Ce petit livre reçu à l'occasion d'une Masse critique m'a tout de même fait voyager trente-sept fois
Entre deux gares. Autant de chapitres que de trajets effectués entre mars 2014 et décembre 2022. Que ce soit en TGV ou le plus souvent en TER, l'auteur nous confie ses observations et ses impressions qu'il note avec précision sur un petit carnet pendant ses voyages principalement dans le sud-est de la France, autour du Dauphiné et de la Savoie, avec quelques échappées à Paris, dans le Nord de la France, Beauvais, Amiens, ou en Belgique, ou encore à Munich.
J'ai commencé le livre avec curiosité et un plaisir certain. Je me suis demandé très vite si je parviendrais à ne pas me lasser de l'aspect répétitif de ces chapitres relatant chaque fois un voyage. Eh bien non ! Et c'est tout le mérite non seulement de l'auteur mais de la diversité des paysages comme celle des gares ou des voyageurs. C'est également dû à la brièveté des chapitres, ainsi peut-on laisser le livre quelque temps de côté puis prendre un nouveau chapitre, sans crainte d'avoir perdu le fil de l'histoire. A mon avis, c'est même recommandé pour laisser vagabonder les images et la pensée, voire les souvenirs.
Quand il prend le train,
Lionel Seppoloni a l'habitude de toujours voyager en sens inverse de la marche, avec lui un Thermos de thé, un livre, parfois un accordéon et surtout un carnet. Cet habitué des trains, qui garde néanmoins une certaine fébrilité, si ce n'est de l'anxiété, s'apaise en notant sur son carnet des descriptions, des observations et les évocations qu'elles suscitent.
Voyager ? Oui, mais pourquoi ? "On voyage pour sentir que notre monde est neuf, remis à neuf chaque matin, pas si usé qu'on croit puisque c'est notre regard qui s'use si on ne s'en sert pas, et j'ai encore besoin de voir les montagnes s'éloigner, les horizons changer et les gares défiler" .
Et que peut bien vouloir dire
Lionel Seppoloni en écrivant : "Je crois que le voyage peut nous sauver, mais je ne sais pas bien de quoi ; sans doute de cet enfermement en nous-mêmes qui me guette plus que quiconque et me serait fatal". L'éclairage est sans doute donné dans les dernières pages du livre par une note brève de l'éditeur indiquant que "l'auteur a tardivement été diagnostiqué autiste".
Enfin si vous souhaitez savoir pourquoi
Lionel Seppoloni prend plaisir à écrire un ouvrage à partir de notes prises pendant ses voyages, reportez-vous au trajet d'avril 2019 entre Chambéry et Mons. Quelques pages superbes où
Lionel Seppoloni se pose et répond à la question : "Pourquoi écrire ?"
Ecrire,
Lionel Seppoloni le fait à merveille. le style est fluide, poétique, son esprit est perspicace avec souvent une pointe d'humour. le rythme convient bien à celui du train. On se prend à imaginer les paysages, à rêver, à se laisser bercer ou réveiller par les évènements ou incidents.
Un seul bémol à mon goût, l'indication des deux gares entre lesquelles le voyage s'effectue, n'est donnée qu'à la fin du chapitre. Au début aurait été préférable, cela éviterait de s'y reporter avant de commencer la lecture du chapitre, le lecteur, comme le voyageur avant de se lancer tient à savoir d'où il part et où il va.
Merci à Babelio et à l'éditeur, La Chambre des échos, pour la découverte de cet ouvrage, original et agréable à lire, et de son auteur, talentueux et sympathique.