains dans la terre rouge chauffée par le soleil, installai la motte fraîche dans le sol avant de bien la recouvrir. des gestes ataviques, des gestes appris dès ma première enfance, des gestes que j'avais répétés des milliers de fois, peut être des millions de fois. On me tendit un seau d'eau claire et fraîche et j'arrosai généreusement mon arbre.
Commenter  J’apprécie          110
« Les citoyens des pays démocratiques ont souvent du mal à imaginer ce que peut être la vie sous un régime autoritaire. Tout le monde se méfie de tout le monde. Chacun est en permanence à la merci d'une arrestation arbitraire. On vit dans la crainte des violences politiques et personne n'est à l'abri d'un assassinat ou d'un 'accident' volontaire. Tel était le climat qui flottait sur le Kenya des années 1990. »
Commenter  J’apprécie          150
Chacun de nous est le produit des odeurs, des saveurs, des sons, des couleurs avec lesquels il a grandi et, de l'air que l'on respire à l'eau que l'on boit en passant par les aliments et épices dont on se nourrit, tout détermine ce que l'on devient. Quand le monde qui nous entoure évolue à une telle allure que plus rien ne nous accroche à nos souvenirs d'enfance, c'est une part essentielle de nous-même qui nous échappe.
Commenter  J’apprécie          140

Video de Wangari Maathai (1) Voir plusAjouter une vidéo

Portrait de Wangari Maathai, Prix Nobel de la Paix 2004
[Source : documentation France 3] le Prix Nobel de la Paix 2004 a été attribué à la militante écologique kenyane Wangari Maathai. Portrait de cette femme exceptionnelle qui fut ministre de l'environnement du Kenya et créa le Mouvement de la Ceinture Verte. Cette organisation a depuis planté 30 millions d'arbres dans toute l'Afrique. Sonore Wangari MAATHAI :"C'est incroyable....
>Economie>Economie de la terre et des ressources naturelles>Ressources naturelles et énergie (57)
autres livres classés : kenyaVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (248) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..