Europa ! Les projets européens de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste

S'appuyant sur une abondante historiographie et notamment les études récentes remettant en cause les conceptions simplistes de la doxa, l'auteur fait traverser son lecteur des décennies d'histoire complexe et souvent tragique. Rappelant à maintes reprises comment le pouvoir de Hitler était un marigot de féodalités parfois antagonistes (état, parti, SS…), souvent divergentes, avec des intérêts disparates, Soutou éclaire son lecteur dans les méandres des prises de décision ou de non-décision, sur fond de son alliance avec Mussolini et les autres dictateurs est-européens et également dans les enjeux mondiaux de la guerre et aussi, et peut-être surtout, de l'après-guerre que les meilleurs esprits envisageaient en termes stratégiques ou au moins prospectifs. Il montre que les réflexions des dirigeants nazis se tissent dans le canevas de celles ayant suivi immédiatement la Grande Guerre. Les intérêts économiques et les éventuelles alliances étaient déjà à l'ordre du jour. La CECA (1951) dont nous rebattent les oreilles les Européistes existait sous un autre nom et, fait-il remarquer avec humour, des personnes ont participé aux deux, enjambant la deuxième guerre mondiale. Les préoccupations allemandes vis-à-vis du monde danubien, des pays de l'est n'étaient pas différentes de celles de la RFA, avec des méthodes différentes, bien entendu. Mais la longue durée en histoire et la géographie ont la vie dure. Merkel et ses prédécesseurs n'ont rien inventé. le chancelier Erhard faisait déjà partie de l'appareil d'état nazi ! Toujours utiliser les compétences, sans trop regarder. Outre le volet strictement historique de la guerre de l'idéologie nazi, la mise en perspective instruit pour la compréhension de notre histoire européenne. A lire pour qui veut comprendre.